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Accueil du site > Tribune Libre > Le paradoxe de la mort créatrice

Le paradoxe de la mort créatrice

La mort au coeur de la vie

« ...On y voit la vie et la mort
la synthèse du monde –
qui dans l’espace profond
se regardent et s’enlacent. » (F.Garcia Lorca)


- « Ce qui fut se refait ; tout coule comme une eau,
Et rien dessous le Ciel ne se voit de nouveau ;
Mais la forme se change en une autre nouvelle
Et ce changement là, Vivre, au monde s’appelle,
Et Mourir quand la forme en une autre s’en va » (Ronsard)
-« Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses  »


Une lecture fascinante où s’expliquent mieuxles grandes contradictions qui opposent vie et mort des cellules, individualisme et altruisme, santé et vieillissement, normal et pathologique...

Je suis en train de terminer la lecture d’un livre étonnant, au carrefour de la microbiologie et de la philosophie, qui renouvelle complètement nos visions spontanées et traditionnelles du rapport entre la vie et la mort, que nous avons tendance à opposer radicalement.
JC Ameisen, de manière très pédagogique sur ce sujet très difficile,ouvre des perspectives insoupçonnées, à la lumière de recherches récentes en matière de biologie cellulaire. Bien que non spécialiste, on peut comprendre l’essentiel des données nouvelles qu’il livre au grand public, même si elles s’avèrent souvent contre-intuitives, comme la majeure des grandes percées en matière scientifique.
 
Que la vie et la mort se conjuguent et se conditionnent, voilà ce que nous savons déjà. Comment la vie des espèces pourrait se perpétuer sans la mort des individus qui les composent, par exemple ?
Cela n’atténue certes pas la crainte que nous éprouvons à la perspective de notre propre mort individuelle, cette « blessure narcissique »toujours fantasmée (Freud), mais depuis Epicure , Lucrèce, Montaigne nous avons appris que notre réconciliation (au moins partielle) avec cette finitude incontournable passe par une mise à distance rationnelle, une réflexion sur la « logique de la mort », son inscription naturelle dans le cycle de la vie, qui, sans elle, ne pourrait avoir lieu.
C’est dans cette logique que s’inscrit l’étude de Ameisen, qui pousse plus loin la réflexion, à la lumière de récentes découvertes, sur la base d’intuitions déjà anciennes : la mort cellulaire est le principe même de la vie des organismes. Cela dès les tous premiers instants de la vie, le développement embryonnaire , qui est « autant dû à une prolifération qu’à une destruction massive de cellules » (4° de couverture).. D’où l’idée troublante et paradoxale, bien qu’anthropomorphique, de « suicide cellulaire », dont il essaie de décrire les mécanismes biochimiques (c’est la partie la plus difficile pour les non spécialistes comme moi). D’où l’idée de « sculpture du vivant », de destructions cellulaires programmées, qui dessine par élimination l’architecture d’un vivant quel qu’il soit. Par exemple, la main de l’embryon se compose à partir d’une masse où les doigts d’abord n’apparaissent pas. Nous sommes là au coeur de ce qu’il y a de plus compliqué à comprendre sans doute dans la génétique du vivant, de la plante à l’homme : le « mystère » de la génétique des formes et de leur transmission. L’auteur fait un petit pas d’explorateur informé, mais prudent, conscient de tout ce qui reste à comprendre...

