Natacha Polony, le Rwanda, la France et l’Ukraine
Exergue
« Pour s’exprimer dans une langue claire et vigoureuse, il faut penser sans crainte, et celui qui pense sans crainte ne peut être politiquement orthodoxe » - Eric Blair (George Orwell)[1].
Préliminaires
A l’occasion du procès de Natacha Polony[2], commencé justement ce mardi 01/03/2022[3], devant le tribunal correctionnel de Paris, pour, je cite : « ...contestation de l'existence de crimes contre l'humanité » commis au Rwanda (en 1994 ?), je voudrais m’exprimer sur un certain nombre de questions que je me pose depuis quelques temps déjà.
Or donc Natacha Polony aurait dit, le 18 mars 2018, sur France Inter qu’elle estimait, à propos du Génocide des Tutsis du Rwanda de 1994, « nécessaire de regarder en face ce qui s'est passé à ce moment-là et qui n'a rien finalement d'une distinction entre des méchants et des gentils ». « Malheureusement, on est typiquement dans le genre de cas où on avait des salauds face à d'autres salauds (...) C'est-à-dire que je pense qu'il n'y avait pas d'un côté les gentils et de l'autre les méchants dans cette histoire" aurait-elle ajouté.
Avant propos
J’ai commencé mon chemin de Damas, vers le doute raisonnable, lors de la guerre Vietnam (‘64-‘75) d’abord, et ensuite lors de celle du « Sahara Espagnol », entre le Maroc et le Polisario (‘76). Mais je n’avais pas encore franchi un point de non-retour. C’est chose faite depuis la guerre Ougando-Rwandaise (‘90-‘94) et le Génocide des Tutsis du Rwanda, mais surtout depuis la guerre « contre » la Covid-19[4] et « forcément », actuellement, celle d’Ukraine, « contre » la Russie.
Préambule
« Propaganda » d’Edward Bernays c’était en 1928 (prophétique ?). Raphael Lemkin en 1943 avait inventé le concept de « Génocide »[5]. Joop Meerloo, en 1956, avait, lui, créé le mot de « menticide »[6]. La « Charte de Biderman » dès 1957[7] élaborait un « tableau » reprenant la description des 8 méthodes du contrôle coercitif. Noam Chomsky[8], écrivait en 1988 « La Fabrique du Consentement [9] ». Michel Collon avait explicité, dès 2013, les 5 principes de la « propagande de guerre »[10], également repris par Anne Morelli[11]. Jean Bricmont, en 2014, avait produit « La République des Censeurs ». Il y a, à l’évidence, les Zamiatine, Huxley et Orwell. Peut-on évoquer, les couveuses (Koweit 1990), l‘anthrax (Powell 2003), les armes de destruction massives (idem 2003), l’USS Main[12], le Lusitania[13], le golfe du Tonkin[14], Katyn[15], My-Lai[16], les filières vaticanes d’exfiltrations des criminels nazis[17] ?
Quant aux crimes, peut-on citer : Raspoutine (ț1916), Trotsky (ț1940), Lumumba (ț1961), Dag Hammarskjöld (ț1961), Che Guevara (ț1967), Ndadaye (ț1993), Habyarimana et Ntaryamira (ț1994), Seth Sendashonga (ț1998) ?
Et quid de l’Inquisition (à partir de 1542 à ... ?), de Dreyfus (1894), de Sacco et Vanzetti (1927), des procès de Moscou (1936-1938), du Maccarthysme (1950), du TTPIY (1993-2017) et du TPIR (1994-2015) , de Tian'anmen (Chine ‘89), de la Place Tahir (Egypte 2011), de l’Euromaïdan (Ukraine 2013), des scandales sexuelles dans les Eglises Chrétiennes des USA, de France, de Belgique, d’Allemagne et jusqu’à Rome ?
Introduction
Mais pourquoi un tel « avant-propos » et un tel « préambule », une telle litanie, un tel laïus en ce qui concernerait le Rwanda et le « procès » de Natacha Polony ?
En fait, depuis 1990, donc depuis plus de 30 ans aujourd’hui, et précisément depuis le Génocide des Tutsis du Rwanda et les quelques années qui l’ont précédé et suivi, je me suis trouvé de plus en plus perplexe devant ce que je découvrais de l’actualité journalière telle qu’elle est rapportée, au jour le jour, jusqu’aux jours d’aujourd’hui.
