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easy easy 31 mars 2011 16:48

«  »«  »«  »Cependant il y a aussi une autre constante qui fait souffrir les peuples c’est la disparition de la culture au profit d’une pseudo culture, cela a été souvent dénoncé, et sans culture il ne peux y avoir d’alternative politique puissante.
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Bonjour Jako


Si l’on considère qu’à notre époque, une poltique puissante prendrait en compte, au moins en partie, les problématiques mondiales, de quel endroit, de quel moment, de quelles circonstances, pourrait-elle surgir ?

Etant posé que par puissante on entendrait : porteuse d’espoir.

Avant Stravinsky et Freud, les plus grandes problématiques strictement inter humaines étaient les dominations/asservissements massifs pendant que les problématiques de l’individu étaient ignorées.
A un esclave unique, Verdi ne savait rien apporter en termes d’espérance. Il était d’envergure politique et ne voyait à traiter que les problématiques des masses d’humiliés à qui il savait apporter l’espoir.
C’est qu’une masse possède des caractéristiques qui dépassent la somme des caractéristiques des individus qui la constituent. Son temps est sans fin, son âge est indéterminé, sa culpabilité, son innocence aussi. La masse échappe au jugement et sait très bien s’entendre pour se considérer beaucoup plus innocente et dans les papiers de Dieu, que coupable et damnée.

Quand un chef, politique ou d’orchestre, prend l’initiative d’organiser à l’intention d’une masse, un moment avec des points d’orgue très précis, pour qu’elle pleure sur elle, il fait forcément mouche car personne ne refuserait de profiter de cette parenthèse offerte à son innocence.

Ce soir là, à part Berlusconi, tous les autres s’offraient un moment d’innocence. 

A partir de ces communions autour d’une innocence et victimisation partagée, il ne reste plus qu’à proposer de passer à la colère et à partir du même coagulat surgira la politique forte en  »Restons unis autour de notre innocence mais ne pleurons plus, brisons plutôt nos chaînes et tuons le coupable"

Tant qu’il existait une possibilité de réaliser ces communions, se dessinait ce qu’on appelle une vraie culture. Une vraie culture se caractérise en ce qu’elle offre toujours un support possible dans le décor, dans le thème, dans l’intrigue, dans la musique, à une communion massive.


A partir de Stravinsky et Freud, pendant que certains ont commencé à explorer non plus les horizons océaniques mais le plus profond des intimités à la recherche du secret de l’innocence et de la culpabilité, de grands prêtres ont organisé d’immenses et dernières messes où, après avoir pleuré ensemble, on a coagulé de colère rouge et noire. 

Deux énormes guerres en résultèrent. Signant la fin de Verdi et Wagner.

On se retrouve avec Stavinsky et Messiaen qui ne cherchent plus à faire pleurer. Ce ne sont plus des Gros et des David qui témoignent de la guerre en sublimant les gestes et en soignant les éclairages mais des Picasso et des Kandinsky qui refusent d’arranger la réalité, talonnés qu’ils sont par les photographes et cinéaste qui livrent la réalité toute crue.

Et ce qu’on voit alors de ce qu’une masse d’innocents en colère est capable de faire, nous dégoûte définitivement des messes.

C’est la fin des politiques fortes surgies de messes.



Après Hiroshima et Nagasaki, dans le fil du Sacre du Printemps, apparaît le butoh qui ne peut en aucun cas rassembler des gens et les faire pleurer d’innocence à 22h09. 
Tout ce qui se fera après les rapports photographiques des guerres modernes et après la désintégration du noyau, excluera qu’on se tienne la main en pleurant. L’individu est renvoyé à lui-même, à sa solitude, étant prouvé qu’on ne peut décidément rien tirer de bon de ses coagulations. Toute la musique, la peinture, la sculpture dira la désintégration et la mort de l’espoir.

Le mur écologique n’ayant évidement rien arrangé à l’émergence d’horizons soudainement finis.


Certes, nous pouvons encore nous retrouver devant un Muti livrant du Verdi et en pleurer en nous embrassant, mais l’effet ne sortira guère de cette salle qui n’est désormais plus qu’un vaisseau offrant quelques nostalgiques et éphémères retours dans le passé.


Nous decouvrons que nous sommes dans une nasse que nous avons tissée. Il n’y a plus d’espoir. Chacun accuse son voisin mais en vain car plus personne n’est clairement le seul coupable. Chacun se précipite pour faire valoir qu’il est victime mais on ne sait plus de qui de quoi. Victime, innocent, ces mots n’ont plus de sens. 
Il n’y a donc plus de culture possible.


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