Réponse aux critiques « des délocalisations et des responsables-coupables présumés ».
Je me présente :
Mon nom est Léon, DERMAYERS Léon, je suis Allemand mais de mère Française, j’avais 8 ans en mai 1945 et je me rappelle des bombardements de ce printemps 45. – Ceux sont mes souvenirs principaux de mon enfance, des souvenirs de fin du monde, de l’apocalypse, de la vision d’un enfant sur de nombreux trépas violents dans l’effondrement de l’immeuble.
Puis ce ne fut pas la fin, et la vie a repris, ainsi que la frénésie de construire, de bâtir toujours plus, d’oublier cette guerre, d’avoir été à l’Ouest plutôt qu’à l’Est. - Vivre dans la joie. -
Après les trente « glorieuses » j’ai démarré « l’expatriation », la découverte d’autres mondes.
Dans une équipe de vente d’infrastructure industrielle en Iran au et Moyen Orient.
L’entreprise ayant eu quelques difficultés de non-paiement, je me retrouve à 52 ans sans emploi
Après quelques échecs d’embauches (déjà trop vieux), un Bâtisseur d’Empire dans l’équipement automobile, visionnaire et en avance sur tous ses concurrents, ma confié une mission fort lucrative que j’ai mené d’abord avec professionnalisme puis avec « passion ».
- Il m’avait surtout embauché pour la connaissance des langues étrangères -
J’étais devenu un des premiers « délocalisateurs » à la suite de la chute du mur de Berlin.
Pour devenir un « bourreau efficace », il fallut d’abord être une « victime bien consciente de la nature humaine ».
- C’était mon cas, et cela été très utile -
Mais pour répondre aux nombreuses critiques, je ne pense pas faire parti des gens qui manquent de courage, bien au contraire, surtout à fréquenter de si « nombreux lâches » qu’ils soient diplômés ou non.
Je vais donc vous compter l’histoire d’un « Système », vu par un qui était fortement impliqué (moi-même) puisque j’ai organisé la fermeture de 8 usines en Europe Occidentale, soit 1100 emplois, mais j’ai aussi contribué à la croissance de 12 usines à l’Est Hongrie, Tchéquie, Pologne, Ukraine, Émirats, Turquie, Mexique, Chine, Afrique du Sud, puis Roumanie, Inde, Brésil soit la création de 3000 emplois et plus aujourd’hui.
Et je n’ai pas l’intention d’avoir des remords ni des regrets, j’ai fait un métier, et je ne me suis pas embarrassé de considérations métaphysiques ou philosophiques.
Certes mon salaire pour cette prestation était à la hauteur de mes talents qui s’affinaient au fil du temps.
Les pleutres, les sans-courages c’étaient les employés des entreprises-cibles dans leur grande majorité, des victimes-nés pour la plupart.
Eh oui, comme disais un de vos « blogeurs » : 10 % de collabos, 80 % de majorité silencieuse ( si silencieuse que je n’ai jamais su s’il y avait un seul courageux dans le tas) et 10 % de rebelles pour qui j’avais finalement le plus d’estime, car ils tentèrent de vaines résistances.
Résistances réprimandées par mes subordonnés si obéissants, qu’ils anticipèrent des actions sans que j’eusse seulement à les exprimer ni oralement, ni clairement !
Le plus surprenant, j’ai pratiqué cela dans 4 pays différents avec toujours une résistance faible mais identique d’un site à l’autre, avec peut-être une particulière mollesse en Allemagne.
En résumé : Tous les 18 mois fermer un site industriel de production en silence mais dans les délais, faire envoyer la production vers un pays ou les gens sont peu rémunérés, donc accroître sensiblement les marges bénéficiaires. – C’est pourtant un but simple et compréhensif : gagner de l’argent « Viel, gut und schnell » -
Voici la « Méthode » :
1) Être nommé pompeusement par le « patron de la holding » : CEO de l’entreprise cible.
2) Vite distinguer les employés des catégories extrêmes : les collaborateurs et les rebelles
3) Promouvoir les collabos, ménager un peu les rebelles au début, puis les laissez aux mains des directeurs si obéissants.
4) Communiquer : expliquer la situation économique, mondialisation, coût concurrence, marchés émergeants, Joint-Venture, croissance à deux chiffres, nouveaux besoins, etc.…Bla-bla ….
5) Choisir soigneusement les employés intéressés par un voyage, une découverte vers un pays lointain : de préférences des « petits chefs ». Les amener vers le pays « d’accueil ».(Ils deviennent importants, cela faisait longtemps que personne n’avait finalement observé leur qualité.)
6) Placer les quelques rebelles ayant survécus aux « purges » vers les fonctions commerciales avec des ambitions de croissance telles qu’ils se réjouiront bientôt de produire dans les « Low Costs ».
7) Faire envoyer progressivement une production partielle déficitaire, puis une autre moins déficitaire etc..
8) Transformer le site de production en « Center of Competence », cela donne de l’importance au Directeur Général promu et favorise le transfert.
9) Annoncer un déficit chronique du site de production, le provoquer si nécessaire.
10) Réduire l’effectif par tranche de 15 %, avec la complicité des 85 % momentanément encore en place.. « Kleinmutigkeit der Leute »
10 bis) Réitérer ceci tous les 4 à 6 mois
11) Lorsqu’il n’y a plus de production, fermer la « boutique », car un nouveau COC a été mis en place sur le site de production d’accueil. Les Tchèques ayant une grande tradition industrielle, ils se sont finalement vite adaptés à produire, innover et à développer. - Ils travaillent plus et coûtent moins chers -
12) Déplacer les quelques commerciaux restant vers un site de taille réduite, et vendre le site à des promoteurs immobiliers. - The End -
- En Europe, l’Allemagne l’a initié, la France a suivi le mouvement. -
Voici en 12 points, les grandes lignes d’une délocalisation réussie.
Coût : de 6 mois à 10 mois de masse salariale annuelle + frais liés aux transports et déménagements – vente des terrains de constructions.
Gain une marge bénéficiaire remontée de 2 à 35 points soit un retour d’investissement (ROI ) inférieur à 18 mois.
Ceci est valable si vous les premiers à le faire et si vous êtes leste.
Ceux qui arrivent après les autres peuvent se retrouver rapidement en posture plus délicate et si le processus de délocalisation s’éternise, le « Return Of Inversement » peut se rallonger dangereusement.
Donc n’est pas « Délocalisateur qui veut », c’est un métier ou la connaissance de la psychologie humaine est primordiale. C’est la gestion de la décroissance d’un lieu et de la croissance d’un autre lieu.
Bien sûr, j’ai été décrié, mais finalement si peu et surtout rarement en face.
J’ai eu droit à tous les surnoms, « Le Bosch », en France, « Joé » : allusion à Joé Dalton dans Lucky Luke, Le « Ballafré » ma cicatrice au visage d’avril 1945, « Terminator », « Exterminator », « Délocalisator » , « Special winner, serial killer », « Louis de Funès » en Allemagne seulement parce que je parlait aussi le Français, etc…. Mais tout cela m’était égal.
J’étais un élément d’un « Système », et je comprenais les motivations de mon « Employeur » qui s’est adapté à la croissance d’un monde en mouvement, qui pensait sincèrement maintenir son empire par la construction de sites de production dans les pays émergeants, et qui avait au fond moins d’empathie pour ses trop « gâtés » compatriotes d’Allemagne que pour les populations d’Asie.
Et il avait compris que dans ce système, il fallait jouer en premier et rapidement.
En quoi il avait raison puisque nombreux de ses concurrents qui s’étaient obstinés à faire du « Made in Germany » n’existent plus à ce jour !
