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Accueil du site > Tribune Libre > L’imbécile au travail

L’imbécile au travail

Observer un imbécile travailler, cadre de surcroît, l’observer ordonner, organiser, commander, peut vous occuper toute une journée, voire des semaines entières car, côtoyer l’imbécillité au travail, c’est un spectacle d’un intérêt supérieur, bien supérieur à tous les autres : un spectacle fascinant.

Jadis cantonné à un rôle subalterne, sans danger pour autrui, l’imbécile des temps modernes se voit aujourd’hui doté de pouvoirs et de responsabilités qui font de lui l’agent redoutable d’une stratégie perverse. Et malheur à qui travaillera sous sa responsabilité !

Si pour d’aucuns, leur manière d’être ce qu’ils sont peut quelquefois les sauver du naufrage d’un jugement sans appel, en revanche, de cet imbécile-là, rien à sauver car rien ne le sauvera.

"Qui suis-je ? Que fais-je ?" et puis aussi et surtout : "Qui sont les autres ?" sont des questions hors de portée pour cet imbécile qui ne dispose d’aucun outil pour se les poser. Quant à y répondre...

L’introspection lui est interdite. Il n’explore rien de ce qui fait de lui ce qu’il est et des autres, pas davantage, évoluant à la surface des choses, des êtres et de lui-même quand il s’agit de comprendre son environnement qui n’est pas simplement le sien mais celui de ses subordonnés.

L’imbécile au travail ne choisit pas : il subit et fait subir ; du pain bénit pour ses supérieurs. Les entreprises qui nomment de tels imbéciles à des postes d’encadrement nous informent plus que tout sur l’idée qu’elles se font du travail qui doit être accompli et des hommes qu’elles recrutent.

Coriace mais sans courage, l’imbécile au travail battra toujours en retraite dès les premières alertes et il sera sans pitié à l’encontre de ses subordonnés qui l’auront exposé à des risques que lui-même n’aurait jamais envisagé courir.

Dépourvu de jugement, aveuglé par sa tâche, son poste, son rang, sa fonction, son statut, il ne veut rien savoir. Il n’a qu’un souci : occuper la place et la garder. Les traits figés, le corps raide, statue sur son socle, il n’en descendra pas. Sûr de lui face à ses subordonnés, humble en compagnie de ses supérieurs, l’imbécile au travail acceptera tout de celui qui l’a nommé. Ses supérieurs ont toujours raison. Aucune vérité qui ne vienne pas d’en haut est bonne à prendre et de lui, il n’en sortira aucune. Quant à lui susurrer à l’oreille une idée ou deux, en collègue attaché à le sortir du cul de sac dans lequel son action le mènera inévitablement un jour, inutile de l’envisager : son regard dubitatif, marque d’une impuissance immense, viendra nous signifier que c’est sans espoir et qu’il nous a fait perdre notre temps.

Mystérieux, dépourvu de toute qualité humaine à un degré tel qu’il en devient une énigme, l’imbécile au travail maintient hors d’atteinte toute réalité qui ne soit pas la sienne à des fins de se protéger d’une confrontation possible entre lui et le monde. Son incompétence n’est pas simplement due à un manque de qualification ou d’expérience. Son incompétence, c’est son imbécillité même, insoupçonnable en lui et aucune formation, remise à niveau, plan d’amélioration et d’accompagnement - si tant est qu’il vienne à l’idée de quiconque de les lui proposer - ne le sauveront. Où qu’il soit, quoi qu’il fasse, il demeurera un imbécile : cadre imbécile, père imbécile, mari imbécile, amant imbécile, fils imbécile, partenaire imbécile au squash entre midi et deux.

Son incompétence a pour racine la certitude d’être au-dessus de toute autre compétence : celle de ses collègues - cadres tout comme lui - et de ses subordonnés ; certitude obstinée, démentie au quotidien, à chaque heure mais... néanmoins beaucoup plus gratifiante que l’aveu d’une incompétence crasse car, cette certitude cache très certainement l’angoisse inconsciente de ne pas être à la hauteur et une culpabilité propre à l’usurpateur confronté à l’absence de toute légitimité dans l’exercice de son autorité.