 -"Vivre, pour chaque cellule qui compose notre corps, c’est à chaque instant avoir réussi à réprimer le déclenchement de son suicide [...]. Au cœur de chaque cellule, la mort est enfouie, tapie, prête à bondir." C’est ainsi que Jean - Claude Ameisen définit cette "mort créatrice" qui, selon lui, nous construit. Depuis quelque temps, déjà, on parlait de mort naturelle programmée : sans accident, sans maladie, sans modes de vie "usants", les fonctions du corps humain s’éteignent d’elles-mêmes au bout d’environ cent-vingt ans... Mais la thèse de Jean-Claude Ameisen va plus loin : la mort est le principe même du vivant. C’est parce que des centaines de milliers de cellules meurent que la vie s’élabore et cela dès le stade embryonnaire. Alors même que le corps grandit, des pans entiers de son être disparaissent. Mieux : ces disparitions massives constituent la condition même de la complexité de notre organisme. C’est le cas, par exemple, de l’apparition des doigts : notre main naît d’abord sous la forme d’une moufle contenant cinq branches de cartilage, qui vont progressivement constituer les doigts séparés grâce à l’élimination des cellules qui les reliaient. La mort sculpte le vivant..." (A.Poulantzas)
__« "Nous sommes chacun une nébuleuse vivante, un peuple hétérogène de milliards de cellules, dont les interactions engendrent notre corps et notre esprit. Aujourd’hui, nous savons que toutes ces cellules ont le pouvoir de s’autodétruire en quelques heures. Et leur survie dépend, jour après jour, de leur capacité à percevoir les signaux qui empêchent leur suicide. Cette fragilité même, et l’interdépendance qu’elle fait naître, est source d’une formidable puissance, permettant à notre corps de se reconstruire en permanence. A l’image ancienne de la mort comme une faucheuse brutale se surimpose une image radicalement nouvelle, celle d’un sculpteur au cœur du vivant, faisant émerger sa forme et sa complexité.__Cette nouvelle vision bouleverse l’idée que nous nous faisons de la vie. Elle permet une réinterprétation des causes de la plupart de nos maladies et fait naître de nouveaux espoirs pour leur traitements. Elle transforme notre compréhension du vieillissement._C’est un voyage que propose ce livre. Un voyage à l’intérieur de nous-mêmes, de nos cellules et de nos gènes. Une plongée vers le moment où commence notre existence, à la rencontre du suicide cellulaire à l’œuvre dans la sculpture de notre corps en devenir ; mais aussi une plongée vers un passé plus lointain, au travers de centaines de millions d’années, à la recherche des origines du pouvoir étrange et paradoxal de s’autodétruire qui caractérise la vie. Un voyage à la découverte de l’une des plus belles aventures de la biologie de notre temps. Comme toute exploration d’un pan inconnu de notre univers, ce livre nous révélera des paysages d’une grande beauté. Il nous permettra aussi de ressentir combien la science peut parfois entrer en résonance avec nos interrogations les plus intimes et les plus anciennes."- (Ed du Seuil)


Ces nouvelles perspectives sur le rapport mort/vie sont-elles à même de nous réconcilier avec notre propre mort ? Là, c’est une autre histoire, car toute mort est vécue existentiellement, la sienne comme celle des proches. Mais du moins y a-t-il là matière à dédramatiser pour son propre compte ce qui autrefois semblait venir de l’extérieur, terrorisait les hommes et à regarder d’un autre oeil un phénomène naturel, nécessaire (non contingent) et « créateur. », en action dès le début de notre existence. La mort nous accompagne sans cesse, jusqu’au stade ultime. « Apprendre à vivre c’est apprendre à mourir »( Ciceron)



Moyenne des avis sur cet article :  3.86/5   (14 votes)




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47 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 19 août 2010 11:08

    Bonjour !
    Ce billet aurait dû avoir sa place dans « compte-rendu de lecture »
    Pas grave.


    • Phileas Phileas 19 août 2010 11:28

      Le titre de « l’article » est quand même de vous au moins ?


      • djanel Le viking- djanel Le viking- 19 août 2010 17:48

        Paroles de jaloux 


      • Daniel Roux Daniel Roux 19 août 2010 11:36

        Zen justifie une fois de plus son pseudo.

        La mort créatrice : D’un point de vue purement matérialiste, ne sommes nous pas une condensation des atomes fabriqués et recyclés dans une succession d’étoiles et d’ensembles biologiques, depuis le big bang et sans doute avant ?

        Ce miracle sans cesse renouveler pourrait consoler mais il ne diminue en rien l’angoisse existentielle et instinctive de l’homme face à la certitude de sa propre finitude. L’idée de la mort peut gâcher une vie, si elle prend trop d’importance. La philosophie (ou la remise du problème au lendemain) peut apporter une aide relative face à cet ultime épreuve.

