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Accueil du site > Tribune Libre > L’arme de la religion

L’arme de la religion

Lorsque Bruno Gaccio et moi avons écrit, sous forme de dialogue, notre livre sur la liberté d’expression, sa nécessité et ses limites, je me souviens d’échanges très vifs sur la religion et le catholicisme. Pour être franc, ce n’était pas seulement la dérision dont usait mon interlocuteur qui me mettait mal à l’aise, c’était aussi ce que je découvrais en moi et qui me mettait en état de fragilité. J’ai tenté, alors, d’approfondir les raisons de cette crispation qui nous faisait sortir de la joute intellectuelle pour nous faire entrer dans un monde infiniment plus obscur. Je ne suis pas parvenu à tirer des leçons décisives de cette expérience. J’ai seulement perçu, à cette occasion, l’obligation de ne pas tout mettre sur le même plan et de savoir distinguer, en particulier, l’idée de la croyance.

Il m’a toujours semblé que la finalité d’une idée était non seulement d’être exprimée, mais d’être éventuellement discutée, voire contredite. Une idée perd son sens si elle ne s’insère pas dans un espace qui lui permettra de s’affronter au feu de l’intelligence d’autrui. La liberté de l’esprit, de la parole et de l’écrit est naturellement consacrée à ce type de controverse. Une idée, cela se discute. Une croyance, c’est une conviction qui est composée d’impalpable et de mystère, elle ne vous place plus dans le champ de la rationalité, mais vous constitue de manière si forte et si intime que la mettre en cause, c’est vous attaquer vous-même dans votre être, dans vos profondeurs. Une croyance, cela se laisse tranquille.

Il n’empêche qu’au regard de la liberté d’expression, qui ne peut pas s’assigner des limites qui tiendraient seulement aux subjectivités souffrantes et blessées de telle ou telle communauté, aux offenses faites à la foi de ceux pour qui la religion devrait demeurer intouchable, à l’abri de la critique, de la moquerie et du sarcasme, il faut bien accepter que les religions elles-mêmes soient passées au crible du scepticisme moderne et soumises à la dérision contemporaine.

Je reconnais que j’aurais pu plus aisément soutenir cette thèse qui, dans la pureté des principes, me semble cohérente, si je n’avais pas senti longtemps que l’offensive anti-religieuse ne s’attachait qu’au catholicisme et au pape, alors que les religions juive et musulmane étaient épargnées. Cette exclusivité de l’agression venait sans doute aussi du fait que la hiérarchie catholique, par sa tolérance revendiquée, ne faisait peur à personne, et même appelait l’attaque, à cause de cette tendance qui conduit à s’en prendre volontiers à la faiblesse au lieu de la laisser en paix. Les temps heureusement ont changé, et le catholicisme se rebiffe !

Il est normal que les religions se servent des règles de l’Etat de droit pour défendre leur honneur, ce qui les fonde et ce qui les fait respecter. Un certain nombre de procédures ont été engagées parce qu’en telle ou telle circonstance, une communauté de croyants s’est sentie avilie et méprisée. La loi est précisément l’outil qui permet la conciliation entre le principe nécessaire de la liberté d’expression pleinement entendue et les éventuelles souffrances causées à telle partie de la société. La loi est une arme de pacification et de restauration.

Les protestations dans le monde arabe, à la suite de la publication de douze caricatures du prophète Mahomet, dépassent, et de très loin, les polémiques habituelles. J’ai pu voir ces caricatures, et je ne me prononcerai pas sur le fond de la doctrine. Je note tout de même que des esprits autorisés affirment que l’islam n’interdit pas la représentation du prophète et que ces caricatures, si elles peuvent apparaître blessantes, sont sans commune mesure avec l’indignation internationale que les tenants de cette religion propagent. Pour des raisons, à l’évidence, politiques.

Ce n’est plus le droit qui est une arme, même si d’aucuns, tardivement, songent à l’utiliser. La religion, elle, est devenue l’arme suprême, et c’est parce que ce combat nous entraîne bien au-delà du débat classique sur la liberté d’expression qu’il convient, pour les démocraties, de présenter un front uni et une solidarité sans faille. Ce qui se cache derrière ces fureurs apparemment religieuses, c’est une volonté politique de détruire ce qui donne sens et légitimité à nos sociétés. J’ai l’impression qu’à intervalles réguliers, on cherche à tester nos forces, notre capacité de résistance et la qualité de notre adhésion à nos propres valeurs. Sans cesse, on cherche à voir "jusqu’où on peut aller trop loin". Si la démocratie recule dans cette lutte capitale, si elle affaiblit son discours par une compréhension qui altèrera la vigueur de sa position, elle perdra. Il y en a assez de ces démocraties, ce régime le plus exemplaire qui soit, qui s’excusent d’être ce qu’elles sont.

