L’auteur de « La condition humaine » affirma un jour : « Le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas ». A-t-il eu raison ? Est-il encore possible dans notre société occidentale d’émettre une opinion à propos d’une religion sans encourir les foudres des croyants, de congrégations religieuses voire d’organisations contre le racisme ou la xénophobie ? Peut-on encore être laïc ?
Illusions, superstitions et mensonges composent les fils tendus par les usurpateurs de légitimation divine pour embobiner leurs semblables. Quand, racines hypocrites de la société, les valeurs religieuses s’opposent à celles fragiles de la démocratie, sur quels fondements les cultes imposent-ils dogme et morale aux fidèles ? Amour, tolérance, ou ignorance, inquisition et fanatisme ?
Bonne nuit éternelle ! Les funambules de la foi usent du livre ornant leur table de chevet pour entreposer leur conscience à l’étage supérieur de la penderie. Dommage ! Il suffit de comparer la doctrine et les avatars des uns et des autres pour avancer dans la connaissance herméneutique et constater la métempsychose du prophète.
Les religions puisent toutes à la même source. Utilisant les mêmes méthodes, elles poursuivent le même objectif : organiser la société pour assujettir les hommes.
Pas plus qu’il ne les épie ni les punit, Dieu ne divise les êtres et ne légitime de pouvoir. Constat d’ignorance, il est la réponse aux questions pour lesquelles l’homme n’en a aucune.
A lire l'histoire, peu importe la nature du conflit qui oppose les hommes, Dieu triomphe avec le plus fort. Responsable de la création, il l’est des joies et des peines. Quand, par le biais de ses prophètes, paternel, il prêche amour et juste loi à ses fils, il est le plus noble des bienfaiteurs. Quand imbu de pouvoir, il multiplie les catastrophes, divise les hommes et massacre des peuples, il est le plus infâme des criminels.
Dès qu’il invente les langages naissent les cultes, les cultures et les nations. Au lieu de rassembler l’être suprême multiplie et brouille ses sujets. Tant et si bien qu’il se retrouve, lui-même, à plusieurs. Aussi, à l’image de ses propres contradictions, ne doit-il pas s‘étonner d’être trahi tour à tour par les uns, puis par les autres. Présenté sous le fard de l'amour, il engendre la haine, la cupidité et la violence. Quand ils ne l’oppriment pas, ses ordres religieux parasitent la société. La foi naïve est abusée de tous les côtés.
Sous l’égide du divin, la bataille entre les religions établies et leurs obédiences est chaude. Les adversaires pratiquant la tolérance : tous les coups sont permis. Au service de la foi, les plus bas sont sans égal. Au nom de la liberté on prive l'adversaire des siennes. A la gloire de son dieu on sacrifie celui des autres. On prêche la tolérance et on applique son contraire. On prône la liberté et on enchaîne ses fidèles et ses opposants. On use de lui pour légitimer pouvoir et loi. On utilise l'ignorance et la superstition de l’homme pour assujettir le disciple.
Pourtant Dieu n’est comptable ni du bien ni du mal et encore moins du savoir. La matière naît du temps, énergie qui échappe et fuit, elle engendre l’oubli et développe la connaissance. Toutes les religions reposent sur les mêmes principes, elles évoluent en empruntant les unes aux autres pour dominer l’homme et conduire la société.
Dieu n’a choisi aucun peuple et ne privilégie ou désavantage quiconque ! L’Homme se joue de lui. Ses serviteurs prétendus abusent d’une parole que, sourd–muet, il ne leur a pas donnée. Ceux-là nous trompent à ses dépens. Ils font de lui, auteur de nos jours, celui de tous les maux. Quel père souhaite-t-il le malheur de son enfant ? Sous prétexte de désobéissance celui qui fixe les règles d’une société encaisse pour salaire la liberté et le tribut de ses membres. Sous prétexte de vérité, le fourbe serviteur diffuse le mensonge.
