• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Reddition de Vercingétorix : nulle ou grandiose ?

Reddition de Vercingétorix : nulle ou grandiose ?

Les époques se suivent et ne se ressemblent pas. Aux siècles derniers, Vercingétorix avait la cote, aujourd’hui il ne l’a plus sinon que dans quelques bandes dessinées. Mais où sont donc nos professeurs amoureux d’Histoire qui, jadis, nous ouvraient l’esprit aux valeurs antiques du courage, de la dignité, de la beauté et à la connaissance de l’homme et des hommes ? Il n’y avait alors pas de plus merveilleux sujet d’études que le choc historique entre les deux personnages hors du commun que furent Vercingétorix et César. Est-ce sous l’influence de la repentance actuelle que certains historiens voudraient clore une bonne fois pour toutes le débat d’hier en nous servant aujourd’hui une version aseptisée ? Je n’en vois pas l’intérêt, ni pour mes contemporains, ni pour nos enfants.

César trône sur son siège, entouré de ses officiers. Vercingétorix s’approche. Il fait le tour de la tribune à cheval – le témoignage est de Plutarque et date du Ier siècle après J.C.. Le héros déchu met pied à terre. Il jette ses armes. Il s’asseoit dans la position du vaincu aux pieds de son vainqueur. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/93/Siege-alesia-vercingetorix-jules-cesar.jpg/350px-Siege-alesia-vercingetorix-jules-cesar.jpg
 
 
Une reddition nulle et plate ?
 
Cette scène, ces scènes sont rigoureusement impossibles, écrit M. Christian Goudineau, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire des Antiquités nationales. Elles ne peuvent avoir la moindre réalité. Jamais, au cours de l’histoire, on ne vit de reddition semblable… un chef vaincu qui se rend en armes, contrairement à toutes les règles, comment est-ce possible ?… c’est forcément du roman… relisons ensemble le texte de César dans la traduction de Constans… la fin est nulle, plate.
 
Traduction du professeur Constans de 1926 qui fait toujours référence.

« … On envoie à ce sujet une députation à César. Il ordonne qu’on lui remette les armes, qu’on lui amène les chefs des cités. Il installa son siège au retranchement, devant son camp : c’est là qu’on lui amène les chefs ; on lui livre Vercingétorix, on jette ses armes à ses pieds… »
 
Nouvelle interprétation de M. Goudineau.

César sort de son camp, s’installe sur les lignes en face de l’oppidum pour vérifier si la condition est bien remplie (les clauses de la reddition). On lui livre les chefs – dont Vercingétorix – évidemment désarmés… les armes sont projetées (proiciuntur), et il ajoute : du haut des remparts.

M. Goudineau prend comme exemple une autre reddition. Assiégés dans leur oppidum et sommés de se rendre, les Atuatuques avaient jeté (jacta) leurs armes du haut du rempart dans le fossé.

Selon moi, la traduction de M. Goudineau est erronée.

1. Arma proiciuntur ne peut absolument pas se traduire par "les armes sont projetées" (du haut des remparts). Le Gaffiot, dictionnaire bien connu des latinistes, traduit l’expression projicere arma par jeter bas les armes, se rendre, autrement dit : rendre les armes. Lorsque les fantassins de Litavic comprennent qu’ils ont été trompés en voyant arriver avec la cavalerie romaine les cavaliers éduens qu’ils croyaient morts, ils rendent les armes (projectis armis), c’est-à-dire qu’ils les jettent à terre devant eux (DBG VII, IX). Projectis armis est une expression qui correspond à une situation de fin de combat, individuel ou collectif, où le vaincu, reconnaissant sa défaite, se rend en jetant largement en avant et devant lui ses armes aux pieds de son adversaire victorieux. C’est un signe de reddition comme le lancement du gant est un signe de défi. En revanche, lorsque les combattants de Bourges s’enfuient en jetant leurs armes, de même que les Morins, César utilise l’expression : abjectis armis. Enfin, dans le cas des Atuatuques, les armes sont jetées dans le fossé : armorum magna in fossam jacta ; cela n’a rien à voir avec le geste que sous-entend, dans son usage courant, l’expression projectis armis. En fait, comme c’est souvent le cas en latin, c’est le préfixe qui donne le sens au mot. Pro ajoute au radical le sens à la fois de devant et de près. Si l’on veut remonter à l’origine étymologique de l’expression, la meilleure traduction du projiciuntur arma du texte latin serait la suivante : les armes sont présentées - pro - et jetées symboliquement à terre aux pieds de César. De même, l’expression duces producuntur doit être traduite par : les chefs sont présentés, le radical n’ayant qu’une importance secondaire.
2 . Dans le cas des Atuatuques, la sommation de jeter les armes correspondait à une condition préalable au cessez-le-feu. Dans le cas d’Alésia, la capitulation ayant eu lieu, il était beaucoup plus logique de faire apporter les armes dans les lignes romaines par des valets plutôt que de se donner la peine d’aller les reprendre dans les rochers de la falaise ; et cela avec le risque et le désagrément de récupérer des casques, des cuirasses bosselés et des épées brisées, bref un butin déprécié.
 
Je propose une autre traduction.

En serrant au plus près le texte latin, voici donc ma traduction : « …Des députés sont envoyés à César pour parler de ce (qui a été décidé par le conseil gaulois). Celui-ci ordonne que les armes soient livrées et que les Premiers (lui) soient présentés. Lui-même établit son siège au retranchement, en avant des camps : les chefs (lui) sont présentés ; Vercingétorix est livré, les armes sont rendues… »

A partir de cette traduction, si on suit à la lettre le texte, on peut imaginer le déroulement suivant dès le matin :
1. Les chefs gaulois sortent de l’oppidum. Ils se présentent devant César et se rendent.
2. Vercingétorix est présenté devant la tribune. Il est jugé et condamné à mort.
3. Des valets gaulois apportent les armes sur des sortes de brancard et les déposent aux pieds de César et de ses officiers, devant la tribune.
4. Les combattants éduens et arvernes sont conduits dans le camp de César.
5. Les autres combattants gaulois sont conduits dans les camps des légions.

