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Accueil du site > Tribune Libre > Éducation nationale : témoignage sur les pratiques de l’institution

Éducation nationale : témoignage sur les pratiques de l’institution

Quinze ans, seize établissments, récit d'une expérience.

Ce témoignage est écrit par mes soins, pour une tierce personne, anonymement, pour prévenir toute sanction.

Mais où est *** ?

J'avais vingt et un ans lorsque j'ai refermé pour la première fois la porte d'une classe pour aller m'asseoir derrière le bureau du professeur. Je n'ai pas eu peur un instant, et j'ai tout de suite aimé ça, j'étais parfaitement à l'aise. C'était alors dans un collège très difficile de banlieue. J'avais travaillé pour payer mes études et une fois ma licence en poche, j'étais devenu contractuel en septembre tout en poursuivant en maîtrise.

J'avais passé mon enfance à la campagne et emménagé en centre ville à douze ans : je n'avais connu jusqu'alors seulement des familles humbles ou aisées, mais je n'avais jamais fait l'expérience de côtoyer la misère véritable.

Cette année-là, j'accueillais en effet souvent dans ma classe des adolescents qui n'avaient pas mangé et dont le ventre criait famine. Beaucoup avaient froid en hiver, faute de vêtements chauds. Je me souviens aussi d'une élève de quatrième, alcoolique, qui tremblait en classe vers dix heures du matin, expérimentant douloureusement les effets du servage. Elle prenait aussi très fréquemment la pilule du lendemain ; elle avait de nombreux rapports sexuels mais ignorait visiblement les préconisations élémentaires de contraception. Elle vivait seule. Malgré nos alarmes et nos démarches auprès des affaires sociales, cette jeune femme ne fut jamais placée.

Il y avait eu aussi ce jour où faisant l'appel, je m'aperçus que *** était absent. Je demandai alors de ses nouvelles à ses camarades. Je n'eus pour réponse qu'un silence pesant. On finit par me dire de poser la question à mes collègues. *** avait séquestré avec un ami majeur, une femme de quarante huit ans. Ils l'avaient torturée et violée durant plus de deux jours.

*** vivait sans autorité parentale, avec son grand frère. Il partit en prison pour quinze ans, parce qu'il était mineur. Dans cet établissement, ne restait qu'un seul titulaire du concours, les autres ayant muté vers de meilleurs horizons ou bien étant en arrêt : il s'agissait d'un professeur de mathématique né en Afghanistan, proche de la retraite. Il était notre tuteur à nous tous qui étions vacataires, contractuels ou maîtres-auxiliaires. La moyenne d'âge devait difficilement dépasser les vingt cinq ans en salle des professeurs. Personne ici n'avait jamais enseigné, à l'exception d'un professeur d'italien contractuel qui effectuait sa deuxième rentrée.

Je me souviens aussi de *** qui était comme moi professeur de lettres. Elle avait les cheveux teints en rouge, portait de hautes bottes de cuirs moulantes et était parfaitement punk et déjantée. Qu'importe, elle était une vieille schnok au yeux de nos élèves ! Nous en riions beaucoup, ils ne savaient tellement rien du monde.

À la pause de dix heures, nous ouvrions une bière : tout le monde buvait pour tenir. Je n'ai jamais revu ce type de pratique dans aucun autre établissement. Que pouvaient espérer nos élèves, si démunis de tout déjà, mais confiés toutefois à de jeunes adultes terriblement inexpérimentés. Nous faisions tous de notre mieux, sincèrement. C'était si peu toutefois au regard de ce qu'aurait su faire un professeur chevronné.

Au printemps, un père de famille agressa notre principal adjoint dans son bureau, le frappant à la tête de manière répétée à coup de boules de pétanques. Heureusement, il n'eut à souffrir que de multiples traumatismes crâniens et ne garda aucune séquelle. Tous les soirs, nos élèves se battaient devant le portail du collège avec des adolescents désoeuvrés et déscolarisés. Nous attendions patiemment la fin de cette routine avant d'aller prendre le train pour rejoindre le centre ville où nous vivions tous.

Cependant, la plupart de nos élèves avaient un niveau très satisfaisant, sans condescendance aucune, et je devais m'en apercevoir des années plus tard.

En fin d'année, j'avais la certitude que j'aimais enseigner, ce qui ne s'est jamais démenti depuis. Je croyais alors, que si je voulais enseigner, c'était pour ces élèves du sous prolétariat. Mais je ne désirais pas devenir fonctionnaire au sein de cette éducation nationale, sans trop encore savoir pleinement pourquoi.

Je gère cet établissement en bon père de famille...

Toujours, contractuel, je passais les deux années suivantes en lycée professionnel, le temps de finir un DEA de linguistique grecque. J'apprenais peu à peu le métier d'enseignant, glanant ci et là de précieux conseils. Ce furent des années sans histoires et je m'investissais alors dans d'autres activités dont je songeais à faire un métier.

Ayant achevé mon année universitaire, je travaillais alors de nuit durant cet été, je découvris par hasard qu'un CFA public de *** cherchait un professeur de français pour la rentrée. Je candidatais et fus embauché, en CDD d'abord, puis en CDI à la fin de ma première année, comme le permettaient ignominieusement désormais les lois européennes relatives aux personnels des fonctions publiques.

Faire cours à ces apprentis de CAP, de BTS ou de BP reste ma meilleur expérience de professeur, plus encore, et c'est peu dire, que lorsque j'aurais la chance par la suite d'enseigner le latin et le grec à des classes de terminale talentueuses.

À peine arrivé dans cet établissement, on me proposa de faire parti du conseil d'administration du lycée et du conseil d'enseignement du CFA. J'avais il est vrai quelque expérience déjà du droit et n'étais pas facilement intimidable. Je lus avec application les textes de lois régissant le fonctionnement des CFA, leur financement, etc.

Je réalisais lors du premier CA que le CFA, bien qu'étant une structure publique, était sous un régime de financement en fonds propres. Plus simplement, ce type d'établissements recueillent eux-même en partie la taxe professionnelle des entreprises de leur secteur, et bénéficient en outre d'une manne de la région calculée au prorata du coup annuel d'un apprenti. Les sommes étaient en millions d'euros et les CA y avaient donc un pouvoir décisionnaire absolument gigantesque. Contraints par la LOLF de refaire un projet d'établissement, quelques collègues et moi y travaillèrent toute l'année. Nous étions ambitieux pour nos apprentis.

Notre projet avait dû plaire, car la région nous octroya une somme supplémentaire très importante, qui devait nous permettre d'embaucher trois personnes à temps plein. Nous étions fiers de nous.

C'est ici que je dois vous parler de M.***. Cet homme était le gestionnaire du lycée. Bien qu'il fut catégorie A+ et que sa place était évidemment ailleurs, il sévissait ici puisqu'il était maire d'une commune limitrophe, conseiller général et conseiller régional. il ne mettait quasiement jamais un pied au lycée. Ce monsieur nous expliqua alors, lors du dernier CA de l'année, que cette dotation pourtant fléchée, irait abonder notre fond de réserve en prévision de temps difficiles. Il nous demandait donc de faire davantage, en somme de mettre en place notre projet, mais à moyens constants.

Je devinais quelque chose d'anormal. Un de mes amis très proche était alors auditeur financier dans une Big Four. Je lui fis passer les différents budgets afin qu'il y jette un œil. Il ne mit pas longtemps avant d'y trouver somme d'irrégularités très importantes : achat d'actions d'entreprises, absence de véritable bilan financier, etc. J'avais désormais de quoi faire face.

La rentrée arrivait et j'étais somme toute confiant quant à la suite des événements. Dès le premier jour, je compris pourtant que les choses avaient changé. Notre proviseur me nomma d'office coordinateur de discipline, coordinateur des différents niveaux de CAP, et professeur référent d'un nouveau collègue. Était-ce en récompense de mes éventuelles compétences ? Non, je n'avais que 24 ans, imaginez le peu de légitimité que je pouvais avoir à encadrer des collègues proches de la retraite ! Il me noyait simplement sous le travail et les obligations de réunion afin que je renonce à rester au CA. J'acceptais aussi des heures supplémentaires, car ma compagne et moi avions alors besoin d'argent. Mais je fus à nouveau élu aux différentes instances du lycée et du CFA.