En créant la lumière de l’énergie ténébreuse, Dieu sépare l’éternité du présent et la nuit du jour, il invente le temps et la matière. Le premier coule imprévisible tel le fleuve qui donne et reprend vie à la terre sur laquelle il déborde. Il peut tout advenir. Dieu, contemplatif, ne domine rien, il regarde et s’amuse. Sa création n’aurait pas d’objet s’il pouvait la contraindre, la corriger ou la récompenser. Il n’est ni un moraliste qui guide ni un affairiste qui corrompt. Il n’achète ne juge ni ne punit l’homme. Il n’attend de lui ni prière ni offrande.
Au fil du temps, l’homme s’est contenté de travestir la religion primitive sans modifier ses fondements. L’imagination dans ce domaine est des plus limitée. La religion est liée à l’évolution de la société dans laquelle elle se développe. Elle est prisonnière des anciens cultes et du pouvoir qui les domine ou de celui qui les conduit. L’étymologie de paganisme le révèle, paga ou pege signifie la source, l’origine, en grec. Les païens sont ceux qui pratiquent les religions antiques et honorent les divinités d’hier, la croyance les distingue des athées, proies préférées des missionnaires.
La religion qui fond le mythe et la réalité ne recule devant rien pour entretenir la superstition et le fétichisme qu’elle assure combattre. L’irrationalisme assure sa pérennité et lui confère son pouvoir. Comme l’indique, au détour d’un lacet sur la falaise qui surplombe la grotte de Lourdes, une sculpture apostolique : « il est plus important de retrouver la foi que la vue. » Le tout est de savoir : pour qui ?
Les religions, qui prônent « la vérité » sous la plume de leur chef, maquillent la réalité. Elles dupent leurs fidèles. Elles sont loin d’appliquer les préceptes du Jésus de Matthieu et de Marc : "Il n'est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive être connu et mis au jour." Ethique et morale religieuses dissimulent, sous le voile du sacré, leur objet véritable : soumettre et asservir l’homme. Celui qui accapare Dieu et prétend le représenter organise la société à son profit.
Cette forme perfide de dictature embrigade l'individu dès le berceau avec le concours de sa propre famille. L'homme n'est plus libre de penser ou d'exprimer une idée différente. Au nom de Dieu la religion le guide. La majorité ne s'en rend même pas compte. Elle vénère, entretient et défend ses geôliers. Le prélat se prélasse.
"Laissez venir à moi les petits enfants." Les fers qui paralysent l'esprit sont invisibles, misanthropes et misogynes.
« Sache ce que tu vaux, Homme, et sois ton propre dieu ! » Pour Socrate, Dieu est l’aveu de l’ignorance et de la faiblesse de l’homme. Créé par l’homme, il est la réponse à toutes les questions. Il naît de la superstition que l’alchimie religieuse transmue en croyance. Quand il légitime le pouvoir et les lois, il permet d’organiser la société et de la conduire bien ou mal.
Paralysé par l'ignorance, l'homme porte le joug sacré, certains l'appellent croix, d’autres circoncision, avec fierté. C'est sûr les religieux du jour ne sont ni pires ni meilleurs que ceux d'hier ou de demain. Infaillibles, ils parlent au nom de Dieu. Irresponsables et veules, ils lui font endosser leurs excès. Facile ! Dans leur métier on entretient le mensonge avec l'argent du fidèle en lui prêchant soumission et œillères par le truchement de prêtres quelquefois pédophiles.
Comment une religion qui rejette pour diaboliques celles qu'elle copie serait-elle meilleure et plus divine ? Il n’y a pas la religion des bons et celle des mauvais, mais la religion des On.
Le fidèle est resté le Chrestos, le Juste, qu'on trompe pour son salut. Ne lui apprend-on pas le Père Noël dès qu'il commence à marcher ? Est-il mensonge plus innocent et merveilleux que la crèche abritant le bœuf et l’âne ?
