Crise de foi chez les trumpolâtres
À l’issue de l’élection présidentielle états-unienne qui eut lieu le 8 novembre 2016, de nombreux observateurs indépendants nous firent part sur Internet de leur complète satisfaction quant au résultat final et tentèrent de nous communiquer leur enthousiasme débridé pour le vainqueur débonnaire qui arrivait avec des oiseaux de paix plein sa musette[1] : la Maison Blanche allait se transformer en colombier. Depuis l’intronisation de Donald Trump le 20 janvier passé, plusieurs d’entre eux se sont rendu compte que dans cette affaire il était surtout question de pigeons.
Le 9 novembre, l’économiste et ancien sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan, Paul Craig Roberts, affirmait non sans précaution : « Le peuple ayant été capable de vaincre les oligarques, l’élection présidentielle états-unienne est historique. […] Avec Trump, il y a au moins l’espoir. À moins qu’il ne soit gêné par de mauvais jugements dans ses nominations et par des obstacles, nous devons espérer la fin du conflit orchestré par Washington contre la Russie, le démontage des missiles US aux frontières de la Russie, en Pologne et en Roumanie, la fin du conflit en Ukraine et la fin des combines de Washington pour renverser le gouvernement syrien. Mais pareilles réalisations sous-entendent la défaite de l’oligarchie US. Bien que Trump ait battu Hillary, l’oligarchie est encore là, toujours puissante. Trump a dit qu’il ne voit plus de perspectives pour l’Otan vingt-cinq ans après l’effondrement soviétique. S’il reste fidèle à cette appréciation, il faut s’attendre à de grands changements politiques chez les vassaux de Washington en Europe[2]. »
Le 6 février suivant, moins de trois mois plus tard, le même reconnaissait s’être trompé : « Les espoirs pour l’administration Trump ne brillent plus beaucoup. Le militaire en chef de Trump, le général Mattis, est en train de prouver que son sobriquet de ‟chien fou” est bien mérité. Il vient juste de déclarer que ‟l’Iran est le plus gros sponsor du terrorisme dans le monde.” Il a déclaré que la Russie est la première menace pour les États-Unis. Il a menacé d’une intervention américaine dans les affaires territoriales de la Chine. J’ai eu tort. J’ai pensé que le général Mattis était un choix raisonnable pour le poste [de secrétaire à la Défense], car il rejette l’efficacité de la torture [NDR : que pouvait-on de ce fait reprocher à ce brave homme qui, lorsqu’il exerçait ses talents de commandement en Irak dans les années 2000, avait trouvé « ‟marrant de descendre des gens” quand on est face à ‟des gars qui frappent les femmes pendant cinq ans de suite parce qu'elles ne portent pas le voile”[3] » ? Touchante commisération envers la dure condition des musulmanes que nuançait toutefois sa décision de bombarder une noce de village à Moukaradib, au cours de la seconde bataille de Falloujah, le 19 mai 2004 : onze femmes et quatorze enfants tués parmi quarante-deux morts, sans parler des blessés éventuels[4]]. […] Trump se doit de virer Mattis qui a placé le Pentagone comme obstacle sur la route de relations normales avec la Russie. […]. Sa définition de ‟menace” est celle des nouveaux conservateurs : un pays capable de résister à l’hégémonie mondiale des États-Unis. Ceci est une menace très utile pour le complexe militaro-industriel et de la sécurité, car elle justifie un budget illimité afin de pouvoir [l’emporter sur] ces soi-disant ‟menaces”. C’est cette [tendance] hégémonique qui est la source du terrorisme[5]. » S’étant manifestement rendu à l’évidence des premiers signes donnés par l’administration Trump de jumellité avec celle qui l’avait précédée, monsieur Roberts amorçait ainsi sa phase de rétropédalage (ce qui ne signifie nullement qu’il ne se remettra pas dans un proche avenir à rouler pour The Donald, si ce n’est déjà le cas[6], car il semble naviguer à vue dans une brume épaisse), non sans se ramasser quelques gadins supplémentaires. Par exemple, le 18 février, il écrivait : « Trump est aujourd’hui menacé par ces services [NDR : le renseignement US], parce qu’il rejette le programme néoconservateur préconisant l’hégémonie mondiale des USA, qui prévoit un budget annuel gigantesque octroyé à la défense et à la sécurité[7]… » Le président Trump rejetait si bien « le programme néoconservateur » et son budget « gigantesque » dédié aux armées que neuf jours après, patatras ! il annonçait une hausse de cinquante-quatre milliards de dollars des dépenses militaires[8] : c’était ballot ! et enchérissait le lendemain de trente milliards[9] : pas de bol ! Ce n’était pas que Donald Trump fût versatile ou bonimenteur, non, du tout : c’étaient les services secrets qui l’avaient contraint à prendre une décision en complète opposition avec ses convictions profondes et ses engagements de campagne. Ils sont si terriblement persuasifs ces services-là aux États-Unis d’Amérique qu’ils vous convertissent le président du pays-le-plus-puissant-de-la-planète en un tournemain ! N’est pas Hugo Chávez qui veut.
Le 9 novembre également, John Laughland, autre spécialiste de politique internationale ennemi du néoconservatisme, faisait montre d’une remarquable clairvoyance au sujet de Donald Trump : « [Il] incarne la nouveauté non seulement dans sa personne mais aussi par son idéologie politique. Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, il a brisé, les uns après les autres, tous les tabous que la politique américaine a érigés pendant les décennies récentes », « [il] s'est montré un penseur politique plus fin que tous les autres produits recyclés de la classe politique tel le chef de clan [qu’est] madame Clinton » et « venu de nulle part [il] sera peut-être un plus grand homme d'État que ne l'aurait été son adversaire, pourtant militante politique depuis sa jeunesse. La femme qui a perdu plusieurs États-clés qu'Obama avait gagnés entrera dans l'histoire comme la dernière des Mohicans, la représentante d'une classe politique et d'un système politique finissants. Elle aura été balayée par ce dont elle incarnait le contraire — par le retour du politique[10]. »
À la mi-février, la confiance de John Laughland en Donald Trump commençait déjà à se lézarder : « Trump va-t-il pouvoir résister aux attaques de ses ennemis, qui sont déterminés à se servir du prétexte russe pour l'évincer du pouvoir ? Plusieurs éléments permettent d'en douter. Tout d'abord, l'inertie de la politique étrangère américaine est telle qu'il sera extrêmement difficile d'en inverser la trajectoire. […] le président Trump, malgré ses idées originales en matière de politique étrangère, sera sans doute l'otage de sa politique intérieure. Si le système militaro-industriel domine la politique aux États-Unis, cela est dû au fait que l'industrie de l'armement donne de l'emploi à des millions d'Américains. Dans les villes où il existe une installation militaire, c'est souvent elle qui est le principal employeur. Un président qui s'est fait élire sur la promesse de réindustrialiser son pays peut difficilement tenir tête à ce secteur qui domine la production industrielle, les autres centres de production ayant été délocalisés en Chine. Or, cette industrie a besoin d'une grande menace à l'étranger pour justifier son existence et les centaines de milliards de dollars qu'elle consomme chaque année. […] On peut aussi considérer que l'hostilité de Trump à l'égard de la Chine compliquera les rapports américano-russes, les rapports sino-russes étant excellents. […] Trump a une malencontreuse tendance à réduire les rapports internationaux à des rapports personnels. ‟Je ne sais pas si je m'entendrai avec Poutine” avait-il répété à plusieurs reprises [sic], comme si la politique des États-Unis dépendait de sa seule personne et de ses caprices. C'est peut-être une façon de parler mais il est vrai que l'on voit mal comment le fin calculateur réservé qu'est Poutine et la grande gueule qu'est Trump réussiront à trouver une langue commune[11]. » Tout ceci était bel et juste, mais aurait pu être formulé à peu près dans les mêmes termes dès avant la campagne présidentielle. Au lieu de s’extasier sur la capacité du milliardaire « venu de nulle part » à « briser les tabous », monsieur Laughland aurait dû sitôt cette campagne lancée se montrer charitable envers ses frères humains, afin qu’ils ne se fissent pas illusion, en les mettant en garde contre la toute-puissance du complexe militaro-industriel états-unien. Dès les premiers décrets signés par le nouveau président en faveur des multinationales et des banques de son pays, on put constater que le politique qui était de « retour » avait détalé sans demander son reste. Aujourd’hui, l’expert britannique a complètement viré sa cuti ; je ne citerai que le titre de son dernier article sur RT en français, lequel se passe de commentaire : Trump : un homme de paille, une girouette sans substance qui vient de devenir la risée du monde[12]. La question se pose de la valeur des décryptages à géométrie variable d’un « directeur des Études à l'Institut de la Démocratie et de la Coopération (Paris), philosophe et historien », tel que présenté par Russia Today.
