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Accueil du site > Tribune Libre > Petite histoire de la mondialisation

Petite histoire de la mondialisation

Ouvrez n’importe quel livre de science-fiction, vous y retrouverez toujours les mêmes thèmes : la terre est unifiée, elle ne forme qu’un seul État dans lequel tous les habitants parlent la même langue. Ainsi dans la BD de Valérian et Laureline, la terre unifiée possède une capitale, Galaxity, et tout le monde parle l’esperanto galactique. Ainsi les auteurs de SF voient-ils l’avenir sous la forme d’un monde uni, cohérent, et sans la moindre différence locale ou régionale.
 
Le mot mondialisation est à la mode depuis quelques années, mais les auteurs de SF y avaient vu clair depuis longtemps. Il faut penser qu’ils ont raison. Le monde futur est l’aboutissement d’un long processus qui a commencé dès l’Antiquité. Eh oui, dès l’Antiquité. Il fut un temps où chaque peuple parlait sa langue, adhérait à sa religion et pratiquait son écriture – lorsqu’il la pratiquait.
 
La religion d’abord. Lorsque les Assyriens, les Perses ou autres conquéraient un territoire ils ne cherchaient pas à convertir les vaincus. Jamais un roi assyrien n’a demandé aux représentants d’un peuple vaincu de s’incliner devant Mardouk ou Gilgamesh. À chacun ses dieux. C’est avec l’apparition des grandes religions que l’idée qu’elles détenaient la vérité et que les hommes devaient s’y convertir a commencé à se répandre. Et encore pas toutes. Ni le confucianisme ni le taoïsme ni l’hindouisme n’ont jamais envoyé de missionnaires. Cela ne concerne en fait que trois religions : le bouddhisme, à partir de 500 avant, le christianisme et l’islam. Fort heureusement toutes sortes de schismes ont maintenu la variété religieuse. Il y a peu de choses communes entre le lamaïsme tibétain et le bouddhisme dit du « petit véhicule » pratiqué à Ceylan, entre l’austérité des pasteurs protestants et l’exubérance des rituels de l’Eglise orthodoxe. Il s’est produit, néanmoins, une certaine unification du monde en un nombre réduit de grandes religions. Il n’y a plus guère que quelques ethnies amérindiennes et africaines pour adorer leurs propres dieux comme c’était la règle dans l’Antiquité.
 
Le second point sur lequel s’est focalisée la mondialisation ce sont les chiffres et les lettres. Dans l’Antiquité, chaque peuple avait son écriture. Certes, les Grecs ont emprunté l’alphabet phénicien, mais ils l’ont adapté tout comme les Araméens. De même, les Romains ont déformé l’alphabet grec. À quelques exceptions près, c’est à partir du XIVe siècle qu’on a commencé à écrire différentes langues dans le même alphabet latin. Ce fut le cas des six principales langues qui passèrent à l’écrit : anglais, français, allemand, italien, espagnol et portugais. Depuis, le phénomène s’est étendu à toute l’Europe, sauf pour le cyrillique (russe, serbe, bulgare) et le grec. Depuis, l’alphabet latin a progressé, adopté par les Turcs (sous Atatürk), les Vietnamiens, les Malais, les Indonésiens. Il est utilisé dans les écoles chinoises pour apprendre les caractères.
 
Et ce qui est vrai des lettres l’est encore plus des chiffres. Même les langues qui n’ont pas adopté les caractères latins ont adopté les chiffres dits arabes. Arménien, géorgien, russe, grec, etc.
 
C’est aussi vrai du calendrier, le calendrier chrétien, dit grégorien, est devenu universel. C’est aussi vrai du costume, en particulier du costume masculin. Regardez une conférence internationale : qui porte l’habit national ?
 
Mais il n’y avait jusque-là pas de véritable mouvement conscient de mondialisation. La première véritable tentative de mondialisation fut la Révolution française. La notion même de Déclaration des droits de l’homme était une nouveauté à l’époque. « Les hommes naissent libres et égaux en droit », entendre tous les hommes. La Révolution française voulut imposer aussi sa langue. C’est le fameux manifeste de Rivarol sur la langue française. Il est vrai qu’à l’époque le français était la langue dominante en Europe.
 
La Révolution française réussira sur deux points. Le type de gouvernement qu’elle propose — basé sur la République et le suffrage universel — s’est pratiquement imposé partout. Rares sont les monarchies réelles aujourd’hui. Le système métrique qui lui aussi s’est imposé dans le monde entier sauf, c’est le paradoxe, chez les chantres actuels de la mondialisation, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
 
Mais le retour de bâton devait revenir bien vite. Le XIXe siècle est le siècle du nationalisme qui se termine par l’éclatement des nations multiethniques comme l’Autriche-Hongrie, d’une part, l’unification d’États comme l’Allemagne et l’Italie d’autre part. Cette vague nationaliste déboucha sur une véritable hystérie ultra-nationaliste avant la Seconde Guerre mondiale : Hitler, Mussolini, Franco, Salazar, Atatürk et son successeur Inonü, Horty, Pidulsky et j’en oublie.
 
La seconde tentative de mondialisation fut le marxisme. C’est le fameux « prolétaires de tous les pays unissez-vous » ou bien « les prolétaires n’ont que leurs chaînes à perdre et le monde à gagner ». Ce fut à nouveau un échec, les États communistes devinrent aussi chauvins que les autres, parfois plus ; le communisme n’étant souvent, comme au Vietnam pendant les deux guerres contre les Français et les Américains, que l’expression du nationalisme.
 
Ceci nous conduit finalement à la mondialisation actuelle, la troisième, sous la houlette américaine, celle qui est en passe de réussir. En quoi est-elle différente des précédentes ? Il ne suffit pas de dire que le monde s’est rétréci : les transports, internet, etc. On a un peu trop tendance à voir la mondialisation actuelle comme un phénomène essentiellement économique. C’est un phénomène total : économique, mais aussi culturel, linguistique, etc. Le monde évolue vers une homogénéisation : même religion : un vague déisme promu par les sectes pentecôtistes américaines ; même langue : l’anglais ; même culture ou plutôt même absence de culture, et son remplacement par l’utilitaire.
 
