Le scénario décrit dans cet article est connu. Le processus est déjà engagé puisque la Syrie vient, il y a quelques jours, de prendre un décret imposant l’euro dans toutes ses transactions internationales. S’agit-il d’un ballon d’essai dans le cadre de l’axe Damas-Téhéran, avant que Téhéran ne passe à l’acte ? Sans doute mais rien ne peut empécher l’Iran de mettre son projet à exécution, sinon une attaque armée ou une déstabilisation du pouvoir en place.
Mais le scénario apocalyptique évoqué est-il certain ? Non car il ne répond à l’intérêt de personne. Au demeurant, les Iraniens ont annoncé que leur bourse pétrolière serait basée sur l’euro et le dollar US dans un premier temps, avec recours progressif au seul euro.
Il s’agit donc bien d’une brêche dans la suprématie du dollar qui accentue le reflux de la puissance et de l’influence américaines dans le monde.
Un simple balayage historique permet de fixer les idées :
- lors de la seconde guerre mondiale, les Etats Unis ont pu se battre et vaincre sur deux fronts : européen et asiatique, et trouvers les ressources nécessaires au redémarrage économique mondial ( Plan Marshall en Europe, entre autres...)
- au Vietnam, les USA, se heurtant au Viet Cong, appuyé par la Chine, ont été vaincus
- En Irak, les Américains, confortés par une force multinationale sont tenus en échec objectif par une rebellion partielle du pays.
A regarder la différence d’échelle de ces trois épisodes, il est clair que la puissance américaine est en régression.En outre, elle est de plus en plus contestée au niveau mondial :Europe, Amérique Latine, Monde Musulman , Non Alignés...
Il reste évidemment aux Etats Unis un formidable arsenal militaire mais très coûteux pour le pays et qui n’est pas sans rappeler l’ère Brejnev, en URSS. Il s’agit d’un ilôt de puissance stérile et inefficace face aux modalités de dislocation de l’empire.
Mais qui a intérêt à un effondrement brutal ? Les réserves de tous les pays regorgent de dollars et une brutale dévaluation de celui-si ferait fondre ces réserves. La grande perspective admise est le conflit entre les USA et la Chine, à l’horizon 2040-2050. La Chine qui rachète depuis longtemps des dollars en détient des montagnes et soutient ainsi l’Amérique comme la corde soutient le pendu. Il lui suffirait lde jeter une partie de ces réserves sur les marchés pour mettre le dollar en péril. Elle ne le fait pas. Par contre, elle a, ainsi que d’autres nations asiatiques, commencé depuis un an à renforcer la diversification de ses réserves, notamment grâce à l’euro ( ainsi qu’au yen et autres devises ).
Le scénario vraisemblable (certes, il n’est pas possible de savoir ce qui peut se passer dans la tête de Bush ) va plutôt vers un glissement progressif du dollar et de son influence. Les perspectives de remontée des taux par la FED viserait donc tant à soutenir le dollar qu’à contrer l’inflation.
Si la presse financière ne se précipite pas sur les perspectives imaginées par Europe2020, c’est qu’elle croit beaucoup plus à une évolution en douceur. Au demeurant, les bourses ne s’affolent pas à ce jour et ne paraissent donc pas anticiper un tel scénario.
Et puis, la perspective d’Europe2020...c’est 2020