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Enquête sur la vérité

Quand je discute avec un autre (ou des autres) à propos d’une affaire ou d’un problème quelconque, je me suis rendu compte que je considère toujours que mes propos sont dans le vrai. Si mon interlocuteur partage mon point de vue, ensemble nous discutons de ce que nous croyons tous les deux être la vérité. Si par contre si mon interlocuteur ne partage pas mon avis je suis alors persuadé qu’il voit faux. Je me suis rendu compte aussi que cet interlocuteur agit comme moi : il pense que ses propos sont dans le vrai et que les miens sont dans le faux. Alors comme beaucoup, j’en suis arrivé à conclure que chacun de nous détient sa part de vérité. Mais au fil du temps cette conclusion me plaisait de moins en moins, j’avais du mal à admettre que la vérité puisse être ainsi fragmentée, si elle existe vraiment elle se devait d’être unique.

Je me suis mis alors à chercher pour comprendre d’où venait ma soi-disant vérité. J’ai alors pris conscience qu’elle venait de ma mémoire : elle était le résultat de tout mon vécu depuis ma naissance (et peut-être même antérieurement !) : mon conditionnement familial, celui de mon milieu social, celui de la culture sociétale, mon savoir, mes expériences, mes échecs, mes réussites, mes espoirs, mes craintes…etc. J’en ai conclu que ma mémoire était mon « encyclopédie personnelle » à laquelle je me référais spontanément et inconsciemment chaque fois que j’avais à répondre à un problème, un défi, une provocation. La mémoire est certes nécessaire pour mon activité professionnelle et pour tout l’aspect utilitaire de mon quotidien, mais est-elle également indispensable dans le domaine des activités qui sont d’ordre relationnel et psychologique ?

Pas facile à répondre à cette question. J’ai alors décidé de me mettre en posture d’observation. Je me suis alors rendu compte que mon « encyclopédie personnelle » n’aidait en rien à bien résoudre les problèmes , défis et provocations du présent car à chaque fois c’était mon passé qui déterminait ma réponse (ma soi-disant vérité) et non ce que j’appelle l’intelligence de l’esprit. Je me suis rendu compte que je n’étais pas vraiment en contact avec la réalité du présent, ce qui me rend forcément inapte à résoudre correctement un problème du présent.

En observant et interrogeant mes interlocuteurs je me suis rendu compte qu’eux aussi fonctionnaient à partir de leur propre « encyclopédie personnelle » élaborée par leur propre vécu. Leur soi-disant vérité est donc forcément différente de la mienne. J’en ai conclu que les fragments de cette soi-disant vérité des uns et des autres n’avait rien à voir avec quoi que ce soit de la VERITE DE CE QUI EST. Cette vérité est-elle accessible à chacun de nous ? Pas facile de répondre à cette question, et pas facile du tout à expliquer, j’ai bien l’impression qu’il n’y a pas de mots appropriés pour raconter clairement la suite le l’enquête.

Acabit

 


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14 réactions à cet article    


  • César Castique César Castique 19 avril 2014 13:03

    Il y a un aspect de la question sur lequel, à mon avis, il faudrait insister davantage, c’est que nous sommes, très humainement, enclins à tenir pour vrai, ce que nous souhaitons vrai et ce qui va dans le sens de ce que nous tenons pour vrai. 


    C’est un danger permanent contre lequel, je pense, nous devons chercher à nous prémunir, en étant tout aussi sceptiques à l’égard de ce que nous avons envie de croire qu’à l’égard de ce que nous avons envie de ne pas croire. 

    Mais, expérience faite, je peux vous dire qu’on doit alors se taire souvent, parce que sinon, on devient vite insupportable pour les crédules de son entourage.

    • Leroi 19 avril 2014 13:06

      « Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont [...] »
      F. Nietzsche, Le livre du philosophe.


      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 avril 2014 14:16

        @ l’auteur

        Ce que vous écrivez semble une resucée ou récitation bien apprise de la pensée de Jiddhu Krishnamurti.
        J’emploie ces qualificatifs sensiblement péjoratifs car je ne suis pas convaincu de la sincérité de votre questionnement.
        J’y vois quelque chose d’artificiel mais j’ai du mal cerner de quoi il s’agit.

        Le principal indice du côté artificiel ou préfabriqué de votre questionnement me paraît tenir dans son haut niveau d’abstraction, cad, l’absence de tout exemple concret, en particulier en ce qui concerne l’affirmation suivante : "Je me suis alors rendu compte que mon « encyclopédie personnelle » n’aidait en rien à bien résoudre les problèmes , défis et provocations du présent car à chaque fois c’était mon passé qui déterminait ma réponse (ma soi-disant vérité) et non ce que j’appelle l’intelligence de l’esprit.« 

        Il me paraît aller de soi qu’ici un exemple s’imposait car vous écrivez »à chaque fois« et vous n’êtes pas fichu de donner »une fois« au lecteur.
        C’est alors pour vous l’occasion de poser ex cathedra un concept : »l’intelligence de l’esprit« que vous ne prenez pas la peine de définir et qui, en tout état de cause, colle très mal avec l’interrogation faussement naïve que vous semblez mener.