Si d’aucuns peuvent comprendre ce qui a motivé sa nomination, nul ne sait d’où il vient, cet imbécile au travail, cet éternel Don Quichotte de l’intelligence humaine. Nul ne connaît son histoire, le comment, le pourquoi d’une telle amputation de sa conscience - conscience propre aux êtres humains : la conscience de n’être que la partie d’un tout et sans elle, de n’être rien.

Inutile de le questionner. Il a tout oublié. Grand bien lui fasse ! Car... qui peut bien être assez cruel pour souhaiter le réveiller, et ce faisant, l’exposer à toute l’horreur de sa condition face à un monde à l’écart duquel il se sera si longtemps tenu, tout en y agissant, en aveugle privé de canne blanche pour le guider et éviter qu’il ne trébuche sur le premier obstacle qui se dresse devant lui.

***

Lorsque celui qui l’a nommé aura besoin de couper quelques têtes ou de déplacer quelques pions, se sentant lui-même en danger, dans un jeu pervers qui n’amusera personne d’autre que lui qui aura failli un moment ne plus pouvoir s’en amuser, redevable de tout, l’imbécile au travail repartira comme il est venu, sans y être invité, loin des honneurs et de la reconnaissance de ses subordonnés pour le travail accompli. Et c’est sans broncher qu’il expiera en acceptant de se sacrifier car il en comprendra la nécessité.

Son expiation, vécue comme une nécessité qui ferait loi, c’est la dette que l’imbécile au travail - cadre de surcroît - n’a de cesse de rembourser, selon l’adage : "Qui paie ses dettes nourrit en secret l’espoir d’être autorisé à en contracter d’autres, dans un avenir proche, très très proche si possible et puis.... ailleurs, de préférence !"

Car, l’imbécile au travail ne supporte pas les temps morts de l’oisiveté, mère de tous les vices, la réflexion et l’introspection porteuses de tous les dangers d’une révélation d’une réalité terrifiante : celle du caractère circonstanciel de son utilité et de sa nécessité au travail ; sans oublier ce sentiment évanescent, lancinant en lui : le sentiment de ne rien devoir à lui-même mais de devoir... tout... à celui qui l’a nommé.

Copyright 2007. Serge Uleski. Tous droits réservés.


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29 réactions à cet article    


  • Fergus fergus 3 mars 2008 11:37

    Beau portrait que celui de cet "imbécile cadre" que l’on rencontre en effet dans de nombreuses structures, qu’elles soient d’ailleurs privées ou publiques. A cette nuance près qu’il s’agit là d’un archétype, certes visible, mais rarement sous une forme ausi achevée et aussi croustillante. Cela précisé, quel bonheur d’ethnologue ou de sociologue lorsque l’on peut braquer sa loupe sur le comportement de ce brave serviteur d’une finalité qui le dépasse. C’en est même parfois fascinant.

    Vous avez toutefois oublié l’une des caractéristiques de cet homo sapiens servilus : sa lâcheté. Car cet homme est le plus souvent lâche, non pas devant ses chefs qu’il sert avec zèle comme l’a montré Serge Uleski, mais devant ses propres collaborateurs. Il suffit qu’un type déterminé lui rentre dans le lard avec un minimum d’argumentation intelligente pour que, déstabilisé par l’assaut, il cède à son interlocuteur en contournant l’obstacle et en fichant une paix royale à son contradicteur. Mieux : il est possible qu’il gratifie ce subordonné récalcitrant d’un avancement pour le remercier de n’avoir pas poussé trop avant la contestation de son autorité. Et le plus remarquable réside dans le comportement des collègues du contestataire : malgré l’exemple de la rébellion réussie, l’écrasante majorité continue de courber l’échine devant celui qu’elle considère pourtant comme un imbécile. Et c’est ainsi qu’Allah est grand, comme disait Vialatte, et que les classes populaires se font manger la laine sur le dos !


    • Loukastre Loukastre 3 mars 2008 20:27

      @Fergus : on travaille ensemble ?????????? ou pour la même boîte ??? Car j’ai "le même à la maison".............


