Depuis des siècles, les hommes de mon pays ont reçu en guise de hochets un couteau, un fusif, une carabine, ou une kalachnikov. Depuis des siècles, au rythme des générations, le grand échiquier afghan n’a cessé de changer de « maître à jouer », comme si les guerres tribales étaient un sport national.
Depuis des siècles aussi, les femmes y sont nées pour porter le tchadri. Depuis des siècles, les ambitions internationales ont entretenu ces traditions.
Je ne me contenterai pas de prier, car lorsque le dernier des taliban aura rangé son turban noir et que je pourrai être une femme libre dans un pays libre, j’y replanterai ma vie, je ferai mon devoir de citoyenne, de femme et, je l’espère, de mère.
Citant une chanson de son pays, une européenne m’a dit un jour : « La femme est l’avenir de l’homme » ; en Afghanistan, j’espère qu’un jour les hommes chanteront aussi ces mots bientôt.
Latifa, visage volé, avoir vingt ans à Kaboul (édition 2001)
La vie prend toujours fin,
nul besoin d’être soumise,
si la soumission est condtion de vie
je n’ai nul besoin de cette vie
dans l’esclavage
il peut pleuvoir des graines d’or
au ciel je dis alors
nul besoin de cette pluie