        Certains ont recours à l’humour. Ne dit-on pas que la Vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible ?

        Prendre de la distance par rapport à cet événement, certes important mais de très courte durée par rapport à toute une vie, me paraît une attitude raisonnable et positive.

        En dehors de la tristesse de nos proches et des éventuelles soucis matériels que notre mort peut provoquer, que redoutons nous en fait ? Les souffrances ultimes ? Une maladie ou une blessure en procurent autant, sinon plus. La dissolution de notre conscience ? Nous nous endormons chaque soir de cette façon. L’errance de notre âme ? Encore faut-il y croire mais pour ceux que cela concerne, il existe des refuges comme le paradis pour les meilleurs d’entre nous. Il vous suffit d’en être.

        Il est probable que nous n’aurons pas connaissance de notre propre mort. La conscience est le produit du fonctionnement du cerveau et elle s’éteindra comme une lampe lorsque ce dernier mourra. Une consolation cependant pour ceux qui en ont besoin, d’après ceux qui ont vécu le début du processus, le passage est merveilleux avec tunnel de lumière et éblouissement, le bouquet final en quelque sorte.

        Bonne mort à tous, mais inutile de vous pressez car, comme l’écrivait Brassens, la Camarde est vigilante et ne vous oubliera pas.


        • ZEN ZEN 19 août 2010 11:36

          Voui,voui ! toute la partie qui n’est pas entre guillements, au début en gras et le dernier §... et le choix des citations smiley
          C’est assez repérable, non ?


          • paul mohad dhib 19 août 2010 12:31

            Salut zen....sujet difficile a regarder...en face
            pour le moment ce que je perçois est que comme il est dit dans ton article que la vie est liée a la mort physiquement....
            psychologiquement, si toutefois ce mot a un sens défini a part non palpable..
            psychologiquement donc, notre mental ,cerveau analytique/ego , ne peut regarder ce fait , qui est la en permanence devant nous....alors il fuit....et de causes en effets multiples aboutit a nos comportements humains et nos sociétés....
            vivre avec la mort, qui est le signe de notre impermanence constante, demande d’autres capacités que celles que nous utilisons « normalement »....
            rejeter cette fin que le cerveau qui analyse ne peut voir, car il ne peut que analyser ce qui est déjà mémorisé ,( chacun peut regarder ce que je dis,) rejeter cette fin c’est quitter la vie, je sais ca parait paradoxal , car les deux sont lies, et il nous faut nous enfoncer dans l’impermanence pour comprendre ce qu’est être vivant...l’humain par fuite du reel donc peur ne le fait jamais, c’est la le mauvais tournant....je reconnais qu’il est ardu...remarquez on n’essaye jamais avec soi meme....tellement ca peut etre flippant.....
            ce malaise qui provoque la fuite est un signal tres fort selon moi , comme un panneau qui dirait : ca te fait mal de regarder ta fin, alors reste la et comprends !
            mais les mots ne nous amènent jamais au dela du symbole ,même si il s peuvent être beau et procurer des sensations,car c’est une approche intellectuelle, or ce meme intellect est celui qui ne peut regarder sa fin , il n’est pas conçu pour cela , mais pour analyser le passé et en dégager des idées de techniques pour survivre.....regarder sa mort arrivera donc le jours ou l’éveil a autre chose se sera produit.....car si le corps vivait comme le mental des humains , il serait déjà mort, le corps ne peut être dans le passe ou le futur, impossible.... notre vie est elle vie ?
            merci de ton article que je vais relire
            amicalement..


            • foufouille foufouille 19 août 2010 12:52

              calment a vecu 122a
              donc les 120 ne sont pas une limite


              • ZEN ZEN 19 août 2010 13:24

                Mieux !
                Mathusalem a vécu 969 ans
                Il y a de l’espoir smiley


                • paul mohad dhib 19 août 2010 14:29

                  Et oui, toujours le refus de la mort donc du reel...même avec humour...que je comprends bien..refus = fuite=peur =quête de sécurité =cela nous amène a vivre dans une illusion mentale de désirs a atteindre, une projection de nos opinions, nos sociétés sont le résultat de cela multiplie par 6 milliards environ aujourd’hui...
                   fuir le reel et rester coincer dans la partie du cerveau source de douleur,de peurs ,de souffrances.., chez certains donnent une quête délirante de pouvoir et de possessions...l’origine de l’état mental de nos sociétés se trouve peut être par la....
                  j’ai dit peut être....
                  vivre dans le reel impermanent ,et vivre dans une illusion mentale propre a soi donne des conséquences entièrement différentes...je voulais juste pointer cela....
                  et que chaque sujet ramène toujours et encore au seul problème qui existe , l’humain et sa capacite d’analyse...


