Depuis cet automne, à Argenteuil, à Marseille ou à Roubaix, certains restaurants Quick ne servent plus, à titre expérimental, que des hamburgers garnis de viande de boeuf venant de bêtes abattues selon le rite halal et où la dinde fumée a remplacé le bacon.
Objectif : « valider l’intérêt commercial et la faisabilité technique » d’une offre halal, alors que le marché de l’alimentation halal en France est évalué à près de 4 milliards d’euros, selon deux études récentes.
« C ?est précisément parce que (le fast-food) ne laisse pas de choix aux clients non musulmans que cette attitude est inadmissible », a réagi le député UMP des Bouches-du-Rhône Richard Mallié.
René Vandierendonck, le maire socialiste de Roubaix, où le seul fast-food de centre-ville est un Quick halal, est sur la même longueur d’ondes. S’il n’est pas gêné « qu’il y ait une offre halal », il juge que « ça va trop loin quand on ne propose plus que cela, cela devient discriminatoire ».
Et il menace de saisir la Halde, la Haute autorité de lutte contre les discriminations, si Quick, « enseigne nationale et propriété de la Caisse des dépôts », le bras financier de l’Etat, « ne revient pas sur sa position ».
Le Quick de Roubaix ne se distingue des autres établissements de l’enseigne que par deux petits écriteaux à l’entrée qui signalent que « le Burger Strong Bacon n’est pas disponible à la carte de ce restaurant » où « les viandes proposées sont certifiées Halal ».
Superviseur de plusieurs Quick, dont celui de Roubaix, Luc Demain a constaté une « légère augmentation de la fréquentation » depuis qu’il est halal et affirme n’avoir pas eu de réclamations des clients.
« Je m’en fous de manger du halal, c’est juste une tradition, ça ne change rien au goût », estime Hugo Revel, étudiant non musulman de 19 ans, au sortir du restaurant. « Et quand je veux du bon bacon, je m’en fais à la maison, avec des oeufs au plat ».
A Argenteuil (Val-d’Oise), la mairie socialiste, qui défend le « vivre ensemble », n’est pas opposée à cette offre halal puisqu’elle complète l’offre classique du McDonald’s voisin.
En revanche, le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a fait part de ses réticences, soulignant qu’il n’était « pas un fana du communautarisme » : « je respecte les traditions, y compris alimentaires, de toutes les communautés mais je pense que la société française, son histoire, sa culture, ça n’est pas le communautarisme ».
Quant à la vice-présidente du FN Marine Le Pen, qui a déclenché la polémique, elle a jugé « inadmissible » que tous les clients « soient obligés, par l’intermédiaire de cette viande halal, de payer une taxe aux organismes islamiques de certification ».
Selon une porte-parole de Quick, choisir de ne proposer que des produits halal dans ces établissements n’est pas lié à des aspects religieux ou techniques mais à « une meilleure lisibilité de l’expérimentation ».
Quant à l’issue de cette expérience, « rien n’est exclu », pas même une offre mixte.
De nombreux fast-food indépendants proposent déjà de la viande halal, mais pour l’instant, Quick est la seule chaîne de restauration rapide à s’être lancée.
Leader du hamburger en France, McDonald’s, en tant qu’« enseigne cosmopolite », « n ?a pas pour projet de se mettre à développer une gamme de produits confessionnels », avait-il précisé dès l’automne.