La vie éternelle n'est-elle pas le plus beau cadeau pour celui qui, résigné, l'attend comme une délivrance ? N'est-elle pas, aussi, cette tentation suprême à laquelle, malgré la plus orthodoxe des conduites, succombe le On spolié dans l'au-delà ?
Ligoté par l'information sous séquestre, l'esclave de Dieu ne distingue pas la réalité de l'imaginaire et la nature de l'artifice. A la roulette du jugement dernier, la vie éternelle dupe le juste et nourrit le prêtre.
"Aimez-vous les uns les autres" La foi unit les peuples, sublime l'homme, et déplace les montagnes. A travers la religion, règnent l'ordre, l'équité, l'amour et le pardon, les composantes d'une société heureuse. La religion c'est la main de Dieu dans les affaires de l'homme. C’est la vie après la mort où les derniers seront les premiers... En attendant, le dernier ferme la porte et éteint la lumière ! Sarajevo, Belfast, New York, Kaboul, Kerballah, Jérusalem, Alexandrie et d'autres lieux en témoignent.
Avec la complicité de ceux qui gèlent la pensée, l'ignorance du grand nombre doit-elle encore légitimer les excès et les erreurs de ceux qui parlent au nom de Dieu ?
Les partis chrétiens-démocrates et les républiques islamiques en témoignent : politique et religion se confondent. Les protocoles d'investiture du chef d'état qui usent des Écritures et recourent au traditionnel "à l'aide de Dieu" lors du serment, le montrent : la divinité est juge et responsable de la future action du titulaire. Les textes sacrés se substituent à la constitution et le peuple électeur, absent de la cérémonie, devient téléspectateur.
Ce n'est pas par hasard si, établie en présence de l'Être Suprême, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 s'inspire des Commandements de la Bible. Comme le Dieu masculin-féminin de Moïse, la mère-patrie libère l'homme pour l'assujettir à l'impôt, à l'armée et à l'ordre public, un nouveau régime soi-disant plus juste que l'ancien. La république remplace la religion. Bonne cause et raison d’Etat, le pouvoir change de mains, les profiteurs d'origine sociale et le citoyen légitime le législateur. Le pécheur devient contrevenant, et, le péché, délit ou crime. L'individu n'est plus "esclave de Dieu" ou "sujet" du roi. Propriété de l'état républicain qui régit sa vie, jouit de son travail et hypothéque son avenir, il est libre. En échange, d'élu, le peuple devient électeur. Il choisit ses maîtres parmi ceux qui lui promettent le mieux ce qu’il souhaite et ne lui donnent jamais. Peu importe le régime, il s’appuie sur le verbe qui fait naître l’espoir et le déçoit souvent. Le papillon tricolore naît de la chrysalide de l'au-delà !
C'est dire combien la société repose sur les leviers de la croyance religieuse que manipulaient les régimes politiques de la haute antiquité. Leviers qu’empoignent les régimes contemporains sitôt qu'une caste religieuse exerce le pouvoir ou le soutient.
La religion qui invente « dieu-réponse-à-tout » est un leurre politique. Prétendant élucider la création et le sens de la vie, elle utilise l'ignorance de l'homme pour l'asservir et, d’une devise à l’autre, le rançonner. Elle légitime le pouvoir et les lois au profit de quelques-uns et récompense l'abnégation du fidèle d'un au-delà, médaille imaginaire.
Au nom de Dieu, elle se développe au prix de moyens indignes. Malgré ses beaux discours elle génère intolérance et fanatisme, garants de sa survie. Les résultats d'une telle institution, dont les victimes sont innombrables, marquent l'histoire de ses périodes les plus sombres.
