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Accueil du site > Tribune Libre > Réflexions florentines

Réflexions florentines

Seule une prise de conscience individuelle, et la responsabilité qu’elle induit, peut transformer la société... Si chacun de nous, là où il est, change ses rapports avec lui-même, les rapports humains s’en trouveront forcément changés, parce que nous sommes l’humanité, et que ce sont nos rapports et nos relations qui font la société dans laquelle nous vivons.

Fin d’année à Firenze, ville de mes rêves, ville d’où jaillissent l’humanisme et le feu ardent de l’humaine Dignité. Ici, plus que nulle part ailleurs, j’aime à imaginer ce qu’auraient été l’Europe et l’Occident si, au lieu de suivre Leonardo Da Vinci, le génial ingénieur des Ponts et Chaussées, nous avions suivi l’autre, l’humaniste, celui qui le premier nous a parlé de la Dignité humaine, j’ai nommé Giovanni Pico della Mirandola.

Car, malgré tout - et pour la plus grande joie des Fidèles d’Amour, Firenze vit encore dans cette atmosphère de beauté, de discrétion et d’intériorité, comme si le rêve humaniste avait "gagné", et que la mesure de l’art, de la philosophie et de l’humain étaient ici la mesure du monde. La bienveillance italienne, qui est bienveillance humaine, est si présente dans cette cité de la Renaissance qu’on en oublie instantanément la dureté et la sécheresse propres à la société française. Hélas, les "touristes" n’y sont pas tous identiquement sensibles, et l’on finit toujours par croiser dans ces rues pleines de grâce quelque râleur au visage fermé, mécontent, irrité, exaspéré, qui vous ignore tout autant qu’il semble ignorer la ville (j’exagère à peine en le disant), et - déception terrible, c’est toujours ou, disons, presque à coup sûr... un Français ! Vous savez, ce Français des Lumières - supérieurement éclairé, donc, l’hautain homo scientificus technologicus, l’individualiste "libéré" de tout "obscurantisme" subjectif.

Esthète, certes (c’est pourquoi il se trouve là), mais pour qui la relation humaine se doit d’être distante, tellement que l’autre et le monde ne sont plus que des concepts, et la proximité, la rencontre simple et directe, le dialogue... une gêne ! Bien sûr, je dis cela un peu par provocation (si peu, pourtant !), mais force est de constater qu’une société technocratique qu’on pourrait qualifier de vincienne - où la primauté est donnée aux sciences, au détriment de la philosophie, des arts et de la transcendance - ne produit que des rapports humains basés sur la compétition, le mépris de tout ce qui n’est pas hautement intellectuel... des rapports humains distants, asséchés, désenchantés, émanant de celui qui, "possesseur du meilleur", est finalement revenu de tout.

Mais ce que m’a rappelé Firenze ne se résume heureusement pas à ce triste constat. Certes non ! La cité m’a également rappelé, à travers l’oraison De la dignité humaine de Pic de la Mirandole, que nous pouvons, si nous le voulons, changer nos rapports avec nous-mêmes, et donc changer notre monde !

Seulement voilà : sommes-nous réellement, véritablement concernés par la transformation de cette société fondée sur l’indifférence, la compétition et la brutalité ? Suis-je effectivement consciente de l’urgence d’un tel changement, et du fait qu’il ne peut se produire qu’à travers le simple être humain que je suis ?

Si c’est le cas, alors je sais que je suis responsable de cet état de fait, mais aussi que je suis libre d’agir pour le transformer. Dans un référentiel non aristotélicien, nous percevons que si nos sociétés sont dominées par le grand nombre, celui-ci n’est cependant constitué que de l’addition de 1+1+1+1. Cela nous donne la certitude objective qu’après tout - et avant tout - une société n’est pas seulement un concept, qu’elle est faite de relations concrètes, et que ce sont les relations humaines qui font la société, le système dans lequel nous vivons.