                  • paul mohad dhib 19 août 2010 14:30

                    j’ai oublie le : salutations !!!


                    • Aafrit Aafrit 19 août 2010 14:35

                      Bien !
                      Donc, on commence à mourir dès les premiers instants de la vie !
                      Vivre c’est un peu comme mourir ou bien : mourir c’est vivre un peu

                      Je comprends maintenant pourquoi ce premier cri en sortant du ventre..on pleure notre mort, étant conscient qu’une fois mort, on (l’ex bébé-futur Homme) ne pourra pleurer sa propre mort smiley


                      • ZEN ZEN 19 août 2010 14:46

                        Ce qui est intéressant dans les recherches de l’immunologue JC Ameisen , c’est d’aboutir à une confirmation du darwinisme, revu et adapté à l’achelle microbiologique.
                        Docdory pourrait-il confirmer ?...


                        • LE CHAT LE CHAT 19 août 2010 16:10

                          la mort d’un arbre , d’un animal est source de vie pour les bactéries , animaux , champignons et autres végétaux qui vont s’en nourrir ! après nous les mouches .....


                          • herbe herbe 19 août 2010 21:52

                            Petite réflexion perso :
                            Avant de naitre donc de vivre, on est mort. la mort donc précède la vie !?
                            Avant de naitre nous n’étions pas capable de conscience (nous n’étions rien d’ailleurs...) et cet état nous le retrouvons à notre mort, cette mort là qui vient à la suite de notre vie ...

                            Nous sommes poussières d’étoiles qui elle même n’est qu’énergie qui elle même est information !?


                            • celuiquichaussedu48 celuiquichaussedu48 19 août 2010 21:55

                              Peux-tu m’expliquer ce que l’on est avant de naitre ? Je vois pas du tout (ce n’est pas un message d’insulte).


                            • herbe herbe 19 août 2010 22:05

                              Ben justement on est mort, puisqu’on est pas encore en vie smiley.

                              Ben je suis poli !, par contre si tu connais un autre état que ces deux là je suis preneur.

                              Sinon pour aller plus loin il y aurait bien ce fameux chat smiley :
                              http://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schr%C3%B6dinger


                            • celuiquichaussedu48 celuiquichaussedu48 19 août 2010 22:15

                              Pour l’insulte, certains commentateurs croient que lorsque l’on ne fait pas l’éloge de leur (non-)argumentation, on est dans l’insulte systèmatique.

                              Et je pensais simplement qu’avant la naissance, nous ne sommes pas, tout simplement, ni mort ni vivant, vu que chronologiquement extérieur à cet instant.


                            • Salsabil 19 août 2010 22:22

                              @ herbe,

                              L’orgasme, peut-être.... C’est potentiellement juste entre les deux ou presque, non ? smiley

                              Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !

                              Je vous laisse à des discussions philosophiques majeures, j’ai personnellement l’esprit plutôt taquin ce soir, donc, je sors....>>>>


                            • herbe herbe 19 août 2010 22:23

                              pas d’inquiétude en ce qui me concerne...

                              Sinon au fait : après sa vie donc à sa mort et au delà, on est pas chronologiquement hors de l’instant de sa vie ?


                            • herbe herbe 19 août 2010 22:26

                              Salsabil, j’adore l’esprit taquin (bien sûr j’ajoute si il n’est pas méchant ..)
                              Alors tu peux rester...ben au fait je n’ai pas à te donner d’autorisation, tu fais comme tu veux ...