La société occidentale, qui, dit-on, s'appuie sur la Bible, doit plus aux Perses, aux Grecs et à Rome qu'aux Hébreux de l'Exode et au petit Jésus du Père Noël. « Liberté, égalité, fraternité », la devise républicaine est un emprunt aux cultes de l'antiquité et à celui de Mithra en particulier, les études de Franz Cumont et ses successeurs le montrent. A Rome ce culte de mystères n’acceptait pour adeptes que les hommes libres. Sitôt baptisé, le néophyte était reconnu pour fils de Dieu par l’ensemble des membres devenus ses frères. Comme, au troisième jour après la mort, elle éclairait la résurrection du Chrestos en Mithra, Eos, flambeau des mages, devient la Maria Magdala (tison des mages) de l’évangile grec, pour incarner Marianne et présider à l’arrivée dans le Nouveau Monde sous la patte de Bartholdi.
Les religions modernes doivent tout à celles qui les précèdent. Peuvent-elles voir leurs artifices étalés au grand jour ? Peuvent-elles rejeter l'intolérance et le sectarisme garants de leur existence ? Le péché originel qu'elles noient dans le baptême n'est autre que la liberté de penser, de croire et de s'exprimer.
Celle qui, portée par les cadavres des guerres saintes et génocides religieux, remodèle et trafique l'histoire en insultant ses sources, n'a pas de leçon de morale à donner ! Elle n'est pas meilleure que les sectes nouvelles qu'elle interdit ou combat.
Il est grand temps de réhabiliter le Sanhédrin, Judas, Pilate et les victimes de l'inquisition et du fanatisme ! Il est grand temps que la religion qui vient de l'au-delà y retourne. Grand temps que les hommes, libérés de son joug, pratiquent enfin la tolérance.
La plupart des religions qui se prétendent non-violentes et se proclament d'un dieu de miséricorde prêchent une conception étrange et très étroite de l'amour, la tolérance et la justice. Le pacte d’Omar, second Calife de l’Islam et conquérant de Jérusalem, illustre cette largesse d’esprit qui offre une coexistence pacifique aux non musulmans des territoires conquis.
Cette tranquillité garantie est soumise à conditions. L’infidèle doit payer la taxe individuelle depuis l’âge de 15 ans, se différencier dans l’habillement par un signe distinctif placé sur le couvre-chef et ne pas commercer avec des articles et denrées prohibés par le Coran. Participant aux finances publiques, il sera également redevable de 10 % de la valeur des marchandises qu’il fait transiter dans les pays de l’Islam. Sujet de second classe, en présence d’un croyant musulman, il ne doit ni arborer la croix ni évoquer le nom de Jésus ou Marie, et, surtout pas, tenir le haut du pavé ou présider une assemblée. Bien entendu il ne sonnera point de cloche, ni ne construira d’église ou tout autre lieu de rassemblement.
Voici qui inspire la mesure contre les Juifs et Sarrasins prise en 1215 par Sa Sainteté Innocent III lors du concile de Latran ! Pas anormal que, devenu pape, le nonce pontifical qui négocia avec un chancelier de triste mémoire, le concordat assurant les revenus fiscaux de l’église allemande jusqu’à nos jours, n’ait pu condamner l’application de cet usage. Ce geste aurait eu pour conséquence de désavouer l’église de ses prédécesseurs.
Foi et bonne foi ne font pas toujours bon ménage. En 2006, la citation du Pape Benoît XVI à Ratisbonne l’illustre. Elle fit monter le monde musulman au créneau. Toutes les mosquées et états islamiques de l’univers auxquelles s’adjoignirent les nations à prépondérance musulmane exprimèrent leur indignation. A l’unisson les croyants condamnèrent les propos du pontife romain. Insulte ou provocation ?
Dans un excès de tolérance, certains brûlèrent symboliquement son effigie et saccagèrent des églises orthodoxes en Palestine. D’autres, pour qui la vie n’a aucun sens hors de l’Islam, sacrifièrent au courroux divin une religieuse, martyre de la foi. Tous exigèrent des excuses pour l’insulte à leur religion et -Dieu le protège !- leur prophète. Sous le couvert de citer un empereur byzantin du moyen-âge, le chef catholique dépeignait l’Islam prônant la violence et la terreur pour convertir en masse les individus à la religion du Dieu unique, maître de la vengeance selon le verset 4 de la 3ème sourate du Coran.
