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Accueil du site > Tribune Libre > L’actionnariat universel : une idée qui fait son chemin

L’actionnariat universel : une idée qui fait son chemin

Sommes-nous enfin en train de rompre avec l’idéologie de la fin du travail ? Parallèlement à la libération du temps de travail, il est une réforme souvent promise jamais achevée, peut-être « la réforme du siècle », eu égard au bouleversement profond des mentalités et des rapports sociaux qu’elle engendrerait : celle qui parviendrait à marier vraiment et définitivement le travail au capital. « En 2008, notre politique de civilisation s’exprimera à travers notre capacité à mieux partager les rentes et les profits » a annoncé le président Sarkozy au cours de sa conférence de presse du 8 janvier. Il promet ainsi de créer « les conditions réglementaires et fiscales pour que la participation et l’intéressement puissent s’étendre à toutes les entreprises, y compris de moins de 50 salariés ». Et de promettre pêle-mêle : impôt sur les bénéfices stimulant pour ces dernières, libre choix par les salariés entre intéressement immédiat et participation bloquée, stock-options et actions gratuites pour tous, « triplement » de la réserve de participation. Il s’agirait de développer un « capitalisme d’entrepreneurs, un capitalisme familial plus enraciné dans les territoires (...) face à la montée en puissance des fonds spéculatifs extrêmement agressifs et des fonds souverains qui n’obéissent à aucune logique économique ». Enfin !... serait-on tenté de dire, si l’on ne craignait que l’annonce présidentielle tonitruante ne se traduise que par une énième réformette des lois sur la participation. Car c’est bien ici le projet gaulliste inachevé de « participation », prolongement économique et social de l’idée démocratique, que Nicolas Sarkozy semble enfourcher. Au cours des dernières années, on n’avait plus guère entendu que l’ancien Premier ministre Edouard Balladur ou Philippe de Villiers multiplier les propositions à ce sujet. Ce dernier, lui-même créateur d’entreprises (le « Puy du Fou », écoles de formation...) et président d’un département classé premier département français pour son dynamisme économique depuis plusieurs années, la Vendée (cf. L’Express, 11 mai 2006), rêve en effet de « l’émergence d’un véritable patriotisme d’entreprise ». Il a donc lancé l’idée de « l’actionnariat populaire universel » (proposition n°9 de son projet présidentiel) : « Il y a en France deux économies : l’économie des PME, assise sur la logique des hommes, de l’entreprenariat et de l’investissement, et l’économie du CAC 40, où le capital prospère à la bourse et le travail part en Chine, où l’on n’investit plus, puisqu’il faut payer les actionnaires. Ou bien l’on est propriétaire de l’entreprise, ou bien il y a un salaire, mais il doit y avoir une éthique de proportionnalité entre la responsabilité et la rémunération. Avec l’actionnariat universel je veux permettre à tous les Français de devenir actionnaires, et donc propriétaires de leur entreprise » concluait de Villiers. Un an après, voici donc la grande affaire de la « participation » remise à l’ordre du jour par le président de la République. Aujourd’hui, un quart seulement des salariés français bénéficient d’un mécanisme de participation, dont 1,6 millions d’actionnaires-salariés. Qu’en est-il dans le reste de l’Europe ? Que font les Américains ? Faut-il aller plus loin et comment ? Nous présenterons d’abord les mécanismes actuels de la participation dans sa double dimension - financière et décisionnelle - (I), puis un aperçu de ce que font avec un certain succès d’autres pays comme les Etats-Unis ou la Belgique (II), avant de suggérer quelques pistes étayant l’idée de l’« actionnariat populaire universel » ou 20 millions de salariés-actionnaires.

Après avoir arraché la France aux servitudes extérieures en l’aidant à recouvrer son indépendance, le général de Gaulle a entrepris de la libérer des servitudes intérieures qu’étaient d’une part le « régime des partis » auquel la Ve République a mis fin (du moins pour quelques décennies), d’autre part le poison de la lutte sociale dont la réforme de la « participation » pouvait être l’antidote [1]. L’échec du référendum de 1969 eut raison de son ambition d’associer le capital et le travail pour apaiser et transformer en profondeur la société française. D’importants jalons ont déjà été posés, avec l’intéressement créé en 1959, la participation et les plans d’épargne d’entreprise créés en 1967. Plus tard, entre 1986 et 1988, la loi sur les privatisations et l’ordonnance sur la participation ont permis un développement de l’actionnariat salarié qui représente, notamment dans les entreprises privatisées, une part significative du capital et des droits de vote. La loi sur la participation de 1994 a tenté de faciliter l’accès des salariés aux conseils d’administration. Enfin, les stock-options, créées en 1970, ont connu un développement important dans les grandes entreprises.

LES MECANISMES ACTUELS DE LA PARTICIPATION EN FRANCE

L’association du salarié « à la marche de l’entreprise » est évidemment financière (I) et, moins souvent, décisionnelle (II).

I - La participation financière des salariés

On distingue « l’intéressement » qui est facultatif, aléatoire et destiné à récompenser les performances collectives (1), la « participation aux résultats » qui est obligatoire dans les entreprises de plus 50 salariés et destinée partager une part des bénéfices (2) pouvant se traduire par une distribution en numéraire ou par remise d’actions de la société, on parle alors de « participation au capital » autrement dit de l’actionnariat salarié (3), l’ensemble des sommes distribuées pouvant alors faire l’objet d’une épargne salariale collective à travers les plans d’épargne d’entreprise et les plans d’épargne pour la retraite collectifs (4).

1) L’intéressement : récompenser les performances collectives

Créé en 1959, il est possible dans toute entreprise privée, quelle que soit sa taille. Facultatif et aléatoire il est placé sous le signe de la souplesse et récompense les performances collectives.

Il donne lieu à un versement immédiat d’un revenu disponible pour n’importe quelle dépense (pas d’épargne obligatoire). Mais les primes d’intéressement peuvent alimenter un compte épargne-temps [2].

Il n’a pas le caractère d’un salaire (il ne rémunère pas un travail mais traduit un résultat collectif atteint). Donc les sommes distribuées n’entrent pas dans le calcul du SMIC ni d’aucune indemnité fonction du salaire. Elles ne sont pas soumises à cotisations sociales mais à l’impôt sur le revenu (sauf si elles sont placées dans un PEE), à la CSG et à la CRDS

L’accord d’intéressement, conclu pour 3 ans, peut intervenir dans le cadre d’une convention collective de branche, d’un accord d’entreprise conclu avec les syndicats représentatifs mais aussi au sein du comité d’entreprise (entorse au monopole syndical de négociation) ou encore au terme d’un vote du personnel à la majorité des deux tiers.

Les méthodes d’intéressement sont librement choisies : participation collective aux résultats, à l’accroissement de la productivité, prime d’objectifs, etc. L’intéressement est plafonné à 20% du salaire pour éviter les excès.

L’intéressement individuel reste pratiqué au profit des cadres. L’intéressement collectif, qui doit concerner tout le personnel, apparaît, en période de rigueur salariale, comme un substitut possible à une augmentation des salaires.

En 2002, 4,6 milliards d’euros ont été versés au titre de l’intéressement, à 3,7 millions de bénéficiaires. La prime moyenne atteignait 1236 euros en 2002 contre 1195 euros en 2001. Il apparaît que plus l’entreprise est petite, plus la proportion de salariés ayant accès à l’intéressement est faible. Seulement 5 à 15% des entreprises de moins de 50 salariés (5% des entreprises de moins de 10 salariés) intéressent leurs salariés aux résultats.

2) La participation obligatoire aux résultats : partager les bénéfices

La participation, obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés [3] (mais seules 65% la pratiquent...), facultative pour les autres, vise à un partage des bénéfices.