Une démocratie a le devoir de se battre. Elle a le droit de se défendre. Elle peut le faire sans se renier. Les démocrates n’ont pas vocation à être des moutons. Dans l’arme de la religion, il faut voir l’arme.


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25 réactions à cet article    


  • Christophe (---.---.61.35) 10 février 2006 12:51

    Monsieur,

    J’ai sans doute une approche différente de la votre et je vais tenter de l’exposé aussi clairement que vous l’avez fait.

    Le parcours intérieur que vous avez réalisé est tout à votre honneur sachant qu’il est souvent destabilisant qu’une personne extérieure puisse remettre en question certaines certitudes subjectives ; ce qui reste une particularité religieuse.

    Lorsque nous abordons ces questions dans un cercle restreint, privé, vous admettez cependant la difficulté qui incombe au Croyant à réaliser une telle introspection.

    Que penser d’une telle introspection générale à l’échelle de la planète qui concerne plus d’un milliard d’humains ? Qui plus est, lorsque les religieux armés sont mis au même plan que les pacifistes, les tolérants, ceux qui nous entourent chaque jour.

    Si je rejoins votre point de vue sur le décalage totale entre la réaction du monde musulman par l’usage de la violence pour contester ces quelques dessins, je ne puis classer ces caricature dans le cadre d’une valeur démocratique qu’est la liberté d’expression.

    Oui, nous devons nous battre pour la liberté d’expression, mais il me semble important d’éviter d’utiliser les armes des extrémistes. Ils utilisent leur religion pour justifier leurs actes de violences envers l’Occident, tachons de ne pas utiliser les valeurs démocratiques pour justifier nos actes de violences envers les musulmans de la planète.


    • (---.---.162.15) 10 février 2006 16:55

      Christophe, vous vous démasquez totalement dans ce message :

        je ne puis classer ces caricature dans le cadre d’une valeur démocratique qu’est la liberté d’expression.

      Cela signifie que comme les imams vous voulez mettre à bas l’actuelle système de liberté d’expression dans nos pays européens. Comment ? En ajoutant de la censure, bien sûr...

        Ils utilisent leur religion pour justifier leurs actes de violences envers l’Occident, tachons de ne pas utiliser les valeurs démocratiques pour justifier nos actes de violences envers les musulmans de la planète.

      Vous êtes-vous rendu compte que vous venez de mettre sur le même plan la violence du sang versé avec celle de petits dessins ? Les fanatiques extrémistes peuvent vous féliciter.

      Personnellement, je partage les propos de Philippe Bilger, en particulier celui-là :

        J’ai l’impression qu’à intervalles réguliers, on cherche à tester nos forces, notre capacité de résistance et la qualité de notre adhésion à nos propres valeurs. Sans cesse, on cherche à voir « jusqu’où on peut aller trop loin ». Si la démocratie recule dans cette lutte capitale, si elle affaiblit son discours par une compréhension qui altèrera la vigueur de sa position, elle perdra.

      A cet égard, le déroulement de « la crise du voile islamique » m’apparaît révélateur :

      - Dans un premier temps, il y eu un laxisme de la Justice et même un reniement de la cour de cassation qui a refusé de prendre en compte la laïcité de nos écoles.

      - Il s’en est suivi toute une période d’hésitations et de flou pendant laquelle les voiles se sont multipliés en nos écoles. Nous ne savions pas défendre nos valeurs. Face à notre faiblesse, les imams marquaient alors des points.

      - Puis la loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école a été votée, et à une très grande majorité du parlement. Cette fois, notre valeur de laïcité était solidement défendue. Depuis les problèmes se sont presque estompés et les musulmans se rendent compte que ce n’est pas si dommageable que ça.

      C’était une réponse ferme et calme, qui ne transigeait pas. Faisons de même maintenant et pour les prochaines attaques qui viendront.

      Am.