La citation papale est d’autant plus curieuse que, après avoir promis de renier devant son père celui qui l’aura renié devant les hommes, Jésus, ce prix d’amour vertueux, révèle aux apôtres « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre, mais l'épée." (Matthieu X 34) A moins -ce que refuse l’Eglise- d’assimiler Jésus à Mithra qui, selon l’iconographie, vient au monde en portant le glaive, ce Christianisme donnant-donnant n’exclut pas, lui non plus, la violence.
Après l’affaire des caricatures du prophète –La paix soit avec lui !- insupportable bravade parue dans la presse danoise, ce portrait fallacieux de la religion mahométane fait monter d’un cran la tension entre les communautés musulmanes et les incrédules ou prétendus croyants, ceux-là même qui, selon le livre des musulmans, pratiquent des évangiles déformant la parole divine.
En effet, à lire le livre des musulmans garant de celle-ci, les Evangiles ont été manipulés. A ce sujet le verset 78 de la 3ème sourate, cité plus haut, met en garde contre "ceux qui savent et altèrent la Bible en la récitant pour faire croire que leurs inventions lui appartiennent." Plein de compassion pour les croyants du seul Dieu, le verset 15 de la sourate suivante précise à l'attention des gens de la Bible : " Notre prophète est venu à vous. Il vous explique une grande partie du Livre que vous cachiez. Il en abroge une grande partie. "
Service aux égarés de la foi chrétienne, le gracieux prophète corrige le Nouveau Testament. Le verset 157 de cette 4ème sourate affirme au sujet du Christ : " Mais ils ne l'ont pas tué. Ils ne l'ont pas crucifié. Cela leur est seulement apparu ainsi." Puis il souligne l’illusionnisme chrétien et précise au verset 17 de la sourate 5 : " Ceux qui disent : Dieu est, en vérité, le Messie (le Christ, l’oint) fils de Marie, sont impies." (messiah signifie oint en hébreu et christ en grec).Balayant la Sainte Trinité d’un revers, la sourate affirme au verset 73 "Ceux qui disent : « En vérité, Dieu est le tiers de trois » sont impies. Il n’y a de Dieu qu’un Dieu unique. » Enfin pour convaincre de la parole transmise par son prophète, le Coran prévient : « S’ils ne renoncent pas à ce qu’ils disent, un terrible châtiment atteindra ceux d’entre eux qui sont incrédules. " Comme le Dieu de l’Ancien Testament, bien intentionné et généreux, celui du Coran enjoint aux chrétiens considérés comme polythéistes d’appliquer les préceptes fondamentaux qu’il transmet, afin de leur éviter sa terrible punition. L'important n'est pas ce que l'on croit mais ce qui est dit.
Cette mise en garde s’adresse aux adeptes de toute obédience afin de prévenir l’incrédulité dans laquelle ils se trouvent plongés par la perfidie des évangélistes qui tronquèrent les propos divins. Elle exprime la miséricorde de Dieu. Du reste la sourate IX assure, au verset 1, l’impunité de Dieu aux polythéistes avec lesquels ses fidèles ont conclu un pacte jusqu’au terme de celui-ci, après quoi s’ils ne se sont pas repentis, s’ils n’ont pas prié et n’ont pas pratiqué l’aumône, le verset 5 enjoint de les tuer.