                            • celuiquichaussedu48 celuiquichaussedu48 19 août 2010 22:33

                              Et bien en fait, pour ce qui est de la mort, il y a une chose bizarre qui a été énoncée dans un épisode de The Big Bang Theory : 

                              La téléportation qui a pour principe de « détruire » les atomes au point A, et recréer la même configuration de chaques atomes au point B, va dans le cas de la téléportation humaine, tuer l’homme en A pour le recréer en B. Mathématiquement, nous sommes le même, mais je ne sais pas si l’on retrouve la même personne vraiment au point B.

                              Donc pour ce qui est de la mort, normalement on est extérieur, mais si dans le cas de la téléportation, l’« âme » reste la même dans les deux corps, peut être qu’après la mort nous pouvons être présent.

                              Et comme je ne connais pas l’état de l’âme avant la naissance, je n’affirme rien.

                              Désolé si je ne suis pas clair.


                            • herbe herbe 19 août 2010 22:56

                              Non en effet ce n’est pas très clair (c’est valable pour moi), mais t’inquiète sur ce sujet, essayer de faire en quelques lignes c’est une prouesse...

                              En tout cas merci je comprend mieux ta position, tu introduis le concept d’âme donc je comprend un peu mieux.
                              Je ne l’utilise pas dans mon raisonnement ce concept pour moi d’ailleurs très étrange : je appréhende pas ce que peut être l’âme sans le corps ? ...il y a une piste  ?

                              c’est vrai que tout ça est assez contre intuitif, donc en ce qui me concerne je veux bien encore y réfléchir encore un peu et pourquoi pas le plus longtemps possible smiley


                            • celuiquichaussedu48 celuiquichaussedu48 19 août 2010 23:34

                              Bah j’utilise l’âme parce que je me suis rendu compte que l’homme n’a pas un corps mais est ce corps (les troubles psychiques altèrent le corps et les troubles somatiques altèrent l’esprit), donc pour ce qui est de la vie « sophistiquée » (animaux et plantes pluricellulaires), une destruction de l’une de ces faces a forcément un effet irreversible sur le second, que je ne peux pas qualifier, l’âme entre donc forcément en compte.

                              Après pour la mort des êtres « simples », c’est autre chose.


                            • Gasty Gasty 20 août 2010 10:08

                              Un nouveau venu dans un groupe est accueilli avec joie, un partant est accompagné avec tristesse vers sa nouvelle destiné.
                              Mais c’est pas grave, on sait d’où l’on vient et ou l’on va !.... Quoique des fois.... !

                              Avec la mort, si seulement on pouvait se souvenir d’un passage on accepterait plus facilement ce départ.
                              Alzheimer ! Serait-ce la mort dans l’âme ?


                            • vilistia 20 août 2010 16:32

                              48

                              Peux-tu m’expliquer ce que l’on est avant de naitre ? Je vois pas du tout (ce n’est pas un message d’insulte).

                              Essayez le livre des Morts Thibétains !

                              Vous m’en direz des nouvelles !



                            • celuiquichaussedu48 celuiquichaussedu48 21 août 2010 01:49

                              OK, je vais jeter un oeil.


                            • joelim joelim 19 août 2010 23:03

                              On peut aussi tenter de profiter de notre mort au sens de sensations qu’on ne vivra qu’une fois. C’est comme la chute d’une blague ou la fin d’un spectacle : çà fait partie du show. C’est la partie la plus épicée...

                              Sans la mort la vie ne serait pas aussi précieuse. La mort a aussi la qualité d’être parfaitement égalitaire, au bout du bout.

                              • ZEN ZEN 19 août 2010 23:09

                                Bonsoir herbe,

                                Je crois que la discussion s’éloigne du problème soulevé et analysé dans le livre de Ameisen. Son étude, comme scientifique, ne porte pas la mort de l’individu comme tel, mais essaie de comprendre comment, dans le fonctionnement interne de tout organisme, la mort (cellulaire) est le principe même de la vie, ce qui apparaît tout à fait paradoxal à première vue.

