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Accueil du site > Tribune Libre > Pollution par le mercure : les dentistes français nient le problème

Pollution par le mercure : les dentistes français nient le problème

La récente décision de la Norvège d’interdire l’amalgame au mercure ne pouvait laisser la communauté dentaire indifférente. Deux mois après l’annonce faite par le ministre norvégien de l’Environnement, Le Chrirurgien-Dentiste de France, un journal syndical connu de la profession, publie un article titré « Merci au ministre norvégien de l’Environnement ». Écrit par un professeur d’université, l’article n’est peut-être pas représentatif de l’opinion de l’ensemble des dentistes français. Il est en tout cas édifiant.

Pour être tardive, la réponse signée du Dr M. Goldberg n’en est pas moins cinglante. Après avoir parlé de "bêtise triomphante" à propos de la décision norvégienne, l’auteur tente de dédouaner les dentistes de toute pollution par le mercure. D’après lui, les dentistes contribueraient au plus pour 0,2 % à la pollution totale due au mercure.

Quand le mercure se volatilise

Outre que le chiffre semble peu étayé puisqu’il se réfère, non à des études, mais à une lettre du Dr Derek W. Jones, professeur de biomatériaux à l’université de Dalhousie (Canada), le chiffre avancé paraît largement sous-évalué quand on sait que l’usage dentaire est la seconde source de mercure au niveau mondial. D’après un rapport du Sénat (Les effets des métaux lourds sur l’environnement et la santé), la masse totale de mercure dans la bouche des Français avoisine les 100 tonnes. Ce chiffre ne concerne que la France. Dans le monde, l’amalgame au mercure est le matériau le plus utilisé. D’après Santé Canada, 96 millions d’obturations en amalgame auraient été posées aux États-Unis en 1990 (14 millions en France). Chaque année, ce sont donc quelque cent tonnes de mercure qui sont posées aux États-Unis. Dans ces conditions, il faudrait qu’on nous explique par quel miracle digne du grand Houdini, ces tonnes de mercure pourraient se volatiliser sans polluer ? Elles se volatilisent bel et bien, mais pas par l’opération du Saint-Esprit. La réalité est plus triviale : le mercure se volatilise dans l’atmosphère lors de la crémation. Estimé en Suède* à 280 kg par an (le tiers des émissions du pays), et à 16 % des émissions mercurielles en Grande-Bretagne, le risque est purement et simplement occulté en France où aucune mesure ne l’évalue. Une négligence et un déni d’information des autorités sanitaires françaises qui permettent aux dentistes d’affirmer qu’ils ne sont pour rien (ou si peu) dans la pollution par le mercure.

Folie au programme

Bien entendu, la stratégie qui consiste à nier en bloc un risque sanitaire ou une pollution n’est pas neuve. Nous avons tous en mémoire le scandale de l’hormone de croissance, du sang contaminé, de l’amiante, etc. Cependant, quand un pays comme la Norvège s’engage, on peut penser que ce n’est pas à la légère et que nos voisins du Nord ne sont pas fous. Eh bien si, justement, "ils sont fous, ces Vikings" n’hésite pas à asséner en conclusion l’auteur de l’article. Mais il n’y a pas que les Norvégiens à être fous dans cette histoire. En effet, les patients accusant le mercure dentaire de dégrader leur santé sont catégorisés "somatiques" et "figurent maintenant en bonne place dans les revues psychiatriques" poursuit l’auteur de l’article, qui nie tout effet toxique de l’amalgame au mercure sur la santé, de même qu’il lui dénie tout effet polluant. Imputer les troubles des patients intoxiqués à une somatisation, c’est confondre la cause avec les effets. En effet, le mercure est une neurotoxine dont les effets sur le système nerveux sont connus depuis longtemps. Il n’est donc pas étonnant que les patients intoxiqués développent des symptômes neurologiques, confondus à tort avec des symptômes psychiatriques.


