Partout, politiques, journalistes, militants parfois c’est l’indignation. Bayrou a tapé en dessous de la ceinture et a pété un plomb. Cette affaire va laisser des traces. Une analyse s’impose et notamment une analyse des propos des journalistes. Alors que le métier de journaliste est double : relater les faits et en tirer des conclusions à la suite de vérification, on se rend compte de tout autre chose : une chasse au scoop et au bruit médiatique quitte à écraser des deux pieds la vérité et le bon sens.
Cette affaire fait grand bruit. Les journaux en sont plein. Le Figaro fait pas moins de 3 articles dont un sondage où à l’heure où j’écris sur près de 20 000 votes plus de 67 % pensent que Bayrou a dérapé. Un autre déclenche 700 commentaires. Et comment vont juger les Français, y compris ceux qui ont vu l’émission ? En fonction de la présentation des faits par les médias et leur raccourci. C’est là où le bât blesse car les raccourcis (y compris les vidéos quand elles ne sont pas intégrales car elles coupent le moment essentiel où Cohn Bendit demande expressément par trois fois à Bayrou de préciser sa pensée alors que celui-ci envoyait un message clair : cela suffit. Et je vais en rester là) modifient substantiellement la réalité.
On assiste à une transformation des faits et alors que c’est Cohn Bendit qui s’excite et qui insulte assez vulgairement Bayrou et que celui garde son calme on finit par faire croire que Bayrou attaque le premier et sous la ceinture Cohn Bendit. De plus alors qu’il est calme, le terme de : péter les plombs, a été employé. Or ce terme a une connotation très claire : on déraille complètement et généralement on est en période de folie passagère qui s’accompagne de colère. Le terme même de colère a été employé. Ce terme va même plus loin : il suppose que les affirmations de celui qui pète les plombs n’ont rien de réels. On transforme complètement une vérité en légende qui va coller la peau de Bayrou longtemps.
Toutes sortes d’explications sont données. Tout d’abord il faut noter que Cohn Bendit avait en discussion préalable à cette émission dit aux journalistes que Bayrou allait péter les plombs. Cette information est extrêmement importante car elle donne un éclairage nouveau. Une sorte de préconditionnement.
La désinformation est donc en marche. Ce n’est plus Cohn Bendit qui a commencé à injurier mais Bayrou. Un Bayrou qui n’a plus tout son esprit. Cela n’est pas suffisant. Beaucoup d’observateurs se servent de la baisse de sondage pour expliquer cette sortie. Comme par exemple madame Sylvie Pierre Brossolette lors de son débat avec Joffrin (
ici) sur France Info. Ce serait donc la chute des sondages qui aurait fait réagir Bayrou. Certains vont plus loin indiquant qu’il avait préparé froidement cette intervention. Si nous ne pouvons juger de ce qui n’est pas arrivé, c’est à dire que Bayrou en parle de but en blanc, ce qui voudrait dire qu’effectivement il l’avait préparé, on peut être quasi certain que pour le coup il n’a fait que réagir au mot extrêmement violent d’ignoble de Cohn Bendit. On peut ajouter que dans un premier temps il n’a pas voulu aller plus loin signifiant par là que ce message s’adressait au seul Cohn Bendit et non au public. On ne soulignera jamais assez que la chronologie des faits est la plus importante et que c’est Cohn Bendit qui a insisté pour que Bayrou dévoile sa pensée. On peut ajouter que si Chabot avait fait son métier et qu’elle avait interrompu Cohn Bendit à la suite de ses insultes, cela aurait calmé le jeu mais elle devait être trop contente de voir Bayrou se faire insulter et traiter de minable, seconde douceur.