    • chris11 3 mars 2008 23:18

      C’est vrai que le portrait est croustillant , mais s’ils sont imbéciles ,c’est plutot dans la poursuite de l’objectif .Personnellement je serais plutot d’accord avec fergus , c’est avant tout leur trouille congénitale et la volonté de ne pas faire de vagues qui caracteriserait plutot leur maniere d’agir .

      l’autre point important qui conditionne leur maniere d’agir est très souvent non pas l’imcompétence pure mais l’ignorance du fonctionnement de leur service .Dans ce cas comment prendre des decisions appropriées ?alors on reste dans la mouvance générale en essayant de ne pas se faire remarquer pour ses idées mais plutot pour sa capacité a appliquer des decisions qui viennent "d’en haut" ,elles mêmes construites sur des bases biaisées car faites pour plaire .

      La mode actuelle des "indicateurs" est d’ailleurs significative de cet état d’esprit qui consiste à tout faire pour qu’il soit au "vert". Peut importe ce qui se passe à l’échelon inferieur , il faut absolument contenter l’étage superieur . Nul esprit critique ne doit entacher la quiétude du chef ....

      C’est sans doute avec des comportements de ce genre que l’on a eu des affaires airbus et 10000 types sur le carreau .

      Mais il nous reste un plaisir de fin gourmet , c’est de les faire bondir comme des ressorts en réunion de service en posant la question qui gêne de la maniere la plus affable possible , puis de les voir se débattre dans des explications fumeuses .

      c’est sur qu’a ce jeu , on peut vite se voir transformer en "assurancetourix" le barde du village gaulois qu’on attache lors des banquets pour qu’il ne chante pas ....

      Encore que , quand je ne pose plus de question , on me demande si je suis malade !!!!

      Un chose est sure , si l’on veut des entreprises dynamiques , il faut des gens concernés par leur boulot , et pour cela , admettre le débat et la critique comme un des éléments constructeurs .

       


    • tvargentine.com lerma 3 mars 2008 11:50

       franchement ,encore une image d’épinal de vieux con de 68

      Une seule chose à dire : casse toi et va bosser fainiant

       


      • Redj Redj 3 mars 2008 12:45

        Ah, Lerma s’est reconnu dans le portait !


      • Serpico Serpico 3 mars 2008 11:51

        "Son incompétence a pour racine la certitude d’être au-dessus de toute autre compétence"

         

        *******************

         

        Et c’est parfaitement fondé : en quoi la compétence justifierait-elle de nommer quelqu’un d’intelligent ?

         

        L’imbécillité est un atout pour celui qui nomme. C’est un blindage pour l’imbécile et pour le grand chef. C’est le mur parfait.

         

        Essayez de négocier avec un imbécile....


        • Fenzy 3 mars 2008 12:03

          moui. C’est aussi celui qu’on appelle, si je ne m’abuse, le connard de service. Ils sont même parfois plusieurs .

           


          • Achéron 4 mars 2008 08:30

            oui je l’avais déjà lu mais j’avais oublié son nom... j’étais justement en train de le chercher quand je suis tombé sur votre commentaire. Merci de m’avoir épargné du temps...


          • Patience Patience 4 mars 2008 04:28

            Non, non, pas du tout.

            C’est de moi qu’il s’agit.

            Mais bon, c’est vrai qu’on est toujours l’imbécile de quelqu’un.

            A quoi bon passer son temps à observer les imbéciles, si ce n’est pour avouer qu’on n’a rien de mieux à faire.


          • anny paule 3 mars 2008 15:39

            Très vrai !

            Ce qui est sûr, c’est que les cadres moyens du privé et du public ont été "sélectionnés" sur ce critère numéro un : ce sont essentiellement des imbéciles heureux, ce sont des paons ! S’il en était autrement, ils ne pourraient pas appliquer à la lettre des ordres ou directives ineptes et iniques, ils useraient d’un certain esprit critique et ne pourraient rendre les "services" attendus de leur hiérarchie ! 

            Imaginez un cadre qui conteste ! Ce serait le désordre !

            Imaginez qu’il réfléchisse, qu’il ait conscience de la condition humaine ! Cela pourrait peut-être le conduire à la dépression ou même au suicide !

            Il faut certaines dispositions d’esprit pour épouser parfaitement ce type de fonction... L’imbécile dispose de ces dispositions-là, et c’est bien pour cela qu’il occupe ces fonctions intermédiaires qui lui donnent une haute idée de lui-même et ne lui autorisent aucun regard sur le monde et sur les autres (qui sont au-dessous de lui, bien sûr !).