La réserve de participation est le résultat de calculs complexes dont le point de départ est le bénéfice fiscal (bénéfice donnant lieu à l’impôt sur les sociétés). La répartition est fondée sur une stricte proportionnalité entre les sommes attribuées à chacun et les salaires perçus et doit bénéficier à tous les salariés [4].

Les droits sur la réserve de participation sont indisponibles pendant cinq ans (ou trois selon les accords) : c’est l’idée d’une épargne salariale obligatoire ou d’un salaire-investissement. Mais le décret a prévu des cas de déblocages anticipés : mariage, licenciement, mise à la retraite, préretraire, invalidité, décès, achat de logement... En pratique, les salariés débloquent de manière anticipée cette épargne obligatoire pour deux usages majeurs : la cessation du contrat de travail (retraite, démission, licenciement) et l’acquisition de la résidence principale.

Comme l’intéressement, la participation se distingue du salaire : elle s’y ajoute mais ne s’impute pas sur celui-ci. Les sommes distribuées échappent aux cotisations de sécurité sociale ainsi qu’à l’impôt sur le revenu. Elles comportent pour l’entreprise un avoir fiscal correspondant à la provision pour investissement.

La réserve de participation peut être diversement employée :

- à l’intérieur de l’entreprise : soit par une remise d’actions de la société aux salariés (suite à une augmentation de capital par incorporation de réserves, rachat des actions en bourse) qui doivent les conserver pendant cinq ans (ou trois selon les accords), soit par l’ouverture d’un compte courant au nom des salariés, bloqué pendant cinq ans ;

- sur le marché financier (« capitalisme populaire ») : les sommes sont gérées par les organismes de placement extérieurs (SICAV, assurances-vie, fonds communs de placement) ou affectées à un plan d’épargne d’entreprise où les salariés participent avec l’aide de l’entreprise à la constitution d’un portefeuille de valeurs mobilières, délivrées aux salariés au bout de cinq ans.

Les accords de participation peuvent se présenter sous la forme de conventions collectives, d’accords d’entreprise conclus avec les syndicats représentatifs dans l’entreprise ou encore d’offres ratifiées par référendum à la majorité des deux tiers. Si aucun accord ne peut intervenir, les travailleurs participent alors sous la formule du compte courant d’investissement où les sommes sont alors bloquées pendant huit ans.

3) La participation au capital : l’actionnaire salarié

L’actionnariat salarié, mode original de participation, est une vieille idée qui connaît depuis plusieurs années un regain de faveur en France depuis les privatisations de 1986-88 et 1993-97. De grandes sociétés s’y sont engagées : Air France (9,5%), Auchan (16%), Bouygues (11,5%), Vinci (9%), Société Générale (7,4%), BNP Paribas (5,1%), etc. Citons aussi les 130 000 salariés d’EDF ayant choisi, avec 5 millions de Français, de profiter de l’ouverture du capital de leur entreprise, record sans précédent, en France, d’actionnariat populaire. Mais la méfiance des épargnants reste chronique, entretenues par des scandales ou des faillites retentissantes : que sont devenues les économies des actionnaires salariés de Vivendi ou de Rhodia... ?

L’actionnariat salarié demeure aujourd’hui modeste dans son ampleur mais il est difficile d’obtenir des statistiques [5] du fait de la diversité des types d’actionnariats salariés : salariés titulaires d’actions, de parts de FCPE ou de SICAV par le biais de PEE et autres dispositifs collectifs ; salariés ayant acquis individuellement des actions de leur entreprise ou par leur épargne personnelle, attribution d’actions gratuites et d’options ou à l’occasion d’une augmentation de capital ou d’une privatisation.

3.1) Distribution d’actions à tarif préférentiel

Inspirées par le « capitalisme populaire » et les stock-options du droit américain, plusieurs lois ont facilité l’acquisition des actions des sociétés par leur propre personnel lors d’émissions d’actions. Leur succès en France reste cependant limité aux cadres dirigeants, qui peuvent ainsi faire échapper une partie de leur rémunération aux charges sociales.

Sur autorisation de l’assemblée générale des actionnaires, des options de souscription ou d’achat d’actions (stock-options) peuvent être consenties à certains salariés. Ceux-ci reçoivent une option leur permettant dans un certain délai d’acheter une action à un prix déterminé. Si avant l’expiration du délai, le cours de l’action est supérieur au prix, le salarié a intérêt à lever son option, c’est-à-dire acheter l’action qu’il peut alors revendre avec une plus-value. Le prix de cession doit correspondre au cours de bourse moyen des valeurs de l’actif net mais peut faire l’objet d’un rabais allant jusqu’à 20%. Si les options sont conservées pendant cinq ans, elles bénéficient d’une exonération de cotisations sociales et d’un régime fiscal avantageux [6].

Enfin, l’actionnariat salarié est encouragé au travers des augmentations de capital, là encore à un prix et avec un régime fiscal et social avantageux. A chaque décision d’augmentation ou tous les trois ans si la participation des salariés au capital est inférieure à 3%, l’AG doit se prononcer sur un projet de résolution tendant à une augmentation de capital au profit des salariés.

3.2) Distribution gratuite d’actions

Prévue [7] pour les sociétés ayant distribué au moins deux dividendes dans les cinq dernières années, cette distribution suppose une augmentation de capital au profit des salariés (toujours dans la limite de 3%) et pour ne pas trop léser les anciens actionnaires, l’Etat paie la valeur des titres à concurrence de 65%.

Ce sont les salariés ayant deux ans d’ancienneté et ressortissants de l’Union européenne qui en bénéficient.

Les actions distribuées comportent droit de vote et droit aux dividendes. Elles sont indisponibles pendant un délai de 3 à 5 ans.

Peu de sociétés ont profité de cette faculté, alors qu’elle leur ouvre une créance sur le Trésor, portant intérêt, remboursable en dix ans, ce qui est très avantageux. Certains s’interrogent toutefois sur l’opportunité d’une politique sociale consistant à « faire aux frais du contribuable des cadeaux non désirés aux salariés » [8].

4) L’épargne salariale [9]

Les plans d’épargne d’entreprise (PEE) sont un système collectif et facultatif d’épargne donnant aux salariés la possibilité de participer à la constitution de portefeuilles de valeurs mobilières. C’est aussi un système de gestion de l’épargne salariale par l’entreprise elle-même.

Il exprime autant une recherche de prévoyance collective - épargne en vue de la retraite par exemple - qu’une volonté d’association des salariés au profit.

Le PEE recueille les sommes dues au salarié au titre de la participation ou de l’intéressement, celles provenant de l’épargne volontaire individuelle du salarié (maximum un quart de sa rémunération annuelle), ainsi que l’éventuelle contribution supplémentaire de l’entreprise [10] (abondement) déductible des bénéfices, exemptée d’impôt sur le revenu et de cotisation de sécurité sociale (sauf CSG et CRDS). De même, les plus-values et revenus échappent à l’impôt sur le revenu mais restent soumis à la CSG et la CRDS.

Le plan qui est géré par l’entreprise ou par un organisme spécialisé, consiste en un placement des sommes en parts de SICAV, fonds commun de placement diversifié ou actions de l’entreprise. Les revenus de ce portefeuille collectif sont exonérés d’impôt sur le revenu s’ils sont réinvestis. Le capital acquis pour le compte des salariés est indisponible pendant 5 ans.

L’accord collectif n’est pas nécessaire et le PPE peut résulter d’une décision unilatérale de la direction. Tous les salariés doivent pouvoir y participer sur un pied d’égalité, peu importe leur performance individuelle ou leur position dans la hiérarchie des salaires.

