Subprimes : ce que l’on ne dit pas
Le journal Le Monde a publié une chronique le 9 septembre 2007 intitulée Crise financière ou scandale bancaire ? Celle-ci accuse les institutions américaines dont certaines grandes banques d’être « des voleurs, des spéculateurs et des imbéciles ». Pour ce quotidien ils sont responsables de la crise immobilière et financière qui a touché cet été les Etats-Unis. Mais est-ce le manque de connaissance du système américain ou l’idéologie anti-libérale du journal qui est en réalité à l’origine d’une telle charge, qui comme nous allons le démontrer est tout à fait injustifiée et aboutit à une conclusion contraire au bon sens.
En effet, Le Monde accuse les institutions américaines (dont certaines grandes banques) d’avoir fait des crédits immobiliers hypothécaires à taux variables donc à hauts risques (les subprimes) à des ménages très modestes : « Mais voilà, des profiteurs ont vendu très cher des prêts dits "subprimes" à des ménages qui n’en avaient pas les moyens en leur promettant la lune (aucun apport, pas de paiement d’intérêts au début...), leur garantissant que le prix de leur logement allait monter, et se dépêchant de leur côté de revendre (titriser) ces prêts très rentables à des fonds ». Pour Le Monde l’origine de la crise immobilière et financière de cet été est à trouver dans ces prêts qui ont été consentis à des ménages en difficulté "par avidité du gain" comme le confirme cet autre article du Monde du 29 août 2007 : « Des organismes de prêts hypothécaires à risques américains sont les premiers responsables et acteurs de la crise. Ces établissements, qui ne sont pas soumis à la loi bancaire, sont censés accorder des crédits immobiliers à des ménages à bas revenus mais solvables. Pour augmenter leurs gains, ils se sont tournés vers des ménages en grandes difficultés financières. »
Mais si Le Monde a raison sur les conséquences de ces prêts à hauts risques, qui sont en effet responsables de la crise financière née cet été aux Etats-Unis, en revanche tout se complique quand il ne dit pas que ces soi-disant "voleurs-profiteurs" étaient dans l’obligation légale de faire ces prêts en vertu d’une loi appelée Community Reinsvestement Act (CRA) http://www.ffiec.gov/cra/history.htm.qui oblige les établissements de crédit à prêter à des personnes auxquelles de tels prêts n’auraient pas été sans cela accordés. Cette loi a été votée en 1977, à l’apogée de l’ère interventionniste et socialisante de l’Etat fédéral US (Nixon, Carter).
En somme, c’est une loi socialisante et donc l’Etat interventionniste qui est responsable de la crise qui a touché l’état fédéral US cet été et non comme le souhaiterait implicitement Le Monde le libéralisme et sa non-régulation. En se substituant aux "lois du marché" les politiciens qui ont voté le CRA ont joué avec le feu. Aujourd’hui les marchés financiers en payent les conséquences (voir l’article de Thomas Sowel dans le National Review Online du 8 août 2007)
Est-ce que Le Monde feint de l’ignorer, guidé par une idéologie anti-libérale en se gardant ainsi de donner cette information à ses lecteurs. Ou alors n’était-il pas au courant qu’une telle loi existait. Dans les deux cas ce journal ne mérite manifestement pas son surnom de journal de référence. Dissimuler des informations au nom d’une idéologie ou parler de ce que l’on ne connaît manifestement pas est-ce vraiment digne d’un journal de référence ?
Mais rassurons Le Monde, pour l’instant, aucun média français n’a évoqué cette loi, trop heureux sans doute de montrer les limites du soi-disant libéralisme américain. Mais alors nous devons nous poser la question existe-t-il en France une presse qui représente le libéralisme économique ? Est-ce qu’une démocratie digne de ce nom peut faire l’impasse de médias représentant une véritable diversités d’opinions ?
Le Monde conclut sa chronique par cette phrase : « Des gens si bien payés ont fait des bêtises, ils ne méritent aucune impunité. Ils doivent nettoyer leurs écuries, estimer dès maintenant l’ampleur de leurs pertes, le dire, reprendre les crédits normaux à l’économie réelle et prendre les moyens pour s’interdire de recommencer. Sinon, il faudra le leur imposer ». Conclusion qui, légèrement modifiée, nous semble tout à fait appropriée à notre texte : Des journalistes si bien payés ont écrit des bêtises accusant sans fondement le système bancaire américain et dissimulant des informations capitales pour la compréhension d’un phénomène économique mondial ils ne méritent aucune impunité. Ils doivent nettoyer leurs écuries, estimer dès maintenant l’ampleur de leur déficit de crédibilité, le dire... et prendre les mesures nécessaires pour ne pas recommencer. Sinon il faudra le leur imposer.
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