Changer la société, c’est donc changer nos rapports avec elle. Nous savons tous que notre conduite détermine la conduite d’autrui. Dans un monde essentiellement brutal, on nous dit que nous ne nous en sortirons que si nous sommes compétitifs, égocentriques, matérialistes, individualistes, cruels, bref, sans état d’âme ! Mais est-ce vraiment la seule manière d’être au monde ? Et, considérant l’état des lieux, ne peut-on pas se dire qu’un autre rapport au monde n’est pas forcément impossible ? Car après tout, nous progressons... Nous savons tous, au plus profond de nous-mêmes, qu’un autre monde est bel et bien possible, mais c’est parce que nous ne croyons pas en nous-mêmes, en notre capacité individuelle, que nous nous résignons, et finissons par devenir "adultes", c’est-à-dire sans "rêves", ancrés les pieds sur terre !

Bernard Shaw nous dit que "la liberté signifie la responsabilité", et il ajoute que "c’est pourquoi la plupart des hommes la craignent". Je le pense aussi... Nous laissons faire le désenchantement, issu de l’objectivité radicale qui dit la dure réalité du monde, parce que nous craignons cette même responsabilité qui nous met face à face non pas avec notre prétendue "toute impuissance" à changer quoi que ce soit, mais au contraire avec la certitude que nous le pouvons si nous le voulons vraiment... Il nous suffit, pour cela, de regarder l’histoire de ceux qui ont participé aux divers changements, qui ont influencé le monde. Ce sont bel et bien des hommes et des femmes comme nous, qui se sont pris en main et n’ont abdiqué d’eux-mêmes à aucun moment. C’est une évidence... et n’en déplaise aux incroyants, croire en D.ieu c’est croire en l’homme, et peu importe en qui l’on croit si l’on croit !

Car c’est de cette confiance en soi que naissent les actes qui créent notre monde, notre société ! Et c’est aussi grâce à cette confiance que nous pouvons avancer dans notre prise de conscience, et comprendre que le monde dans lequel nous vivons, c’est nous, que sa complexité, c’est la nôtre, que sa cruauté, c’est aussi la nôtre, et que si la société est inhumaine et brutale, c’est parce que nos rapports sont brutaux et inhumains. Si chacun de nous, là où il est, change ses rapports avec lui-même, les rapports humains s’en trouveront nécessairement changés, parce que nous sommes l’humanité, et que ce sont nos rapports et nos relations qui font la société dans laquelle nous vivons.


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20 réactions à cet article    


  • Scipion (---.---.38.90) 11 janvier 2006 10:36

    Vous nous dites, Tatiana, « Seule une prise de conscience individuelle, et la responsabilité qui va avec, peut transformer la société... Si chacun de nous, là où il est, change ses rapports avec lui même, les rapports humains... »

    Seulement, la grosse difficulté, c’est qu’il y a des tas de gens qui ont de vrais problèmes : des fins de mois très difficiles, un gosse à l’hosto, une mère à demi-gâteuse qui oublie fréquemment d’éteindre le gaz, mais qui ne veut pas entendre parler d’institutions spécialisées, un fils toxico, une perte d’emploi qui se profile... J’en passe et de plus tragiques.

    Alors, vos préoccupations de nantie oisive, flânant Piazza del Duomo, tout le monde n’en a pas les moyens... Elles ne sont pas à la portée de la plupart des gens qui vivent dans la vraie vie Le regretter ne fait pas avancer le schmilblik.


    • s@free (---.---.97.62) 11 janvier 2006 11:00

      Personnellement je pense que Tatiana voit tout de même juste. A t’elle une vie de nantie. Rien n’est moins sûr d’ailleurs !! Alors imaginons pour aller dans le sens du monsieur aigri, mais peut être après tout réaliste, imaginons si déjà tous les nantis appliquaient la formule selon laquelle tout part de soi, et qu’en conséquence on est responsable de soi et de l’autre puisqu’on possède l’univers en soie (ca s’appelle l’entropie)et serait responsable de leur qualité de contact avec quiconque rencontré (les riches rencontrent aussi des pauvres parfois !

      vOUS-même, à la boulangerie, au kiosque, dans le métro, dans votre voiture au feu.. bref partout on peut agir différemment. En s’autoobservant. Chque petite chose a un importance. observez vous et vous verrez ! ce n’est pas un truc de bourgeois non plus.