Décision qui dérange

Ceux qui s’indigneront que de tels propos puissent être tenus par un représentant de la profession, et relayés par un journal syndical, devraient au contraire s’en réjouir. La réaction de son auteur montre qu’à l’évidence la décision de la Norvège représente un pas décisif vers l’interdiction du plombage au mercure, sinon au niveau mondial, du moins au niveau européen. C’est d’ailleurs cette crainte qu’exprime ouvertement l’auteur de ce "merci" d’un genre particulier. "L’amalgame d’argent risque bientôt d’être interdit dans l’ensemble de la Communauté européenne sous prétexte de mercure", écrit-il. Prétexte futile, quand on sait que chaque obturation à l’amalgame se compose de 50 % de mercure pur (substance classée cancérogène, mutagène et reprotoxique) et qu’il s’en pose chaque année plus de cent millions dans le monde. Ils sont décidément fous, ces Norvégiens. À moins que ce ne soient les Français qui soient inconscients ?

Pour plus de détails sur l’article cité, lire Interdiction du plombage en Norvège : les dentistes français ripostent.

* Evaluation de la Swedish Environment Authority citée dans la revue Resurgam - vol. 43, juillet 2000


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37 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 4 avril 2008 09:39

    Une pôle position à prendre ! Lerma tarde à réagir ! Sarko n’est lié ni de près ni de loin à la présence du mercure dans les amalgames ! il ne faut pas tout amalgamer !

    idem que pour l’amiante et tout le reste , la France a au moins vingt ans de retard pour l principe de précaution !

     


    • LE CHAT LE CHAT 4 avril 2008 09:43

      que préconise t on ? arrachage des dents avant la crémation et recyclage ?


    • Estelle Vereeck 5 avril 2008 18:23

       

       Pour l’heure, on ne préconise rien, puisque en France le problème n’existe pas.
       
      Ce qui est d’une totale hypocrisie puisque dans son rapport édité en 2005, l’Afssaps a mis en place un protocole multidisciplinaire destiné aux personnes estimant qu’elles souffrent de troubles liés aux amalgames dentaires. Or, dans le questionnaire détaillé que le patient doit remplir, destiné à éliminer une source de contamination autre que l’amalgame dentaire, il est demandé de préciser le lieu d’habitation. "Signaler la proximité par rapport à une usine d’incinération, un crématorium, une décharge, une usine sidérurgique" peut-on lire en toutes lettres page 70. C’est donc une reconnaissance de la pollution mercurielle générée par les crématorium (entre autres).
       
      Cela n’empêche pas l’Afssaps de conclure un peu plus loin (page 90) : "selon les données scientifiques publiées depuis 1998, les symptômes décrits par certaines personnes comme étant la conséquence de la présence d’amalgame dans leur bouche ne sont pas attribuables au mercure mais reflètent des maladies somatiques non diagnostiquées ou des troubles psychiques, voire psychiatriques".

       


    • Voltaire Voltaire 4 avril 2008 10:24

      Article très intéressant. Quels sont les amalgames de remplacement, leur fiabilité etc... ?


      • Estelle Vereeck 5 avril 2008 18:08

         Voici des infos sur les alternatives à l’amalgame au mercure :

        Classification des métaux dentaires selon leurs qualités biologiques

        Vous y verrez mentionné la céramique (inlays) dont les dentistes, ardents défenseurs du plombage au mercure, ne parlent jamais. Ne savent-ils pas en faire ?

        Le mystère reste entier.

         


      • bourgpat 6 avril 2008 08:20

        Pour les inlays vous auriez pus indiquer certaines données du probleme en plus.

        Devis pour un inlay ceramique env 350 euro pour une prise en charge en HN où en l’assimillant à un trois face SC17 soit 40,97 euro.

        Et je ne vous parle pas de sa prise en charge par la cmu, l’AME où la plupart des mutuelles.

        Je vous rappelle que la securité sociale a pendant un temps refusé de prendre en charge les couronnes ceramoceramique au motif de l’absence d’armature metallique.

         


      • Krokodilo Krokodilo 4 avril 2008 11:41

        Je n’ai pas d’avis sur la réalité de cette question contestée par la plupart des toxicologues, mais les pesticides me paraissent un danger bien plus grand, car également cancérigènes, persistants dans la chaîne alimentaire, et présents chez tout le monde, particulièrement les Français , les Etatsuniens, et de nombreux pays sans contrôles...


        • 1984 4 avril 2008 11:57

          La toxicité du mercure contestée par les toxicologue ???!!!!!! quelles sont tes sources ???