Lorsque le français était la première langue mondiale, mondiale voulait dire européenne. Mais surtout, à l’époque, peu de gens savaient lire et écrire, encore moins une langue étrangère. Le français était une affaire d’élites. Ce qui est frappant dans la mondialisation actuelle est qu’elle transcende les classes sociales (seule chose qui subsiste dans ce nouveau monde en cours d’homogénéisation) : l’anglais est la langue chic que parlent les élites qui dirigent l’Europe et les chefs d’entreprise, la langue des scientifiques, mais c’est aussi la langue du rock et de toute une couche populaire inondée de séries B américaines et de traductions style Harlequin.
Il y a bien sûr des réactions de rejet. Ben Laden en est un exemple. Mais existe-t-il une troisième voie entre Bush et Ben Laden ? Et celle-ci a-t-elle des chances de percer ?
 
 Patrick Kaplanian
 
 

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40 réactions à cet article    


  • eugène wermelinger eugène wermelinger 24 octobre 2008 13:41

    De longe mi parolas kaj uzas la internacian lingvon Esperanto. 
    Depuis longtemps je parle et emploie la langue internationale Esperanto.
    Estas la sola justa lingvo.
    C’est la seule langue juste.
    Vi povas uzi gin tuj.
    Vous pouvez l’employer de suite.
    Provu !
    Essayez !


    • Francis, agnotologue JL 26 octobre 2008 09:59

      Jacques London dans ses romans maritimes, évoquait le "bêche-de-mer" défini ainsi par les éditions Phébus : "poisson du Pacifique assimilé aux holothuries. Son nom a été donné au jargon spécial mélange d’anglais, de français et de patois locaux, dont usaient les colons quand ils s’adressaient aux Noirs, dans les îles océaniennes."

      Le problème avec l’Espéranto c’est qu’il ne véhicule aucune culture, ne trouvez-vous pas ?


    • skirlet 27 octobre 2008 13:20

      Le problème avec l’Espéranto c’est qu’il ne véhicule aucune culture, ne trouvez-vous pas ?

      Il véhicule la culture de chacun qui utilise cette langue. C’est aussi simple que ça.


    • foufouille foufouille 24 octobre 2008 15:04

      une bonne guerre atomique, et hop ! on repart a zero


      • iris 24 octobre 2008 15:14

        Réponse aux critiques « des délocalisations et des responsables-coupables présumés ».



        Je me présente :



        Mon nom est Léon, DERMAYERS Léon, je suis Allemand mais de mère Française, j’avais 8 ans en mai 1945 et je me rappelle des bombardements de ce printemps 45. – Ceux sont mes souvenirs principaux de mon enfance, des souvenirs de fin du monde, de l’apocalypse, de la vision d’un enfant sur de nombreux trépas violents dans l’effondrement de l’immeuble.

        Puis ce ne fut pas la fin, et la vie a repris, ainsi que la frénésie de construire, de bâtir toujours plus, d’oublier cette guerre, d’avoir été à l’Ouest plutôt qu’à l’Est. - Vivre dans la joie. -



        Après les trente « glorieuses » j’ai démarré « l’expatriation », la découverte d’autres mondes.

        Dans une équipe de vente d’infrastructure industrielle en Iran au et Moyen Orient.

        L’entreprise ayant eu quelques difficultés de non-paiement, je me retrouve à 52 ans sans emploi

        Après quelques échecs d’embauches (déjà trop vieux), un Bâtisseur d’Empire dans l’équipement automobile, visionnaire et en avance sur tous ses concurrents, ma confié une mission fort lucrative que j’ai mené d’abord avec professionnalisme puis avec « passion ».


        - Il m’avait surtout embauché pour la connaissance des langues étrangères -





        J’étais devenu un des premiers « délocalisateurs » à la suite de la chute du mur de Berlin.

        Pour devenir un « bourreau efficace », il fallut d’abord être une « victime bien consciente de la nature humaine ».




        - C’était mon cas, et cela été très utile -



        Mais pour répondre aux nombreuses critiques, je ne pense pas faire parti des gens qui manquent de courage, bien au contraire, surtout à fréquenter de si « nombreux lâches » qu’ils soient diplômés ou non.



        Je vais donc vous compter l’histoire d’un « Système », vu par un qui était fortement impliqué (moi-même) puisque j’ai organisé la fermeture de 8 usines en Europe Occidentale, soit 1100 emplois, mais j’ai aussi contribué à la croissance de 12 usines à l’Est Hongrie, Tchéquie, Pologne, Ukraine, Émirats, Turquie, Mexique, Chine, Afrique du Sud, puis Roumanie, Inde, Brésil soit la création de 3000 emplois et plus aujourd’hui.

        Et je n’ai pas l’intention d’avoir des remords ni des regrets, j’ai fait un métier, et je ne me suis pas embarrassé de considérations métaphysiques ou philosophiques.

        Certes mon salaire pour cette prestation était à la hauteur de mes talents qui s’affinaient au fil du temps.

        Les pleutres, les sans-courages c’étaient les employés des entreprises-cibles dans leur grande majorité, des victimes-nés pour la plupart.

        Eh oui, comme disais un de vos « blogeurs » : 10 % de collabos, 80 % de majorité silencieuse ( si silencieuse que je n’ai jamais su s’il y avait un seul courageux dans le tas) et 10 % de rebelles pour qui j’avais finalement le plus d’estime, car ils tentèrent de vaines résistances.

        Résistances réprimandées par mes subordonnés si obéissants, qu’ils anticipèrent des actions sans que j’eusse seulement à les exprimer ni oralement, ni clairement !

        Le plus surprenant, j’ai pratiqué cela dans 4 pays différents avec toujours une résistance faible mais identique d’un site à l’autre, avec peut-être une particulière mollesse en Allemagne.



        En résumé : Tous les 18 mois fermer un site industriel de production en silence mais dans les délais, faire envoyer la production vers un pays ou les gens sont peu rémunérés, donc accroître sensiblement les marges bénéficiaires. – C’est pourtant un but simple et compréhensif : gagner de l’argent « Viel, gut und schnell » -



        Voici la « Méthode » :



        1) Être nommé pompeusement par le « patron de la holding » : CEO de l’entreprise cible.

        2) Vite distinguer les employés des catégories extrêmes : les collaborateurs et les rebelles

        3) Promouvoir les collabos, ménager un peu les rebelles au début, puis les laissez aux mains des directeurs si obéissants.

        4) Communiquer : expliquer la situation économique, mondialisation, coût concurrence, marchés émergeants, Joint-Venture, croissance à deux chiffres, nouveaux besoins, etc.…Bla-bla ….

