L’honneur retrouvé de la France ?
On devrait reconnaître les hommes politiques à leur charisme et leur humanisme, leur sens critique, et le courage de dire la vérité. Et on ne peut pas constater que cet esprit en politique française rayonne sur notre territoire lorsqu'il s'agit d'aborder le conflit qui frappe les populations de toutes confessions sur la terre de Palestine.
Les grands discours, les postures, et les images s'effacent très rapidement lorsqu'il s'agit de prendre position sur une problématique internationale épineuse, selon les contextes et les gains qui peuvent en être extirpé.
On échappe jamais à la réalité de la vie, surtout en politique, au contraire on l'a manipule. L'illusion n'est qu'un trompe peuple. Les Français attendaient de la France et du gouvernement une position claire, humaniste et responsable. Il n'en a rien été. Des voix se sont élevées, distinctes et disparates, des émotions trop peu entendues, se sont exprimés en faveur de l'arrêt des bombardements qui assèchent une terre d'où est née une partie de la civilisation que l'on connait et qui fait le sel de notre Patrie sociale et démocratique.
Ces humanistes ont affichés courageusement leur solidarité à tous les peuples de la terre de Palestine. Je constate que ces voix pudiques, tiennent dans les doigts d'une seule main. D'autres s'indignent sans plus d'effet de cela, d'autres raisonnent par leur silence assourdissant. On pourra dire que les élus et les partis politiques ne brillent pas par leur politique ou leur vision internationale !
Nous vivons la fin d'une ère politique et l'alignement systématique de la France sur la diplomatie de l'OTAN, depuis le départ de l'Elysée de Jacques Chirac, est un marqueur révélateur intéressant. La France n'est plus maîtresse de sa politique internationale et les responsables publiques « modernes » ne veulent pas prendre position sur ce conflit, contrairement aux citoyens français, ou aux anciens hommes publics car il révélerait les positions les plus cupides en matière de géopolitique.
Pourtant, le 22 octobre 1996, Jacques Chirac qui s'est rendu à Jérusalem Est dans le cadre de son premier voyage officiel en Israël sera le symbole d'un incident diplomatique sans précédent qui sera relayé par les journalistes du monde entier : Jacques Chirac refuse de se rendre à la Knesset, le parlement israélien. Du côté israélien, cette entorse au protocole est vécue comme une humiliation et elle est considérée comme une position pro-palestinienne. Une première ! S'en suit une série de malentendus qui ne feront qu’accroître le malaise. Quelques heures plus tard, dans les rues sinueuses de la vieille ville, le président français, alors accompagné de sa délégation, s’indigne de l’agressivité de la sécurité israélienne à l’égard de la population palestinienne et des journalistes qui veulent l’approcher. La tension est palpable. Contraint de renoncer à son bain de foule, Jacques Chirac, pris d’un excès de colère, empoigne le chef de la sécurité israélienne et lui lance, avec virulence, ces quelques phrases qui feront le tour du monde : « Qu’est-ce qu’il y a encore comme problème ? Je commence à en avoir assez ! What do you want ? Do you want me to take my plane ? To go back to my country ? To go back to France ? Is that what you want ? This is provocation ! This is not a method ! Please, stop now ! ».
Jacques Chirac, et à travers lui, la France, seront considérés par le monde arabe et les pays en voie de développement comme leurs porte-paroles face aux puissances dominatrices et colonialistes. La France retrouvait, à ce moment-là, l'indépendance de sa diplomatie et se dotait d'un rôle : sauvegarder la paix à travers le monde.
C'est aussi ce rôle qu'à tenu Dominique de Villepin en 2003 lorsque celui-ci a fait vibrer la voix de la France à travers le monde au sein de l'Assemblée de l'Organisation des Nations Unies, lorsqu'il s'est opposé frontalement, mais avec cœur et romantisme, aux Etats-Unis pour tenter de bloquer le processus de guerre engagé contre l'Irak en 2003. Dominique de Villepin a été ovationné et a fait l'honneur à la France.
Cet homme que l'on a un peu trop enterré trop rapidement, que l'on entend plus vraiment, vient de sortir timidement du bois. Il a répondu aux questions du journal « Le Parisien" de l'édition de vendredi dernier.
Bien qu'on pouvait attendre de lui plus de vivacité et une position plus offensive, Dominique de Villepin qui sort de sa retraite, a néanmoins donné sa position, courageuse et humaniste, sur la situation en Palestine : « D’un côté, Israël vit dans la peur et l’insécurité. De l’autre, les Palestiniens sont un peuple sans terre et sans espoir. Avec une disproportion dans la réaction israélienne que l’on observe par le décompte macabre des victimes : près de 700 tués, en grande majorité civils, côté palestinien ; une trentaine de soldats côté israélien ». L'ancien Premier ministre continu son entretien et redonne une fois encore une voix à la France et rappelle le bon sens des choses : « Il faut reconnaître la responsabilité des Nations unies dans ce dossier et leur confier un mandat sur la Palestine pour obtenir un processus de paix et aboutir à la création d’un État palestinien.
Pour cela, six impératifs. Il faut une administration provisoire sur ce territoire avec le déploiement de Casques bleus. Des zones humanitaires protégées pour que la Palestine retrouve une vie normale. Un dialogue politique interpalestinien qui débouche sur des élections. La relance du processus de paix par une conférence internationale qui doit signer la création de ce nouvel État avec toutes les garanties données à Israël, sur sa sécurité en particulier. L’adhésion de cet État à la Cour pénale internationale, ce qui permettra de sanctionner les crimes contre l’humanité. Et enfin un plan d’aide et de développement économique qui enclencherait un cercle vertueux. C’est la responsabilité des Nations unies. Et qui, mieux que la France, peut porter un tel projet ? ».
