Polémique sur l’Atlantide ? Eh bien, revenons aux textes !
Après les nombreuses attaques que m’a value la publication de mes deux articles sur l’Atlantide engloutie, il s’avère nécessaire, pour la clarté du débat, de revenir aux textes. Encore faut-il, pour les comprendre, bien se mettre dans l’esprit de l’époque. Oui, Strabon donne aux Pyrénées une orientation nord sud, ce qui est manifestement faux, mais il est beaucoup plus précis sur les itinéraires. Passer de l’analyse à la synthèse, de la connaissance des éléments à la représentation de l’ensemble, c’est là toute l’histoire et toute la difficulté de la représentation géographique.
Or, entre Strabon qui vivait au I er siècle avant J.C. et Platon qui vivait au début du IVème, il s’est écoulé environ 370 ans et il faut ajouter que si Strabon a eu la possibilité de connaitre une Gaule que César avait ouverte au monde, Platon n’a pu en avoir connaissance que d’une façon très imparfaite et souvent contradictoire par des rapports d’explorateurs notamment maritimes. Et puis, il faut comprendre que l’auteur de l’Atlantide ne cherche nullement à faire oeuvre d’historien mais qu’il se sert d’un substrat historique pour donner une véritable « claque » à ses contemporains en idéalisant un ancien adversaire vaincu.

La vision qu’Hérodote a de notre territoire est réductrice et superficielle. Il ne voit que deux peuples, les Kinèsioi à l’ouest, les Celtes à l’est. L’expression "ville de Pyréné" est litigieuse. Au lieu de "ville de Pyréné", il faut lire "monts Rhippées", comme l’a écrit Pindare, autrement dit "près des Alpes et du Jura".
Ce texte d’Hérodote ne dit pas que les Celtes étaient les habitants d’un pays qui s’étendait des Pyrénées aux sources du Danube, comme les historiens le pensent. Il nous dit seulement qu’ils étaient les habitants d’une cité (Nuerax/Bibracte/Mont-Saint-Vincent) qui se trouvait sur un itinéraire qui menait aux sources du Danube. Ce texte nous apprend, en outre, qu’à l’ouest de Bibracte, se trouvait une autre cité dont les habitants ne se disaient pas Celtes. Cette autre cité, ce ne peut être que Gergovie. Enfin, Ephore, au IVème siècle av. J.C., considère ces Celtes comme l’une des quatre plus puissantes peuplades du monde barbare. Comment peut-on encore affirmer, après un tel témoignage, que les Gaulois ne connaissaient pas l’usage du mortier de chaux ?
Denys D’Halicarnasse (Ier siècle av. J.C.) écrit qu’Héraclès, au cours de sa course errante, se serait uni à l’atlantide Astéropè. Deux fils seraient nés de cette union, Ibéros (les Ibères d’Espagne) et Keltos (les Celtes de la Gaule).
Quelle est la population qui se cache sous le nom de l’atlantide Astéropè ? S’il s’agit de la population arverne, il faudrait comprendre qu’après avoir fondé Nuerax/Bibracte/Mont-Saint-Vincent, les Phéniciens auraient fondé Gergovie, ville des Atlantes, donnant ainsi naissance au deuxième grand peuple celte. Mais il pourrait également s’agir de la fondation de Bibracte, ce qui irait dans le sens du texte de Diodore de Sicile évoquant la fondation d’Alésia/Bibracte par Héraclès
Revenons aux colonnes d’Hercule. Car c’est bien à partir de là que les navigateurs antiques se sont construit leur perspective. Ces colonnes d’Hercule, personne ne les a vues en tant que colonnes classiques. Pour les dit navigateurs, ces colonnes mythiques étaient le Rocher de Gibraltar à droite et le mont Abyle, à gauche. Cette image de colonnes peut prêter à confusion mais s’explique logiquement si on se représente les montagnes de gauche, comme de droite, semblables à des socles ou à des pieds qui se prolongeraient en colonnes, lesquelles, s’élevant jusqu’au ciel, en supporterait la voute. Et en effet, que dit Hérodote au sujet de la colonne africaine... que le mont (ou plutôt la montagne) Atlas touche à cette colline (au mont Abyle). Il est étroit et rond de tous côtés, mais si haut, qu’il est, dit-on, impossible d’en voir le sommet à cause des nuages dont il est toujours couvert l’été comme l’hiver. Les habitants du pays disent que c’est une colonne du ciel. Quant à la colonne européenne, c’est le Pseudo-
Apollodore pré-cité qui la situe au pays des Hyperboréens, c’est-à-dire dans le massif Jura/Alpes - cf Pindare -. Il s’agit peut-être du Mont-Blanc. Telles pourraient être les deux colonnes qui soutenaient jadis la voute du ciel mais dont le souvenir était déjà perdu avant notre ère ! Beaucoup plus qu’un mythe, nous serions ici en présence d’une croyance.
Atlas supportant la voute du ciel, de l’Afrique à l’Europe ; Hercule le remplaçant durant un temps, le temps pour Atlas d’aller chercher les pommes d’or qui se trouvait dans son jardin des Hespérides cultivé par les nymphes du couchant, tout cela nous conduit aux cités mythiques et merveilleuses de Bibracte et de Gergovie, là où je les situe... Voilà pourquoi j’insiste tellement pour que le ministre de la Culture prenne en mains, lui-même, de sa personne, le dossier en souffrance de la localisation de nos anciennes capitales gauloises.
Platon (IV ème siècle av.J.C.). Dans mes précédents articles, j’ai essayé de retrouver le substrat historique de son récit. Le substrat géographique peut se retrouver de la même façon, mais avec les erreurs de son époque. L’engloutissement de l’Atlantide pourrait être une déduction à partir d’informations erronées ou mal interprétées qu’on lui auraient apportées. Il est possible, en effet, que des navigateurs de son époque se soient fourvoyés dans le marais poitevin qui était alors beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui, ce qui les aurait incités à faire demi-tour. Ajoutez à cela le volcanisme supposé des volcans auvergnats, le recul du rayonnement militaire et politique arverne et vous avez peut-être l’explication supposée du cataclysme qui aurait enseveli la cité... Plus tard, il survint des tremblements et des inondations extraordinaires ; dans un seul jour et dans une nuit désastreuse, toute la race de vos guerriers fut engloutie en masse sous la terre, et l’île Atlantide disparut submergée par la mer. Aussi de nos jours, il est impossible de traverser et d’explorer la mer à cet endroit, à cause de la vase profonde qu’y a formée l’île en s’abimant (fin du Timée).
Cet engloutissement est-il plausible dans la réalité des faits ? Evidemment non ! Et j’irais même jusqu’à dire que Platon lui-même savait très bien qu’il ne l’était pas.
Extraits en partie de mes ouvrages
Photo de l’auteur.
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