    • Christophe (---.---.58.18) 10 février 2006 17:20

      Cela signifie que comme les imams vous voulez mettre à bas l’actuelle système de liberté d’expression dans nos pays européens. Comment ? En ajoutant de la censure, bien sûr...

      Désolé Am, mais vous déformez ma pensée. Ne pas mettre ces caricatures dans la catégorie « liberté d’expression » est simplement due à l’amalgame agressif fait qui englobe l’ensemble des musulmans.

      Par ailleurs, si vous relisez mes interventions sur le sujet, je fais simplement appel à la raison et non à la censure. Je pense que c’est en jouant à la frontière de l’admissible, donc sans raisonnement, que la censure arrivera. Et je n’y suis aucunement favorable.

      Vous êtes-vous rendu compte que vous venez de mettre sur le même plan la violence du sang versé avec celle de petits dessins ? Les fanatiques extrémistes peuvent vous féliciter.

      Des petits dessins !!! Vous atténuez sciemment leur portée d’un point de vue musulman ; vous l’interprétez comme il vous sied. Je mets sur le même plan la violence physique et la violence psychologique.


    • (---.---.162.15) 10 février 2006 18:40
        Désolé Am, mais vous déformez ma pensée. [...] Par ailleurs, si vous relisez mes interventions sur le sujet, je fais simplement appel à la raison et non à la censure.

      Je n’ai pas en tête tous vos messages en vous répondant et même si je les avais, je n’aurais pas imaginé que, voyant plein de personnes autour de vous qui sont d’accord pour reproduire les dessins danois, moi inclus, non je n’aurais pas imaginé que vous osiez croire que ces personnes entendraient vos appels à la raison et se mettraient à pratiquer l’auto-censure.

      Il est évident que pour appliquer vos idées, il faudrait instaurer une forte censure. Comme celle que demandent certains imams : interdire de blasphémer ce qui est religieux.

        Des petits dessins !!! Vous atténuez sciemment leur portée d’un point de vue musulman ; vous l’interprétez comme il vous sied. Je mets sur le même plan la violence physique et la violence psychologique.

      Christophe relisez ces propos que vous venez de tenir. Rendez-vous compte qu’ils mettent sur le même plan la violence physique des attentats de New York ou Madrid et la violence psychologique de dessins parus dans un journal danois. Les victimes physiques, ou même seulement morales, des attentats apprécieront. Imaginez que vous ayez perdu un proche.

      Vous êtes finalement une bonne illustration de l’article de Philippe Bliger, notamment de cette phrase : Si la démocratie affaiblit son discours par une compréhension qui altère la vigueur de sa position, elle perdra.

      Je redécouvre sa conclusion, très pertinente : Une démocratie a le devoir de se battre. Elle a le droit de se défendre. Elle peut le faire sans se renier. Les démocrates n’ont pas vocation à être des moutons. Dans l’arme de la religion, il faut voir l’arme.

      Am.


    • Christophe (---.---.58.18) 10 février 2006 19:14

      Une démocratie a le devoir de se battre. Elle a le droit de se défendre. Elle peut le faire sans se renier. Les démocrates n’ont pas vocation à être des moutons. Dans l’arme de la religion, il faut voir l’arme.

      Je n’ai rien à redire à la conclusion. Mais il est bien entendu sous-entendu dans cette affaire qu’elle a aussi le droit d’agresser, même des musulmans paisibles ! C’est sans doute là le point d’achopement.

      Que vous compreniez que je soutien les islamistes radicaux vous regarde. Pour ma part, je soutiens des musulmans et amis en France, au Pakistan, Arabie Saoudite, ... enfin dans bien des pays dans lesquels j’ai des relations amicales pour cause de déplacements fréquents ou simplement connaissance au sein même de notre société.

      Vous dites que je compare les attentats aux caricatures, mais ce sont vos propos, pas les miens. Les caricatures ne sont pas les seules agressions portées contre les musulmans, et vous le savez très bien ! Par ailleurs, j’ai toujours eu une posture claire sur l’agression ; je la condamne qu’elle soit d’ordre physique ou psychologique.

      Votre posture semble plutôt admettre que les agressions des occidentaux à l’égard des musulmans sont légitimes mais pas l’inverse. Mais peut-être ai-je une mauvaise interprétation de votre pensée !