Même si le verset 84 de la 4ème sourate affirme que la violence de Dieu est plus redoutable que celle des incrédules, c’est une évidence, pour tout musulman, l’Islam tolérante et juste réprouve toute brutalité. Ainsi, le verset 2 de la sourate 5 commande aux adeptes : "Ne vous encouragez pas mutuellement au crime et à la haine." Le verset 33 évoque la rétribution de ceux qui luttent contre Dieu et son prophète puis, sans distinguer leur motif, de ceux qui exercent la violence sur la terre : " Ils seront tués ou crucifiés ou bien leur main droite et leur pied gauche seront coupés, ou bien ils seront expulsés du pays. "
Avec des châtiments aussi fermes quel croyant sincère pratiquerait-il la violence ? Du reste transgresser la loi l’exposerait aux pires foudres divines avant et après la mort. Le Coran est clair, selon les versets 190 et 191 de la 2ème sourate : « Dieu n’aime pas les transgresseurs… La sédition est pire que le meurtre. » Le transgresseur est rejeté par la communauté et par Dieu. Sous de tels auspices, seul l’incrédule serait assez stupide pour user de violence. C’est faire un bien mauvais procès à l’Islam de déclarer qu’elle prône celle-ci ! ″Dieu interdit le péché et la violence injuste″ (sourate 7, verset 33). Il n’est pas question de violence juste dans cette règle. Elle n'est donc pas exclue.
Certains qui mettent en avant la sentence de mort, lancée puis levée par la miséricorde divine de l’imam, contre l’écrivain britannique Salman Rujdi pour appuyer l’affirmation du monarque byzantin n’ont rien compris à la situation. Ils confondent la juste application de la loi coranique exercée par l’autorité religieuse –Dieu la bénisse !- avec la violence criminelle et brutale des transgresseurs et des incrédules. Aussi pour débarrasser le monde de ces derniers car ″l’homme bon est celui qui croit en Dieu.″ (sourate 2, verset 166), Dieu par la bouche de son fidèle serviteur, recommande avec force leur conversion ou leur éradication dans la sourate n°9 :
"Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu…", (verset 29)
" Les Juifs ont dit : " Uzaïr est le fils de Dieu." Les Chrétiens on dit : " Le Messie est le fils de Dieu ". Ils répètent ce que les incrédules disaient avant eux. Que Dieu les anéantisse ! Ils sont tellement stupides "(verset 30).
Dans la sourate 47 : "Lorsque vous rencontrez les incrédules, frappez-les à la nuque jusqu'à ce que vous les ayez abattus." (verset 4).
Et, pour éloigner le croyant de toute tentation impie, il conseille même, dans la sourate 5 : " Vous qui croyez ne prenez pas pour amis les Juifs et les Chrétiens, ils sont amis les uns des autres."(verset 51).
Confondre ces mesures de protections, bien légitimes, avec une volonté déterminée de conquérir et conserver les croyants en usant de violence ou de représailles est la plus évidente des stupidités.
Pour démontrer le bien-fondé de la déclaration byzantine reprise par le Saint-Père, quelques incrédules entêtés – Que Dieu les éclaire !- mettent en avant le verset 34 de la 4ème sourate : "Les hommes ont autorité sur les femmes en vertu de la préférence que Dieu leur a accordée sur elles et en raison des frais qu'ils ont pour les entretenir. Les femmes vertueuses et pieuses préservent dans le secret ce que Dieu protège. Admoneste celle dont tu crains l'infidélité, relègue-là isolée dans une chambre et frappe-la, mais ne lui cherche plus querelle si elle t'obéit. Dieu est élevé et grand ! " Ils amalgament vie privée et conversion !
C’est pourtant clair : le verset évoqué a pour objet de prévenir les conflits et les velléités qui déclenchent la violence conjugale en rappelant à l’épouse, au service de l’homme, la règle matrimoniale. En évoquant la brutalité à laquelle une attitude rebelle l'exposerait, il cherche à éviter son application. Il préserve avec fermeté la condition inférieure des femmes dans la hiérarchie sociale divine. Le musulman pratiquant la polygamie, Dieu charge l’homme d’assurer les revenus du ménage et de traiter également toutes ses épouses. Il ne prévoit ni leur émancipation ni leur liberté financière. Elles ne sauraient gérer à plusieurs les biens et comptes du ménage au détriment de l’une ou de l’autre d’entre elles. Après tout - Ecoutez bien mesdames !- comme le stipule le verset 223 de la sourate 2 du Coran : " Les femmes sont un champ de labour." L’homme qui les ensemence et les irrigue en possède les fruits."