La répétition du préfixe pro par César n’est certainement pas fortuite. C’est un mot qu’il affectionne. Les vaincus d’Alésia sont présentés comme devant un tribunal (pro tribunali), ou mieux, comme les gladiateurs qui venaient demander leur grâce à César lorsque celui-ci présidait aux jeux du cirque, dans le grand amphithéâtre de Rome.

La reddition de Vercingétorix est une mise en scène du vainqueur d’Alésia, une photographie publicitaire pour sa promotion politique, et s’il ne relate l’évènement qu’en quelque phrases concises et bien choisies, ce n’est que par fausse modestie, laissant à d’autres que lui le soin de proclamer sa gloire. Ces quelques phrases sont de la même nature que le fameux alea jacta est ou le veni vidi, vici : je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu.
 
Un spectacle grandiose.
 
Voyons maintenant si les historiens ont répondu à l’attente de César.
 
Plutarque fait arriver Vercingétorix à cheval et voilà le problème. Difficile, en effet, d’admettre qu’un cheval ait pu se trouver encore sur l’oppidum, et même être capable de caracoler, alors que Critognatos suggérait que l’on mangeât les vieillards pour subsister. Toutefois, il n’est pas impossible que dans la tractation qui se déroula entre César et les députés gaulois avant la reddition, le vainqueur ait exigé cette séquence dans le scénario qu’il a mis au point. Il suffisait de prêter un cheval.
Et en effet, Vercingétorix à pied, noyé dans la foule, pouvait passer inaperçu. Mais à cheval, alors que les légionnaires se tenaient, debout, l’arme au pied, sur le rempart, sous le soleil d’automne, quel spectacle, quelle gloire pour Rome, quelle gloire pour César !
Plutarque précise que Vercingétorix, avant de mettre pied à terre, fit, à cheval, le tour de la tribune où César l’attendait. A supposer que la tribune ait été dressée sur le terrassement, cela n’est possible que si ce terrassement a été aplani.
Il ajoute que le chef gaulois est venu ensuite s’asseoir aux pieds de son vainqueur. Problème ! Difficile de penser que notre héros soit venu, de lui-même, prendre cette posture humiliante. La seule explication acceptable est que César en a fait une condition de la reddition, et cela pour que cette image corresponde à celle des fameuses monnaies commémorant les conquêtes de Rome, la monnaie de la Judée captive, par exemple.
Bref, l’humiliation et la mort de Vercingétorix ont été les conditions exigées par César pour que les prisonniers gaulois aient, non seulement la vie sauve, mais en plus, pour qu’ils retrouvent la liberté. En se prêtant à cette opération de publicité politique césarienne pour laquelle il donnait, non seulement sa vie comme il l’avait proposé, mais aussi son honneur, il ne restait à Vercingétorix qu’un seul espoir : que la postérité comprenne, un jour, la grandeur de son sacrifice.
 
Dion Cassius, historien sérieux, plus fiable que Plutarque, confirme bien que César siégeait sur une tribune. Il ne dit pas que Vercingétorix vint se rendre à cheval, mais qu’il arriva à l’improviste. Dans ces conditions, rien d’étonnant si l’arrivée du chef arverne, très haut de taille et terrible sous les armes, ait provoqué un certain trouble dans l’assistance. Rien d’étonnant à ce qu’il ait reconnu sa défaite en prenant avec dignité l’attitude du suppliant (au nom de son peuple). Rien d’étonnant à ce que César ait rappelé à certains membres de son entourage enclins à la pitié que lorsque Rome - ou César - accorde son amitié (son alliance), la rébellion ne peut être qu’une trahison (toute résistance à Rome est punie de mort). C’est clair et net. Au niveau des nations, il n’y a qu’un terme pour signifier une alliance, celui d’amicitia. En émettant l’hypothèse que Vercingétorix aurait servi dans l’armée romaine, qu’il aurait ainsi connu César, d’où serait née une amitié, M. Goudineau se trompe. Dans cette scène solennelle de jugement, il est impensable que César ait évoqué une amitié personnelle qui, d’ailleurs, n’est nulle part signalée.
Il n’en reste pas moins qu’on est un peu surpris du mouvement de pitié dans l’entourage de César. On s’attendrait plutôt à voir des familles gauloises anciennement victimes de Vercingétorix réclamer l’application de la loi du talion. Rappelons qu’au début de son insurrection, le chef gaulois avait fait crever les yeux de ses opposants. Même si aucun texte ne dit que Vercingétorix ait eu les yeux crevés, on a du mal à admettre qu’il ait pu échapper tôt ou tard à ce châtiment, surtout quand on sait que les combattants gaulois d’Uxellodunum ont eu les mains coupées peu de temps après.
 
Un important butin.
 