        Ceci étant dit, votre propos me paraissant assimilable à du Krishnamurti, il est très clair que je l’approuve complètement sur le fond et j’y retrouve nombre de mes points d’intérêts auxquels j’ai consacré quelques articles ici sur Agoravox.

        D’abord le fait que nous ne pouvons que croire ou ne pas croire, jamais savoir, jamais tenir une vérité vraie, car nous ne sommes pas dans l’oeil de Dieu.

        Ensuite le fait que nous sommes essentiellement »de la mémoire en acte« , chaque individu pouvant en effet être conçu comme un écosystème d’habitudes, cad, comme ayant une organisation visant à fondamentalement reproduire et adapter les solutions du passé que nous avons engrammées dans les innombrables cycles perception-action qui forment le mécanisme de ce que nous appelons l’habitude.

        Ma conviction (seulement une croyance smiley) est que, dans le contexte de cette psychologie de l’habitude que j’appelle la psychologie synthétique, il est tout à fait possible de formuler clairement la pensée krishnamurtienne.

        Partant, je serais très intéressé si vous vouliez bien nous donner ne serait-ce qu’un exemple de situations où c’est ce que vous appelez »l’intelligence de l’esprit« qui aurait répondu aux »problèmes, défis et provocations du présent".

        Si vous pouviez aller jusqu’à définir ce concept, cela pourrait aussi être une bonne chose.

        Merci d’avance.

         


        • Jean Keim Jean Keim 19 avril 2014 22:33

          @ JLS,

          La pensée krishnamurtienne : ne serait-ce pas un oxymore ?

          Croire ou ne pas croire sont un même mouvement, c’est toujours le domaine de la croyance, il y a une autre possibilité qui consiste à dire : je ne sais pas.
          Ce que vous appelez la psychologie synthétique ne serait pas tout simplement la compréhension qui ne dépasse pas le niveau de l’intellect ? K affirmait que la compréhension de son enseignement n’avait aucune valeur si elle n’était que simplement le résultat de la pensée. L’article de Acabit, votre réaction et la mienne ne sont que des productions savantes, donc sans grande valeur.
          Sans vouloir vous blessez, peut être considerez-vous l’enseignement de K comme un domaine réservé ?


        • daqwqmp+coneu4 19 avril 2014 14:18

          Quand vous parlez de vérité issue d’une « encyclopédie personnelle », vous exprimez la « relativité de la vérité ».

          En mathématiques « moderne », un énoncé est « vrai » au sein d’une théorie. Il est vrai relativement à cette théorie.

          Il y a d’ailleurs des résultas rigolos qui en découlent, comme l’existence de certains énoncés dont on ne peut prouver s’ils sont vrais ou s’ils sont faux [au sein d’une théorie] (résultats d’incomplétude de Gödel).

          Notons qu’il y a certains fait qui sont apparemment vrais pour tous et indépendant des encyclopédie personnelle : notre corps mourra un jour, la Terre tourne autour du Soleil, etc. Ils sont relatifs à une « encyclopédie commune » en quelque sorte.


          • Leroi 19 avril 2014 15:17

            « Notons qu’il y a certains fait qui sont apparemment vrais pour tous et indépendant des encyclopédie personnelle : notre corps mourra un jour, la Terre tourne autour du Soleil, etc. Ils sont relatifs à une « encyclopédie commune » en quelque sorte. »

            Je ne crois pas trop à cela : les « cryogénistes » ne croient pas à la mort du corps et nombreuses sont les sectes qui, encore aujourd’hui, pensent que la terre est plate.
            S’il y a bien des universaux, ils ne sont ni dans les savoirs, ni dans les représentations du monde, mais plutôt dans les schèmes mentaux ou dans les conduites instinctives, par exemple.


          • daqwqmp+coneu4 19 avril 2014 16:08

            @gros macho :
            Je ne vous permet pas ! smiley

            @Leroi :

            Oui, je suis d’accord avec vous, même ces vérités là sont bancales… Restreignons nous aux théories mathématiques, ça me semble être un des derniers bastions. Et encore, celles-ci changent tout le temps.

            Alors, peut-être est-ce le langage qui est inadapté pour exprimer les vérités ? Ou peut-être est-ce la notion de vérité telle qu’on l’entends qui n’a pas de sens tangible ?