Au lendemain de l’élection, le « libre penseur » Oscar Fortin émettait sur son blog l’avis suivant : « Au grand dam de tous les pronostics de nos médias officiels, le peuple des États-Unis vient de donner une victoire éclatante à celui qu’ils nous présentèrent plutôt comme un personnage plus près du clown et du bouffon que d’un véritable leader capable de redonner dignité et confiance à ce grand peuple. […] Je pense que le peuple états-unien a retenu une phrase maintes fois répétée par Donald Trump que je me permets de paraphraser : s’adressant à Hillary Clinton, il lui disait : ‟Depuis le temps que vous êtes au pouvoir, les problèmes sont toujours là : ce ne sont que des paroles et seulement des paroles. Moi, ce ne sera pas seulement des paroles, mais des actions qui vont apporter des solutions concrètes aux problèmes”. […] Il faut espérer que le respect des peuples et de leur souveraineté, tel qu’il l’a exprimé à plusieurs reprises, soit réalité. Il faut également saluer cette main tendue à tous les pays du monde[13]. » Cette main ou ce poing ?
Le 28 février dernier, Oscar Fortin n’espérait plus et changeait de ton, opérant un virage sur les jantes à cent quatre-vingts degrés ou presque : « Depuis ce discours fameux de son investiture comme président des États-Unis, discours laissant entrevoir une toute nouvelle manière d’aborder les problèmes intérieurs et extérieurs, Donald Trump nous laisse plutôt perplexes sous bien des aspects. C’est comme si le patron qu’il était à la tête de son empire ne se retrouvait plus dans le président qu’il est devenu. Comme patron, il avait main mise [sic] sur l’ensemble de son organisation. Il décidait de ses collaborateurs et collaboratrices tout comme de ses projets et plans d’action. Il n’avait de compte à rendre qu’à lui-même. Tout indique que ce ne soit plus le cas et qu’il faille prendre en compte les volontés de l’État profond[14] de l’Empire, tout particulièrement en ce qui a trait aux politiques extérieures des États-Unis. [NDR : ne pouvoir diriger en potentat un État fédéral de taille continentale comme on dirigerait un groupe d’entreprises, voilà qui avait de quoi surprendre, en effet !] […] Les prises de position et les déclarations du président Trump en relations internationales confirment de jour en jour et de plus en plus que l’État profond […] a repris le plein contrôle de l’agenda international et que Trump y jouera le rôle qu’on lui dictera. Ses déclarations sur le Venezuela, ses initiatives en Syrie et en Ukraine confirment le maintien des politiques étrangères des États-Unis à l’endroit de ces pays. Il faut également prévoir qu’il maintiendra la politique des sanctions contre la Syrie, la Russie et l’Iran[15]. » Dont acte.
Et que dire de l’historien d’investigation Eric Zuesse qui assurait au surlendemain de la victoire de Donald Trump : « Le fait est que la compréhension, par Trump, de la politique nationale des États-Unis était transcendante […]. Après que Trump a emporté la nomination du parti républicain — ce qu’il a fait honnêtement — il a continué à construire sur ce succès un mouvement anti-aristocratie authentique (ou anti-establishment) […]. Trump pourrait effectivement s’avérer être un président beaucoup plus progressiste que ce que l’on attend. Mais, même si ce n’est pas le cas, Trump s’engage à arrêter l’agression de l’Amérique contre la Russie[16]… » et avouait, penaud, un trimestre plus tard : « Trump poursuit la guerre d’Obama contre la Russie, bien qu’il n’ait pas donné aux électeurs américains, avant les élections, un signe permettant d’attendre quoi que ce soit de ce genre. Certains électeurs — dont moi — ont voté pour lui parce qu’il prétendait être fortement en désaccord avec son adversaire Hillary Clinton à ce sujet — il a menti purement et simplement aux électeurs, sur la chose la plus importante de toutes. Il a appliqué la coercition mentale — la tromperie — pour gagner. Mais comme on le voit, il n’est pas vraiment opposé au coup d’Obama en Ukraine. Peut-être est-il si stupide qu’il n’est même pas conscient que c’était un coup d’État, au lieu de la révolution démocratique prétextée. Peut-être qu’il est assez stupide pour croire les mensonges d’Obama[17]. » Un candidat mentant pour se faire élire, qui aurait pu imaginer semblable vilénie ? Au vrai, lequel fut « stupide » ? celui qui trompa effrontément les jobards en se payant leur tête ou celui qui avala goulument les bobards les plus hénaurmes ?
