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Accueil du site > Tribune Libre > 40ème jour de grève de la faim pour Roland Veuillet ou l’impuissance (...)

40ème jour de grève de la faim pour Roland Veuillet ou l’impuissance face à l’arbitraire aujourd’hui en France

Depuis le 6 novembre 2008, soit depuis 40 jours, pour la troisième fois, l’ancien conseiller principal d’éducation du Lycée Dhuoda à Nîmes, Roland Veuillet, est en grève de la faim dans sa voiture devant le rectorat, rue de Marseille à Lyon, académie où il a été muté d’office par le ministre, en 2003. Il proteste contre cette sanction arbitraire. Il demande que son dossier soit à nouveau examiné et que justice lui soit rendue. Son argument est simple : le dossier administratif sur lequel s’est fondée la procédure disciplinaire, était illégal ; il en découle que la sanction l’est aussi. R. Veuillet a perdu 19 kilos. Des établissements scolaires de la région de Lyon commencent à s’émouvoir avec grève, occupation nocturne de locaux et pétitions : l’une d’elles qui a recueilli plus de 1000 signatures, a été transmise au rectorat. Mais recteur et ministre ne veulent rien entendre.

« L’affaire Roland Veuillet » qui a commencé en 2003 (1), est, à vrai dire, révélatrice des mœurs d’une administration de l’Éducation nationale indifférente à la loi quand elle y a intérêt.

La liberté d’expression syndicale méprisée

Elle ne respecte pas d’abord la liberté d’expression syndicale. Elle a, en effet, reproché à Roland Veuillet d’avoir soutenu les surveillants grévistes en février 2003 qui protestaient contre la suppression des maîtres d’internat/surveillants d’externat (MI/SE) remplacés par les fameux « assistants d’éducation ». Il avait refusé de jouer les briseurs de grève et de remplacer les grévistes par des élèves majeurs – appelés pudiquement « maîtres au pair » ! - comme lui demandait par oral le proviseur.
Une procédure disciplinaire avait été aussitôt ouverte par le recteur de Montpellier d’alors, M. William Marois (2). Roland Veuillet avait comparu devant un conseil de discipline qui ne s’était pas prononcé pour une sanction ! Mais comme le pouvoir de décision lui appartenait, le recteur en avait quand même infligé une, le 9 mai 2003 : une mutation d’office. Envoyé à Lyon, loin de sa famille, Roland Veuillet n’a pas cessé depuis d’essayer d’obtenir l’annulation de cette sanction injustifiée.

Un dossier administratif illégal

Or, en prenant connaissance de son dossier administratif, il a découvert qu’en violation de la loi, des centaines de documents à caractère syndical y avaient été systématiquement versés : des rapports hiérarchiques rendaient compte de son activité syndicale ; et les tracts ou affiches qu’il avait pu distribuer fort légalement dans l’établissement, étaient soigneusement réunis (3). Or, l’article 18 de la loi portant droits et obligations des fonctionnaires n°83-634 du 13 juillet 1983 est formel : « Il ne peut être fait état dans le dossier d’un fonctionnaire, de même que dans tout document administratif, des opinions ou des activités politiques, syndicales, religieuses ou philosophiques de l’intéressé. »

Cette constitution d’un « casier administratif » est, en fait, une vieille tradition policière de la maison. En juin 1982, un an auparavant, un arrêt du Conseil d’État avait déjà annulé une notation administrative où il était fait mention ouvertement des « convictions » de deux professeurs (4). La loi de 1983 ne paraît avoir rien changé aux habitudes de cette administration-voyou, puisqu’en 2003, vingt ans plus tard, elle n’en fait qu’à sa tête et viole toujours impunément la loi. Il faut dire que la loi du 12 avril 2000 qui interdit aux victimes la communication des dénonciations de leurs délateurs, lui a même permis de créer de facto un « casier administratif clandestin ».

Le mépris envers le Conseil supérieur de la fonction publique

Instance d’appel en matière disciplinaire, le Conseil supérieur de la fonction publique a été évidemment saisi par Roland Veuillet. Sans doute n’exerce-t-il qu’une fonction consultative. Il reste qu’il n’est pas anodin de constater que, le 25 janvier 2005, il ait recommandé d’annuler la sanction infligée, « les faits reprochés (n’étant) pas suffisamment établis par les pièces du dossier  ». Mais non tenu de suivre l’avis formulé, le ministre l’a méprisé et a maintenu la mutation d’office.