La responsabilité de ce « Système » est collective. :
La « classe économique dirigeante » : pour un maintient de ses Empires ( un Empire par définition est vaste, et la terre est finalement si petite, - moins d’un jour de voyage d’un endroit à n’importe quel autre - )
La « classe politique » : pour préserver une illusion d’un maintient du niveau de vie à leurs électeurs. – repousser le problème dans le temps, comme votre « Louis XV ».
Les « consommateurs-électeurs » qui recherchent le meilleur rapport qualité-coût.
Et moi bien sûr, qui était doué pour être un acteur de ce « Système »e, - ne soyons donc pas modeste -, qui a vécu très confortablement, qui a goûté la bonne chaire dans tous ses aspects, qui pourra mourir sereinement car si j’ai connu l’enfer des bombes dans ma prime jeunesse, j’ai connu une fin paradisiaque, égoïstement certes, et avec une pointe de cynisme, mais c’était si exaltant.
Dans votre littérature j’ai retenu deux choses que je cite :
Élie Wiesel : Il y a des bons et des mauvais partout, ce qui est dangereux c’est l’indifférence de la grande masse qui laisse faire.
Et
Les riches sont cyniques … et …. les pauvres sont résignés et pour cause.
Ou encore une troisième sur notre sujet :
Le « Système » des délocalisations ressemble à la vente pyramidale, quelques gros bénéficiaires audacieux et lestes et beaucoup de « Loosers » qui subissent individuellement et dans l’isolement ». Avec la participation de la « lâcheté du plus grand nombre, qui s’accrochent à juste encore survivre quelques temps »
- Rajoutez encore un régime de terreur dû à une situation de guerre qui s’enlise, et vous imaginez ce que cela peut produire. – Rien de neuf sous le soleil, après tout
Requête :
Ce qui m’intéresserait, c’est de vous rencontrer, vous, les 43 membres de votre commission.
J’ai lu vos CV, des parcours fort intéressants, une belle équipe, peut-être un peu éloigné du terrain, trop habitué aux conforts attribués aux « Élites » .
J’ai eu affaire à tant de personnages et d’en comprendre leurs mécanismes, leurs vrais motivations, leurs peurs profondes si bien dissimulées, que je pourrais faire la synthèse des résultats de votre commission avant même que vous les synthétisés. Cela dépend de vos natures profondes ( si vous êtes courageux et sincères ou si …)
C’est aussi cela le talent du « Delocalisator ».
Je vous laisse mon adresse e-mail et me tient à votre disposition.
- Malgré mon âge je suis alerte et me déplace volontiers -
Je sais que la probabilité de cette rencontre est très faible, et c’est dans la « normalité humaine ».
En fait pendant mes missions, j’ai promu tellement de monde à des rôles de direction « Geschäftführer », « Plant Manager » « Diretor da manufatura » « Président Directeur Général », que j’ai une connaissance approfondie de la nature des plus ambitieux.
Plusieurs années après la fermeture de leurs sites, ils sont restés amicaux avec moi, et me souhaitent une « Bonne Année » et même un « Joyeux Anniversaire ». – Les niais ! -
Mes « victimes sans grades » se sont retournées parfois contre les cadres collaborateurs, jamais contre moi.
Comme votre plus célèbre des Français d’aujourd’hui, je disais la vérité dès le départ, et il est vrai que beaucoup ne voulaient tout simplement pas entendre la vérité.
- C’est quand même extraordinaire -
Im letzten Monat war ich in einer Fabrik im Osten, und ich habe gehört, was ein Franzose über eurem neuen Präsidenten erzählt hat zu die Mitarbeitern.
„Unser Präsident ist der französische .... Leon DERMEYERS“ - Ist daß nicht wunderbar ? –
Bis bald, vielleicht !
Maintenant, je suis cependant conscient d’un emballement du « système » et de ses funestes conséquences possibles.
C’est aussi pour cela que j’ai eu beaucoup plus de respect pour les « Rebelles » et ceci très rapidement, dès le début de ma carrière d’ « Exterminator ».
- Mais est-ce surprenant ? -