      Pour ce qui concerne la censure, c’est vous qui abordez ce point. Pour ma part je suis contre de régir par plus de lois nos libertés ; au contraire, je défends la thèse que c’est par des comportements raisonnés que les lois reculeront.


    • freddy (---.---.197.28) 10 février 2006 13:42

      Les caricatures de tous temps ont étè faites pour choquer,nous agresser.Concernant l’islam,plus particuliérement la charia,c’est l’antipode des droits de l’homme ,le statut de la femme ,le statut de dlimi pour les non musulman,la bastonade,l’amputation la lapidation ,l’esclavage tj en vigeur dans les pays du golfe .Que dire d’une religion qui prône la guerre sainte ?Je suis choqué par les valeurs prônées par l’islam . Au nom de la tolérance devra t-on comme au Nigéria installer la charia pour les zones ou l’islam est majoritaire ?


      • Christophe (---.---.252.125) 10 février 2006 15:44

        Vous avez le droit de penser que les Droits de l’Homme sont mieux que la Charia ; c’est moi aussi ce que je pense.

        Mais vous ne pouvez pas interdire à d’autres de penser le contraire. Ce serait une atteinte au libre arbitre ; première liberté individuelle.

        Certes, vous appuierez votre démarche en exposant que la Charia est imposée par des dictatures ; quoique certains pays arabe ont mis au pouvoir, par des principes démocratiques, des religieux aux commandes de leur nation. Mais c’est le choix d’un peuple que d’accepter la dictature plutôt que de se révolter ; c’est tout autant le choix d’un peuple que de mettre un parti islamique aux commandes de leur nation.

        Ce double discours est dangereux ; il laisse sous-entendre que nous sommes libres d’imposer nos convictions aux autres ; ceux qui pensent différemment. C’est un dénie de leur liberté et nous, pays libres, porterions cette volonté ?

        Au lieu de cultiver les rancoeurs, il serait sans doute dans notre intérêt d’aider ces populations à évoluer. Mais aider ne signifie aucunement imposer, sachant qu’une évolution est longue, il nous faudra être patient, et éviter nos errements du passé !


      • (---.---.162.15) 10 février 2006 17:10

        Donc, si je comprends bien, Christophe, puisque vous n’êtes pas d’accord avec Freddy, c’est que vous répondez oui à la question qu’il pose :

          Au nom de la tolérance devra t-on comme au Nigéria installer la charia pour les zones ou l’islam est majoritaire ?

        Oui, en France ou en Europe, dans les communes (ou les quartiers, ou les départements...), là où les partis islamiques seraient majoritaires, il nous faudrait laisser installer la charia ? C’est bien à cela que vous répondez oui ?

        Pour les pays islamiques, la question ne se pose pas. Qu’ils fassent comme ils veulent, c’est leur problème, pas le notre, la grande majorité des européens en est d’accord.

        Am.


      • Christophe (---.---.58.18) 10 février 2006 17:25

        Am,

        Depuis quand existe-t-il, en France, en Europe, des législations qui vont à l’encontre des lois nationales ?

        Il convient d’admettre que peut-être certains souhaitent mettre en oeuvre la Charia dans leur quartier ; si de tels règles sont instaurées, ils seront punis par la loi !

        Votre façon de déformer ma pensée ne me plais guère, mais je m’y ferais ! smiley


      • Christophe (---.---.58.18) 10 février 2006 17:42

        Pour les pays islamiques, la question ne se pose pas. Qu’ils fassent comme ils veulent, c’est leur problème, pas le notre, la grande majorité des européens en est d’accord.

        Nous sommes d’accord sur ce point ; mais je ne suis pas persuadé que la majorité des européens soit en accord avec ceci !


      • (---.---.162.15) 10 février 2006 18:50

        Christophe, relisez Freddy, il parlait de notre pays. Si vous répondez sur les pays islamiques - sans même le signaler - c’est vous qui comprenez mal. Je ne pouvais pas le deviner, surtout que vous énoncez par ailleurs des idées que je qualifie de pro-islamiques.

        Am.


      • (---.---.58.18) 10 février 2006 19:02

        en vigeur dans les pays du golfe

        Notre pays est un pays du Golfe ???


      • Christophe (---.---.58.18) 10 février 2006 22:52

        surtout que vous énoncez par ailleurs des idées que je qualifie de pro-islamiques

        Il est de votre droit de qualifier ce que bon vous semble où bon vous semble. Cependant, il est dommageable que vous ne puissiez voir au-delà de ce qui est pro-islamique ou anti-islamique. Certes la catégorisation permet de reconnaître les discontinuités vitales, mais cela ne signifie aucunement que le monde ne peut être interprété que d’une façon binaire.