Les contradictions au sein de la juridiction administrative

De son côté, le tribunal administratif de Lyon saisi d’une requête en annulation, l’avait rejetée le 15 juillet 2004. Mais, appel étant interjeté devant la cour administrative d’appel, il n’est pas non plus inintéressant de relever que, lors de l’audience d’octobre 2006, le commissaire du gouvernement – peu suspect de complaisance par fonction - a conclu à l’annulation de la sanction après avoir dénoncé la conduite de l’administration. Il a salué, en effet, « (le) professionnalisme et (le) dévouement de M. Veuillet  » «  en gérant, comme il l’(avait) fait, le problème de la surveillance de l’internat dans le double contexte d’une grève des surveillants et d’une indisponibilité, ou d’un absentéisme, des personnels de direction. »

En revanche, il a parlé « des attitudes plus que désinvoltes de la part des personnels de direction du lycée Dhuoda » ; il s’est même étonné que « par un étrange document dit « avis du conseil de discipline » daté du 7-5-2003, le recteur (se soit) cru autorisé à traduire l’absence de proposition de l’instance disciplinaire par une position en fin de compte favorable au prononcé d’une sanction indéterminée et (qu’) il (ait) matérialisé l’avis favorable prétendument émis en lui adjoignant une motivation dont il ne résulte nullement du procès-verbal du conseil de discipline qu’elle soit l’émanation dudit conseil ». Le commissaire du gouvernement a donc recommandé l’annulation du jugement du tribunal administratif et des arrêtés de sanction et de nomination. Pour autant, le 7 novembre 2006, la cour ne l’a pas suivi. Il est, à vrai dire, peu fréquent que ce deuxième degré de juridiction fasse de la peine à l’administration de l’Éducation nationale.

Une impuissance à combattre l’arbitraire par des moyens pacifiques ?

En marge de ces procédures, Roland Veuillet a cherché de façon inédite à faire connaître son combat contre l’arbitraire par des courses à pied personnelles de plusieurs milliers de kilomètres. En désespoir de cause, il en est venu à la grève de la faim. La première à la rentrée 2004 a duré 38 jours. La seconde, commencée le 24 décembre 2006, n’a cessé qu’au 56 ème jour. Entre temps, le 9 février 2007, il avait été hospitalisé. Comme on pouvait l’attendre d’une administration qui méprise la liberté d’expression, le 14 février suivant, il a été interné en hôpital psychiatrique, mais libéré 24 heures plus tard, car un psychiatre ne voulait pas assumer la responsabilité de cet internement arbitraire.
Chaque fois, les grèves ont pris fin sur d’apparentes ouvertures du ministère, comme la nomination d’un médiateur. Mais, chaque fois, le ministère n’a voulu rien entendre, et encore moins les demandes répétées de plusieurs syndicats venus soutenir Roland Veuillet.

On reste abasourdi devant cette affaire. Il est tout de même remarquable que les instances consultatives saisies aient, chaque fois, conseillé d’écarter la sanction, mais, qu’à chaque fois, les instances décisionnelles (recteur, ministre, juridiction administrative) aient méprisé leur avis !

« L’affaire Roland Veuillet » tend ainsi à montrer dangereusement qu’il n’est plus possible en France de se protéger pacifiquement contre une hiérarchie qui ne respecte pas la loi quand elle y a intérêt. Cette politique est d’une gravité extrême. Quelle issue est donc laissée aujourd’hui aux victimes de l’arbitraire ? Est-ce l’affrontement violent qui est recherché ? Paul Villach


(1) Paul Villach «  Grève de la faim et fringale d’arbitraire à l’éducation nationale », AGORAVOX, 26 février 2007

(2) C’est ce recteur, aujourd’hui à Bordeaux, qui, toujours en poste à Montpellier, l’année suivante, a montré quel respect il avait pour la loi et les règlements. Il a infligé à un professeur nîmois, en mai 2004, un blâme mémorable. Car le tribunal administratif l’a annulé comme illégal, le 7 décembre 2006, estimant que les fautes de services alléguées par le recteur étaient inexistantes ! Pour faire bonne mesure, selon le mot savoureux du commissaire du gouvernement en audience, il a constaté qu’ « il y (avait) un souci » : la procédure avait été purement et simplement violée. Un grief allégué en ouverture de procédure avait changé de nature sur l’arrêté de blâme. La totale ! Cette conduite édifiante n’empêche pas pour autant que cet individu soit toujours en poste pour la honte de l’institution. Et l’on s’étonne après que les établissements scolaires souffrent d’actes de délinquance ! D’où vient l’exemple ?

