En 1931, alors que les Etats Unis et le
Mexique fermaient leurs frontières, la France devenait le premier
pays d’immigration avec 2 600 000 immigrés, tous recensés.
Mais l’’économie, dans le sillage de
la crise de 29, toussote, les journaux sont prompts à fustiger les
« métissages imprudents ». La France serait devenue
« l’hôpital du monde ». Les organes de presse à fort
tirage, comme « Le Grelot », « l’Animateur des
temps nouveaux » ou « Gringoire » stigmatisent le
Belge, « voleur de travail », la France des « métèques »,
des « gourbis et des mouquères ». Le stéréotype
raciste est à portée de plume et, bientôt, on souligne la
« dilution de l’identité française », la crainte de
devenir minoritaire dans son pays
Un fort élan de xénophobie populaire
traverse le pays à partir de 1931, accompagnant une crise économique
et financière qui frappe plus tardivement la France que ses voisins.
Les corps intermédiaires que sont les syndicats, sous la pression de
leurs adhérents, ne parviennent pas à contenir les bouffées de
violence. Cette fois, la situation s’aggrave car c’est tous les
secteurs de l’opinion qui s’empare de la « dénationalisation »
de la France. La loi du 10 août 1932 sur le contingentement des
étrangers est votée à l’unanimité : il est désormais possible de
refuser le séjour d’un étranger sur des critères arbitraires et de
l’expulser sans possibilités de recours. Peu à peu, des pans
entiers de la vie économique échappent aux étrangers : exclus
du barreau, de certains métiers de la santé, limités dans leurs
capacités juridiques, ils subissent davantage de refoulements, de
reconduites à la frontière. Entre 1931 et 1936, le nombre
d’ouvriers étrangers chute de 37 %.
S’agissant des seuls Polonais, il y
aurait eu entre 1931 et 1936, d’après les statistiques du ministère
du Travail, 129 819 rapatriements. Des convois entiers d’ouvriers
polonais sont réacheminés vers l’Est dans l’indifférence générale.
Le gouvernement Daladier publie
en mai et en novembre 1938 des décrets-lois distinguant les
« parties saines et laborieuses de la population étrangère »
des « individus moralement douteux, indignes de notre
hospitalité ». C’est l’aboutissement des théories sur les
immigrants dits « indésirables » des années 1920. Les
premiers camps d’internement sont ouverts, et la terminologie de
l’époque parle déjà de « camps de concentration », qui
doivent accueillir ceux que l’on ne peut renvoyer dans leur pays sur
le champ . Ceux-là seront détenus comme de véritables prisonniers
Au fait, pourquoi je raconte tout ça ?
L’histoire ne se reproduit pas.
La grande différence aujourd’hui, Chalot le montre bien, c’est que l’immigration illégale est légale.