            • Loukastre Loukastre 3 mars 2008 21:51

              Il en est même qui préfère démissionner plutôt que s’avilir encore plus... Exemple connu !!!


            • vinvin 3 mars 2008 16:18

              Bonjour.

               

              Très bon article !

               

              A propos de la connerie au travail, j’ ai justement un bon tuyau a vous communiquer.....

               

              Le blog : HTTP :// TRAVAILLER-AVEC-DES-CONS. HAUTEFORF.COM/

               

              C’ est génial !

               

              Bien cordialement.

               

               

              VINVIN.

               

               


              • Mescalina Mescalina 3 mars 2008 16:21

                J’ai l’impression d’assister au défilé des losers aigris, des revanchards qui persitent dans la lose...

                Le manager décrit par l’auteur existe, quasiment jamais sous cette forme caricaturée à l’excés, plus souvent dans une version plus light mais néamoins insupportable.

                Cependant tout ce petit monde représente une très grande minorité de manager. Ou bien ils sont vus comme tels par... des des losers aigris, des revanchards qui persitent dans la lose ! La grande majorité des managers sont des personnes qui essaient de bien faire leur travail et qui s’en sortent majoritairement avec les honneurs. Ce qui n’empêche pas les "cas" décrits par l’auteur d’exister.

                Article finement écrit, merci.


                • spartacus1 spartacus1 3 mars 2008 18:01

                  @Mescalina, je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit que vous n’avez jamais travaillé en entreprise !


                • Mescalina Mescalina 4 mars 2008 12:00

                  @ SPARTACUS, quelque chose me dit que (au choix) :

                  1. vous n’avez jamais travaillé tout court
                  2. vous êtes un loser aigri ne supportant pas l’autorité dès qu’elle vous remet en cause
                  3. vous êtes effectivement sou sle joug d’un "cas" décrit par l’auteur et en profitez pour faire une généralisation douteuse
                  4. vous êtes d’une mauvaise foi intellectuelle sans borne

                  J’ose espérer que c’est la solution 3. Dans ce cas changez de firme. Pour votre info je bosse dans le privé depuis plusieurs années.

                  -4 sur un commntaire visant à dire "non, tous les managers ne sont pas des pourris"... cela en dit long sur la population qui fréquente ce site.


                • Lisa SION 2 Lisa SION 3 mars 2008 16:26

                  Bonjour,

                  Observer un imbécile au travail sous-entend qu’on ne travaille pas soi-même...sauf, évidemment si l’on peut vendre le fruit de ses observations

                  Au cours de ma courte mais riche expérience dans le monde du travail, j’ai vu des contremaîtres qui avaient acquis leur postes à force d’avoir détruit des outils industriels. Un peu comme un flic que l’on met à la circulation parce qu’il ne sait résolument pas conduire.

                  L’un d’eux m’a dit un jour : Quand tu rencontres un imbécile, si tu lui dit, tu compromets ta chance de pouvoir profiter de lui toute ta vie...


                  • Jocrisse Jacques 3 mars 2008 18:45

                    Tiens , encore un type très malin qui a pensé qu’une organisation pourrait fonctionner sans encadrement.

                    Pourquoi donc, ça n’existe nulle part ???

                    Et bien entendu, tout chef, cheffaillon, contremaître, cadre est par définition un imbécile, abruti, veule et obtus.

                    Ce qui est excessif devient ridicule.

                     


                    • Jocrisse Jacques 3 mars 2008 18:53

                      Lisa SION

                      Au cours de ma courte mais riche expérience dans le monde du travail, j’ai vu des contremaîtres qui avaient acquis leur postes à force d’avoir détruit des outils industriels.

                      Vous faites bien de préciser "courte expérience" , ce qui vous permet d’émettre un avis très argumenté.

                      Quel est l’intérêt d’un patron de promouvoir une personne incompétente ? Y avez-vous réfléchi ? Certainement pas beaucoup. Vous colportez simplement les traditionnelles banalités de comptoir.

                       


                    • Proudhon Proudhon 3 mars 2008 19:27

                      Tiens ! En voilà un.

                      Comme quoi, quand on parle d’eux, ils ne tardent pas à sortir du bois.

