Et si la solution s’appelait Développement Durable ?
Injustement simplifié à sa dimension environnementale, le Développement Durable (DD) pourrait pourtant servir de base à un réel projet de société. En cette période de convergence des crises économiques, sociales et écologiques, penser durable devient nécessaire. Et pourquoi le Développement Durable ne se substituerait pas au capitalisme ?
Historique et Enjeu
La notion et la définition du développement durable fait sont apparition en 1987 dans le Rapport Brundtland [1] diffusé par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement. Le DD s’appuie sur le constat qu’un développement cohérent doit permettre d’assurer les besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre. Cette idée a son importance dans un monde où l’on est de plus en plus conscient de la limitation de nos techniques, de notre organisation sociale et surtout de notre environnement.
Le DD s’appuie sur trois dimensions : Sociale, Economique et Environnementale et aucune composante ne prime sur l’autre. Négliger l’une entraine systématiquement (devrait-on dire systémiquement) des déséquilibres aux conséquences fâcheuses (pour ne pas dire désastreuses) : cela va du « simple » problèmes des algues en Bretagne, aux émeutes sociales à Londres, en passant par le dérèglement climatique (et les sécheresses qui vont avec), les vagues de suicides au sein de certaines entreprises et les tragédies nucléaires qui pour le coup ont un impact durable sur l’environnement et les sociétés Japonaise et Ukrainiennes. Tous ces problèmes ont un point commun : On a toujours préféré la rentabilité purement économique à une prise en compte réelle des enjeux sociaux et environnementaux dont on ne peut plus aujourd’hui s’affranchir.
Le Développement Durable implique une volonté politique. Malheureusement celle-ci est insuffisante. Il faut y ajouter celle du citoyen lambda …
La nécessité des indicateurs
La volonté du citoyen est vaine s’il n’a pas les moyens d’agir en conséquence. Le problème est aussi que le seul véritable levier à disposition du citoyen lambda est sa capacité à consommer. Il faut donc consommer durable …
Mais comment consommer durable face à des produits ayant fait l’objet d’un green-washing intense, d’emballage tous plus incitatifs les uns que les autres, sans pour autant garantir la qualité du produit ? Dans tous les cas, le choix d’un produit ou d’un service s’effectue la plupart du temps sur les critères émotionnels suscités par l’emballage ou la publicité, ou sur le critère monétaire. Presque tous les produits que nous consommons ont un point commun : nous ignorons tout de leur passé. Une consommation responsable exigerait un minimum de connaissance sur la fabrication d’un produit et les dessous d’un service. Le consommateur doit avoir le droit de connaître la qualité du produit, et les impacts (positifs ou négatifs) sur la société et sur l’environnement, puisque par son choix, il cautionne la façon de faire de l’entreprise qui fournit le produit ou service.
Alors imaginons … Et si le consommateur avait accès à des indicateurs objectifs (du moins le plus objectif possible) qui lui permettrait, d’un simple coup d’œil, de comparer vraiment des produits entre eux ? Imaginons trois notes de 0 à 10, visibles en face avant du produit, pour qualifier la qualité du produit, le bénéfice sociétal et l’impact environnemental. Trois indicateurs pour le Développement Durable.
Même sans y ajouter les incitations financières basées sur un système bonus/malus aux produits présentant les meilleurs résultats (ce qui pourtant démontrerait une véritable volonté politique), il est tout à fait probable que le comportement des consommateurs change, car ayant vraiment les moyens de consommer responsable. Les entreprises devront s’adapter …
Trouver les indicateurs pour qualifier le développement durable n’est pas une tâche aisée, mais non plus impossible. Je propose ici quelques indicateurs objectifs qui peuvent servir à l’élaboration des 3 notes :
Qualité du produit
- Quantité de mauvaises graisses / de sucre pour un produit alimentaire
- Durée de vie et de garantie
- Respect de normes qualité
- Taux de satisfaction des clients
Impact sur la cohésion sociale
- Nombre d’heure de travail humain par produit
- Montant et répartition des salaires au sein de l’entreprise
- Respect de normes Sécurité / Santé
Impact environnemental
- Quantité de CO2 dégagé par le produit durant son cycle de vie
- Pollution générée telle que l’émission de produits chimiques
- Energie (électrique, fossile, …) et eau utilisées durant son cycle de vie
Ce ne sont ici qu’une toute petite partie de ce qu’il faudrait considérer pour avoir une estimation valable du concept de DD au sein d’un produit. On remarquera que le projet du gouvernement d’étiqueter l’impact carbone [2] est largement en deçà de la multitude d’indicateur qu’il faudrait vraiment considérer.
Le consommateur a le droit de savoir ce qu’il achète et les entreprises ont le devoir de le lui dire. Vouloir cacher la réalité socio –écologique ne peut être que pour dissimuler des pratiques douteuses voire scandaleuses. D’autant que l’élaboration des trois notes n’implique pas de rendre publiques les indicateurs qui ont servis à leurs élaborations et donc une partie de la stratégie de l’entreprise. Seulement la synthèse est publique. Le reste est établi par l’entreprise et à disposition d’éventuels inspecteurs de l’état.
Conclusions
J’ai parlé ici des indicateurs pour les consommateurs car il s’agit de quelque chose de concret, accessible, compréhensible par tous, mais dont la portée peut s’avérer immense. C’est donc tout à fait le genre de proposition que j’aimerais voir dans un programme politique ou revendicatif.
La mise en place d’un vrai Développement Durable nécessite évidemment bien plus que de simples indicateurs pour les consommateurs. Il faudra bien sur mettre également en place les trois indicateurs qui remplaceront le PIB et qui deviendront des objectifs politiques (quoique le PIB puisse être relativement pertinent pour juger du développement économique –reste à trouver les indicateurs social et environnemental). Il faudra aussi faire évoluer nos lois pour qu’elles s’adaptent aux besoins de la société. Il faudra aussi plus de transparence et de démocratie dans nos institutions pour s’assurer que tout le monde joue bien avec les nouvelles règles.
Est-ce que le Développement Durable s’appuie sur des théories empiriques comme le sont (ou du moins sont censées l’être) le capitalisme ou le communisme ? Pas vraiment. A vrai dire il ne s’appuie que sur du bon sens et la nécessité de trouver un nouveau modèle qui guide un développement cohérent de nos sociétés. En faut-il plus ?
[1] Liens vers le Rapport Brundtland (en anglais et en français) http://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Brundtland
[2] http://lentreprise.lexpress.fr/developpement-durable/etiquetage-carbone-premiers-tests_19851.html
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