Le parler de Provence : des mots pleins d’expressivité...
Il me revient, quelquefois, des mots entendus dans l'enfance, des mots d'autrefois prononcés par mes parents ou mes grands-parents, des mots du sud pleins d'expressivité.
Des mots qui évoquent, d'abord, l'univers marin, bien sûr, le petit port de l'Estaque où je suis née : je revois des "gabians" qui frôlent la surface de l'eau, des "bettes" amarrées sur lesquelles des pêcheurs ravaudaient leurs filets.
A Marseille, le "gabian" est l'autre nom de la mouette : le terme serait directement issu du latin "gavia".
Aussitôt, ce mot nous fait entendre les cris acérés de cet oiseau, grâce à la voyelle "i" assez aiguë, à la gutturale intiale "g".
La "bette" est une embarcation à fond plat, sans doute un dérivé du nom "bateau".
Le mot "favouille", autre nom du crabe nous fait voir un grouillement de ces crustacés dans les nasses des pêcheurs de l'Estaque.
On ne peut pas oublier non plus "l'arapède", ce coquillage qui s'accroche aux rochers. Par extension, le mot désigne aussi une personne collante dont on n'arrive pas à se débarrasser. Ce terme suggère bien ce qu'il désigne : voyelle "a" réitérée, gutturale "r" pleine d'âpreté, labiale et dentale, des consonnes variées qui soulignent ce nom.
D'autres mots sont particulièrement évocateurs : notamment le verbe "affoguer" qui signifie "paniquer".
Je ne sais pas d'où vient ce verbe mais je le trouve particulièrement expressif : "Il affogue", dit-on, comme si ce terme mimait une sorte d'affolement irrépressible.
Un de nos oncles était porté sur la boisson et on avait coutume de dire à son sujet : "Il chime", un terme familier qui signifie : "il picole".
Ce verbe prononcé en insistant sur la chuintante "ch" à l'initiale prenait une résonance particulière et avait une valeur fortement dénonciatrice et réprobatrice.
Parfois, il m'arrivait d'entendre mon grand-père prononcer cette phrase : "Aujourd'hui, je n'ai pas la voye"... c'est à dire "je n'ai pas d'entrain..."
La fatigue se lisait sur son visage, son pas était lourd, il peinait à avancer.
Et puis, quand un marseillais veut se moquer d'un homme fluet, petit qui n'a pas la carrure, il emploie volontiers cette expression : "C'est un gisclet !"
Ce mot vient du provençal "gisclet" qui désigne à l'origine "un petit filet d'eau".
Tant de mots expressifs qui font partie du patois provençal !
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2017/09/le-parler-de-provence-des-mots-pleins-d-expressivite.html
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