                       Ce qui est sûr c’est que la majorité des sociétés mondiales qui ont coulé l’on été par les cadres. Les gens de productions soulèvent les problèmes depuis des mois, voir des années, les cadres font tout pour les minimiser et pour que celà ne remonte pas à la direction générale. C’est ce qui est en train de se produire chez nous. Je redoute au final un dépôt de bilan en bonne et due forme. Je n’aurais jamais crût auparavant que les cadres puissent couler si vite une boite qui existe depuis plus de cinquante ans. Des bons a rien incompétents, con et lâches. Le pire, c’est qu’ils risquent de vite retrouvé du boulot et de continuer leur destruction de structures industrielles viable.

                      De véritables parasites, ces cadres.

                      J’en ai la gerbe !


                    • Lisa SION 2 Lisa SION 5 mars 2008 01:53

                       

                      Jacques,

                      je n’ai qu’une courte expérience, parce qu’à la première humliation, je fiche le camps avec ma paye. Mais je prends quand même le temps de communiquer suffisamment pour savoir exactement comment fonctionne l’entreprise que je n’ai pourtant fréquenté parfois qu’un mois...J’ai ainsi fréquenté une quarentaine d’entreprises et pratiqué une quinzaine de métiers différents. Aujourd’hui, si je voulais faire affaire, je monterais un cabinet d’audit afin de soulager les entreprises des " mouches du coche "qui gravitent dans chacune d’elles.Relisez Jean de la Fontaine et souvenez vous qu’Ovide en parlait il y a plus de deux mille ans...


                    • Aafrit Aafrit 3 mars 2008 19:56

                      Au travail, y a les 4 murs, les employé-ouvriers, y a le boss et l’imbécile.meme chose partout

                      Il est fort possibles que les employé-ouvriers servent de vivier potentiel


                      • CLK500 3 mars 2008 21:27

                        Très drôle j’ai l’impression que vous avez fait le portrait d’un DRH que j’ai croisé un jour ...


                        • D13D 4 mars 2008 00:03

                          Bonsoir,

                          Moi, je pense que je peux parler de ma longue expérience dans des sociétés qui emploient plus de 1000 personnes, et cette expérience me fait dire que dans beaucoup de grandes entreprises françaises, (c’est différent par exemple en Allemagne) les dirigeants n’ont pas la possibilité de récompenser la personne qui est très compétente à son poste, si ce n’est par une promotion à un poste supérieur, poste où elle ne sera pas forcément compétente, par exemple faire d’une excellent cadre technique un mauvais gestionnaire, bref le principe de Peter dans toute sa splendeur ...

                          Les causes en sont multiples et l’une des premières est qu’il est très difficile de faire admettre à ce technicien que les qualités nécessaires pour gérer une équipe ne sont pas celles qu’il détient. Une autre est la contrainte des grilles et des échelons liés à la fonction (petit à petit, ça ç’est en train de changer). Une encore à la pression syndicale qui ne permet pas de discriminer les personnes (celles qui ont compris le fonctionnement sont au "bon" syndicat) mais cette pression est elle-même liée au favoritisme pratiqué par des hiérarchies trop souvent retranchées dans leur bureau et obnubilées par leur "plan de carrière". Une dernière enfin est le manque de dialogue social dans l’entreprise qui, entre syndicats et hiérarchie, me fait penser au dialogue entre partis politiques à la veille d’une élection (eh oui, les syndicats sont aussi très souvent en période électorale), voire au dialogue des supporters de deux clubs de football dans les cas les plus extrèmes.

                          C’est vrai que la carricature qui est présentée là, c’est toujours un autre, mais il est aussi vrai que la politique ne devrait rien avoir à faire dans l’entreprise, eh bien, essayez de vous consacrer à votre travail sans vous préoccuper de vous positionner et vous serez bientot comme les personnes de ces minorités pour lesquelles des "accords particuliers" (femmes, + de 50 ans) sont nécessaires pour que l’on pense à elles

                          J’aurai bientôt 63 ans et mon travail me passionne toujours autant, mais je suis bien conscient que pour certains de mes collaborateurs, je dois être un de ces vieux cons qui ne veut pas décrocher.