Depuis les lois du 19 février 2001 et du 21 août 2003, l’épargne salariale se développe de trois manières :

- les petites entreprises peuvent créer entre elles des plans d’épargne interentreprises, certains mandataires sociaux peuvent en bénéficier ainsi que les travailleurs précaires ;

- l’épargne à long terme est favorisée avec le plan d’épargne pour la retraite collectif (PERCO [11]) qui immobilise l’épargne sur 10 ans (au lieu de 5) avec en contrepartie des dégrèvements sociaux et fiscaux plus importants et un abondement par l’entreprise jusqu’à 4 600 euros. Si la retraite par capitalisation (fonds de pension) se développe, ce sera par le biais de cette variété de plans d’épargne d’entreprise ;

- l’épargne tout au long de la vie est encouragée par la possibilité de transfert d’une entreprise à une autre des droits individuels acquis par le salarié, répertoriés dans un livret d’épargne salariale qui lui est remis.

Une partie des syndicats est hostile à ce développement de l’épargne salariale, par crainte qu’il n’affaiblisse davantage la protection sociale par répartition au profit de la capitalisation. Néanmoins, les CGT, CFDT, CGC, CFTC ont créé en 2002 un comité intersyndical de l’épargne salariale qui délivre des labels syndicaux aux opérateurs financiers.

Le livret d’épargne, l’immobilier et les contrats d’assurances-vie demeurent les placements les plus privilégiés par les Français, loin devant l’épargne salariale dont bénéficient 4,6 millions de Français.

II - La participation à la gestion

Le droit social et le droit des sociétés prévoient différentes instances et procédures par lesquelles les salariés peuvent intervenir, directement ou par leurs représentants, dans les grands choix stratégiques de leur entreprise, en particulier à travers les attributions économiques du comité d’entreprise et des possibilités de participation à la gestion et aux décisions via les conseils d’administration.

1) Le rôle du comité d’entreprise

Obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés, il assure « l’expression collective des salariés » et la « prise en compte permanente de leurs intérêts » [12]. Le CE est autonome de l’entreprise et détient un pouvoir exclusivement consultatif. Il n’a ni pouvoir de cogestion, ni pouvoir de négociation.

Il est informé et consulté sur les décisions et projets concernant la gestion et la stratégie économique, les questions de recrutement, les mesures menaçant les effectifs, l’aménagement et la durée du travail, l’élaboration du règlement intérieur, les congés, les conditions de travail, l’épargne salariale, la formation, la rémunération et la prévoyance, les difficultés des entreprises (licenciements, restructurations), les transferts, fusions, scissions, cessions, concentrations. Plus généralement, il est consulté avant toute modification importante des structures de production ou de l’organisation économique et juridique de l’entreprise.

Il détient en outre le pouvoir de recourir à des expertises et audits indépendants pour s’informer ainsi qu’un droit d’alerte pour prévenir des difficultés.

2) La présence de salariés dans les organes de décision

Prévue dans le préambule de la Constitution, la participation aux décisions a été jusqu’ici sacrifiée à la participation aux résultats de l’entreprise. La présence de salariés dans les organes de la société de capitaux (SA, SARL) acceptée en Allemagne, inconnue en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, reste embryonnaire en France.

Cette participation facultative au conseil d’administration s’organise de la façon suivante [13] : lorsque les salariés détiennent plus de 5% du capital de la société, l’assemblée générale extraordinaire doit décider si une clause des statuts doit être modifiée pour faire entrer un ou deux administrateurs salariés au conseil d’administration. Les administrateurs salariés sont élus par les actionnaires salariés.

III - Les objectifs de la loi du 30 décembre 2006 sur le développement de la participation et de l’actionnariat

1) Création d’un « dividende du travail » que les entreprises peuvent verser à leurs salariés et qui pourra prendre la forme d’un supplément de participation, d’intéressement ou d’une distribution collective d’actions gratuites.

2) Instauration de la possibilité d’un intéressement pour un projet déterminé.

3) Généralisation des plans d’épargne entreprise (PEE) dans les entreprises qui disposent d’un accord de participation.

4) Encouragement à la diffusion dans les PME des dispositifs de participation en prévoyant une obligation pour les branches de négocier des accords cadres dans les trois ans.

5) Lorsque les salariés possèdent plus de 3% du capital d’une société cotée en bourse, la désignation d’administrateurs actionnaires salariés par l’assemblée générale.

6) Création d’un nouveau type d’actions gratuites qui bénéficie à tous les salariés d’une entreprise.

7) Elle permet que les fonds communs de placement d’entreprises (FCPE) nouent des pactes d’actionnaires dans les entreprises non cotées en bourse et crée un nouveau type de FCPE destiné à la reprise de l’entreprise par ses salariés : un avantage fiscal sous forme de crédit d’impôt lui est associé.

LES MECANISMES PARTICIPATIFS A L’ETRANGER

Nos systèmes de participation et d’intéressement apparaissent beaucoup plus proches des régimes anglais et américains que de ceux d’Europe continentale. Cependant, le système français de participation se distingue des dispositifs anglo-saxons par son caractère obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés et par la définition législative de son mode de calcul.

L’examen des principaux systèmes européens et américains [14] permettant aux salariés de participer au capital ou aux bénéfices de l’entreprise, met en évidence que le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont multiplié les systèmes de participation financière depuis les années 70, tandis que la participation financière demeure peu développée en Europe continentale.

1) Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis

Il existe dans ces deux pays plusieurs formules de participation des salariés aux bénéfices et au capital de l’entreprise qui les emploie : partage du profit avec paiement en actions ou en numéraire, plans d’actionnariat collectifs, plans d’options sur actions... Toutefois, comme aucun des systèmes de participation n’est obligatoire, les entreprises demeurent libres de les instituer ou non. De plus, le mode de calcul des primes d’intéressement ou de participation n’étant pas fixé au niveau national, les employeurs disposent d’une liberté certaine.

Les différents régimes créés par l’entreprise ne bénéficient d’un traitement fiscal favorable que dans la mesure où ils respectent certains critères : durée minimale de détention des actions ou des primes d’intéressement, plafonnement des sommes attribuées, mode de calcul identique des primes pour tous les salariés...

Par ailleurs, aux Etats-Unis, la participation financière des salariés constitue plus un dispositif d’épargne en vue de la retraite qu’un mécanisme de rémunération. En effet, la plupart des systèmes de participation offrent une possibilité de report d’imposition jusqu’à l’âge de la retraite, car l’imposition est différée dans la mesure où les sommes distribuées et les produits financiers associés ne sont pas perçus. Dans le cas contraire, le salarié paie non seulement l’impôt dû, mais également une taxe complémentaire, à moins qu’il ne se trouve dans une situation (maladie, licenciement...) justifiant un versement anticipé.

Actuellement, 10% du capital des sociétés américaines appartiennent à leurs salariés et anciens salariés et ces derniers sont même majoritaires dans le capital d’environ 2 500 sociétés.

2) En Belgique

Devant l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède, c’est la Belgique qui a fait le plus d’efforts pour développer la participation financière depuis le début des années 80, notamment avec la loi du 28 décembre 1983, dite loi Monory bis, qui cherche à inciter les salariés à acheter des parts sociales de leur entreprise. Une déduction fiscale annuelle de 22 000 BEF (environ 3 300 FRF) leur est en effet offerte, à condition qu’ils conservent leurs parts pendant au moins cinq ans. Par ailleurs, la loi du 18 juillet 1991 permet aux sociétés qui ont distribué à deux reprises au moins des dividendes au cours des trois dernières années d’émettre des actions réservées aux membres du personnel. Les actions sont proposées avec une décote maximale de 20%.