Il n’est pas possible d’imaginer une reddition de cette importance sans qu’elle ait été méticuleusement préparée. Imaginez la pagaille qu’aurait provoqué des milliers de prisonniers si César n’avait pas organisé l’affaire. Imaginez le désordre autour de l’important butin. Lors de l’échec de l’attaque ultime des Gaulois, Plutarque nous donne une idée du butin qui jonchait le champ de bataille : une immense quantité de boucliers d’or et d’argent, de cuirasses souillées de sang… que les Romains ramenèrent dans leur camp. Et cela nous donne, par ailleurs, l’image que les légionnaires ont pu se faire de Vercingétorix : cuirasse et casque magnifiquement ouvragés, renvoyant vers le ciel les rayons lumineux du soleil, étoffes de riches couleurs aux broderies remarquables débordant sous l’armement rutilant. Certes, on ne va pas manquer de me dire que Plutarque n’est pas un auteur fiable et que seule l’archéologie peut nous donner la bonne image d’un chef gaulois, tel le valeureux Dumnorix http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Bibracte_aristocrate_gaulois.jpg. Au lecteur de juger et de faire son choix entre deux extrêmes. http://pic.aceboard.net/img/147732/288/1193054088.jpg
 
Ma conclusion est que la reddition de Vercingétorix a été montée de toutes pièces par César pour en faire un véritable spectacle, une image à sa gloire qui devait l’aider à s’imposer face à ses adversaires politiques de Rome. Des milliers d’yeux ont photographié la scène dans un déroulement qui a dû se poursuivre tout au long de la journée. Les déclarations de soumission, les termes du jugement ont probablement été répétés de hérauts en hérauts tout au long du retranchement sur lesquels les légionnaires se tenaient en observant la scène.
 
M. Goudineau réfute tous ces témoignages, celui de Plutarque comme celui de Dion Cassius. Il pense que ces auteurs ont fantasmé à partir du texte jamais retrouvé d’un abréviateur hypothétique et inconnu qui, lui, serait le véritable inventeur de la scène de reddition.
 
Ce n’est pas mon avis.
 
Rappelez-vous ! Plusieurs siècles plus tôt, à Rome, les sénateurs romains s’inclinaient, vaincus, devant la tribune des chefs gaulois victorieux et triomphants. Rappelez-vous ces mots fameux : "Vae victis !" Malheur aux vaincus !
 
L’Histoire est faite de retournements.
 
 
Les dessins sont de l’auteur.
 
 
 
PS pour les latinistes, le passage des Commentaires : « …Mittuntur de his rebus ad Caesarem legati. Iubet arma tradi, principes produci. Ipse in munitione pro castris consedit : eo duces producuntur ; Vercingetorix deditur, arma proiciuntur. »


 

Moyenne des avis sur cet article :  3.95/5   (19 votes)




Réagissez à l'article

45 réactions à cet article    


  • Jimmy 10 décembre 2009 16:10

    merci M. Mourey
    Après avoir lu Astérix je me suis en effet souvent demandé comment la scène s’était réellement passée,
    Vous parlez d’un mouvement de compassion de l’entourage de César pour Vercingétorix, le chef gaulois n’était-il pas jeune et beau ? J’avais entendu dire qu’il était devenu, avant d’être exécuté, l’amant de César


    • Emile Mourey Emile Mourey 10 décembre 2009 16:50

      @ Jimmy

      Jeune, certainement, puisque César le dit « adulescens », c’est-à-dire « jeune homme », de moins de 35 ans.
      Beau, probablement, puisqu’il est représenté sur ses médailles en Apollon.
      Amant de César, certainement pas ! Professeur au collège de France, c’est M. Goudineau qui a émis l’hypothèse entièrement gratuite et sans fondement que Vercingétorix aurait servi dans l’armée de César avec lequel il se serait lié d’amitié jusqu’à coucher dans la même tente. (cf Le dossier Vercingétorix, éditions Actes Sud).


    • italiasempre 10 décembre 2009 20:20

      Professeur au collège de France, c’est M. Goudineau qui a émis l’hypothèse entièrement gratuite et sans fondement que Vercingétorix aurait servi dans l’armée de César avec lequel il se serait lié d’amitié 


       M.Goudineau n’est pas le seul, et l’hypothèse n’est ni gratuite ni sans fondement.
      Dion Cassius parle d’amitié entre César et Vercingetorix. 
      Une amitié brisée au moment même où le prince gaulois se rend coupable d’un crime immense -magni sceleris-.
      Beaucoup d’historiens pensent que V., en tant que chef du contingent arverne, faisait partie des commandants dans l’entourage proche de César. Cette hypothèse est très probable et explique sa parfaite connaissance des méthodes romaines. Cesar lui-même écrit que Vercingetorix utilise la tactique romaine dans la fortification des ses campements et applique la stratégie de la terre brûlée selon l’usage romain.

    • Antenor antenor 10 décembre 2009 20:55

      Quel intérêt auraient eu les Arvernes à aider César et les Eduens ? On peut plutôt penser qu’ils ont patiemment attendu que l’exaspération de la majorité des peuples gaulois vis à vis des Romains atteigne son comble et que les Eduens commencent à les lâcher après l’assassinat de Dumnorix.


    • Emile Mourey Emile Mourey 10 décembre 2009 21:18

      @ italiasempre

      C’est là qu’on voit l’énorme influence que M. Goudineau exerce sur la communauté des historiens. Comme vous dites : beaucoup d’historiens pensent... Eh bien, ils pensent mal. Quand, dans son entourage se trouvent des fils de bonne famille gauloise, César le dit. Il ne l’a jamais dit pour Vercingétorix.

      Dion Cassius n’a jamais parlé d’amitié entre César et Vercingétorix. Le texte auquel vous faites allusion est celui que j’ai traduit dans le présent article et dans lequel j’explique que cette amicitia n’est pas une amitié personnelle entre les deux hommes mais une alliance, probablement celle qui a suivi la défaite arverne de - 121 contre les armées romaines.

      C’est d’ailleurs ce que confirme Orose - et non Dion Cassius - quand il écrit que c’est bien Vercingétorix qui a pris l’initiative et la responsabilité de rompre le traité, commettant par là le crime que vous évoquez magni sceleris.

