Principe de précaution, principe de cons !
Très chers lecteurs,
C'est donc une année 2016 minée par la peur que les français s'engouffrent graduellement dans une bêtise qui n'a d'égal que leur narcissisme.
Depuis des mois, les nouvelles françaises montent en épingle des histoires dramatiques, faisant craindre à toute la population une sorte de chaos imminent, et générant des réactions ahurissantes.
C'est sur une plage d'une île lointaine qu'on finit par prendre du recul. Assommé par la chaleur d'un soleil toujours présent, le téléphone vrombit et l'alerte du Monde retentit comme une énième taloche. "La Braderie de Lille annulée par Martine Aubry".
Datant du XIIè siècle après Jeezus, cette braderie a continué d'accueillir de plus en plus de monde au fil du temps, pour arriver à plusieurs millions de personnes l'an dernier, venant de toute l'Europe et même du Monde.
Depuis des siècles, et même pendant les guerres, les gens ont continué de faire vivre cette braderie, lieu d'échanges et de convivialité, dont on manque cruellement aujourd'hui.
Cette année, depuis le choc d'un camion sur les pavés d'une cité bien trop cimentée (on a déjà oublié les autres attentats, car on n'arrive déjà plus à les compter), tout est prétexte à avoir peur. Et vous noterez cette fois-ci que ce sont les politiciens qui ont le plus peur.
Motif de l'annulation tardive de la Braderie ? (qui rapporte des dizaines de millions d'euros aux gens de la région, de tourisme, de visibilité extérieure, d'attrait pour Lille etc.) "un enfant pourrait mourir, et je m'en voudrais toute ma vie", dixit Martine Aubry.
Oui. On en est là. Un enfant peut claquer. Arrêtons de prendre le train, ou la voiture. N'emmenez surtout pas vos enfants au zoo, ils pourraient mourir.
Le fameux principe de précaution s'applique désormais aux décisions politiques, et c'est un signe catastrophique pour la santé économique et mentale du pays. C'est avec ce genre de principe qu'on meurt cloîtré chez soi d'une banale crise cardiaque, car même si on ne mange pas gras, sucré ou salé, et qu'on bouge chez soi - car dehors c'est trop risqué - on peut mourir d'une crise cardiaque.
C'est en ne faisant rien et en cédant systématiquement à la peur qu'on perd notre liberté et qu'on laisse lâchement ramper en nous cet immobilisme tétanisant. Un terroriste pourrait peut-être être là, et tuer nos enfants, eux aussi là.
Résultat des courses, c'est bien sûr l'échalote. On se bat pour attiser les peurs à droite en appuyant les décisions minables de ses adversaires. L'opposition appuie la décision d'Aubry, en expliquant qu'il ne faut "pas prendre de risque" et qu'il s'agit "d'une sage décision". Les fameuses "sages" décisions de vieux qui minent l'avenir d'un pays. La France reste un pays de vieux, et ce sont les pires commandants d'un présent qui nécessite de l'action et de la réactivité.
Ne sortez donc plus dans la rue, vous prendriez trop de risques. Gardez vos cannes et autres déambulateurs, en faisant attention à la marche et ne sortez jamais, surtout pas sur la promenade des anglais, dont le nom redevient suspicieux.
Et puis bien sûr, il y a ce symptôme franco-français de se morfondre sur sa trop triste réalité. Le monde autour de nous ne nous intéresse guère, et nous préférons nous apitoyer sur notre sort en se partageant des idées noires relayées avec une certaine perversité par la presse.
Tout va mal, le monde est horrible, nous ne nous en sortirons pas et flash news top info direct live : une jeune terroriste de 16 ans au profil "très inquiétant" (un certain Michel Colucci aurait parlé de profil patibulaire mais presque) aurait orchestré de futures attaques sur le réseau Télégramme.
On se met à flipper d'une gamine de 16 ans dont on ne sait rien, mais on préfère flipper quand même.
Nouvelle suivante : manifestations annulées, messages angoissants dans les aéroports français ("attention : en raison du plan vigipirate attentats, vous pouvez être fouillés en n'importe quel endroit de l'aéroport"), politiciens apeurés, flics doublés, presse engoncée dans ses méandres narcissiques de peurs et qui aime jouer à se faire peur, sensationnalisme exacerbé, haines propagées ... Bref vous continuez le cycle et obtenez 100% des nouvelles françaises.
Place aux Le Pen, Philippot et consorts. Ils nous "rassurent", n'est-ce pas ?
Et sinon quid des nouvelles technologies sur les batteries de voiture ? Quid des nouvelles inventions de start-up qui vont révolutionner nos modes de vie ? Quid du monde que nous sommes en train de construire pour les générations à venir ? De l'Europe et des développements à considérer ? De la réforme de l'éducation pour avoir une Ecole plus adaptée à son temps ? Des différents métiers d'avenir qui ont besoin de matière grise ?
Rien de tout cela. On préfère se faire peur, et tourner en boucle sur un vaste n'importe quoi. Le Père Hamel ? Parlons-en pendant 1 mois non stop, histoire de finir pas en vomir alors qu'un simple hommage à ce pauvre homme nous aurait suffit.
Il est donc temps de souffler un peu, enfin pour les jeunes qui arrivent encore à respirer, et je ne peux que vous recommander de sortir un peu du pays (même avec peu d'argent, sinon demandez à vos vieux, ils sont chez eux minés par la peur rappelez-vous), pour comprendre que le monde tourne, que la vie peut être terrible mais c'est la vie, et que manger en terrasse n'a rien de si inquiétant.
Arrêtons d'avoir peur, revenons à la réalité et agaçons-nous un peu plus de devenir trop cons.
Portez-vous bien, tenez le pavé, comme on dit à Nice !
Narcissiquement vôtre,
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