Je demandai alors en commission permanente, mon ami avait soigneusement tout préparé, où allait l'argent ; j'interrogeai la légalité de telle ou telle mesure, et citai différents articles de lois qui ne laissaient aucune place à l'interprétation. J'exigeai un bilan financier, ce qui était et reste réglementaire et insistai pour que l'argent obtenu et fléché pour un projet précis abonde une ligne budgétaire en conséquence.

M.*** ne fut pas décontenancé un instant. Il resta calme, parla très longtemps et fit peu à peu dévier la conversation. J'adorais la rhétorique et voyais la manœuvre. Il était incroyablement habile et je mesurais alors pleinement comment des années d'exercice de la parole publique peuvent aiguiser nos discours. Je précisai alors qu'il me contraignait à faire part de cet état de fait devant les parents, le maire et les délégués de la région lors du prochain CA. Il opina simplement.

Le proviseur resta silencieux. En vérité, c'était M.*** qui prenait les décisions : notre proviseur était jeune et très ambitieux, il serait par la suite promu dans un grand lycée abritant de prestigieuses classes préparatoires, et il ne voulait en aucun cas ruiner sa carrière. M.*** était un ami intime du ministre de l'éducation nationale d'alors, et membre du même parti.

Le CA suivant fut un désastre : non seulement nous n'obtînmes rien, aucun vote favorable lors même que la loi était de notre côté mais nous dûmes aussi mener à bien nos projets sans financements supplémentaires. Ce fut une belle leçon : le vrai n'est souvent pas vraisemblable...

Je demandai alors au directeur de l'apprentissage de la région s'il n'était pas dérangé par le fait que ses subsides n'aillent pas financer les projets pour lesquels ils avaient été pourvus. Il fit mine de ne pas saisir où était le problème. J'étais jeune et bien naïf, je n'avais pas encore compris. Dans ces instances régionales, les hommes sont aussi élus, font parti de la même coterie, et dans ce cas, tout ce qu'ils souhaitent, c'est justement ne pas savoir !

J'entends encore M.*** dire, triomphant, aux parents et aux élus présents : « Vous me connaissez bien, je gère cet établissement en bon père de famille ! » Je n'obtins jamais ni les bilans financiers, ni le montant du fond de réserve.

Tous le monde sut quelques années plus tard où allait cet argent public, vers les caisses de campagne de son parti. Il fut mis en examen et condamné, mais je ne crois pas qu'il fit ne serait-ce qu'un seul jour de prison.

Ceci, je le découvris en fin d'année, à force de recherche et d'acharnement. J'appris aussi de la bouche d'un collègue d'enseignement professionnel, qu'il fallait que je "lâche l'affaire"  : ici on revendait même à la sauvette les matériaux devant servir au apprentis...

Enfin, cette même année, j'échouais à défendre syndicalement un collègue certifié, ayant légèrement dépassé la cinquantaine, et qui fut licencié illégalement pour insuffisance professionnel alors même qu'il était atteint d'un grave cancer. Son dossier administratif était vide, il fut rempli de faux accablants, et il fut licencié. Nous fîmes un scandale. Nourri aux humanités classiques, je croyais encore de façon juvénile aux vertus du droit et à sa puissance sur les affaires humaines. Me revinrent alors en cascade toutes les leçons d'histoire, tous les exempla qui ne cessaient de démentir cette illusion.

Je découvrais un monde que je n'avais pas soupçonné, ni même ici envisagé, un monde sans loi, sans droit, sans tribunal, brutal et inhumain. Ce que je croyais fuir en refusant l'esclavage salarial du monde marchand réapparaissait évidemment dans les organes même de l'État. J'avais pénétré le vestibule des arcanes du pouvoir sans même m'en rendre compte.

Ulcéré, je démissionnais en juillet et ne revins jamais là où j'avais tant aimé enseigner.

Je renonçai aussi au même moment à me présenter aux élections municipales de mon arrondissement pour le compte de ma cellule du parti communiste, élections auxquelles j'étais assuré d'obtenir une place confortable par le jeu abjecte des alliances avec les partis de gouvernement d'alors. J'avais côtoyé les élus de prêts suffisamment longtemps, et leur image m'avait révulsé. Je ne voulais plus faire parti de tout ça. Je quittai aussi le parti .

J'avais vingt six ans. J'étais épuisé, moralement et physiquement. En fait, malgré la dépression qui guettait, je devenais adulte.

« Ne suivez pas les programmes, et ne craignez rien en cas d'inspection ! »

L'année suivante, je redevins contractuel et fut nommé dans un très grand lycée de centre ville sur un poste de lettres classiques. Les lycéens y étaient excellents, travailleurs et agréables. Je fus déconcerté par la facilité d'enseigner dans ce type d'établissement, car malgré la quantité importante de travail induite par la longueur des copies ainsi que par l'exigence de fournir toujours des cours très riches et structurés, je n'étais jamais fatigué. L'environnement était serein, les élèves sans véritables problèmes et les enseignants reconnus comme détenteurs du savoir.

M'accueillant en début d'année, mes collègues de lettres me précisèrent aussitôt qu'ici, personne ne suivait les programmes : il fallait faire plus et mieux. Un IPR venu visiter un collègue de classe préparatoire vint nous rencontrer et louer le travail de l'établissement : « vous avez raison, ne suivez pas les programmes, et ne craignez rien en cas d'inspection ! »

Je passais ici un an et demi à traduire Virgile, Tacite, Platon et Homère. Mes classes de secondes lisaient une vingtaine de grands classiques par an. Ils composaient tous les quinze jours sur un devoir de type baccalauréat, rendu plus ardu par nos soins et leurs productions étaient remarquables. J'avais cessé toute activité syndicale.

Quatre ans plus tard, ce même inspecteur vint dans un autre établissement, plus modeste, nous contraindre à appliquer la réforme du lycée, AP et autres farces ministérielles. Il nous interdit catégoriquement de rendre ces heures aux disciplines qui en avaient été amputées, lettres et mathématiques. Il ne vint pas moins de quatre fois vérifier si nous suivions ses directives. J'avais gardé des amis dans l'ancien grand lycée de centre ville. Là-bas, personne n'appliquait cette réforme autrement que sur le papier, et avec l'assentiment du même inspecteur.

Je doutais encore de l'existence réelle d'une volonté délibérée de l'institution de mettre en place un double système d'instruction, je savais désormais à quoi m'en tenir.

Je passais ainsi de lycées en lycées pendant encore quatre ans. J'observais dépité nos meilleurs éléments rejoindre le privé pour suivre conjointement un enseignement de latin et de grec en première et terminale, lors même que nos établissement publics disposaient des ressources humaines pour les dispenser brillamment. Les recteurs et les proviseurs s'obstinaient à refuser l'ouverture de classes de langues anciennes.

« Mademoiselle ! Je ne peux vous titulariser, vous ne maîtrisez pas votre discipline ! »

J'enseignais maintenant depuis dix ans, accumulant les CDD, lorsque mon épouse prit la décision de quitter son emploi de cadre pour présenter le concours en lettres modernes. Le mois de juin nous réserva deux belles surprises : elle était admise et elle attendait notre premier enfant. Elle repoussa donc son année de stage d'un an, le temps de sa grossesse. L'année suivante, alors que ma compagne vivait avec bonheur sa grossesse et que j'enseignais à nouveau en lycée, je me résolus aussi à présenter le concours afin d'offrir une stabilité financière à ma future famille.

J'y fus admis à la troisième place sans avoir pu le préparer. Je ne dis pas cela par forfanterie, bien au contraire. J'obtins 20 en version latine, là où la même copie, sans contre-sens certes, mais truffée de faux sens et d'inexactitudes, aurait difficilement plafonné à 12 ou 13 dix ans auparavant. Un ancien professeur de linguistique latine que je rencontrai par hasard me confirma que le niveau des universités de lettres classiques, en dehors de l'école normale, s'était effondré faute de vocations.