    • Alexandre Santos (---.---.183.51) 11 janvier 2006 11:03

      Visiblement vous êtes suffisamment nanti pour noircir les pages de ces forums, plutôt que de grater la terre pour y faire pousser du riz.

      Je suppose que vous auriez applaudi si on avait envoyé Socrates en réeducation dans les travaux agricoles, plutôt que de flaner et philosopher parce que 99.999999999% de ses contemporains n’avaient pas le temps de faire autre chose que de lutter pour leur survie.

      Il est regretable que la plupart de l’humanité ne puisse pas flâner, mais tant mieux pour ceux qui le peuvent, et le font. Oeuvrons pour que la majorité de l’humanité le puise à l’avenir.

      En attendant, si vous croyez un tant soit peu à ce vous écrivez, vous aurez quitté ces forums pour faire du bénévolat à temps plein au service d’une noble cause.

      Amen


    • robert iannone (---.---.72.77) 11 janvier 2006 14:21

      Bonjour,

      Il me semble que ’les vrais problèmes’ dont vous parlez peuvent être un tremplin vers une reflexion approfondie - voire même une prise de conscience individuelle - ne serait-ce que pour trouver une issue de là où l’on est pour aller vers autre chose...

      Bien à vous,

      robert iannone


    • Alexandre Santos (---.---.183.51) 11 janvier 2006 11:12

      Personnellement je n’opposerais pas la démarche scientifique à l’humanisme.

      Il faut voir que c’est du mouvement humaniste qu’à justement émergé la démarche scientifique, ce serait paradoxal qu’ils soyent en opposition.

      Par contre je suis d’accord que la démarche scientifique en elle même ne soutient pas l’humanisme, ni le dessert. La démarche scientifique est neutre, amorale. C’est un outil qui peut être utilisé pour toutes sortes d’objectifs opposés et contradictoires.

      Ce serait comme opposer l’écriture à l’humanisme, parce que beaucoup de mouvements répressifs et extrémistes se propagent par la voie de l’écrit. L’écriture est une technique, un outil neutre, amoral. C’est ce que l’on en fait qui peut être connoté moralement.

      Je pense que critiquer l’aproche scientifique c’est se « tromper d’ennemi » par commodité intellectuelle, et contre productif. La déshumanisation des sociétés n’est pas un phénomène nouveau, elle existait avant et après l’apparition de la méthode scientifique. Critiquer la méthode scientifique ou la technicité ne nous ménera pas très loin, car n’étant pas le problème, s’en prendre à elles ne nous apportera pas la solution.


      • Tatiana F Tatiana F 11 janvier 2006 14:14

        Alors, vos préoccupations de nantie oisive, flânant Piazza del Duomo, tout le monde n’en a pas les moyens...

        Bonjour Scipion,

        Permettez-moi de vous répondre à travers l’humour.

        Au service de l’immigration, un fonctionnaire à la mine sinistre questionne un candidat à l’immigration :

        - "Avez-vous été déclaré atteint d’aliénation mentale ?...

        Après une pause perplexe celui repond plaintivement :

        - NON, mais après ça je suis bon pour l’asile !


        • claude (---.---.161.188) 11 janvier 2006 14:16

          Eternel conflit entre la matière et l’esprit ! Qu’est ce qu’un nanti ? Une personne heureuse en paix avec elle même ?...Ou quelque « riche » matérialiste ?... Que recherchons nous en ce siècle de violences et de guerres ? La paix, le bonheur, l’amour de soi (donc des autres) ou la course au paraître plutôt qu’être ? J’ai beaucoup aimé votre article qui a au moins le mérite de faire réver sans avoir à faire l’inventaire de ce grand magasin qu’est devenu notre pays de sur-consomateurs...Merci.


          • Sylvain Reboul (---.---.151.210) 11 janvier 2006 15:16

            De deux choses l’une :

            1) Soit votre espérance d’un monde plus humain dépend essentiellement de la croyance en votre Dieu ou de votre croyance en Dieu et alors c’est mal barré, car cette croyance ne peut être suffisante pour changer les choses dans un société laïque et pluraliste qui refuse de se soumettre à l’autorité d’une même foi religieuse

            2) Soit vous attendez une conversion religieuse universelle et voulez nous y inciter, auquel cas il faudrait, en effet, un miracle divin pour qu’elle se réalise.