      • grellety (---.---.51.28) 10 février 2006 17:30

        S’il est si décisif, non seulement de résister, par une détermination entière, mais même d’engager une offensive, contre le fondamentalisme prétendument musulman, dont quelques-uns rappellent qu’il est foncièrement criminel sur l’ensemble de la planète, ce n’est pas pour, de l’autre côté, favoriser le catholicisme, ou le judaïsme.

        Le cardinal Ratzinger a fait adopter, exprimer, des discours, des choix, extrêmement violents, simplistes (du genre : le catholicisme porte et représente la seule vérité qui soit). Les catholiques ne vivent pas dans des pays qu’ils dirigent et contrôlent, à la différence de quelques musulmans. C’est pour cela, et uniquement pour cela, que nous sommes protégés - ce n’est pas par leur « tolérance » qui est introuvable...

        Enfin, il faut absolument comprendre que l’identification de religion, avec monothéisme, mais aussi foi, croyance dans le divin, l’au-delà, est une conséquence de l’OPA du christianisme sur ces éléments, mais relève d’une supercherie et d’un aveuglement. Un « platonicien », ou un animiste, non monothéiste, ..., peut également parler de sa foi dans « l’immortalité de l’âme », etc... Il faut donc comprendre que nous devons aujourd’hui, par liberté, par devoir à l’égard de notre liberté mais aussi à l’égard de la vérité, cesser de lier, relier, religion et foi, religion et monothéismes - puisque nous sommes fondés à considérer que les supposées « trois grandes religions » sont avant tout les trois sectes qui ont le mieux réussi... Sectes dont le fondement premier était, est, et sera, la violence - dans la mesure où, malgré l’Histoire, malgré les crimes, commis, reconnus parfois, ces sectes n’ont engagé aucune réforme fondamentale de leurs dogmes, de leurs prétentions.


        • (---.---.123.198) 11 février 2006 00:19

          Christophe,

          Vous avez une approche différente de Mr Bilger sans nul doute. Mais vous ne restez pas dans le sujet du billet de Mr Bilger. Vous faites sciemment une sortie de sujet pour prendre la parole en force.

          Georges Marchais disait : « Ce n’est pas votre question, mais c’est ma réponse ».

          Mr Bilger nous dit que :

          (en démocratie) Le champ des idées, religions comprises, est un sujet libre d’analyse, donc exposé à libre critique, et qu’un cadre juridique permet le respect de la paix sociale -comme cela aurait dû se passer en fait dans notre cas des caricatures.

          Mais la réaction est si terriblement disproportionnée entre l’affront et la mobilisation musulmane, que la focale de l’affaire n’est plus sur la religion, mais sur l’expérimentation de l’Arme Religieuse dirigée vers les démocraties.

          On ne vous parle pas là de la Confession de Ben Laden dans ses grottes d’Afganistan, mais du téléguidage des consciences musulmanes d’Europe... contre les démocraties qui les accueillent (et les protègent).

          Faire barrage aux Ben Laden et autre Khaled Mechaal, comme vous l’appelez de vos pieux voeux, c’est affirmer nos valeurs démocratiques haut et fort, à commencer par être solidaire des Danois et de ses dessinateurs, même à contre coeur.


          • CD (---.---.123.198) 11 février 2006 00:28

            Je n’avais pas signé ce Post. Voici donc.

            Mr Bilger,

            j’aimerai saluer votre talent de plume et votre amenée du problème pleine de finesse et de pertinence.


          • Christophe (---.---.58.18) 12 février 2006 18:28

            Pour répondre à votre remarque, permettez moi de faire valoir que l’auteur part d’une introspection personnelle, puis réalise une extension nationale pour terminer dans un périmètre international.

            Le recours envers les lois démocratiques de nos nations occidentales sont possibles pour les résidents desdites nations.

            L’approche internationale est tout autre ; et l’ampleur politique est indéniable, tant dans la réactions de certaines nations musulmanes que dans l’expression des caricatures.

            Ce n’est pas imposer avec force ses convictions ; juste emmettre qu’un comportement dans un périmètre donné n’a pas la même portée que dans un périmètre étendu.