Ce recteur modèle est en outre l’auteur d’une circulaire du 2 mai 2002 intitulée « Aide aux personnels en difficulté » ? Qu’on ne se méprenne pas ! Sous ce titre humanitaire, se cache, en fait, le bréviaire du petit inquisiteur administratif pour répondre par la psychiatrie et la justice à l’opposant. Dans le même sac sont ainsi mises les incriminations suivantes : « pratiques frauduleuses, racisme, imprégnation alcoolique  » et « difficultés d’adaptation, isolement excessif, hyperactivité et dépendance au travail (sic !), refus d’obéissance  ». Ces derniers griefs, on le voit, sont assez imprécis pour permettre aux chefs d’établissements de les interpréter à leur guise.
La « fiche 23  », intitulée « Procédures disciplinaires », signale que le dossier d’accusation peut comprendre des témoignages de parents et d’élèves, «  intégrés sous la forme de copie anonyme de telle sorte que leurs auteurs ne puissent pas être identifiés ». Voilà pour les droits de la défense !

(3) Le site de Roland Veuillet : http://roland-veuillet.ouvaton.org/

(4) Conseil d’Etat, 16 juin 1982, Recueil Lebon, tables, p. 653.


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31 réactions à cet article    


  • civis1 civis1 15 décembre 2008 11:09

    « L’affaire Roland Veuillet » tend ainsi à montrer dangereusement qu’il n’est plus possible en France de se protéger pacifiquement contre une hiérarchie qui ne respecte pas la loi...
    Plus de loi .... Victime du bon vouloir de ceux qui ont le pouvoir ...Autorité injuste ? C’est la définition même de la tyrannie. Cette histoire fait froid dans le dos.

    Allez on buzze tous azimuts !


    • Jihem Jihem 15 décembre 2008 11:58

      P.VILLACH

      Je ne commente que les faits à l’origine de cette affaire :
      Cet employé de l’état ( Cadre A) rémunéré pour appliquer les directives de sa hiérarchie refuse d’éxécuter un ordre donné par son supérieur en raison de ses convictions syndicales et se voit sanctionné...par une mutation d’office .
      Ce que je considère comme anormal, c’est ce mélange permanent entre le travail que l’on accepte d’effectuer et l’activité syndicale qui conduit à contester et refuser les décisions de sa hiérarchie, en particulier lorsque l’on fait partie de l’équipe dirigeante d’un établissement.
      Dans n’importe quelle entreprise, un tel comportement de la part d’un cadre, entraine une perte de confiance qui se traduit par un licenciement immédiat.


      • Paul Villach Paul Villach 15 décembre 2008 12:16

        @ Jihem

        Libre à vous de prendre l’entreprise comme modèle de démocratie !
        On peut au contraire estimer que le Service public pourrait servir de modèle à l’entreprise. C’est mon point de vue.

        Quand au devoir d’obéissance, figurez-vous qu’il n’exclut pas que l’exécutant puisse prendre la responsabilité de désobéir. La loi que j’évoque dans mon article, le prévoit dans son article 28.

        Je vous renvoie également à l’arrêt de la cour de cassation du 30 septembre 2008. C’est tout récent ! Il a condamné les hauts fonctionnaires qui, dans "l’affaire des écoutes téléphonqiues de l’Élysée", pour être soumis au président de la République, n’en devaient pas moins respecter les principes de la République ! Ils auraient dû désobéir à l’ordre illégal du président.

        Enfin, les avis des instances consultatives qui ont réjeté la sanction, devraient pouvoir ébranler vos rudes convictions, sauf à penser que ces instances n’existent que pour amuser la galerie ! Paul Villach


      • thirqual 15 décembre 2008 12:30

        Le fait que l’ordre soit illégal ne vous dérange pas, je suppose ?

        Un tel comportement, dans une entreprise, entraine un passage aux prud’hommes pour le patron s’il y a ne serait-ce que procédure de licenciement ou mise au placard. 