            Je pense que si l’on ne croît pas en un tel miracle et que si le temps des miracles est révolu, votre espérance en une telle conversion miraculeuse est illusoire comme est fallacieux votre jugement sur le prétendu égoïsme et le prétendu matérialisme primaire des hommes modernes. Une nuée d’associations bénévoles laïques et la puissance des solidarités de toutes natures pourraient facilement vous convaincre du contraire.

            Qui ne voit qu’un aspect des choses et le plus négatif ne peut que servir un porsélytisme religieux obsolète. Les hommes modernes ne sont ni meilleurs ni pires aujourd’hui que hier, seule la société a changé : elle n’est plus théocratique et la solidarité ne peut plus être contrainte par la menace terroriste, du reste liberticide et à efficacité ambivalente, du jugement divin. Elle est donc en cela laïque et plus libérale ; ce qui veut dire qu’il ne faut pas attendre la solidarité par l’effet d’une société globalement généreuse, mais, comme vous le dites, du désir des individus à s’investir volontairement dans des organisations humanitaires selon leurs possibilités et leur expérience des autres.

            Ce que l’on peut attendre de la société (et de la politique) ce n’est pas l’amour, mais la justice dans la liberté.

            Amour et justice


            • Tatiana F Tatiana F 11 janvier 2006 16:57

              Je pense sincèrement que si nous souhaitons construire des relations civilisées, des relations d’échanges et de courtoisie, entre les approches culturelles diverses, nous devons commencer par réviser notre prétention de détenir l’unique vérité universelle. Sinon, il n’y a qu’un dialogue de sourd, voire un monologue obsessionnel...

              Cordialement,


            • Sylvain Reboul (---.---.123.40) 11 janvier 2006 18:45

              « Je pense sincèrement que si nous souhaitons construire des relations civilisées, des relations d’échanges et de courtoisie, entre les approches culturelles diverses, nous devons commencer par réviser notre prétention de détenir l’unique vérité universelle. »

              Je le pense aussi, mais avec la restriction qu’il faut que la réciprocité soit possible et dieu (auquel vous vous êtes référée) n’a rien à voir la dedans. Les religions qui se réclament, elles, d’une vérité universelle (catholique) et absolue (« Splendeur de la Vérité » est une des dernières encycliques de Jean-Paul 2) n’ont pas fait la preuve historique qu’elles étaient capables de plus de tolérance que le scepticisme libéral quant à notre capacité à détenir une quelconque vérité universelle sur le sens de la vie. La civilité et le dialogue ne dépendent en rien de notre désir d’absolu et de notre croyance en l’absolu, je dirais : bien au contraire.

              Florence n’était pas un paradis d’amabilité, car chacun s’enfermait hermétiquement dans son palais de marbre aveugle sur l’extérieur, de peur d’être tué ou volé par un clan ennemi. La beauté de Florence en garde des traces : elle est un peu pesante, intérieure et secrète. Ce n’est pas Venise où tout est représentation et décoration de théatre. Les Médicis n’était pas d’une civilité particulièrement douce et leur crainte permanente d’être attaqués leur a fait construire les passages très protégés que vous savez.


            • Tatiana F Tatiana F 11 janvier 2006 19:15

              Vous dites : « La beauté de Florence en garde des traces : elle est un peu pesante, intérieure et secrète. Ce n’est pas Venise où tout est représentation et décoration de théatre. »

              Justement !

              Rilke, qui comme moi a tellement aimée Firenze, n’écrivit-il pas que « contrairement à Venise où les palais, comme de jolies femmes, se reflètent perpétuellement dans les miroirs des canaux (...) et n’ont sans doute jamais éprouvé d’autre désir que d’être beaux, de faire étalage de tous ces privilèges et d’en jouir [...], à Florence il en va tout autrement : Florence ne s’ouvre pas comme Venise à l’hôte de passage... » C’est bien pour cela que je l’aime : pour sa discrétion, le non étalage de son immense culture... À bon entendeur, salut !