        5) Choisir soigneusement les employés intéressés par un voyage, une découverte vers un pays lointain : de préférences des « petits chefs ». Les amener vers le pays « d’accueil ».(Ils deviennent importants, cela faisait longtemps que personne n’avait finalement observé leur qualité.)

        6) Placer les quelques rebelles ayant survécus aux « purges » vers les fonctions commerciales avec des ambitions de croissance telles qu’ils se réjouiront bientôt de produire dans les « Low Costs ».

        7) Faire envoyer progressivement une production partielle déficitaire, puis une autre moins déficitaire etc..

        8) Transformer le site de production en « Center of Competence », cela donne de l’importance au Directeur Général promu et favorise le transfert.

        9) Annoncer un déficit chronique du site de production, le provoquer si nécessaire.

        10) Réduire l’effectif par tranche de 15 %, avec la complicité des 85 % momentanément encore en place.. « Kleinmutigkeit der Leute »

        10 bis) Réitérer ceci tous les 4 à 6 mois

        11) Lorsqu’il n’y a plus de production, fermer la « boutique », car un nouveau COC a été mis en place sur le site de production d’accueil. Les Tchèques ayant une grande tradition industrielle, ils se sont finalement vite adaptés à produire, innover et à développer. - Ils travaillent plus et coûtent moins chers -

        12) Déplacer les quelques commerciaux restant vers un site de taille réduite, et vendre le site à des promoteurs immobiliers. - The End -


        - En Europe, l’Allemagne l’a initié, la France a suivi le mouvement. -



        Voici en 12 points, les grandes lignes d’une délocalisation réussie.



        Coût : de 6 mois à 10 mois de masse salariale annuelle + frais liés aux transports et déménagements – vente des terrains de constructions.

        Gain une marge bénéficiaire remontée de 2 à 35 points soit un retour d’investissement (ROI ) inférieur à 18 mois.

        Ceci est valable si vous les premiers à le faire et si vous êtes leste.

        Ceux qui arrivent après les autres peuvent se retrouver rapidement en posture plus délicate et si le processus de délocalisation s’éternise, le « Return Of Inversement » peut se rallonger dangereusement.



        Donc n’est pas « Délocalisateur qui veut », c’est un métier ou la connaissance de la psychologie humaine est primordiale. C’est la gestion de la décroissance d’un lieu et de la croissance d’un autre lieu.



        Bien sûr, j’ai été décrié, mais finalement si peu et surtout rarement en face.

        J’ai eu droit à tous les surnoms, « Le Bosch », en France, « Joé » : allusion à Joé Dalton dans Lucky Luke, Le « Ballafré » ma cicatrice au visage d’avril 1945, « Terminator », « Exterminator », « Délocalisator » , « Special winner, serial killer », « Louis de Funès » en Allemagne seulement parce que je parlait aussi le Français, etc…. Mais tout cela m’était égal.



        J’étais un élément d’un « Système », et je comprenais les motivations de mon « Employeur » qui s’est adapté à la croissance d’un monde en mouvement, qui pensait sincèrement maintenir son empire par la construction de sites de production dans les pays émergeants, et qui avait au fond moins d’empathie pour ses trop « gâtés » compatriotes d’Allemagne que pour les populations d’Asie.

        Et il avait compris que dans ce système, il fallait jouer en premier et rapidement.

        En quoi il avait raison puisque nombreux de ses concurrents qui s’étaient obstinés à faire du « Made in Germany » n’existent plus à ce jour !

        La responsabilité de ce « Système » est collective. :

        La « classe économique dirigeante » : pour un maintient de ses Empires ( un Empire par définition est vaste, et la terre est finalement si petite, - moins d’un jour de voyage d’un endroit à n’importe quel autre - )

        La « classe politique » : pour préserver une illusion d’un maintient du niveau de vie à leurs électeurs. – repousser le problème dans le temps, comme votre « Louis XV ».

        Les « consommateurs-électeurs » qui recherchent le meilleur rapport qualité-coût.



        Et moi bien sûr, qui était doué pour être un acteur de ce « Système »e, - ne soyons donc pas modeste -, qui a vécu très confortablement, qui a goûté la bonne chaire dans tous ses aspects, qui pourra mourir sereinement car si j’ai connu l’enfer des bombes dans ma prime jeunesse, j’ai connu une fin paradisiaque, égoïstement certes, et avec une pointe de cynisme, mais c’était si exaltant.



        Dans votre littérature j’ai retenu deux choses que je cite :



        Élie Wiesel : Il y a des bons et des mauvais partout, ce qui est dangereux c’est l’indifférence de la grande masse qui laisse faire.



        Et



        Les riches sont cyniques … et …. les pauvres sont résignés et pour cause.



        Ou encore une troisième sur notre sujet :



        Le « Système » des délocalisations ressemble à la vente pyramidale, quelques gros bénéficiaires audacieux et lestes et beaucoup de « Loosers » qui subissent individuellement et dans l’isolement ». Avec la participation de la « lâcheté du plus grand nombre, qui s’accrochent à juste encore survivre quelques temps »


        - Rajoutez encore un régime de terreur dû à une situation de guerre qui s’enlise, et vous imaginez ce que cela peut produire. – Rien de neuf sous le soleil, après tout





        Requête :

        Ce qui m’intéresserait, c’est de vous rencontrer, vous, les 43 membres de votre commission.

        J’ai lu vos CV, des parcours fort intéressants, une belle équipe, peut-être un peu éloigné du terrain, trop habitué aux conforts attribués aux « Élites » .

        J’ai eu affaire à tant de personnages et d’en comprendre leurs mécanismes, leurs vrais motivations, leurs peurs profondes si bien dissimulées, que je pourrais faire la synthèse des résultats de votre commission avant même que vous les synthétisés. Cela dépend de vos natures profondes ( si vous êtes courageux et sincères ou si …)

        C’est aussi cela le talent du « Delocalisator ».

        Je vous laisse mon adresse e-mail et me tient à votre disposition.


        - Malgré mon âge je suis alerte et me déplace volontiers -

        Je sais que la probabilité de cette rencontre est très faible, et c’est dans la « normalité humaine ».

        En fait pendant mes missions, j’ai promu tellement de monde à des rôles de direction « Geschäftführer », « Plant Manager » « Diretor da manufatura » « Président Directeur Général », que j’ai une connaissance approfondie de la nature des plus ambitieux.

        Plusieurs années après la fermeture de leurs sites, ils sont restés amicaux avec moi, et me souhaitent une « Bonne Année » et même un « Joyeux Anniversaire ». – Les niais ! -

        Mes « victimes sans grades » se sont retournées parfois contre les cadres collaborateurs, jamais contre moi.