      • Polemikvictor Polemikvictor 15 décembre 2008 12:12

        Tiens ! une mutation est une sanction ?
        Cela signifierait ’il qu’au rectorat de Marseille on y envoie les gens à titre de sanction ?
        Corrolaire si on y met les "mauvais" ( à priori les sanctionnés ne son pas les meilleurs éléments), les usagers de ce service doivent apprécier !


        • Paul Villach Paul Villach 15 décembre 2008 12:48

          @ Polemikvictor
          Évidemment ! Une mutation d’office non souhaitée, qui bouleverse la vie d’une famille est une sanction : elle fait partie des sanctions réglementaires de la fonction publique, après tenue d’un conseil de discipline. Paul Villach


        • appoline appoline 15 décembre 2008 16:48

          @ l’auteur,
          Peut-être est-ce un tord que de penser qu’un syndicaliste est à l’abris de tout manquement au règlement, tout simplement, si une faute a été commise, il doit en assumer toute la responsabilité.


        • Paul Villach Paul Villach 15 décembre 2008 16:56

          @ appoline

          Ce n’est pas le problème. Que les instances consultatives aient chaque fois écarté la sanction, ne vous conduit pas à vous interroger sur l’impartialité des recteur et ministre ? Paul Villach


        • Sous réserve que mes souvenirs sont encore d’actualité ....juridique il existe s’agissant des militaires une instance appelée Conseil d’Enquête. Un rapporteur (sorte de juge d’instruction) prépare le dossier. Par la suite et devant le Conseil d’enquête le militaire concerné a droit à l’assistance soit d’un pair soit d’un avocat pour assurer sa défense Le conseil émet in fine un "avis" et peut proposer une mesure statutaire allant jusqu’à la radiation des cadres ou la mise à la retraite d’office.
          Mais il est strictement impossible à un Ministre de prendre une mesure plus grave que celle proposée par le conseil d’enquête.

          L’auteur ou un Voxien spécialiste de "sfratif" peuvent-ils nous aider à mieux comprendre ce qui se passe au plan procédural dans cette affaire ?
          Enfin pourquoi l’intéressé n’est-il pas devant le Conseil d’Etat ?


          • Paul Villach Paul Villach 15 décembre 2008 12:43

            Cher Lt-Colonel,

            1- Sur le plan des instances disciplinaires :

            Le conseil de discipline ne s’est pas prononcé pour une sanction. Voyez l’analyse qu’en fait le commissaire de gouvernement devant la Cour administrative d’appel et que je cite.
            Mais le recteur qui n’est pas tenu de suivre l’avis du conseil de discipline, a pris tout de même la sanction.


            Le conseil supérieur de la Fonction publique, instance disciplinaire d’appel, s’est prononcé pour l’annulation de la sanction, vu le vide du dossier. 
            Mais le ministre qui n’est pas non plus tenu de suivre son avis, a maintenu la sanction.

            2- Sur le plan du contentieux administratif  :

            -  le tribunal administratif a jugé la sanction légale. Il y aurait pourtant à dire ; car, si je me souviens bien, le fait reproché dans la lettre rectorale d’ouverture de procédure disciplinaire était très vague ; il était question de comportement incompatible avec le service, ou quelque chose comme ça. Rien de précis, à ma connaissance.


            La cour administrative d’appel a confirmé le jugement du TA.
            Ce qui surprend, c’est l’analye du Commissaire du gouvernement qui a souligné le vide du dossier et surtout la méthode du recteur qui a prétendu s’appuyer sur un avis du conseil de discipline pour prendre la sanction, alors que le conseil de discipline ne l’avait pas fait.

            Pourquoi R. Veuillet ne s’est-il pas porté en cassation devant le conseil d’État ? Je suppose - mais c’est mon interprétation personnelle - qu’il n’avait plus aucune confiance en la justice.

            La contradiction entre les instances consultatives et les instances de décision est ce qui tout de même pose problème. Cela ressemble fort à une sorte d’acharnement hiérarchique qui ne tient aucun compte des avis des instances qui assistent en principe le détenteur du pouvoir de décision... ! Paul Villach



          • précision lire "soient" pour "sont"
            SORRY !


            • Jihem Jihem 15 décembre 2008 12:47

              P.VILLACH

              Quand au devoir d’obéissance, figurez-vous qu’il n’exclut pas que l’exécutant puisse prendre la responsabilité de désobéir. En-êtes-vous certain pour des raisons syndicales ?