Il y a un point d’une importance capitale. Voir la
vidéo de Canal plus (vers les 7 minutes) qui n’occulte pas les premiers mots de Bayrou concernant les visites de Cohn Bendit à Sarkozy. Quels sont ces premiers mots ? Notez les bien : Sarkozy a dit. Que veulent dire ces mots, que veut dire cette introduction ? Cela veut dire que Sarkozy se sert de Cohn Bendit, l’instrumentalise. Or tout de suite la réaction de Cohn Bendit a fait croire, et il l’a cru lui-même, que Bayrou l’accusait lui d’être proche de Sarkozy alors qu’en fait, et les mots de Barnier le prouvent sans cesse (il vient de déclarer que Cohn Bendit est le
seul vrai européen, qu’il est intelligent, sincère), il disait autre chose. C’est un moment où la réaction immédiate de Cohn Bendit est si rapide que cela occulte ces prémisses de la suite et modifie profondément tout le message. Et comme les journalistes ne prennent dans cet échange que ce qui correspond à peur vue des choses, cela fait en sorte que le message final de cet échange est parfaitement contraire à la réalité. Un résumé :
1- Bayrou veut démontrer que Sarkozy aide Cohn Bendit
2- Cohn Bendit croit que Bayrou l’accuse d’être proche, de son côté, de Sarkozy
3- Cohn Bendit s’excite et dit de Bayrou qu’il est ignoble et minable
4- Bayrou dit que Cohn Bendit est mal placé pour parler d’ignominie et c’est ignoble quiu le fait réagir
5- Cohn Bendit demande par trois fois (Bayrou se récuse deux fois : point à la ligne) d’expliciter sa pensée
6- Bayrou donne les raisons qui le pousse
Et quel est le message de la presse ? :
1- Bayrou accuse Cohn Bendit d’être proche de Sarkozy
2- Bayrou est en colère et infâme de s’attaquer ainsi à Cohn Bendit
3- il pète les plombs parce qu’il est bas dans les sondages et parce que Cohn Bendit lui a dit qu’il ne serait jamais Président de la République
3- Cohn Bendit est finalement le héros et ses écrits d’il y a 30 ans comptent pour du beurre.
Il faut s’arrêter un instant sur ces deux insultes : ignoble qui est très fort et minable qui est aussi un jugement de valeur très fort. Bayrou a de temps en temps mis en cause Cohn Bendit mais surtout parce qu’il était attaqué et en regard de son positionnement. Ce sont en revanche là deux attaques ad hominem. Et il est à proprement parler renversant que l’on ose dire que Bayrou fait une attaque ad hominem quand celles de Cohn Bendit sont en fin de compte passées sous silence et même par certain côté justifiées et acceptées.
Ainsi trafique-t-on la vérité faisant de la réaction à une attaque très ciblée (ignoble) que prouve sans aucune contestation possible la réplique qui a été de dire par Bayrou qu’à propos d’ignominie Cohn Bendit était mal placé on substitue celle beaucoup plus profitable pour ses adversaires que c’est la baisse des sondages qui le fait réagir si violemment et de façon si déplacée. Il faut parler ici d’un point important. Que ce soit le Monde ou le Figosky apparaît en
une le même sondage qui donne le MoDem derrière (pour la seconde fois) Europe Ecologie. Or dans le même moment Le
Nouvel Obs diffuse quatre sondages : deux sont défavorable au Mouvement démocrate et deux favorables :
- MoDem : 12,5% TNS Sofres (+1,5) ; 14% CSA (+1) ; 12,5 OpinionWay (-0,5) ; 11% Ipsos (-1)
- Europe-Ecologie : 15,5% TNS Sofres (+2) ; 11% CSA (+2) ; 12% OpinionWay (+2) ; 11% Ipsos (=)
Pourquoi le Monde et
Le Figaro ne font-ils les gros titres que sur les seuls défavorables ? On sait pourquoi.
Les faits prouvent donc que c’est le mot ignoble qui a fait réagir Bayrou. Cette vérité mal menée n’est pas le seul point néfaste des réactions. On nage en plein délire intellectuel. Par exemple Libération parle de Bayrou en éternel Caliméro (paragraphe supprimé par la suite). C’est-à-dire que dans la contradiction la plus absolue on peut dire que c’est Bayrou qui attaque, donc qui donne des coups et qu’en même temps c’est une éternelle pleureuse. Cet oxymore au sens propre fonctionne à merveille comme le prouvent les commentaires imbéciles qui disent la même chose. Ainsi Bayrou peut-il être dans ce même événement la pleureuse et l’ignoble politique qui attaque sous la ceinture. Je ne parle même pas de deux actes différents, mais le même : son attaque contre les propos tenus dans le livre de Cohn Bendit. Ne serait-ce que cette contradiction devrait faire réfléchir ceux qui suivent cette information. Et bien non. On en rajoute.
Ce qu’il a d’autant extravagant c’est que disparaissent complètement les attaques de Cohn Bendit et le contenu même de son livre comme si d’avoir eu des écrits qui engagent son auteur n’avaient aucune importance. Avec sa superbe Joffrin traite cela par dessus la jambe sous prétexte que cela a 30 ans et qu’à l’époque on était dans ce courant là. Réaction dangereuse et très courte vue, sans réflexion en fait. D’abord en 1975 ce n’est pas en 1968, ensuite la philosophie de ce livre si elle est néfaste que le contexte historique fût favorable n’est en rien une excuse c’est même une aggravation car cela veut dire que son auteur serait un suiviste.