        Comme votre plus célèbre des Français d’aujourd’hui, je disais la vérité dès le départ, et il est vrai que beaucoup ne voulaient tout simplement pas entendre la vérité.


        - C’est quand même extraordinaire -



        Im letzten Monat war ich in einer Fabrik im Osten, und ich habe gehört, was ein Franzose über eurem neuen Präsidenten erzählt hat zu die Mitarbeitern.

        „Unser Präsident ist der französische .... Leon DERMEYERS“ - Ist daß nicht wunderbar ? –



        Bis bald, vielleicht !



        Maintenant, je suis cependant conscient d’un emballement du « système » et de ses funestes conséquences possibles.

        C’est aussi pour cela que j’ai eu beaucoup plus de respect pour les « Rebelles » et ceci très rapidement, dès le début de ma carrière d’ « Exterminator ».




        - Mais est-ce surprenant ? -


        • iris 24 octobre 2008 15:15

          et encore

          Dans le magnifique rapport de l’Institut Montaigne (membres de l’IM et de la CFLC : Claude BEBEAR, X , Anne LAUVERGEON (X aussi) , Eva PALACIO , François VILLEROY DE GALHAU), il est écrit :

          « Réussir dans la mondialisation n’est possible qu’avec l’engagement de l’ensemble de la société française, autour de deux notions centrales : cohérence dans l’action, interactions plus nombreuses et plus complexes entre acteurs économiques et sociaux. La compétitivité n’est pas le seul domaine des entreprises : celle de leur environnement compte aussi. »


          A mes quelques critiques, je leurs propose donc de lire ce rapport de 150 pages (mais c’est écrit en grand pour que les vieux puissent, aussi le lire, merci) et nous avons déjà tous les éléments de la synthèse qui en découlera.

          Vos critiques contre la mondialisation, n’auront donc pas servi, car concernant ce domaine, je pense qu’ils ne risquent pas de changer beaucoup d’opinion. Ils expriment un fait qu’aucun ne maîtrise plus et le sentiment d’essayer de rester dans le jeu afin de survivre le plus longtemps possible voire de chercher à démontrer une adhésion intellectuelle au « Système » voire d’y trouver des vertus.

          Cependant à l’appui de ce document, je vais exprimer mon idée, et à 71 ans je n’ai vraiment rien à perdre, qui plus est, j’habite en Allemagne autre pays de rêveurs quoiqu’un tantinet plus pragmatique.

          Donc voici ma question : (Je fais tout de suite les réponses supposées à la place de la commission, nous gagnerons du temps)
          Considérez-vous que la France dans son ensemble fait partit des pays intermédiaires (comme la Grèce) ou des pays avancés (comme la Suède). ?

          C’est certainement des pays avancés : « OUI »
          Bien sûr, vu de Paris quart Sud Ouest, lieu de résidence supposé des personnes précitées la réponse est évidente, ils sont, fréquentent, habitent avec, côtoient « les Elites Françaises » et vivent dans l’Hypercentre Européen, si ce n’est pas le centre du Monde.

          Mais à 15 km de là commence la France d’en bas si majoritaire que la réponse est : « NON » plut^t des pays intermédiaires. Et dans votre rapport vous avez donné la réponse qu’il faut.
          J’ai vu tellement d’usines de production en France, en Allemagne et dans tellement d’autres pays, que je peux vous vous répondre avec certitude que vous êtes effectivement déjà dans une mauvaise situation. « Sie sind auf dem falschen Weg »
          Votre industrie est moribonde, et à l’abandon, elle n’est pas soutenue ni de l’extérieur (18 millions de salariés qui n’appartiennent pas à l’industrie) ni même de l’intérieur ( ceux de l’industrie qui n’attendent que la pré-retraite, de décrocher un emploi dans la fonction publique ou en dernier lieu un chèque de départ), je parle des PME (de production) qui font normalement la force d’un pays industriel.

          - Posez-vous la question depuis 7 ans combien de créations d’industries de production ont vu le jour en France : Personne ne sait répondre, bien sûr, mais le plus dur est n’admettre qu’il n’y en presque pas.

          - Sur les 300 000 créations d’entreprises, il y a moins de 10 000 dans la dénomination « Industrie », et dans le secteur si on enlève les NTIC et autres secteurs dénommé abusivement « industrie », c’est quelques dizaines d’industries de production, c’est à dire rien comparé aux dizaines de milliers d’emplois simplement supprimés.

          S’il reste encore moins de 3.7 millions de personnes dans vos industries qui n’ont pas été doté d’investissement depuis si longtemps pour la plupart, je pense (vu l’échantillonnage que j’ai observé) que vous pouvez encore en fermer une bonne moitié. Vous êtes bien, vous aussi en France, dans le scénario du déclin. – Et toujours dans l’insouciance -

          Ceci est la grande différence entre la France et l’Allemagne, l’Allemagne qui a malgré tout a conservé un pôle électromécanique puissant. L’exportation vient des machines vendues à l’export.
          Que reste-t-il dans ce secteur en France ? 6 à 7 fois moins qu’en Allemagne ?

          Remarques sur le rapport de l’IM de 150 pages :
          1) Quand vous écrivez « cependant rien n’est perdu pour notre pays, mais …… »

          - En général qu’en on écrit cela, on le pense déjà.-

          2) Maintenant vouloir labelliser emplois et carrières avec des normes de type ISO ???

          - C’est bien n’avoir pas eu vent des ISO 9001 et de ce qui en reste ! Aucun de cette commission ou cet Institut, n’a certainement pratiqué cette bureaucratie soviétique, sinon à l’heure qu’il est, ils parleraient de ce qui se pratique aujourd’hui aux USA le « Paper LEAN » . ou en slang « paper CLEAN » - Simplification drastique de la paperasserie -

          3) Une délocalisation équivaux à verser 60 % de masse salariale annuelle ( En France un peu plus : plutôt 80 %) en coût de licenciement.

          - C’est sûr qu’avec moins, j’aurais été plus efficace dans mes missions en France. –

          - L’institut Montaigne, n’est pas moins clair que moi-même lors de mon premier commentaire. – L’ IM adhère pleinement à ce « Système » comme je l’ai fait. -

          - A propos, je propose aux membres de cet Institut d’aller consulter à Heidelberg les manuscrits d’un certain Wolffhardt 20 ans avant l’ère Montaigne), et de se rendre compte que déjà à l’époque des « Montaigne » pouvaient s’inspirer des idées d’autres écrivains, juste un peu de traduction et une adaptation à sa langue maternelle.