      Quant à la machination du terrain, je ne sais pas si Vercingétorix avait quelque chose à apprendre des Romains. Je pense plutôt que ce sont ses Gaulois qu’il lui a fallu convaincre de mettre un peu d’ordre, de logique et de discipline dans leur façon de combattre.


    • italiasempre 10 décembre 2009 22:09

      Mr Mourey,

      J’ai mis un point et commencé une nouvelle phrase entre Dion Cassius et magni sceleris.
      Magni sceleris est très utilisé en italien lorsqu’on parle du moment où l’accord -ou le traité si vous préférez - fut brisé par volonté de Vercingetorix. C’est pratique et ça va vite. 

      Vous dites que Dion Cassius n’a jamais fait allusion à une amitié entre César et Vercingetorix ?
      Dion Cassius affirma que lorsque le sort fut scellé Vercengetorix en appella à la clémence de Cesar en invoquant leur ancienne amitié...

      Et bien sûr, Vercingetorix n’avait rien à apprendre des Romains.

    • Emile Mourey Emile Mourey 10 décembre 2009 23:05

      @ Italiasempre

      En effet, c’est assez bizarre. Il faudrait revoir de très près le texte grec de Dion Cassius. Je ne connais pas le grec. Je persiste toutefois à penser qu’il ne s’agit pas d’une amitié personnelle qui remonterait à une fraternité d’armes. Comme je l’ai dit précédemment, la défaite de Bituit marque la soumission des Arvernes à Rome, laquelle, dans sa grandeur, leur a accordé son amitié, c’est-à-dire son alliance. Avant que Vercingétorix se révolte, la famille régnante respectait toujours l’alliance puisque son oncle ne voulait pas que l’on joue ainsi avec la fortune.

      Le texte de Dion Cassius, si on l’interprète comme vous le pensez, est en contradiction avec la déclaration que César fait prononcer à Vercingétorix devant le dernier conseil d’Alésia, à savoir qu’il avait décidé d’offrir sa vie. En contradiction aussi avec Plutarque qui, pour une fois, me semble mieux renseigné et plus fiable. La supplication qu’il aurait adressée à César, selon Dion Cassius, si supplication il y eut, ne peut s’expliquer, selon moi, que pour demander la grâce pour sa cité et ses concitoyens, l’ancienne amitié étant celle de sa famille avec Rome et son représentant, César.

      Je suis très sceptique quant à l’interprétation de M. Goudineau qui ne peut être qu’une hypothèse non prouvée. Je ne pense pas que Vercingétorix ait été naïf au point de croire que César allait le gracier. Cette interprétation à l’eau de rose est cousue de fils blancs et bonne pour faire pleurer dans les chaumières.

      En revanche, je ne serais pas étonné que certains fassent état de cette interprétation pour ajouter au dénigrement du personnage. Je préfère m’en tenir au texte de César et à son jugement.


    • Emile Mourey Emile Mourey 10 décembre 2009 23:28

      Dans ses Commentaires, César exige comme condition de la reddition que Vercingétorix lui soit livré. Il ne peut donc s’être rendu, de lui-même, auprès de César en cachette et avoir été jeté dans les fers avant la cérémonie de la dite reddition.


    • italiasempre 11 décembre 2009 00:12

      Je suis d’accord lorsque vous nuancez le terme d’amitié.

      Très probablement il ne s’agissait pas d’une amitié au sens fraternel du terme, il n’empêche que je partage la thèse selon laquelle Vercingetorix fit partie du cercle des commandants proches de Cesar.
      Je ne comprends pas très bien pourquoi vous l’excluez de façon si catégorique ? 
      D’autant plus que connaissant la politique de Gobannitio, quoi de plus naturel ?

    • Emile Mourey Emile Mourey 11 décembre 2009 00:28

      @ italiasempre

      Si vous insistez, je veux bien mettre un tout petit peu d’eau dans mon vin, mais c’est bien parce que c’est vous.


    • italiasempre 11 décembre 2009 00:45

       smiley Vous voyez quand vous voulez...


      Je vous souhaite une excellente nuit, monsieur Mourey.

    • Virgile 23 septembre 2020 20:04

      @italiasempre
      Non, cette hypothèse n’est pas très probable, car César l’aurait précisé dans sa présentation de Vercingétorix. Les Arvernes furent vaincus en -112 par Domitius Aenobarbus, leur roi Luern et son fils assignés à résidence en Italie. Ce peuple fut astreint à des obligations par le sénat de Rome, et ils devinrent des clients de la famille de Domitius comme c’étaient l’usage à l’époque. Celui-ci était l’ennemi personnel de César, donc c’est peu probable ! 


    • Antenor antenor 10 décembre 2009 16:43

      Ayant raté le coche de l’article précédent, je fais un léger hors-sujet sur Gergovie. Juste en face du Crest, le site d’Opme est très intéressant. Entre ses deux montagnes, il ressemble énormément à l’antique Sichem et son histoire est plutôt riche pour un lieu aussi isolé.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Opme
      http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/45/Opme_puy_de_dome.JPG

      Son nom fait penser à « oppidum » et à ses pieds s’étendent Romagnat et Aubière. 
      http://gbonhomme.chez-alice.fr/audigierh.html

      Il y a peut-être un murus gallicus sur le Mont-Rognon qui lui fait face :
      http://chateau.over-blog.net/article-29578103.html

      Sur les cartes IGN, on voit beaucoup mieux les reliefs que sur Google.
      http://www.geoportail.fr/


      • Emile Mourey Emile Mourey 10 décembre 2009 17:20

        @ Antenor

        J’ai toujours pensé que la région était beaucoup plus proche de ce qui existait au Moyen-âge que de l’image que se font les archéologues de la Gaule. Je n’en veux pour preuve que la mauvaise traduction de Constans où celui-ci dit que La Roche-Blanche était une colline très bien fortifiée par la nature, et isolée de touts parts. En matière de triturage de texte - ce qu’on me reproche - on a là un exemple absolument incroyable. Constans a introduit le mot nature qui n’existe pas dans le texte de César et il donne aux mots un sens qui n’existe pas non plus. César dit en réalité que ce versant était très bien fortifié (munitus) et entouré de tous côtés par un retranchement qui l’entoure (circumcisus). Cela correspond au dessin que le héraut d’armes Guillaume Revel a fait du village fortifié de la Roche-Blanche.

