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En réponse à :


armand armand 22 juin 2010 10:43

Bonjour Fergus (et les autres participants à ce débat de bonne tenue),

Tout a été dit ? J’aimerais revenir sur le slogan de Sarko, la « rupture », incarnant à lui seul tout le « mal français ». Comme si une société humaine, organique, faite de mémoire et de transmission, pouvait se régler en rompant avec son passé, même immédiat, à faire table rase, pourquoi pas. De nos jours cela nous vaut cette menace implicite de changer de République - pourquoi pas, puisque chaque république, hormis la quatrième, issue des décombres de la guerre, a été obtenue par la destruction, souvent violente, du régime précédent.
La rupture sarkozéenne est certes dans le style - toute la gravitas gaullienne est troquée contre les tics de langage, les grossièretés, les approximations et les rodomontades d’un arriviste bling-bling. Mais alors que reste-t-il de la légitimité à incarner la Nation ? Rien, hormis l’exhibition ad nauseam du score présidentiel, comme un mandat du ciel plébiscitaire.
Le ver est déjà dans le fruit, il ne l’a jamais quitté depuis deux siècles - la République en France n’a jamais su s’entourer des garanties de pérennité que les Pères fondateurs aux Etats-Unis se sont données - ministres responsables devant le Parlement, équilibre des pouvoirs, modifications de fond (donc constitutionnelles) qui passent par un processus lent et pondéré afin qu’elles correspondent in fine à une tendance de fond de la société, et non à une précaire majorité parlementaire.
Chez nous, c’est le coup d’Etat permanent, avec en référence incantatoire les désordres sanglants, tant de la première Révolution que de la Commune, et la menace de recourir à la guerre civile en cas de désaccord (voyez, des deux côtés, les réactions tant à l’égard de l’affaire saucisson-pinard, que de la fsillade de Villiers-le-Bel).

Personne en France n’osera se dire franchement conservateur - conservateur dans le sens que l’entendaient les philosophes politiques du XVIIIe siècle, à savoir la reconnaissance que nos institutions sont le résultat d’un long cheminement historique, qu’elles ont donc leur logique et leur raison d’être, qu’elles peuvent être modifiées, amendées, perfectionnées, mais qu’il est non seulement illusoire mais potentiellement explosif et néfaste de prétendre, à la faveur d’une victoire électorale, tout mettre bas et reconstruire en fonction du « projet » d’un parti politique ou d’un autre.


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