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Une campagne publicitaire outrancièrement partisane du « Monde »

Le journal Le Monde vient d’avoir la riche idée de rendre accessibles les grands philosophes en parrainant une réédition de leurs œuvres : « (Ils) n’ont jamais été autant d’actualité », clament des placards publicitaires à l’intérieur du quotidien. On ne va pas s’en plaindre. En revanche, ce sont les placards eux-mêmes qui sidèrent.


Une provocation ouverte

Mais c’est fait exprès, se moquera-t-on, il s’agit de capter l’attention ! Pour sûr, c’est réussi ! Il est difficile de résister au leurre de la provocation ouverte.

Pour vanter un premier volume de Platon, le journal vient de publier les 24 et 25 janvier 2008 deux pages obéissant à la même composition : dans la moitié inférieure de la page, un volume de Platon devant une rangée de livres ; dans la moitié supérieure, une photo et une légende jetées dans un négligé-apprêté à l’oblique plus que disposées l’une sur l’autre.

- L’une des deux photos représente le président Sarkozy souriant, saisi en instantané - ou prétendu tel - dans la marche forcée et décidée qu’on lui connaît, veste ouverte, emporté par le balancier de ses bras. La légende inscrite au bas d’un agenda est de Leibniz : « L’homme doit agir le plus possible car il doit exister le plus possible ».

- L’autre photo est celle du premier rang d’un meeting socialiste où sont assis aussi souriants, l’un à côté de l’autre - dans un autre instantané ou prétendu tel -, DSK, F. Hollande, S. Royal et L. Fabius qui, seul, fait la grimace. La légende sur un même agenda est extraite, cette fois, de Pascal : « Si les hommes savaient ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde ». L’allusion est transparente.

Ainsi dans un contraste saisissant, les deux forces principales de la vie politique française sont campées : d’un côté un président dont est salué le goût de l’action et de l’existence, de l’autre les leaders socialistes et leurs déchirements.

Une partialité outrancière

On pourrait n’y trouver rien à redire et sourire à l’humour qui conduit ainsi à illustrer par des images d’aujourd’hui des aphorismes pertinents de vieux philosophes dont l’inculture ambiante croit, parce qu’elle les ignore, que leur réflexion n’intéresse plus notre époque. Mais l’outrance de la partialité fait qu’on passe outre et qu’elle déclenche un réflexe d’indignation.

- Il est évident d’abord que le président Sarkozy est présenté de façon hagiographique. La photo choisie le montre détendu, en marche forcée à la tête d’un cortège qu’il entraîne : elle se présente comme le symbole flatteur de l’homme d’action. L’aphorisme de Leibniz n’est qu’un commentaire élogieux qui explique et justifie la conduite du président conquérant : exister, c’est agir et inversement !

- Il est non moins patent que la brochette des quatre leaders socialistes est caricaturée méchamment. La photo en livre d’abord une image négative par seul contraste avec celle du président. Ils sont assis, avec tout ce que comporte de symbole de conservatisme et d’épuisement d’idées cette posture d’inaction. Leur sourire devient celui de la fate autosatisfaction. L. Fabius, lui, offre la mine hagarde de celui qui est un peu perdu.

Le plus grave tient à la signification que l’aphorisme de Pascal donne à la photo. Tout le monde sait que ces quatre personnalités ne se sont pas ménagées pour le leadership du Parti socialiste. Le commentaire choisi, ici, ne vise pas l’éloge, comme celui réservé au président, mais le dénigrement : en d’autres termes, elle oriente le sens de la métonymie qui les montre réunis côte à côte, en renvoyant à leur hypocrisie par le souvenir qu’on garde de leurs déchirements et de leurs divisions.

Un contraste inhibiteur

Ce contraste violent entre les deux forces politiques tend même à inhiber toute réflexion, ce qui n’est pas très philosophique. Est ainsi oblitérée la célébration simpliste de l’action par Leibniz. Il est difficile, en effet, d’y souscrire, tant cette définition de l’existence, mise hors contexte, est contestable. L’image du président pourrait être retournée : cette marche déhanchée qui tire derrière elle une troupe de suiveurs, ne peut-elle pas symboliser, plutôt que l’action, l’agitation ?

L’existence n’est-elle pas aussi tout entière dans la nécessité de s’asseoir et de marquer une pause pour réfléchir avant d’agir. Descartes n’a-t-il pas estimé justement que « penser » est la preuve de l’existence de l’être humain. Quant à Pascal, n’a-t-il pas ajouté que «  Pensée fait la grandeur de l’homme » ?
Mais on concédera, volontiers, qu’un autre penseur, Zinedine Zidane, dans une publicité pour le constructeur automobile Ford, s’inscrivait en faux contre ces vieux chnoques, en 2001 : « L’important n’est pas ce que l’on dit, mais ce que l’on fait »... et ce que l’on gagne, aurait-il pu ajouter.

Dans ce cas, Le Monde a le mérite d’afficher la couleur en acceptant de faire la promotion des philosophes d’une manière aussi partisane. On savait que le président de son "Comité de surveillance" était gagné aux idées du président et à celles de ses amis industriels. Mais, sauf erreur, le journal n’avait pas jusqu’ici proclamé aussi ouvertement le même attachement et une telle aversion correspondante. C’est à ces occasions que l’on peut mesurer qu’"un journal dit d’information" est en fait "un journal d’opinion" qui se cache. Que Le Monde renonce à ces coquetteries et n’hésite plus à faire état de ses préférences est un progrès qu’il faut saluer.

Documents joints à cet article

 Une campagne publicitaire outrancièrement partisane du « Monde »

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47 réactions à cet article    


  • morice morice 25 janvier 2008 10:10

    Bah, on vend bien des Lancias avec des filles nues...


    • ZEN ZEN 25 janvier 2008 10:28

      Le Monde, avec le tandem Colombani-Minc, a changé de ligne éditoriale depuis un certain temps. Le problème, c’est qu’il se pare toujours de vertu et s’avance masqué...

       

      http://www.bakchich.info/article2451.html


      • Ceri Ceri 25 janvier 2008 15:31

        et lagardère est déjà dans le capital, et Guillaume sarkozy arrive, vive la presse quotidienne de référence !


      • COLRE COLRE 25 janvier 2008 11:01

        @Paul Villach,

        Très utile article ! on regrette toujours la disparition d’Arrêts sur Image qui déchiffrait (parfois !) les manipulation occultes des médias. Ici, interrogez un quidam dans la rue, il vous dira que Le Monde est de gauche ! bcp de gens de droite (cf. Agoravox) vous serineront que la presse dans son ensemble est de gauche (si si !). Or, ce sont vraiment des exemples comme ceux que vous pointez qui sont révélateurs de la pénétration insidieuse des VALEURS que l’on veut attacher à la gauche ou la droit. C’est une terrible manipulation : INCONSCIENTE !


        • Wlad Wlad 25 janvier 2008 11:56

          Répugnant. On est vraiment pris pour des cons...

          Bien joué, Paul, merci pour l’article !


          • tub 25 janvier 2008 12:00

            Ca serais pas juste une facon de ramener la philosophie dans le cadre de l’actualitée ?

            La philo, ca peut souffrir d’une image de truc un peu chiant, abstrait et lointain.

            la pub ne veut-elle pas montrer que la philo donne des outils, par exemple pour la compréhension de l’actualité, plutot que faire passer un message politique partisan ?


            • Paul Villach Paul Villach 25 janvier 2008 12:20

              Drôle de compréhension de l’actualité avec pareilles caricatures ! Paul Villach


            • tub 25 janvier 2008 12:27

              Ben c’est sur, mais c’est de la pub, donc faut pas trop s’étonner de la caricature...

              Et d’ailleurs, ca marche, on en parle jusque sur agoravox ;)


            • Icks PEY Icks PEY 25 janvier 2008 12:06

              Article pas trop mauvais, si ce n’est qu’il utilise des tournures de phrases un peu savantes pour enfoncer des portes ouvertes.

              Culture / confiture ... vous voyez ce queje veux dire ...

              Cela étant dit, je regrette plusieurs confusions dont la principale est la suivante :

              Faire de la pub, cela consiste à déclencher un geste d’achat chez le prospect.

              A partir de là, pour optimiser les chances de déclencher un geste d’achat, le publicitaire va chercher à toucher le consommateur. Toucher dans l’émotion, toucher dans l’humour, toucher dans la beauté, etc.

              Concernant la campagne critquée ci-dessus, nous pouvons constater que le concepteur a choisi de s’approprier un événément fort de la vie de nos pays en y associant le produit avec une touche d’humour.

              Quel est l’écueil identifié par les services de com du Monde ? La philo, c’est ennuyeux et c’est chiant, soyons honnête ! C’est le sentiment partagé par 99% des gens.

              Or, le produit à vendre est un produit de vulgarisation de la philosophie qui n’intéressera peut-être pas tellement les docteurs en philo qui sont au-delà d’un niveau amateur.

              Il s’agit donc de contribuer une réticence naturelle du consommateur pour lui donner envie d’acheter.

              Dans ce cadre, le support est fort bien trouvé : une actualité encore chaude (élections présidentielle) et l’insertion d’un élément du produit (une citation d’un philosophe) qui aboutit à l’idée suivante : la philo, cela peut être amusant, détendant, voire même d’actualité.

              Donc, je trouve cette pub très bien faite.

              Vous dites alors qu’elle colporte un message politique, dénigrant les uns, valorisant les autres. Et vous en déduisez que Le Monde prend position.

              Tout d’abord, il est erroné, à mon avis, de croire, qu’un support publicitaire lié à un produit dérivé puisse exprimer le positionnement politique d’un journal.

              Ensuite, je m’excuse, mais la démarche intellectuelle qui a été suivie n’a rien de fantasmatique : oui, Sarko passe pour quelqu’un de dynamique, il est même caricatural dans son dynamisme : ce n’est pas pour rien que Hollande l’a appelé un jour « Hyperprésident » ... et pourtant, on peut difficilement soupçonner Hollande de sarkosysme.

              Et, deuxième point, oui, les candidats de gauche ont donné une image de lutte fratricide et d’hypocrisie. le Monde n’invente rien en surfant sur cette affirmation. Donc, il n’y a pas manipulation, mais simplement exploitation d’un sentiment collectif unanimement partagé par les consomateurs qui étaient visés.

              Icks PEY


              • Paul Villach Paul Villach 25 janvier 2008 13:18

                @I CKS PEY

                1- Il est recommandé quand on reproche à autrui de confondre culture et confiture de ne pas être pris soi-même les doitgts dans le pot ... de confiture : on est ravi d’apprendre que la publicité vise à provoquer une pulsion d’achat ! On ne s’en était pas encore aperçu. Êtes-vous le successeur de sa majesté Démian West ?

                2- Votre vocabulaire d’autre part est trop approximatif : que signifie " Toucher dans l’émotion" ? Je préfère parler de leurres précis qui provoquent des réflexes précis.

                3- Vous estimez judicieux de choisir un exemple contemporain pour intéresser le profane à la philosophie jugée ennuyeuse. J’en suis d’accord. L’ennui est qu’ici, le choix est si outrancièrement partisan qu’il va à l’encontre de la démarche philosophique que l’on prétend vanter : la critique des apprences et celle des préjugés.

                4- Ce choix malheureux va également à l’encontre du but recherché : la démonstration attendue. L’amusement philosophique que vous trouvez dans l’exemple choisi, est provoqué par une caricature qui... caricature à son tour la démarche philosophique. Ne souriront que les partisans aveugles du Président : les autres, y compris ceux qui ne sont pas socialistes, ne trouveront pas ça drôle pour les raisons qu’évoque mon article.

                5- Je suis encore ravi d’apprendre qu’un journal qui choisit de faire sa propre publicité pour ses propres produits dérivés par l’éloge d’un camp politique et le dénigrement de l’autre, n’exprime nullement son " positionnement politique". Je vous l’accorde : ce journal d’opinion cache bien son jeu !

                6- Vous convenez pour finir qu’ "il n’y a pas manipulation, mais simplement exploitation d’un sentiment collectif unanimement partagé par les consommateurs qui étaient visés".

                D’abord, j’ignore où vous êtes allé chercher la certitude de cette unanimité que vous alléguez : chez "Opinionway" ? Sachez, d’autre part, que la démarche philosophique, sauf erreur, est de se défier de la "doxa", "des idées reçues". Pour une initiation à la philosophie, je vous l’accorde, elle est très amusante : elle apprend à adopter la démarche contraire à celle que pratique la philosophie.

                7- Cette contradiction vient sans doute de l’incompatibilité irréductible entre, d’une part, la démarche publicitaire attentive à manipuler ses cibles par les leurres et la stimulation des réflexes et , d’autre part, la réflexion (de nature philosophique ou non ) soucieuse de les démasquer et de s’en méfier. Paul Villach

                 


              • Icks PEY Icks PEY 25 janvier 2008 15:20

                @ Villach

                1. ma phrase déclencher un geste d’achat n’a rien d’anodine : elle veut dire que la pub n’est plus de la simple information, mais bien une opération de séduction. Et cette opération de séduction manie forcément des stratagèmes et des astuces. Nous serons d’accord sur ce point puisque vous parlez de leurres en fin de votre commentaire.

                2. Je préfère pêcher par excès de simplicité de langage plutôt que l’inverse, figurez vous.

                3. que la démarche publcitaire soit en opposition avec la démarche philosophique, j’en conviens volontiers et c’est un élément intéressant de votre réflexion. Sur le sujet de l’aspect partisan, je ne peux qu’être en désaccord. Votre raisonnement conduirait à ôter toute possibiltié de caricature dans la publicité. Un commentateur après nous parle d’image d’épinal : il a tout à fait raison. Cette pub repose sur une image d’épinal communément admise par tous. Si on suivait votre arguments, on interdirait toutes les pubs qui reposent sur un concept de stéréotype ou de caricature.

                4. cf 6.

                5. Même argument, vous voyez de l’éloge et du dénigrement là où il n’y a que de l’exploitation d’un symbole. Cf 3. Et je maintiens qu’un journal qui souhaite vendre des produits dérivés doit pouvoir le faire en parfaite autonomie par rapport à sa ligne éditoriale : de cette liberté dépend la liberté de la création publicitaire. La pub, c’est de la pub. Ni plus, ni moins.

                6. Il me semble, du bout de mon nez, que Sarko passe aux yeux de 95% de nos concitoyens pour un gars énergique, voire speedé pour ses détracteurs (vous voyez cela comme une éloge, mais vous trouverez bcp de gens qui pensent que la politique requiert, au contraire, du calme, de la sérénité et surtout pas de précipitation : donc, en fait, en disant que Le Monde fait l’éloge de Sarko, vous projetez votre propre interprétation) et que le quator socialiste concerné a brillé par ses altercations publiques aux yeux et aux oreilles de tous : il suffit de voir les linéaires de nos libraires pour s’en convaincre.

                7. Je suis pleinement d’accord avec vous ! Nous divergeons sur l’interprétations des intentions de l’annonceur.

                Morale de l’histoire : vous êtes comme le petit Bonnet : vous êtes beaucoup trop influencé par vos convictions personnelles qui opèrent comme des filtres de lecture. Nous sommes tous plus ou moins influencés par cela, mais chez vous, après avoir lu plusieurs de vos articles, c’est tout particulièrement présent.

                Icks PEY


              • COLRE COLRE 25 janvier 2008 15:33

                @XP

                Ce que vous dites n’est pas faux ! mais c’est justement le problème (serpent qui se mort la queue, la poule et l’œuf, etc). Vous dites : il n’y a pas manipulation, mais simplement exploitation d’un sentiment collectif unanimement partagé par les consomateurs qui étaient visés.

                Mais d’où vient ce sentiment que vous jugez unanime ? l’est-il VRAIMENT ?

                1. Exemple : si on lit Avox, vous aurez l’impression que l’avis est unanime contre S. Royal, qu’elle est incomptétente, blairiste, de droite, etc. Or, non seulement 47% des français ont voté pour elle sans penser cela, mais les sondages non manipulés (pas Opinion Way) montrent qu’à l’heure actuelle elle jouit toujours d’une image positive.
                2. Donc, si les médias mettent en scène les soi-disant bourdes de Royal, vous considérez qu’ils exploitent un sentiment collectif unanimement partagé, alors qu’en réalité ils le CRÉENT.
                3. Et une fois le sentiment créé, une fois installée l’idée que tout le monde le pense, alors tout le monde le pense…

                 

                CQFD, ou plutôt : le tour est joué, la boucle est bouclée, etc. Même chose ici. La publicité joue sur une croyance fausse, mais qu’elle contribue à propager sous prétexte qu’elle le serait déjà !!!


              • Paul Villach Paul Villach 25 janvier 2008 16:11

                @ ICKS PEY

                Je préfère ce ton au précédent.

                1- D’accord avec vous pour admettre qu’un de nos médias personnels est un cadre de référence qui filtre à la diffusion comme à la réception nos informations. Vous n’êtes donc pas plus épargné que moi dans ce domaine.

                2- Vous déniez l’existence d’une prise de parti dans cette campagne publicitaire : un dénigrement pour les uns et une louange pour l’autre.

                - Ne pouvez-vous imaginer que, stéréoptype pour stéréoptype, il était possible de choisir une situation inverse : nombre de ministres actuels ne sont -ils pas en conflit ? On pouvait très bien trouver inversement une image valorisante de Mme Royal qui n’a pas manqué de cran face à ses adversaires.

                - Mais non ! Le Monde a préféré célébrer le pouvoir en place et dénigrer l’opposition . Convenez que c’est un choix. Je lui reconnais le droit de le faire. Mais de grâce, reconnaissez l’existence de ce choix qui est une opinion. Seulement, quand celle-ci s’exprime de façon aussi caricaturale - bien au-delà du stéréotype qui n’est pas forcément caricatural - la prise de parti est outrancière et rebute.

                3- Ceci ne signifie pas que je conteste tout droit de recourir à la caricature dans une publicité. Je veux simplement souligner ici qu’elle s’exerce à l’encontre d’un camp et non d’un autre et oppose le Bien au Mal dans une distribution manichéenne des rôles !

                4- Quant à la relation entre média et publicité, vous n’ignorez pas que la publicité qui fait vivre un média, peut amener ce dernier à s’autocensurer : un annonceur ne supporte pas - c’est bien normal ! - que le média qu’il nourrit, critique ses produits. 

                - Une émission récente de France 3 sur le fromage vient de le rappeler : l’annonceur Lactalys aurait fait pression pour que soit corrigée une émission qui dénonçait les techniques qui permettent de les conserver plus longtemps en rayon, mais qui en dénaturent les goûts jusqu’à les uniformiser.

                - Ici, "le fromage " à défendre est différent. Il appartient au journal Le Monde qui use de produits dérivés pour accroître ses ventes. C’est donc l’annonceur Le Monde qui fait de la publicité dans le journal Le Monde. Or, on constate que l’annonceur Le Monde a préféré faire la louange du pouvoir plutôt que celle de l’opposition. C’est un fait. Il en a le droit, encore une fois. Mais, ce faisant, il affiche une prise de parti qu’on ne peut nier. Paul Villach

                 

                 

                 


              • Icks PEY Icks PEY 25 janvier 2008 16:22

                @ Colre

                Merci pour votre commentaire du commentaire.

                J’entends votre argument, effectivement, il est des choses qui deviennent « vraies » à force d’avoir été assénées comme étant « vraies ».

                C’est d’ailleurs valable dans tous les domaines et particulièrement l’histoire de France. L’Histoire, par exemple, et son enseignement a profondément souffert d’une vision dogmatique de gauche. Le seigneur féodal serait forcément un vil profiteur qui exploite le pauvre petit serf qui ne possède même pas son lopin de terre alors que les choses ne sont pas si simples.

                Cela étant dit, pour revenir à nous moutons, il me semble que le cas Royal est justement le mauvais exemple : c’est une vérité objective de dire que sa campagne fut le théâtre d’hypocrisies, de coups tordus et de cynisme : et le fait qu’elle ait obtenu un peu moins de 47% des suffrages exprimés ne fait pas d’elle l’icône incontestée de la gauche : soyons honnête ! DSK et Fabius n’auraient pas fait moins bien (permettez moi de croire qu’ils auraient fait mieux).

                Quant à la situation actuelle ... bien malin celui qui peut prétendre la connaître.

                Icks PEY


              • COLRE COLRE 25 janvier 2008 16:55

                @X Pey,

                Oh là là, on ne va pas se lancer dans ce sujet, et j’ai justement pris cet exemple (Royal) exprès ! La preuve du stéréotype, c’est que vous dites : c’est une vérité objective de dire que sa campagne fut le théâtre d’hypocrisies, de coups tordus et de cynisme. Mouais, mais quel rapport avec la choucroute ? la campagne de Sarko aussi, mais ça a été largement passé sous silence et totalement manipulé par l’ensemble des médias. Et rappelez-vous la campagne de Chirac contre Balladur, si c’était pas le panier de crabes et les coups tordus ! Ça n’a pas empêché le Chi de gagner.

                Donc, on voit le danger de colporter les idées insidieuses, des messages inconscients, car l’opinion ne passe plus par la case « raison ». Bref, nous ne mettrons sûrement pas d’accord sur la question, mais ce n’était pas le sujet. Je pense que sur les risques de la propagande politique, nous sommes sûrement d’accord.


              • tvargentine.com lerma 25 janvier 2008 13:43

                Personnellement j’ai arrêté de lire ce journal avec les éditos de Colombani et de son ami troskiste donneur de leçon de morale et le livre de PEAN correspondait bien à l’image que ce journal était devenu

                J’en suis plus libre dans ma tête car,de lire les articles qui ne correspondaient plus a rien étaient bien à l’image d’un journal qui n’a plus rien à dire

                Vous devriez les ignorer plutot que d’en parler et ne plus l’acheter

                 


                • Jean-Pierre Lovichi Jean-Pierre Lovichi 25 janvier 2008 14:45

                  Je suis parfaitement d’accord avec l’auteur de l’article qui est très clair dans sa dénonciation et très rigoureux dans son argumentation.

                  J’avoue que j’ai moi-même été interpellé par une telle récupération, et choqué d’une prise de position aussi flagrante.

                  Entre surfer sur une opinion devenue image d’épinale et l’entretenir, il y a un pas ici franchi. Et ce comme le rappelle l’auteur en contradiction totale avec la démarche philosophique.

                  Il est par ailleurs pour le moins étonnant de voir des hommes et des femmes politiques devenir contre leur gré des vecteurs de publicité.

                  Là aussi la réflexion doit intervenir.

                  Certes l’effet est sans doute réussi et le microcosme de mla publicité/communication en félicitera les auteurs.

                  Mais cela n’empêche pas la critique du citoyen non encore totalement réduit à un consommateur... 

                   


                  • Mescalina Mescalina 25 janvier 2008 15:33

                    J’avoue être partagé par cette campagne, article très intéressant (c’est rare) sur AV. L’auteur prend parti, j’avais tendance à être d’acord même si je le trouvais excessif, mais le commentaire d’ICKS PEY est aussi juste dans son analyse...

                    Certes on peut prendre cette pub pour une campagne partisane. Mais les protagonistes sont bien choisis, on aurait pas pu inverser les camps pour aller avec les citations.... IoI Sarko bouge (bien ou mal), le PS s’est déchiré et est toujours dans la nébuleuse, constat unanimement partagé avant cette pub, le journal joue de cela. Et personne ne bronche quand Marianne ou Libé "vendent" avec du sarko à tout va.

                    Créer un intérêt en rappelant que la connaissance de la philo est une mine d’or pour la compréhension de la politique est une bonne idée. Le but est d’INTERESSER, même par la provoc, le lecteur potentiel.

                    Et le produit fini n’est pas Le Monde, mais les oeuvres en elle mêmes, qui pour le coup ne sont pas partisantes et se fichent pas mal de Sarko Royal Le Monde ou je ne sais qui...

                    Si les gens achètent ou lisent de la philo grace à cela, personne ne se plaindra.

                    Maintenant OK l’utilisation politique peut mal passer, mais finalement je m’en tappe, ce n’est pas une chronique philo dans le monde qu’on essaie de nous vendre (là oui cela serait TRES douteux pour un média "neutre" ou soit disant neutre), si cela fait lire ou intéresse (de la philo, pas Le Monde).


                    • COLRE COLRE 25 janvier 2008 15:52

                      Amusant, @Mescalina, nous réagissons presque pareil en même temps, déjà sur la phraséologie creuse de Dugué et son chaos chaotique… Oui, moi aussi je suis partagée, je pense que l’auteur a raison de pointer la manipulation, XP de ramener cela à la simple efficacité de la pub, et vous à l’intérêt de vendre de la philo.

                         -Tout de même, je m’inquiète de la construction des stéréotypes. Comme je le disait à @XP : on colporte du soit-disant sentiment collectif, du coup on le crée, du coup le sentiment collectif finit par exister : DANGER !


                    • Mescalina Mescalina 25 janvier 2008 15:56

                      Yes indeed ;o)


                    • grangeoisi grangeoisi 25 janvier 2008 16:06

                      En parlant de campagne outrancière, suivez mon regard....


                      • geko 25 janvier 2008 16:53

                        @Paul Villach

                        Merci de débusquer les manipulations avec tant de rigueur dans l’argumentation.

                        Cette publicité  va à l’encontre de la démarche philosophique, elle est même insultante à son égard. Non seulement la publicité est partisane mais le "Monde" se pose en maître de la philosophie ayant tout compris de la vie ! "Si les hommes savaient ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde" et Moi j’ai tout compris j’agis et je flingue à tout va pour avancer seul en tête, exister plus que tout autre.


                        • stephanemot stephanemot 25 janvier 2008 17:32

                           

                          Ce fond rouge et ces livres blancs en croix... je vois surtout le drapeau suisse (hommage à Rousseau - pas le douanier, l’autre ?).

                          Ne cherchons pas la petite bête : Le Monde va tout simplement concurrencer Le Figaro sur son territoire. Après avoir épuisé le catalogue des films d’auteur pas trop chers, le voilà condamné à piocher dans celui des libres penseurs libres de droits...

                          On n’en est pas encore aux notes de blanchisserie de Metterlink (ah, "The Metterlink Lists", ça c’est du classique).


                          • Icks PEY Icks PEY 25 janvier 2008 18:49

                            L’auteur n’aurait-il pas pu se féliciter qu’un éditeur de presse se lance dans la promotion et la vulgarisation de la philosophie ?

                            Car, le vrai sujet, il est là ! Dans une société pourrie jusqu’à la moëlle par les Star Ac, les vendeurs de choses-dont-tu-n’as-pas-besoin et dont-l’obsolescence-est-déjà-programmée, la médiocrité crasse de notre service public de la télévision et les ventes Altaya Editeur qui te vendent par morceaux et donc à prix d’or une cochonnerie que tu ne mèneras même pas jusqu’à son terme, n’est-il pas une bonne chose que l’accès aux auteurs philosophiques soient promu et facilité ?

                            Quel est donc ce réflewe qui consiste à tirer à bout portant sous n’importe quel prétexte (et pas forcément les meilleurs) sur une idée qui, dans son principe, est bonne ???

                            Paul, concentrez vous sur les vraies arnaques de la publicité, c’est à dire celles qui sont à la fois nocives dans la méthode, mais aussi dans le produit même qui est vendu ! Lorsque le produit vendu va dans une direction qui mérite d’être soutenu, ayez au moins le réflexe de lui accorder un peu plus le bénéfice du doute !

                            Icks PEY


                            • Paul Villach Paul Villach 25 janvier 2008 19:06

                              Mais enfin ICKS PEY, ai-je jamais attaqué ce projet de diffusion des oeuvres ? Je le salue dès les premières lignes. Je dis seulement que ce sont les placards publicitaires qui "sidèrent" ! Et je démonte l’opération malhonnête qui consiste à réserver l’éloge pour l’un et le dénigrement pour les autres ! La distribution manichéenne des rôles, c’est bon pour les séries américaines et les vieux westerns.

                              Pourquoi donc LE MONDE a-t-il choisi de polluer cette heureuse initiative par une démarche anti-philosophique qui offre de la vie politique française une vision partiale et malhonnête ?

                              Si vous pensez que ça ne mérite pas un article pour dénoncer le procédé, je vais finir par croire que votre aveuglement partisan vous égare.

                              J’essaie de ne pas en être là : voyez mon article sur l’émission "Vivement dimanche" de Drucker qui a diffusé le 8 janvier dernier, le sketch d’Anne Roumanoff. Paul Villach


                            • geko 25 janvier 2008 19:20

                              Le Monde devrait d’abord faire la promotion du "Petit Robert"


                            • Mango Mango 25 janvier 2008 20:19

                              Je n’aurais jamais cru possible de me retrouver un jour (presque ) d’accord avec un commentateur comme Icks Pey. Et pourtant, ça arrive... Merci A-vox , et bravo aux contributeurs/ contradicteurs qui argumentent, débatent et restent courtois. je n’avais pas vu ça depuis longtemps et ça me donne envie de revenir plus souvent.


                            • Icks PEY Icks PEY 26 janvier 2008 01:32

                              "<I>Je n’aurais jamais cru possible de me retrouver un jour (presque ) d’accord avec un commentateur comme Icks Pey. Et pourtant, ça arrive...</I>"

                               

                              Merci pour votre propos qui témoigne de votre intelligence dans les relations humaines : ce sont les idées qui s’affrontent et non les individus.

                               

                              Icks PEY

                               

                               


                            • alsalyes 25 janvier 2008 19:00

                              Bravo Paul pour votre nouvel article qui épingle un journal dit de référence, en train de rejoindre les moeurs politico-financières ambiantes.

                              Dans le Monde du jour, on ne trouve plus que le vaillant Sarkozy...

                              J’attends avec impatience une réaction du Monde.


                              • Paul Villach Paul Villach 25 janvier 2008 19:19

                                Il serait, en effet, intéressant d’entendre les explications du Monde s’il condescendait à venir jusqu’à AGORAVOX.

                                On n’en est plus à l’époque où une critique, adressée pour publication dans un journal, recevait pour toute réponse un mois après : "Merci de nous avoir adressé votre article. mais le manque de place ne nous pas permis de le publier. Merci de l’intérêt que vous portez à notre journal ! " Paul Villach


                              • Anka 25 janvier 2008 19:07

                                @ l’auteur

                                Je ne suis pas du tout d’accord avec vos interprétations (ce qui ne m’empêche pas d’avoir trouvé l’article intéressant au demeurant). Je rejoins donc Icks PEY sur certains des points qu’il développe. Personnellement, lorsque j’ai vu la couverture qui représente M.Sarkozy, je me suis dit que la critique du monsieur en question était plutôt frontale... Je l’ai donc interprétée spontanément de façon inverse au réflexe de lecture que vous semblez considérer comme évident pour tout un chacun.

                                Impossible pour ma part de voir autre chose dans cette photo qu’une caricature (M.Sarkozy y semble grotesque, dans sa démarche outrée, en figure autoproclamée du volontarisme qui brasse de l’air), et de lire autre chose dans cette citation de Leibniz qu’une illustration de ce qui semble l’acte de foi de notre président. Avec cette impression que nous faisons les frais d’une crise d’ego, d’un manque à être, d’une recherche personnelle de reconnaissance, qui dirigerait l’action bien plus qu’elle ne serait dictée par la nécessité sociale laquelle voudrait que le moi s’efface au profit du collectif. (Est-ce possible ou même souhaitable ? vaste débat)

                                « L’homme doit agir le plus possible car il doit exister le plus possible ». Oui, c’est en effet ainsi que M.Sarkozy semble se définir, à l’écouter en perpétuelle campagne présidentielle. "Agir" pour "exister", cette citation offre questionnement immédiat, car cette relation ne se pose pas comme une évidence. De ce point de vue, elle me semble bien choisie, car elle donne envie de penser. Donc je crois que cette publicité pose une question, mais qu’en fonction de la façon dont on perçoit personnellement le personnage médiatique, le Président, l’homme, son action, sa manière de gouverner et de communiquer, personne n’aura spontanément la même lecture. Cette question est celle qui se pose en filigrane dans les médias depuis des mois, et sur laquelle les opinions et sentiments divergent. Doit-on agir vite lorsqu’on gouverne ? Doit-on le faire savoir autant, si souvent ? etc. Il ne me semble pas que cette publicité donne une réponse aussi claire -encore moins aussi clairement partisane- que celle que vous développez dans cet article.

                                Ce n’est qu’une lecture personnelle de cette publicité, et je gage que quelqu’un qui connaît quelque peu la philosophie de Leibniz considèrerait ma lecture de cette citation comme complètement erronée... Mais dans ce cadre publicitaire, sans recherche supplémentaire, la lecture que l’on en fait est aussi (surtout - quand il s’agit de politique) déterminée par nos propres codes de lecture, que chez tout un chacun le publicitaire ne saurait jamais recouvrir tout à fait à mon avis.