        Ce qui veut dire qu’il y avait ailleurs d’autres localités fortifiées et d’autres ouvrages de défense, tours et autres.


      • Antenor antenor 10 décembre 2009 20:42

        Il est certain que ce carrefour routier devait être bien gardé. A ce sujet, je suis assez dubitatif sur l’éventuelle ville qui aurait pu se trouver à Corent. C’est beaucoup moins aberrrant que Merdogne ou le Mont-Beuvray mais on est toujours sur un site relativement difficile d’accès avec une urbanisation éphémère. Etant donné que les bords de l’Allier entre Pont du Chateau et les Martres d’Artières sont fréquemment innondés, la route Nord-Sud devait contourner les Puy d’Anzelles et de Bane par l’Ouest où elle était rejointe par celle venant de Lyon via Thiers, ce qui explique pourquoi le centre de l’agglomération se trouve à Clermont et pas à Lempdes ou à Cournon.

        Il serait intéressant de mettre en parallèle l’évolution de Corent et d’Entremont. Le site provençal connaît une première phase de développement lorsque les auteurs signalent les premiers accrochages entres les Marseillais et les peuples de l’arrière-pays au début du 2ème siécle av. J-C. La seconde phase où l’oppidum augmente considérablement sa superficie correspond au moment où la coalition arverne rejoint les Salyens dans leur lutte contre Marseille et Rome quelques décennies plus tard. Aix-en-Provence qui se trouve à quelques kilomètres d’Entremont passe pour avoir été fondée par les Romains. Là encore, ne faudrait-il pas placer le ville salyenne à Aix et voir dans Entremont une base militaire qui se développe au fur et à mesure de l’arrivée des renforts ? La source d’eau la plus proche est à plus de deux kilomètres... Après la destruction de leur base logistique, il est logique les Arvernes se soient inclinés.


      • ARMINIUS ARMINIUS 10 décembre 2009 16:49

        Je n’ai pas spécialement étudié la défaite de Vercingétorix, par contre j’ai passé pas mal de temps sur la victoire d’Arminius, le seul a voir défait Rome au temps de sa splendeur. Les deux héros ont d’ailleurs été ressorti du sommeil de l’histoire pour servir, en antagonistes, la renaissance des nationalismes français et allemands au XIXème ; le romantisme pompier et l’imagerie populaire sont venus en rajouter à la gloire et aux louanges voulues par César, en son temps. Cela entrave considérablement l’approche d’une vérité historique d’autant que dans les deux cas nous n’avons que la version latine des événements. Dion Cassius était peut-être sérieux mais il n’a pu travailler qu’avec des informations vieilles de plus de deux cent ans. Le sort réservé aux vaincus barbares ou civilisés était assez terrifiant : le but était dans tous les cas de terroriser l’adversaire afin de le dissuader de reprendre les armes, il y avait donc une surenchère à l’horreur dans les éxécutions...et le chef gaulois n’a probablement pas fait exception :trainé, enchainé, exhibé sous les lazzis lors du triomphe de César, et garroté comme un animal nuisible après des années de lente agonie dans un cul de basse fosse romain, rien de glorieux dans tout cela...


        • Emile Mourey Emile Mourey 10 décembre 2009 17:31

          @ Arminius

          Moi non plus, je n’ai pas étudié l’histoire de la Germanie mais je connais un peu l’histoire d’Arminius, peut-être par un article de vous, mais aussi par un documentaire que j’ai vu à la télévision. Son histoire est très intéressante. C’est un coup de projecteur sur un moment de l’Histoire sur lequel les textes ne sont guère nombreux. Cela peut également nous permettre de faire des rapprochements et des comparaisons avec ce qui s’est passé en Gaule.

          Moi aussi, j’ai des attaches familiales en Allemagne.


        • Emile Mourey Emile Mourey 11 décembre 2009 00:20

          @ Waldgänger

          Concernant la machination du terrain, vous avez tout à fait raison. Je me suis très mal exprimé. Je voulais seulement dire que Vercingétorix n’était pas un ignorant, ni même les Gaulois. César reconnait lui-même que les habitants de Bourges ont fait preuve de compétences pour défendre leur ville.

          Ce que vous dites est juste et cela se comprend d’autant mieux quand on sait que l’armée romaine était pratiquement constituée de soldats de métier alors que, manifestement, les 10 000 hommes que Litavic emmena à Gergovie ne l’étaient pas, ni les combattants de l’armée de secours.

          Il est certain que les Romains ont révolutionné l’art de la guerre, je n’en doute pas. C’est bien ce qui explique principalement leur victoire sur une Gaule qui en était restée aux combats à la grecque, cité contre cité.

          En ce qui concerne les monnaies de Vercingétorix, il est possible que sur certaines, on ait forcé le trait pour les rapprocher de l’image d’Apollon, je ne le nie pas, mais ce qui me conduit à penser à Vercingétorix en personne est le fait que sur d’autres monnaies, l’image est moins apollinienne et que, d’autre part, l’habitude en Gaule, était bien de représenter les « princeps » de la cité et non l’image d’un dieu.