Cela rejoignait mon expérience du secondaire, où tout était mis en place pour réserver les humanités classiques à une minuscule élite de grands lycées, privés et publics, que tout destinait par ailleurs aux grandes écoles.

L'année suivante, ma petite fille avait six mois, ma compagne et moi furent donc contraints de passer par les fourches caudines de l'année de stage. C'était la première année de sa réforme : les fonctionnaires stagiaires enseigneraient 18heures en quatre jours et passeraient tous les lundis à l' IUFM. C'était bien entendu parfaitement illégal, notre temps de travail hebdomadaire excédant de huit heures nos obligations de services. Le conseil d'état condamnera en janvier le ministère, le contraignant à dédommager ces heures indûment exigées. N'ayant pas précisé de délai à cette réparation, le ministère ne régulariserait jamais la situation. L'institution, et je le savais déjà que trop bien, n'avait que faire de la loi, lors même qu'elle assommait ses stagiaires de moraline éthique et citoyenne.

Mon année de stage se déroula très tranquillement, d'autant plus que je fus affecté dans un collège des beaux quartiers. Ma tutrice était une femme très compétente, qui sut m'aider efficacement à encadrer une classe de collégiens, ce que je ne savais alors absolument pas faire.

Ma chef d'établissement eut dès le premier jour une image totalement fausse de moi, mais celle-ci était particulièrement flatteuse : elle ne tarirait pas d'éloges sans fondements à mon propos durant toute l'année ! Absurdité de l'arbitraire...

J'avais cependant cette année-là la charge de classes dont l'hétérogénéité atteignait des sommets improbables ! Je me souviens de cette 4°5 : dix élèves avaient déjà largement le niveau d'aller en seconde, ils lisaient Balzac et Flaubert seuls et s'en délectaient ! À cela ajoutons dix élèves très moyens, pourtant issus de catégories sociales financièrement aisées, mais culturellement assez pauvres. Ils ne feraient absolument rien de l'année et ne cesseraient de régresser. Un seul irait en lycée général. Huit étaient primo-arrivants : deux Rwandais, un Ukrainien, quatre Russes et un Américain. Deux autres étaient autistes et n'avaient pas d'AVS.

Je ne réussirais jamais à faire cours à cette classe de manière satisfaisante...

L'histoire de mon épouse fut toute différente. Elle fut et ce dès la première semaine, harcelée par sa chef d'établissement. Celle-ci lui reprochait en réalité principalement d'avoir un enfant en bas âge, ce qu'elle estimait incompatible avec l'exercice de son métier. Tous ceux qui connaissent un tant soit peu l'institution et sa violence imaginent sans peine la litanie des brimades, des insultes, des humiliations qu'elle dut subir pendant dix mois. Mère de famille sur-diplômée, proche de la quarantaine, elle serait traitée comme une petite fille.

Disons aussi tout net que cette principale était connue de tous les services et syndicats pour être parfaitement dérangée. Elle aimait sacrifier un enseignant par an : licenciement, dépression, mutation contrainte.

Notre fille ne faisait pas ses nuits et nous étions loin de nos familles, nous dormions très peu. Après une année invivable, bien qu'elle n'eût jamais eu le début d'un souci ni avec ses élèves ou leurs parents, qu'elle n'eût jamais été arrêtée, mon épouse fut humiliée en inspection. La construction de son cour fut ridiculisée. L'IPR ne regarda ni sa progression annuelle, ni les cahiers de ses élèves. C'était une amie proche de cette principale.

En fin d'année, son stage ne fut pas validé et on ne lui laissa pas l'opportunité de faire une deuxième année. Ses collègues de lettres, sachant la réalité des faits, écrivirent alors au recteur afin de louer son travail et ses compétences : rien n'y ferait. Lors de la commission de titularisation, le jury possédait des faux (c'est une manœuvre courante de l'institution) : il refuserait de voir les originaux que mon épouse avait pourtant apportés.

Elle sortit de cette expérience broyée, alors qu'elle avait auparavant connu la pression des cadres supérieurs du privé pendant des années.

Durant la même période, j'avais sympathisé avec une jeune collègue de lettres effectuant son stage au sein du lycée jouxtant mon collège. Elle aussi avait été démolie par cette même inspectrice au motif qu'elle ne maîtrisait pas sa discipline ! *** avait fait normal rue d'Hulm en philosophie et avait opté pour l'agrégation de lettres modernes qu'elle avait obtenu brillamment ! C'est dire à quel point elle ne maîtrisait pas sont sujet ! Elle aurait la chance de redoubler son stage et de ne pas être licenciée grâce à ses parents, hauts cadres au ministère.

Je m'aperçus alors que d'un peu moins d' 1% de fonctionnaires stagiaires non titularisés, nous étions en une année passé dans l'académie à 9%. Personne ne s'en émut, personne ne le savait : le tour de passe-passe était habile. On feignait de recruter, on annonçait certains chiffres d'admis au concours qu'on amputait ensuite de manière invisible de 10% !

Je découvrais enfin, que tous les stagiaires non renouvelés avaient le même profil : il avait la trentaine ou plus, avaient un minimum de caractère et d'expérience de la vie. Ils n'étaient pas modelables ni de nature servile, on s'en passerait.

Mon épouse et moi avions auparavant été contraints de demander une mutation conjointe puisque stagiaire la même année. Elle, n'étant plus mutée puisque retirée du corps des fonctionnaires stagiaires, je demandais alors à faire valoir mon droit au rapprochement de conjoint, ce qui me permettrait à coup sûr de rester dans ma commune. Cela me fut refusé par ma Dipe.

Direction la campagne à quelque 150 kilomètres de ma ville d'origine. Nous nous installâmes à côté de mon établissement de rattachement, car je n'obtins qu'un poste de TZR, dans une toute petite ville, très agréable, avec donc un salaire pour deux et une petite fille d'un an et demi.

Mon épouse était effondrée. Sa haine pour l'institution était immense et elle nourrissait une impression d'injustice gigantesque. L'été se passa à travailler ses émotions...

Le jour de la rentrée, la DIPE la contacta, contrariée et humilée elle aussi, pour lui annoncer qu'elle était réintégrée dans son poste de stagiaire sur ordre du ministère. Nous ne saurions jamais qui était intervenu et ce qui s'était passé. Elle était attendue dans la journée dans son nouvel établissement, se situant dans la ville que nous venions de quitter ! Elle hésita d'abord, puis accepta enfin afin de prendre une revanche sur la vie et de se prouver qu'elle avait été injustement traitée.

L'année fut très dure : notre petite ne faisait toujours pas ses nuits, et sa maman devait dormir deux soirs par semaine loin d'elle pour assurer son service. Le reste du temps, elle partait à 5h30 pour être à l'heure. Elle était cette année en REP et tout se passerait très bien. Elle aurait même en fin d'année les excuses d'un autre IPR venu l'inspecter pour ce qui lui était arrivé l'année précédente...

"Je ne peux pas vous croire sur parole !"

L'année suivant, titulaire désormais, elle fut mutée à quelque trois heures trente de route de notre domicile, dans une zone que tous les enseignants fuient à cause de sa cherté. J'obtins de ma DIPE, parce que ça l'arrangeait grandement, un poste à l'année dans cette région qui manque encore désespérément d'enseignants. Une chef d'établissement m'appella et me dit que son collège n'avait pas de professeur de lettres classiques et n'en aurait pas, le mouvement étant achevé ! Nous nous rencontrâmes, préparâmes mon service, nous étions tous deux ravis. Nous avions contacté le rectorat qui valida cet arrangement. À la rentrée cependant, je fus affecté sur un poste de lettres modernes dans un autre établissement. L'autre principale n'aurait pas de professeur de latin et de grec de l'année.