        • thirqual 4 avril 2008 12:20

          J’ai ça (http://www.quackwatch.com/01QuackeryRelatedTopics/mercury.html) lu en diagonale ya quelques temps quand j’ai commencé à maniper du mercure dans le cadre de ma thèse. L’article est de peu de valeur, mais la liste de références est intéressante.


        • Krokodilo Krokodilo 4 avril 2008 16:56

          Pas celle du mercure, qui est connue et reconnue depuis longtemps, mais celle des amalgames.


        • Victor Rugueux 4 avril 2008 21:52

          Vous n’y connaissait rien Monsieur Kokodilo c’est désespérant et vous vous permettez d’intervenir ce qui reste votre droit au demeurant, Oui le mercure est toxique et volatile qu’il soit dans votre dentition dans votre yaourt ou dans l’eau de la rivière ou dans votre boite de thon (véridique), cela reste un poison !

           

          En revanche produisez les travaux qui montrent l’innocuité de mercure quand il est dans un amalgame en bouche, alors là pour le coup chapeau bas mais vous devez confondre avec les amalgames non toxique qui sont à base de céramique, et il est vrai qu’ils ne contiennent pas de mercure ( vif argent ).

           

          Après la pseudo innocuité des vaccins Kokodilo vous vous posez là, vous êtes toujours sur les coup foireux avec une constance digne d’un imbecile… je me reprends ; vous n’etes au pire qu’un bon client !

           

          Merci au docteur Vereeck pour cet article qu’il serve base pour une prise de conscience pour une majorité de patients et de citoyens.

           

          Dégoûté mais … néanmoins cordialement.


        • Francis, agnotologue JL 4 avril 2008 12:27

          Votre article mériterait une grande attention. Je parle au conditionnel, pour deux raisons, d’une part vous écrivez : ""quand on sait que l’usage dentaire est la seconde source de mercure au niveau mondial"", il est difficile de comprendre ce que vous exprimez

          D’autre part vous soulevez deux propblèmes très importants, et qui mériteraient chacun un article : l’impact des amalgames au Pb sur la pollution des sols, et : les troubles occasionnés par ces amalgames sur la santé des patients.


          • Pelmato 4 avril 2008 13:19

            Pour ma part après de nombreux problème dentaire suite a une couronne posé trop haute et après longue réfléxion (2 ans). J’ai commencé par trouvé des infos sur le style d’Estelle Vereek… Puis j’ai lus des livres d’autres dentiste très claire sur la question…

            J’ai osé faire la pas. Je suis en train de me faire retirer tout mes amalgames pour les faire remplacer a therme par des résines. J’ai aussi choisie de subir des soins sans anesthésie.

            Les dentistes qui opèrent de cette façon sont dailleur si demandé sur ma région qu’il est très difficil d’en trouver un dispo qui accepte de vous prendre…


          • Estelle Vereeck 4 avril 2008 13:12

             Les dentistes sont les seconds utilisateurs de mercure à l’échelle mondiale et donc les seconds responsables de sa mise en circulation dans l’environnement (l’environnement au sens large incluant la bouche des patients).

            D’autre part, vous avez parfaitement raison, ces deux sujets, fort vastes, mériteraient chacun un et même plusieurs articles, voire un livre entier chacun.

            Tel n’est cependant pas le sujet de l’article qui est de réagir à une actualité (parution dans un journal dentaire) et de montrer comment, avec quel déni, la profession dentaire traite ce problème et les malades de l’amalgame en particulier, malades qui, pour les instances officielles, relèvent de la psychiatrie.


            • georges94 4 avril 2008 15:05

              A l’auteur,

              Je connais M. goldberg. Je l’ai eu comme enseignant puis ai collaboré avec lui dans une untié de recherche. C’est un homme scrupuleusement honnête.

              Pour répondre plus précisément à votre article je voudrais vous faire remarquer que si cela était exact, les dentistes seraient les premiers intoxiqués.

              De plus, les amalgames sont vendus en prédosés, ce qui évite de mauvaises proportion argent/mercure. Donc pas de relargage en bouche.

              Par ailleurs, les cabinets sont obligatoirement équipés de séparateurs sur le circuit d’évacuation des eaux usées, donc pas de rejet dans la nature.

              Enfin, pour la personne qui fait déposer ses amalgames pour les faire remplacer par des composites en l’absence de toute cause médicale, c’est la pire bétise qu’on puisse faire.

              Pour conclure, bien joué le lobby des composites.


              • Estelle Vereeck 4 avril 2008 16:16

                Réponse à Georges94

                 Beaucoup de dentistes sont intoxiqués sans le savoir. La profession générant un haut niveau de stress, on met les symptômes de l’intoxication sur le compte du stress. Le déni est le même que pour les patients.

                 Le conditionnement en capsules prédosées a pour but d’éviter de répandre du mercure dans le cabinet et de polluer l’environnement par voie directe. En aucun cas, il n’évite le phénomène de relargage en bouche qui se produit par galvanisme (création de micro-courants électriques dus à la mise en présence de différents métaux au contact de la salive).

                La récupération des déchets par les séparateurs dont sont équipés les cabinets (seulement depuis 2001), ne résout qu’une partie du problème de la pollution, le problème majeur restant celui lié à la vaporisation du mercure lors de la crémation, comme expliqué dans l’article. Ce problème est totalement occulté en France. Votre réaction en tant que dentiste, hélas, le confirme.

                Quant à taxer de "pire bêtise qu’on puisse faire" le fait de faire déposer ses amalgames, c’est à chacun d’en décider après s’être informé des avantages et des inconvénients liés à chaque matériau :

                Classification des matériaux dentaires selon leurs qualités biologiques

                Enfin, je regrette que ni vous ni le Dr Goldberg dont vous êtes l’élève, n’évoquiez les inlay en céramique comme alternative à l’amalgame. Ne font-ils pas partie des plus grands progrès dont peut se prévaloir l’art dentaire ? Peut-on encore considérer comme actuel et "conforme aux données acquises de la science" un matériau vieux de 150 ans alors que des alternatives plus performantes et moins polluantes comme les inlays en céramique existent ?

                 


              • ze_katt 4 avril 2008 16:18

                Très bien, mais le jour ou les patients meurent que deviennent leurs plombages ?


              • Estelle Vereeck 4 avril 2008 20:48

                 C’est là tout le problème, occulté par les instances sanitaires et professionnelles de ce pays.

                Il se volatilise dans la nature !


              • mat 25 juillet 2008 01:08

                Je poste avec 3 mois de retard, mais à force de lire la même litanie, ça mesemlbe utile d’apporter quelques références/informations scientifiques au débat...

                J’en avais déjà parlé a ma dentiste il ya plus de 10 ans. Je n’avais récolté à l’époque que des sourires moqueurs et des grandes leçons sur l’innocuité du mercure dans les amalgames.
                J’avais fait confiance à l’epoque. Aujourd’hui, quand je regarde les changements de positions officiels et les publications scientifiques, je me dis quand même que je me suis fait avoir (Allez faire un tour sur pubmed...).

                Tenez une video marrante de chercheurs de l’université de calgary. Neurodegenérescence par le mercure filmée en direct :

                http://fr.youtube.com/watch?v=VImCpWzXJ_w&mode=related&search=
                La publication associée :
                http://www.abisource.com. —>

                Retrograde degeneration of neurite membrane structural integrity of nerve growth cones following in vitro exposure to mercury. NeuroReport VOL 12 - 04. 0733-0737

                Ajoutez à ceci, au hasard, une publication sur le lien entre Alzheimer et mercure à faible dose (les effets des amalgames dentaires sont discutés) :
                http://www.abisource.com. —>

                Alzheimer disease : mercury as pathogenetic factor and apolipoprotein E as a moderator. Mutter J.

                Neuro Endocrinol Lett. 2004 Oct ;25(5):331-9.


                Concernant les dentistes, on trouve par exemple cette thèse de médecine du travail :
                 
                Évaluation de l’exposition professionnelle au mercure des chirurgiens dentistes Valérie SCHACH-BOOS, 05/07/2000.

                L’auteur explique notamment que les capsules prédosées posent aussi problème. La conclusion etant qu’il faudrait limiter le plus possible l’usage de l’amalgame, et porter un masque lors des pics de pollution (pose, depose, preparation etc.)

                Je veux bien croire que M Goldberg est "très honnête", mais il ya une façon péremptoire (quel manque de classe !) de couper le debat face à des publications scientifiques qui est quand même désagréable et assez louche.