PROPOSITION POUR « L’ACTIONNARIAT POPULAIRE UNIVERSEL »

Dans la guerre économique qui se déroule sous nos yeux, certains économistes comme Jacques Marseille en appellent au « patriotisme économique du peuple » à travers son épargne, qui est considérable, « plutôt que de s’indigner de l’appétit des fonds de pension étrangers qui viendraient égorger nos fils et nos compagnes » [18]. Il estime que si les Français convertissaient en actions cotées la moitié de leur patrimoine en assurances-vie (900 milliards d’euros), ils pourraient contrôler la quasi-totalité des entreprises du CAC 40, « OPA amicale d’une ampleur sans pareille ». Rappelant que malgré l’énorme krach de 2000/2001, 1 000 euros placés en 1991 sur l’un des fonds de pension français les plus performants auraient fait « des petits » jusqu’à 6 000 euros, il conclut que « tel est le vrai ’patriotisme économique’, non pas celui des stratèges de cabinets et des stratégies de tranchées mais celui d’un projet résolument national, non pas nationaliste, mais réellement patriote ».

1) Pourquoi développer l’actionnariat-salarié ?

Depuis 30 ans, le rendement moyen des actions est de 3 à 4% par an hors inflation. Les salaires, eux, ont progressé de 2% par an. Les actions font donc mieux que les salaires mais ne donnent pas droit à une retraite : l’idéal est donc d’être à la fois salarié et actionnaire. D’ailleurs, l’indice boursier de l’actionnariat salarié (IAS) fait apparaître le rendement exceptionnel de ces valeurs : 10,69% par an depuis 1990 [19].

Or, aujourd’hui 8% seulement des salariés français sont actionnaires de leur entreprise (1,6 million sur environ 20 millions de salariés).

Les avantages de l’actionnariat salarié :

- il permet de développer un état d’esprit d’entrepreneur en dépassant les vieilles divisions capital/travail ;
- d’ouvrir aux salariés une part de la valeur créée par l’entreprise (dividendes, intéressement, plus-value des actions, stock-options) ;
- de concilier l’intérêt des salariés et celui de l’entreprise moderne confrontée à la compétition mondiale ;
- de conforter un actionnariat par nature fidèle et stable ;
- de rendre les entreprises françaises moins vulnérables aux appétits étrangers ;
- d’intéresser les salariés à la gestion patrimoniale.

2) Les contours d’un véritable « actionnariat populaire universel »

L’idée dépasse dans son ambition celle de toutes les propositions législatives émises jusqu’à présent. L’objectif, contenu dans le terme « universel » viserait à ce que chaque salarié devienne actionnaire de son entreprise, principe qui pourrait concerner toutes les entreprises, privées comme publiques, soit 20 millions de salariés. Il s’agit d’obtenir de toutes les entreprises françaises publiques et privées qui réalisent des bénéfices, qu’elles aient ouvert, en cinq ans, au minimum 20% de leur capital à leurs salariés et retraités français ou ressortissants de l’Union européenne [20]. L’actionnariat universel pourrait être mis en place au moyen d’une augmentation de capital, actions ou parts sociales au profit des salariés gratuitement [21] ou à tarif préférentiel. Ensuite et sauf les supprimer complètement, chaque institution de stock-options par l’assemblée générale devrait alors concerner tous les salariés. Les actions ou parts seraient obligatoirement bloquées pendant 5 ans sur un plan d’épargne d’entreprise (ou interentreprises pour les PME et TPE, ou sa variante plan d’épargne pour la retraite collective). Elles pourraient être libérées exceptionnellement en cas de démission, licenciement, retraite, acquisition de la résidence principale, mariage, naissance du 3e enfant, 18 ans, etc. On y assortirait les encouragements fiscaux et sociaux habituels pour l’entreprise et le salarié. Enfin, ces salariés seraient pleinement actionnaires, c’est-à-dire qu’ils désigneraient des représentants ayant droit de vote (ce qui suppose qu’ils se regroupent en associations) dans les AG des SARL, les conseils d’administration et conseils de surveillance des S.A, et naturellement droit aux dividendes.

CONCLUSION : « RENONCER AU RENCONCEMENT »

La France montrerait ainsi le chemin pour sortir des idéologies absurdes autant qu’archaïques qui opposent stérilement le capital au travail, là où notre économie a besoin d’un libéralisme responsable et qui profite à tous. En protégeant le travail des OPA et des délocalisations, le patriotisme d’entreprise généralisé aux 20 millions de salariés français, offrirait à chacun les moyens d’être associé à la marche de nos entreprises, aux résultats qu’elles obtiennent et aux services qu’elles rendent à la communauté nationale. Au-delà d’une telle révolution et des réformes associées, telle la sortie des 35 heures obligatoires, la restitution aux Français de leur pouvoir d’achat et de vraies marges de croissance suppose une autre rupture, bien plus importante encore. Celle qui mettrait fin à ce que l’économiste libéral Jean-Jacques Rosa a appelé « l’erreur européenne », en particulier l’euro qui n’a tenu aucune de ses promesses, « la plus grave erreur économique commise depuis la politique déflationniste qui a transformé la crise boursière de 1929 en décennie tragique » [22]. Mais malgré toute l’énergie et l’audace affichées par le président et son équipe gouvernementale, tous, Parti socialiste compris, semblent résignés à continuer l’Union-européenne-telle-qu’elle-est, jusqu’à l’absurde, en ramenant par la fenêtre parlementaire la Constitution Giscard mise à la porte par référendum. Pour enfin « renoncer au renoncement », la France devra donc attendre encore un peu. Attendre qu’accèdent au pouvoir des hommes et des femmes totalement libérés des idéologies du siècle dernier. La prochaine génération... peut-être.

Christophe BEAUDOUIN

Notes

[1] « Faudra-t-il donc que nous demeurions dans cet état de malaise ruineux et exaspérant où les hommes qui travaillent ensemble à une même tâche opposent organiquement leurs intérêts et leurs sentiments ? Sommes-nous condamnés à osciller toujours douloureusement entre un système en vertu duquel les travailleurs seraient de simples instruments dans l’entreprise dont ils font partie et un autre qui écraserait tous et chacun, corps et âme, dans une odieuse machinerie totalitaire et bureaucratique ? Non ! La solution humaine, française, pratique de cette question qui domine tout n’est ni dans cet abaissement des uns, ni dans cette servitude de tous. Elle est dans l’association digne et féconde de ceux qui mettraient en commun, à l’intérieur d’une même entreprise, soit leur travail, soit leur technique, soit leurs biens, et qui devraient s’en partager, à visage découvert et en honnêtes actionnaires, les bénéfices et les risques. Certes, ce n’est pas cette voie que préconisent, ni ceux qui ne veulent pas reconnaître que rehausser la dignité de l’homme c’est non seulement un devoir moral mais encore une condition du rendement, ni ceux qui conçoivent l’avenir sous la forme d’une termitière. Mais quoi ? C’est la voie de la concorde et de la justice fructifiant dans la liberté ! » (Général de Gaulle, Strasbourg, 7 avril 1947)

« II ne faut pas cacher son drapeau. A l’occasion des investissements industriels, on organise la participation des travailleurs à l’autofinancement. Ce n’est quand même pas la lune ! Ça ne va pas chercher très loin ! Ça n’est pas colossal ! » (16 février 1966, cité par Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, p. 79)

« Les syndicats exploitent la lutte des classes. Nous voulons dépasser la lutte des classes. La lutte des classes a le salaire pour enjeu ; elle y trouve un objet commode de contestation. Nous voulons un enjeu qui intéresse à la fois le capital et le travail : c’est l’investissement. » (12 juillet 1967, cité par Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, p. 240)

[2] Loi du 25 juillet 1994 (art L.227-1)

[3] Selon le Conseil supérieur de la participation, 35% de ces entreprises ne respectent pas l’obligation légale. Et seulement 1% des entreprises de 1 à 9 et 5% des entreprises de 10 à 50 la pratiquent facultativement.