Au mois de février mon épouse déclara un cancer malin : elle dut être opérée d'urgence. Le chirurgien l'arrêta évidemment jusqu'à la fin de l'année. Elle subirait quatre lourdes opérations entre mars et juin. Au mois de mai, elle reçut des service de santé du rectorat une convocation pour une contre visite médicale à deux cent kilomètres de l'hôpital où elle était soignée. Son chirurgien fulminait, mais accepta d'adresser un courrier au service médical du rectorat précisant qu'elle ne pouvait en aucun cas se rendre à ce rendez-vous. En effet, cette contre visite avait lieu le surlendemain d'une lourde opération. La Dipe refusa d'entendre quoi que ce soit : « nous ne pouvons pas vous croire sur parole ! » Elle fut menacée de sanction si elle ne se rendait pas à cette odieuse contre visite, à un moment où elle ne savait pas encore si elle pourrait voir sa fille grandir, si elle allait mourir dans les mois suivants. Elle irait donc, en taxi et à nos frais. Le médecin du rectorat fut outré... Elle n'aurait jamais aucune excuse.

À la rentrée suivante, mon épouse avait obtenu une mutation à vingt minutes de mon établissement de rattachement. Elle ne pourrait malheureusement pas retravailler avant un an et était très affaiblie. Toujours TZR, je fus affecté à l'année à plus d'une heure de mon établissement de rattachement. Je fus très surpris, puisqu'à nouveau, nous avions convenu avec le rectorat et le proviseur d'un lycée où j'avais enseigné il y a deux ans, que j'y assurerais un temps plein en lettres classiques.Le proviseur m'appela en catastrophe me demandant pourquoi j'avais demandé à ne pas travailler cette année dans son établissement. Je lui répondis bien entendu que je n'avais jamais rien demandé de tel. Son lycée, qui était tout proche de mon Rad, avait deux services complets à pourvoir, des premières passant le bac, et des terminales en latin et en grec sans professeur ! Ce lycée était mon premier vœu...

S'il avait été attribué à un collègue, c'eût été tout à fait normal, mais en l'espèce, aucun TZR n'y serait nommé cette année-là.

J' appelai alors la DIPE, nous étions fin août avant la rentrée : j'expliquai à nouveau la situation, mon épouse malade, ma fille, la vacance de postes proches de notre domicile... rien n'y ferait. On me répondit qu'on avait autre chose à faire que de satisfaire nos caprices ! Je raccrochai, non sans quelques insultes...

La prérentrée dans ce collège perdu loin de chez moi fut au demeurant hilarante : pas de principal, rien de prêt, ni les classes, ni les services, rien.

L'année suivante, je fus à nouveau nommé en collège, cette fois dans mon RAD. Nous étions à la rentrée 2015-2016 et c'était l'année de la réforme du collège. Je lus beaucoup : d'abord les lois, dans le détails, puis les projets de programmes, puis les programmes. J'étais et suis encore très opposé à ces nouvelles disposition de l'enseignement secondaire, mais compris assez vite que l'autonomie laissée à chaque CA pouvait nous être favorable localement, bien qu'elle fût une calamité nationale.

Nous étions deux à mener la fronde : nous subissions des pressions de la part de notre principal. Mais il s'aperçut vite que nous en avions vu d'autres lui et moi, et que nous n'avions peur ni de lui, ni de l'institution.

J'allais alors encore être témoin de la malignité de ces petits chefs à qui l'on a donné trop de pouvoir. Il s'empara d'abord du cas d'une élève de troisième : une plainte pour harcèlement sexuel fut déposé contre mon collègue à la gendarmerie. Notre principal autorisa immédiatement l'adolescente à ne plus suivre les cours de ***. Ce collègue, qui travaillait ici depuis quinze ans sans aucun problème, avait alors sa propre fille scolarisée dans le collège en classe de cinquième. Il s'effondra et tomba en dépression. L'affaire se tasserait petit à petit et l'adolescente finirait par avouer qu'elle le trouvait simplement trop exigeant : pas une trace de propos ou de gestes déplacés, tout avait été agencé par notre principal et un parent bien naïf. Personne n'en doutait tant *** était sain et sérieux. Un de moins.

À mon tour désormais. Je fus arrêté en mars quatre semaines par mon médecin. Je remplis cependant les bulletins de mes quatre classes. Durant mon absence, nous avions, le principal et moi des échanges à ce sujet. Lors de mon retour, un lundi à 8h, la secrétaire m'annonça alors qu'elle n'avait pas mon arrêt de travail ! Je lui demandai pourquoi elle ne m'avait pas écrit ou appelé avant : silence. Je courus lui chercher les volets un et deux de mon arrêt. Je montai en classe, où les élèves furent heureux de me revoir. Au milieu de l'heure, un étudiant sérieux me demanda pourquoi je n'avais pas rempli les bulletins. Je lui répondis alors qu'ils étaient bien entendu remplis et, le vidéo-projecteur étant allumé, j'ouvrai pronote afin qu'il vit de lui-même. À mon grand étonnement, toutes mes notes et appréciations avaient disparu !

À 10h, j'étais dans le bureau de mon principal, exigeant une explication. Il me rétorqua devant témoins, qu'il n'y avait rien, parce que je n'avais rien rentré. Il savait qu'il mentait. Malheureusement pour lui, j'en avait la preuve via nos échanges de mails. Il était confondu en public et renvoya alors la faute sur son adjoint.

Le lendemain matin les notes et les appréciations réapparurent comme par magie. Mais le mal était fait : les parents avaient écrit au recteur pour se plaindre de mon absence d'évaluation, et je ne le saurais que plus tard, à la demande de mon principal.

Je fus convoqué par la directrice de la Dipe qui jubilait de me tenir enfin ! Elle me menaça de licenciement, m'agonit de critiques sur l'absence d'évaluation de mes élèves. Mais nous le savions elle et moi, le fond du problème était tout autre : il s'agissait de faire taire les opposants à la réforme du collège qui avaient quelque effet sur la situation. Je me défendis faits à l'appui, mais rien n'y fit.

Je subis alors une sanction financière de 28 jours de traitement (2500 euros) pour service non fait, pour la période où j'étais en arrêt maladie !

Le tout étant légalement possible grâce à la disparition du volet 3 de mon arrêt...

Assez curieusement, la seule personne légalement en faute dans ces deux incidents n'encourut aucune sanction : notre principal qui avait le devoir de nous protéger contre les calomnies et de soutenir nos droits. Dans les deux cas, il avait excité les rancoeurs de parents en les manipulant et en leur mentant.

Je terminais cependant l'année de manière combative, et donnais de mon temps pour sauver ce qui était sauvable. L'échec fut complet : exit le latin et le grec. En juin, je savais avoir ma mutation dans ma ville d'origine, en lycée.

***

De ces quinze années rapidement évoquées, je garde l'amour de ma discipline et le respect de mon métier et de mes élèves. Mais, j'ai aussi acquis la certitude que l'institution est atteinte gravement des symptômes de la maladie de notre temps : lâcheté, incompétence, inhumanité, faux semblants.

Si d'aucuns se demandaient encore quelle serait la première réforme à opérer dans notre système d'éducation nationale, je leur suggérerais alors fortement de regarder vers ses cadres.

 


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36 réactions à cet article    


  • Khal Khal 15 octobre 2016 20:00

    Merci à vous,

    Pour cette histoire édifiante que je ne peux que cautionner dans tous ces aspects,
    (pour avoir vécu à peu de chose prés la même chose),
    et qui révèle le potentiel de sauvagerie de cette institution...
    On se sent moins seul, et on réalise que ce qu’on a vécu et finalement, et hélas
    très ordinaire...


    • JC_Lavau JC_Lavau 15 octobre 2016 22:02

      Je confirme que cette administration est pourrie et corrompue à coeur, à un point inimaginable. J’avais déjà donné plein de détails sur Usenet, quand Usenet était encore fréquenté.


      • JC_Lavau JC_Lavau 17 octobre 2016 10:06

        @JC_Lavau. http://www.agoravox.fr/commentaire4304133

        Sois rassuré : dans l’enseignement public aussi, il y a des chefs malhonnêtes et incompétents. La grande recette de « Gonflebouffigues » était de toujours sandwitcher dans chaque phrase un mensonge éhonté entre deux couches d’épais bon sens. Le jour où il aurait dit la vérité, tout l’établissement aurait été pris à contre-pied, personne n’aurait vu venir le coup. Mais il a pris sa retraite avant d’avoir dit vrai une seule fois.

        Multi-récidiviste du harcèlement, il avait envoyé plusieurs professeures en maison de repos. L’année 1994-1995 il s’en était pris à ma collègue Danièle B. Deux ans après, elle se demandait encore comment elle avait tenu le coup. Il faut dire que son mariage est bon. Je suis le premier professeur mâle que Gonflebouffigues a bombardé de son harcèlement, entrant par exemple dans ma classe en hurlant...

        J’ai découvert de nombreux faux confectionnés par lui dans mon dossier administratif. Et le reste de ses prévarications est à l’avenant. Il n’a jamais été inquiété, quoique toute l’Académie de Grenoble soit pourtant à présent au courant. J’ai trouvé dans mon dossier une demande d’enquête de personnalité délivrée par un juge d’instruction, pour distribution de documents pornographiques à des mineurs de moins de quinze ans. Accablant n’est-ce pas ? Toutefois certains détails étaient troublants, pour qui prenait la peine de lire de plus près :

        • 1. La date de naissance n’était pas la bonne.
        • 2. Le prénom n’était pas le bon.
        • 3. Le nom n’était pas le bon.
        • 4. L’adresse n’était pas la bonne.
        • 5. La ville non plus n’était pas la bonne.
        • 6. Et le département non plus n’était pas le bon : Ardèche au lieu de la Drôme.

        Mais qui décèle des détails aussi mesquins, au Rectorat ?

        Jamais le Rectorat n’a répondu à ma demande d’éclaircissements. La suite des événements est à l’avenant.

        La nature du conflit entre les chefs et moi ? Ces 41 pages parues dans le livre « Le nombre, une hydre aux n visages ; entre nombres complexes et vecteurs » :
        http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/Mystification_.htm

        Il est vrai que dans l’EN, un prof est un ouvrier spécialisé qui

        • A. Prend le maximum d’élèves dans sa classe, et parvient à refermer la porte,
        • B. « Fait le programme », même si c’est idiot, incohérent et lourdement faux.
        D’où l’intérêt pour l’EN d’appliquer le principe du minet : ne prendre que des gens sans aucune expérience externe, dans l’industrie par exemple... Comme cela, ils sont incapables de s’apercevoir que ça marche sur la tête, ce truc là.

      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 octobre 2016 05:25

        Merci pour ce témoignage qui montre combien l’arbitraire, l’abus de pouvoir et somme toute la violence règnent à tous les étages de l’institution. L’Education Nationale apparaît presque comme une zone de non droit mais il serait illusoire de croire qu’elle est seule concernée. C’est la République qui part à vau l’eau. Les puissants non seulement se pensent au-dessus des lois (et agissent en conséquence) mais ils le sont effectivement grâce à leurs pratiques de réseaux dans lesquelles l’un protège l’autre et réciproquement. Comme toujours ce sont les plus faibles qui en pâtissent. Il serait temps de remettre tout ce beau monde au pas avec un vrai contrôle citoyen... Bref, une vraie refondation ou une vraie révolution, voilà ce dont nous avons besoin, mais que, malheureusement, nous n’aurons pas, pas avant que tout s’écroule !


        • JC_Lavau JC_Lavau 17 octobre 2016 10:09

          @Luc-Laurent Salvador. Sans parler de l’administration judiciaire, elle aussi très au dessus des lois écrites de la République.
          Cf. la juge qui dénie les preuves pour protéger la fraudeuse :
          http://debats.aristeides.info/index.php?option=com_content&view=article&id=170:la-juge-qui-denie-les-preuves-et-protege-la-fraudeuse&catid=51:dnis-de-justice&Itemid=64


        • Ruut Ruut 16 octobre 2016 05:58

          Bienvenu dans les rouages de l’Administration. L’illusion fait lois.
          La réalité, l’administration s’en tape.
          C’est valable dans toutes les administrations avec trop de niveaux hiérarchique.


          • chantecler chantecler 16 octobre 2016 06:24

            Cet article est crédible, mais ... ?
            L’auteur n’a pas fréquenté la Rue d’Ulm .... !
             smiley


            • Bезымянный Bезымянный 16 octobre 2016 08:28

              @chantecler
              Bonjour Chantecler !

              Et pourtant si ! J’y ai passé pas mal de temps !
              Mais cet article écrit presque sous la dictée et mal relu est malheureusement bourré de grossières fautes de frappes et d’accords ! Celle-ci est la plus drôle ! ;)


            • chantecler chantecler 16 octobre 2016 08:57

              @Bезымянный
              Salut !
              Vraiment dommage d’autant que vous parlez de professeurs de lettres !
              (PS : le comité de lecture sur agx ne peut il pas signaler avant publication , et après , ne peut il pas y avoir de correction possible ?


            • Bезымянный Bезымянный 16 octobre 2016 08:59

              @chantecler
              Malheureusement non ! Pas de corrections possibles !


            • philippe baron-abrioux 16 octobre 2016 07:49

              @l’auteur,

                BONJOUR ,

               votre article dans son titre fait référence aux pratiques de l’ INSTITUTION .

               les Institutions , chaque Etat s’en dote pour assurer les fonctions qui sont les siennes (et telles que définies ) prévues par des textes comme une constitution ou des pratiques validées et reconnues comme légitimes par une majorité de citoyens .

               selon ce qui a prévalu à leur établissement , elles peuvent servir ou asservir .

              votre cas semble témoigner d’une dérive et presque d’une forme d’acharnement pour vous contraindre et vous faire plier . il est difficile de voir ici la moindre notion de service de la part des « divers exécutants » de cette Institution (notion oubliée ou écartée à des fins purement individuelles dans un service dit public ) .

               vous émettez plusieurs hypothèses et faites état de faits bien éloignés de toute notion de service tout court mais qui semblent davantage relever d’une tactique de mise au pas brutale , aveugle , humiliante comme seules les institutions sont capables parfois d’en produire . leurs capacités et les moyens dont elles disposent sont illimitées et ceux qui comme votre femme et vous tombent sous leurs griffes savent de quels saccages elles sont capables .

              votre récit est édifiant et s’inscrit aussi( mais est ce un hasard ?) dans une lignée de critiques concernant nos Institutions , TOUTES, ou tout ce qui les représente ,fut ce celui qui de par sa fonction a la charge de les faire tenir , de les représenter et d’éventuellement les protéger en assurant leur stabilité .

               la critique est un élément positif , facteur de progrès indispensable pour garantir la meilleure adéquation possible entre un peuple et ses institutions .

               nombre de peuples, de civilisations ,de cultures n’ont dû leur salut jusqu’à aujourd’hui qu’à la vivacité de leurs Institutions qui ont su résister aux épreuves traversées , aux crises de régime , aux conflits et aux oppressions diverses .

               en France , un travail de sape a été initié depuis longtemps contre nos Institutions qui jusqu’ à ce moment ont résisté aux coups de boutoir et remises en cause : il se trouve même que certaines sont de nouveau convoquées (service militaire ou national par exemple ) comme possibles remèdes à une société troublée , tiraillée par des extrémismes , en perte de repères crédibles et globalement sans projet réaliste pour aborder un monde fluctuant , menacé de toutes parts avec l’émergence de la sensation que l’individu n’y trouve plus sa place .

               incompréhension totale de découvrir que celui qui aurait en charge d’assurer la continuité de NOS INSTITUTIONS , en particulier celle dont il est le garant suprême tel que prévu par sa fonction , s’adonne à un tel défoulement d’insultes pour vanter quelques jours après la qualité de ceux qui la représentent pour chacun de nous .

               je ne vais pas ici faire la liste de toutes les INSTITUTIONS qui font l’objet de critiques (ce qui est SAIN ) , mais seulement faire remarquer que ceux qui prétendent les réformer ou veulent en changer (ce qui se conçoit assez bien car peut être utile voire nécessaire ) en ne faisant finalement qu ’oeuvre de destruction systématique, feraient sans doute bien de tirer quelques leçons de ce qui se passe quand, par des guerres plus ou moins légitimées ,on a détruit durablement celles de pays dont les populations n’ont d’autre choix que la mort ou la fuite .

               Où sont leurs idées d’évolution , leur projet de refonte , les limites qu’ils estiment acceptables par la société (qu’ils connaissent ...ou pas vraiment dans sa réalité ) , ce à quoi ils pensent renoncer ou faire renoncer , ou continueront ils à replâtrer l’ensemble en donnant à chacun des courants de pensée (y compris les plus démagogiques )des gages de représentation ?

               les Institutions sont toujours fragiles (elles ne sont que des constructions mentales dotées des moyens disponibles dans le moment ) .

              les bafouer , les brocarder , les humilier à travers leurs représentants donne un bien piètre image d’un personnel politique largement discrédité par les « libertés » qu’il prend avec l’honnêteté , le courage , la probité ,autant d’éléments qui fondent sans doute un peu au moins ce qui s’appelle encore la Démocratie représentative .

               BONNE FIN DE JOURNEE A TOUS , (et aussi ) à l’anonyme auteur écrivant en cyrillique !

               P.B.A
               

               

               

               


              • Bезымянный Bезымянный 16 octobre 2016 08:37

                @philippe baron-abrioux

                Pardonnez !. Ce n’était ici qu’une métonymie facile de parler d’Institutions, là où il fallait simplement attaquer ceux qui en déshonorent la grandeur. La colère contre ses représentants est à la hauteur de l’importance capitale de ces Institutions.


              • Christian Labrune Christian Labrune 16 octobre 2016 21:25

                un travail de sape a été initié depuis longtemps contre nos Institutions qui jusqu’ à ce moment ont résisté aux coups de boutoir et remises en cause

                @philippe baron-abrioux

                Le « travail de sape » des pédagogistes (pas très différents des islamistes de l’Etat cornaique) date très exactement du milieu des années 80. L’idéologie imbécile de la secte Meirieu dérivant des théories fumeuses de Bourdieu et Passeron (« Les héritiers ») était déjà en place, mais c’est à ce moment-là qu’on aura commencé à vouloir l’appliquer pour faire « monter le niveau », un peu à la façon des djihadistes qui se mettent tout d’un coup à prendre au sérieux le Coran pour l’illustrer par des décapitations et d’autres joyeusetés du même tonneau.
                Ma comparaison n’a rien de fantaisiste : c’est dès ces années-là qu’on aura entrepris réellement de décérébrer le corps enseignant. Tout le monde se souvient probablement de ce que furent les IUFM, et il est inutile d’insister là-dessus. Cette propension à la servitude volontaire que l’ouvrage d’Etienne de la Boétie avait admirablement décrite sans pouvoir toutefois réussir à la combattre aura fait le reste..
                Ce que j’ai pu voir à l’oeuvre dans l’Education nationale entre le moment où Chevènement revenant du Japon sort de son chapeau l’idée qu’il faut 80% d’une classe d’âge au niveau du bac et 2008, année de mon départ en retraite, c’est vraiment la prise de pouvoir et la tyrannie d’une connerie triomphante.
                Il y aura eu les « coups de boutoir » dont vous parlez, mais je n’ai jamais vu quelque chose qui ressemblât sérieusement à une forme de « résistance ». L’occupation féroce de la Bêtise, dans l’espèce de coquille vide qu’on appelle encore par habitude Education nationale est désormais parfaitement affermie. Après Vallaud-Belkacem on pourra bien mettre un âne à la tête de l’institution, ça passera comme une lettre à la poste.


              • philippe baron-abrioux 17 octobre 2016 08:30

                @Christian Labrune

                 BONJOUR ,

                 je vois qu’une fois encore vous ne pouvez vous empêcher de citer deux au moins de ceux que vous rendez responsables de tous les malheurs qui , selon vous, auraient contribué au travail de sape de l’ E.N : Bourdieu ,( travaux sur la notion de champ ) et Meirieu , (travaux sur la pédagogie différenciée ) , dont l’édition de 1997 dans les cahiers pédagogiques intitulée « l’essentiel en une page » . je vous laisse cette appréciation sur des travaux pertinents mais sans doute là encore mal compris et surtout qui allaient à l’encontre de pratiques pédagogiques bien établies pour ne pas dire « enkystées » dans une Education Nationale consciente de l’état de la société mais ayant les pires difficultés à se réformer pour« coller » aux nouvelles réalités . je me souviens de l’introduction de l’informatique dans le primaire et des réticences dont j’ai déjà parlé de la part des instits . on avait organisé une fête (en 1983 ou 1984) avec du matériel et proposé des formations(gratuites ) à cet outil avec une fédération de parents d’élèves ce qui a permis d’acheter des T.O 7 Thomson pour équiper l’école et des Oric Atmos avec la venue d’un de ses concepteurs pendant tout un week end . ces équipements furent les premiers mis à disposition de l’école primaire puis du collège .

                 vous évoquez le « traité e la servitude volontaire » de La Boëtie . j’ai été pensionnaire à Sarlat sa ville natale et suis passé des centaines de fois devant sa maison natale , en plein centre tout près de la cathédrale . dans les jardins , à l’arrière de cette cathédrale on trouve une curieuse tour surnommée par les Sarladais « la lanterne des morts » en fait elle indiquait que l’épidémie de peste avait fait de nouvelles victimes . plus loin , après l’hôtel Plamon se trouve dans un recoin de la petite rue qui ramène vers la Traverse on peut voir « la fontaine des pestiférés »

                 j’ai toujours pensé que les échecs en matière d’enseignement , de quelque niveau qu’ils soient , -sont des facteurs qui souvent vont provoquer   au mieux une « mise en servitude » de ceux qui en sont les victimes passives ,faute d’avoir pu bénéficier de l’attention suffisante pour leur permettre l’autonomie .

                 au pire , ils seront les « pestiférés » d’une société qui refusera le plus souvent de reconnaitre sa part de responsabilité dans ses échecs et leur affectera des places même protégées en leur demandant d’aller finalement s’abreuver à une espèce de « fontaine des pestiférés » qui ne fera que les stigmatiser encore un peu plus .

                 c’est ce triste constat que j’ai refusé d’accepter dans sa brutalité et une grande partie de ma vie professionnelle a consisté à essayer de proposer à ceux là d’autres sources pour s’abreuver , plus humaines , plus dignes et si possibles réparatrices .

                 bonne fin de journée !

                 P.B.A


              • Christian Labrune Christian Labrune 17 octobre 2016 11:48

                je me souviens de l’introduction de l’informatique dans le primaire et des réticences dont j’ai déjà parlé de la part des instits . on avait organisé une fête (en 1983 ou 1984) avec du matériel et proposé des formations(gratuites ) à cet outil avec une fédération de parents d’élèves ce qui a permis d’acheter des T.O 7 Thomson pour équiper l’école et des Oric Atmos avec la venue d’un de ses concepteurs pendant tout un week end . ces équipements furent les premiers mis à disposition de l’école primaire puis du collège .
                __________________________________________

                @philippe baron-abrioux

                Pour défendre les « réformes » qui auront fini par détruire le système, vous auriez pu trouver un meilleur exemple. J’ai bien connu à cette époque-là, dans le lycée où je travaillais, des salles entières équipées du ridicule ordinateur de Thomson qu’on connectait à un petit magnétophone pour enregistrer le logiciel. A cette époque-là, j’avais déjà saturé de programmes que j’avais écrits en assembleur les 48 Ko de mon Apple II ; c’est dire que j’étais un peu plus au courant de ce que peut l’informatique - et de ce qu’elle ne peut pas !- que la plupart des pauvres collègues à qui on imposait des formation-bidon pour des cours miraculeux de pur divertissement qui ne serviraient à rien aux élèves. Ceux qui ont subi ça seraient bien incapables aujourd’hui d’expliquer comment fonctionne le téléphone portable objet de leurs constantes dévotions.
                 Dans vingt ans, on pourra dialoguer en langage naturel avec les machines connectées à l’Internet, lesquelles pourront donner des réponses synthétiques aux questions qu’on leur posera, au lieu de renvoyer par Google à des milliers d’articles disparates. Chaque élève aura donc à sa disposition une sorte de précepteur, mais il y aura encore beaucoup à faire du côté des recherches sur l’intelligence artificielle avant qu’on en soit arrivé là.
                 Tout ce qu’il eût été possible de faire à la fin des années 80, et je l’ai fait, c’était des cours sur la structure des machines et l’algorithmique au niveau le plus bas, celui du langage-machine, mais pour ça il n’était même pas nécessaire d’avoir un ordinateur sous la main et de débloquer des sommes considérables qui eussent pu servir à autre chose. Installer partout des machines qui seraient complètement obsolètes deux ans plus tard, c’était ne rien comprendre à une informatique encore balbutiante. Les résultats auront été catastrophiques.
                Aujourd’hui, les responsables du développement informatique dans la Silicon Valley, qui connaissent un peu mieux ces nouvelles technique que les ahuris du ministère de l’Education nationale, préfèrent mettre leurs enfants dans des écoles où il n’y a ni ordinateur ni tablette. On se demande bien pourquoi.


              • Christian Labrune Christian Labrune 17 octobre 2016 11:57

                 vous évoquez le « traité e la servitude volontaire » de La Boëtie . j’ai été pensionnaire à Sarlat sa ville natale et suis passé des centaines de fois devant sa maison natale ,

                @philippe baron-abrioux

                Je n’ai jamais vu la maison d’Etienne de la Boétie, c’est une lacune, mais j’ai bien des fois relu son Discours de la servitude volontaire, lequel vaut probablement mieux que les vieilles pierres, comparables à tant d’autres, qui auront entouré son auteur.


              • philippe baron-abrioux 17 octobre 2016 16:05

                @Christian Labrune

                 de nouveau ,

                 vous aviez tout vu avant tout le monde dont vos collègues et surtout tout compris sans aucun doute si j’en crois ce que vous écrivez : tant mieux pour tous ceux qui ont pu bénéficier de vos enseignements !

                 pour ma part , avec les Thomson T.O 7 donnés à l’école comme parent d’élèves avec son magnétophone et ses cassettes qui introduisait l’informatique dans les classes primaires , puis comme formateur les P.C que l’on utilisait dans le bus informatique de la ville de Bordeaux un peu plus tard , il était possible de travailler l’apprentissage de la lecture avec des disquettes pour les jeunes et adultes illettrés que nous accueillions .

                 rien à voir avec ce que vous pouviez faire avec votre appareil Apple II et toutes vos connaissances en informatique au point même que vous pouviez vous dispenser du moindre matériel .

                mes collègues et moi avions appris à faire avec ce dont nous disposions , même si ce n’était que peu de choses mais eux comme moi avions un principe pas plus idiot que d’autres quand il fallait faire un choix :
                 
                  « entre rien et pas grand chose toujours choisir pas grand chose »

                 bonne fin de journée

                 P.B.A

                   


              • philippe baron-abrioux 18 octobre 2016 07:20

                @Christian Labrune

                 BONJOUR ,

                 Je n’ai jamais vu la maison d’Etienne de la Boétie, c’est une lacune, mais j’ai bien des fois relu son Discours de la servitude volontaire, lequel vaut probablement
                mieux que les vieilles pierres, comparables à tant d’autres, qui auront entouré son auteur.

                merci pour votre avis d’expert !

                  vous auriez pu être aussi conservateur des monuments historiques : si on avait appliqué le principe qui est le votre , on n’ aurait aucune peine à trouver des terrains disponibles dans certains centre- villes .

                 que faire dans ce cas de la grotte de Lascaux ? et de quelques autres constructions et « vieilles pierres » surtout si leurs habitants n’ont laissé aucune trace écrite que vous auriez pu lire mais ont seulement vécu ce qui n’est déjà pas si bête .

                 mais sur ce point aussi vous avez raison !

                 bonne fin de journée !

                 P.B.A

                 

                 


              • popov 16 octobre 2016 08:08

                J’ai commencé à lire cet article sans trop savoir pourquoi, mais je n’ai pu en détacher mes yeux avant d’arriver à la fin.


                C’est donc ça l’éducation nationale en France ? Une machine à formater qui casse tous ceux qui lui résiste ? Une véritable mafia avec à sa tête Bécassine Vallaud.

                • mmbbb 16 octobre 2016 08:57

                  @popov je fus interne j’avais un proviseur qui jouait le petit caporal un vrai con . Le probleme n’est pas absolument nouveau De surcroit cet ’enseignement est tres inegal Cette remarque me valu l opprobre de ce prof ’Alexandre de ce media qui me traita de naze Je lui avais signifie que j’avais eu des profs tres moyens. Ce cretin ne put me repondre que par l insulte Alors il peut crever rien a cirer . Il y a aussi des profs tres cons comme celui ci et dans cette institution il n en manque pas .Cette institution est une usine a enseigner mais en France qui est le pays des droits de l homme nous n’aimons pas faire de « vague » . Nous mettons toujours la poussiere sous le tapis . Il y a le journaliste du Point Brighelli qui apres avoir enseigne, ne cesse de descendre en Flèche cette institution. Allez comprendre ! En revanche nous passons notre temps a critiquer les USA et nous croyons avoir les meilleurs services publics du monde ..


                • JC_Lavau JC_Lavau 17 octobre 2016 12:29

                  @mmbbb. « Naze » ? Tiens, c’est la seule appréciation que j’ai eue sur mon article actuellement en modération :
                  http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=185583


                • JC_Lavau JC_Lavau 16 octobre 2016 08:51

                  Bезымянный Il faut rappeler qu’à une consonne initiale fausse près, le pseudonyme de l’auteur signifie « sans nom » en russe.
                  L’erreur initiale : oui cela se prononce bien comme le « B » français, mais cela ne s’écrit pas ainsi.
                  Je n’accède pas à la frappe du cyrillique pour corriger.


                  • Bезымянный Bезымянный 16 octobre 2016 08:57

                    @JC_Lavau
                    Oui ! une faute de frappe de plus de ma part ! ;)


                  • Bезымянный Bезымянный 16 octobre 2016 09:02

                    Безымянный


                  • popov 16 octobre 2016 09:12

                    @Безымянный


                    Oui, c’est mieux comme ça.

                    Merci pour le témoignage.

                  • popov 16 octobre 2016 09:26

                    @Безымянный

                    J’ai étudié le latin 9h/semaine et le grec 4h/semaine pendant 6 ans, il y a plus de 50 ans. Ce que j’en ai retenu, après avoir oublié le nom de la plupart des auteurs grecs ou latins, c’est que ces hommes étaient très proches de nous.

                     
                    Je ne sais pas à quel niveau le latin et le grec étaient enseignés en France avant la réforme, mais supprimer ces cours revient à couper les enfants de leurs racines.

                  • JC_Lavau JC_Lavau 17 octobre 2016 11:04

                    @JC_Lavau. Aux Etats, on vend le Beaujolais nouveau sous le nom de « Bow Jolley », afin que les amerloques moyens ne se ridiculisent pas en tentant de prononcer la graphie française.
                    Je vais décomposer de même la prononciation de Безымянный pour les français d’ici.

                    Без : prononcer « biéz »., cette préposition signifie « sans ».
                    Piège : le z durcit la voyelle qui suit, d’où l’altération orthographique suivante.
                    ымя : plus délicat à prononcer, est l’altération (pour raison de compatibilité avec le з) de имя, signifie « nom ».
                    нный : « nille », terminaison adjectivale.

