Bonjour à tous,
Petit message en passant. Je suis wallon, mais le moins qu’on puisse dire, pas farouchement nationaliste. Ni belgicain, d’ailleurs.
Je pense que tout le monde s’emballe un peu vite. Je ne crois pas que la Belgique en tant qu’état soit déjà morte, ni vraiment prête de l’être. Pour plusieurs raisons.
D’abord le divorce va coûter bonbon à tout le monde. L’argument selon lequel la Flandre et Bruxelles peuvent se le permettre est fallacieux. Ils peuvent peut-être, mais ils n’ont certainement pas envie, parce que bonbon c’est bonbon, et tout le monde est près de ses sous, surtout en temps de crise. La Wallonie, certes moins bien dotée, devra nécessairement recevoir de l’aide pour ne pas amorcer un jeu de domino dangereux et déclencher une instabilité politique et économique contagieuse au cœur de l’Europe. A la limite, et paradoxalement, c’est peut-être la Wallonie la moins exposée aux dégâts collatéraux, tout simplement parce que la plus fauchée.
Juridiquement, ça va être un vrai cauchemar. Tout ça ne va pas se régler sur un coin de table à la friterie du quartier. Il existe une telle intrication des institutions que la séparation pure et simple prendrait sans doute des décennies, sauf si on prend le raccourci d’une guerre civile.
Le citoyen lambda des pays d’Europe se fiche comme d’une guigne de ce qui arrive aux Belges, on ne peut pas lui en vouloir. Mais les gouvernements voient ça autrement. Ils n’ont pas envie qu’une vague nationaliste s’empare de chaque pays à forte minorité ou majorité indépendantiste. De nouveau, la contagion ne les intéresse pas. Bruxelles Belgique ou Bruxelles DC, ils n’en ont rien à foutre, mais ils préfèrent le moins de remous possible. Donc le nationalisme flamand ne soulève aucun enthousiasme en dehors de Flandre, si ce n’est auprès d’autres nationalistes (catalans, basques, écossais, tout ce qu’on veut…).
En tout et pour tout, 45 % des flamands ont voté pour des partis clairement indépendantistes. C’est énorme, mais ce n’est toujours pas une majorité en Flandre. Il faut aussi rappeler que ces partis ne revendiquent pas un éclatement du pays, mais plutôt un état fédéral qui les avantage, avec une plus grande autonomie de gestion politique et économique pour chaque communauté. Il s’agit à la base d’un discours nationaliste qui, comme tous les discours nationalistes, est basé sur la croyance naïve que la communauté à laquelle on appartient est « supérieure ». Surtout, ce discours est électoralement très porteur, et fait l’économie de bien d’autres réalités moins confortables. Avoir un bouc émissaire sous la main est toujours un jackpot électoral. Nous, les Wallons, sommes tout simplement indispensables aux indépendantistes flamands.
Il est un fait que la Flandre est remarquablement prospère, mais toute prospérité a une fin, et ce qui la rend riche aujourd’hui pourrait disparaître demain, à la faveur d’une crise qui n’en finit pas. Nul ne peut dire ce qu’il va advenir des différentes communautés, et de leurs choix économiques. La Wallonie a été extrêmement prospère pendant plus d’un siècle, et attiré quantité de travailleurs flamands, avant de tomber en désuétude.
Bruxelles, par la voix de Tall et d’autres, a la tentation de jouer cavalier seul, forte de son insolente prospérité acquise à la faveur des institutions européennes. Mais de nouveau, c’est un calcul à court- ou moyen terme. Rien ne dit que cette prospérité soit éternelle, ou même vingtenaire ou trentenaire. De nombreux empires se sont écroulés au cours du siècle dernier, l’Europe pourrait encore changer de visage. Et de capitale. Et alors Bruxelles sera assise sur rien.
Soit dit en passant, c’est la prospérité de la Wallonie, jusqu’à l’après-guerre, qui a largement financé la prospérité du reste du pays. Aujourd’hui, chacun se détourne avec dédain d’une Wallonie défaillante et déficiente, l’abandonnant piteusement à son sort. Les chômeurs, les assistés, les indigents, menés par des pitres socialistes comme Daerden, Van Cau, Happart… C’est sûr qu’il va y avoir du ménage à faire, mais la faim finira bien par pousser le loup hors du bois… Et les maquereaux de la démocratie se faire virer à coup de pompe au cul.
« L’union fait la force », pas très heureux comme devise…
Il est vrai enfin que les deux communautés vivent dans des réalités séparée, la Flandre repliée sur elle-même, ou ouverte au monde anglo-saxon, les francophones orientés vers la francophonie et bien évidemment leur puissant voisin la France. Mais jusqu’à un certain point, le mariage de raison a créé des liens, et la frontière linguistique est bien plus perméable qu’il n’y paraît. Les deux communautés ont pris l’habitude de coexister en paix, et au niveau du citoyen, il n’existe guère d’animosité tangible vis-à-vis des concitoyens allophones, si on excepte des lieux de tension en périphérie bruxelloise. Un flamand peut toujours profiter sereinement de sa maison de campagne en Ardennes, un wallon passer un week-end à la côte flamande, sans risquer une décharge de chevrotine. De chaque côté, la majorité considère que ces débats communautaires sont d’abord le fait de politiciens, et ne reflètent pas directement les préoccupations des électeurs. Mais sommés de choisir, chacun vote pour sa communauté.
Un triste exemple des dérives politiciennes et nationalistes, en somme…
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