[4] Un minimum d’ancienneté peut être exigé, sans pouvoir être supérieur à 6 mois.

[5] Ils seraient environ 1,6 million d’actionnaires salariés sur les 3,6 millions d’actionnaires personnes physiques, selon le sénateur Philippe Marini (séance du 18 mars 2003, projet de loi sur la sécurité financière).

[6] Exemple : un salarié reçoit une option à 150 €. Le jour de la levée d’option, le cours du jour est à 170 €. Il revend l’action 190 €. L’écart entre 150 € et 170 € sera taxé à 40%, celui entre 170 € et 190 € à 26%.

[7] Loi du 24 octobre 1980 renforcée par la loi du 19 février 2001.

[8] Pélissier, Supiot, Jeammaud, Droit du travail, précis Dalloz, p.1172.

[9] Art L.443-1 et sq du code du travail.

[10] Dans la limite du triple du versement des salariés et jusqu’à 2 300 € ou 3 430 € si le plan est investi en actions de l’entreprise.

[11] Au 1/01/2005, 73 millions d’euros ont été placés dans les PERCO. Celui mis en place en 2004 par le groupe CARREFOUR a été souscrit par 15 000 salariés.

[12] Art L. 431-4 et 5

[13] Loi du 25 juillet 1994

[14] Source : Synthèse d’une note du service des affaires européennes du Sénat, septembre 1999.

[15] L’imposition des bénéficiaires serait reportée au jour de la revente des actions ; la plus-value d’acquisition imposée au taux de 30% et la plus-value de cession au taux de 16%. Les cotisations sociales s’appliqueraient dans les conditions de droit commun. Aucune cotisation sociale ne serait en revanche perçue au titre des attributions faites de manière inconditionnelle et irrévocable.

[17] "Je propose la suppression des stock-options. Je ne vois pas pourquoi les grandes multinationales feraient un sort différent à leurs dirigeants que les PME. C’est très injuste pour les patrons des PME. Il y a en France deux économies : l’économie des PME, assise sur la logique des hommes, de l’entreprenariat et de l’investissement, et l’économie du CAC 40, où le capital prospère à la bourse et le travail part en Chine, où l’on n’investit plus, puisqu’il faut payer les actionnaires. Ou bien l’on est propriétaire de l’entreprise, ou bien il y a un salaire, mais il doit y avoir une éthique de proportionnalité entre la responsabilité et la rémunération. L’actionnariat universel : permettre à tous les Français de devenir actionnaires, et donc propriétaires de leur entreprise." Philippe de Villiers, président du MPF (Marianne, du 24 au 30 juin 2006).

[18] "Il est assez paradoxal de constater que le pays qui a le taux d’épargne le plus élevé est aussi celui dont les entreprises cotées sont les plus ouvertes au capital étranger. Ce n’est pas la Caisse des dépôts et consignations, dont le portefeuille d’actions avoisine 30 milliards d’euros, qui sauvera les entreprises françaises mais les centaines de milliards d’euros ’oisifs’ que détiennent les Français." Jacques Marseille, Allons enfants de la patrie

[19] L’IAS mesure la performance boursière des sociétés dotées d’un actionnariat salarié significatif. Source : Cabinet Hewitt, www.actionnariat-salarie.com

[20] Rappelons que c’est le cas aux Etats-Unis où ils sont même majoritaires dans 2 500 sociétés.

[21] Ex : par distribution gratuite d’actions sur le mode de la loi de 1980 où l’Etat paie la valeur des titres à concurrence de 65%.

[22] Jean-Jacques Rosa, L’Erreur européenne, Grasset, 1998.


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13 réactions à cet article    


  • Brif 10 janvier 2008 10:57

    Merci pour cette synthèse. Le problème est encore une fois la complexité démeusurée de toutes ces possibiltés, ce qui est « prouvé » par la longueur de votre article pas facile à lire... Motiver les salariés en les rendants co-responsable de la marche des affaires, c’est bien. Mais dans les TPE, où déjà on a du mal à respecter les « basiques » obligatoires (ne pas oublier les charges sociales tous les trimestres, la TVA, les éléments variables des salaires en fin de mois, etc.), alors comment gérer un pareil système ? Une TPE n’a pas concrètement les moyens de lancer un tel système. Ni DRH, ni directeur financier, donc c’est encore au patron de se cogner le boulot, avec interdiction de se tromper. Mais il reste un créneau horaire disponible après 23h le soir ! Nous aurons fait un véritable progrès quand nous aurons un seul système, unique, facile à comprendre, à mettre en place, et à suivre. Tant que ce système ne tiendra pas sur une unique page A4, c’est qu’il est trop long et trop complexe.


    • Internaute Internaute 10 janvier 2008 14:18

      Les fonctionnaires ne savent que produire des systèmes compliqués à souhait, sensés ménager la chèvre, le choux et son contraire. Le système actuel de la participation emmerde tout le monde et n’a jamais motivé personne.

      Le point de départ qui consiste à lier individuellement le salarié aux intérêts de son entreprise n’est pas le bon. L’attachement d’une personne à une entreprise ne peut être que le fruit de relations humaines privilégiées et non pas une question de répartition de gros sous régie par un député.

      Il serait beaucoup plus simple de libérer l’actionnariat dans sa généralité, les citoyens pouvant devenir actionaires de n’importe qu’elle société avec des avantages réels. Cela réconcilirait la nation avec ses entreprises. Il faut ouvrir aux particuliers les marchés financiers et cesser de les taxer comme des vaches à lait.

      Il n’est besoin pour cela que d’une seule mesure. Que l’actionnaire soit mis sur le même pied d’égalité que le banquier c’est à dire que le paiement des dividendes soit du côté des dépenses de l’entreprise comme l’est le paiment des intérêts au banquier et non pas du côté des recettes. Il n’y a aucune raison de favoriser les banquiers.

      Aujourd’hui lorsqu’une société gagne 100 euros, elle en paye 50 d’impôts et peut redistribuer le reste qui rentre alors dans le calcul du revenu où il encore taxé jusqu’à 50%. Dans le pire des cas, ce sont 75% qui sont partis en fumée. Lorsqu’une entreprise emprunte à une banque 100 euros, elle économise en impôts la moitié du montant des intérêts payés au banquier.

      Avec cette mesure, les entreprises auront intérêt a faire appel à l’épargne publique plutôt qu’a s’endetter. C’est tout le système économique du pays qui s’en trouverait assaini. Bien entendu, cela ne fera pas l’affaire des socialistes de tous les partis PS&UMP qui défendent la haute finance.


      • caramico 10 janvier 2008 14:34

        La bourse de Paris comme la plupart des bourses occidentales est aux ordres de celle de New-York.

        Pourquoi irais-je mettre mes billes dans un système dirigé par autrui ?

        Quand on a distribué les biens du clergé ou de la noblesse aux paysans, la production agricole a explosé. Mais c’était après une révolution.

        Nos gros fricqués du CAC40, pas plus que la noblesse et le clergé d’antan, ne lâcheront pas d’eux même le morceau.


        • gany 10 janvier 2008 15:05

          C’est plutot un catalogue de VRP indigeste assorti d’une propagande grotesque style "capital nous voila, nous les petits porteurs "plutot qu’une synthèse.

          L’actionnariat salarié une vieille lune des dominants/communicants pour mieux piller les petits.

          En vertu du viel adage de businessman qui dit qu’il faut mieux faire 1000 fois un dollar que une fois 1000 dollars. (Ou les petits ruisseaux font les grandes rivières.) Les petits malins font des efforts titanesques pour capter le trésor endormi des petits salariés, chomeurs et retraités en les transformant en égaux des grands de ce monde ; possesseurs d’un portefeuille, fut il, pourri.