                 




              • Estelle Vereeck 25 juillet 2008 16:14

                 Merci pour cette vidéo qui est effectivement très parlante. Elle illustre les travaux de Leong, Syed et Lorscheider cités dans la bibliographie de mon livre :
                http://www.editionsluigicastelli.com/editionsluigicastelli/index.php?sp=page&c=1642

                Cette expérience montre que le mercure dentaire est impliqué dans la genèse de la maladie d’Alzheimer :
                http://www.holodent.com/article-17081549.html

                La nocivité de l’amalgame dentaire est aujourd’hui démontrée par de nombreuses études.

                Cependant, ces études ont été occultées par le comité scientifique européen, composé il est vrai pour moitié de dentistes, chargé de statuer sur l’avenir du mercure en dentisterie. L’amalgame dentaire a été déclaré parfaitement sain et sécure par ce comité :
                http://www.holodent.com/article-18852810.html

                Dans le même temps cependant, la FDA aux États-Unis vient de reconnaître la toxicité du mercure :
                http://www.holodent.com/article-20902236.html

                En France pourtant, on continue de nier l’évidence :
                http://www.holodent.com/article-21249259.html

                Je suis bien d’accord avec vous, on nous abuse et beaucoup de professionnels le sont aussi, malheureusement.


              • alberto alberto 4 avril 2008 15:18

                A l’auteur : bravo d’en remettre une couche sur la scandaleuse hypocrisie du corps de la dentisterie qui n’oublie pas de porter un masque et des gants du fait que le mercure est toxique, pour ensuite déclarer n’il ne l’est plus dans la bouche d’un patient !

                Ce scandale n’est que le ènième d’une longue série où nos agences de surveillance de la santé publique sont parmi les dernières des nations dites évoluées à prendre des mesures préventives contre des dangers sanitaires reconnus notamment par les pays voisins.

                Bien à vous.


                • Krokodilo Krokodilo 4 avril 2008 17:01

                  Les dentistes ne portent pas des masques à cause des amalgames, mais à cause des bactéries, la bouche humaine étant un redoutable nid à microbes !


                • Kookaburra Kookaburra 4 avril 2008 18:56

                  Après plusieurs articles sur Natura Vox, Docteur Vereeck poursuit sa croisade contre l’amalgame se basant sur la pollution par le  mercure, un fait que personne ne conteste. Porter un jugement sur les chiffres qu’elle avance demanderait des connaissances que je n’ai pas, mais je me demande si cette pollution particulière est aussi grave que beaucoup d’autres formes de pollution évitables. Toujours est-il que mon dentiste conteste très catégoriquement la position du Docteur Vereeck. Il dit premièrement que le pourcentage de mercure dans l’amalgame aujourd’hui est devenu minimale, deuxièmement l’alternatif à l’amalgame est largement inférieur, que notamment il ne dure que quelques années est en plus il est poreux et un danger pour la dent. Il ajoute que lui, personnellement refuse de poser autre chose que l’amalgame, et si un patient le demande il l’envoie chez un collègue. De toute évidence la question reste disputée.


                  • Estelle Vereeck 4 avril 2008 20:37

                    Les deux articles que j’ai écrit publiés sur Agoravox sont une réaction à l’actualité : l’interdiction du mercure par la Norvège, puis la réaction du monde dentaire à cette interdiction. Cela n’a rien à voir avec une croisade personnelle mais l’occasion de poser quelques questions, cruciales à mon sens, tant en ce qui concerne l’écologie que la santé. 

                    Pour vous répondre concernant les arguments de votre dentiste, sachez que l’amalgame contient toujours 50% de mercure. Personnellement, ce n’est pas une proportion que je qualifie de minimale. Mais tout est une question d’appréciation. Il semble que dans le domaine, les dentistes, plutôt mals à l’aise avec le sujet, aiment à minimiser les chiffres (voir ceux du Dr Goldberg concernant la pollution au mercure d’origine dentaire cités dans l’article).

                    D’autre part, la description qui est faite du composite, alternative à l’amalgame, est un rien caricaturale. Quand les indications sont bien posées, quand le composite est réalisé avec soin (ce qui prend du temps et c’est là où le bâts blesse) et quand l’hygiène du patient est bonne, le composite est aussi solide et tient aussi longtemps que l’amalgame. Mieux encore, en cas de carie de petite taille, le composite permet un délabrement moindre de la dent, donc une économie de tissus.

                    Reste qu’aucun dentiste ne parle d’une autre alternative à l’amalgame : l’inlay en céramique, solide, durable, d’une biocompatibilité supérieure aux autres matériaux. Posez donc la question à votre dentiste.


                  • Grasyop 5 avril 2008 10:00

                    « Quand les indications sont bien posées, quand le composite est réalisé avec soin (ce qui prend du temps et c’est là où le bâts blesse) et quand l’hygiène du patient est bonne, le composite est aussi solide et tient aussi longtemps que l’amalgame. »

                    Et dans la vraie vie, ça donne quoi ?


                  • Estelle Vereeck 5 avril 2008 18:34

                     Dans la vraie vie, cela donne des composites qui tiennent parfaitement le coup, même au bout de dix ans.

                    Soit dit en passant, même si l’antique plombage est doté de qualités mécaniques remarquables et qu’il tolère bien des écarts aux règles idéales de pose, posé n’importe comment, il ne tiendra certainement pas dix ans.

                    Les infiltrations sous les amalgames existent et l’ennuyeux dans ce cas, c’est que l’acidification liée à la reprise de l’activité carieuse (production acide par les bactéries) intensifie le galvanisme buccal et donc accélère le processus d’intoxication. Mesurer les courants électriques est une manière très pratique de diagnostiquer une reprise de carie, souvent invisible par ailleurs.


                  • bourgpat 6 avril 2008 08:46

                    Dans la vie réelle quelles sont les conditions necessaires à la mise n place d’une obturation collée dans les regeles de l’art.

                    La pose d’un digue etanche et elle necessaire pour éviter tout depot de salive sur les surfaces collées et les risques de microinfiltration sous l’obturation.

                    Le professeur degrange qui pourtant promeux le collage à participé à la mission d’évaluation de l’amalgame déja assez ancienne et n’a pas erradiqué l’amalgame des alternatives dans les traitements dentaires.


                  • Estelle Vereeck 6 avril 2008 11:17

                     Je ne pense pas que la digue soit systématiquement nécessaire si on peut par ailleurs bien isoler le champ opératoire de la salive.

                    Tout dépend des cas. Il est vrai que chez certains patients dont la langue est volumineuse et qui salivent beaucoup, la mise en place d’un composite est plus problématique. Il faut savoir dans ce cas recourir à la digue ou proposer une autre technique (inlay en céramique comme déjà évoqué).


                  • Lucrezia 4 avril 2008 19:02

                    Cela fait des années que l’amalgamme de plomb n’est plus utilisé en France !


                    • Estelle Vereeck 4 avril 2008 20:44

                       Le plomb véritable fut utilisé pour obturer les dents jusque dans les années 1830, avant d’être peu à peu supplanté par un autre toxique : l’amalgame d’argent ou plombage au mercure.

                      Oui, vous avez bien lu : fut un temps où les dentistes inséraient du plomb véritable dans les dents, comme je l’explique dans cet article :

                      La fin du plombage est-elle pour demain ?

                      L’amalgame composé pour moitié de mercure est toujours utilisé en France et dans le monde (Norvège exceptée) et même, comme vous avez pu le lire dans les commentaires postés, recommandé comme un excellent matériau par les dentistes.

                       


                    • Lucrezia 6 avril 2008 07:51

                      Mais aussi au Mercure...( c’est que je voulais écrire ! )


                    • Estelle Vereeck 6 avril 2008 11:12

                       Désolée de vous répondre, Lucrezia, que l’on vous a mal informée à ce sujet.

                      L’amalgame au mercure ou plombage est encore majoritairement employé en France et dans le monde, Norvège excepté.


                    • jeseme33 6 avril 2008 18:47

                      Article et commentaires intéressants. Comme dans beaucoup de domaines ou "l’écologie de la santé" est bafouée, notre système de soins et les organistions professionnelles (sans parler des lobbies) attendent toujours d’être au pied du mur pour sortir du déni et commencer à bouger. .. les exemples ne manquent pas, certains ont été cités plus haut.

                      Le patient, lui, n’a accès qu’à l’information officielle... et aux soins qui sont prescrits classiquement et remboursés. Faire un choix différent (que ce soit pour un amalgame en dentisterie ou un médicament dans d’autres domaines...) suppose qu’il a fait seul une démarche pour chercher l’information alternative, et paiera tout ou partie de sa poche le soin choisi s’il est différent de la voie habituelle.

                      Alors pour que les dentistes proposent autre chose que l’amalgame au mercure, il faudrait que les alternatives soient aussi remboursées.


                      • Estelle Vereeck 6 avril 2008 20:32

                         C’est le problème effectivement. La nomenclature est complètement obsolète et au tarif de remboursement actuel, il est clair que le dentiste travaille à perte quand il pose un composite dans les règles de l’art.

                        Certes, les enjeux économiques sont réels, mais je ne peux croire que ce sont des raisons uniquement pécunières qui conduisent les dentistes à défendre l’amalgame et à nier sa toxicité avec un tel acharnement.


                      • Kookaburra Kookaburra 6 avril 2008 18:47

                        Faut-il faire déposer ses amalgames ? Plusieurs facteurs sont peut-être à considérer : l’age de l’amalgame (plus il est vieux, moins il est toxique) ; la raison doit être précise et pertinente parce que ce n’est pas une opération anodine. Mon dentiste me dit qu’il le fait sur demande mais qu’il le déconseille sauf raison pertinente (allergie par exemple). Mais une amie s’est fait remplacer ses amalgames en espérant une amélioration de la santé. Aucun résultat.

                        Autre question (hors sujet mais intéressante) : Faut-il éviter les dévitalisations ? Lors de la pose d’une couronne je demande au dentiste « C’est la peine de mort ou pourrait-on la laisser vivante ? » En réponse il me dit « Comme la dent est en parfaite santé (c’était pour un bridge) on peux la laisser vivante si vous voulez. » Il m’explique que c’est ce que est enseigné dans toutes les facultés mais que dans la pratique il y a parfois des problèmes. La plupart des dentistes, dit-il, préfèrent dévitaliser.

                         


                        • Estelle Vereeck 6 avril 2008 20:42

                           Non, l’âge de l’amalgame n’est pas un critère suffisamment pertinent. Un critère objectif, est la mesure de l’électrogalvanisme associé à l’amalgame. Une tensions électrique élevée (supérieure à 100 mv) doit motiver la dépose. Un autre critère objectif est le test de sensibilité aux métaux qui composent l’amalgame : test Melisa. Il s’agit d’une mesure cette fois, non pas quantitative, mais qualitative. Une personne positive au test Melisa, c’est à dire reconnue intolérante, a tout intérêt à faire déposer ses amalgames quelle qu’en soit l’âge et la quantité.

                          Pour répondre à votre remarque sur le cas de votre amie, il ne suffit pas de faire déposer ses amalgames au mercure. Les métaux lourds restent piégés dans les cellules. Dès lors, si on entreprend pas de traitement pour les en faire sortir (chélation), les symptômes perdurent. Les instances officielles ont beau jeu d’utiliser cet argument de non amélioration des symptômes pour affirmer que ces patients relèvent de la psychiatrie.

                          C’est tout simplement parce que le travail n’a été fait qu’à moitié.

                          Quant aux dents dévitalisées, bien sûr, il faut les éviter quand on peut. Mais c’est un autre débat.

                           


                        • Estelle Vereeck 7 avril 2008 11:58

                           Merci de votre témoignage, Rapetout, car il est très éclairant.

                          Effectivement, les dentistes qui présentent l’amalgame comme le matériau idéal oublient de dire que des infiltrations existent aussi sous les plombages. Or l’inconvénient majeur de ce type d’infiltration est qu’elle ne se voit pas et ne se détecte que lorsque le processus de reprise de carie est bien avancé.

                          Il se produit effectivement une macération et une putréfaction sous l’effet des acides produits par les bactéries, acidification qui accroît la corrosion de l’amalgame et s’accompagne comme vous le décrivez d’une odeur de pourri très caractéristique.

                          Un composite a plutôt tendance à se fracturer ou à se décoller en bloc en cas d’infiltration, ce qui permet de détecter le problème avant qu’il n’ait pris trop d’ampleur.

                           

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