Incroyable déliquescence du rail au quotidien !

En ces jours de fortes chaleurs, le gouvernement s’affaire à recenser quasi en temps réel les victimes de la canicule.

Il semble que cette collecte soit incomplète et que la liste des victimes plus importante que celle rapportée par les media.

Pour notre part, nous avons rencontré à plusieurs reprises une vieille dame se déplaçant en fauteuil roulant qui, malgré mon ignorance de la médecine, me semblait avoir besoin de soins de toute urgence.

Hélas, son médecin traitant, le Docteur PERBEN semble parti en congés, quand la SNCF se meurt sous tant de chaleur.

Ce mardi matin, Rouen, 7h45. Pas de train de 7h 52 pour Paris ! Les visiteurs matinaux de la vieille dame sont invités à se reporter sur le train intercité (mais néanmoins multibus) de 7h 57. C’est un train qui mérite le détour tant il est original : il offre par exemple 2 voitures de 1ère classe, l’une au climat tempéré grâce à la climatisation, l’autre au climat tropical ; jusqu’où le luxe de la 1ère classe ne s’égare t’il pas !

Certes en prenant ce train, on sait d’entrée de jeu qu’on arrivera avec 30 mn de retard sur son planning initial ; mais bon...

Nous voilà parti et arrivé en Île de France, l’intercité donc se mue en transilien par un dernier arrêt à Mantes La Jolie. Et là le virus est terrible.

Pour une obscure raison, jamais entendue auparavant, le personnel d’accompagnement (du mourant) déclare que la chaise roulante ne pourra pas transporter tous les Franciliens fraîchement embarqués ! Pour un départ théorique de Mantes La Jolie à 8h59, il conviendrait de trouver un nombre (non précisé !) de volontaires qui accepteraient de patienter 34 mn de plus pour le prochain direct pour la gare St Lazare. Avantage indéniable aux volontaires : vous pourrez dire à vos petits enfants que le train venait de Cherbourg... ( Le temps à attendre cet "express de Cherbourg", c’est juste le temps du trajet pour aller à St Lazare... )

Après un malaise sans gravité à bord, je tiens à rassurer le Dr Perben et ses acolytes, un médecin non retraité est intervenu pour prescrire ... de l’eau et une place assise (ouh la tricheuse !) Le train finira par arriver à 9h46 soit un bonus de fraîcheur de 40 minutes pour un trajet qui n’aurait du durer que 70 minutes : quelles délicates attentions ! C’est sans doute pour cela que la SNCF n’a pas proposé de dédommager les clients du train de 7h52 ???

En fait j’ai un instant songé que cette fraîcheur forcée était destinée à recharger l’organisme des clients en prévision du retour du soir.

Or donc, le même mardi en fin de journée, la mère grand eut encore des absences.

Saint Lazare, son ange gardien (des rails), lui fit faux bond et vraie frayeur quand une voix annonça à 18h25 l’arrivée sur le quai 25 du train du Havre alors qu’un autre y stationnait déjà ! On nous parle des brancards saturés aux urgences, mais on nous tait les quais SNCF où il faudrait mettre ensemble deux rames !

Finalement, dans un instant de lucidité, il fut décidé que le train irait se poser le long du quai 27 qui lui était inoccupé (le déchoquage n’était plus nécessaire ?)

Pendant ce temps, nombreuse était la famille inquiète de la naissance prévue à 18h40 pour la famille "intercité pour Le Havre". A quoi ressemblerait le petit ?
Qu’à cela ne tienne, le personnel soignant proposa que la rame encore chaude du train venant d’arriver du Havre resserve de suite pour ce départ devenu imminent.

A 18h40, le personnel soignant semblait désemparé par un nouvel accident caniculaire : l’objet bleu posé sur la voie 27 ni ne bougeait, ni ne causait. Personne ne songeait à en vérifier la température qui montait au fil des minutes de retard ....

A 18h48, contre toute attente c’est le train suivant (multibus) qui part pour la même direction sans crier "gare" !

Le corps inanimé de la voie 27 manque d’emporter avec lui la famille qui attend, certes assise, dans une fournaise chaque minute plus intense ...

Finalement la délivrance interviendra à 18h56 après l’usage des forceps, apprendra t’on plus tard, d’un sage homme en bleu (qu’il fallut interroger de force : le secret médical ?)

Sans doute sous l’effet de la chaleur, le bébé présente un score d’apgar défavorable avec une absence de mobilisation des membres évidente. Il faudra encore attendre 20 minutes pour que l’angoisse de l’arrêt circulatoire soit levée - circulation à faible vitesse - et que les fonctions vitales soient rétablies...

Néanmoins l’enfant sera muet : rien ! Nada ! Nichts ! Nothing ! Pas l’ombre (pourtant !) d’une annonce rassurante à aucun moment pour la famille émue et fort troublée des voyageurs !

Il est urgent de publier le suivi canicule des trains SNCF et sans doute le relevé des incidents passagers sur son domaine.

Entre les machines hors service, les rames structurellement non climatisées pour des voyages plus long que certaines lignes TGV (Paris Lille), les voitures dont la clim existe mais ne fonctionne plus, les chiffres de morbidité et de malaises qu’on nous cache doivent être catastrophiques !

Le slogan de la SNCF pourrait être :

Conseil d’AMI (1) : si tu veux voyager loin, prends ton 4x4 ou bien attends-toi au pire si tu crois encore en moi !

Et à part çà, la France va bien....

(1) AMI = Anne Marie IDRAC ; relire aussi les initiales dans le titre !