          C’est un truc ,comme le précise Brif, qui ne concerne que les salariés des grosses boites ( 3 % des salariés ) et inapplicable faute de moyens pour les PME et TPE.

          Mais, imaginons que ce machin génial se généralise dans ce secteur,imaginons un service public ad hoc des participations et transferts pour ne pas dire de privatisation car c’est un gros mot sous Jospin mais sous une droite décomplexée on chante tous en coeur avec le "Maréchal Sarko" "Capital nous voila") Un chef d’entreprise se laisserait -il déposseder de son entreprise par son ouvrier ayant lançé légalement une OPA ? Car actionnaire veut dire en droit des affaires prise de participation au prorata du capital détenu et bien d’autres astuces que seuls quelques avocats spécialisés maitrisent. "Melle Marie-Christine Etaitoi"’ du service comptable est elle devenue une redoutable femme d’affaire convoitant un pacte d’actionnaire pour acheter l’entreprise de M. Pluvalu ?. Si l’actionnariat pour gogos est en veine au gré des idéologies et des éclatements de bulles spéculatives passées, c’est uniquement pour capter le reliquat de bas de laine des Français qui n’ont pas encore été échaudés ou qui ont épongés l’achat (ou la revente ) de leurs VIvendi, France Telecom, Euros Tunnels etc....Le pouvoir et les "tubards" (délit d’initié dans le jargon des Golden Boys") ne se partage qu’entre gens initiés. Les miettes pour la piétaille et la part du lion pour le "réseau".C’est comme ça depuis la nuit des temps ,mon kiki , et c’est pas "Sarko le partageux" dans le discours qui va niveler des revenus exponentiels qui montent indécemment jusqu’à la stratosphère.Il y a meme des montages financiers tres astucieux et légaux (LBO Leverage By Out) (effet de levier , on gonfle artificiellement une entreprise en la démantelant, on se rince en stock option et on vend avant la chute finale )Idéal pour essorer des entreprises prospères . Apres le passage de quelques requins qui trempent dans "le montage" il ne reste qu’un plan de licenciement. Noel Forgeard, le bon patron débonnaire, a vendu simplement à temps ses stocks options dans un élan "patriotique"bétonnant son patrimoine perso pour des générations et laissant à Airbus un superbe plan power 8. Et il n’est pas le seul patron connu à avoir bénéficié de cet interessement. Beaucoup de stars du cac 40 se délèctent de ces stocks options,au point que cela risque de plomber l’eternel plan de communication de "capital nous voila". Mais toute la presse étant aux mains de Lagardère et consorts, ils seraient prets "gratuitement" à diffuser des campagnes de vente d’actions pour gogos. Il s’est lui aussi largement gavé sur la bete Airbus alors un petit service aux copains qui renverront l’ascenceur...

          C’est de la participation de haut vol réservée à un entre soi bien convenu. Faut il généraliser une martinguale ? Vous connaissez des "joueurs" qui partagent leurs filons d’or ?.

          Mais il est vrai que l’AMF , (l’Autorité des Marchés Financiers), le gendarme de la bourse veille au grain avec l’efficacité d’un gardien de musée à l’heure de la sieste.

           

          Ce vieux serpent de mer, l’actionnariat-salarié, fait donc ses apparitions au gré du dernier jeune loup de la politique se drapant dans un passé glorieux Gaulliste , pour "interesser les Français " à la marche de leur entreprise.Balladur s’y est essayé sans trop de succès pensant comparer la gestion de son patrimoine avec celui du Français moyen. Des fois les grands de ce monde s’identifient avec "leurs gens" et ces derniers font de meme. Et c’est toute l’astuce car Robert du service magasin est devenu actionnaire , pensez donc ! Alors désormais appelez le "Sir Robert du Chief Executive Department of magasin SVP".

          Vu comme ça c’est du gagnant-gagnant. Comment ne l’avons nous pas exploité plus tot ce formidable réservoir d’enthousiasme et d’energie au service de l’entreprise ou tout le monde convole harmonieusement et lucrativement dans le management participatif ?

          C’est avant tout un formidable "levier managérial "pour muer une entreprise juteuse mais située dans le giron de l’Etat et la livrer aux appétits des Zinzins (leS InvestisseurS Institutionnels ou fonds de pensions)

          N’étant pas expert en la matière mais ayant subi ce changement dans une tres grande entreprise de télécommunication , je cite Milton Friedman, ayant conseillé Margaret Thatcher pour son programme de privatisations : "Quand vous voulez privatiser un service public, le meilleur moyen de faire gagner les opposants à votre projet est de distribuer des actions" . Stratégie d’une efficacité redoutable abondamment utilisée sous les règne de Miterrand et Chirac. Sarko finalise et peaufine le boulot. Il reste encore de grosses affaires bien juteuses ; l’éducation nationale, la justice et la police. De bons coups à venir, investisseurs, surveillez vos portefeuilles !.

          Devant un pouvoir d’achat se retreignant comme peau de chagrin les VRP des multinationales (nos hommes politiques) rivalisent de gadgets marketing débiles pour éviter d’aborder des sujets plus évident comme celui du partage de la valeur ajoutée ou simplement de primes au mérite.

          Comment presser le citron pour en extraire encore les dernières gouttes de jus et se gaver de plus belle et fin du fin avec le consentement de l’agrume ?

          Allez juste pour de rigoler :

          Le patron au salarié actionnaire : j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle :

          "Vos actions vont grimper, la masse salariale va diminuer ....mais du coup vous etes virés".

           


          • Mescalina Mescalina 10 janvier 2008 21:39

            Commentaire vide à la limite de l’enfantillage mais un "+" pour cette magnifique phrase :

            "Comment presser le citron pour en extraire encore les dernières gouttes de jus et se gaver de plus belle et fin du fin avec le consentement de l’agrume ?"

            J’adore !

             


          • Leekid 10 janvier 2008 22:18

            Chouette commentaire Gany, merci !


          • ddacoudre ddacoudre 12 janvier 2008 01:58

             

            Bonjour christophe.

            Quelques commentateurs ont été un peu secs, mais sur le fond ils ont raison.

            Le capitalisme signifie pleinement la recherche du profit, et le profit on ne le rétrocède que sous la contrainte ou si l’on trouve un intérêt de le redistribuer pour qu’il rapporte plus que s’il avait été en totalité conservé.

            si évolution il doit y avoir elle ne peut être que sociale, car les condition de gestion comptable de la richesse ne pousse qu’au capital. C’est pour cela que j’utilise le terme de "libéralisme capitalistique" pour le différencier du libéralisme économique dont le socialisme non communisant ne sait jamais départi même quand il a lutté contre le capitalisme. La confusion a toujours été entretenu au point que dans les nationalisations dont chaque français été propriétaire, on les en a déposséder pour les leurs vendre, je pense que si chaque français avaient disposé d’un titre de propriété même symbolique il en aurait été autrement.

            il est vrai que la notion de patrie incluant le patrimoine français administré par l’état (tu observe que je ne dit pas gérer) l’est au nom du peuple souverain auquel il appartient et qui concourent au mission qu’il se donne par l’impôt et les taxes. dans ce pays vous parler de l’état comme d’une personne qui disposerait du pouvoir monarchique que lui attribue l’électorat à épisode régulier.

             

            L’état ce n’est pas ce ne sont pas ceux qui nous représente, mais chacun des citoyens. et à se titre ils sont parfaitement en droit de considérer, que ceux qui ne dispose pas de propriété privé d’exploitation puisse commercer par l’intermédiaire de l’état nation ou patrie. Cela s’appelle les entreprises nationales et elles peuvent jouer à concurrence égale ou suivant leur destination sociale ne pas être soumise à concurrence ou demeurer un domaine réservé ou être à but non lucratif.

            je ne crois pas qu’il y ai dans la philosophie libérale qui veut que tout homme puisse commercer librement pou la recherche de son intérêt mieux que si l’état s"en chargé(il s’agissait pas de la république mais de la monarchie une distinction souvent passé sous silence par les capitalistes), n’interdise au citoyen dans un projet politique de commercer collectivement par les entreprises d’états.