                                 Pour se construire, un vivant, doit en partie s’autodétruire en permanence selon des lois biochimiques codées génétiquement. C’est particulièrement évident lors de la formation du foetus (exemple développé plus haut). Une entropie en action, mais au service d’une construction/reconstruction permanente.
                                C’est la logique de l’alliance des deux principes qui est difficile à comprendre et qui suscite la recherche de l’auteur.Je sais, ce n’est pas facile à exprimer en quelques lignes, mais Ameisen donne de nombreux exemples.
                                Bonne soirée


                                • herbe herbe 19 août 2010 23:22

                                  Merci Zen pour cette synthèse.

                                  J’ai juste emprunté un petit sentier connexe. cet article m’a évoqué certaines choses auxquelles je n’aurais pas pensé comme quoi c’est stimulant !

                                  cordialement


                                • L'enfoiré L’enfoiré 20 août 2010 09:08

                                  Salut Zen,
                                   Article que je verrais mieux du côté du 2 novembre.
                                   Je m’en suis payé deux : pendant (1) et après (2)
                                   Mais à part le timing, bon article.
                                   smiley


                                  • ZEN ZEN 20 août 2010 09:23

                                    Salut L’enfoiré
                                    Absolument rien de morbide dans le livre que je présente
                                    Tout à fait réjouissant même
                                    Une dédramatisation/banalisation qui réconcilie rationnellement avec ce qui se joue secrètement dès la naissance


                                    • Le péripate Le péripate 20 août 2010 10:28

                                      Sans mort de l’individu, il n’y a pas d’évolution possible, et c’est en effet merveille de voir cette main invisible smiley œuvrer au sein même des individus, leurs cellules.
                                      D’ailleurs cette main invisible (je ne peux pas résister smiley ) œuvre aussi à l’échelle du cosmos, morts des étoiles et des galaxies, évolution de l’univers. Bref.

                                      Mais il est un domaine où cette mort créative a toute son importance, c’est l’économie. La suite est un copier coller, qui ne devrait pas vous effrayer Zen, vous qui en faîtes un usage si abondant. smiley

                                      "Comme le disait Schumpeter : “The essential point to grasp is that in dealing with capitalism we are dealing with an evolutionary process.” Imaginez l’efficience et la superbe complexité de la sélection naturelle appliquée à l’économie. Imaginez la chauve-souris sans son système de guidage ultra-son, la giraffe sans son long cou pour atteindre les feuilles élevées, le caméléon sans son camouflage, une araignée sans sa capacité à tisser des toiles ou le hérisson sans son système de défense. Ces « innovations » sont le fruit de l’évolution sous la pression de l’environnement ; de la compétition pour la survie.

                                      La destruction créative ne fonctionne pas dans une économie socialiste. L’État y a le monopole et n’a aucune pression compétitive pour stimuler l’amélioration de la productivité par l’innovation. C’est ce qui a été observé en Union Soviétique après la chute du rideau de fer On y a observé de la machinerie agricole fonctionnant avec des moteurs à vapeur développés dans les années 1920s.

                                      L’industrie pétrolière Soviétique fut aussi un cas spectaculaire démontrant ce qui se produit en l’absence de destruction créative. Les technologies utilisées dans les années 1980s dataient des années 1950s, et ce allant du simple outil de forage jusqu’aux activités de raffinage. Le matériel de forage était primitif ; incapable de dépasser 3,000 pieds sans se briser (ce qui est un problème majeur lorsque la plupart des gisements restants dépassaient cette profondeur).

                                      En somme, s’il y a un côté positif dans une récession, c’est bien la destruction créatrice. Celle-ci est un moteur d’innovation et d’amélioration de notre niveau de vie. C’est pourquoi il faut s’opposer aux plans de relance et aux bailouts, lesquels agissent comme du sable dans l’engrenage de la destruction créatrice et du capitalisme. Les gouvernements pensent que par leur interventionnisme, ils peuvent enrayer les cycles économiques, comme le suggérait Keynes. Ce faisant, ils ne font que les amplifier !

                                      Il est certain que la destruction créatrice crée du chômage temporaire. Les travailleurs dont les compétences sont rendues obsolètes par une innovation technologique entrent dans une période de transition où l’on verra ces ressources humaines être allouées à d’autres activités dans l’économie. La mobilité des travailleurs n’étant pas parfaite, cette transition est parfois difficile, mais c’est le prix à payer pour le niveau de vie duquel nous bénéficions grâce au capitalisme."