                          J’espère que vous connaissez cette histoire de la hiérarchie dans l’entreprise :

                          Du haut de sa branche, quand il baisse les yeux, le dirigeant voit des visages souriants qui le regardent et il se dit "comme je suis aimé par mes employés"

                          De leur branche basses, les subalternes qui lévent la tête voient un cul, et ça les fait rire.

                          Je suis limite hors sujet, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.


                          • Gaétan de nollande 4 mars 2008 13:26

                            Tout à fait d’accord avec la première partie du commentaire, quoique travaillant dans une grosse boite allemande, je nuancerais le commentaire sur l’allemagne, on retrouve le même phénomène même si moins accentué.

                            On peut beaucoup critiquer les américains, mais eux savent reconnaitre les talents, ce n’est pas en France qu’un développeur informatique ou un ingénieur sera payé 100 000 euros .........


                          • superesistant superesistant 4 mars 2008 13:12

                            bah chacun voit midi à sa porte nan ???

                            moi, mon supérieur n’est pas completement omnibulé par sa carrière mais est et surtout reste un incompétent notoire. Notons qu’un manager ( et c’est la que le bas blaisse pour moi ) n’est plus un expert dans son métier mais un garde chiot qui planifie et manage des personnes et des compétences.

                            certains de mes collègues sont complètement aigris de cette situation, ne voyant aucun soutient de notre boss face à la direction une fois les problèmes venus. pour ma part, celà ne me dérange en rien, car un incompétent ne peut estimer votre charge de travail ( d’ou mes moments de glande sur AV ! ) et ne remet que très rarement votre jugement en cause...

                            je le reconnais un peu dans votre portrait, dans cette faculté à se liquèfier devant ses supérieurs mais aussi dans la description d’un autre intervenant qui parle de cette recherche de l’indicateur pour se raccrocher à un smiley vert signe que tout va bien chez nous... leur dernière lubie est de mettre en place des poles autonomes de compétences ( lisez par la qu’on délègue encore plus de travail de management à une autre pov pomme qui n’en a ni le poids hierarchique ni le salaire d’ailleurs... pour remplir d’autres magnifiques indicateurs qui ne servent à contenter que les 3 ploucs vautrés plus haut dans leurs superbes fauteuils strafor avec renfort aux lombaires.... heureusement.. d’ailleurs...

                            ce qui m’inquiète le plus c’est que sur mon étage ou je cottoie 6 chefs de services différents, le mien n’est pas le pire... il y a aussi les arivistes, les parvenus et les névrosés... il y en a bien 2 qui se distinguent, donc on ne peut pas dire que tous les chefs sont des imbéciles, mais .. euh... 2/3 çà me parraît déjà mal embarqué comme histoire...

                            voilà pour ma petite entreprise qui ne connaît absolument pas la crise... preuve en est faite, 10 smileys sur 12 au vert pour les challenges, c’est fou nan .. ????? 


                            • Eratosthène 4 mars 2008 19:05

                              Bon, je suis peut-être (non, en fait je suis sûrement) hors-sujet (toutes mes excuses à l’auteur de l’article), mais après une longue interruption, je viens de retrouver Agoravox et je suis étonné par la nullité des commentaires de Lerma, que je retrouve à peu près partout. C’est toujours comme cela ou c’est une mauvaise passe ?


                              • Patience Patience 6 mars 2008 04:15

                                H é é é é l a a a a a a a s ! ! ! ! !

                                 


                              • Cécile Andrieux 6 novembre 2013 09:51

                                « On est tous l’imbécile de quelqu’un », et je ne vois pas ce que le « cadre » ou « pas cadre » a à faire là dedans. « Il y a des cons partout », chez les cadres, chez les non cadres, et votre voisin que vous trouvez si con, n’en pense sûrement pas moins. Bon j’arrête les citations bidons, mais quand même...

                                Même si je suis tout à fait d’accord pour dire que les relations en entreprises sont souvent tendues (c’est peu dire) et ce, à cause d’un management pourri (intentionnellement ou non), si l’on se cantonne à râler parce que « si ça marche pas, c’est que les gens autour de nous sont des imbéciles », on ne va pas très loin... (oups, encore une citation de comptoir...)


                                • Serge ULESKI Serge ULESKI 6 novembre 2013 18:48


                                  @Cécile Andrieux

                                  Merci pour votre commentaire.

                                  Mon billet concerne celui (ou celle) qui "ordonne organise et commande"

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