            L’axiome libéral de Smith à tout de même montré ses limites, et la philosophie libérale qui rejette le pouvoir absolutiste ne préconise pas de le remplacer par le pouvoir capitaliste quel que soit sont moyen de profit.

            S’ils ont rejeté les rois et les notions d’état monarque, ce n’est pas pour tomber sous le couperet d’oligarchies financières, d’ou les lois anti trust qui ne semble qu’être un souvenir historique.

            Je pense qu’il ne faut pas confondre la nécessité de regrouper des capitaux pour réaliser des objectifs économiques et la rentabilité du capital qui en exploite les fins, c’est le genre de distinction qui n’est jamais faite, et dont tu soulignes quelques aspects en parlant des fonds de pensions, les fonds de pension exploitent des fins.

            Il me parait bien difficile de faire marier le salarié avec celui qui tire profit de son travail.

            Comme il me parait difficile de vouloir faire marier la démocratie avec l’entreprise qui est d’essence totalitaire et a donc généré ce qu’il est convenu d’appeler la gauche, sauf d’accepter de glisser vers un état totalitaire en le gérant comme une entreprise. La gestion entreprenariale est totalitariste c’est le "moi je" avec ou pas de CE ou tout autre organisme consultatif. L’entreprise est monarchisante, le libéralisme n’a jamais dit qu’en commerçant chacun devait être le roi (ce que l’on appelle le fait du prince).

            Pour autant ton idée n’est pas sotte du tout, mais ce n’est pas par la distribution des profits que cela se fera. Regarde Ford il avait comprit qu’en en distribuant une parti de ses profits en salaire à son personnel, ses ouvriers en retour achèteraient ses voitures et qu’il s’en enrichirait un peut plus.

            L’argent circule et les sommes distribuées par les uns sous toutes ses formes redeviennent le chiffre d’affaires des autres et formes leurs profits. Nos difficultés ne proviennent pas de l’incompétence des uns et des autres, ni de l’absence de désirs d’achats, mais (en dehors du problème des ressources et de la pollution) des masses monétaires disponibles en recherche de taux usuriers ou de rentes et d’un capitalisme sauvage qui s’exerce dans les NPI et qui rebondi chez nous, car nous avons été incapable de leur proposer un niveau social, que n’ignoraient pas les investisseurs étranger qui s’y sont installés, et qui en bon capitalistes, et non libéraux, en exploitent les peuples nous renvoient leur conditions sociales concurrencer les nôtres que l’on nous invite de réduire, sous peine de délocalisation.

            Il y a une chose que je partage avec toi c’est que l’entreprise est un merveilleux outil qu’il faut sauvegarder.

            Mais il faut changer les règles comptables qui définissent la richesse car le travail qui en est une ne peut et ne doit pas figurer dans la colonne des charges (cette notion est attaché au louage de la force de travail) car c’est lui l’acteur essentiel qu’il soit exécuté par un petit artisan ou les employés d’une multinationale. Y redonner sa place comptable serait de nature à bouleverser les comptes et les comportements plus sûrement que les discours poisseux vichyssois de vouloir remettre la France au travail.

            Ensuite pour faire un changement de civilisation autre que celui guignolesque présenté par le président, il faut avoir en tête les évolutions marquantes de la relation travail capital.

            Nous sommes sorti de l’esclavagisme sociologique (Grèce), pour passer au servage (exclusion de l’épisode de l’esclavagisme noir), puis sujet du pouvoir monarchique, puis journalier sous la révolution avant de devenir contractuellement loueur de notre force de travail, pour ceux dont les bras étaient la seule propriété privée, en 1804. Plus de 200 ans que nos sommes sous cette relation et c’est la transformation de cette relation qui constituera un changement.

            Cela demande de constater qu’il ne faut pas réduire la capacité d’initiative des hommes dans le désirs d’entreprendre, cela exige une disponibilité financière et un capital intellectuel et il est normal que l’acteur de l’initiative en demeure propriétaire et en reçoive ce qui lui revient.

            Mais quand cet acteur pour parvenir à ses fins doit demander l’aide d’un tiers le dédommagement de ses services est une spoliation de sa capacité productrice, et c’est celle-ci qu’il faut traduire en capital pour qu’elle s’ajoute à celui de l’acteur initial. L’on passe donc à une autre notion qui est celle de partenariat et donc à d’autres relation du travail/capital, car le capital qui tire profit du travail d’autrui bénéficie à ceux qui le produisent à hauteur de ce qu’ils ont investi.

            Certes c’est un peu plus compliqué à mettre en oeuvre, surtout dans l’esprit arbitraire qui sévit, car alors l’on aurait réalisé à peu prés la philosophie libérale que chacun peut commercer librement, plutôt que d’entendre que chacun doit savoir se vendre pour trouver un boulot, ce qui nous ramène à l’esclavagisme noir, car la notion en vigueur depuis 1804 et louer. L’on voit donc que le glissement sémantique n’est pas une preuve de progrès, mais bien d’aliénation que réimplante le marketing.

            D’une autre manière :

            Nous pouvons convenir que lorsqu’un particulier prend l’initiative d’un investissement créatif, il est normal qu’il dispose des revenus et profits de ce dont il est le propriétaire.

            Mais lorsque son projet doit utiliser l’aide de tiers, alors c’est lui qui est demandeur ; et c’est une évidence que de comprendre que sans ces aides, il ne parviendrait pas à ses fins.

            De fait une collaboration s’impose, et si le propriétaire veut être le maître absolu de ses décisions, s’il veut disposer du fait du prince, alors il doit rester seul. Dans tous les autres cas il y a une collaboration à imaginer pour que le propriétaire conserve les profits de son investissement et atteigne ses buts, sans s’approprier ceux générés par les tiers.

             

            Qu’il y ait des hommes riches, à ne plus savoir que faire de leur richesse, n’est pas gênant.

            Ce qui l’est, c’est que nous pensions qu’ils doivent se défaire de leur richesse pour que d’autres puissent l’être, et ce faisant nous contribuons au maintien de leur richesse, car nous avons créé un processus où ils récupèrent ce qui leur a été pris, et parfois plus.

            Ce qui l’est, c’est qu’étant riche ils se croient investi du droit « divin » qu’offre la monnaie, d’un pouvoir de décision sur la vie des autres.

            Ce qui l’est, c’est qu’il y en ait qui soient démunis par le simple fait qu’à un moment ou à un autre de leur existence, ils se trouvent écartés de cette richesse. Ceci, parce qu’un système normatif et régulateur (le plan comptable), conduit à se passer du prix de la force du travail humain. Cela, parce qu’à un moment de cette comptabilisation nous interprétons notre force de travail comme un coût, alors qu’elle en est la richesse, et ce, pour deux raisons.

            L’une, parce qu’elle s’ajoute au capital et qu’il conviendrait donc de déterminer un facteur comptable qui la définisse, afin que cette force de travail figure en apport de capital.

            Alors que dans notre logique, ou dans ce qui est admis comme tel, nous croyons que nous payons par le revenu notre force de travail, mais en fait nous ne rémunérons que notre capacité de consommer, (c’est à dire, seulement le désir de posséder un bien en échange d’un autre et réciproquement).

            Ainsi, toutes les discussions autour de la rémunération de la force de travail ne sont que « du vent », sauf si nous nous décidons à la comptabiliser en Énergie, puisque cela nous est techniquement possible, contrairement au siècle dernier.