              Mes rudes convictions ne sont pas plus rigides que les vôtres.
              L’entreprise, comme le service public ne sont pas soumis aux règles démocratiques, car que je sache les employés du public comme du privé n’élisent pas leurs dirigeants.

              Comme il faut souvent simplifier et si ce n’est pas excessif, imaginez-vous qq instants chef d’une PME.
              Vous décidez avec votre petit comité de direction, pour des raisons qui vous apparaissent essentielles, de modifier l’organisation de votre entreprise. Or, le contremaître chargé de mettre en application votre décision la conteste et refuse de l’appliquer, même après lui avoir rappelé les motifs de ce changement. Que faites-vous ?


              • Paul Villach Paul Villach 15 décembre 2008 13:02

                @ Jihem

                1- Pourquoi voulez-vous que des raisons syndicales ne respectent pas les principes de la République ? Le droit syndical en découle. Et le droit à la désobéissance est prévu par l’article 28 de la loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, "quand l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public."
                2- Quant à l’exemple d’entreprise que vous citez, il n’a rien à voir avec le problème posé. L’ordre donné visait à briser une grève.
                3- Quand au caractère plus démocratique du service public, les textes qui l’organisent le sont beaucoup plus que ceux qui régissent l’entreprise, où c’est le modèle monarchique qui prévaut. Paul Villach


              • l'homme pressé l’homme pressé 15 décembre 2008 13:13

                Parce que c’est illégal qu’un responsable d’une activité - service public ou pas - pallie à l’absence de certains de ses collaborateurs en ré-affectant des collaborateurs non-grévistes ?
                Vous rigolez ou quoi ?
                Le droit de grève existe, et c’est une excellente chose. Ca n’autorise pas les salariés à se considérer comme propriétaires de leur travail.
                Le salarié a le droit de faire grève et les dirigeants ont le droit d’essayer de continuer à faire fonctionner leur activité.

                A moins que vous ne tentiez aussi de légitimer les piquets de grève ?


              • loetchr 17 décembre 2008 21:16

                à "l’homme pressé"

                vous avez raté quelques lignes : ce proviseur n’a pas fait appel à des "collaborateurs non-grévistes" mais à des élèves (majeurs). On ne peut pas parler de "réquisition de personnel".
                De toute façon, pourquoi refaire le "procès" ?
                Le commissaire du gouvernement, lui-même, conclut à l’annulation de la sanction (tout en épinglant le recteur et l’un, au moins, des proviseurs...).




              • hans lefebvre hans lefebvre 15 décembre 2008 13:43

                 J’apporte ici tout mon soutien moral à M. Veuillet, d’autant plus que je me suis aussi livré à une grève de la faim alors que j’étais incorporé. Al ’époque, l’autorité médicale n’avait pas hésiter à me réformer après 25 jours sans alimentation. Pour ce qui est de M. Veuillet, le sentiment d’injustice doit être infini pour en arriver à de telles extrêmités.
                Vous faites bien de rappeler les règles du dossier administratif qui ne peut contenir que des éléments objectifs sur le déroulement de la carrière de l’agent et rien de plus. Quant au double dossier on est en pleine illégalité. La situation de M. Veuillet révèle une profonde injustice ! 
                Merci pour ce billet.


                • Alexeï 15 décembre 2008 23:26

                  @ hans lefevre

                  Le dossier clandestin est une pratique ancienne qui avait été quelque peu assainie par le vote de la loi Giscard du 17 juillet 1978 autorisant l’accès aux documents administratifs nominatifs. Le vote de la loi socialiste liberticide du 12 avril 2000 empèche tout fonctionnaire accusé de se défendre : le principe du contradictoire n’est plus respecté. La transmission des pièces à conviction qui prouvent une calomnie ou une injure est systématiquement refusée aux victimes : la loi va jusqu’à préciser qu’il faut protéger la vie privée des signataires de ces lettres.


                • Jihem Jihem 15 décembre 2008 14:24

                  P.VILLACH

                  L’homme pressé vient de faire la réponse.

                  Vous utilisez le terme démocratie à toutes les sauces pour justifier votre argumentation qui ne démontre pas que l’ordre était illégal.
                   
                  Quand au caractère plus démocratique du service public, les textes qui l’organisent le sont beaucoup plus que ceux qui régissent l’entreprise, où c’est le modèle monarchique qui prévaut.

                  Effectivement les promotions automatiques en fonction de l’ancienneté, le choix de sa classe à l’ancienneté, les affectations "au barême" des des jeunes profs dans les Ets difficiles.....c’est parfaitement démocratique.