            • Natacha Quester-Séméon / Natacha Quester-Semeon / NatachaQS Natacha Quester-Séméon 11 janvier 2006 18:27

              Personne ne remet en cause la laïcité ! Qui est une excellente chose, mais tel n’est pas le débat.

              Certains expriment toujours leur désaccord (c’est bien français), mais pourrait-on un jour, savoir sur quoi nous sommes d’accord pour commencer ? La prise de conscience individuelle ? Qui est contre ? Des rapports humains plus humains ? Qui est contre ? Plus de Solidarité, plus d’amour aussi (pourquoi pas) ? Qui est contre ? Nous avons expérimenté beaucoup d’idéologies sur cette planète et on voit bien que non seulement nombreuses ont été inefficaces, mais plusieurs ont provoqué des horreurs. Quelle est la nouvelle route à prendre ? Si au moins, on reconnaissait que l’on ne sait pas, on pourrait avancer...


              • robert iannone (---.---.75.107) 11 janvier 2006 19:42

                Très bonnes questions ! Pour ma part, je suis pour :)


              • robert iannone (---.---.75.107) 11 janvier 2006 19:12

                Je lis et relis votre texte Tatiana car le constat que vous y faîtes colle parfaitement à un sentiment que j’aurai bien du mal à rendre de façon si claire et avec autant de générosité. Merci de l’avoir fait à ma place ;)

                Je peux, si je le veux, mais est-ce que je le veux vraiment ?

                Bien à vous,

                robert i


                • Etienne Parizot 11 janvier 2006 20:26

                  Merci à Tatiana pour ce beau texte !

                  (Avant d’y réagir, je voulais demander courtoisement à Sylvain : s’il vous plaît, laissez-nous un peu tranquille avec votre Dieu. Partout où je lis vos commentaires sur AgoraVox, et quel que soit le sujet, il n’est question que de Dieu, d’oppression religieuse, de carcan inquisitorial, de Dieu encore, et encore et encore. Que vous ayez un problème avec Dieu est une chose - et nous compatissons tous, puisque cela vous ronge manifestement -, mais nous n’y sommes pour rien, d’accord ? Détendez-vous, nous somme dans une société laïque, qui de surcroît entend absolument le rester. Vous êtes parvenu à trouver dans le texte de Tatiana une référence à Dieu, et vous avez bondi dessus comme un affamé, prétextant bien sûr que c’était donc elle qui avait lancé la question, mais vous ne vous êtes même pas aperçu que le texte parlait de tout autre chose, et que si le mot Dieu apparaît en effet, c’est en passant et pour dire justement que « croire en Dieu c’est croire en l’homme, et peu importe en qui l’on croit si l’on croit », c’est-à-dire très explicitement que la question de la croyance en un Dieu n’est pas le propos, puisque même pour un croyant, c’est la croyance en l’homme qui est importante ici. C’est un texte humaniste - très beau, d’ailleurs ! -, sur l’Homme et la Dignité Humaine, la liberté et la responsabilité !!! Comment êtes-vous parvenus à nous refaire à nouveau le coup de la société laïque en danger ??!!)

                  Cela dit, je tiens à m’excuser auprès de Tatiana de polluer ainsi les commentaires sur son article. Je le trouve d’une grande justesse et d’une grande utilité.

                  En particulier, contrairement à ce qui a été dit, je n’y ai vu nulle trace « d’opposition entre la démarche scientifique à l’humanisme ». Ce n’est pas la science qui a été visée, mais l’approche de type « ingénieur des ponts et chaussées » (je trouve génial de se référer à Léonard de Vinci de cette façon ! Bravo !), coupée de la dimension humaine, poétique et philosophique de la vie.

                  Une question que pose Tatiana est « sommes-nous réellement, véritablement concernés par la transformation de cette société » ? C’est en effet capital ! Est-ce vers cela que nous tendons de toutes nos forces ? Est-ce ce qui nous anime, au fond ? Utilisons-nous nos outils, nos connaissances, pour aller dans ce sens ? Ou bien nous contentons-nous de trouver le moyen de trouver notre place dans ce monde, en faisant ce que nous savons faire et en tentant simplement de ne pas trop créer de problèmes autour de nous ?