            L’autre raison tenant à ce que notre force de travail consomme et utilise ce que produit le capital, y compris le capital lui-même, qui concourt au développement et à l’accroissement des capacités de cette force de travail (machines-outils, études) ou à son remplacement (robotique). Ainsi, sans remettre en question le capital, celui-ci se verrait accru de l’apport de celui de chaque individu, et nous sortirions de cette forme de mendicité que sont les participations en tous genres, car en plus de trente ans d’expériences, il n’y a bien que les employeurs qui y croient.

            J’espère que mon commentaire ajoutera quelque chose à ta réflexion.

            Cordialement.


            • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 12 janvier 2008 16:57

              La question n’est pas seulement celle de la participation financière des salariés aux bénéfices de l’entreprise (sous quelle que forme que ce soit) mais celle de la participation aux instances de direction des entreprises comme en Allemagne via les conseils de surveillance ; cette dernière participation est , en effet, indissociable de la première, si l’on veut établir des relations de confiance et de coopération (même conflictuelle) que celle-ci suppose

              Mais il faut savoir que cela comporte aussi le risque de corruption des représentants des salariés comme on l’a vu chez Mannesman, WV, ect ...Risque contre lequel des structures de contrôle par les salariés doivent être mises en place.

              La question principale est celle du pouvoir, car elle commande celle du sens de la responsabilité des salariés et des dirigeants (répondre des décisions prises dans l’intérêt réciproque et différent des acteurs)


              • snoopy86 12 janvier 2008 17:17

                @ sylvain

                En France aussi les représentants des salariés participent aux conseils d’administration des entreprises depuis 1987


              • snoopy86 12 janvier 2008 17:26

                lire au conseil d’administration de nombreuses entreprises


              • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 12 janvier 2008 17:38

                Pas d’une manière "paritaire" et surtout pas partout loin de là ; c’est une possibilité pas une obligation comme en Allemagne dans les grandes entreprises ; enfin le conseil de surveillance (der Aufsichtsrat), en Allemagne, n’est pas le conseil d’administration, il a une fonction de direction dans la marche quotidienne de l’entreprise...Il donne même son avis sur les embauches et peut faire obstacle ou non à des licenciements via le conseil d’entreprise (Der Betriebsrat) au pouvoir délibératif et non pas seulement consultatif.

                C’est ce qu’on appelle la cogestion (die Mitbestimmung), laquelle oblige à la recherche d’un compromis consensuel pour prendre des décisions ; on en est très loin en France...


              • ddacoudre ddacoudre 13 janvier 2008 01:06

                 

                 

                Bonjour sylvain

                 

                Très juste ton appréciation. Pour autant la cogestion ou même la participation active des salariés aux décisions dans le conseil d’administration, même en retenant l’idée où ils y seraient majoritaires, ne changerait pas la finalité de l’activité d’une entreprise qui est vu comme un outil fait pour en retirer de l’argent.

                Car sans nier que l’homme à toujours passé une grande partie de son existence à trouver des sources nourricières, la transposition de cette nourriture dans sa forme monétaire, conduit au même comportement que le singe qui ne s’écarte pas de l’arbre qui le nourri et qui ignore qu’il peut y avoir de la nourriture ailleurs.

                C’est ainsi qu’il ne fera le déplacement pour aller voir ailleurs que si une raison impérieuse l’y pousse, car la raison ne suffit pas à imaginer ce que l’on ignore, c’est pour cela que dans la poursuite d’un but surgissent toujours des événements inattendus. Même dans le cas de l’autogestion, si l’idée avait poursuivit son chemin, plutôt que de mourir avec Lip, le problème de la rémunération aurait demeuré, qu’il soit sous forme de salaires où de dividendes.

                L’entreprise n’est pas la finalité humaine, que nous ignorons par ailleurs, ce qui est une chance et nous permet donc à tous moments de la réorienter en posant des débat d’idées.

                Même si l’entreprise occupe une place importante dans la production de notre nourriture et l’aménagement de la disponibilité du temps libre qu’elle dégage, elles n’a pas pour fonction de créer des emplois, ni de produire de la monnaie.

                Que nos sens innés y trouvent leurs expressions est une évidence, le singe campe au pied de son arbre et nous au pied de nos entreprises, sauf que nous disposons d’une capacité de réflexion supérieure qui ne peut pas se traduire et se réduire seulement dans la production d’outils à produire.

                Il ne s’agit donc pas de dissocier la fonction de subsistance et la fonction sociale, mais de considérer que pour avoir de la monnaie il peut exister d’autres paradigmes que la seule production de biens, dont le marketing correspond à l’engrais qu’apporte sans cesse l’agriculteur pour transformer son produit en monnaie et non pour nourrir ses semblables, au bout du compte il fini par épuiser sa terre, produire toujours plus et polluer son univers.

                Alors que cette décision soit prise par un patron souverain ou un conseil de salariés, s’il en découle le même résultat, l’association salaria/capital ne reste qu’une démocratisation de la décision qui ne fera pas disparaître la comptabilisation du travail comme un coût.

                 D’une autre forme de comptabilisation du travail s’en suivrait une réorganisation qui trouverait à sont tour ses limites si elle restait construite sur la seule base de l’utilisation des matières premières. Sous quelque aspect que l’on tourne, ou rationalise nos relations économiques, elles ne peuvent faire l’économie d’une philosophie de vie.

                Et si il y a une activité qui n’en possède pas c’est bien le capitalisme, d’où le paradoxe de le choisir pour diriger notre existence, et encore plus d’y associer ceux qu’il exploite.

                S’écarter de la recherche de l’exploitation n’emporte pas l’inefficacité, et si l’économie à besoin du « vices » des hommes comme le dit Albertini, quand on sait que le « vices » n’est qu’une définition sociale, l’on peut convenir que le savoir et le vice de l’intelligence et donc le rendre recherché.

                Cordialement.

                 

                 

                 


              • Asp Explorer Asp Explorer 14 janvier 2008 10:11

                Encore des vieilles lunes réactionnaires qui nous sont présentées comme des idées neuves. Il n’y a rien d’étonnant à ce que la valeur-travail soit scandée par les patrons et leur presse : c’est eux qui gagnent plus quand leurs employés travaillent plus. Mais nous ne vivons pas dans une société de production. Tout ce "travail plus", il produit plus, mais nos sociétés gavées jusqu’à plus soif sont incapables d’absorber toute cette production. D’où l’émergence de métiers inutiles, de consultants, de marketeurs et autres "services" dont l’unique but est de payer les gens à faire quelque chose. Le travail, de nos jours, sert (un peu) à produire, et (beaucoup) à occuper la population qui sans ça, s’occuperait de sujets qui ne la regarde pas, comme par exemple "mais pourquoi je suis au smic et pas mon patron".

                Et pour ce qui est de l’intéressement/participation/actionnariat, je vois bien dans mon entreprise que ces très menus avantages sont surtout le prétexte de la DRH pour ne pas augmenter les salaires fixes. Donc, à mesure que le temps passe, le pourcentage de variable augmente, au détriment du fixe. Et alors ? Eh bien alors je trouve un peu raide de devoir partager avec mon employeur - privé - la précarité inhérente à l’acivité d’une entreprise commerciale. Ce n’est pas la vocation d’un employé que d’assumer un risque. Et pour ce qui est de la "performance individuelle", si on peut espérer l’appliquer à un commercial, c’est plus compliqué de fixer des objectifs chiffrés à d’autres métiers, ou pour être précis, à tous les autres métiers. Alors, du coup, c’est "à la tête du client".

                Mais c’est sûr que quand on n’a jamais travaillé de sa vie, toutes ces considérations se perdent un peu dans le "les pauv’patrons y sont écrasés de charges et de règlements, y faut libérer le travail".

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