          - La mondialisation comme décrit par votre Institut, n’a rien d’original, mais cette fois elle semble également d’inspiration Allemande sauf que l’inspiration Allemande est cette fois ci d’inspiration Américaine. Il est toujours plus facile de copier que de réinventer.

          - En Europe on copie toujours les Américains, même le pire on le copie bien.

          Bref vous admettez dans ce rapport que c’est inévitable et qu’une partie reste au bord de la route. –combien de personnes peuvent sortir du circuit de l’emploi, selon IM ? 6 , 8, 12, 25 millions ? -
          Ma remarque est la suivante : inspirez-vous de la genèse de 1929 et des conclusions de 1945, pour moi, année du début de la compréhension de la vie et des conséquences des actions antérieures.

          « Les choses ne sont pas si douloureuses, ni difficiles d’elles-mêmes ; mais notre faiblesse et lâcheté les fait telles », affirmait Montaigne. Ainsi en va-t-il de la mondialisation. Considérée ailleurs comme une opportunité, elle est en France perçue par beaucoup comme porteuse de risques et de désordres, et elle l’est en effet, car la France est un pays « intermédiaire ». Point bar.

          Et si la sagesse populaire était cette fois ci, plus pertinente que la sophistication des analyses des « l’Elites » ?
          Que votre Président Nicolas Sarkozy ne connaisse pas l’Industrie soit, c’est un avocat, mais que tous ces Polytechniciens ignorent ce domaine est stupéfiant !
          Ont-ils seulement mis un pied dans une industrie de produits manufacturés ? Ont-ils seulement idée de l’importance vitale d’en posséder ?
          Airbus Toulouse ne produit qu’une infime partie de l’avion en valeur : L’assemblage de certains avions de la gamme.
          Derrière ce grand mécano, il y a - avait - une arborescence de PME qui avaient un savoir-faire.
          En 2009, l’A320 sera Chinois ! Ce n’est qu’un début de plus !
          Les vêtements, l’électronique, les voitures et bientôt les avions.
          Les Européens ont-ils décidé de ne plus être des consommateurs de produits industriels dans les prochaines années ?

          DERMAYERS Léon.



        • patrickk 24 octobre 2008 18:55

          j’ai l’impression que cette réponse était destinée à un autre article.


        • patrickk 24 octobre 2008 18:59

          J’ai l’impression qu’il y a un cafouillage informatique et que des réponses destinées à un autre article ont atterri ici.


        • iris 24 octobre 2008 15:22

          les infos de leon dermayers sont sur le site de la commission ATTALI-


          • foufouille foufouille 24 octobre 2008 16:55

            la, on rejoint la theorie du complot


          • appoline appoline 24 octobre 2008 17:50

            Il est vrai que les riches ayant le pouvoir sont cyniques, je vous l’accorde mais les pleutres peuvent arriver à voir la réalité de ce qui se trame ; en fait, je l’espère. Ce qui me gêne, c’est le peu de considération pour les autres. Il est donc impératif que chacun prenne ses responsabilités car nous aurons tous des comptes à rendre à un moment ou un autre et casser du peuple pour s’enrichir encore et encore ne rime à rien dans la mesure où on finira tous dans le plumier.


            • impots-utiles.com 24 octobre 2008 17:53

              Savez vous que les forces terrestres françaises potentiellement projetables (celles qu’on peut envoyer ailleurs qu’en France) représenteront environ 88 000 hommes aux alentours de 2012  ?
              un gros stade rempli .. c’est ça la capacité de la France ...

              Combien coûte l’armée de Terre à l’Etat Français ?

              http://www.impots-utiles.com/combien-coute-l-armee-de-terre-francaise.php


              • Lisa SION 2 Lisa SION 2 ( le retour ) 24 octobre 2008 18:00

                Salut Patrickk,

                Vous émettez par votre article, la formidable évolution à travers les ages des combinaisons possibles entre les influences et les résistances des divers pôles européens. Au regard des cheminements dont le moteur a toujours été motivé par la liberté des peuples, qu’en reste-t-il de cette liberté ? N’est elle pas usurpée par le porte parole que la société met en place pour protéger ses intérêts ? Je ne suis pas sùr que l’idée d’empire interresse le citoyen, sauf si la liberté y est garantie. Qu’en est - il de cette liberté ? Quand un président prend une décision importante par jour et ne l’annonce souvent devant les principaux interressés, agit-il dans l’intérêt de tous ?

                Et alors, qui a été consulté avant de parler de mondialisation. Quand est elle, cette liberté ???

                POUR UN REFERUNDUM MONDIAL SUR LA MONDIALISATION.

                Celui-çi publié sur toutes les chaines mondiales en même temps, le même soir à vingt heures moins deux, comme une pub ou un communiqué spécial et dont les résultats transmis par S.M.S. autorisent à la lecture en temps réel des tendances par pays, sur une chaine spécialisée en inclusion permanente en bas d’écran.

                Si un an suffit pour collecter la moyenne des pays ayant accès aux réseaux, la tendance n’a plus d’intérêt puisque l’autre moitié est totalement indifférente à la mondialisation...Ce qui veut dire que le taux de cinquante pour cent communément standardisé de chaque élections ne veut donc rien dire, ou alors qu’il nous reste l’équivalent de liberté... ? Faudrait savoir avant de parler de mondialisation, Ca ne veut rien dire du tout !


                • Bois-Guisbert 24 octobre 2008 18:17

                  POUR UN REFERUNDUM MONDIAL SUR LA MONDIALISATION.

                  Qu’est-ce que les primitifs du tiers monde pourraient y comprendre ? smiley smiley smiley


                • sisyphe sisyphe 24 octobre 2008 21:42

                  Ah !
                  Bois bidule se fait rigoler tout seul avec les "primitifs du tiers-monde" !

                  Il n’a pas encore compris que les vrais primitifs sont ceux des fins de race consanguines, qu’il défend de ses globules bleus et de ses quelques neuronesatrophiés. 

                  Bois-guisbert ; l’évolution in vitro !
                   smiley


                • logan 24 octobre 2008 19:19

                  Il me semble que vous voyez des liens entre beaucoup de choses qui en fait n’en ont pas.