Misogynie ou non, dans toutes les religions, le livre sacré est immuable, la loi divine n’évolue pas. Ce qui semblait indispensable pour organiser et conduire la société romaine au IVème siècle ou la société arabe au VIIème ne s’adapte pas systématiquement à la civilisation et aux régimes politiques modernes. Mais, issu des lois assyriennes, le port du voile exigé pour les femmes vertueuses est devenu tradition. Aujourd’hui, la loi divine influence moins celle de l’état laïc et s’y oppose plus. Les autorités religieuses, jalouses de leurs prérogatives sociales et prisonnières de leur dogme usant de l’ignorance, de la superstition et de l’intimidation, souffrent de la légitimité populaire et entravent le progrès. Ainsi, pas plus que l’Eglise ne reconnut le bien-fondé d’un univers héliocentrique, selon Aristarque et Copernic, elle n’accepta les propos de Galilée.
Comme la Bible l’inculque aux Judéo-chrétiens, le Coran l’enseigne au musulman : la loi de Dieu est au-dessus de toutes les autres. Les manifestants juifs qui le 17 juin 2010 envahirent les rues de Jérusalem-Ouest pour protester contre une décision de la Cour Suprême de justice interdisant la ségrégation entre enfants ashkénazes et séfarades, pratiquée dans l’école religieuse d’une colonie juive en Cisjordanie, ne dérogent pas à ce principe, ils défendent la loi religieuse. Aussi le croyant fondamentaliste fait-il, peu de cas, de celles votées par le parlement d’états peuplés d’incrédules et de libres penseurs qui transgressent les commandements divins. L’ennui d’une telle situation est que les règles religieuses peuvent différer. Si c’est le cas entre Ashkénazes et Séfarades, c’est aussi celui entre l’Islam et la Chrétienté. Le musulman considère juste que le Coran remette en cause le Nouveau Testament, qu’il rabaisse Pâque, événement fondamental des chrétiens, au rang d’illusion divine et rejette la résurrection de Jésus. Il nie la divinité du Christ sur laquelle repose la Trinité chrétienne qui, aux yeux du prophète, « multiplie » les dieux. C’est pourquoi Mahomet -que Dieu le récompense !- taxe de mensonge et de manipulation évangélistes, apôtres et pères de l’Eglise. Ceci n’est évidemment pas du goût des chrétiens prétendus égarés qui campent sur leurs positions.
Généreux, le musulman aimerait leur faire partager son privilège et déplore leur obstination. Toutefois, même s’il vit dans un état laïc dont il est censé respecter la loi et la neutralité religieuse, le croyant s’offusque et part en guerre sainte sitôt qu’un pontife incrédule utilise les propos d’un chef de l’église byzantine mort depuis six siècles pour dépeindre l’Islam. Il n’admet pas un point de vue différent du sien sur ce sujet sacré qui lui tient à cœur. Le Dieu vengeur du Coran est le même que celui de l’Ancien Testament, il contraint le croyant à vivre dans la crainte et rejeter toute forme de compromission. Ceci explique cela. Le fidèle n’a d’autre choix que de suivre la volonté divine traduite par les autorités religieuses selon les intérêts de leur obédience.
Le Coran ne nie pas les religions qui le précèdent, il les phagocyte pour les supplanter, comme le christianisme engloutit jadis le mithriacisme. Il n’engendre pas la violence, il la maîtrise, il en fait un principe de domination et de crainte qu’il refuse d’utiliser injustement.
Reflet des rivalités humaines ce qui est juste pour les uns ne l’est pas pour les autres. Quand ils ne l’administrent pas aux Kurdes, Sunnites et Chiites irakiens utilisent ce principe les uns envers les autres en attendant de triompher des « satans de l’or noir » qui troublent leur pays.