                  En tant que scientifique, justement, je trouve cette question extraordinairement pertinente. Bien sûr, la science n’est ni bonne ni mauvaise. Bien sûr elle n’est qu’un outil dont on peut se servir comme ceci ou comme cela. Bien sûr elle est neutre en elle-même. Mais justement ! Voulons-nous nous contenter de cette neutralité ? Ou bien allons-nous commencer à considérer qu’elle peut être mise au service d’un monde meilleur. Et ceci est valable dans tous les domaines, bien sûr. La connaissance est une merveille en elle-même. Mais pour l’humaniste, elle est aussi un outil au service d’une cause vaste et universelle !

                  Voulons-nous œuvrer pour cette cause, renouveler l’impulsion humaniste et aider le travail des utopistes descendus dans l’arène ?


                  • Sylvain Reboul (---.---.123.40) 11 janvier 2006 23:13

                    « C’est une évidence... et n’en déplaise aux incroyants, croire en Dieu c’est croire en l’homme, et peu importe en qui l’on croit si l’on croit ! » Tatiana

                    Curieuse phrase qui semble signifier que croire en Dieu c’est nécessairement croire en l’homme ; ce qui est démenti par des siècles de violences religeuses (lesquelles continuent hors de chez nous)., pour ajouter qu’il suffit de croire, pour croire en l’homme.

                    Mais en quel Dieu et en quel homme faut-il croire pour bien agir ? En celui de Ben-Laden, de Bush, de Benoit qui affirme que les homos « en intention » sont des pervers dangereux, sûrement pédophiles : quelle générosité en effet, et quel amour du prochain qui commande de condamner l’usage du préservatif malgré le SIDA !

                    Relisez le texte de Tatiana (et le mien) c’est elle qui parle de Dieu comme source d’espoir et comme disent les enfants : « C’est pas moi qui ai commencé ; si on me cherche, on me trouve ! » Lisez mon site et toutes mes interventions, articles etc..je suis loin de ne parler que de Dieu et de religion, sauf quand cela devient nécessaire pour penser les comportements ou opinions des uns et des autres : (ex : avortement ; homoparentalité, usage des préservatifs pour éviter le SIDA etc..)

                    De plus je ne vais pas vous apprendre qu’aujourd’hui la plupart des conflits et des débats idéologiques dans le monde (lisez la presse américaine) tourne autour de références religieuses. Vous n’avez certainement jamais entendu le président Bush parler de Jesus, de la mission divine dont il se sent investi et qui a exigé la prière obligatoire tous les matins à la maison blanche ainsi que de son combat mondial entre les forces du Bien et du Mal ?

                    La question de la religion dans ses rapport avec la politique et l’éthique est centrale partout dans le monde (et dans l’histoire du monde). Il n’ y a qu’en France -et je ne m’en félicite pas vraiment- que la question de Dieu est devenue tabou ; ce qui ne l’empêche pas de pointer son nez par exemple sur la question de l’expérimentatiuon sur les embryons humaisn et sur le clonage thérapeutique, pour ne pas parler de celle du voile islamique et de la manière dont certains ont traité de la question de la révolte des banlieues. Moi je préfère dire les choses sans détour.

                    Décidement il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut ni voir, ni penser ce qui, pourtant, crève les yeux du premier lecteur de journaux ou téléspectateur venus !


                  • robert iannone (---.---.75.107) 12 janvier 2006 12:32

                    Sylvain Reboul écrit :

                    « Lisez mon site et toutes mes interventions, articles etc.. »

                    Polémiquer pour polémiquer et avoir raison à tout prix, autant de ruses pour nous détourner vers votre site.

                    Coup de pub, alors ?

                    Pourquoi pas, mais autant le dire clairement dès le départ...

                    Bravo !