                  Ce qui rend votre article pour le moins farfelu =)


                  • patrickk 24 octobre 2008 19:47

                    Pourriez-vous étoffer ? Merci


                  • jean-Philippe Marteau 24 octobre 2008 21:53

                    @ l’auteur Je crains que vous ne fassiez l’erreur habituelle de confondre mondialisation et uniformisation. La mondialisation est la création de liens d’interdépendance à l’échelle de la planète et pas la fait de parler tous la même langue ou autre phénomène du même genre. sincèrement


                    • patrickk 25 octobre 2008 07:47

                      Vous avez fait la réponse que j’attendais. J’ai justement écrit cet article pour m’élever contre cette distinction entre mondialisation et uniformisation.
                      La mondialisaion n’est pas un phénomène isolé et lié à de seules considérations économiques. La mondialisation est un phénomène total, économique, linguistique, culturel, etc. Par exemple la mondialisation économique impose la mondialisation linguistique parce que les multinationales ont besoin de parler la même langue.


                    • Markoff 25 octobre 2008 00:28

                      Il est difficile de définir exactement ce que l’on entend par "mondialisation", ce qui en fait un sujet qui ne sera jamais épuisé. Telle que la décrit l’auteur, c’est vrai que le début de la mondialisation remonte à l’Antiquité avec les premières conquètes qui furent suivies d’échanges commerciaux et de mélanges culturels. C’est donc un phénomène continu mais qui s’est beaucoup accéléré au fil du temps. Aujourd’hui, on pourrait dire qu’il va trop vite, ce qui explique nos doutes et nos peurs. Une partie du monde a du mal à suivre et ne sait plus quelle attitude prendre. La mondialisation, qu’on soit pour ou contre, on la subit, on la constate, mais on ne peut que difficilement s’y opposer dans la mesure où c’est un phénomène rampant, presque naturel en conséquence des progrés techniques ( transports et communications surtout ) et du commerce international. L’uniformisation est une conséquence directe de la mondialisation, même si c’est souvent fort regrettable. Ceux qui tentent de s’y opposer parce qu’ils perçoivent le danger de la disparition d’une culture à laquelle ils sont trés attachés ( les nations islamiques essentiellement, car elles représentent encore une force importante ) combattent le phénomène avec l’énergie du désespoir, ce qui les mènent à l’action violente. Sans les approuver, on peut les comprendre. En effet, si jusque dans un passé récent, la guerre de conquète était le moyen de "mondialiser" dans la tête des dictateurs, l’impérialisme culturel et idéologique passe maintenant par la maîtrise des marchés et de la finance. L’Amérique est devenue le grand colonisateur culturel, et nous auront bien du mal à nous en défendre. Il aurait fallu réagir plus tôt, opposer à la mondialisation sauvage le Mondialisme, c’est à dire une organisation fédérale de toutes les nations, interdépendantes par la force des choses, mais chacune pouvant garder son mode de vie préféré. Mais il est déjà sans doute trop tard.


                      • patrickk 25 octobre 2008 07:52

                        « L’uniformisation est une conséquence directe de la mondialisation, même si c’est souvent fort regrettable. »

                        C’est ainsi que Markoff a répondu pour moi à Jean-Philippe Marteau


                      • brieli67 25 octobre 2008 08:21

                        dans moins de vingt ans les USA seront majoritairement hispanophone un espagnol non ibérique.
                        En pratique nos gosses doivent se mettre à l’espagnol ... ou au mandarin/chinois.
                        Globalisation oblige.


                      • patrickk 25 octobre 2008 08:54

                        Je n’en suis pas sûr du tout : les hispanophones s’assimilent. Sinon la Californie, par exemple, serait déjà hispanophone.
                        Quant aux Chinois ils se mettent à l’anglais avec un zèle étonnant.


                      • patrickk 25 octobre 2008 08:58

                        En ce qui concerne le rapport des Chinois à l’anglais je vous conseille de lire :
                        http://www.languefrancaise.net/forum/viewtopic.php?id=5718


                      • patrickk 25 octobre 2008 09:39

                        Voici le début du texte en question :

                        « Je suis bien placé pour le savoir, le français aux JO devient de plus en plus une sorte de relique quelque peu ridicule d’un passé révolu. Depuis sept ans, sous prétexte de l’olympiade, toute la Chine zonzonne à tort et à travers en anglais, au point que l’on peut désormais se poser légitimement la question de savoir si l’Empire du Milieu ne va pas devenir le premier pays anglophone de la planète. Ce n’est pas que les Chinois soient en passe de devenir tous bilingues, tant s’en faut, mais dans une ville comme Pékin en tout cas, tout ce qui s’écrit en public l’est désormais dans les deux langues. Plus grave, dans l’esprit de tous les autochtones, "anglais" est devenu un autre mot pour dire "langue étrangère". »
                         


                      • skirlet 27 octobre 2008 13:24

                        Je connais une personne vivant en Chine. Le fait que l’on colle l’anglais dans les écoles ne rend pas les Chinois anglophones, et pour se débrouiller, l’anglais est très largement insuffisant même dans les grandes villes.

                        Par contre, là où le zèle chinois est étonnant, c’est dans la création des Instituts Confucius, des sites gratos pour apprendre le chinois etc. smiley