J’étais comme le visiteur de musée devant un tableau d’un peintre pointilliste (Seurat ou Signac jeune, par exemple) ou même devant un Pollock. De près, je ne voyais que des points de couleurs différentes disposés au hasard, dans le désordre, incohérents. Mais en m’éloignant progressivement du tableau je commençais à distinguer des formes qui semblaient émerger d’un brouillard confus. Finalement suffisamment éloigné, je découvrais le sujet du tableau. L’intention de l’artiste, se manifestait, devenant évidence ; le sens m’était donné, harmonieux, presque « logique ».
Développement.
J’ai mis en abyme, dans le texte de mon titre, des événements relatifs au Rwanda, à la France et à l’Ukraine. En effet, je me rends compte que non seulement les structures de ces événements-là et de leurs récits, mais aussi le fluage lui-même de l’information et de l’analyse sont étonnamment, dans leur dynamique, dans leur forme et dans leur fonds, homothétiques, à travers, le temps, l’espace et l’humain. Il y a, comme dans les trois règles du théâtre classique, unité de temps (les 50 dernières années), et unité de lieux (les régions les plus pauvres), unité d’action (la corruption) et cela de pays en pays, de drames en drames, de mensonges en mensonges, de collaborateurs en « collaborateurs[18] ».
Les lieux, les dates, les faits mais aussi les noms de ces « collaborateurs » me sont apparus comme les nœuds d’une structure réticulaire. Et entre ces nœuds, et les solidarisant, des liaisons covalentes, des lignes de plus grandes forces, appelées : corruptions, vices, pillages, trafics, mensonges, compromissions, paranoïas, psychopathologies, mégalomanies, médiocraties, narcissismes pervers.
Par exemple :
1 – A - Lors de l’invasion du Rwanda par l’Ouganda, le 01/10/1990, « personne », dans la communauté internationale, à l’ONU, n’a levé le petit doigt pour dénoncer le recours à la guerre par un premier et injuste agresseur et offrir une médiation. A partir du 6 octobre 1994 et pendant 100 jours le génocide et de 1 million de morts et là, rebelote, « black-out » sur toute la ligne.
B - Au début de la « pandémie » Covis-19, en 2019, « on » nous a caché la dangerosité et l’origine « anthropique » de ce nouveau virus. En quelques minutes 190 pays, sur les 193 de l’ONU, ont décidé de confiner la terre entière. Et la France de 2019 a voté pour le lockdown mondial et 6 millions de morts plus tard, en 2 ans, sur toute la terre soit 500.000 fois moins, en proportions, que le Génocide !
C - Au 22 février 2022 « on » n’avait quasi pas entendu parler de 8 années de bombardements du Donbass par l’armée ukrainienne. L’Europe révèle rapidement son unité purement de façade malgré les gesticulations de Macron de France à Versailles.
2 - A - Au moment du génocide des Tutsis du Rwanda (qui a duré 100 jour c’est-à-dire 12 semaines) les 12 pages de couverture de Newsweek reprenaient les photos du procès de O.J. Simpson. (A vois aussi Greta Van Susteren de Fox New sur :
B – Depuis le début de la « pandémie », quasiment plus aucune embarcation ne semble sombrer en Méditerranée. Aucun bébé noyé ne s’échoue sur les plages à bronzettes d’Italie. La jungle de Calais ne semble plus exister. Aucun Vietnamien n’arrive congelé, en camion frigorifique, en Angleterre. De même, des 6.000 Mineurs Migrants Non Accompagnés qui disparaissent chaque année en Europe, aucun n’est plus signalé[19] .
C – Pour ce qui de la guerre en Ukraine il semblerait que les populations candidates pour se réfugier en Pologne seraient triées selon des critères ethniques[20]. Personne n’en parle en France, or même que Kagamé, du Rwanda, se serait exprimé à ce sujet ! De même, « on » interdirait, en Italie, dans les leçons de littérature russe de citer Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (ce qui est fort probablement une face news). Et pendant ce temps-là, la chaîne télé RT est « suspendue » par Ursula von der Leyen.
3 - A – La visite de Macron à Kagamé, le 27 mai 2021, n’a rappelé à personne le rapprochement entre Sarkozy et Kadhafi juste avant les élections de 2007, ni d’ailleurs le sort réservé à Kadhafi en 2011.
B – La bataille des chiffres des hospitalisations, des morts, des réanimations, des soins intensifs, des cas contacts et autres, par tranche d’âge, par région, par profession, tout cela confirmé par force camemberts, droites de régression, histogrammes en « trois D », disparaît subitement des 5 colonnes à la une, à partir du 22 février.