        • ARMINIUS ARMINIUS 11 décembre 2009 10:49

          Pour que votre démo soit équilibrée parlez aussi de l’écrasante victoire d’Arminius sur les légions romaines en l’an 9 de notre ère, trois légions y furent littéralement anéanties ( et jamais reconstituées !) et l’expansion romaine s’arrêta définitivement aux futures limes germaniques, avec de grandes conséquences sur la suite de l’histoire...


        • italiasempre 11 décembre 2009 12:05

          Franchement je ne vois pas en quoi parler de ce désastre en Germanie, sachant que les trois légions auxquelles vous faites allusion ont été anéanties lors d’une embuscade, peut rendre la démo de waldanganger plus équilibrée.


        • Emile Mourey Emile Mourey 11 décembre 2009 12:29

          @ Arminius

          La victoire d’Arminius sur les Romains dans la forêt de Teutoburg en l’an 9 s’inscrit dans l’histoire de la Germanie que je ne connais pas très bien et seulement par les rapports que cette histoire a eu avec celle de la Gaule.
          Il est certain qu’à Teutoburg, Arminius a réussi là où Ambiorix a échoué. C’est une bonne idée que vous me donnez. Il faudrait que je propose un article sur l’embuscade d’Ambiorix, voir comment les Romains ont réagi et comprendre ainsi pourquoi à Teutoburg, Varus a failli, à moins que ce soit Arminius qui ait été meilleur stratège.


        • ARMINIUS ARMINIUS 11 décembre 2009 12:44

          Italia Siempre :
          L’embuscade est une tactique employée de tous temps, par toutes les armées du monde, elle permet généralement de vaincre un ennemi supérieur en nombre. Un rappel : l’embuscade(comme vous dites) a duré quatre jours, au cours desquels les légions ont amplement eu le temps de se ressaisir. Il s’agit d’une totale victoire sur des forces romaines jusqu’alors victorieuses.N’oubliez pas non plus la réaction de panique d’Auguste, qui suite à cette défaite a cru un moment Rome à la merci des « barbares »....


        • Emile Mourey Emile Mourey 11 décembre 2009 13:22

          Rectificatif : là où Ambiorix a également réussi.


        • Antenor antenor 11 décembre 2009 13:45

          Je ne crois pas du tout à la théorie des paysans qui abandonnent femmes et enfants à la merci du premier venu pour aller défendre la patrie gauloise à coup de fourches. Si cela avait été le cas, c’est en sept mois que César aurait conquis le pays. On parle de la Guerre des Gaules pas de la Grande Guerre. Pourquoi les soldats gaulois n’auraient-ils pas été de métier ? Les soldats qu’a réunis Litavic ont très bien pu être prélevés sur les garnisons pré-existantes du pagus de Chalon. La paysannerie et l’armée, ça a toujours fait deux. La grande force de l’armée romaine est d’avoir une organisation unique et des tactiques bien connues de ses officiers. A côté, l’armée gauloise est un vaste assemblage de contingents fournis par chaque cité, chacune ayant probablement une organisation et des tactiques différentes. 

          Les Gaulois devaient avoir de la Gaule l’image que nous avons aujourd’hui de l’ONU : un conseil qui se réunit périodiquement pour tenter de trouver des solutions diplomatiques.


        • Emile Mourey Emile Mourey 11 décembre 2009 14:39

          @ Antenor

          10 000 fantassins, soldats de métier tirés du seul pagus chalonnais de Litavic, cela fait beaucoup. César dit que Dumnorix entretenait, à ses frais, une troupe de cavaliers ; et ces frais, il les tirait des revenus des péages. Pour entretenir une armée de métier, il faut la payer. Et pour la payer, il faut lever des impôts ; ou bien faire du butin, et pour cela faire la guerre, ce que les Romains ont parfaitement compris et pratiqué.

          Si Litavic a pu lever 10 000 fantassins, je pense que la nouvelle du massacre d’Avaricum y est pour quelque chose.


        • Antenor antenor 11 décembre 2009 15:26

          @ Emile

          C’est bien pour cela que je ne crois pas les chiffres de César avec ces dizaines et même centaines de milliers de guerriers gaulois. La population entière de Chalon n’atteignait vraissemblablement pas le chiffre de dix mille habitants et après la départ de Litavic, on voit que la plus grande partie de la population est toujours dans la ville. A mon avis, la faiblesse de la Gaule venait justement de son incapacité à mobiliser des troupes. Ces troupes existaient mais les cités étaient tellement toutes braquées les unes contre les autres qu’il a fallu attendre sept ans pour qu’elles finissent par s’allier et donc mettre en commun des effectifs qui étaient jusque là employés à se protéger des voisins. Jusqu’à l’arrivée des renforts à Alésia, il est tout à fait possible que Vercingétorix ait été en permanence en infériorité numérique, obligé de pratiquer la guerrilla à l’image d’un Charles V. César n’allait pas s’en vanter. Les habitants de Chalon se fichaient éperdument de ceux d’Avaricum. Allez faire pleurer des Samaritains sur la destruction de Jérusalem. En détruisant Avaricum, César a envoyé un message de fermeté à Chalon parcequ’il avait bien compris que les Eduens jouaient double-jeu. La destruction de Bourges a dû plutôt inciter la majorité Eduens à la prudence.


        • Emile Mourey Emile Mourey 11 décembre 2009 15:40

          @ Antenor

           Je suis bien d’accord sur le fait qu’il ne faut pas prendre les chiffres de César à la lettre, non pas que César mente mais il ne fait pas de doute qu’il avait tendance à prendre des effectifs mobilisables pour des effectifs réalisés.

