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sisyphe sisyphe 12 juin 2010 15:49

Oui, vous vous trompez totalement sur mon compte. 

A l’image de Camus, j’ai toujours lutté contre l’injustice ; c’est mon combat essentiel. 

Et je n’ai jamais préché la violence, si ce n’est, comme Camus, la révolte face à la violence primaire, celle exercée ; tant par les régimes autoriatires (communisme dévoyé à la stalinienne), que par le système capitaliste, et la violence qu’il exerce vis à vis des travailleurs et des pauvres. 

Je me sens totalement en phase avec le « Je me révolte, donc nous sommes », dans le sens d’un appel à la révolte et à la solidarité, comme l’était le soutien de Camus au syndicalisme libertaire. 

Je ne parlerai pas, comme vous, du « juste milieu » ; ça, c’est VOTRE interprétation de Camus, qui n’est pas la mienne ; Camus ne prônait pas un juste milieu, mais une société juste, ce qui est différent, puisque nécessitant un COMBAT, directement lié à la révolte. 

Quant à « l’avenir radieux », si vous connaissez un peu Camus, vous comprendrez bien qu’en ayant choisi, en hommage à lui, le pseudo « Sisyphe » (celui du « Mythe »), je n’ai jamais préché pour un enfer au présent, en vue d’un tel avenir, mais, comme Sisyphe, dans « Le mythe », une vie faite de combats pour la justice. 

Je vous recopie, à toutes fins utiles, la fin du « Mythe », pour que vous saisissiez bien ma position : 

« Je juge que tout est bien », dit Œdipe, et cette parole est sacrée. Elle retentit dans l’univers farouche et limité de l’homme. Elle enseigne que tout n’est pas, n’a pas été épuisé. Elle chasse de ce monde un dieu qui y était entré avec l’insatisfaction et le goût des douleurs inutiles. Elle fait du destin une affaire d’homme, qui doit être réglée entre les hommes.

Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. De même, l’homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. Dans l’univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s’élèvent. Appels inconscients et secrets, invitations de tous les visages, ils sont l’envers nécessaire et le prix de la victoire. Il n’y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit.

L’homme absurde dit oui et son effort n’aura plus de cesse.

S’il y a un destin personnel, il n’y a point de destinée supérieure ou du moins il n’en est qu’une dont il juge qu’elle est fatale et méprisable. Pour le reste, il se sait le maître de ses jours. A cet instant subtil où l’homme se retourne sur sa vie, Sisyphe, revenant vers son rocher, contemple cette suite d’actions sans lien qui devient son destin, créé par lui, uni sous le regard de sa mémoire et bientôt scellé par sa mort. Ainsi, persuadé de l’origine tout humaine de tout ce qui est humain, aveugle qui désire voir et qui sait que la nuit n’a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore.

Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.


Relisez, si vous en avez le temps, la plupart de mes interventions sur les différents sujets, et vous y trouverez une cohérence avec cette position. 

Et je ne suis pas plus que Camus ne l’était, un « modéré » ; je suis un révolté contre l’injustice, et pour la SOLIDARITE ; donc, forcément « en lutte » ; à mon humble échelle, évidemment, et toutes proportions gardées. 


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