Service pour le public ou service par le public ?
Acte I , scène I – Cela se passe il y a une bonne vingtaine d’années. A cette époque-là il n’y avait ni télécopie, ni ordinateurs. J’ai un problème avec ma taxe professionnelle. Mes lettres restant sans réponse je me décide à aller à l’hôtel des impôts de Paris XIème. Une jeune fille charmante me reçoit. Je lui explique mon problème. Elle m’envoie au bureau 417, 4ème étage, où on me dit que ce n’est pas du tout le bon endroit. Ce serait plutôt le 212, 2ème étage. Et c’est comme cela que commence une après-midi kafkaïenne pendant laquelle je serai envoyé de bureau en bureau jusqu’à enfin trouver le bon.
Acte I, scène 2 – Je téléphone aux affaires étrangères. Je demande le service qui s’occupe de signaler les pays dangereux et déconseillés à la visite. On m’envoie à un mauvais service qui me renvoie au standard et recommence une après-midi kafkaïenne par téléphone cette fois-ci. Je n’aurai jamais le bon service.
La première est que, bien entendu, c’est moi qui ai tort. Aux impôts j’aurai dû dire « je cherche le bureau 312 », et aux Affaires Etrangères j’aurai dû dire « passez moi le poste 26-33 ». C’est à l’usager de connaître l’organigramme des administrations pas au personnel.
La seconde est qu’il s’agit, cela va de soi,de faire des économies en engageant du personnel sous qualifié.
Acte II – Vingt ans ont passé.
Maintenant nous avons internet
Scène 1 – Je commande deux billets de train pour Aix en Provence sur le site de
Scène 2 – Retour d’Aix. Une amie nous accompagne à la gare. Elle doit monter à Paris dans 15 jours et a déjà réservé son billet par internet. Au courant de nos déboires elle en profite pour sortir ses billets de la borne orange. Et voilà que la machine lui donne deux allers Aix-Paris au lieu d’un aller-retour. A nouveau queue aux renseignements. La jeune fille de
Scène 3 – Quelques jours plus tard je me rends à la poste – J’ai trois grosses enveloppes à poster. Voilà le dialogue.
- Désormais nous ne timbrons plus le courrier, vous devez le timbrer vous même avec les machines.
- Très bien. Je voudrais aussi acheter 20 timbres à 0,90 Euros.
- Même chose, vous devez les acheter vous-même avec la machine.
- Très bien. D’autre part j’ai appris que les tarifs avaient changé. Est-ce que je pourrai avoir les nouveaux tarifs ?
- Vous n’avez qu’à regarder sur internet.
Que conclure de tout cela ? Qu’il n’y a plus de service public ? Qu’il y a en tout cas une tendance à faire faire le travail de l’administration par le contribuable, l’usager, le citoyen, appelez-le comme vous voudrez. Cette tendance existait déjà mais internet l’a renforcée. Reste à savoir si on doit accepter cela.
Patrick Kaplanian
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