D’autres commentateurs avaient placé en Donald Trump leurs inoxydables espoirs de salut par le haut (vous savez, le mythe de l’homme providentiel qui doit un jour « changer l’eau du bocal », pour reprendre une expression qu’affectionne François Asselineau — voir à son sujet les derniers paragraphes du présent article —, formule qui ne précise pas si le liquide de remplacement sera plus fétide et le récipient, plus souillé) et sortirent brutalement de l’état d’hypnose dans lequel ils s’étaient complus durant la campagne présidentielle lorsque Donald Trump reçut le 13 février 2017, comme s’il s’était agi de la formalité la plus banale, la démission d’un élément pourtant considéré par ses partisans comme essentiel à son équipe gouvernementale, le général retraité Michael T. Flynn. Cet éphémère conseiller à la Sécurité nationale, russophile, avait été poussé sans ménagement vers la sortie par les services de renseignement états-uniens qui l’avaient pris en faute, tel un débutant, pour avoir avant son entrée en fonctions officielle bigophoné à l’ambassadeur de la Fédération de Russie (c’est du moins l’explication qu’on nous servit[18] : ne serait-il pas temps d’informer les huiles de l’US Military de l’existence de la CIA et de sa pratique généralisée de l’écoute téléphonique ?). The Saker (pseudonyme du créateur d’un site anglophone d’analyse géopolitique et de réinformation), aussi dépité que le moindre idolâtre de Tsipras après le référendum grec du 5 juillet 2015, lâcha la bonde à son pessimisme et à sa rancœur : « L’État profond, dirigé par les néocons [NDR : abréviation usuelle désignant la gent des néoconservateurs, à ne pas confondre avec une autre catégorie politique transpartisane bien plus répandue], a forcé Flynn à démissionner sous le prétexte idiot qu’il avait eu une conversation téléphonique avec l’ambassadeur de Russie sur une ligne ouverte, non sécurisée et clairement surveillée. Et Trump a accepté cette démission. Depuis que Trump est arrivé à la Maison Blanche, il a pris coup sur coup de la part des médias néocon-sionistes, du Congrès, de toutes les stars de Hollywood, culs doublement bénits, bien-pensants et propres sur eux, et même des politiciens européens. Et Trump a encaissé chaque coup sans jamais riposter. Nulle part on n’a vu [sic] son fameux ‟Vous êtes viré !”. Mais j’avais encore de l’espoir. Je voulais espérer. Je sentais que c’était mon devoir d’espérer. Mais maintenant, Trump nous a tous trahis. […] Aujourd’hui, Trump a montré son vrai visage. Au lieu de refuser la démission de Flynn et de licencier ceux qui ont osé concocter ces accusations ridicules contre lui, Trump a accepté sa démission. Ce n’est pas seulement un acte d’une lâcheté abjecte, c’est aussi une trahison extraordinairement stupide et autodestructrice parce que maintenant Trump sera seul, complètement seul, confronté à des personnages comme Mattis et Pence [NDR : pourtant nommés par ses soins, ce me semble… avec un pistolet pointé sur la tempe ?] — des types enragés de la Guerre froide, des idéologues infectés jusqu’à la moelle, des gens qui veulent la guerre et ne se préoccupent tout simplement pas de la réalité. […] C’est fini, les gars, l’État profond a gagné. […] Les dirigeants de l’Union européenne vont bien sûr faire la fête. Trump n’a jamais été le terrifiant croquemitaine qu’ils craignaient. Il s’avère qu’il est un paillasson[19]… » Autre commentaire désappointé du même : « Eh bien ! nous ne savons toujours pas quelle sorte de président Trump sera, mais j’ai peur que nous sachions maintenant quelle sorte de président il ne sera pas : il ne drainera pas le marais, il ne modifiera pas la subordination des intérêts nationaux américains à l’empire anglo-sioniste, il ne construira pas un partenariat historique avec la Russie et il ne renverra pas les néocons dans la cave d’où ils sont sortis en rampant il y a vingt-quatre ans. Que Trump manque de cervelle, de colonne vertébrale ou de couilles, à chacun de le deviner, mais il est maintenant douloureusement clair qu’il a beaucoup plus en commun avec Ianoukovitch qu’avec Poutine[20]. » On admirera le style gracieux de l’auteur. Après avoir pris connaissance de la décision de Donald Trump de détruire une base aérienne syrienne située dans le gouvernorat de Homs, au sud-est de cette ville — bombardement survenu dans la nuit du 6 au 7 avril (cf. note de fin n°15) —, The Saker avalait son chapeau : « Nous avons finalement la réponse à l’importante question de savoir si Trump était pour de bon un imposteur : il vient d’ordonner une frappe de missiles de croisière sur la Syrie. Les mots me manquent pour exprimer mon dégoût total à l’égard de Trump[21]. »
The Saker, tombé des nues, est donc passé à l’endroit de monsieur Trump d’un extrême à l’autre parce qu’il a vu ses « espoirs » déçus : pauvre chou, c’était vraiment tro’ injuste ! Et dire que lui et ses collègues consacrent une grande partie de leur temps, à longueur d’année, à pondre des analyses de géopolitique complexes et détaillées (au point qu’on peut souvent les accuser de violenter les mouches), et qu’ils se sont laissé prendre au miel du premier marchand de rêve (ou de cauchemar, c’est selon) venu ! Plutôt que d’« espérer » à la manière des partisans bêlants de Tsipras en janvier 2015 qui reprenaient en chœur le slogan de Syriza « H ελπίδα έρχεται ! [L’espoir vient !] », variante locale de « Podemos », « La France insoumise », « A political revolution is coming [Une révolution politique arrive] », « Straight talking, honest politics [Parler franc, politique honnête] », etc. (on ne manque jamais d’inventivité verbale lorsqu’il s’agit d’attraper les nigauds), les analystes hors système feraient bien eux aussi de fonder leur avis sur des faits au lieu de spéculer sur des paroles en l’air, d’argumenter avec rationalité et en dehors de toute idée préconçue, de tout sentiment de sympathie pour tel ou tel messie démagogue, se faisant finalement avoir dans les grandes largeurs, comme des bleus. Ils montrent ainsi qu’ils ne sont parfois pas plus fiables pour le public qui les lit et les écoute que les éditorialistes, plumitifs, experts et intellectuels en tout genre qui servent obséquieusement (et, eux, à visage découvert) l’oligarchie dans ce que les esprits raffinés de l’extrême droite antisystème appellent les « merdias » ou, plus spirituellement, la « presstituée » (en soutenant à bout de bras l’oligarque Trump durant sa campagne, ces belles âmes ont pourtant comblé les vœux ardents d’une partie au moins de l’establissement — vieux français — qu’en principe elles ne peuvent piffer). S’agit-il de bêtise insondable de la part de ces critiques subversifs qui prétendent éclairer leurs congénères en donnant à tout bout de champ leur opinion sur l’actualité politique internationale, s’agit-il de leur crédulité de rosière, ou s’acquittent-ils sciemment de leur part du labeur contrerévolutionnaire qui consiste à égarer les citoyens de tous les pays et de tous les horizons en leur faisant prendre des vessies pour des lanternes — comme d’autres les ont leurrés et les leurrent encore au son du pipeau avec les artifices grossiers de l’Autre gauche, non marxiste ou marxiste pour de rire, extrême ou pas (pêle-mêle : Tsipras, Varoufakis, Lafazanis, Iglesias, Mélenchon, Laurent, Autain, Besancenot, Arthaud, Gluckstein, Nikonoff, Corbyn, Sanders, Lordon, Halimi, Plenel, Onfray, Fourest, Toussaint, Youlountas, etc.) et sur les voies nauséabondes de la droite néolibérale, raciste ou belliqueuse (en vrac : Michaloliakos, Kamménos, Samaras, Papandréou, Obama, Clinton, Bannon, Trump, Netanyahou, Juncker, Draghi, Le Pen, Sarkozy, Fillon, Macron, Hollande, Valls, Cohn-Bendit, BHL, Soral, Finkielkraut, etc.) —, nous priant lorsque la manipulation est sur le point d’être comprise d’avoir le bon goût de croire, en les excusant, qu’ils ont cédé en toute bonne foi au chant des sirènes d’un candidat mystificateur (ici Donald Trump) ? Ce comportement n’est pas sans évoquer en France celui d’un Emmanuel Todd, fumiste à ses heures, usant naguère de sa notoriété d’historien et de démographe reconnu pour mieux embobeliner ses compatriotes à l’approche de l’élection présidentielle française de 2012 au profit de l’un des poulains de la très haute bourgeoisie du cru — François Hollande —, en inventant et vantant le concept désopilant du hollandisme révolutionnaire[22] au prix, ultérieurement, d’un rapide mea culpa radiophonique[23] au cours duquel il se ridiculisa davantage en s’enfonçant lamentablement dans un bourbier d’allégations vaseuses, montrant en cette occasion un très grand mépris pour la sagacité du public populaire qui était à l’écoute de l’émission ; il osa même affirmer qu’il avait « payé très cher » cet égarement « foireux et humoristique », sans aucune considération ni demande de pardon pour les centaines de milliers de ses compatriotes qui faisaient déjà ou allaient bientôt faire les frais, pour de bon (chômage, précarité, pauvreté, clochardisation, suicide), de cinq années de « hollandisme » antisocial, autoritaire et guerrier, en un mot européiste et synonyme à peu de chose près (en pire ?) de sarkozysme ; « hollandisme » en faveur duquel certains de ces futurs naufragés avaient voté après avoir mordu aux hameçons lancés par l’irresponsable monsieur Todd et ses pareils — ou faux irresponsable, pleinement conscient de l’ignominie de sa besogne ?