                                      Il serait stupide de stopper l’innovation et le progrès au nom de la protection de ces emplois archaïques. C’est pourtant ce que l’on fait lorsque l’on empêche le libre-marché de fonctionner.



                                      • L'enfoiré L’enfoiré 20 août 2010 12:12

                                        Peri,
                                         C’est la justice dans le monde pour riches, pauvres, intelligents, fous.
                                         La sanction, c’est toujours perpette.
                                         smiley


                                      • Le péripate Le péripate 20 août 2010 13:13

                                        Au fait, je trouverais agréable que vous pratiquiez, Zen, un peu de nettoyage des propos haineux et stupides qui me sont adressés. Ou alors je croirais que vous les soutenez.

                                         smiley


                                      • vilistia 20 août 2010 15:51

                                        Peripate

                                        Je l’adore.......Il lit les titres des couvertures de livres.......Je suis snob !

                                        Comme La Corle, il ne sait pas trop quoi faire de sa mort !


                                      • ZEN ZEN 20 août 2010 10:39

                                        Le Peripate, il faut regarder les guillemets...
                                        Dans ce domaine difficile, il faut laisser parler un peu’auteur ; Il s’agit bien d’un compte-rendu de lecture !
                                        Désolé, mais la sociobiologie ou l’économie vue à travers les modèles de la biologie (ou inversement), ça ne fonctionne que par abus de langage, ou par métaphore..
                                        Il n’y a pas plus de « main invisible » en économie qu’en macro ou microbiologie...
                                        Sinon, ce que dit Schumpteter m’intéresse toujours...
                                        Sinon, sur le fond ?... smiley
                                        L’essentiel est de participer...
                                        Thanks


                                        • Le péripate Le péripate 20 août 2010 11:58

                                          Il me semblait que j’abordais justement le fond. Mais quand les gens intelligents se piquent de ne pas comprendre il est constant qu’ils y réussissent mieux que les sots.


                                        • ZEN ZEN 20 août 2010 11:59

                                          Au fait, merci d’être passé
                                          Vous aviez vu de la lumière ?... smiley
                                          Bonne lecture de JC Ameisen !


                                          • ZEN ZEN 20 août 2010 12:04

                                            il vous semblait...
                                            Et bien non, dommage !
                                            Il n’était nullement question d’économie...
                                            Et la notion de « suicide cellulaire », vous en pensez quoi ?
                                            C’est de qui cette sentence un peu obscure, mais qui fait très docte ? smiley


                                            • Le péripate Le péripate 20 août 2010 13:08

                                              De André Gide je crois.

                                              Si j’ai bien compris nous avons en commun d’accepter le darwinisme comme un fait scientifique.
                                              Certes une loi ne doit pas être sorti de son domaine d’application sans précaution. Mais que faut-il pour qu’existe un système capable d’évolution ?
                                              En fait la réponse n’est pas biologique, mais cybernétique.
                                              Il faut : une capacité à la variation, ou mutation ; une grille, un filtre, l’environnement, le milieu.
                                              Et rien d’autre.
                                              Ces éléments se trouvent à de nombreuses échelles de la réalité. Vous l’avez raté, mais je n’ai pas fait que citer la destruction créative de Shumpeter, mais aussi l’évolution des galaxies. En fait je crois que ce principe cybernétique est valable de la cosmologie aux sciences humaines, en passant bien sûr par la biologie. J’ai déjà évoqué l’économie avec Shumpeter, mais j’aurais aussi pu parler de la théorie du droit de Hayek, pour qui le droit naturel est celui qui a été sélectionné comme étant le meilleur par l’expérience de nombreuses générations humaines.
                                              Ceci étant dit, revenons à nos cellules et au suicide cellulaire. D’abord, une petite erreur : il semble que de nombreuses plantes ne l’aient pas « découvert » et il existe en effet des arbres qui sont réellement immortels. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne meurent pas, mais qu’ils meurent toujours d’un accident, d’une maladie, bref d’une contingence et qu’ils ne sont pas « programmés » pour mourir.
                                              Alors, « l’invention » du suicide cellulaire correspondrait à un état cybernétique supérieur, une boucle de rétroaction plus efficace que le simple hasard de la mort accidentelle.