C - Et un véritable désert de virus est remplacé sans coup férir par des logorrhées sur la santé mentale de Poutine (rappelant les diatribes sur celle de Trump). On n’en est plus à critiquer les décisions et leur motivation dans le cadre d’une analyse sereine et objective mais aux « argumenta ad personam » et ceux qui rapportent les nouvelles (Christine Ockrent[21]) sont plus fixés sur le contenant que le contenu.
Ceci n’aurait-il pas dû m’amener à me questionner ? Les tactiques de la guerre cognitive et les techniques des PSY OPS ne s’appliqueraient-elles pas, non seulement dans la presse aux ordres, mais aussi, malheureusement, dans les instances des pouvoirs, là où l’Etat de droit n’existe plus et où le judiciaire n’est plus indépendant des autres pouvoirs .......... ?
Si Natacha Polony ne devait pas être condamnée, bien que dans une situation différente, ce serait reconnaître (pour ce qui est du Rwanda, et à l’échelle d’une personne) que le rapport Duclert et le non-lieu dans l’enquête sur l’attentat du Falcon 50 d’Habyarimana (déclencheur du génocide) ont été nécessaires à la mission de protection militaire française sous fausse bannière rwandaise que Macron a confiée à Kagamé, pour les installations de recherches pétrolières de Total au Mozambique.
Si Natacha Polony ne devait pas être condamnée, bien que dans des circonstances différentes et à un ordre de grandeur près, ce serait comme si la France reconnaissait que pour la crise de la Covid-19, le Docteur Didier Raoult avait raison et que les Buzin, Véran, Castex avaient « couvert » des mensonges d’Etat (du Lancet – Gate au confinement). Comme si Macron admettait que la suspension du passe vaccinal est un leurre pré-électoral.
Si Natacha Polony ne devait pas être condamnée, bien que dans un contexte différent et toute proportion gardée, ce serait comme si la France reconnaissait que le Donbass est en droit de jouir d’une certaine forme d’autonomie. Et donc ce serait de même pour la Catalogne, La Corse, les Pays Basques, l’Italie du Nord, la Bretagne, les Flandres, l’Irlande, l’Ecosse, etc.
Bien entendu l’éthique, la morale et la conscience n’ont que faire des situations, des circonstances des contextes différents pas plus que des ordres de grandeur, des proportions et des échelles.
N’empêche....
P.S. : Je me dois de sacrifier rituellement à la nouvelle tradition pour préciser que je ne suis ni politologue, ni sociologue, ni virologue, ni psychologue, que je n’ai aucun conflit d’intérêts et que je ne connais Natacha Polony, ni d’Eve ni d’Adam
[1] « Comment meurt la littérature »,
[2] Directrice de la rédaction de l'hebdomadaire Marianne
[3] Jour du 25ième anniversaire du massacre de Tingi-Tingi (Zaïre) 1997
https://www.rfi.fr/fr/emission/20170314-rwanda-rdc-tingi-tingi-reed-brody-onu-massacre-recit-cij
[4] Seul Macron a parlé de guerre
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Raphael_Lemkin et bien-entendu « A problem from Hell » de Samantha Power (Harper Perennial – 2003)
[6] The Rape of the Mind » - Martino Publishing- Mansfield Centre CT – 2015
J.Meerloo devait être très prudent à cette époque où les USA sortaient à peine du Maccarthysme (1950-1954). Aussi en accès libre au format pdf ( ?) sur
[9] Manufacturing Consent, Pantheon, New York, 2002. Avec Edward Herman
[11] Prihttps://www.youtube.com/watch?v=xM_Ma9xHxJI ncipes élémentaires de propagande de guerre : Utilisables en cas de guerre froide, chaude ou tiède..., Labor, 2001, 93 p. (ISBN 978-2-8040-1565-7)
[12] Dans la baie de La Havane, 15 février 1898
[13] Au large de la pointe Sud de l'Irlande 7 mai 1915
[14] Le 4 août 1964.
[15] Et 75 ans de silence
[16] Le 16 mars 1968
[17] Rolf Hochhuth, Le Vicaire, traduction de Françoise Martin et Jean Amsler, éditions du Seuil, 1963
[18] Au sens macronien d’Astom – General Electric – EDF.
[19] https://www.lemonde.fr/international/article/2021/04/19/en-trois-ans-plus-de-18-000-mineurs-etrangers-ont-disparu-en-europe_6077328_3210.html
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