Parmi les supporteurs de Donald Trump qui ont chanté ses louanges aussitôt l’élection terminée, il en est un qui a longtemps refusé de le fustiger : François Asselineau, candidat officiel à l’élection présidentielle française de 2017, président-fondateur d’un parti de « libération nationale » dénommé Union populaire républicaine (UPR), créé en 2007 et qui commence à faire parler de lui dans tout l’Hexagone et l’outre-mer. En contradiction totale avec le principe primordial d’unité citoyenne qui caractérise son parti[24], monsieur Asselineau choisit dès le 9 novembre, lui aussi, de se réjouir[25] publiquement du triomphe d’un candidat républicain dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne recueillait pas la sympathie des gens de gauche en France, quelle que fût leur sensibilité à l’intérieur de la mouvance dite progressiste. Soutenir un milliardaire sulfureux, d’une rare laideur morale, xénophobe, misogyne, sioniste au grand regret des antisionistes d’extrême droite[26], antisémite selon le mouvement juif If Not Now[27] (l’extrémisme sioniste et l’antisémitisme ne sont-ils pas deux aspects d’une même perversité ?), protectionniste ultralibéral, au langage ordurier et aux pensées obscènes, girouette au point d’avoir été alternativement membre du parti démocrate et du parti républicain selon la saison et l’orientation du vent, ou le meilleur ami, puis le soi-disant pire ennemi des Clinton, n’était pas neutre : c’était là, par excellence, une prise de position enfreignant la charte fondatrice de l’UPR, une option clivante tendant qui plus est à donner raison aux détracteurs de ce parti qui reprochent couramment à son patron d’avoir dirigé (de 2001 à 2004) le cabinet de feu Charles Pasqua à la présidence du Conseil général des Hauts-de-Seine[28] et d’être comme lui très à droite[29]. L’homme opiniâtre et infatigable qui a créé l’UPR — formation provisoire prônant la sortie de l’Union européenne et de l’Otan, auquel adhèrent de plus en plus massivement les citoyens français, jeunes pour la plupart (quand les autres partis se sont condamnés à la décrépitude en raison de leur compromission chronique vis-à-vis des puissances d’argent, de leurs pratiques politiciennes éhontées et de l’absence de contenu politique susceptible d’intéresser une jeunesse inquiète de son avenir), par amour de leur patrie (et non, pour une large majorité d’entre eux, par haine ou peur de l’étranger, du musulman, du juif, du Noir, de l’Asiatique et du fonctionnaire, à la différence de très nombreux adeptes du Front national) —, a jugé qu’il était tout naturel pour lui de se féliciter à haute voix de l’avènement de Donald Trump, sous le prétexte que ce dernier avait durant sa campagne laissé les candides espérer (ah ! ce maudit Espoir…) qu’il prendrait, s’il était élu, des mesures draconiennes contre la mondialisation et d’autres en faveur de la paix universelle, lesquelles rompraient carrément avec la politique étrangère traditionnellement criminelle et meurtrière de Washington. Il est aujourd’hui assez clair cependant, comme l’attestent les récents événements en Syrie et la flamme vacillante des groupies du président Trump (voir ci-dessus), que l’action menée au-delà des frontières états-uniennes par le gouvernement néoconservateur dont s’est entouré le Crésus new-yorkais ne se distinguera guère de celle de ses prédécesseurs quant au but à atteindre par la force, la ruse et le coup fourré — l’hégémonie yankee —, sinon quant aux résultats qui pourront localement paraître différents des exactions commises par les précédentes administrations, avec ici et là plus ou moins de sang versé d’origine arabe, ukrainienne, latino-américaine, voire iranienne ou coréenne — on n’ose penser russe ou chinoise. Face à la multiplication des indices de similarité rapprochant chaque jour le régime de Donald Trump des équipes gouvernementales états-uniennes antérieures en ce qui concerne leur vision du monde pour le XXIe siècle et malgré la politique intérieure hideuse que l’administration Trump est en train de mettre en place, François Asselineau, satisfait de la petite manœuvre électoraliste qui lui a souri (la réjouissance opportuniste qu’il a manifestée au lendemain de l’élection présidentielle états-unienne), mais qui risque à présent de se retourner contre lui, se garde bien de procéder à son autocritique : contrairement à plusieurs des ex-laudateurs de l’oligarque républicain, il ne semble pas avoir l’intention de reconnaître avoir eu tort d’applaudir trop tôt la victoire trompeuse de ce triste sire et d’être sorti en cette occasion de son rôle de rassembleur du peuple français, toutes tendances confondues ; droit dans ses bottes, il a à l’inverse réaffirmé depuis, à maintes reprises, sa satisfaction à cet égard (avec les réserves qui s’imposaient, bien entendu), cohérent en cela — bien qu’il n’ait aucune accointance avec eux — avec un Thierry Meyssan, un Alain Soral ou une Marine Le Pen également ravis de l’accession au pouvoir du roi de l’immobilier et de la téléréalité qui met en œuvre chez l’oncle Sam un ensemble de contreréformes dont ceux-là, au moins les deux derniers, rêvent pour la France. Étant donné que le chef de l’UPR se récrie et s’insurge lorsqu’il est accusé d’appartenir à l’extrême droite — et je veux croire, pour ma part, étant peut-être aussi naïf que ceux que je me suis permis de railler quelque peu dans les paragraphes sus-jacents, que nonobstant son inqualifiable bienveillance envers Donald Trump il n’a que peu à voir avec lui sur les plans éthique et politique —, il ferait bien de s’en distinguer au plus vite et de la façon la plus nette en reniant ses propos du 9 novembre (sans prendre nécessairement parti contre le ploutocrate qui règne désormais à Washington). Cela le grandirait aux yeux de beaucoup d’électeurs potentiels de gauche, voire du centre ou même de droite, sensibles à ses plaidoyers pour l’indépendance de la France, qu’il a choqués par ses propos en faveur du dangereux olibrius suprémaciste qui gouverne à présent l’empire états-unien, et qui risquent de lui faire cruellement défaut lors des prochains scrutins.
Invité il y a quelques jours sur un plateau de La Chaîne Info[30] (LCI), monsieur Asselineau a fini par déclarer, pour la première fois à ma connaissance, que l’encore nouveau président des États-Unis d’Amérique était un imposteur, le qualifiant de « Tsipras américain », mais en prenant soin de passer sous silence la phénoménale erreur de jugement — le petit stratagème tactique serait plus exact — qui fut la sienne à l’endroit du milliardaire élu (non relevée par la journaliste qui l’interrogeait), erreur dans laquelle il s’est maintenu durant cinq longs mois en feignant de n’accorder qu’une attention secondaire aux nombreux signes d’agressivité émis par le vainqueur de madame Clinton, par son équipe de transition, puis par la nouvelle administration, à l’égard du prolétariat états-unien, des immigrés et, sur le plan extérieur, de la Chine, de l’Iran, du Mexique, du Venezuela, de l’Allemagne et j’en passe, considérant l’action de monsieur Trump comme globalement positive. Il aura fallu pour lui ouvrir enfin les yeux, du moins officiellement, un massacre dont la paternité a été hâtivement attribuée par Donald Trump au président Bachar el-Assad et une riposte militaire émanant de Washington qui a bafoué une fois de plus les règles fondamentales du droit international. Le coup fut si gros que, malgré la meilleure volonté du monde, le candidat du frexit ne pouvait plus continuer à taire le jeu véritable du président Trump sous peine de se discréditer lui-même. Mieux valait tard que jamais. Cependant, pour quiconque se souvient que François Asselineau fut aux anges lors de la victoire du sieur Donald, mais n’a pas compris que celui-là avait escompté de la sorte récupérer à son profit une plus grande partie de l’électorat antimondialiste français, le dirigeant de l’UPR paraît aujourd’hui s’être « plan T » (expression qu’il aime utiliser pour brocarder avec raison le programme présidentiel fumeux de Jean-Luc Mélenchon) en beau T sur une question majeure. Pour quelqu’un qui se glorifie de ne jamais se tromper sur les sujets d’importance et qui prétend toujours dire la vérité aux Français, le moins qu’on puisse lui rétorquer est que ses annonces d’un monde meilleur fondées sur l’accession de monsieur Trump au pouvoir étaient prématurées et qu’il ne s’est pas précipité pour expliquer à ses compatriotes la nature réelle du champion républicain dont les intentions favorables aux intérêts des plus riches et de l’élite fascisante à laquelle il appartient étaient connues depuis longtemps (lire par exemple les nombreux articles que le WSWS lui a consacrés en 2016[31]). Comme on pouvait s’y attendre, il n’a prononcé au cours de l’émission diffusée par LCI aucune parole de regret quant à la joie qui l’avait envahi lors de la victoire du « Tsipras américain » le 8 novembre dernier, son contentement à peine atténué par la suite de savoir ce populiste de la pire espèce commandant de bord à Washington et ses propres petits calculs politiciens assez déplorables. Une humilité discrète qui ne lui est guère coutumière.