Une fois encore la France peut jouer un rôle historique en faisant émerger ce projet ambitieux et futuriste qui pourrait permettre à cette partie du monde de sortir d'un conflit qui n'a que trop duré et qui nous fait mal, une souffrance que nous partageons avec tous nos frères chrétiens, musulmans et juifs de cette terre merveilleuse. Encore faut-il que le patriotisme social français soit libre et indépendant dans ses choix et ses décisions. L'histoire de l'humanité se déroule sous nos yeux, et nous devons, non seulement, être à la hauteur de ces grands enjeux planétaires, mais aussi y répondre avec efficacité pour établir l'équilibre et la paix. Telle est la mission sacrée universelle de la France de se préoccuper des plus faibles, des plus démunis et des peuples persécutés par des puissances agressives et colonialistes, que nous avons nous même été dans le passé. Je ne peux m'empêcher de conclure ma tribune sans citer le discours puissant d'espoir et de liberté que l'on peut entendre dans le film de Charlie Chaplin « Le Dictateur » :
« Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n'est pas mon affaire.
Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne.
Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs. Nous voudrions tous nous aider si nous le pouvions, les êtres humains sont ainsi faits.
Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas lui donner le malheur.
Nous ne voulons pas haïr ni humilier personne.
Chacun de nous a sa place et notre terre est bien assez riche, elle peut nourrir tous les êtres humains.
Nous pouvons tous avoir une vie belle et libre mais nous l'avons oublié.
L'envie a empoisonné l'esprit des hommes, a barricadé le monde avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang.
Nous avons développé la vitesse pour nous enfermer en nous-mêmes.
Les machines qui nous apportent l'abondance nous laissent dans l'insatisfaction. Notre savoir nous a fait devenir cyniques.
Nous sommes inhumains à force d'intelligence, nous pensons beaucoup trop et nous ne ressentons pas assez.
Nous sommes trop mécanisés et nous manquons d'humanité.
Nous sommes trop cultivés et nous manquons de tendresse et de gentillesse.
Sans ces qualités humaines, la vie n'est plus que violence et tout est perdu.
Les avions, la radio nous ont rapprochés les uns des autres, ces inventions ne trouveront leur vrai sens que dans la bonté de l'être humain, que dans la fraternité, l'amitié et l'unité de tous les hommes.
En ce moment même, ma voix atteint des millions de gens à travers le monde, des millions d'hommes, de femmes, d'enfants désespérés, victimes d'un système qui torture les faibles et emprisonne des innocents.
Je dis à tous ceux qui m'entendent :
Ne désespérez pas !
Le malheur qui est sur nous n'est que le produit éphémère de l'habilité, de l'amertume de ceux qui ont peur des progrès qu'accomplit l'Humanité.
Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront, et le pouvoir qu'ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples.
Et tant que des hommes mourront pour elle, la liberté ne pourra pas périr.
Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes, à une minorité qui vous méprise et qui fait de vous des esclaves, enrégimente toute votre vie et qui vous dit tout ce qu'il faut faire et ce qu'il faut penser, qui vous dirige, vous manœuvre, se sert de vous comme chair à canons et qui vous traite comme du bétail.
Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains, ces hommes-machines avec une machine à la place de la tête et une machine dans le cœur.
Vous n'êtes pas des machines !
Vous n'êtes pas des esclaves !
Vous êtes des hommes ! Des hommes avec tout l'amour du monde dans le cœur.
Vous n'avez pas de haine, sinon pour ce qui est inhumain, ce qui n'est pas fait d'amour.
Soldats ne vous battez pas pour l'esclavage mais pour la liberté.
Il est écrit dans l'Evangile selon Saint Luc : "Le Royaume de Dieu est dans l'être humain", pas dans un seul humain ni dans un groupe humain, mais dans tous les humains, mais en vous, en vous le peuple qui avez le pouvoir.
Le pouvoir de créer les machines, le pouvoir de créer le bonheur.
Vous, le peuple, vous avez le pouvoir.
Le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure.
Alors au nom même de la Démocratie, utilisons ce pouvoir.
Il faut tous nous unir, il faut tous nous battre pour un monde nouveau, un monde humain qui donnera à chacun l'occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité.
Ces brutes vous ont promis toutes ces choses pour que vous leur donniez le pouvoir : ils mentaient.
Ils n'ont pas tenu leurs merveilleuses promesses ; jamais ils ne le feront.
Les dictateurs s'affranchissent en prenant le pouvoir mais ils font un esclave du peuple.
Alors, il faut nous battre pour accomplir toutes leurs promesses.
Il faut nous battre pour libérer le monde, pour renverser les frontières et les barrières raciales, pour en finir avec l'avidité, avec la haine et l'intolérance.
Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès mèneront tous les hommes vers le bonheur.
Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous tous !
Hannah, est-ce que tu m'entends ?
Où que tu sois, lève les yeux !
Lève les yeux, Hannah !
Les nuages se dissipent ! Le soleil perce !
Nous émergeons des ténèbres pour trouver la lumière !
Nous pénétrons dans un monde nouveau, un monde meilleur, où les hommes domineront leur cupidité, leur haine et leur brutalité.
Lève les yeux, Hannah !
L'âme de l'homme a reçu des ailes et enfin elle commence à voler.
Elle vole vers l'arc-en-ciel, vers la lumière de l'espoir.
Lève les yeux, Hannah !
Lève les yeux !... »
Et voici que prend tout le sens de notre engagement autour des valeurs de notre patriotisme humaniste, social et universaliste qui s'engage pour la paix, pour la liberté, pour les hommes, pour l'humanité contre la haine, le repli et la barbarie !
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