          En ce qui concerne Chalon, c’est César lui-même qui nous apprend ou nous laisse entendre que les notables et la population étaient divisés. En fait, c’est cette situation que j’aime bien, situation d’incertitude à l’opposé de ce qu’on veut bien souvent nous faire croire avec les bons d’un côté et les méchants de l’autre. On peut très bien trouver fascinants les personnages de César et de Vercingétorix tout en étant lucides et sans en faire des exemples.


        • italiasempre 11 décembre 2009 20:27

          Arminius

          Varus réagit comme tout Romain à la nouvelle d’une révolte, il ressambla en hâte toutes ses troupes disponibles et partit immédiatement pour mater la rébellion. Avec le recul on peut dire qu’il se conduisit plus comme un magistrat civil que comme un chef militaire. 
          On sait que les légions n’avaient ni l’équipement nécessaire ni la préparation adéquate pour une campagne importante, on sait aussi que Varus ignorait que l’instigateur de la révolte était un chef qui commandait un des contingeants auxiliaire de son armée. 
          Varus en réalité espérait qu’une démonstration de force suffirait, il avait déjà réussi le même coup en Judée. 

          L’embuscade, mieux la série d’ embuscades, furent un choix rusé -je ne dis pas perfide, vous voyez- les Romains n’eurent jamais la possibilité de se déployer et d’entrainer leurs adversaires dans une bataille rangée...selon vous, l’issue aurait été la même ? 
          Pour ce qui concerne Auguste, je me rappelle surtout de Varus, rends-moi mes légions !

        • italiasempre 12 décembre 2009 00:14

          Salut Tall 

          Mais c’est moi qui joue à l’extérieur ici... smiley 

        • jibe jibe 11 décembre 2009 08:53

          @Anténor, si vous aviez parcouru les lieux, vous sauriez que le plateau de Corent comporte, comme tous les oppida traditionnels, un accès routier, décrit par César, à l’unique porte de la ville.


          Pour la présence de Vercingétorix à l’armée, il y a beaucoup d’autres raisons logiques et factuelles pour que M. Goudineau ait raison et dont il ne s’est pas servi. Ce n’était pas l’intérêt de César de dire qu’il avait formé, au sein de sa propre armée, celui qui était devenu son pire ennemi.

          Sur la reddition : les Romains avaient le même sens de la parade organisée à des fins de propagande que les nazis. Encore faut-il la situer dans le bon site !

          • Antenor antenor 11 décembre 2009 13:28

            @ Jibe

            Vous identifiez donc Gergovie à Corent ?

            Bien sûr qu’il y a une route...en pente. Ce n’est pas très pratique pour faire circuler des chariots en bois de plusieurs centaines de kilos. Trop de risques de casse et même de blessures pour les bêtes de traits et les convoyeurs. Et les deux principaux carrefours routiers (jonctions de l’axe Nord-Sud avec les routes de Bordeaux et de Lyon) se trouvent à Riom et à Clermont.

            Quelles sont les raisons qui auraient poussé Vercingétorix à s’engager au service de César ? L’envie de voir Rome et les Eduens dominer la Gaule ? Après la victoire de César contre Arioviste, on observe que les conquêtes romaines encerclent peu à peu l’Auvergne. D’abord la Belgique puis la Normandie et l’Armorique et enfin l’Aquitaine. A la fin, l’Auvergne se retrouve entourée de peuples soumis à César. Si les Arvernes avaient activement aidé les Romains dans leurs conquêtes, les peuples gaulois auraient-ils confié le commandement de la contre-attaque à l’un d’eux ?


          • jibe jibe 11 décembre 2009 14:32

            César dit bien que, pour monter la pente, il faut faire des zigzags et la route actuelle est en zigzags !

            Quant à Vercingétorix, pas besoin de s’engager : par les traités signés en -120 (après la défaite de Bituit en -121), les Arvernes devaient, comme la plupart des peuples gaulois, fournir aux Romains, à chaque campagne (en mars), des contingents de cavalerie constitués de jeunes nobles, l’ensemble étant placé sous un commandement unifié. 

            Pour les campagnes de César, le commandant en chef de ces contingents fut, au début, l’Eduen Dumnorix, pourtant anti-romain acharné. Peu plausible que Vercingétorix, issu de l’une des plus nobles (et riches) famille s’en soit dispensé : il aurait été discrédité.

            D’autre part, comme il n’y eut à cette époque pas d’autres guerres que celles de César (après Bituit, les Arvernes étaient K.O), le seul endroit où Vercingétorix pouvait gagner son nom de « chef des très braves guerriers » était là.

          • Antenor antenor 11 décembre 2009 15:38

            @ jibe

            Des routes qui zigzaguent en Auvergne, ce n’est pas ce qui manque.

            Pourriez-vous m’indiquer quel auteur antique parle de l’obligation faite aux Arvernes de fournir des contingents à Rome ? A ma connaissance, je me trompe peut-être, le traité était un traité d’amitié et non de soumission. Vercingétorix n’aurait-il pu gagner son titre dans les guerres qui ont opposé les Arvernes aux Eduens avant l’intrusion de César en Gaule ?


          • jibe jibe 12 décembre 2009 10:07

            Après la défaite de Bituit, le Sénat romain a signé un décret pour régler le sort des Arvernes, après avoir ordonné la création de la Narbonnaise, On n’en a pas les termes complets, disséminés dans les écrit de plusieurs historiens, parce qu’avant César ces décrets n’étaient pas publiés. On pense notamment qu’une des clauses exigeait la suppression de la monarchie arverne. César lui-même fait souvent référence à ses contingents annuels de cavalerie.