          • daqwqmp+coneu4 19 avril 2014 16:16

            (mêmes les schémas mentaux et les conduites instinctives ne sont pas fixes et peuvent être changés. ça nécessite un peu plus d’énergie, c’est tout)


          • Leroi 19 avril 2014 18:38

            « (mêmes les schémas mentaux et les conduites instinctives ne sont pas fixes et peuvent être changés. ça nécessite un peu plus d’énergie, c’est tout) »

            Dans le détail et l’expression particulière probablement, mais pas dans le principe général, car sans cela vous condamnez l’anthropologie culturelle qui a justement pour objet la recherche des universaux.
            C’est d’ailleurs ce qui la distingue de l’ethnologie qui, elle, s’intéresse aux différences culturelles.
            Ainsi, la division sexuelle du travail est un trait humain universel, mais la modalité de cette division est bien évidement différente dans chaque culture.


          • bakerstreet bakerstreet 19 avril 2014 14:42

            Tout cela rappelle un peu Richard Brautigan, un auteur américain que j’aimais beaucoup. Non pas qu’il était à la recherche de la vérité, enfin, si, tout de même un peu. 


            Mais surtout de la vérité de l’instant magique qui consistait à sortir une truite du torrent, dans l’art difficile de la pêche à la mouche. 

            Vous voyez ce que je veux dire....
            Bon, vous avez de la chance, moi pas. 

            Mais ne prenez pas la mouche !

            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 19 avril 2014 15:03

              La découverte à l’age adulte de l’eau tiède m’a toujours fait marrer ...
              Ne ratez pas votre enfance .


              • daqwqmp+coneu4 19 avril 2014 16:14

                Quand on voit comment les adultes dirigent le monde, je pense qu’il est plus sage et saint de rester enfant toute sa vie. Je préfère mille fois, même dix mille fois, m’émerveiller à chaque instant de ce qui se trouve devant moi qu’être pris dans la spirale des problèmes quotidiens qui tourmentent les « adultes ».

                Vous n’avez qu’à regardez les anciens, vous savez ceux qu’on parque comme des animaux dans des refuges à vieux pour pas qu’ils nous fassent chier avec leurs histoires à deux dogecoins. C’est marrant comme à l’approche de la mort, y’en a un paquet qui retombe en enfance.

                Ne ratez pas votre vie.


              • trevize trevize 19 avril 2014 17:35

                Tout ça est finalement connu depuis bien longtemps, mais nous n’en n’avons toujours pas tiré les conséquences. Lacan l’a dit : « le Réel c’est l’impossible ». La vérité, la réalité, ne sont que des constructions de nos esprits, ce sont des concepts personnels, il en existe autant que d’êtres humains.
                La réalité est beaucoup plus fluctuante que ce que nous croyons (il s’agit bien de croyance, comme le dit Luc-Laurent Salvador), et toute vérité est relative, nous ne l’atteignons jamais totalement, nous ne pouvons que nous en approcher.
                Par conséquent (opinion personnelle) chacun a tort et raison à la fois, et si deux points de vues s’opposent, il ne sert à rien de chercher à savoir lequel est « bon » (puisqu’ils sont tous deux partiellement faux), il est beaucoup plus efficace de chercher un point de vue depuis lequel les deux théories initiales sont partiellement vraies et fausses à la fois : les photons sont des corps et des ondes à la fois.

                La réalité est analogique, continue, mais nous ne la percevons et nous la représentons que de manière numérique, discrète, partielle, déformée. Nos malheurs viennent du fait que malgré que noussoyons au courant, nous nous aveuglons à ce sujet, et voulons croire que notre "encyclopédie personnelle" est là seul à être correcte et à jour.


                • tendrel 21 avril 2014 09:37

                  Bonjour,

                  « J’ai alors décidé de me mettre en posture d’observation » : Observer quoi ? Le sujet ou l’objet ?
                  « ce que j’appelle l’intelligence de l’esprit » :
                  vous nommez l’« intelligence de l’esprit ». Mais l’esprit ?
                  « n’avait rien à voir avec quoi que ce soit de la VERITE DE CE QUI EST. »
                  rien à voir ? pour dire cela il faudrait connaître ce que vous nommez « VERITE DE CE QUI EST »

                  Avant toutes ces réflexions peut-être faudrait il commencer par s’assoir (ou pas) et observer ce qui se passe dans notre esprit, sans jugement ni rejet. Et peut-être petit à petit tout deviendra plus clair. Mais en tout cas pas au bout de quelques mois seulement et si possible accompagné de personnes « reconnues » qui ont déja commencé à pratiquer cette démarche

                  bien amicalement
                   

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