Nous nous trouvons en face de journalistes juges et intraitables qui ne sont pas si fiérots devant les dépenses somptuaires, les Cass’toi pauv con de Sarkozy ou quand celui-ci insulte ce même Joffrin en public. Le lendemain on n’a pas entendu une mouche voler dans les rédactions pour prendre sa défense et pourtant c’était injurieux et mensonger alors que le comble on reproche à Bayrou de sortir une vérité, le tort étant qu’elle est ancienne. Ancienne, oui mais ce jour non reniée et c’est là l’essentiel. Cohn Bendit a regretté le style de son livre, ou seulement le style : c’était mal écrit dit-il. Il évite très soigneusement d’en condamner les théories. Cohn Bendit a fait une autocritique générale de l’époque. Cohn Bendit a sorti des témoignages comme quoi il n’était pas pédophile. Mais Cohn Bendit n’a jamais renié ses propos imprimés. Et c’est là le double point important. Le premier est très fort et un coup sous la ceinture. Bayrou n’a jamais accusé Cohn Bendit d’être pédophile, ni sous entendu du reste. Il a parlé d’un livre dont le contenu en matière de basse enfance comme ignominieux. C’est parfaitement différent. On retrouve cet argument d’un usage assez facile et difficile à combattre comme celui d’être traité de raciste parce qu’on a dit à un noir qu’il est con (et on peut le penser non pour sa couleur de peau mais pour ce qu’il est) ou d’antisémtie pour la même insulte à un juif. Et dans ce cas précis l’utilisation par Cohn Bendit pour sa défense de dire que Bayrou l’a en fin de compte traité de pédophile et du même ordre d’idée : c’est bas, faux et lâche. Et tellement facile à employer et tellement difficile à combattre. Le bon argument qui sent le fumier en fait.
On déplace en réalité le débat. Alors que la réaction de Bayrou est de dire en fait : n’est-il pas légitime de demander des comptes de probité à celui qui depuis deux mois tire à boulets rouges sur Bayrou mettant en cause son intégrité intellectuelle, son engagement européen, le traitant d’obsédé ? N’est-ce pas légitime de lui demander des comptes quand il se présente en censeur superbe ? n’est-il pas légitime, car après tout la politique est aussi un mode d’organisation et de vision de la société, de lui demander des comptes sur ses positions antérieures vis-à-vis de la prime enfance et de l’éducation car, après tout, il va être élu ? Tout cela est parfaitement légitime, mais est complètement occulté par une déviation du débat contre Bayrou ici devenu le salaud à abattre, l’immonde Bayrou qui a pété un câble, non pardon ça c’est dans la marine, ici on est dans l’artillerie : a pété un plomb (ou dans l’électricité). On n’aurait donc aucun droit de demander des comptes à ce juge suprême qui se répand en insulte depuis deux mois ? Et sous prétexte qu’il a du bagout qu’il est d’abord sympathique, que les idées écologiques sont dans le vent ? Et quitte à passer sur l’extravagant trio formé par lui, Joly et Bové d’où ne ressort aucune cohérence, d’où aucun programme n’a été élaboré par ces trois personnes en commun qui pourtant vont être élus en Europe. On ne pose pas cette question, on ne leur pose pas à eux cette question de la cohérence ou plutôt de l’incohérence : un juge anti-corruption soi disant rigoureuse jusqu’au bout des ongles qui s’associe avec un repris de justice (dans le sens formel du terme) qui bafoue la justice car après avoir été condamné continue à faucher les maïs (et il ne s’agit pas là du bien fondé écologique mais du rapport au droit, ce droit que défend avec ardeur madame Joly), un fervent défenseur jusqu’à la caricature du Oui qui fait cul et chemise avec un fervent opposant au Oui, jusqu’à la caricature et cela ne pose aucun problème aux journalistes, ni aux militants ni à leurs électeurs. Du reste à propos d’électeur je suis assez effaré que l’on attaque Bayrou sur sa supposée obsession présidentielle et dans un débat européen c’est Cohn Bendit qui parle de présidentielle, et cela n’effare personne qu’en fait dans ce cas précis Cohn Bendit ne parle pas d’Europe. Ne parle que de présidentielle dans son attaque ramenant le sujet à cette élection plutôt que de parler d’Europe. Et c’est encore plus effarant d’entendre des électeurs qui soi disant allaient voter pour les listes du Mouvement Démocrate ne le feront plus à cause des propos de Bayrou. Bayrou qui n’est pas candidat. Un programme qui a été préparé des militants et des élus européens comme Bennhamias ou Anne Lapérouze par exemple. Ils ne voteraient pas pour des listes alors que ce sont d’autres personnes qui se présentent. Et ceux-là vont donner à Bayrou des leçons. Mais que vaut alors leur vote ? Que vaut ce vote qui sanctionnerait un futur élu qui défend des idées uniquement à cause d’une déclaration d’un leader, déclaration qui en plus a été circonstancielle et factuelle ? C’est à désespérer des raisons du vote et surtout c’est à désespérer des donneurs de leçons de démocratie et de leur conscience, justement, démocratique. Et donneurs de leçons d’Europe.
Dans cette histoire Bayrou vient d’être condamné sans jugement y compris par ceux d’un côté de la barrière prennent la défense de Cohn Bendit, les mêmes qui sont prêts à mettre en taule tout type pour le moindre petit abus de langage, la moindre suspicion d’atteinte aux enfants et de l’autre ceux qui sont prêts à être les inlassable avocats des débordements verbaux mais condamnent ici sans réfléchir et sans attendre de défense et surtout en trafiquant la vérité des faits.
J’avais commencé à écrire ce texte et l’idée que j’en avais est parfaitement confirmée par cette vidéo qui va suivre, avant la conférence de presse de Bayrou. Comme quoi avec de la réflexion et de la distance on peut s’approcher de la vérité. La question est de savoir si Bayrou a eu raison de répondre ainsi et pourquoi il l’a fait. La question de savoir si c’était le bon moment est autre. Qui sait si cela l’a été. Cela aura peut-être des conséquences électorales néfastes, peut-être que cette réaction va lui coller à la peau et va ternir son image. Je n’en sais rien. Ce sera un argument permanent de ses adversaires.
Pourquoi Bayrou a-t-il porté ce coup ? C’est la conjonction de trois phénomènes. Le premier est que Cohn Bendit a attaqué Bayrou par tous les bords depuis deux mois jusqu’à dire qu’il a été touché par la Vierge. Il a mis, comme Lefebvre en parlant de Royal, sa santé mentale en question (et il continue). Donc depuis deux mois avec la presse complaisante qui à chaque interview s’en prend à Bayrou en lui demandant s’il n’est pas obsédé par Sarkozy, ouvre ses micros et ses colonnes à Cohn Bendit pour l’entendre baver sur Bayrou sans jamais lui demander à lui si Bayrou n’est pas son obsession. Ni aux autres du reste, ni à Aubry, ni à Barnier, ni à Fillon, ni à Bertrand, ni à Dati qui dit que Bayrou est le premier des socialistes. Ainsi depuis deux mois, chaque candidat a-t-il le droit de façon obsessionnelle à s’attaquer à Bayrou, nouveau sport national, occultant par là eux-même tout débat sur l’Europe, sans que la presse ne trouve à redire ni à leur poser cette question de l’obsession. Dans ce contexte, puisque le Figaro aime les contextes en parlant de Cohn Bendit, de sensibilité exacerbée il paraît logique qu’il y ait de la part de Bayrou une certaine envie de rendre des coups sans même compter qu’il a pu être blessé. Et il est logique que le cogneur reçoive lui aussi des coups et fort étrange qu’il en soit étonné. Il ne peut pendant deux mois taper comme un bûcheron sans qu’il est un retour de manivelle. Bayrou n’est en aucun cas un sparing partner. La seconde raison est en fait le catalyseur. A la suite de ces nombreuses insultes arrive l’apothéose, les deux injures d’ignoble et de minable. Tout le monde sait que lorsque le vase est plein il déborde. Et même dans ce cas précis Bayrou n’a pas explosé (grâce à Dieu les vidéos le prouvent). Il a seulement voulu dire à Cohn Bendit : cela suffit. On est arrivé à la frontière pas un pas de plus. Et il a envoyé à Cohn Bendit et à personne d’autre un message : stop. Et cela est une très grande différence avec ce qu’en dit la presse. Stop c’est stop et ce n’est pas un pétage de plomb. Or c’est Cohn Bendit qui a insisté. En fait il voulait faire dire à Bayrou ce qu’il savait très bien qu’il pourrait dire. Il avait prévenu avant le débat comme l’ont rapporté les journalistes. Il a même dit dans cete fameuse vidéo : je savais que tu le dirais (ou quelque chose d’approchant). Notez bien cela : Cohn Bendit, avant le débat, avait prévenu : a- que Bayrou allait péter les plombs, b- qu’il se servirait de ce livre. Qui manipule qui ? Ensuite facile de dérouler la légende : on le traite de pédophile et on pète les plombs. Les esprits sont prêts. Le catalyseur est donc les ultimes insultes et les jugements derniers : Bayrou est ignoble et minable. Alors le jugé demande des comptes au juge. Et le jugé a le droit de demander des comptes au juge et même si le juge s’en étonne. Du reste c’est un parfait comportement de voyou. Le voyou entouré de ses sbires tape celui qui est seul, mais s’étonne quand il reçoit un coup. Il insulte mais interdit qu’on lui réponde et s’en offusque. Personne par dignité, par souci de vérité ne peut accepter infiniment d’être traîné dans la boue. Il faut mettre un jour le hola. Et Bayrou a eu raison. La troisième raison est beaucoup plus profonde. Et elle mérite que l’on s’y arrête. On a dit de Bayrou que cette attaque était calculée. On a dit qu’il savait depuis longtemps ce que contenait le livre (Le Grand Bazar) de Cohn Bendit. Or Bayrou ignorait son contenu et ce n’est que très récemment qu’il en a pris connaissance. Attaqué par un homme politique il est juste de savoir ce qu’a écrit cet homme. Et cet homme est responsable et comptable de ses écrits fussent-il de 30 ans. Or cet ouvrage a profondément bouleversé Bayrou. et donc contrairement - beaucoup de mensonges et d’approximations de la presse dans cette histoire - ce n’est pas une phrase mais la théorisation d’une vue de la toute prime enfance qui a troublé Bayrou, la vision exprimé dans ce livre. Or nous sommes dans un combat politique et il est fort suprenant que l’on se cache derrière la durée du temps passé pour éviter que l’on parle d’un texte fondamental qui engage celui qui l’a écrit. Et si Cohn Bendit avait rejeté les propos contenus dans ce livre, Bayrou n’aurait rien eu à en dire, ou du moins il en aurait fait le constat. Or Cohn Bendit n’a, à ce jour, en rien rejeté ces propos. Il est donc juste et légitime qu’on lui demande des comptes sur ce qu’il écrit quand il se soumet à une élection.
La réaction de Bayrou est partie de deux courants : les attaques incessantes de Cohn Bendit depuis deux mois et le bouleversement qu’ont provoqué les théories d’un livre chez Bayrou dans les fondements de sa pensée. Les dernières insultes ont rompu le barrage. De cela sa réaction est justifiée, juste et même louable. Il me paraît à moi ignominieux d’empêcher un homme de trouver ignominieux ce qui pour lui l’est et d’autant que lui-même a été traité d’ignoble. Le scandale est du côté du chœur des bien-pensants étrangement soudés entre politiques de tous bords et presse. N’oubliez jamais que le discours général qui court dans ce milieu est qu’ils ne sont jamais coupables, même s’il y a ici ou là une brebis galeuse. Or il suffit de voir ce qui se passe en Grande Bretagne où c’est un troupeau de brebis avec démission à la chaîne au gouvernement. Il suffit de vous souvenir que sous Mitterrand les députés se sont auto-amnistiés (auto-amnistiés !), une des plus grande honte de notre République. Et c’est de ce même principe qu’ils se défendent et se serrent les coudes et qu’il absolvent Cohn Bendit et prennent sa défense. L’ignoble selon Bayrou (je n’ai pas lu le livre) ce sont les propos et les théories du grand Bazar et certainement pas d’en demander des comptes à celui qui l’a écrit.
Ci-dessous deux vidéos à regarder dans le calme et avec attention. La sincérité de Bayrou apparaît évidente à tel point que par exemple
Libération, malgré quelques piques a été obligé, ici, de le reconnaître à mi-mots (C’est sur le ton de la confidence à coeur ouvert que François Bayrou a voulu revenir, ce vendredi au siège parisien du Modem, sur son altercation, la veille, avec Daniel Cohn-Bendit au beau milieu du seul grand débat télévisé de la campagne européenne.
). Du reste cet article a été modifié de fond en comble (il parlait au départ de Caliméro, qui disparaît complètement).
Bayrou a demandé des comptes à son juge Cohn Bendit, et nombreux sont ceux qui ont condamné Bayrou sans procès et souvent les mêmes qui absolvent Danny le rouge.
vignette Wikipédia Le dernier jour d’un condamné