Que vaut-il mieux pour lui : faire le plein des voix néogaullistes, de l’extrême droite patriotique et d’une fraction de l’électorat qui, s’imaginant de gauche, n’a pourtant guère été rebutée par le soutien relatif que François Asselineau a apporté à Donald Trump, lequel personnifie l’exacte antithèse de ce que représente la gauche idéale (celle qui défend les intérêts du prolétariat et la vraie démocratie), ou recueillir un maximum de suffrages venant de toute part, y compris des socialistes et des communistes au sens marxiste de ces termes, expressions du simple bon sens et de la volonté dénuée de nationalisme d’extirper dans l’intérêt de sa population la France du guêpier fédéraliste dans lequel sa classe politique perfide l’a enferrée ? Réussir l’exploit de la refondation du gaullisme dans une version moderne qui ne dit pas encore son nom, comme l’extraordinaire succès populaire actuel de l’UPR peut le laisser envisager, ou celui de la préservation de la nation française, de sa république quoique imparfaite, de tout son peuple et de ses travailleurs artisans, paysans, libéraux, ouvriers, employés et fonctionnaires, conforme à l’objectif premier de l’UPR ?
O Coquinos,
14 avril 2017.
Sigles : CADTM : Comité pour l'abolition des dettes illégitimes – CIA : Central Intelligence Agency [Agence centrale de renseignement] – ONU : Organisation des Nations unies – Otan : Organisation du traité de l’Atlantique nord – USA : United States of America [États-Unis d’Amérique] (US : états-unien, états-unienne ; US Military : forces armées des États-Unis) – USAF : United States Air Force [Force aérienne des États-Unis] – WSWS : World Socialist Web Site [Site socialiste mondial]
[1] Par exemple : SAPIR Jacques, Trump président, RussEurope, 9 novembre 2016 et LÉVY Jean, USA. Wall Street et le Pentagone — et leurs chiens de garde en France — en deuil : Donald Trump élu président des États-Unis, Comité Valmy, 15 novembre 2016 (texte daté du 9 novembre 2016).
[2] ROBERTS Paul Craig, La classe ouvrière a gagné l’élection, Comité Valmy, 12 novembre 2016, original en anglais paru trois jours avant in Institute for Political Economy.
[3] AFP, Donald Trump choisit le général James l'enragé Mattis comme ministre de la Défense, Le Huffington Post, 2 décembre 2016.
[4] James Mattis (général), Wikipédia et Mukaradeeb wedding party massacre, Wikipedia (en anglais).
[5] ROBERTS Paul Craig, L’administration Trump est-elle déjà finie ?, Résistance 71, 7 février 2017, original en anglais paru la veille in Institute for Political Economy.
[6] Dans un récent article, Paul Craig Roberts accusait Adam Schiff, représentant démocrate du vingt-huitième district de la Californie, de s’arranger « pour qu’il soit impossible au président Trump de réduire les dangereuses tensions entre les superpuissances nucléaires ; tensions créées par les régimes Clinton, George W. Bush et Obama… » ROBERTS Paul Craig, Traître envers l’humanité, Réseau international, 1er avril 2017, original en anglais paru quatre jours plus tôt in Institute for Political Economy. Si d’aventure une guerre nucléaire venait à éclater durant le mandat de Donald Trump, ravageant notre planète, nous saurions qu’elle ne serait pas imputable à l’inconséquence du président des États-Unis, mais au machiavélisme de l’élu juif du vingt-huitième district…
[7] ROBERTS Paul Craig, L’enjeu pour Trump et nous tous, Le Saker francophone, 27 février 2017, original en anglais paru le 18 février 2017 in Institute for Political Economy.
[8] AFP et Reuters, États-Unis : Trump augmente les dépenses militaires de 54 milliards de dollars, France 24, 27 février 2017.
[9] ANONYME, Trump porte l’augmentation des dépenses militaires de 54 à 84 mds USD, Sputnik France, 28 février 2017.
[10] LAUGHLAND John, Victoire de Trump : du jamais-vu depuis la création des États-Unis, en 1776, RT en français, 9 novembre 2016.
[11] LAUGHLAND John, Première rencontre des chefs de la diplomatie USA-Russie : vers un nouvel ordre mondial ?, RT en français, 17 février 2017.
[12] LAUGHLAND John, Trump : un homme de paille, une girouette sans substance qui vient de devenir la risée du monde, RT en français, 7 avril 2017.
[13] FORTIN Oscar, L’Amérique profonde vient d’élire Donald Trump président des États-Unis, Humanisme.blogspot.com, 9 novembre 2016.
[14] Au sujet du concept d’État profond, voici ce qu’a écrit l’analyste états-unien Peter Dale Scott, considéré par beaucoup comme son créateur : « l’expression État profond — inventée en Turquie — ne vient pas de moi. Elle se réfère à un gouvernement parallèle secret organisé par les appareils militaires et de renseignement, financé par la drogue, qui s’engage dans des violences illicites afin de protéger le statut et les intérêts de l’armée contre les menaces qu’incarnent les intellectuels, les religieux et occasionnellement le gouvernement constitutionnel. Dans La Route vers le Nouveau Désordre Mondial, j’adapte quelque peu cette expression pour me référer à l’interface plus large, aux États-Unis, entre l’État public constitutionnellement établi d’une part, et les forces profondes en arrière-plan de celui-ci : les forces de la richesse, du pouvoir et de la violence situées en dehors du gouvernement. Nous pourrions appeler cette interface la porte de derrière de l’État public, donnant accès à des forces obscures situées hors du cadre légal. L’analogie avec la Turquie n’est pas parfaite, car ce que nous pouvons observer aujourd’hui aux États-Unis est moins une structure parallèle qu’une vaste zone ou milieu d’interactions entre l’État public et des forces obscures invisibles. Mais cette interaction est considérable, et nous avons besoin d’une appellation telle qu’État profond pour la décrire. » SCOTT Peter Dale, Derrière la démocratie états-unienne : l’État profond, Réseau Voltaire, 5 avril 2011. L’omnipotence de l’État profond a bon dos aujourd’hui (QUINN Joe, Attentat du métro de Saint-Pétersbourg, attaque chimique en Syrie : Trump s'est-il couché devant l'État profond ?, Sott.net, 5 avril 2017) pour disculper Donald Trump de toute trahison envers les électeurs cocufiés qui lui ont fait confiance. Que l’État profond soit aux commandes ne fait aucun doute, mais que le candidat Trump s’y soit opposé verbalement durant sa campagne présidentielle n’implique pas qu’il ne fût point dès l’origine l’un des pantins les plus obéissants dudit État profond, l’autre principale marionnette ayant été madame Clinton. De nos jours, il ne devrait plus échapper à personne que dans les démocraties représentatives, l’oligarchie, l’hyperclasse, la très haute bourgeoisie ou l’État profond (appelez cela comme il vous plaira avec toutes les nuances que vous voudrez) filtre en amont des élections générales les candidats qui s’y présentent en fonction de leur degré de soumission au système ploutocratique et ce au moyen de différents cribles (exposition médiatique, sondages préélectoraux, financement des campagnes électorales par les banques, lois électorales, primaires, etc.) dont l’un des plus efficaces est le réseau de partis politiques qui couvre dans chaque démocratie moderne l’éventail des courants d’opinion existants de façon à les inscrire tous, de l’extrême droite à l’extrême gauche, sans heurts et pour les rendre inoffensifs excepté en paroles, dans un cadre républicain défini et imposé par la classe dominante à l’ensemble de la nation pour satisfaire ses propres intérêts (Constitution, élections, gouvernement et parlement faussement démocratiques). La truculence du candidat Trump, agrémentée d’un nuage de patriotisme, d’un zeste de pacifisme et d’un soupçon (c’est la cas de le dire) de russophilie, a permis par son contraste tranché avec le politiquement correct de Barack Obama de faire croire aux benêts que le nouveau président allait pratiquer une politique de changement radical par rapport aux politiques antérieures. Il n’en est rien. Baratineur professionnel, monsieur Trump a réussi son coup avec l’aide des médias de grande diffusion qui l’ont constamment présenté comme la bête noire de l’oligarchie et l’ennemi absolu de la mondialisation (c’est ainsi qu’ils avaient auparavant fait gagner Alexis Tsipras en Grèce, fin janvier 2015, en le décrivant systématiquement comme l’adversaire implacable de la troïka) ; à présent, installé à la Maison Blanche, il poursuit comme il se doit l’œuvre de son prédécesseur, en s’efforçant de faire pire que lui à l’encontre du prolétariat local afin de satisfaire davantage encore l’oligarchie dont il est issu, renonçant à ses promesses électorales les plus séduisantes et s’évertuant à donner corps aux plus exécrables d’entre elles.
[15] FORTIN Oscar, Président Trump en pièces détachées, Humanisme.blogspot.fr, 28 février 2017. Cet auteur s’est montré plus lucide envers Vladimir Poutine : FORTIN Oscar, Poutine un dur à cuire, Humanisme.blogspot.fr, 19 mars 2017, texte dans lequel il a confirmé sa désillusion vis-à-vis de Donald Trump : « La coalition internationale, menée par les États-Unis, n’a pas modifié son objectif premier qui est celui de renverser le gouvernement de Bachar el-Assad. À ce jour, le président Trump n’a pas donné de signaux significatifs d’un changement de politique à l’endroit de la Syrie tout comme c’est le cas à l’endroit du Venezuela. Les discours peuvent varier, mais les objectifs demeurent les mêmes. L’espoir que le peuple des États-Unis a mis en Donald Trump et les engagements de ce dernier à lui donner le pouvoir ne font pas encore partie du paysage politique des États-Unis. » L’occasion a été donnée à monsieur Fortin de se réjouir derechef puisque l’administration Trump a reconnu fin mars qu’il n’était plus question de changement de régime en Syrie (ANONYME, Pour la nouvelle diplomatie américaine, le sort d'Assad sera décidé par le peuple syrien, RT en français, 30 mars 2017), bien qu’il ne s’agissait aucunement pour elle de mettre fin à la guerre comme l’ont prouvé quelques jours après 1) sa mise en cause du chef de l’État syrien dans la perpétration d’un nouveau massacre par inhalation de gaz délétères à Khan Cheikhoun, dans le Nord-Ouest de la Syrie, le 4 avril (selon Moscou, l’armée de l’air syrienne y aurait détruit une usine de fabrication d’armes qui était aux mains du Front al-Nosra — rebaptisé Front Fatah al-Cham — et dans laquelle étaient produits des obus remplis de gaz toxiques destinés à la guerre en Irak, ANONYME, Attaque chimique à Idlib : Damas a visé un entrepôt terroriste de produits toxiques, selon Moscou, Alahed, 5 avril 2017 et SHILTON Jordan, Après une attaque au gaz douteuse, les États-Unis poussent à la guerre en Syrie, WSWS, 7 avril 2017, original en anglais publié sur le même site deux jours avant ; il est par ailleurs légitime de s’interroger sur l’opportunité qui était celle de Bachar el-Assad de commettre un tel crime au moment où Washington et ses alliés faisaient mine de se montrer enfin plus conciliants envers lui et alors que depuis l’intervention musclée de l’aviation russe en Syrie, le 30 septembre 2015, l’armée de son pays volait de succès militaire en succès militaire suscitant de par le monde l’espoir et l’admiration de toutes les nations qui pâtissent ou ont souffert cruellement de l’impérialisme états-unien, BECHET-GOLOVKO Karine, Idlib : cette étrange attaque chimique qui rappelle l'imposture de Ghouta, Russie politics, 6 avril 2017, COLLON Michel, Bombardement US en Syrie : trois réflexions pour inciter à la prudence, Investig’Action, 7 avril 2017 et BERLAND Raphaël, Bombardement américain en Syrie : en route vers une 3e guerre mondiale ?, Cercle des volontaires, 7 avril 2017), puis 2) la décision du président des États-Unis de faire bombarder en guise de châtiment, dans la nuit du 6 au 7 avril — au mépris du droit international, cela va de soi —, la base aérienne d’Al-Chayrat « associée au programme syrien d’armes chimiques », d’où avaient décollé les avions impliqués dans le drame de Khan Cheikhoun (AFP et Reuters, Après l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, Donald Trump cible le régime syrien, Le Monde.fr, 7 avril 2017). Sans attendre qu’une équipe internationale d’enquêteurs soit dépêchée par l’ONU sur les lieux de la tragédie, Donald Trump et son secrétaire d’État, Rex Tillerson, ont assuré péremptoirement que la tuerie de Khan Cheikhoun était le résultat d’une attaque chimique ordonnée par Bachar el-Assad contre son propre peuple, que « ces actes odieux » n’étaient pas tolérables (MATHIEU Luc, Après l’attaque chimique en Syrie, Donald Trump en révolution, Libération.fr, 6 avril 2017), que le président syrien avait « arraché la vie à des hommes, femmes et enfants sans défense » et que « toutes les nations civilisées [étaient appelées] à mettre fin au massacre et au carnage » aux côtés des États-Unis (AFP et Reuters, Après l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, Donald Trump cible le régime syrien, Le Monde.fr, 7 avril 2017), propos apitoyés qui sonnent toujours faux dans la bouche d’un chef d’État yankee. Ce faisant, Donald Trump et Rex Tillerson ressemblaient à s’y méprendre à Barack Obama et John Kerry lorsque ceux-ci incriminèrent en août 2013, sans le moindre début de preuve, Bachar el-Assad d’avoir fomenté le gazage de La Ghouta, près Damas, ou quand en juillet 2014 ils imputèrent sans plus de preuve aux séparatistes du Donbass et à la Russie la destruction en plein vol, au-dessus de l’Ukraine orientale, d’un avion de ligne de la Malaysia Airlines (vol MH17), sans attendre ni dans l’un ni dans l’autre cas la publication des conclusions des enquêtes diligentées sur les scènes de ces crimes de guerre par les instances internationales concernées.
