Je tique.
D’une part, ce qui fonde le terreau de la laïcité n’est pas, comme vous le
dites, un athéisme radical désireux d’expurger toute religiosité de nos
institutions, mais le résultat d’un pluralisme religieux qui sait, au nom de la
paix sociale et du « vivre ensemble », accepte de reléguer le fait religieux
dans la sphère privée.
D’autre part, il me semble que l’habillement ou la possession de choses, au
moins dès l’antiquité grecque et l’Egypte pharaonique, est une façon de marquer
son positionnement hiérarchique dans la société. Or, ce ne sont ni des
civilisations athées, ni des civilisations capitalistes.
Ceci fragilise singulièrement les liens que vous tentez d’établir entre, d’une
part, la course à la possession matérielle à des fins de positionnement social
et, d’autre part, la baisse du fait religieux (si tant est qu’elle soit établie)
ou le capitalisme.
Pour finir, en affirmant que « l’individu ressent un besoin de spirituel, mais
surtout d’une éthique, d’une morale, découlant d’une spiritualité organisée »,
vous extrapolez à l’humanité entière un sentiment qui, sans doute, vous est
personnel, et que partagent peut-être vos proches. Bien d’autres, à commencer
par moi, ne le ressentent pas, au point, parfois, de considérer que la quête
obsessionnelle d’un sens que ce monde-ci devrait absolument avoir et qu’il
tirerait d’un autre monde invisible et inaccessible, est une bien mystérieuse infirmité.
Bien à vous,
L’Ankou