            Pour le reste, il faut vous résigner : on n’a pas grand chose d’absolument sûr pour la guerre des Gaules. C’est excellemment montré dans cet article :


          • Emile Mourey Emile Mourey 12 décembre 2009 10:49

            @ jibe

            Lien particulièrement intéressant que je vais étudier.


          • jibe jibe 12 décembre 2009 13:26

            Vu les sanglantes querelles politiques qui ont influencé les comptes-rendus de l’époque, donc les ouvrages historiques antiques qui ont suivi, nous sommes souvent dans la situation de quelqu’un qui, étudiarit l’histoire actuelle, n’aurait comme source de départ que « Minute » et « Le Canard enchaîné ». L’exemple de l’attribution de la défaîte de Bituit à Fabius ou à Domitius est, dans l’article que je vous ai signalé, particulièrement parlant. 


            Au final, tout ce qu’on sait c’est qu’on ne sait rien et qu’on doit choisir la solution la plus logique si l’on veut expliquer.

          • Armog 11 décembre 2009 12:28

            Monsieur Mourey,

            Depuis que j’ai croisé votre site bibracte.com il y a quelques années, j’ai toujours grand plaisir à vous lire.

            Quant à Mr Goudineau, a part constamment dénigrer les Gaulois, ses interprétations sont trop souvent hasardeuses ...


            • Emile Mourey Emile Mourey 11 décembre 2009 12:43

              @ Armog
              copie @ Samosatensis

              Merci. L’intérêt que vous manifestez fait contrepoids à la violente attaque - sans lendemain - du professeur Samosatensis.

              Certes, je ne prétends pas être neutre. Qui peut le prétendre ? Cela n’empêche pas qu’on doit essayer de faire preuve de lucidité.


            • Virgile 23 septembre 2020 19:56

              @Armog
              La différence est que C. Goudineau est le plus éminent des historiens français, professeur au Collège de France, qui se base sur une critique des textes romains, car il ne faut pas oublier que c’étaient des écrivains et non des historiens tels que vus de nos jours. Ils affabulaient énormément. 


            • Massaliote 11 décembre 2009 13:20

              Les victoires romaines devaient beaucoup à l’usage systématique de la formation « en tortue ». Système génial dont les reconstitutions historiques ont prouvé l’efficacité en terrain relativement plat et non boisé. Ca fonctionnait comme un rouleau compresseur. Les reconstitutions ont permis de démontrer que le premier rang, armé de lances, cherchait à blesser l’adversaire pour le mettre à terre, souvent à la jambe, et non pas à le tuer. Ce soin était laissé au rang suivant. Mais ça ne pouvait pas fonctionner en terrain boisé, d’où... Déboires dans les forêts germaines : « Varus, Varus, qu’as tu fait de mes légions. » 


              • jibe jibe 11 décembre 2009 14:17

                Les tactiques et dispositifs de l’armée romaine ont varié énormément au cours des siècles, et César ne signale l’utilisation de la « tortue » qu’une fois, probablement parce que c’était une nouveauté dans une armée qu’avait modifiée profondément son oncle, Marius. 

                Varus a été surpris par une embuscade en pleine forêt. Alors, là, la tortue est bien difficile à utiliser !

              • Halman Halman 11 décembre 2009 14:34

                Ces valeurs de dignité et de courage, point besoin de les chercher dans une antiquité nostalgique, elles existent encore bel et bien de nos jours.

                Quand l’histoire qui n’existe plus que dans l’imaginaire de quelques uns qui se contentent de vieux documents dont on ne sait pas vraiment quoi penser veut nous expliquer un présent bien présent.


                • Emile Mourey Emile Mourey 11 décembre 2009 14:53

                  @ Halman

                  Pour ma part, j’ai toujours été contre l’entrée du débat politique à l’école. Laissons nos enfants à l’écart de nos problèmes d’adultes ! Egalement contre cette idée de vouloir rechercher des analogies ou faire des comparaisons entre des évènements lointains et présents. L’enseignement de l’Histoire ne devrait servir qu’à donner une culture historique. La civilisation gauloise appartient à un autre temps comme l’est la civilisation égyptienne et celles de Mésopatamie. Son étude n’est pas moins intéressante et je ne vois pas pourquoi elle serait victime d’ostracisme alors que les autres ne le sont pas.


                • samosatensis 20 décembre 2009 22:18

                  Monsieur Mourey ment, monsieur Mourey s’invente une antiquité gauloise qui vise surtout à répondre à ses obsessions personnelles. Comme je ne vais m’escrimer à répondre à chacune de ses insignifiantes contributions j’invite les curieux à regarder les problèmes que pose ses raisonnements, et leurs mensonges, dans mon commentaire ici : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bibracte-ma-reponse-aux-65791#forum2359492.


                  • Virgile 23 septembre 2020 19:50

                    Votre avis n’est pas documenté. Dion Cassius n’est PAS le plus sérieux, il est comme Plutarque un affabulateur et sa reddition est ridicule. Comment Vercingétorix aurait pu arriver dans la tente de César sans être remarqué par les romains ? Et sa relation avec César est une pure invention puisque celui-ci ne l’évoque nulle part. Quant à la reddition César rapporte celle des vaincus à Pharsale. Nous en avons une illustration sur la colonne Trajane lorsque les chefs Daces se rendent à Trajan ! Des centurions les attendaient à la sortie de l’oppidum, ils leur remirent leurs armes et furent amenés devant César assis au sommet de l’Ager, les armes furent déposées devant lui. Ils s’agenouillèrent en tendant les mains pour obtenir son pardon. 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès