• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Une belle crise de panique !

Une belle crise de panique !

Voilà plusieurs jours que la catastrophe nucléaire au Japon monopolise toute notre attention et focalise sur elle nos pires angoisses. Scotchés devant nos téléviseurs, épouvantés par ce que subissent les Japonais et tout autant estomaqués par leur courage, leur force et leur calme dans la tempête, on apprend enfin le 17 mars au soir qu’une amélioration a eu lieu, et l’espoir renait un peu. Même si les Japonais sont aux premières loges de l’exposition à la radioactivité, et que nous sommes et resterons des privilégiés par rapport à eux, on ne peut s’empêcher de ressentir de l’angoisse quant au passage du nuage radioactif au dessus de nos têtes. De plus, nous sommes tous traumatisés par la catastrophe de Tchernobyl, même si nous n’en avons pas forcément conscience parce que cette tragédie s’est déroulée il y a vingt cinq ans maintenant, et aujourd’hui nous voyons le même scénario de l'accident nucléaire se renouveler.

Admettons que ce nuage survole la France. Et visiblement ce serait le cas la semaine prochaine, comme il a été annoncé au journal de vingt heures de David Pujadas ce 17 mars. On se contente de nous annoncer que cela ne sert strictement à rien de prendre des pastilles d’iode maintenant, mais ça, on l’avait bien compris (cela ne devrait pas empêcher, pensent certains, sans doute à raison, les autorités de les distribuer ou les vendre à titre préventif, mais on comprend fort bien que ne pas le faire constitue un bon moyen d’empêcher les gens de les prendre à tord et à travers, sur le coup de l’émotion –cette émotion qui est la preuve, soit dit en passant, que tout le monde, au plus profond de lui-même, est en réalité contre, totalement contre, et viscéralement contre le nucléaire.) de même qu’on nous annonce que le risque n’est pas grand ici, en cas de passage du nuage radioactif sur la France, d’une exposition dangereuse pour la santé, et ça, on ne demande qu’à le croire, bien que tout cela nous rappelle étrangement le nuage de Tchernobyl s’arrêtant aux portes de la France, attendant son visa de tourisme pour franchir la frontière… Quoi qu’il en soit, on ne nous explique absolument pas comment une distribution, si tant est qu’elle s’avère nécessaire cette fois ci, ou si un jour, même lointain, elle devait s’avérer nécessaire, serait organisée et mise en œuvre. Nous vivons dans un pays pas si grand que ça, mais abritant malgré tout plus de cinquante centrales nucléaires, ce qui est énorme, et on ne sait rien, strictement rien, des mesures que notre gouvernement prendrait en cas de catastrophe nucléaire sur le sol français. On se doute qu’en cas de nécessité, les évacuations se feraient dans le plus grand calme, les distributions de comprimés d’iode, ordonnées par le gouvernement, se feraient, bien entendu, de façon parfaitement organisée, en respectant les délais… Ce serait peut être le cas, mais le doute persiste car si l’on ne nous tournait pas si régulièrement en bourriques, nous serions beaucoup plus enclins à faire confiance à nos gouvernants et à les croire.

Mais pourquoi s’inquiéter, de toute façon ? On sait que, bien entendu, les centrales nucléaires françaises ne risquent absolument rien (bien que « le risque zéro n’existe pas » n’est-ce pas…) et surtout pas de connaître un jour le triste sort de celle de Fukushima, encore moins de celle de Tchernobyl. Forcément, puisque nos centrales sont au dessus de celles du reste de l’humanité… Et elles le resteront, croyez le ou non, même si chaque année les fait vieillir un peu plus, et même si nous les trouverons encore en activité dans dix, vingt, trente ou cinquante ans.

En ce qui concerne le drame de Fukushima, on entend sur une chaîne qu’il n’y a que peu de risques que le nuage de Fukushima atteigne nos côtes, sur une autre que des particules seront certainement détectées dans le courant de la semaine prochaine, comme il a déjà été dis plus haut.

Jeudi 17 mars au soir, toujours, David Pujadas, présentateur de la 2ème chaîne nationale française, reçoit François Fillon à son journal télévisé. J’écoute attentivement les déclarations de notre Premier Ministre concernant les essais que vont subir nos centrales nucléaires françaises, rassurée que le gouvernement ait entendu, ne serait-ce que partiellement, mais c’est mieux que rien, les arguments des militants anti-nucléaires, et qu’il envisage par conséquent un audit sur « l’ensemble », oui, l’ensemble, j’ai bien entendu, des centrales de l’hexagone, pour compléter les traditionnels contrôles… et là… je manque de m’évanouir tant le choc émotionnel est fort. Mon cœur se met à battre comme un fou, j’ai soudain du mal à respirer, je suis oppressée, et la peur me retourne tellement l’estomac que je m’effondre en larmes. Je sais que je suis à fleur de peau en ce moment, car je n’ai jamais réussi à oublier la catastrophe de Tchernobyl, dont les images, que j’aurais mieux fait de m’abstenir de regarder, m’ont complètement traumatisée, et que ces nouvelles images en provenance de Fukushima me replongent dans cette atmosphère de cauchemar que nous croyions ne plus jamais revivre. Il y a également de grandes chances que, pour ces raisons de tension nerveuse, je n’ai pas bien compris ce dont il s’agit. Mais ce que j’entends ce soir, annoncé sur un ton parfaitement calme et anodin, comme si tout cela était parfaitement normal, est ni plus ni moins qu’il s’agit d’un test de résistance à la pire des situations, un test qui va mettre nos centrales dans la même situation qu’à connue celle de Fukushima ! Ca me semble franchement risqué ! Et si l’une, ou l’autre, de nos centrales, ne résistait pas à ce test et partait en vrille ? Bien que je sente déjà mon cœur commencer à battre plus fort, je continue à écouter, et là mon souffle se coupe complètement et mon cerveau s’emballe, car j’entends « système de secours »… « coupure électrique »… et je crois comprendre qu’on va soumettre les centrales à une coupure électrique afin de voir comment répond et se comporte le système de secours. Et c’est là que je panique totalement et manque de m’évanouir, et pas au sens figuré, car si je ne suis pas sûre d’avoir bien compris qu’il s’agit bien de couper l’alimentation électrique pour tester les systèmes de secours, je suis sûre d’une chose : c’est suite à un test de ce genre que le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl a explosé !!

Cette expérience, ai-je lu, « prévue sur le réacteur no 4, pour tester l'alimentation électrique de secours qui permet au réacteur de fonctionner en toute sécurité pendant une panne de courant. », effectuée par les Soviétiques en avril 1986, a mal tourné, ce qui évidemment n’entrait pas dans le cadre du protocole officiel, et a provoqué la perte totale du contrôle de ce réacteur, avec les conséquences apocalyptiques que l’on sait…

Je force alors mon esprit à se calmer, je me raisonne, je parviens à me ressaisir, mais c’est difficile après avoir entendu des informations si peu détaillées, si peu explicitées et que j’ai inévitablement recoupées avec ce que j’ai lu, et je finis tout de même par me dire que si la procédure de test effectuée sur nos centrales est bien la même (dans son principe général) que celle effectuée à Tchernobyl, il est évident que cela ne sera pas effectué dans les mêmes conditions, ni avec la même désinvolture qui fut celle des Soviétiques, qui ont commis des erreurs grossières et monumentales lors de ce test, et que de toute façon nos centrales, et c’est un fait, ne sont pas construites sur le même modèle que celle de Tchernobyl. Nos centrales sont stables, et je ne pense vraiment pas qu’il s’agisse là d’un mensonge, elles n’ont pas été conçues à la va-vite ni construites tout aussi à la va-vite, sans respect de véritables mesures de sécurité, comme le fut la centrale de Tchernobyl, la légendaire centrale « Vladimir Ilitch Lénine » qui faisait la fierté du régime soviétique, la centrale modèle dont la notoriété se devait déjà de « rayonner » au-delà des frontières de l’Empire.

Et pourtant, malheureusement, la peur est là, maintenant. J’angoisse désormais au sujet de la réalisation de ces tests, que j’avais accueillis avec soulagement. Je me dis que l’erreur a toujours été humaine, et que si ces tests ne sont pas effectués dans le cadre d’une sécurité absolue, l’un de nos joujous atomiques ne risque-t-il pas, lui aussi, de s’emballer et se mettre à danser la gigue ? J’aurais préféré que Monsieur Fillon explique mieux ce dont il va s’agir exactement, ou alors qu’il ne dise rien, carrément.

Parce que j’en viens à me dire, moi qui défends farouchement la pluralité et la liberté d’information, et donc la transparence totale, qu’il n’est finalement pas si mal que cela quand nos gouvernants nous mentent par omission. Je me surprends à penser que les nouvelles rassurantes, même si on doute de leur authenticité, ça a parfois du bon ! Ou sans pour autant nous mentir, qu’ils s’abstiennent de donner des informations inutiles dans le sens où elles ne peuvent que nous embrouiller l’esprit si elles sont partielles, ou nous paniquer si nous les recoupons avec d’autres trouvées par le biais de nos recherches personnelles.

Car s’il est bien de pouvoir avoir librement accès à l’information, ce qui est un gage et le signe d’une démocratie, il est vrai aussi qu’avec ces flots d’informations désormais à notre portée, parfois des informations anarchiques ou à la limite de la fiabilité d’ailleurs, que l’on trouve surtout sur internet qui contient tout ce qu’on cherche et plus encore, comme une sorte de gigantesque buffet à volonté, avec cette liberté et cette possibilité de se documenter à tous les râteliers, quitte à ne plus rien comprendre à ce que l’on lit, je finis par me demander si nous ne risquons pas de devenir, sur certains sujets sensibles comme celui là, des hypocondriaques de l’actualité, recoupant des informations qui n’ont pas lieu de l’être, voyant des « maladies » là où il n’y en a pas, angoissant en permanence pour rien. J’en viens même à regretter d’avoir allumé la télévision pour écouter le journal. Ou d’avoir lu l’article de Wikipedia sur les causes de la catastrophe de Tchernobyl. Au choix. Dans un cas comme dans l’autre, cela m’aurait évité une belle crise de panique préjudiciable au bon fonctionnement de mon cœur.

Quoi qu’il en soit, j’espère vraiment entendre de plus amples informations, dans les jours qui viennent, au sujet de ces tests auxquels nos centrales nucléaires vont être soumises. Et en règle générale, merci de donner plus d’informations, claires, précises et détaillées, ou pas d’information du tout, s’il vous plait ! C’est l’un ou l’autre, mais ce « un peu mais pas trop » ne peut que semer le doute et la méfiance dans les esprits.

En tout cas, je vais désormais laisser librement se réveiller ces convictions anti-nucléaires qui dormaient (plus ou moins) en moi, qui dorment en fait en chacun de nous mais font périodiquement remonter à la surface l’angoisse devant le risque qu’un nuage radioactif traverse notre pays ou qu’une catastrophe majeure s’abatte sur nous, et me laisser devenir une partisane de la nécessité absolue de sortir du nucléaire et de passer à des énergies renouvelables au plus vite, même si ce « plus vite » doit prendre vingt ans.

Moins nous consommerons d’électricité, plus nous l’économiserons, moins nous solliciterons nos centrales nucléaires, et plus vite nous pourrons décrocher cette épouvantable épée de Damoclès qui se balance lentement et sournoisement, au gré des vents, au dessus de nos têtes. Et quand les centrales nucléaires auront toutes été définitivement arrêtées, l’angoisse qui nous tenaille sera démantelée avec elles.

« Il faut trouver de nouvelles sources d’énergie. […] Tchernobyl nous a montré la véritable nature de l’énergie nucléaire entre les mains de l’homme. » Mikhaïl Gorbatchev. 2006.


Moyenne des avis sur cet article :  4.11/5   (18 votes)




Réagissez à l'article

32 réactions à cet article    


  • le journal de personne le journal de personne 18 mars 2011 10:06

    Apocalyps o
    Suis-je bête ?
    Le monde marche ! Pourquoi ne tournerait-il pas ?
    C’est la vision des nombres. Nous allons à l’Esprit.
    C’est très-certain, c’est oracle, ce que je dis.
    Je comprends, et ne sachant m’expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire.

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/03/apocalypso/


    • Nometon Nometon 18 mars 2011 10:53

      Ci-joint une lettre signifiante de Français vivant au japon, un témoignage précieux et un autre regard sur les événements actuels. Ces personnes, là-bas, nous font part de leur malaise face à la médiatisation de la peur qui est organisée sciemment ici :

      http://jbourdon.org/lettreAMaFamille.html


      • Surya Surya 18 mars 2011 12:21

        Bonjour Nometon,

         

        Merci pour votre commentaire et pour la reproduction de ce témoignage. Je crois que la peur, comme celle, dont j’ai évidemment conscience qu’elle était disproportionnée, que j’ai ressentie au sujet de ces tests et que j’ai voulu raconter car je crois qu’elle est symptomatique d’un état d’esprit dans lequel on nous met, sciemment ou non, n’est pas le signe qu’ici nous ne pensons qu’à notre nombril, ce n’est pas ça, mais qu’il y a très probablement une montée de la conscience qu’ont les gens en règle générale, dans le monde, des risques encourus par l’utilisation de l’énergie nucléaire, et de la nécessité de revoir notre position. Et cette montée de l’anti-nucléaire ne peut s’exprimer, malheureusement, que par de la peur, fut-elle complètement irrationnelle, car la vérité est que nous ne faisons plus guère confiance à ce que l’on nous dit. Il y a une part de parano là dedans, c’est sûr, mais cette peur est aussi alimentée par une information distillée de façon partielle et incomplète, avec un manque de transparence. Puisqu’on nous parle de tests prochains, tant qu’à faire j’aurais aimé avoir un exposé complet et exhaustif sur la façon dont ils vont être réalisés, les mesures de sécurité qui seront mises en œuvre, etc. Si on sent que l’on a affaire à des gens qui nous informent avec transparence et honnêteté, on leur fait totalement confiance. Mais nous dire que tout va bien en nous prenant pour des enfants et en ne nous donnant qu’une information partielle ne veut pas forcément dire que ça va mal, bien sûr, mais cela alimente la peur dans les moments les plus émotionnels, la méfiance le reste du temps. C’est pour cela que je me suis dis que dans des cas comme ça, il valait mieux soit donner tous les éléments pour une bonne compréhension de la situation, surtout pour des gens comme moi qui ne sont pas scientifiques, et donc forcément réagissent plus avec leurs émotions qu’avec leurs connaissances précaires (piochées ici et là), et ne peuvent donc comprendre que difficilement ce qui se passe, soit ne rien dire du tout.

        Pour ma part, je ne fais pas partie d’un lobby anti-nucléaire, même si ma conviction anti-nucléaire est renforcée par ce qui se passe au Japon, dans le sens où je n’ai adhéré à aucune association, ne participe pas aux manifestations (je ne dis pas que ce ne sera pas le cas un jour, j’en sais rien) cependant je ne pense pas que les écolos cherchent à récupérer les événements pour leur propre compte, car cela fait des années et des années qu’ils avertissent sur ces risques, mais aussi sur la réelle possibilité de passer progressivement (évidemment, pas de façon brutale, ce n’est pas possible) à une autre forme d’énergie. Car ces autres formes d’énergie existent bel et bien, et la transition pourrait sûrement se faire sur quelques dizaines d’années. Les écolos, et leurs arguments, sont actuellement placés par les média sur le devant de l’actualité, ce qui pousse certains à dire qu’ils profitent de la situation pour se faire de la publicité. Je ne pense vraiment pas que ce soit leur motivation.

        Très cordialement,


      • Ariane Walter Ariane Walter 18 mars 2011 10:55

        Chère Surya,
        Bienvenue au club de ceux pour qui le progrès doir rester humain et respectueux de la vie.
        Moi aussi, j’ai eu le ventre tordu pendant ces quelques jours..
        Et ceux qui trouvent ça très bien, inéluctable, ce sont des fous..


        • Surya Surya 18 mars 2011 12:26

          Chère Ariane,

          Je crois que notre civilisation confond les notions de « progrès » et d’ « avancées technologiques ». Le progrès signifie forcément que la nouveauté introduite dans la vie quotidienne des gens va améliorer leur bien être, les aider à tendre vers le bonheur, et c’est ce progrès là qui est humain et respectueux de la vie, tandis que les avancées technologiques ne sont qu’un confort de plus, et en plus quelque chose de jamais indispensable ni vital pour notre bien être.
          Amicalement,


        • Fergus Fergus 18 mars 2011 11:21

          Bonjour, Surya.

          J’ai la chance d’être plutôt fataliste face aux menaces de catastrophe et par conséquent pas angoissé pour moi-même. Je le suis en revanche beaucoup plus pour mon petit-fils, infiniment plus exposé que moi et dont la vie est encore presqu’entièrement à écrire.

          Fataliste, oui, mais également très remonté contre ceux qui, comme Sarkozy, bradent le nucléaire aux intérêts privés ou postulent, comme l’a dénoncé Le Canard Enchaîné, qu’il convient de limiter les systèmes de sécurité pour ne pas hypothéquer la rentabilité de la filière. Quoi d’étonnant chez celui qui, avant Cynthia, préconisait de « rendre constructibles les terrains inondables » ?

          Pour ce qui est des déclarations de Fillon, je n’y attache pas d’importance. Et pour cause : il ne connait rien au sujet. Je préfère m’en remettre aux avis des experts indépendants qui s’expriment ici et là dans les médias, et souvent avec une très grande pertinence.

          Cordiales salutations.


          • Surya Surya 18 mars 2011 12:39

            Bonjour Fergus,

            Le problème, si Mier François Fillon ne connait effectivement rien au sujet, c’est que moi non plus. Et si lui, qui est Premier Ministre, ne connait rien au sujet, alors qu’il pourrait obtenir toutes les infos qu’il veut, c’est tout de même grave, et ça veut dire en plus que des gens comme moi, comme nous tous les simples citoyens, n’y connaîtront jamais rien. Cependant, même s’il n’y connaît rien à la base car tout le monde n’est pas expert en énergie nucléaire, évidemment, et il n’y a pas de honte à le reconnaître, il est sûrement et forcément conseillé et tenu au courant par ces experts pour les décisions qu’il doit prendre.
            Malheureusement, les gens prennent souvent de mauvaises décisions parce que soit ils n’étudient pas suffisamment TOUTES les conséquences possibles sur le TRES long terme, soit parce qu’ils ne veulent voir, par excès d’optimisme ou autre raison, que ce qui les arrange, et correspond à leur opinion préalablement établie sur la question, qu’il est toujours difficile de remettre en question, car quelque soit un sujet donné, c’est toujours soi même que l’on remet en question quand on change d’avis.
            Amicalement,


          • Annie 18 mars 2011 11:33

            Bonjour Surya,
            Morice avait fait à l’époque un bon article sur Three Mile Island et le film China Syndrome. J’espère qu’il ne m’en voudra pas de copier le lien ici. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/atom-heart-fucker-saison-7-la-nuit-74969
            Etrangement, c’est le film qui m’avait le plus terrifié.


            • Surya Surya 18 mars 2011 12:57

              Bonjour Annie,

              Je vais aller lire l’article de Morice que je n’avais pas vu passer sur le site, merci pour ce lien. Les images font appel à notre émotionnel et à notre imaginaire, elles nous frappent au coeur même de notre système sensoriel, et c’est en cela qu’elles sont beaucoup plus terrifiantes que des explications écrites. Nous devrions peut être aussi remettre en question notre façon de nous informer, réfléchir à la façon dont nous nous informons. Nous vivons désormais dans une « société de l’information » qui fonctionne un peu n’importe comment, avec les risques de désinformation que cela comporte.
              Cordialement,


            • joelim joelim 18 mars 2011 11:34

              Vu l’irresponsabilité des gens en charge de l’énergie nucléaire (voir au Japon où ils n’ont même pas pensé à surélever les moteurs diesels pour les préserver d’un tsunami), on peut s’attendre à au moins un grave problème quand ils vont tester les centrales. 

              Le cas de l’essai catastrophique à Tchernobyl est en effet parlant.

              Le manque total d’information auquel ils nous ont habitué nous autorise pleinement à anticiper cela.

              • Surya Surya 18 mars 2011 12:49

                Bonjour Joelim,

                Le manque d’information laisse en effet la place à toutes les anticipations, qu’elles soient fondées ou non, et c’est bien là effectivement le problème. Cependant, en ce qui concerne les tests, la différence avec Tchernobyl, c’est que là bas ils ont désactivé volontairement des systèmes de sécurité, je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça, mais j’imagine qu’ils pensaient que ça faciliterait le test. Si ça se trouve, la centrale n’aurait pas explosé s’ils ne l’avaient pas fait, allez savoir.
                Maintenant si nos tests à nous respectent scrupuleusement la sécurité à 100% et sont fait dans la plus totale rigueur, on peut supposer qu’il n’y aura pas de grave problème. Car si c’était tout de même le cas, cela signifierait sans doute que nos centrales sont obsolètes, du moins c’est ainsi que je le comprends, et si elles le sont, je suppose qu’elles seront définitivement fermées.
                Si tout se passe bien, en tout cas disons si seuls des problèmes mineurs sont détectés, il reste tout de même celui de savoir ce que vont devenir ces centrales dans vingt ou cinquante ans. Je n’arrive pas à croire qu’il ne faille pas les fermer de toute façon un jour. Alors pourquoi ne pas commencer à le faire dès maintenant ? A-t-on l’intention de nous débarrasser de ce problème encombrant sur nos petits enfants ?


              • easy easy 18 mars 2011 12:54


                J’aime beaucoup ce papier.

                Surya aborde un sujet inédit, celui des tests à faire en France et de leurs éventuelle mise en vrille.

                Un test peut toujours partir en vrille. C’est d’ailleurs pour ça qu’on limite leur nombre et leur ampleur.
                Mais bon, c’est le jeu du progrès. Quand on a fini un pont, on doit le tester et on y place des charges, des surcharges. S’il casse bin...

                On limite toujours l’ampleur des tests sauf si on peut les réaliser en conditions plus sûres.
                L’exemple le plus ordinaire et parlant est celui du test des bouteilles de plongée. Régulièrement, il faut les faire rééprouver. Le testeur, au lieu de surgonfler la bouteille avec de l’air et en plein air, le fait en piscine, la bouteille étant immergée. Et au lieu de la remplir d’air comprimé, il y injecte de l’eau sous pression équivalente. Si la bouteille est fêlée ou rouillée, elle casse sans aucune explosion. On voit, sous l’eau, la bouteille s’ouvrir avec un léger poc et voilà. Le client se retrouve à devoir se racheter une bouteille neuve, rien de grave. Alors que si cette bouteille avait explosée remplie d’air à 200 bars pendant que le plongeur respirait avec, bin....très bobo. 

                Dans un bâtiment, quand on doit tester les systèmes incendie, on ne met pas le feu au bâtiment, on utilise par exemple un fumigène.

                Il y a énormément de tests probants qui sont effectués de manière pourtant décalée et non dangereuse.

                Mais il va de soi que quand on teste par exemple un circuit de mise à la terre ou un circuit sous tension, on doit d’abord prendre certaines précautions, en particulier d’isolement du système en question.

                Certains systèmes, surtout quand ils sont lancés en production, ne peuvent pas être isolés (un haut-fourneau ne doit jamais être arrêté sinon il est perdu) 
                Les tests, dans une usine, dans une centrale, surtout nucléaire, se heurtent à cette impossibilité éventuelle d’isoler un dispositif du reste. On est alors « tenté » de faire certains tests sans isoler. C’est à peu près ce qui s’est passé à Tchernobyl et hélas, une cascade de problèmes ont mis le feu au lac. Pour éviter ce risque, bin on évite ce genre de test dangereux et on se contente d’évaluations. (On fait sauter une bombe atomique sous terre ou dans l’océan et on évalue les résultats en les corrigeant de ce contexte spécial) 

                Si l’on envisage de tester la résistance à la pression statique interne d’une enveloppe de coeur nucléaire, alors qu’on aurait pu faire un test analogue à celui des bouteilles de plongée avant la mise en route de l’usine, on voit qu’il n’est plus possible de le faire après sa mise en service. C’est donc par toutes sortes d’autres moyens qu’on va estimer sa solidité et non l’éprouver. On va d’abord la « regarder » avec des robots qui remarquent les pailles et fêlures, qui contrôlent les épaisseurs, On va sonner, comme une cloche d’église, pour détecter une anomalie de résonnance, on peut aussi faire des prélèvements de petits échantillons, etc.

                Idem pour la grosse structure en béton, on ne peut pas la soumettre à un tremblemen,t de terre artificiel de force 8 mais on peut lui faire subir un petit tremblement et vérifier comment chaque endroit réagit.

                Au total, on fait tout ce qu’on peut pour tester et corriger. Dans certains détails on garantit 100 fois le risque et on s’évite 1 000 000 accidents par jour mais dans le global on reste forcément en deçà des conjonctures accidentelles qui ont toujours de quoi nous surprendre un jour ou l’autre. 
                Quand je dis global, sur le plan des accidents, ce n’est pas seulement le global de l’usine qui importe mais aussi le global de son environnement proche, le global de ses employés, le global météorologique, le global politique, etc.

                Une voiture très sûre, pilotée par un ivrogne ou un type en colère, ça donne une situation globalement dangereuse. 

                Concernant Fukushima, je ne serais pas étonné d’apprendre plus tard, qu’une accumulation d’incuries, de négligences et de radineries ont favorisé cet accident.



                Un test c’est toujours de l’argent.
                Une amélioration c’est toujours de l’argent.
                Du bon personnel en nombre suffisant, c’est toujours de l’argent.

                Mais nous trouvons tous que notre note d’électricité est trop élevée n’est-ce pas ?


                • Surya Surya 18 mars 2011 13:21

                  Bonjour Easy,

                  Merci pour ces informations.
                  Une négligence peut être involontaire, ce peut être un oubli, mais la radinerie est calculée et donc impardonnable. Malheureusement, la radinerie est monnaie courante.
                  Nous payons je crois notre électricité bien moins cher que les autres habitants de l’Europe, mais je préfèrerais mille fois la payer plus cher que le tarif actuel, plutôt que de continuer à la recevoir grâce à un moyen de production si risqué qu’on est obligé de le soumettre périodiquement à des tests si délicats que l’on doit s’entourer de mille précautions pour pouvoir les effectuer.
                  Cordialement,


                  • easy easy 18 mars 2011 14:02

                     C’est aussi l’occasion de dire un mot sur deux sortes de produits que nous utilisons.

                    Il y a les produits de série et il y a les prototypes.

                    Lorsque Renault lance la production d’une tite bagnole, alors que ça fait un bail qu’il fait des voitures, alors que le nouveau modèle ne diffère du précédent que par son design, alors que des prototypes ont été fabriqués, alors qu’il y a eu des centaines de corrections faites sur présérie, il se produit encore des centaines de problèmes différents.
                    Et malgré toutes ces corrections, le constructeur se retrouve parfois à devoir rappeler des véhicules en circulation parce qu’il a découvert un lézard passé inaperçu pendant des années.



                    Contrairement aux ordinateurs, aux montres, aux brosses à dent et aux voitures, les usines sont toutes des prototypes.

                    Chaque centrale nucléraire est un produit unique dont la construction a tenu partiellement compte des avanies des centrales précédentes mais qui est encore bourrée de défauts.
                    Il faudrait donc une grande conscience des opérateurs pour rechercher, pendant son fonctionnement, ce qui pourrait passer à la panne et refuser de s’endormir sur le ron-ron des moteurs. 

                    Or une obsession de recherche de risque est hyper stressante et est incompatible avec le discours rassurant qu’on doit tenir aussi bien vis-à-vis des populations que vis-à-vis des employés de la centrale.

                    Et si par extraordinaire l’on appliquait une politique de mise en examen constante d’une centrale, il faudrait que son enveloppe pécuniaire de « travaux modificatifs » soit sans limite.

                    Une centrale nucléaire ne devrait jamais être confiée au secteur privé.


                    • Surya Surya 18 mars 2011 15:25

                      Alors c’est qu’ils n’ont rien compris, car justement, ce qui me rassurerait, moi personnellement, ce serait de savoir que des recherches constantes de risques ont lieu, c’est à dire en gros qu’on ne néglige aucun paramètre. C’est justement avec ce genre d’attitude responsable que les problèmes peuvent être évités, pas en mettant la tête dans le sable.
                      Les employés des centrales nucléaires ne sont pas stupides, ils savent très bien où ils travaillent. Leur tenir un discours rassurant est humain, compréhensif, mais contre productif. Leur grande conscience peut très bien venir de consignes extrêmement strictes venues « d’en haut », qu’ils sont tenus de respecter, si toutefois ils ne le faisaient pas spontanément, ce qui déjà me semblerait incroyable.
                      Mettre les centrales nucléaires entre les mains du privé, qui ne pense qu’à la rentabilité et à ses intérêts personnels, est en effet de l’irresponsabilité pure.


                    • amipb amipb 18 mars 2011 14:42

                      Très bon article qui résume bien l’angoisse que nous subissons ici, nous français/européens/occidentaux, et qui a l’air de se propager maintenant un peu au Japon. Ma belle-famille, par exemple, de prime abord très calme, tend à succomber un peu à la panique, notamment suite au discours des américains sur l’extension de la zone d’évacuation autour de Fukushima Daiichi (de 30 km à 80 km).

                      De même, les japonais sont devenus très critiques contre la télé NHK et le gouvernement, suite à une différence de traitement de l’information, comparée aux médias étrangers.

                      Reste que nos médias n’hésitent pas à tomber dans la surenchère, il faut donc, à mon humble avis, essayer de touver la ligne médiane.


                      • Surya Surya 18 mars 2011 15:34

                        Bonjour Amipb,

                        Au delà de l’information brute que diffusent les média, il y a très certainement, en effet, une petite guéguerre d’audimat entre eux pour rameuter chez eux le plus d’auditeurs/téléspectateurs possibles, d’où cette surenchère d’images choc qui marquent les esprits. Si c’est « compréhensible » pour les chaînes privées, qui ont besoin de ça pour faire leur beurre, au moins, cela ne devrait pas être le cas sur les chaînes publiques !
                        Cordialement,


                      • Surya Surya 18 mars 2011 20:25

                        Peut être êtes-vous totalement insensible à ce qui s’est passé au Japon, peut être vous fichez vous totalement ce qu’ont subi les Japonais. C’est triste pour vous, mais ça vous regarde. Personnellement, ce n’est pas mon cas, fort heureusement, raison pour laquelle j’étais « épouvantée ». C’est bien le terme qui convient.
                        Par contre, je n’ai pas employé le terme de « terreur » nucléaire.
                        Si un jour vous deviez subir comme eux, en l’espace de quelques jours seulement, un énorme séisme, puis un tsunami dévastateur, puis une catastrophe nucléaire, vous penseriez très certainement beaucoup moins au prix de vos morilles.


                      • Surya Surya 18 mars 2011 21:18

                        Désolé, mais on peut compatir aux malheurs des Japonais, admirer leur sang-froid et leur civisme, surtout quand on fait des parallèles avec La Nouvelle-Orléans et Haïti, sans éprouver la moindre angoisse, ni la moindre épouvante.
                        On peut en effet compatir calmement, ou éprouver des sentiments. Si par exemple je vois à la télé une personne pleurer parce qu’elle a perdu toute sa famille, c’est très difficile pour moi de me retenir de pleurer aussi. Je suis une personne calme et modérée sauf devant le malheur des autres, et là j’éprouve des sentiments très forts, c’est comme ça j’y peux rien. Ce n’était pas la peine de m’agresser en me parlant de délire, car il n’y a absolument rien de délirant là dedans.
                        L’épouvante, je l’ai ressentie pour ce qu’ont subi les Japonais. L’angoisse, c’était à cause de ce que j’ai entendu au sujet des tests. Ce n’est pas pareil. Cette angoisse, et même cette panique fort heureusement passagère, c’est la première fois de ma vie qu’une annonce télévisée la provoque, et elle est tout à fait compréhensible. Je pense qu’elle est due au fait que tout ce qui s’est passé, plus ça (manque d’information, contradiction des informations...) a provoqué chez moi une véritable prise de conscience, qui s’est manifestée de façon plutôt brutale, démesurée, effectivement, mais au moins elle a eu lieu.


                      • easy easy 18 mars 2011 18:30

                        Cette catastrophe est l’occasion d’hystériser mais c’est aussi l’occasion de reconnaître nos torts.


                        Je ne ne parle pas de la partie très naturelle de la cata japonaise (au sujet de laquelle il y aurait pourtant beaucoup à dire en matière d’amélioration des remparts). Je parle ici de sa composante nucléaire.

                        Fondamentalement, seuls ceux qui ont très clairement voté contre le nucléaire (donc les 3% de Verts et les 2% d’extrême gauche) ne devraient pas être considérés comme responsables de cet accident. Il n’est pas normal de ne pas commencer nos diatribes en précisant ce fait et de n’être prodigues que d’accusations d’autrui alors qu’on ne fait pas partie des 5 % d’authentiques anti nucléaires.

                        95 % des électeurs ont considéré d’autres impératifs que la sécuyrité nucléaire et n’ont pas voté anti nucléaire. Mais maintenant 95% des intervenants vont à accuser les uns ou les autres mais surtout pas eux-mêmes.



                        Plus haut, comme nous parlions d’une politique particulièrement méfiante qu’on devrait appliquer quand on pilote un site nucléaire, une usine Seveso, une plateforme de forage ou une usine d’incinération mais que cette méfiance était stressante et invivable, Surya m’a répondu que c’est bien regrettable d’être dans le déni du danger.

                        En effet, dans une usine à gaz, qui est toujours un prototype, les opérateurs devraient constamment se dire de chaque bidule qu’il est sur le point de dysfonctionner. Et les politiques sécuritaires des sites dangereux sont déjà draconiennes. Mais il est tout bonnement impossible, humainement parlant, d’être constamment méfiant, parano.

                        Seul un robot n’a pas besoin de poser son cul sur une marche pour papoter chiffons et barbecue avec un collègue au milieu d’une usine Seveso.


                        Là, depuis 7 jours, l’équipe de Fukushima est forcée de se dire à chaque seconde « Il y a mille trucs qui peuvent défaillir ». Ils ne pourraient en aucun cas tenir cette pression pendant des semaines et encore moins des années. Et là, je dirais qu’ils n’ont quasiment rien d’autre à faire qu’à regarder et à fantasmer sur les pannes potentielles en plus de celles qui sont avérées. Mais une telle méfiance en temps normal, ça les obligerait à courir constamment à tous les systèmes et à les vérifier tous dix fois par jour. De même qu’un type pris de tics et de tocs va vérifier 100 fois qu’il a bien éteint le gaz chaque fois qu’il quitte son appartement. Une hyper vigilence est inhumaine. Nous avons besoin de décontraction, de confiance, sinon ce n’est plus de la vie mais de la survie.


                        Surya me dit aussi qu’un patron devrait informer ses salariés des vrais risques et non pas permettre que s’installe un climat de confiance. Il y a de ça dans la pratique et dans toute la mesure de la charge maximale de stress de méfiance qu’un individu peur supporter. Mais lorsque nous jetons une vilaine saleté dans une poubelle, inscrivons-nous sur cette poubelle un mot de prévenance ou de sécurité à l’intention des éboueurs ?
                        Lorsque nous appelons les pompiers pour qu’ils récupèrent notre chapeau perché en haut d’un arbre, est-ce que nous disons au brave qu’il prend trop de risques inutiles ?
                        Lorsque nous permettons à notre chien de crotter un trottoir, est-ce que nous entourons le piège d’un dispositif épargnant les gens ? Lorsqu’il est écrit sur les bidons de produits qu’il ne faut pas les jeter dans les égouts et que nous le faisons quand même, est-ce que nous avertissons les opérateurs des usines de traitement des eaux qu’ils courent un danger ? Lorsque nous conduisons à moitié endormi, est-ce que nous mettons un bandeau signalant aux autres que nous sommes dangereux ? Lorsque nos freins sont usés, est-ce que nous hurlons aux gens de se garder de nous ? Lorsque nous avons le Sida, est-ce que nous nous précipitons pour prévenir ceux que nous approchons ?
                        (A cette heure-ci, il n’y a encore que deux peuples au Monde où les gens portent un masque pour protéger autrui de leur contagiosité) 

                        C’est cent fois par jour que nous mettons les autres en danger et que nous le dénions.




                        Je cite ici quelques exemples pour montrer que la direction d’une usine à gaz cherche à maintenir une certaine méfiance (qu’ils appellent vigilence) mais vous verrez que ça pèse tellement qu’il y a une limite de charge impossible à dépasser.

                        Déjà on n’entre pas sur un site classé sans passer par un poste de sécurité qui nous liste ce qu’il faut faire et ne pas faire. On gare sa voiture en reculant (pour pouvoir repartir vite sans manoeuvrer). Pas de GSM allumé (étincelles, rayonnements). Aucun objet dans les couloirs. Connaissance des point de regroupement, immeuble par immeuble.

                        Un jour, sur le site Aventis d’Alforville, un sous-traitant s’arrête avec sa fourgonnette sur une des 36 allées de circulation. Là, il allume son portable, fume un clope et jette son mégot dans une grille d’égout. Un agent du site l’a pris en flag et il a été proscrit du chantier (un site est un chantier permanent). Les égouts d’un site industriel peuvent très souvent contenir des rejets inflammables.


                        Panneau d’affichage avec le nombre de jours sans accident (record à battre).
                        Chaussures de sécurité, casque et lunettes antiprojection à chaque entrée de labo. Aucun animal. Interdiction de courir pour rien. Interdiction de marcher ou de traverser n’importe où. Tout est balisé.

                        Quand on intervient comme sous-traitant, on remplit une liasse indiquant cent choses dont les risques que nous prenons et les outils que nous allons utiliser. Aucune possibilité de faire tourner une machine sans une cascade d’autorisations et après que les chefs de labos aient purgé les circuits de tout gaz inflammable. Impossibilité de placer ou d’utiliser quelque dispositif électrique qui ne soit antidéflagrant.

                        Je vais vous donner un exemple de stress élevé permanent. C’est chez Aventis. On y teste toutes sortes de produits pour des tas d’autres industries. Non seulement on doit manipuler des produits qui cassent des chromosomes en enfilant deux paires de gants de nature différentes mais on doit aussi préserver la virginité ou pureté des produits qu’on teste. Si l’on a besoin de tester un rouge à lèvre sur la peau d’une souris, cette souris doit avoir passé toute sa vie sous bulle stérile. (une souris blanche de haute catégorie peut coûter 1000€) Or il faut bien les nourrir ces bestioles, il faut laver les cages, il faut entrer, sortir de cette zone spéciale. Bin c’est hyper tendu pour le personnel et en permanence. Ils sont donc une très petite équipe ; Ils savent que moins ils sont nombreux, moins il y a de risques de fautes et de pollution externe.
                        Dans cet endroit, il y a des « primates non humains » des singes donc. Eux aussi mis sous bulle depuis leur naissance. C’est glacial de propreté. Façon 2001 d’Odyssée de l’Espace. Les cris des singes résonnent car les sols, les murs, les plafonds sont archi vides de toute chose et lisses comme des miroirs. Et dans les pièces périphériques aux vitrages fixes et entièrement dépolis, se trouvent les salles de dissection avec une paillasse centrale comportant des rainures pour les jusn un scialytique et des paillasses périphériques pour les instruments d’observation.
                        Chaque fois qu’on entre dans cet endroit c’est parce qu’on a une très bonne raison car les 98% des autres employés de l’entreprise n’y entrent jamais. Partout des panneaux en interdisent l’accès. Et quand on doit absolument y entrer, il faut 30 minutes pour revêtir une panoplie de fringues spéciales et jetables.


                        Toute la vie sur site des employés de ce genre d’endroit est programmée, enregistrée et contrôlée. Ils opérent comme des zombies, ils ne doivent pas se laisser aller à de la rêverie ou de l’improvisation. Du coup, ainsi placés sur des rails, ils sont incapables de réagir à quelque chose qui n’a pas été prévu ou nomenclaturé. Si leurs pensées allaient par exemple à s’interroger sur le mauvais sort fait aux animaux, non seulement ils feraient des erreurs mais ils plomberaient l’ambiance déjà pesante. Celui qui exprime une pensée libre est blâmé par ses collègues et sera écarté car considéré comme non fiable donc dangereux. Le rigorisme des procédures de sécurité permet donc à la direction de contrôler son niveau de qualité directe mais aussi d’empêcher les états d’âmes de survenir. On est tellement stressé par les mesures de confinement et de sécurité qu’on ne peut pas se poser des questions supplémentaires. 

                        Et il y a moins de dépression dans les environnements où règne un rigorisme de sécurité disons physique et au profit de l’employé que dans les compartiments de l’entreprise où la sécurité va surtout à protéger les seuls intérêts de l’entreprise et ses secrets.


                        • Surya Surya 18 mars 2011 20:53

                          95 % des électeurs ont considéré d’autres impératifs que la sécuyrité nucléaire et n’ont pas voté anti nucléaire. Mais maintenant 95% des intervenants vont à accuser les uns ou les autres mais surtout pas eux-mêmes.
                          Easy, de quelle élection parlez vous ? Je ne me rappelle pas qu’il y ait eu une élection pour se prononcer pour ou contre le nucléaire. Ou parlez vous plutôt des gens qui, en général, votent pour les partis se prononçant très clairement contre le nucléaire, et dont l’opposition au nucléaire fait partie intégrante de leur programme ?

                          Je cite ici quelques exemples pour montrer que la direction d’une usine à gaz cherche à maintenir une certaine méfiance (qu’ils appellent vigilence) mais vous verrez que ça pèse tellement qu’il y a une limite de charge impossible à dépasser.
                          Au sujet des équipes qui travaillent sur les sites nucléaires, y a-t-il des roulements entre de très nombreuses équipes, pour limiter le stress au maximum (mais est-ce faisable en terme d’organisation du temps de travail) et permettre aux gens de décompresser, ou bien est-ce toujours les mêmes personnes présentes en permanence sur la centrale ?


                        • easy easy 18 mars 2011 21:15

                          Il n’y a que 5% des électeurs qui, à l’occasion des grandes élections votent au premier tour pour des candidats qui disent clairement non au nucléaire (tous les autres candidats n’allant pas au non franc mais préférant lambiner ou pirouetter). Seuls les candidats Verts et’extrême gauche se sont positionnés carrément contre.

                          Concernant les rotations des équipes dans ces usines à gaz, il en est effectivement tenu compte mais finalement, ça ne fait pas des différences énormes avec d’autres métiers. Ils ne se reposent guère plus que les employés du tertiaire. Les pilotes de ligne et de chasse, les sous-mariniers, les scaphandriers et les hôtesses de l’air bénéficient d’une beaucoup plus grande prise en compte de leur besoin de récupérer.


                        • Surya Surya 18 mars 2011 21:29

                          Merci Easy pour ces précisions. Il y a en effet peu de partis ayant le courage d’intégrer le « non » au nucléaire dans leur programme. Quant à la proposition du référendum, je trouve que c’est une bonne idée. Est ce qu’un « non » massif changerait quelque chose, là c’est une autre histoire.

                          Il faudrait que le gouvernement réfléchisse sur l’amélioration des conditions de travail pour les employés du secteur nucléaire. Ce n’est absolument pas normal qu’ils ne se reposent pas plus que les employés du tertiaire. Personnellement, je serais même carrément en faveur d’un mi-temps (un vrai mi temps, genre quinze heures par semaine) payé plein temps pour eux. Leur métier est vraiment très particulier, alors ils méritent très, très largement un traitement de faveur.


                        • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 18 mars 2011 21:59

                          Pas de commentaires sur cet article, en revanche, à titre de mise en perspective quelques idées :


                          1) Comme pour Tchernobyl, absence d’information, voire désinformation distillée par les médias officiels français et japonais, qui tentent à présent (et avec l’aide du colonel Kadhafi et de son ami Sarkozy) de minimiser la portée de cet accident, et de tenir un discours optimiste sur son issue (accident qui risque d’ailleurs de finir en incident).

                          2) il parait évident que la situation est catastrophique, et que si contrôle il y a (j’en doute), il est plus que précaire. Un nettoyage « à la brouette » de la centrale ravagée comme en 1986 à Tchernobyl paraît inévitable avec bien entendu les sacrifices humains qui s’imposent.

                          3) La panique des écolos-bobos-démagos à propos des centrales françaises est injustifiée. Le séisme au Japon n’a en rien modifié le risque existant en France. Il n’y a donc pas lieu de paniquer en France. Il est toutefois probable que les verts fassent un bon score aux cantonales, preuve que le votant de base est facilement malléable.

                          4) La réponse apportée par le gouvernement est grotesque : le risque d’accident nucléaire n’a pas augmenté. Les audits commandés par les officiels n’ont pas lieu d’être, puisque des officines de contrôle sont réputées faire ce travail. C’est même un aveu de carence, puisque l’on pourrait supposer que la réglementation en France n’est pas respectée ou est insuffisante.

                          4) En revanche, lorsque l’accident sera clos, un retour d’expérience sera sans doute réalisé avec des mesures amélioratives dans la sûreté nucléaire.

                          5) Oui à la sortie du nucléaire à condition d’avoir des solutions alternatives crédibles. Quand on pense que les antinucléaires veulent développer les véhicules électriques, je pouffe.

                          6) Sous réserve des sacrifices évoqués précédemment, compte tenu de la distance, il est peu probable que la contamination en Europe soit significative et de nature à générer le panique (chez les êtres normalement constitués).

                          7) Le principal enjeu est Tokyo : une contamination de la mégapole est probable, avec les conséquences que l’on imagine.

                          Vous voyez sans être un farouche opposant au nucléaire, on peut à la fois dénoncer la désinformation gouvernementale, la puérilité de certains dirigeants politiques, tout en évitant de faire des conclusions hâtives et de sombrer dans un lyrisme morbide.

                          • Surya Surya 18 mars 2011 22:22

                            Je suis d’accord avec certaines choses que vous avez dites, pas avec d’autres. Il est évident que le séisme au Japon n’a pas modifié le risque en France. Cela ne veut pas dire que le risque est inexistant. Quant aux êtres anormalement constitués smiley (selon votre jugement hâtif, évidemment...), ils paniquent si tout est fait pour qu’ils paniquent. Par exemple, pourquoi montrer en gros plan à l’écran une plaquette de cachets d’iode en disant « il est inutile d’en prendre pour le moment mais voilà à quoi ils ressemblent » ? Pourquoi faire un reportage sur la prise de cachets d’iode par les Français, dans ce cas ?
                            Vous avez tord de tourner en dérision ceux que vous nommez les écolos-bobos-démagos. Ils ont la sagesse d’avoir des vues sur le long terme que bien d’autres devraient adopter aussi. Je ne vois pas ce qu’il y a de problématique à être un farouche opposant du nucléaire. Le nucléaire n’est pas l’avenir, les solutions alternatives existent, et eux au moins, ils l’ont compris. Avant tout le monde, ce qui leur vaut les attaques les plus agressives de ceux qui se rallieront peut être à leur cause dans cinquante ans.Il y a des pays qui n’ont aucune centrale nucléaire chez eux.


                          • Surya Surya 18 mars 2011 23:17

                            Je voulais juste ajouter une chose, mais je n’ai pas eu le temps tout à l’heure, c’est quand vous dites : « tout en évitant de faire des conclusions hâtives et de sombrer dans un lyrisme morbide. »

                            Ce lyrisme « morbide », appelons le ainsi si vous voulez, mais ce n’est pas du tout ainsi que je qualifierais la façon dont j’ai présenté le texte, est voulu car j’ai souhaité relater ce que j’ai ressenti exactement tel que cela s’est produit. Bien sûr qu’on peut dénoncer sans écrire un article dans ce style, j’avais évidemment la possibilité de le faire, mais j’ai choisi d’exposer clairement ce que j’ai ressenti, c’est à dire que j’ai écrit de façon émotionnelle car je voulais décrire quelque chose d’émotionnel, sans cacher quoi que ce soit, et de la façon la plus sincère possible. Alors pourquoi vouloir absolument le faire d’une autre façon, en évitant de « sombrer » dans le « lyrisme morbide », pourquoi éviter, dissimuler, comme si exprimer des émotions, à l’état brut, telles qu’on les a ressenties sur le moment, n’avait aucune valeur et décrédibilisait la dénonciation ? Ce n’est pas le cas.


                          • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 18 mars 2011 23:40

                            Quant aux êtres anormalement constitués (selon votre jugement hâtif, évidemment...)


                            En la matière je ne fais jamais de jugement hâtif...

                            Mais, vous même vous reconnaissez que de montrer des pilules d’iode fait paniquer beaucoup de gens ... nos points de vue se rejoignent smiley

                            Bonne soirée.

                          • Surya Surya 19 mars 2011 10:13

                            Je ne pense pas que nos points de vue se rejoignent car je ne me permettrais jamais de juger comme anormalement constitués des gens qui paniquent, d’une part, et ensuite (et là je vais essayer de ré-exposer mon point de vue avec plus de clarté), j’ai parlé de la séquence télévisée de la plaquette d’iode non pour exprimer l’idée :

                            - que c’est le fait même de montrer les pilules qui peut faire paniquer,

                            - ni que je pense que les gens sont ou seraient des crétins de paniquer pour ça,

                            mais au contraire pour exprimer l’idée que je comprendrais très bien, et sans regarder les gens de haut, qu’ils puissent paniquer.

                            Je ne suis pas du genre à me la jouer, comme le font tant de gens pas forcément par mépris (dès fois si) mais aussi souvent en fait par peur d’être jugés, et pour essayer de se protéger, en disant « pfeuh ! moi je suis au dessus de tout ça, je ne panique pas, je suis capable de garder mon calme, moi ! » et personnellement ça m’a fait angoisser, du fait de l’énervement extrême que j’ai ressenti devant :

                            - un présentateur, d’un côté, qui montre en gros plan une plaquette pour laisser entendre qu’on pourrait être amenés à prendre les comprimés (et qu’on sera sans doute amené à le faire, puisqu’il précise « mais pas pour le moment »),

                            - et de l’autre côté un discours totalement inverse, affirmant que le nuage ne passera pas,

                            - et encore ailleurs qu’il va venir, mais qu’il y aura trois malheureuses particules radioactives qui se battront en duel, sans aucun danger, et que, donc, seront totalement ridicules et à mourir de rire les gens qui prendront des pastilles d’iode.

                             

                            Ce que j’ai voulu dire, en particulier dans mon texte puisque c’est en bonne partie son sujet, c’est que c’est l’incohérence dans l’information (contradictions entre une chaîne et une autre, et surtout informations volontairement vagues et incomplètes…) qui fait paniquer les gens, et pas forcément l’information en elle-même. Voilà pourquoi nos points de vue divergent. J’espère que j’ai mieux réussi cette fois à m’exprimer avec clarté pour faire comprendre mon opinion.