                                            • ZEN ZEN 20 août 2010 13:32

                                              l
                                              La cybernétique est un modèle d’explication intéressant, mais ce n’est qu’un modèle, qui a la faiblesse d’être anthromorphique, il correspond à une construction humaine, contrairement à la biologie, qui est naturelle, sans projet, sans « programme » finalisé
                                              Mais, difficile, comme le reconnaît Ameisen, d’échapper à l’anthropomorphisme. La notion de « suicide cellulaire » en est une forme, à ne pas prendre à la lettre.
                                              Pour l’arbre « immortel », j’aimerais des sources scientifiques..


                                            • Le péripate Le péripate 20 août 2010 13:42

                                              J’avais lu ça dans un livre de Reincholf sur l’évolution, qu’il m’est difficile de citer sans recherche fastidieuse. Mais un coup de google m’a donné rapidement cet article de sciences et avenirs.


                                            • COLRE COLRE 20 août 2010 15:44

                                              Salut Le péripate,

                                              Pas d’accord avec ton extrapolation du darwinisme comme justification morale ou politique. Le darwinisme n’est que l’application au domaine des espèces d’une loi générale qui consiste à dire que ce qui existe, a donc surgi (et pu surgir) dans le champ des possibles, puis a survécu dans le champ des contraintes, donc était apte (le plus apte ?), avant de s’éteindre, mourir ou disparaître quand cet équilibre ontologique se désagrège.

                                              La « main invisible » du marché et de l’économie n’a rien à voir avec ce principe si ce n’est sur le plan métaphorique (souvent faux et dangereux).
                                              Ainsi, l’évolution des espèces domestiques a tout à voir avec la main VISIBLE de l’éleveur… smiley. Ce dernier agit, régule, crée, protège et ne laisse pas ses poules aux crocs des prédateurs.

                                              Darwin lui-même a conçu que la sélection naturelle « du plus fort » ou du « plus apte » n’était pas adaptée, telle quelle, au « darwinisme ».

                                              Bonjour ZEN,

                                              Votre article, intéressant, me fait penser à la plasticité neuronale de Changeux et à la disparition en masse du potentiel neuronal au moment de l’apprentissage qui renforce les circuits utilisés et élimine les autres. Là aussi, le cerveau se construit sur la destruction de ce qui ne sert pas…

                                              La dialectique vie/mort est passionnante quand on la débarrasse des croyances religieuses et de la vie éternelle ! mais ce n’est pas facile d’oublier la mort quand on est un être conscient et pensant…



                                            • vilistia 20 août 2010 16:03

                                              Peripate
                                              Les arbres seraient donc intelligents ?
                                              Non. On ne peut pas parler d’intelligence dans le règne végétal. Les plantes s’adaptent, communiquent, se défendent, mais il s’agit de phénomènes automatiques. Pour être « intelligent », il faut pouvoir hésiter, se tromper. La plante ne le fait pas.

                                              Comme le précise François Hallé.... Tu as encore du chemin à faire !


                                            • ZEN ZEN 20 août 2010 17:15

                                              Bonjour Colre
                                              Le rapprochement avec Changeux est tout à fait intéressant, même si lui est plus spécialisé en microbiologie neuronale.
                                              Je vais relire « L’homme neuronal »
                                              Entre la mort et sa mort, c’est vrai qu’il y a un hiatus...La conscience, tout simplement


                                            • foufouille foufouille 20 août 2010 19:31

                                              « Les arbres seraient donc intelligents ? »

                                              pas humaine, pour le reste on sait juste que c’est vivant


                                            • foufouille foufouille 20 août 2010 12:16

                                              on peut y mettre le cancer dedans
                                              j’ai remarque que les gens qui vivent vieux, ont surtout la volonte de vouloir vivre vieux
                                              sauf accident, je vois pourquoi il y aurait une limite

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