                  • Sylvain Reboul (---.---.188.188) 13 janvier 2006 09:11

                    Pub non-commerciale si vous voulez car je ne vends rien, je donne à qui le désire ; et croyez moi ça marche (600 lecteurs jour), je n’exploite personne et je ne risque pas d’escroquer qui que ce soit. Qui publie pour ne pas être lu en s’interdisant de le faire savoir ? Je ne suis certainement pas le seul ici à pratiquer ce qui est un droit de l’homme, à savoir faire connaître ses positions par ses écrits.


                  • robert iannone (---.---.131.139) 14 janvier 2006 09:16

                    Sylvain Reboul écrit : « Pub non-commerciale si vous voulez car je ne vends rien, je donne à qui le désire ; et croyez moi ça marche (600 lecteurs jour)... »

                    À suivre votre logique, plus j’utilise de mots plus j’ai des choses à dire. Je n’y souscris pas.

                    Il me semble que vous confondez qualité et quantité. La presse people en France a plus de lecteurs aujourd’hui que la presse traditionnelle. Ce n’est pas pour autant une meilleure source d’information...

                    Je pense qu’il est primordial d’être d’accord pour ne pas être d’accord, plus particulièrement si notre but commun est d’aller vers ce qui nous unit plutôt que vers ce qui nous sépare.

                    Ce n’est pas toujours ce que je vois autour de moi et c’est pour cela que le texte de Tatiana m’interpelle autant, car il me rappelle que les fondements du monde auquel j’aspire se trouvent en moi, mais pour y parvenir il faut beaucoup déblayer...


                  • elsa (---.---.64.208) 12 janvier 2006 02:43

                    Bonsoir à tous et merci à Tatiana pour cette matière à reflexion, et ce petit voyage à florence par la pensée smiley oui je suis responsable, à mon niveau de la déshumanisation des rapports, je suis responsable autant que mon voisin de gauche ou de droite de cette situation. Mais alors que je ne peux pas agir pour changer mon voisin, je suis seul maitre, à bord du navire de mon existence. Quand bien même je ne me sentais pas concernée par l’etat de la société, qu’en est-il de ma propre vie ?

                    par exemple, Tatiana, vous avez ecrit, :

                    « Seulement voilà : sommes-nous réellement, véritablement concernés par la transformation de cette société fondée sur l’indifférence, la compétition et la brutalité ? Suis-je effectivement consciente de l’urgence d’un tel changement, et du fait qu’il ne peut se produire qu’à travers le simple être humain que je suis ? »

                    Et bien, si je ne suis pas concernée, si ne me sens pas responsable de la situation globale, si je laisse faire, donc si je ne me responsabilise pas, si je ne me questionne pas sur mes rapports avec ma mere malade, mon frère délinquant, mon voisin chomeur, je vais etre la premiere à patir de la situation car je l’aurais alimentée. Soit je vis dans ma bulle et la non communication, soit je vis dans les non dits et/ou les conflits.

                    Et si l’autre m’indiffere, mon sort m’indiffere tout autant, je veux dire aussi le sort de l’humanité que je porte en moi. Hors, si je laisse uniquement la place à l’animalité en moi ( le requin de business, le serpent des relations fourbes, la pie interessée par le gain ...) alors je dois m’attendre à ce que mon voisin, mon frere, ma mère et tous les autres se comportent aussi de cette manière à mon égard.

                    Est-ce ce monde que je souhaite ? est-ce le monde que j’ai revé ? non, trois fois non. et se responsabiliser pour moi, cela veut dire, prendre en compte l’autre dans sa différence, se cultiver pour transmettre aussi aux moins chanceux, aux plus jeunes, cultiver ses relations humaines et ne surtout pas se prendre au serieux, sinon on devient ennuyeux pour soi meme et les autres, n’est-ce pas ;o) ? Pour finir je tiens à dire que je suis heurtée par la manière dont certains ici se sont exprimés, chacun est libre de donner son point de vue, et cet espace est là pour ça, mais est-ce une raison pour etre grossier ? Je trouve que traiter une personne que l’on ne connait pas de « nantie oisive » par exemple c’est une façon de l’attaquer non pas sur le fond de sa reflexion mais sur la forme et cela ne me semble pas être un combat loyal, puisque qu’il est aussi question ici de dignité.

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