Je ne discuterais pas de l’illégitimité de la dette, en tous cas pas par le biais de l’auteur.
Je vais parler de la dette par un autre biais.
Dans une dette individuelle, celui qui la contracte spécule sur ses possibilités d’en honorer les termes. Il assume seul la charge de ce contrat. Ces petites dettes sont donc, a priori, facilement cernables ; emprunteur et prêteur peuvent assez facilement faire le tour des perspectives. Et pourtant, malgré ces enveloppes apparemment simples, les petites dettes virent disons 1 fois sur dix à des impasses et des déceptions.
Dans les grandes dettes, celles que contractent les collectivités, ceux qui signent n’ont pas à en assumer la charge. Ce sont des contrats à enveloppe apparemment plus complexe à analyser mais comme une collectivité a presque toujours la possibilité d’augmenter les taxes et impôts en cas de manque de fonds et qu’une collectivité est éternelle, ces contrats sont signés sans trop de réticences et ce sont même ceux que les financiers préfèrent.
Il y a parfois des mauvaises surprises du genre emprunt russe ou annulation de dettes des pays étouffés par leur dette externe mais en général, proposer un prêt aux collectivités dont les élus sont excités par les perspectives de développement ou de gestion qu’il offre, est une bonne affaire.
C’est par ce biais de la collectivité que le citoyen s’endette sans avoir rien signé et que ses descendants se retrouvent le plus endettés. Mais il y a de tout dans le résultat de cet endettement public. Il y a de véritables tremplins de développement qui sont construits et qui vont réellement profiter à nos enfants. Et il y a hélas bien des dépenses inutiles ou ne profitant qu’à très courte échéance.
Endetter une collectivité sur plusieurs générations pour construire un bazar qui ne profite à cette collectivité que pendant 10 ans, c’est cela qui est anormal.
Dans les critiques que nous adressons à ceux qui nous endettent par le biais de la collectivité, nous avons à discerner entre les emprunts qui profiteront à ceux qui devront les payer et les emprunts qui profiteront à une fraction de génération mais devront être payés par plusieurs autres fractions générationnelles. Et, à ma connaissance, ce distingo n’est jamais fait.
Plusieurs fois, dans ma commune, lors des conseils municipaux auxquels je participais, j’essayais de sensibiliser à cette considération. Mais on m’envoyait paître en posant qu’il n’était pas possible d’affirmer que l’achat de pianos Steinway paraîtra dépassé dans 10 ans. Et il est vrai que malgré la foule d’instruments nouveaux et l’évolution très rapide de la musique, rien de prouve qu’on n’aura plus du tout besoin de la perfection des Steinway dans 10 ans.
Je m’écrase donc sur les Steinway et me revoilà à objecter qu’il est imprudent d’emprunter sur 15 ans pour un achat de système informatique qui sera peut-être obsolète dans 3 ans. Et l’on m’oppose encore « Qu’est-ce que t’en sais ! », et je replie encore mon stand.
Dans l’article de Georges Kaplan paru hier « La spéculation et le prix des oignons » il soulignait le fait que les futures stabilisaient les prix.
En effet, grâce aux futures, on dispose d’une grille qui indique à tous quel sera le prix du maïs dans 2 ans. On peut tous se caler dessus et spéculer sur cette base bourré de fondements et d’engagements fermes.
Mais en dehors du prix des choses qu’on peut donc connaître d’avance grâce à cette bourse des futures, nous ne disposons d’aucun autre support pour spéculer plus sûrement sur le devenir d’un logiciel ou d’un modèle de poubelle. Faute du moindre repère, la porte est ouverte aux libres spéculations donc à tout ce que chacun est capable de lancer de sa bouche, en toute gratuité. Et c’est ainsi qu’on se retrouve avec des équipements portés par des projections fantasmatiques qui ressortent délirants 5 ans plus tard, quand on commence seulement à les rembourser.
Ma conclusion est de focaliser certes sur l’utilité d’un emprunt, sur la charge intantanée de la dette cumulée mais aussi sur la durée du remboursement. Plus cette durée est longue, plus le risque est grand que la dette ressorte stupide et boulet. On ne ferait que des emprunts sur 10 ans, on ne ferait pas de grosse connerie.
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