Le bref changement de rhétorique de la part de l’administration états-unienne qui a précédé la catastrophe de Khan Cheikhoun (changement qui n’avait peut-être de raison d’être pour Washington que d’arborer une sournoise volonté de paix afin de mieux masquer la préparation d’une nouvelle guerre d’agression entamée par le bombardement d’Al-Chayrat ?) a néanmoins suffi au géopoliticien trumpomane en exil Thierry Meyssan pour qu’il y voie la démonstration du caractère bienfaisant de la présidence Trump et qu’il écrive triomphalement, faisant montre d’une candeur dont on ne l’aurait pas cru capable : « Un pas considérable vient d’être franchi par l’administration Trump : ses principaux diplomates ont annoncé reconnaître le droit des Syriens à la démocratie […] Les États-Unis sont en train de redevenir une puissance normale [NDR : quand donc l’ont-ils été ?]. Ils abandonnent leur ambition impérialiste. Ils renoncent à la doctrine Wolfowitz de domination globale. Ils reconnaissent à nouveau que tous les hommes sont égaux, qu’ils soient occidentaux ou non », MEYSSAN Thierry, La Maison-Blanche se convertit à la démocratie, Réseau Voltaire, 4 avril 2017 (initialement publié dans Al-Watan Syrie). On a vu lors du pilonnage de la base aérienne syrienne dans quelle mesure ils ont renoncé à la doctrine Wolfowitz… Et les massacres répétés de la population civile à Mossoul (Irak septentrional, ANONYME, Mossoul SOS : victimes civiles, ville ruinée par les frappes de la coalition occidentale (EXCLUSIF), RT en français, 24 mars 2017 et LENDMAN Stephen, Opération Mossoul : un massacre moyenâgeux, Les grosses orchades, les amples thalamèges, 29 mars 2017, original en anglais paru deux jours avant in Information Clearing House) engendrés par les bombardements incessants de l’USAF pour libérer la ville (monsieur Meyssan n’en a rien dit, car il était hors de question pour lui d’exposer les armées de Donald Trump sous un jour aussi défavorable), témoignent sans aucun doute du retour en force du principe d’égalité entre les hommes chez les tueurs d’Indiens devenus pilotes de F-16.
Il est regrettable que Thierry Meyssan soit de plus en plus l’esclave de son parti pris pro-Trump au détriment de l’objectivité et de la rationalité : cela risque de rejaillir sur le sérieux de ses travaux plus anciens, notamment ceux si importants afférents au 11-Septembre, y compris dans l’opinion du public le mieux disposé à son égard. S’il ne doit subsister à Donald Trump qu’un seul adorateur, ce sera probablement ce journaliste français indépendant qui demeure persuadé contre toute évidence que « le peuple états-unien a élu un anti-impérialiste à la Maison-Blanche » (MEYSSAN Thierry, Le détournement de la Conférence sur la Sécurité de Munich, Réseau Voltaire, 21 février 2017) et qui estime que si l’administration Trump tarde à combattre de toutes ses forces État islamique c’est parce que l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni s’y opposent (MEYSSAN Thierry, Que se passerait-il si Washington renonçait au jihad ?, Réseau Voltaire, 21 mars 2017 (initialement publié dans Al-Watan Syrie) ; voilà des nations féales bien influentes tout à coup, et bien impudentes ! Le président Trump en serait à rechercher l’appui de la Chine populaire pour pouvoir s’en prendre efficacement aux hordes islamistes, lors même qu’il s’en passe fort bien quand il s’agit de lancer une flopée de missiles sur un État souverain qui a son siège à l’ONU, est épaulé par la seconde puissance nucléaire mondiale (la Fédération de Russie) et se trouve être l’un des principaux pays-martyrs victimes de ces bandes barbares qui osent se réclamer d’Allah et sont soutenues par les États voyous de l’Occident, de la Turquie et de la péninsule arabique. Au lieu de se déjuger, le fondateur du Réseau Voltaire s’est obstiné dans sa défense aveugle de Donald Trump et n’a rien trouvé de mieux pour justifier la récente décision de ce dernier d’agresser militairement la République arabe syrienne que d’affirmer qu’il y avait eu entente entre Washington et Damas, voire Moscou, d’où, d’une part, l’absence prétendue de réaction militaire russe et syrienne pour empêcher le pilonnage et, d’autre part, l’évacuation préalable de la majeure partie du personnel de la base et des avions de combat modernes qui s’y rencontraient : « Le problème du président Trump était de convaincre ses alliés d’appliquer sa politique [NDR : contre État islamique] quel que soit l’investissement qu’ils aient pu dépenser pour renverser la République arabe syrienne. Il est certes possible que le président Trump ait fait volte-face en trois jours à la simple vue d’une vidéo diffusée par YouTube, mais il est plus probable que son action militaire de ce matin s’inscrit dans la logique de son action diplomatique précédente. En attaquant, le président Trump a satisfait son opposition qui ne pourra donc pas s’opposer à la suite des opérations. […] Damas, en sacrifiant cette base et la vie de quelques hommes lui a donné l’autorité pour conduire une vaste action contre tous ceux qui emploient des armes chimiques. Or, à ce jour, les seuls utilisateurs de ces armes identifiés par les Nations unies sont : les djihadistes », MEYSSAN Thierry, Donald Trump affirme son autorité sur ses alliés, Réseau Voltaire, 7 avril 2017. Il y a au moins un hic à ce raisonnement capillotracté, et il est de taille : c’est Damas que le régime états-unien accuse d’avoir utilisé des armes chimiques à Khan Cheikhoun et non les dhihadistes, et c’est donc contre Damas que l’action concertée des puissances occidentales, si elle doit avoir lieu, s’exercera (par ailleurs, Thierry Meyssan ne cite pas ses sources concernant l’identification par l’ONU des utilisateurs de ces armes en Syrie ; en août 2016, la position des Nations unies était beaucoup moins tranchée qu’il ne l’affirme : Le Mécanisme d’enquête conjoint indique dans son rapport que l’armée syrienne et Daech utilisaient des produits chimiques comme armes en Syrie, Communiqué de presse, ONU, 30 août 2016, CD/3651). Une autre interprétation, plus simple, me paraît également plus plausible : la Russie et la Syrie semblent avoir détruit la plupart (trente-six sur un total de cinquante-neuf) des missiles Tomahawk lancés sur la base d’Al-Chayrat par deux destroyers de l’US Navy croisant en Méditerranée orientale, mais se sont abstenues de couler ces navires afin de ne pas déclencher un conflit de très grande ampleur avec les États-Unis, tout en laissant — volontairement ou faute de batteries antimissiles et de stations de brouillage électronique en nombre suffisant — vingt-trois d’entre eux s’abattre sur leur cible (sans grand dommage en fin de compte), ce qui a eu pour effet de faire apparaître l’Empire aux yeux du monde non occidental pour ce qu’il est : une hyperpuissance guerrière scélérate et hors-la-loi sur le déclin, que monsieur Trump soit à son gouvernail ou ne le soit pas… GPD, Pour la Russie l’attaque américaine en Syrie a presque déclenché l’holocauste nucléaire, Résistance 71, 8 avril 2017, original en anglais paru la veille in Veterans Today, SAILLOT Frédéric, L’énigme des trente-six missiles égarés de Trump, entretien du 8 avril 2017 avec Bassam Tahhan, Eurasie Express, Agora vox, 9 avril 2017 et DELAWARDE Dominique, Frappes US sur la Syrie du 7 avril 2017 – Nouvelle agression US d’un État souverain, Réseau international, 10 avril 2017. Bien que le régime de Donald Trump paraisse avoir alerté les Russes (lesquels auraient à leur tour prévenu les Syriens) de l’imminence de ses frappes — ce qu’il a démenti entretemps —, il n’en reste pas moins vrai que cette nième agression américaine contre un pays souverain qui n’a jamais attenté en quoi que ce soit à la sûreté nationale des États-Unis constitue le franchissement d’un degré supplémentaire dans l’escalade vers la Troisième Guerre mondiale (nucléaire ?).