Si le Coran déclare aux incroyants : ″Les actions des incrédules sont revêtues d’apparences belles et trompeuses (sourate 6, verset 122), et, Faites l’aumône de bon gré ou à contrecœur, elle ne sera pas acceptée venant de vous parce que vous êtes des gens pervers.″ sagesse de la providence divine, il ne rejette pas tout ce qui vient d’eux. Comme leurs compatriotes chrétiens, les musulmans indonésiens, palestiniens et libanais peuvent, sans enfreindre la loi coranique, honorer les aides et subsides de l’Occident laïc qu’en bons croyants ils rêvent patiemment de convertir un jour. Si ce n’est en apparence, c’est évident, ces contributions ne doivent rien aux mécréants, elles émanent de Dieu qui décide de tout et utilise à bon escient ceux qu’il a égarés. Le verset 36 de la sourate 5 éclaire cette attitude bienveillante : ″ Si les incrédules possédaient tout ce qui se trouve sur la terre et s’ils l’offraient en rançon pour éviter le châtiment le jour de la résurrection on ne l’accepterait pas de leur part. ». En 2010, noyé par le déluge d’Allah, le Pakistan, né de l’Islam, n’attendit rien de la communauté internationale, mais tout de Dieu.
A sens unique, la loi coranique, si elle punit le vol par l'amputation de la main, n'interdit ni de recevoir ni de prendre aux incrédules par définition opposés et exclus de la société musulmane. Elle prescrit même leur élimination et la récompense par un butin abondant dont la femme de bonne condition fait partie. Cette situation exprime la volonté divine. Le verset 107 de la sourate 6 qui évoque les polythéistes éclaire cette prédestination : ″Si Dieu l’avait voulu, ils n’auraient pas été polythéistes″ ceci concerne, bien entendu, la sainte trinité chrétienne. Comme les Juifs et la plupart des Chrétiens, ces êtres sont, pour la loi religieuse, méprisables et, j'ose un barbarisme, "rançonnables" à merci jusqu’à leur conversion à la vraie foi.
L’application de ce précepte explique que des membres d’une œuvre humanitaire, pris en otages en Irak, aient été convertis à l’Islam avant d’être relâchés sains et saufs par leurs ravisseurs dont la revendication, la libération de prisonniers, n’était pas satisfaite. La miséricorde divine pardonne aux égarés qui découvrent le seul Dieu, et, la loi coranique réprime le meurtre délibéré d’un croyant. Les ravisseurs ne pouvaient plus exécuter, selon leur menace, ces hommes devenus leurs frères.
Un tel discours est ambigu, Dieu crée les polythéistes et impose à ses fidèles de les convertir pour les éliminer. La chasse à l’homme est ouverte !
Les missionnaires d’Hernan Cortès le savent : l’éradication des incrédules et des impies passe par la conversion. Le second d’Al Qaïda le confirma sur la « toile » quand il y a quelques années conspuant Georges W. Bush et discréditant le Pape, il propose aux occidentaux de se convertir à l’Islam pour faire cesser la colère divine qu’exprime son organisation. Ces déclarations, nul ne le conteste, sont empreintes d’un immense amour, elles sont destinées à sauver l’humanité.
Ce manque de respect pour la foi ou la non foi de l'autre rend impossible la cohabitation de cultes dominateurs qui se jalousent et s'affrontent en s'opposant aux droits de l'Homme et à celui des états laïcs. Ils font des martyrs des uns les assassins des autres, et, des soldats des autres les tortionnaires et bourreaux des premiers. Le cimeterre des uns croise l’épée des autres. Les tentatives d'œcuménisme, où chacun reste sur ses vérités, permettent de rejeter la faute sur le voisin. Elles n'offrent aucun espoir à la société. La joute continue. Comment accepter la différence de l'autre, si Dieu ordonne de la combattre et la rejeter ?
Au début du XXIème siècle, notre planète connaît une période de provocations et d’affrontements religieux suscités par les faits et discours des uns et des autres que propagent les moyens de communication. Comment, en préservant la susceptibilité des uns et des autres, mettre dans l’intérêt de tous fin à ce mal qui gangrène la société ?