                  C’est certainement votre expérience de l’entreprise qui vous permet de faire cette comparaison monarchie/hiérarchie et d’afficher votre profond mépris pour tous les entrepreneurs petits ou grands qui depuis longtemps savent s’appuyer sur leurs collaborateurs pour les prises de décision !
                  Citez donc une organisation qui fonctionne sans hiérarchie ?

                  Je réitère autrement ce que j’ai exprimé plus haut : Un membre de la direction (CaT A) doit être solidaire de sa direction puisque c’est la définition de sa fonction. S’il n’est pas d’accord, son recours légal est la grève et non le refus d’exécuter qui devient illégal puisqu’il refuse d’assurer la mission pour laquelle il perçoit son traitement.

                  Je n’attends pas de réponse.




                  • 5A3N5D 15 décembre 2008 14:59

                    @ Jihem, 

                    L’emploi d’élèves majeurs pour des fonctions de surveillance est illégale si lesdits élèves n’ont pas la qualité d’étudiants et s’ils n’ont pas été embauchés régulièrement par le chef d’établissement. Ils doivent remplir des conditions très strictes. Si elles ne sont pas respectées, c’est du travail au noir.

                    Que feriez-vous, si, au cours d’une grève des postes (par exemple), le receveur prenait des gens dans la rue pour remplacer les postiers en grève ? Ce serait légal ?


                    • jolala jolala 15 décembre 2008 15:45

                       Vous n’attendez pas de réponse. Souffrez-en une cependant. Encore faut-il que les ordres donnés à la hiérarchie soient de nature légale.
                      J’ai été plusieurs fois confronté comme responsable de personnel à des ordres au mépris de la loi.Par exemple, j’ai été témoin d’élections professionnelles truquées, mais refusé d’y participé, il m’ été demandé dans le cadre de contrats de qualification de recuiellir des signatures pour des formations fictives,ce que je n’ai pas fait, et bien sûr, je n’ai jamais été relancépour cela, et je pourrais témoigner de bien qutre choses encore.... Oui, Monsieur, il existe bon nombre de patrons voyous, et il existe dans ce cas un devoir de désobéissance.
                      Avec votre raisonnemnt, on arrive au fonctionnement de Vichy, à la rafle du Vél’Hiv, et à pire encore.
                      Votre opinion n’est pas respectable.


                    • anny paule 15 décembre 2008 16:47

                      Merci pour cet article.
                      N’est-il pas très étrange que les médias ,si prompts à se repaître de bien des faits divers les plus insignifiants qui soient, et à les monter en épingle, restent aussi muets sur cette grève de la faim et sur ce qui la motive ?
                      Une chose préoccupante, dans cette affaire, (en dehors du nom respect de la liberté syndicale et de la liberté d’opinion, et de la censure dont est victime Rolland Veuillet), reste le pouvoir exorbitant des Recteurs.
                      Ce qu’il importe de signifier à tous ceux qui ne sont pas de "la maison éducation nationale", c’est que les Recteurs sont des personnes désignées, nommées par le pouvoir en place pour relayer la politique du ministère dans les académies. Ce ne sont pas des fonctionnaires...
                      Or, il se trouve que depuis 2002, Darcos et Ferry ont imposé la nomination de 14 des 30 Recteurs en poste sur des critères "franchement politiques, pour ne pas dire idéologiques" . Tous les Recteurs "marqués à gauche" ont été remplacés par des Recteurs aux idées franchement droitières. Deux d’entre-eux Maurice Quenet et Michel Leroy, entre autres, sont "anciens secrétaires du Club de l’Horloge". (Association fondée en 1974, et "considérée comme un réservoir d’idées d’extrême droite"). cf. Main basse sur l’école publique, M. Fitoussi et E. Khaldi, Demopolis, août 2008.
                      Le Recteur de l’Académie de Lyon est peut-être, lui aussi, proche de cette mouvance... ce qui justifierait ses prises de position...


                      • Paul Villach Paul Villach 15 décembre 2008 17:21

                        @ Anny Paule

                        Salutaire rappel, chère Anny Paule !