                                 


                                • Paul Villach Paul Villach 25 janvier 2008 19:36

                                   

                                  Il me semble que vous faites bon marché du CONTRASTE entre les deux placards, qui oriente obligatoirement la lecture : l’un est en marche, les autres sont assis.

                                  Connaissez vous le poème de Rimbaud , "Les assis" ? "Ne les faites pas lever, c’est le naufrage !" 

                                  Au surplus, convenez que les citations choisies ne visent pas le même objectif ; même avec les réserves que vous faites - Je les ai évoquées moi-même en proposant un renversement du symbole de l’action en symbole de l’agitation - la phrase de Leibniz est plutôt une justification et un éloge, tandis que la phrase de Pascal appliquée aux leaders socialistes, apparemment réunis en toute amitié, est obligatoirement une accusation venimeuse d’hypocrisie. Paul Villach


                                • Mango Mango 25 janvier 2008 20:07

                                  Oui, vous avez raison.

                                  Mais ça donne envie de parodier Audiard , car il est tellement évident qu’ "un intellectuel assis va plus loin qu’un con qui marche" !

                                  Si j’étais publicitaire, c’est cette phrase que j’aurais écrite sous la photo de NS. Mais je ne suis pas publicitaire...

                                  Et en plus, même si je l’avais été, je ne suis pas certaine que ma campagne aurait été acceptée.

                                  D’autant qu’Audiard n’est pas encore publié par la boîte en question. Mais ça viendra... Vous verrez !

                                  Et puis c’est détourné tout ça... Les procès avec les héritiers...

                                  Cordialement

                                   

                                   


                                • Paul Villach Paul Villach 25 janvier 2008 20:19

                                  @ Anka

                                  Remarquable saillie du philosophe Audiard ! Mais Le Monde ne l’a pas choisie ! C’est bien un problème de prise de parti qui le regarde et que je respecte, sauf dans la caricature et la malveillance. Les mêmes photos pouvaient, en effet, recevoir un sens inversé. Paul Villach


                                • docdory docdory 25 janvier 2008 19:14

                                   Cher Paul Villach 

                                  Le Monde , qui était depuis toujours un journal faussement objectif ( même s’il prétendait à l’objectivité , ce qui est une illusion , comme vous l’avez amplement démontré ) se transforme de plus en plus , et cette publicité en témoigne , en un journal d’une fausseté objective !


                                  • Mango Mango 25 janvier 2008 19:44

                                    Bonsoir.

                                    J’ai beaucoup apprécié votre article, que je trouve de très grande qualité, mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec vos conclusions.

                                    Je ne suis pas très cultivée, et j’ai pourtant perçu l’ironie de la citation associée à la photo de NS. Je ne crois donc pas que le lecteur moyen du monde soit susceptible de s’y tromper ou d’être manipulé.

                                    Quant à la photo de la "brochette" de gauche accompagnée de cette citation, bien qu’étant moi-même beaucoup plus à gauche que ça, elle éveillerait presque de l’empathie pour l’ex-candidate. Question de lecture...

                                    Ce n’est que mon avis, et je peux me tromper...

                                    En tous les cas, moi qui m’épuise au quotidien pour que chacun, les plus défavorisés, les plus faibles, les moins armés matériellement ou intellectuellement, aient accès à la culture, à l’histoire, à l’art, pour moi qui me désespère de voir sacrifiés le soi disant "non rentable", je ne peux que me féliciter d’une publicité qui propose un décryptage de l’actualité au moyen de la philo.

                                    Alors, tendancieuse, pas tendancieuse... Ceux qui liront les philosophes se feront rapidement leur opinion.

                                    On peut me taxer d’optimisme béat et de naïveté crasse. Peut-être : c’est mon moteur, et il vaut bien la cupidité la soif de pouvoir ou le besoin de revanche.

                                    Les marchands utilisent des techniques de manipulation pour vendre ?

                                    Ben je préfère ceux qui vendent de la philo à ceux qui vendent des maladies cardio-vasculaires sous barquette ou des cancers en aérosol.

                                    Merci encore pour cet article qui pose de bonnes questions et qui mériterait d’être suivi de beaucoup d’autres de la même veine car vous semblez avoir un flair particulièrement développé pour débusquer le moindre indice de ce ce qui pourrait être une tentative de manipulation.

                                    Bravo pour votre vigilance.

                                     

                                     


                                    • Anka 25 janvier 2008 20:13

                                      @ l’auteur

                                      Je ne vois pas pourquoi il faudrait absolument considérer un contraste entre les deux affiches, que personnellement je trouve toutes deux du même ton.

                                      (Je repense en passant à votre lecture d’une publicité pour Acadomia, que vous aviez critiquée pour elle-même, alors qu’en contraste avec les autres, elle ne semblait pas si choquante dans le message qu’elle pouvait potentiellement véhiculer et semblait bien plus anecdotique dans son contenu. J’y repense en lisant votre remarque, m’étant interrogée sur ces pubs acadomia au souvenir de votre article en me baladant en ville cette semaine. Avox envahit ma vie... no comment...)

                                      J’ai perçu de la critique et un questionnement dans chacune de ces affiches, parce que ma vision de la politique et l’obscurité première de la citation philosophique m’y invitent. Et je ne crois donc pas à un spectateur lambda, dépourvu d’a priori, de lecture donc forcément personnelle de la publicité ; même si je ne nie pas l’importance de ce qu’on appelle l’histoire des représentations. C’est tout à fait passionnant, nous sommes d’accord là dessus. 

                                      Concernant "les assis", on peut tout à fait considérer que la pause de "ceux qui posent" renvoie à une pensée plus mesurée, plus réfléchie, "posée" dans tous les sens du terme. Il ne me semble pas possible qu’il y ait une grille de lecture et une seule pour décrypter des photos telles que celles-ci, notamment car elles sont "incarnées" et représentent des personnages publics sur lesquels nous avons tous une opinion, des a priori.

                                      Je me permets d’ailleurs de m’étonner du nombre de moins qu’a recueillie une remarque de TUB, qui soulignait que ces publicités invitent à dépoussiérer notre vision de la philosophie, et à la présenter en retour comme une activité qui permet de se forger des clefs pour lire le monde et le déchiffrer, ce qui paraît juste.

                                      @ Mango : nous avons perçu la même ironie, cela me rassure

                                       

                                       


                                      • Paul Villach Paul Villach 26 janvier 2008 11:32

                                        Je me réjouis qu’en vous promenant dans les rues, vous vous souveniez d’une critique parue sur AGORAVOX. Je ne vise pas autre chose par ma critique de l’information. À chacun ensuite de faire son opinion, mais que ce soit dans le débat et non par l’inculcation passive et unilatérale d’idées que tend à imposer la stratégie publicitaire.

                                        Votre comparaison entre la publicité d’Acadomia et celle du Monde n’est pas pertinente. Les trois affiches d’Acadomia traitent du même sujet : l’excellence du soutien que prodique cette officine. Il n’y a donc AUCUN CONTRASTE dans le traitement de l’officine. Le contraire serait surprenant.

                                        Les deux placards du Monde opposent au contraire l’éloge d’une personnalité politique au dénigrement des autres. La marche et la posture assise sont des symboles qui s’opposent comme le bien et le mal, par l’orientation (ou le détournement) de lecture qu’impriment les aphorismes choisis : la célébration de l’action valorise une personnalité, tandis que celle de la franchise (ou plutôt de son absence) dévalorisent les autres qui, assis les uns à côté des autres, sont du même coup accusés d’hypocrisie. Paul Villach


                                      • JC. Moreau JC. Moreau 25 janvier 2008 22:21

                                        @ M. Villach,


                                        Malgré le soin que vous avez apporté à étayer votre point de vue, je ne parviens pas à partager votre indignation.

                                        EN effet, sauf erreur de ma part, une campagne publicitaire, dès lors qu’elle ne se limite pas à un visuel unique, repose nécessairement sur la déclinaison d’un même code. Et en l’occurrence, il paraît manifeste que le code en question consiste à détourner des maximes philosophiques à des fins de dérision du politique.

                                        Et force est de constater que le code publicitaire est particulièrement adapté, d’une part au produit dont il fait la promotion, et d’autre part au support de vente auquel il est rattaché. L’association des maximes à des clichés de personnalités politiques permet en effet dans le même temps :

                                        1- De vanter l’utilité de la philosophie comme outil de compréhension de l’actualité, qui plus sous une forme ludique qui permet de paralyser le caractère rédhibitoire traditionnellement associé à la matière philosophique.

                                        2- De justifier la "vente liée" du quotidien Le Monde et d’oeuvres philosophiques, en affirmant l’interdépendance entre les deux, ce qui au passage permet d’atténuer la démarche mercantile de cette "vente liée".


                                        De fait, cette campagne publicitaire me paraît fort bien conçue. Voyons maintenant le passage de la conception à la réalisation...

                                        A l’évidence, ont été choisis deux référents aisément identifiables pour tout lecteur : l’actuel président de la République et les principaux représentants du parti d’opposition.

                                        Sans trop m’avancer sur le déroulement de la séance de "brainstorming" (pour employer le dialecte de la sombre confrérie des fils de pub), je gagerais qu’un Jean-Kevin a lancé l’idée qu’il fallait dégager une "push line" pour chacun des deux réferents. Ce à quoi Gisèle a répondu : Heinnnnnnnnnnnnnn ???? (Gisèle, engagée par intérim à la suite d’un recrutement hasardeux, fut excusée de son incurie, mais tout de même priée de passer à la compta).

                                        Au bout de 30 secondes d’intense réflexion collective (facturée 8 heures au minimum) l’on a ensuite convenu que la push-line (le "trait caractéristique", Gisèle, le "trait caractéristique"...) était pour Sarkozy l’hyperactivité, et pour le parti d’opposition les querelles intestines.

                                        Ne restait plus ensuite qu’à trouver les maximes appropriées pour tourner en dérision l’un et l’autre, ce qui nous donne au final deux critiques fort peu virulentes :


                                        - La première induit l’idée selon laquelle l’hyperactivité du président vise moins à produire des effets concrets qu’à le convaincre lui-même de sa propre existence, ou du moins à donner l’illusion de son importance au spectateur médusé.


                                        - La seconde laisse entendre que malgré les querelles intestines qui grèvent le Parti socialiste, ce dernier feint de les ignorer pour maintenir l’unité de façade.

                                        Dans un cas comme dans l’autre, l’ironie est aussi légère que convenue, cette retenue ayant pour principal intérêt publicitaire de préserver la sensibilité politique de l’acheteur potentiel tout en suscitant sa connivence.
                                        Mais, comme tend à le démontrer votre réaction épidermique à cette campagne de promotion, le publicitaire prend toujours le risque de heurter certaines sensibilités politiques, plus développées que d’autres, lorsqu’il sollicite certains objets.







                                        • JC. Moreau JC. Moreau 25 janvier 2008 22:26

                                          Veuillez m’excuser pour l’absence de mise en page de ce commentaire. Il semblerait qu’il y ait comme un dysfonctionnement entre le moment où j’effectue l’aperçu du message et celui où il est publié...

                                           

                                           


                                        • JC. Moreau JC. Moreau 25 janvier 2008 22:33

                                          @ M. Villach,

                                           

                                          (Seconde tentative pour la mise en page...)


                                          Malgré le soin que vous avez apporté à étayer votre point de vue, je ne parviens pas à partager votre indignation.

                                          EN effet, sauf erreur de ma part, une campagne publicitaire, dès lors qu’elle ne se limite pas à un visuel unique, repose nécessairement sur la déclinaison d’un même code. Et en l’occurrence, il paraît manifeste que le code en question consiste à détourner des maximes philosophiques à des fins de dérision du politique.

                                          Et force est de constater que le code publicitaire est particulièrement adapté, d’une part au produit dont il fait la promotion, et d’autre part au support de vente auquel il est rattaché. L’association des maximes à des clichés de personnalités politiques permet en effet dans le même temps :

                                          1- De vanter l’utilité de la philosophie comme outil de compréhension de l’actualité, qui plus sous une forme ludique qui permet de paralyser le caractère rédhibitoire traditionnellement associé à la matière philosophique.

                                          2- De justifier la "vente liée" du quotidien Le Monde et d’oeuvres philosophiques, en affirmant l’interdépendance entre les deux, ce qui au passage permet d’atténuer la démarche mercantile de cette "vente liée".

                                          De fait, cette campagne publicitaire me paraît fort bien conçue. Voyons maintenant le passage de la conception à la réalisation...

                                          A l’évidence, ont été choisis deux référents aisément identifiables pour tout lecteur : l’actuel président de la République et les principaux représentants du parti d’opposition.

                                          Sans trop m’avancer sur le déroulement de la séance de "brainstorming" (pour employer le dialecte de la sombre confrérie des fils de pub), je gagerais qu’un Jean-Kevin a lancé l’idée qu’il fallait dégager une "push line" pour chacun des deux réferents. Ce à quoi Gisèle a répondu : Heinnnnnnnnnnnnnn ???? (Gisèle, engagée par intérim à la suite d’un recrutement hasardeux, fut excusée de son incurie, mais tout de même priée de passer à la compta).

                                          Au bout de 30 secondes d’intense réflexion collective (facturée 8 heures au minimum) l’on a ensuite convenu que la push-line (le "trait caractéristique", Gisèle, le "trait caractéristique"...) était pour Sarkozy l’hyperactivité, et pour le parti d’opposition les querelles intestines.

                                          Ne restait plus ensuite qu’à trouver les maximes appropriées pour tourner en dérision l’un et l’autre, ce qui nous donne au final deux critiques fort peu virulentes :

                                          - La première induit l’idée selon laquelle l’hyperactivité du président vise moins à produire des effets concrets qu’à le convaincre lui-même de sa propre existence, ou du moins à donner l’illusion de son importance au spectateur médusé.

                                          - La seconde laisse entendre que malgré les querelles intestines qui grèvent le Parti socialiste, ce dernier feint de les ignorer pour maintenir l’unité de façade.

                                          Dans un cas comme dans l’autre, l’ironie est aussi légère que convenue, cette retenue ayant pour principal intérêt publicitaire de préserver la sensibilité politique de l’acheteur potentiel tout en suscitant sa connivence.
                                          Mais, comme tend à le démontrer votre réaction épidermique à cette campagne de promotion, le publicitaire prend toujours le risque de heurter certaines sensibilités politiques, plus développées que d’autres, lorsqu’il sollicite certains objets.







                                        • Icks PEY Icks PEY 26 janvier 2008 01:25

                                          Excellent commentaire de JC MOREAU.

                                           

                                           

                                          Icks PEY

                                           

                                           

                                           

                                           

                                           


                                        • Céphale Céphale 26 janvier 2008 08:41

                                          Je ne lis plus Le Monde, ou plutôt je ne le lis que très rarement. Les articles importants sont tournés de façon ambiguë, tellement ambiguë que souvent on n’y comprend plus rien. Mon journal préféré est le Guardian.

                                           

                                          Les deux pages reproduites ci-dessus m’ont sidéré. Sous prétexte d’une publicité pour des intellectuels, Le Monde fait de la politique avec de gros sabots. Il suffit de lire les deux citations. En clair : Sarkozy est un homme d’action, Le PS est un parti divisé. Et pour ceux qui ont mauvaise vue : les deux photos.

                                           

                                          Notez, Le Monde n’a pas tort. Il ne fait que montrer ce que tout le monde sait déjà. Celui qui a eu l’idée de cette publicité a peut-être voulu créer un choc salutaire dans l’opinion. Qui sait ?


                                          • lib 26 janvier 2008 10:02

                                            Très intéressant commentaire de JL Moreau. qui vient tempérer si l’on veut, une très intéressante analyse de Paul Willach.

                                             

                                            J’étais bien sûr tout à fait conscient du bien-fondé de la démonstration de M. Willach, avec un sentiment de gêne. Quelque chose ne collait pas.

                                            La démonstration de M.Moreau a levé le doute. Jusqu’à la pirouette de la conclusion, qui écarte quand même trop facilement l’esprit partisan.

                                             

                                            Le Monde définit une bonne fois son ancrage politique dans son choix de pub, c’est l’évidence. On rigole avec les copains, mais d’un côté la complicité amicale, de l’autre la saillie qui met en évidence un ridicule qui nuit.

                                            Je dirais que le Monde a choisi ce type de pub pour conjuguer à la fois un effet certain sur ses ventes, et l’affirmation, soft, mais bien présente, de la continuité de l’allégeance.

                                            Ceci par rapport à un public ciblé, ses lecteurs.

                                            Et ensuite je dirais que ce public, suivant toute probabilité, est donc plus considéré par le monde lui-même comme sympathisant sarkozyste, que socialiste. J’ai dit sarkozyste, et non UMP, si’il y a encore une UMP qui ne serait pas Sarkozyste. Et l’on y verra plus clair au mauvais vent.

                                             

                                            La grande figure, encore une fois, c’est celle de l’individu, qui peut, face au groupe, impuissant.

                                            Toujours le culte du chef, et de l’homme providentiel.

                                            Quelque chose qui nie absolument la réalité des faits. Elle établit qu’on ne peut rien seul, et que deux mains, valent mieux qu’une, même très forte.

                                            En politique comme ailleurs. Il faut des associés aux entreprises, des alliés aux démocrates, des nervis aux dictateurs.

                                             

                                            Mais tout cela, et M. Willach a bien raison, nous emmène loin de Platon.

                                            L’éthique des procédés, comme l’esprit qui règne, dans les cénacles de ces grands groupes, tant publicitaires, que de presse, finit par se révéler au grand jour. Ceux qui se nourrissent du pouvoir, nourrissent sa puissance.

                                            Et celui qui mord le plus à l’hameçon publicitaire, pourrait bien mordre bien moins à la lecture. Dans le même temps où il se fera le mieux manger.

                                             

                                            Merci pour vos analyses très pertinentes.

                                            Lib.


                                            • COLRE COLRE 26 janvier 2008 10:28

                                              @lib, bonjour, (votre message arrive en même temps que le mien),



                                              Je dirais que le Monde a choisi ce type de pub pour conjuguer à la fois un effet certain sur ses ventes, et l’affirmation, soft, mais bien présente, de la continuité de l’allégeance.



                                              - Finalement, on se retrouve un peu sur l’idée d’un message du Monde qui ne serait pas QUE mercantile, et que la philo, dans tout ça, c’est secondaire ! Mais vous rajoutez une idée : annoncer la « continuité de l’allégeance ». Bien vu et bien dit.

                                               


                                            • Paul Villach Paul Villach 26 janvier 2008 17:25

                                              Vous mettez le doigt fort justement sur l’opposition entre le chef solitaire et le groupe. Mais là encore, c’est pour faire croire à tort que le chef solitaire est plus efficace que le groupe qui ne peut que se chamailler. Paul Villach


                                            • COLRE COLRE 26 janvier 2008 10:18

                                              @Paul Villach,

                                              - Vous avez levé un lièvre avec cet article. Plus on y réfléchit, et plus on découvre de nouveaux aspects. Ce matin, pub audio sur Europe 1, de mémoire :
                                              « Ségolène Royal soutient Bertand Delanoë —puis, suit la citation de Pascal sur les faux amis, puis, genre : Le journal Le Monde propose, etc, et ça parle de Platon.

                                              - Ainsi, il s’agit en fait d’une publicité (déguisée) pour Le Monde ! avec une accroche politique, et là, très forte pour tous : Ségolène Royal soutient Bertand Delanoë. Au fait, pas entendu ça ce matin sur les radios, est-ce vrai, seulement comme info ?!?

                                              - Donc, coup double (voire triple) : message anti-PS, pub pour le journal (en mauvais état), et pub pour un produit dérivé du Monde (le prétexte, les livres de philo). Au fait, le premier, Platon, est gratuit, vous croyez que les autres vont être achetés ?
                                               

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