                      • Pierre-Alexandre Xavier Pierre Alexandre 25 octobre 2008 10:08

                        Je vous remercie d’amener un éclairage alternatif à ce qui pourrait être à la racine des mouvements de concentration que l’Histoire a connue. Votre article apporte cependant quelques réserves. Mondialisation, globalisation, uniformisation, homogénéisation, impérialisme... Il faudrait s’entendre sur le mot mais cela équivaut à entretenir de la rhétorique soviétique, une marque de fabrique française... Une lecture en diagonale de Tony Negri et Michael Hardt ne serait pas du luxe dans ce cas. En anglais c’est mieux. Ça fait chic. Plusieurs points de votre argumentation sont discutables : — Vous déduisez que la non-diffusion des cultes assyriens ou babyloniens étaient une forme de tolérance des vaincus... Je vous rappelle que les vaincus étaient pour une part massacrés, le reste réduit en esclavage et incorporé à la population locale par mariages forcés, viols, etc. Bref, il ne restait personne d’étranger pour s’incliner devant les divinités dominantes. — Vous confondez la nécessité de la profession de foi avec la tentative de mondialisation qui, que vous le vouliez ou non, repose sur la volonté de puissance politique, économique et culturelle. La religion, dans ce cas, est simplement un outil dans l’arsenal de conquête. C’est pourquoi vous passez complètement à côté des réelles motivations politiques et économiques de la conversion de l’Empire Byzantin de Constantin, du « miracle arabe » et avant tout ça de l’extension de Rome. — Vous répétez le même schéma avec l’idéologie politique et sociale héritière des Lumières. — Vous déclarez que la conscience de la mondialisation est tardive alors que le Pape divise le monde connu et inconnu entre les Espagnols et les Portugais dès 1494. Si ce n’est pas de la mondialisation ça, et très consciente... — Enfin vous laissez entendre que la mondialisation actuelle est le produit conjugué d’une aculturation américaine, doublée d’une suprématie linguistique anglaise et d’une domination néo-pentecôtiste... Si votre « mondialisation » se limite à la sphère occidentale de l’hémisphère nord, votre approche est audacieuse et possible. Mais avec 1 milliards d’indiens, 1 milliards de chinois et 1 milliards d’africains, votre théorie se casse la gueule. L’anglais est relégué derrière le français (Afrique), le cantonais (Chine) et les trois langues majoritaires de l’Inde (Hindi, Urdu, Tamoul, Bengali) où l’anglais est seulement une langue de travail pour certaines professions et n’est utilisé que par moins de 5% de population pour les études... Ajoutez à cela les 500 millions d’hispanophones de la planète et dites moi ce qui reste... Je comprend les facteurs favorables que vous évoquez dans votre article mais ils ne sont que des facteurs et non des moteurs déterminants. L’Empire Carolingien s’est d’abord constitué par la force et les massacres et consolidé par l’utilisation du Christianisme romain comme ciment social et ferment culturel. Le moteur était la suprématie politique et militaire d’une minorité sur les autres tribus. Le reste n’étaient que des moyens.


                        • patrickk 26 octobre 2008 16:50

                          Vous dites :
                          « Mais avec 1 milliard d’Indiens, 1 milliard de Chinois et 1 milliard d’Africains, votre théorie se casse la gueule. L’anglais est relégué derrière le français (Afrique), le cantonais (Chine) et les trois langues majoritaires de l’Inde (Hindi-Urdu, Tamoul, Bengali) où l’anglais est seulement une langue de travail pour certaines professions et n’est utilisé que par moins de 5 % de population pour les études... Ajoutez à cela les 500 millions d’hispanophones de la planète et dites moi ce qui reste...

                          L’anglais n’est pas relegué derrière le français en Afrique. c’est le contraire. et l’anglais progresse : le Ruanda a basculé du français à l’anglais. Le même mouvement est en cours au Maroc, au congo Kinshasa et à Madagascar.
                          Les 500 millions d’hispanophones apprennent tous l’anglais.

                          Quant au chinois voyez ci-dessus la citation au sujet des jeux olympiques.


                        • skirlet 27 octobre 2008 13:32

                          Les hispanophones... il se trouve que je connais également les gens ayant séjourné en Amérique Latine. L’un a bossé au Mexique, envoyé par sa boîte pour remettre à flot la filiale mexicaine. Les seuls avec qui il a pu converser en anglais étaient les deux ou trois personnes au boulot, et encore - dans l’anglais très approximatif. Sinon il a dû apprendre l’espagnol en urgence...

                          L’autre, c’est une Russe mariée à un Français, tous les deux vivent en Argentine. Une fois, la femme recevait une copine russe parlant anglais, français, russe et allemand... et son hôtesse devait lui sevir d’interprète en permanence, car aucune de ces langues n’était utile.

                          Par ailleurs, le développement de l’espagnol aux EUA est considérable. J’ai vu les chiffres que dans le pays il y a 5 millions d’hispaniques ne parlant pas un mot d’anglais (et encore, les clandestins n’ont pas été analysés...)

                          En parlant des chiffres, le nombre des natifs hispanophones a déjà dépassé celui des anglophones.


                        • patrickk 25 octobre 2008 11:55

                          Ce n’est qu’une "petite" histoire de la mondialisation. je jette quelques idées et je vois des commentaires intéressants.

                          Je vous cite :
                          « Vous déduisez que la non-diffusion des cultes assyriens ou babyloniens étaient une forme de tolérance des vaincus... Je vous rappelle que les vaincus étaient pour une part massacrés, le reste réduit en esclavage et incorporé à la population locale par mariages forcés, viols, etc. Bref, il ne restait personne d’étranger pour s’incliner devant les divinités dominantes. »

                          Je ne suis pas d’accord. Ou plutôt si : tout ce que vous dites est exact, mais il y a eu nombre d’empires dans l’Antiquité --- perse, hellénistique, romain --- où les populations soumises étaient toujours là. Certes elles étaient soumises, peut-être même réduites à l’esclavage, mais il n’a jamais été question qu’elles se prosternent devant Ahoura-Mazda, Zeus ou Jupiter. Ce n’est pas de la tolérance, la conversion n’avait tout simplement pas de sens. Le mot tolérance n’a de sens que face à des religions qui prétendent détenir la vérité : "ils sont dans l’erreur mais soyons tolérants"

                          Je vous re-cite :
                          « vous passez complètement à côté des réelles motivations politiques et économiques de la conversion de l’Empire Byzantin de Constantin, du « miracle arabe » et avant tout ça de l’extension de Rome »

                          C’est vrai, mais je ne les ignore pas. Quels que soient les processus et les causes profondes, c’étaient un élément nouveau qu’une religion détienne la vérité, que les autres étaient dans l’erreur et qu’il fallait donc (se) convertir. Cela remonte en fait au premier concile et à la réponse à la question de savoir s’il fallait convertir les gentils. je parle donc du principe même de la conversion. Maintenant de savoir pourquoi telle ou tel Etat/population s’est converti à tel ou tel moment est une autre question.

                          Enfin dernière citation :

                          « Le reste n’étaient que des moyens. »

                          Des moyens très efficaces


                          • jean-Philippe Marteau 27 octobre 2008 01:42

                            Navré je persiste à penser que vous faites une erreur de fond.

                            La mondialisation car elle est interdépendance ne contient pas forcement comme corrolaire l’uniformisation des cultures.

                            C’est un choix politique que nous avons fait par défaut de façon passive.

                            Nous nous sommes donnés un model compétitif qui certe crée une distortion de perception et un nivellement des cultures mais ce n’est pas une fatalité.

                            En fait si votre article me fait réagir c’est par ce que manifestement vous n’avez pas bien lu Valérian :)) si il y a bien une oeuvre de SF ou les différences de culture sont magnifiées c’est bien celle-ci !