          • jer (---.---.104.34) 11 février 2006 09:21

            Quelques réflexions :
            - l’affiche publicitaire concernant la Cène a été interdite ; pour rester dans la ligne, Charlie-Hebdo et France-Soir doivent être condamnés ; sinon, les musulmans seraient vraiment en droit de se sentir humiliés.
            - je ne suis fondamentalement pas d’accord avec les commentateurs de cet article, ou d’autres articles précédents, qui acceptent que des territoires soient alloués à une religion ;
            - au Canada, des musulmans ont demandé à ce que leurs coreligionnaires soient jugés selon les lois islamiques et non les lois canadiennes ; je ne sais pas s’ils ont eu gain de cause mais rien que cette demande me choque.
            - certains musulmans choqués dans leur moi intime par les caricatures, demandent réparation ; s’ils obtiennent gain de cause cela fera jurisprudence : quelles sont les frontières du sacré ?
            - à lire certains commentaires, par exemple celui traitant de l’esclavage, je me rends compte concrètement de l’endoctrinement subi par les musulmans dans certains pays ; j’approuve d’autant plus la loi française sur le voile islamique : il faut rappeler que celles( ?) qui revendiquaient le port du voile refusaient aussi de participer à certains cours et pas seulement d’éducation physique.
            - il serait intéressant de chercher si cet endoctrinement peut s’inscrire dans les gènes quand cela est répété génération après génération ; mais, nous-mêmes, à quel niveau sommes-nous endoctrinés ? certains arguments relèvent de la phobie pathologique.
            - à chaque fois que l’on critique Israël, on est traité d’antisémite et menacé d’un procès ; il faudrait revoir cela aussi ; La liberté d’expression ne doit pas se partager.


            • CD (---.---.123.198) 11 février 2006 14:39

              «  » Paris, France, 10/02 - L`Observatoire franco-mauritanien pour d`éducation et la promotion des droits de l`homme (OFMEPDH) a exprimé jeudi son indignation au sujet des caricatures sur le Prophète Mohamed publiées par deux journaux français, les accusant de « provocation envers les musulmans ». «  »

              Encore un exemple d’usage de l’arme de la Religion : Ici dirigée contre la France.

              Contre quoi s’insurge t-on ?

              Contre le blasphème ? Il ne semble pas, selon l’article.

              Contre la libre expression et contre tout scepticisme à l’égard de l’Islam ? Beaucoup plus probablement.


              • jon (---.---.60.179) 11 février 2006 16:57

                Je suis d’accord avec votre analyse. Peut-on négocier un compromis avec ses propres valeurs, surtout lorsqu’elles sont universelles ? 3 fois non.


                • CD (---.---.130.21) 11 février 2006 18:47

                  C’est là où les guides spirituels et recteurs de mosquée pourraient intervenir.

                  Tempérer les tentations au Jihad contre les démocraties. Organiser la reflexion. Pointer dans les écrits de Mahomet les thèses...et les antithèses !


                • Christophe (---.---.58.18) 12 février 2006 18:34

                  Peut-on négocier un compromis avec ses propres valeurs, surtout lorsqu’elles sont universelles

                  Toutes les nations sont des démocraties reconnaissant la liberté d’expression, la liberté individuelle, le respect, ... ?

                  Si oui, nos valeurs sont universelles ; sinon elles ne le sont pas ! L’universalisme ne se mesure pas à une vision restrictive du monde !


                • Christophe (---.---.58.18) 12 février 2006 18:37

                  Tempérer les tentations au Jihad contre les démocraties. Organiser la reflexion. Pointer dans les écrits de Mahomet les thèses...et les antithèses !

                  Voilà une approche pour laquelle j’abonde. Mais ce sont les musulmans qui doivent pointer les thèses et antithèses de leur religion.


                • Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 11 février 2006 23:31

                  Finalement c’est une psychanalyse collective qu’il faudrait...


                  • AnAnotherWay (---.---.12.50) 12 février 2006 19:30

                    En fait, les évènements qui surviennent me font penser que la seule liberté que nous ayons tous est ...

                    ... de mourir !

                    Car même le tyran ne peut nous refuser la mort. Seul Dieu palpable par sa présence permanente dans la création.

                    Mourir par amour. Mourir par haine. Mourir par idéal. Mourir par la foi.

                    Et surtout mourir pour rien !

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