                    ымя : il faut d’abord vous expliquer le système vocalique du russe.
                    Cinq couples de voyelles, l’une dure, l’autre « molle », ou mouillée.
                    Par ordre d’aperture :
                    a, я : a , ia,
                    o ë : o, io. Le ë est toujours accentué, par exemple dans oрёл : aigle.
                    y, ю  : ou, iou.
                    ы, и  : translittéré « y », i. Alors que le i est notre voyelle la plus frontale, le ы est au contraire guttural, prononcé avec l’arrière extrême de la bouche.
                    э , e : è, ié.

                    Au total, avec le piège de la translittération de ы par « y »,
                    Biézymiannille.

                    Piège car en allemand « y » se prononce « ü », et en langues scandinaves, « y » se prononce bien plus frontal que « ü », presque « i », une voyelle sans équivalent français.

                    Autre piège pour nous français : l’accentuation du mot russe n’est jamais écrit en impression journalistique, donc le « ë » n’est plus distinguable pour nous à la lecture du « e ». Ainsi je ne sais pas prononcer le conseiller économique de Moscou, SerguiéÏ Glaziev (ou Glaziov ?).


                  • JC_Lavau JC_Lavau 17 octobre 2016 13:39

                    @JC_Lavau. Un volcan au Kamtchatka porte ce nom : l’Innommé.
                    Vu par l’humour des grimpeurs de l’A.S. Montreuil, sur le site d’escalade de Connelles-Amfreville, dans la craie avec silex, cela donne des noms de voies comme l’Innommable, parmi la pétoche, la Dernière heure, la Directochiottes, ...


                  • Manant (---.---.201.185) 16 octobre 2016 16:06

                    Vous nous avez peint un tableau bien sombre de l’éducation nationale en France ! Mais votre histoire personnelle ne m’étonne pas.....mon frère est prof de lettres et me dissuade de prendre cette tangeante, vous illustrez ses propos....maintenant je redoute d’envoyer ma candidature pour des remplacements dans mon académie. La quarantaine, quelques expériences de vie et surtout celle d’une enfant harcelée durant 1 an et pour laquelle l’éducation nationale n’a rien fait ! Je ne pense pas avoir le profil...qu’en pensez- vous ? Cette administration est un étouffoir â talent côté profs et côté élèves car n’oublions pas les principales victimes : les élèves. Ils ont encore moins de pouvoir de recours que les adultes, encore moins de possibilités d’exprimer leurs différences, leur particularismes.


                    • Christian Labrune Christian Labrune 16 octobre 2016 20:46

                      à l’auteur,
                      Il y a huit ans que j’ai pris ma retraite. Je ne rêve jamais, mais tous les deux ans à peu près, je fais encore ce cauchemar : il faut que j’aille à un conseil de classe, mais j’ai oublié de remplir les bulletins trimestriels. Je ne sais pas non plus ce que je vais faire en cours, et il est trop tard pour préparer un polycopié. Ces choses-là ne me sont jamais vraiment arrivées, mais doivent partie des angoisses de ce délicieux métier !
                      Votre texte me laisse la même impression pénible qu’au réveil ce petit cauchemar récurrent où des théories psychanalytiques auxquelles je n’ai jamais cru pourraient voir comme un retour du refoulé. Ces situations que vous décrivez si minutieusement, nous sommes nombreux à les avoir connues. J’ai enseigné douze ans dans le 93 et c’était effectivement quelque chose qui ressemblait à une descente en enfer. Rien de ne que vous écrivez ne m’étonne particulièrement. J’ai même été témoin de bien des violences physiques : fonctionnaires salement agressés emmenés par les pompiers aux urgences, élèves qui essaient de se tuer au couteau, etc.
                      Ce qu’il y avait quand même de plus atroce, et dont vous ne faites pas mention, c’était la férocité des « chers collègues » lorsqu’un jeune arrivant idéologiquement mal intégré se trouvait en difficulté. La section locale du syndicat majoritaire (SNES) -lequel syndicat aura puissamment aidé à la mise en place des « réformes » destinées à détruire le système d’instruction publique - se transformait aisément en tribunal sinon en exécuteur des hautes oeuvres de l’administration centrale. Les sycophantes avaient pignon sur rue, dans cet établissement, et j’avais souvent représenté ironiquement à des collègues chargés d’ enseigner l’histoire que la meilleure façon de faire comprendre ce qu’avait pu être la collaboration durant les années noires, c’eût été de faire vivre quelques temps leurs jeunes élèves dans une salle des professeurs.


                      • Kevin Queral Kevin Queral 16 octobre 2016 22:16

                        @Christian Labrune
                        Pas un mot à redire ! Bravo de le formuler aussi bien !


                      • Prof abandonnée (---.---.29.244) 16 octobre 2016 23:56

                        Bonsoir à tous,

                        Je vous avoue que j’ai connu les mêmes humiliations au sein de notre chère institution ! Je ne renonce pas à obtenir justice et réparation ! Pour mon salut propre et celui de mes élèves dont j’étais l’une des seules protectrices, devant ce qui s ’appelle du harcèlement scolaire. J’étais tellement seule et démunie que je n’avais d’autres choix de prendre « les élèves maltraités » dans ma classe durant leurs heures de permanence, afin qu’ils évitent de se retrouver seuls et livrés à eux-mêmes ! On m’a licenciée sans préavis, après qu’une principale me reprochant ses erreurs de gestion, s"est sentie humiliée par mon argumentation irréprochable. Par esprit de vengeance, elle a fait un rapport accablant au Rectorat à mon sujet ! Et les collègues refusent de témoigner de peur des représailles. Mon syndicat m’a soutenu du bout des lèvres. Sauriez-vous à qui je pourrais m’ adresser dans ce cas ? Merci d’avance pour vos réponses !


                        • JC_Lavau JC_Lavau 17 octobre 2016 11:48

                          @Prof abandonnée. Je crains qu’il faille rédiger et publier un Livre noir de l’Education Nationale, comme d’autres ont publié un Livre noir de la psychanalyse qui met les freudiens dans tous leurs états. Comme j’ai tenté sans succès une sorte de Livre Noir de l’Injustice aux affaires antifamiliales.

                          Difficulté technique notable : il faut tout vérifier et revérifier minutieusement avant publication. J’ai tenté un groupware, pour faire ce travail bénévole collectif avec le sérieux professionnel indispensable. Il n’a jamais servi à personne : chacun est submergé par ses propres difficultés individuelles.


                        • Khal Khal 19 octobre 2016 08:22

                          @Prof abandonnée : Bonjour, si j’ai un conseil à vous donner, laissez tomber.

                          Vous n’obtiendrez pas gain de cause, face à cette institution, qui ne supporte pas les enseignants,

                          qui ne rentrent pas dans leur moule. Laisser tomber car vous aller vous faire laminer et vous en sortirez brisée comme tant d’autres...


                        • JC_Lavau JC_Lavau 19 octobre 2016 12:50

                          @Khal. Comme tous les autres escrocs que j’ai eu le douteux privilège de fréquenter dans ma carrière, l’EN applique le principe du minet : donner des responsabilités qui le dépassent à un minet sans aucune expérience extérieure. Ainsi, il est incapable de voir que ça marche sur la tête.

                          Après quoi, elle applique le principe des « milliers de chômeurs qui attendent derrière la porte pour prendre votre place ». C’est cela la gestion des ressources humaines à l’EN. Elle ne sait même pas donner une formation professionnelle décente à ses soldats du front. Auquel d’entre nous a-t-elle été capable d’apprendre le close-combat , alors que c’est indispensable pour survivre quand le protale organise lui-même les violences ?


                        • gaijin gaijin 17 octobre 2016 09:10

                          merci pour ce témoignage trop hallucinant pour ne pas être vrai

                          " Mais, j’ai aussi acquis la certitude que l’institution est atteinte gravement des symptômes de la maladie de notre temps : lâcheté, incompétence, inhumanité, faux semblants.

                          Si d’aucuns se demandaient encore quelle serait la première réforme à opérer dans notre système d’éducation nationale, je leur suggérerais alors fortement de regarder vers ses cadres."

                          on pourrait faire le même constat dans tous les domaines que ça soit dans le privé ou le public. la seule issue étant de détruire le vernis d’hypocrisie qui recouvre toute notre société

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