                            alors en effet la terre est unifiée autour de Galaxity mais qu’est-ce que la terre quand vous pouvez aller à l’autre bout de l’univers en quelques heures ?

                            Cette terre a t’elle vocation a être plus diversifiée que ne le sont les départements par rapport à la france ?

                            Je pourrai vous faire un liste impressionnante d’oeuvres de fiction où la différence culturelle est au coeur des échanges commerciaux et où la diversité linguistique et biologique est le moteur du dynamisme de l’humanité.

                            Si il y a bien un genre littéraire qui peut faire espérer en l’humanité à long terme c’est bien celui-ci car il nous montre la richesse dont nous serions capable si nous savions choisir nos dirigeants avec lucidité.

                            La où la SF fait mouche et pointe du doigt nos faiblesses c’est justement dans un court terme communautariste et sectaire, où effectivement en réaction à une perte de repères culturels les groupes humains s’agglomèrent selon des logiques qui transcendent totalement des états en faillite idéologique.

                            Mais même dans ces visions sombres de notre avenir morcellé en fragments de cultures exaltés, la mondialisation, cette fameuse interdépendance, tient le haut du pavé.

                            l’uniformisation est un des avenirs de la mondialisation mais c’est loin d’être le seul.

                            Relisez donc valérian.....


                            • patrickk 27 octobre 2008 09:15

                              Votre longue intevention mérite réflexion. Donnez moi qq heures.
                              Juste une réflexion à chaud : donc dans Valerian et dans beaucoup de SF le monde est unifié, Il y a un gouvernement unique et tout le monde parle l’esperanto galactique. Mais pour qu’il y ait des histoires à raconter on ajoute nombre de peuples extraterrestres. Et du coup on se retrouve dans la situation de la terre d’avant l’unification : guerres, conflits entre les puissances, empires coloniaux, racisme etc. Mais il faut bien voir que les extraterrestres n’existent pas. Donc la terre unifiée va se retrouver toute seule.


                            • patrickk 27 octobre 2008 11:54

                              La mondialisation implique nécessairement l’uniformisation. Imaginons la société x à Vilnius. Elle traite avec la société y à New York, la société z à Tokyo etc. Grâce aux techniques modernes, les communications sont instantanées.

                              Les trois sociétés ont besoin d’un système de poids et mesures communs, d’où la généralisation du système métrique.

                              Il est matériellement impossible pour les cadres de la société de Vilnius d’apprendre l’anglais pour communiquer avec NY, le japonais pour communiquer avec Tokyo (sans parler des problèmes de transmission de l’écriture que cela pose), le cambodgien pour communiquer avec Phnom Penh etc. On adoptera donc une langue unique. Une langue unique pour les communications, mais aussi pour les plans, les devis, les brevets, les projets, les études et analyses.

                              Pour former les cadres de ces sociétés on va développer les cours de langue unique à l’école et à l’université. Puis faire des cours dans la langue unique. C’est ainsi qu’en France on a créé les classes EMILE (enseignement d’une matière en langue étrangère). Puis on va créer des institutions qui enseignent uniquement dans la langue étrangère comme la Paris school of economics.

                              Etc. etc.

                               

                              Quant à Valerian vous dites : « qu’est-ce que la terre quand on peut aller à l’autre bout de l’univers en qq heures ? ». En qq heures, pour quoi faire ? Voir des naines blanches, des nébuleuses et des trous noirs ? En tout cas pas des extra-terrestres.


                            • patrickk 27 octobre 2008 11:57

                              Mais l’esperanto c’est l’anglais. Ce sera le sujet de mon prochain papier.


                            • Krokodilo Krokodilo 27 octobre 2008 12:36

                              Non sens : l’espéranto, c’est l’espéranto, l’anglais c’est l’anglais.


                            • Krokodilo Krokodilo 27 octobre 2008 12:39

                              Ces sections Emile sont scandaleuses, et anticonstitutonnelles, la langue de la France et donc de l’enseignement étant le français - dérogation légitime pour les languee régionales. Mais enseigner une matière dans une langue étrangère est un gros risque pris avec nos enfants, celui qu’ils comprennent moins, que le prof soit lui-même mauvais dans cette langue étrangère.


                            • skirlet 27 octobre 2008 13:36

                              Lire les mémoires de Gandhi sur l’enseignement en anglais. Très instructif.


                            • patrickk 27 octobre 2008 19:19

                              Patience !
                              Attendez mon prochain papier M Krokodilo


                            • Krokodilo Krokodilo 27 octobre 2008 11:37

                              En SF, les mondes, ou la terre, sont en fait très rarement uniformes (comme c’est effectivement le cas à la fin de La Guerre éternelle). Par contre, vous avez raison que les Terriens du futur ont souvent une lingua franca : l’espéranto dans un des livres de Harrison, le temporel dans La patrouille du temps, un dérivé d’anglais dans d’autres, etc.

                              "Le monde évolue vers une homogénéisation : même religion : un vague déisme promu par les sectes pentecôtistes américaines ; même langue : l’anglais ; même culture ou plutôt même absence de culture, et son remplacement par l’utilitaire."

                              Là, vous allez un peu vite en besogne : les Chinois implantent leurs instituts Confucius un peu partout, l’espagnol progresse jusqu’aux coeur des USA, il y a un réveil des langues locales et nationales un peu partout, la lutte d’influence des langues fait rage un peu partout. Notre perspective est faussée parce que nos "élites" veulent absolument nous imposer l’anglais comme langue de l’UE tout en maintenant la version ofifcielle.

                              A chacun de choisir s’il veut soutenir l’injustice (enrichir à outrance les anglophones natifs et en faire une caste supérieure de l’UE et du monde), ou privilégier la raison et essayer pour la première fois dans l’histoire comme lingua franca une langue construite, spécialement conçue pour être facile et neutre, pour que chacun fasse à peu près le même effort linguistique : l’espéranto, le vrai, est déjà disponible, sans attendre "l’espéranto galactique" !
                              Comme l’a dit Eugène (1er message) : provu ĝin (essayez-le)



                              • J.F. Clet 28 mars 2009 22:57

                                Petite précision : L’espéranto galactique, c’est dans "Barbarella" de Forest, et non dans Valérian.

                                Je n’ai aucune précision sur la langue de Galaxity, qui de toute façon n’existera jamais à cause d’un paradoxe temporel...
                                La langue-superpuissance intergalactique du moment est le rubanisien.

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