                        1- Curieux, en effet, ce silence des médias ! Peut-être attendent-ils que R. Veuillet soit mort ! Ils publieront en première page ou couverture la photo de la voiture devant le rectorat... Audience garantie !
                        Souvenez-vous de ces "consciences journalistiques" qui, dans "l’Appel de la Colline" du 24 novembre (J’en ai parlé dans un récent article) "pour une presse libre et indépendante", s’interrogent sur leur métier en rappelant que "leur première discipline" est de s’attacher à "la vérité des faits" par "la recherche d’informations vérifiées, sourcées et contextualisées".

                        Ils se gardent bien de s’interroger sur les raisons qui les conduisent à publier ou à ne pas publier. Dans ce cas d’espèce, leur silence est bien une prise de partie !

                         
                        2- J’ignore la mouvance à laquelle appartient le recteur W. Marois (aujourd’hui à Bordeaux) par qui le mal est arrivé. Mais ses actes le trahissent. Les trois faits que j’ai signalés et qui sont à porter à son passif (la mutation d’office de R. Veuillet - le blâme annulé par le TA de Nîmes pour fautes de service imaginaires - la circulaire du 2 mai 2002) ne le classent pas parmi les défenseurs des droits de la Personne. Paul Villach


                      • Paul Villach Paul Villach 15 décembre 2008 17:21

                        @ Anny Paule

                        Salutaire rappel, chère Anny Paule !

                        1- Curieux, en effet, ce silence des médias ! Peut-être attendent-ils que R. Veuillet soit mort ! Ils publieront en première page ou couverture la photo de la voiture devant le rectorat... Audience garantie !
                        Souvenez-vous de ces "consciences journalistiques" qui, dans "l’Appel de la Colline" du 24 novembre (J’en ai parlé dans un récent article) "pour une presse libre et indépendante", s’interrogent sur leur métier en rappelant que "leur première discipline" est de s’attacher à "la vérité des faits" par "la recherche d’informations vérifiées, sourcées et contextualisées".

                        Ils se gardent bien de s’interroger sur les raisons qui les conduisent à publier ou à ne pas publier. Dans ce cas d’espèce, leur silence est bien une prise de partie !

                         
                        2- J’ignore la mouvance à laquelle appartient le recteur W. Marois (aujourd’hui à Bordeaux) par qui le mal est arrivé. Mais ses actes le trahissent. Les trois faits que j’ai signalés et qui sont à porter à son passif (la mutation d’office de R. Veuillet - le blâme annulé par le TA de Nîmes pour fautes de service imaginaires - la circulaire du 2 mai 2002) ne le classent pas parmi les défenseurs des droits de la Personne. Paul Villach


                      • Nicolas Cavaliere Nicolas Ernandez 15 décembre 2008 17:01

                        Si je voulais être injurieux, je traiterais ce recteur de gros salopard.


                        • gaiaol 15 décembre 2008 17:31

                          merci annie paule

                          mais je ne dirais pas merci à villach. car si
                          La liberté d’expression syndicale (ou autre) est si méprisée aujourd’hui, c’est aussi grace à lui, qui ailleurs, sous d’autres cieux et d’autres luttes, a contribué grandement à l’amoindrir...


                          • Paul Villach Paul Villach 15 décembre 2008 18:13

                            @ Gaiaol

                            Monsieur, vous en dites trop ou pas assez. Mais peut-être est-ce votre technique de procéder ainsi par insinuation. 
                            Si vous avez un peu de courage, soyez explicite. Je ne vois pas à quoi vous faites allusion. Vous avez sûrement lu l’air de la calomnie du "Barbier de Séville".

                            Votre méthode dit assez l’idée que vous vous faites de la liberté d’expression. Il est sûr que je ne la partage pas. Paul Villach


                          • docdory docdory 15 décembre 2008 19:02

                             @Paul Villach

                            Merci de nous avoir fait découvrir ce scandale digne d’une république bananière . Deux questions subsidiaires se posent :
                            1°) si ce conseiller principal d’éducation avait obéi aux ordres de sa hiérarchie et nommé des élèves majeurs comme surveillants , ne serait-il pas plausible de supposer qu’en cas d’erreur grave de ces " maîtres au pair ( ! ) " , il se serait retrouvé avec un procès en responsabilité pour avoir confié irrégulièrement la surveillance de son établissement à des " incompétents " ?
                            2°) Supposons que des élèves majeurs , nommés " maîtres au pair " , aient refusé cette " affectation " pour diverses raisons , auraient-ils risqués , eux-aussi, le conseil de discipline ?


                            • Paul Villach Paul Villach 15 décembre 2008 19:09

                              @ Docdory
                              Cher Docdory,
                              Vous posez les questions qui fâchent, et vous avez raison ! Paul Villach


                            • Jean TITOUPLIN Jean TITOUPLIN 15 décembre 2008 20:36

                              Les médias ne parlent pas de ce cas ? Je pense que c’est une bonne chose.

                              Imaginez les réactions des Français, pour qui la hantise c’est la lettre de licenciement et le chômage.
                              Leurs fautes ? Travailler dans une entreprise dans un milieu concurrentiel en crise.

                              Même si une injustice reste une injustice, la révolte d’un professeur contre un recteur sur fond de querelle politique, quand les sanctions encourues sont un "blâme" ou une "mutation" sans perte financiére, il vaut mieux que cela reste un combat interne à l’EN. 

                              Elle a déjà assez "mauvaise presse" comme ça !! 


                              • anny paule 15 décembre 2008 21:44

                                A Titouplin,
                                "L’EN a suffisamment mauvaise presse comme çà", dites-vous. Mais, vous questionnez-vous sur ceux qui font qu’elle ait si "mauvaise presse" ?
                                "J’ai toujours été conservatrice, j’aime l’ordre. Je crois à l’initiative individuelle, à l’effort personnel, et, en matière économique, à la main invisible du marché. Par exemple, je suis pour une privatisation TOTALE de l’Education nationale". (Emmanuelle Mignon, Directrice du Cabinet de Nicolas Sarkozy, Le Monde, 3 septembre 2004.)
                                Ceci est un exemple, je pourrais en citer bien d’autres, et parler de la bienveillance des "militants pour le développement de l’école privée" lors de l’arrivée de Darcos au ministère de l’Education, militants qui l’ont accueilli "avec des signes de confiance a priori pour l’ensemble des réformes qu’il pourrait entreprendre".
                                Je pourrais, également, citer des textes de l’OCDE, de l’OMC, de l’ERT qui préconisaient depuis longtemps la privatisation du système éducatif, puisqu’il pouvait "permettre une progression à deux chiffres des bénéfices".
                                Je pourrais aussi citer un ouvrage qui a fait l’opinion, (daté de novembre 1983), "L’école en accusation", Maupas Didier dir. Club de l’Horloge, publié chez Albin Michel)... Je pourrais en citer d’autres pour montrer que l’entreprise de démolition de notre système éducatif (que, pourtant, à l’étranger, on continue de nous envier) n’est pas récente...
                                Mais, comme il est plus facile de jeter ce qui a été soigneusement dévalorisé, tous ont contribué (de gauche comme de droite) à discréditer le corps enseignant et le système qu’il tentait, contre vents et marées, de faire fonctionner (avec des classes surchargées, avec des publics hétérogènes, avec des conditions que les employés des entreprises privées n’auraient pas acceptées, des horaires tronqués, des programmes très lourds) au nom de l’avenir des élèves qui leur étaient confiés.
                                Ce que nous sommes aujourd’hui, (à moins d’être des nantis incultes comme certains qui font la pluie et le beau temps), nous le devons à notre école laïque et républicaine. 
                                Alors, de grâce ! ne tombons pas dans le piège soigneusement peaufiné par les médias aux ordres ! Il y va de l’avenir même de nos jeunes et de notre pays tout entier !
                                Mais, "qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage"... et il semble que ce soit le cas de notre Education !


                                • Paul Villach Paul Villach 16 décembre 2008 09:42

                                  @ Anny Paule

                                  Je souscris évidemment à ce que vous écrivez !
                                  Voyez la perversion où on est tombé. Ce qui aurait dû servir comme modèle pour le respect des droits de la Personne - qui doit être l’horizon de toute société - et que le service public avait commencé à élaborer dans nombre de ses textes de fonctionnement, est jeté aux chiens. Il ne faut surtout plus en parler !
                                  Ne montrez surtout pas un unijambiste à un cul-de-jatte, il le traitera de privilégié !

                                  Et, par temps de corruption généralisée d’un système qui découvre chaque jour des escrocs plus escrocs encore que ceux de la veille, et qui jette à la rue les salariés par dizaines de milliers, ce sont les règles de ce système qui sont encore données en exemple. Hallucinant !

                                  J’ai très peur de ce qui se profile à l’horizon et qui ne risque pas d’être le respect des droits de la Personne. Paul Villach

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