Une chose est sûre : on ne peut reprocher à Thierry Meyssan de ne pas dépenser des trésors d’imagination pour sauver le soldat Trump quoi qu’il advienne, en tâchant de faire croire que ses promesses non tenues sont dues aux bâtons qui lui sont sans cesse mis dans les roues, refrain pourtant usé jusqu’à la corde. On l’a connu dans le passé plus perspicace ou plus honnête.
Quant à Oscar Fortin, il n’a heureusement pour lui pas eu le temps de s’esbaudir de la meilleure disposition que l’administration Trump a brièvement témoignée envers le président syrien ; après le bombardement de la base d’Al-Chayrat, ne sachant sans doute plus trop que penser, il s’est contenté dans son avant-dernier billet de blog de confronter les opinions divergentes de Thierry Meyssan et de Paul Craig Roberts au sujet de monsieur Trump, citant abondamment deux de leurs articles sans oser prendre parti, FORTIN Oscar, Trump le stratège ou Trump le faible ?, Humanisme.blogspot.fr, 8 avril 2017.
[Le jour même où je m’apprête à mettre un point final à mon texte paraît un nouvel opus portant la signature de Thierry Meyssan, intitulé 12 avril 2017 : le monde bascule à nouveau dans la guerre (MEYSSAN Thierry, Réseau Voltaire, 13 avril 2017). Les oreilles ont dû lui siffler si fort qu’il a soudain décidé de changer son fusil d’épaule, probablement pour ne pas être définitivement catalogué parmi les propagandistes de bas étage (peut-être commençait-il aussi à irriter les mains qui le nourrissent ?), admettant à son tour que l’administration Trump n’est que la copie de l’administration Obama, sans toutefois désavouer ses récentes interprétations tendancieuses concernant l’actualité syrienne ni battre sa coulpe. Juxtaposons le résumé de l’article en question avec celui d’une autre de ses productions éclairantes également parue sur Voltairenet.org seulement deux jours plus tôt, MEYSSAN Thierry : Et si Trump n’avait pas viré casaque ?, Réseau Voltaire, 11 avril 2017 (initialement publié dans Al-Watan Syrie) : — 11 avril : « Les chancelleries et la presse assurent que le président Trump a changé sa politique et trahi ses électeurs en acceptant la démission du général Flynn, puis en bombardant Chayrat. Thierry Meyssan, quant à lui, relève des incohérences qui laissent à penser le contraire : l’agression militaire états-unienne contre la Syrie pourrait en réalité être dirigée à terme contre les alliés de Washington », — 13 avril : « La Maison Blanche s’est finalement alignée sur la coalition constituée par les néoconservateurs autour du Royaume-Uni et de diverses sociétés multinationales. Les États-Unis reprennent la politique impérialiste qu’ils ont décidée en 1991 et réactivent l’Otan. La rupture avec la Russie et la Chine a été consommée le 12 avril 2017. Le monde est à nouveau au bord de la guerre nucléaire. » Ne vous fiez pas aux apparences : ce n’est pas Thierry Meyssan qui a retourné sa veste, c’est le Royaume-Uni qui a imposé sa loi aux USA… Le brexit possède de ces effets inattendus.]
[16] ZUESSE Eric, La victoire de Trump n’est pas idéologique, elle est magistrale, Le Saker francophone, 16 novembre 2016, original en anglais paru six jours avant in Russia Insider.
[17] ZUESSE Eric, Trump est-il lâche ou seulement stupide ?, Le Saker francophone, 22 février 2017, original en anglais paru le 15 février 2017 dans The Saker.is.
[18] Sur la raison profonde de l’évincement de Michael T. Flynn : ENGDAHL F. William, Le départ de Flynn peut-il faire avancer la paix dans le monde ?, Le Saker francophone, 25 février 2017, original en anglais paru quatre jours plus tôt in New Eastern Outlook.
[19] THE SAKER, Les néocons et l’État profond ont châtré la présidence de Trump, c’est cuit, les gars !, Le Saker francophone, 14 février 2017, original en anglais paru le même jour in The Saker.is.
[20] THE SAKER, Le coup anti-Flynn de l’État profond… pour préciser de la manière la plus claire possible, Le Saker francophone, 15 février 2017, original en anglais paru la veille in The Saker.is.
[21] THE SAKER, L’administration Trump est frappée de folie néocon, Le Saker francophone, 7 avril 2017, original en anglais paru l’avant-veille in The Saker.is (mise à jour datant du 7 avril).
[22] AESCHIMANN Éric et ALGALARRONDO Hervé, Emmanuel Todd : Je parie sur l'hollandisme révolutionnaire !, Le Nouvel Observateur, 5 mars 2012. Dans le palmarès français des inventeurs de concepts politiques bidons, Emmanuel Todd a longtemps caracolé seul en tête, mais s’est vu détrôner l’an dernier par l’imposture révolutionnaire encore plus grotesque d’un illuminé portant le même prénom que lui : Emmanuel Macron (désolé pour tous les Emmanuel du pays), MACRON Emmanuel, Révolution. C’est notre combat pour la France, XO Éditions, 2016, 270 pages. Monsieur Todd ne pourra donc pas inventer le macronisme révolutionnaire puisque c’est déjà fait. Je lui suggère le hamonisme social, le fillonisme intègre ou le poutouïsme intelligent, au choix. Le lepénisme patriotique et le mélenchonisme jauressien ne seraient pas mal non plus pour faire parler de lui et vendre ses bouquins.
[23] EUROPE SOIR — Le club de la presse, Europe 1, 10 novembre 2014, de 4’18’’ à 7’02’’. Visionner en complément : KARIM SAM’, Todd : l’Amérique, la Chine et le rapport Gallois, vidéo d’une émission enregistrée le 9 novembre 2012, seconde partie, Arrêt sur images, mise en ligne sur Dailymotion le 14 novembre 2012, de 27’07’’ à 29’38’’.
[24] Charte fondatrice de l’Union populaire républicaine, charte adoptée par le congrès de l’UPR le 25 mars 2007, UPR. Lire le chapitre intitulé Un programme de libération nationale qui met de côté le clivage droite-gauche.
[25] ASSELINEAU François, Analyse de l’élection de Donald Trump, président des USA, vidéo, UPR, 10 novembre 2016 (entretien datant de la veille).
[26] SHAMIR Israël, Quand Trump se fatigue pour rien, Plumenclume.org, 7 février 2017, original en anglais paru le même jour in The Unz Review7.
[27] MITRALIAS Yorgos, Une nouvelle génération de juifs américains contre Trump et Netanyahou !, CADTM, 31 mars 2017.
[28] Quels ont été les liens de François Asselineau avec Charles Pasqua ?, UPR, 6 décembre 2010.
[29] Considérer que Charles Pasqua, l’un des pères du Service d'action civique (sorte de police parallèle violente initialement dévouée au général de Gaulle, qui fut fondé en 1960 et qui était un repaire de policiers et de gendarmes côtoyant un ramassis de truands, de criminels et d’anciens collabos), n’était pas d’extrême droite équivaudrait, inversement, à classer Manuel Valls dans les rangs des marxistes, Jean-Luc Mélenchon parmi les antilibéraux et Jean-Vincent Placé ou Emmanuelle Cosse chez les écologistes.
[30] ANON, François Asselineau - LCI - [07/04/2017], vidéo mise en ligne sur YouTube le 7 avril 2017, de 0’52’’ à 1’28’’.
[31] Parmi lesquels : MARTIN Patrick, États-Unis : les médias et les démocrates cachent la politique fascisante de Trump, WSWS, 23 août 2016, original en anglais paru la veille sur le même site.
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