                             

                            J’ai eu le temps de réfléchir un petit peu plus à cette notion de panique, et je pense que la panique, quelque soit la forme qu’elle prend, démesurée, irrationnelle, ou même avec une part de parano, peut très bien être aussi le signe très positif, très « sain », que la personne ne reste pas passive et complètement soumise, docile, devant sa télé, comme un légume ou une personne lobotomisée, mais qu’elle réagit violemment parce qu’elle a compris qu’elle vit dans une société où on la tourne continuellement en bourrique, où il se passe parfois (souvent ?) des choses pas forcément très claires, et qu’elle refuse de se laisser manipuler et infantiliser. Comment peut-on accepter d’être manipulés et infantilisés, et rester calmes et soumis devant une telle perspective ? C’est plutôt ça qui est inquiétant ! Sommes-nous donc tous devenus des moutons de Panurge ?

                             

                            Tchernobyl a provoqué une panique telle, que cela a engendré une prise de conscience phénoménale, suivie du démantèlement des têtes nucléaires soviétiques. C’est triste qu’il ait fallu ça, mais c’est pour dire que la panique peut très bien être une réaction salutaire, et conduire à des prises de conscience très brutales, mais au final constructives. Car quand on a pris conscience d’une chose, on ne revient plus en arrière, et on avance désormais sur un nouveau chemin.

                             

                            D’autre part, je n’établirai jamais non plus d’échelle de valeur pour comparer les différentes réactions des peuples ayant subi des catastrophes, comme j’ai entendu à la télé par exemple : « là bas, pas de pleureuses ! ». Ce « là bas » désignant le Japon bien sûr. Et les « pleureuses », c’est une allusion méprisante à qui, exactement ? J’ai trouvé cette réflexion plus que déplacée. Quel mépris ! Certes, nous avons tous admiré le calme des Japonais (calme apparent ?), mais cette admiration a peut être été trop loin chez certains dans le sens où elle les a poussés, voir l’exemple juste ci-dessus, à comparer l’attitude japonaise avec celle d’autres peuples, en plaçant l’un du côté du bien, et les autres du côté du mal.

                            Chaque peuple, chaque culture, réagit de façon personnelle, exprime ses émotions, ou ne les exprime pas, à sa façon, et a tout à fait le droit de le faire. Il n’y a pas d’un côté ceux « qui ont de la dignité » (à la limite du sous entendu : « sont des êtres supérieurs, civilisés »), et de l’autre ceux qui n’en ont pas, comme les pleureuses. C’est hyper méprisant comme jugement. Que l’on hurle son chagrin, ou que l’on fasse des efforts surhumains pour maîtriser ses émotions et garder un visage impassible, toutes les attitudes sont dignes, il n’y a pas dans la souffrance des uns (ou la peur, l’angoisse… des uns) plus de dignité que dans la souffrance des autres.

                             Et là, maintenant, vu le matraquage qu’on a entendu, je me demande même si ce calme, ce sang froid, qu’on nous a quasiment imposés comme l’Exemple Idéal A Suivre, ne nous a pas forcés à nous taire, à nous faire culpabiliser à l’idée de réagir haut et fort, de peur de passer pour des personnes sans aucune dignité. « Ouuuh ! Montrez-les du doigt ! La honte ! Ils ont paniqué ! » Alors on se tait, on se réduit soi-même au silence, on étouffe et on tue ses émotions, on évite et on dissimule, de peur d’être ridiculisés, stigmatisés et méprisés pour son comportement soi-disant « indigne » et « bas de gamme ».


                          • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 19 mars 2011 21:49

                            Chère Surya,


                            Votre longue réponse me fait grand honneur.

                            Je souhaiterais vous poser la question suivante :

                            Considérez vous que vous faite partie d’une élite, tout au moins de ceux qui sont aptes, dans ce pays, à assumer des responsabilités ? 

                          • Surya Surya 20 mars 2011 12:13

                             ??? smiley
                            Je ne comprends pas du tout pourquoi vous me posez cette question (là, j’aurais aimé pouvoir mettre un smily qui se gratte la tête, très perplexe..., mais bon, il y a celui là, pour remplacer, c’est pas mal non plus = smiley)
                            Dites, c’est pas possible, vous ne vous posez pas ce genre de questions pour vous même, si ???  smiley


                          • aspic aspic 18 mars 2011 22:25

                            Il est tout à fait justifié d’avoir peur !
                            Petite illustration :

                            Imaginez-vous un jeune couple Belge, heureux de pouvoir prendre un long weekend et de se promener en velo dans la campagne tranquile des Flandres.

                            La femme a 24 ans, elle apprendra dans quelques semaines qu’elle est enceinte de son premier enfant. Le couple est en bonne santé, non fumeurs, ne boivent jamais d’alcool, sont en pleine forme.
                            Nous sommes le 1 mai 1986. Le jeune couple, comme le reste de la population en Europe n’est pas au courant qu’il y a eu un grave accident dans le réacteur nr 4 à Tchernobyl et qu’a ce moment même ou ils profitent du beau temps un nuage invisible et fortement radioactive s’abbat sur elle.
                            Personne ne les a prévenu à ce moment, même si les autoritées étaient déja au courant de l’empleur du désastre. Quelques mois plus tard, vers le quatrième mois de la grosesse le médecin traitant propose de faire exécuter une echographie de controle.
                            C’est à ce moment là que le médecin constate une anomalie, il est très doué et explique tout de suite :
                            “Votre enfant présente une anencéphalie, elle ne pourra pas vivre, un IVG sera nécessaire, ne vous laissez pas faire par les gynécologues avec un avis contraire, car la vie de la mère est en danger !”

                            Effectivement, un gynécologue a tenté d’assurer la femme, tout en confirmant au jeune homme, pris à part : ”en effet c’est grave !”
                            Le jeune couple est partagé : qui croire ? Quoi faire ? Prier, espérer un miracle comme suggèrent leurs amis croyants ?
                            Ils décident finalement d’aller demander un avis à l’hôptital universitaire de Louvain, c’est un professeur mondialement connu en génétique qui effectu la ponction.
                            Le résultant est clair : l’enfant n’a pas développé le cerveau (anencéphalie), ne pourra pas vivre, la femme risque sa vie si elle porte l’enfant, la grosesse pourrait même dépasser les neuf mois.
                            L’IVG, en simulant une naissance est effectué : c’était une fille.
                            Puis les questions arrivent : quel est la cause, est-ce héréditaire,peuvent-ils avoir d’autres enfants ?
                            Le professeur est clair : non, d’autres grosesses ne seront pas un problème, oui, il s’agit d’un accident, “cele n’arrive que deux trois fois par an dans toute la Belgique !”
                            En effet, d’autres enfants vont naître, trois garcons en bonne santé.
                            Puis les doutes reviennent quand le couple apprend par hazard que d’autres femmes dans leur entourage viennent d’avoir exactement la même expérience : comment est-ce possible, il n’y en avait que 2/3 par ans sur 10/11 milions de personnes ?
                            Il y a eu une émission sur Arte il y a quelques jours
                            http://videos.arte.tv/fr/videos/le_nuage_tchernobyl_et_ses_consequences-3772992.html
                            ou des médecins de Berlin témoignent d’une augmentation importante du syndrôme de Down à partir de 1987, donc après Tchernobyl.
                            Des cas récent démontrent que la fréquence des anencéphalies serait maintenant, 25 ans après, de 1 enfant sur 1000 !

                            http://info-img.kazeo.com/-anomalies-de-fermeture-du-tube-neurale/Anencephalie,a549345.html
                            http://www.lookfordiagnosis.com/mesh_info.php?term=Anenc%C3%A9phalie&lang=4
                            http://godsmorphine.skyrock.com/1523270316-L-anencephalie.html

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès