Voyoucratie des banlieues et voyoucratie d’État
Les tensions entre les forces de l’ordre et les jeunes sont toujours extrêmement fortes à Villiers-le-Bel et cette situation ne s’améliorera que très lentement en raison des intenses ressentiments des uns et des autres.
Nicolas Sarkozy a qualifié de « voyoucratie » ces jeunes qui ont participé aux récentes émeutes et il a lancé un appel à témoin, avec offre de prime, pour les personnes qui donneraient des informations sur les responsables des tirs sur les policiers. Si les émeutes de Villiers-le-Bel ont révélé l’apparition de deux France, l’une qui vit dans la paix, et l’autre dans l’angoisse de l’agression et des émeutes, le fait de rendre responsable de cette situation une « voyoucratie » mérite un développement qu’a réalisé Laurent Mucchielli, directeur du Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (CESDIP). Celui-ci retient les difficultés relationnelles des jeunes avec la police, un échec scolaire très élevé (40 %), un taux de chômage tout aussi important auxquels s’ajoute le regard de la société française sur une population issue de l’immigration.
Les causes à ces émeutes sont évidemment multifactoriels et stigmatiser la « voyoucratie » consiste plus à jeter de l’huile sur le feu qu’à résoudre des problèmes dont il faut rechercher l’origine dans les décisions prises par les précédents gouvernements.
En fait, la principale des raisons à cette situation me semble être que nous vivons depuis trois décennies au sein d’un Etat qui s’est progressivement transformé en un totalitarisme mafieux dans lequel le président de la République n’est contrôlé ni par les institutions ni par les citoyens. Cet embrasement de Villiers-le-Bel ne serait-il pas, en fait, le soubresaut d’une République à l’agonie qui a été incapable de donner une véritable formation humaine aux jeunes et de leur assurer un avenir ? Je me dois d’apporter un développement à cette analyse.
J’ai créé, en novembre 1993, un laboratoire d’idées « les Clippers de France », dont le développement actuel constitue le projet « Euroclippers », et qui avait pour ambition de définir les conditions dans lesquelles il serait possible d’apporter une formation humaine aux jeunes, par la navigation, en équipage, à bord de grands voiliers. En avril 1995, j’ai reçu une lettre de Jacques Chirac qui me souhaitait bonne chance dans cette entreprise... Notre président de la République a préféré ignorer un ensemble d’études et de recommandations émises par une élite maritime qui s’était constituée afin d’améliorer l’avenir des jeunes... Pour quelles raisons ? ... En serions-nous là si un important programme de formation humaine des jeunes avait été mis en place il y a près de dix ans ? ...
Puis, en janvier 1998, j’ai dénoncé, à la Direction nationale des enquêtes fiscales (DNEF), le détournement des indemnités de la guerre du Golfe par François Mitterrand, et qui se monte à près de 3,5 milliards de dollars. Ce détournement de fonds aurait permis de faire construire pour nos étudiants, lycéens ou jeunes marginalisés, près de 100 voiliers de 80 mètres du type « Gorch Fock », voilier-école de Marine allemande ! ...
Et j’en viens à la « voyoucratie » qui nous gouverne, la « giga-voyoucratie » mitterrandienne qui a eu les moyens de détourner plusieurs milliards d’euros, en toute impunité, et qui doit nous faire relativiser le terme de « racaille » employé par Nicolas Sarkozy pour certains jeunes des banlieues...
Puis, il faut savoir que, de 1998 à 2007, j’ai alerté régulièrement l’Elysée sur cette affaire ! ... Pour quelles raisons notre ancien président de la République, Jacques Chirac, a-t-il protégé les responsables d’un détournement de fonds publics de plusieurs milliards de dollars ? ...
Et si l’on parle de « voyous » pourquoi l’affaire du compte bancaire de Jacques Chirac au Japon a-t-elle bizarrement disparue alors que Le Canard l’a décrite dans trois numéros ? ... Et pourquoi les rétrocommissions sur les ventes de frégates à Taïwan, qui se montent tout de même à plus de 500 millions de dollars, ont-elles été classées « secret défense » alors que la liste des bénéficiaires était disponible aux douanes et dans le coffre du ministre des Finances ? ... Pourquoi l’instruction sur ce dossier a-t-elle été close ? ... Pourquoi tout ces « pschitt » sont-ils considérés comme normaux dans notre démocratie ? ... Tout simplement parce que le pouvoir a été, récemment, entre les mains d’une « méga-voyoucratie » chiraquienne qui a été autrement plus puissante et mafieuse que la « voyoucratie » des banlieues.
Je dois avouer que j’ai maintenant acquis la certitude que nous avons été dirigés, jusqu’à maintenant, non pas par de vrais dirigeants, mais par d’authentiques mafieux, sans scrupule, qui sont plus soucieux d’arriver au pouvoir et de s’y maintenir en se constituant une fortune colossale plutôt que d’être de véritables chefs d’Etat. Ces dirigeants peuvent-ils réellement faire les bons choix pour nos « ados » ? Non, très vraisemblablement, et c’est ainsi que j’avance l’hypothèse que la situation dramatique dans laquelle se trouvent nos banlieues, et par-là même nos forces de l’ordre, ainsi que l’ensemble de notre société, pourrait bien avoir pour principal responsable Jacques Chirac qui n’a, à aucun moment, lutté contre la corruption institutionnalisée par les Mitterrandiens.
Je rappelle que l’Institut of Economic Affairs (Londres) a classé la France, en juin 2006, comme le pays le plus corrompu des nations occidentales. Un analyste de l’IEA, Ian Senior, précise : « Il est faux de dire que la corruption aide à lubrifier les rouages de l’économie. Au contraire, la corruption appauvrit les sociétés en détournant des ressources vers ceux qui sont déjà riches et puissants, et rend les biens et les services plus chers que ce qu’ils devraient être... La corruption est un cancer qui détruit les institutions et les sociétés, et son élimination est une étape importante pour faire un monde plus prospère et plus démocratique ». Une analyse à méditer...
Mais, de la même façon qu’il ne faut pas rejeter tout ce qui a été fait pendant les gouvernements Mitterrand, il ne faut pas, non plus, sous-estimer l’aspect négatif de ces si longues années mitterrandiennes empoisonnées par une succession d’affaires toutes plus louches les unes que les autres et qui ont progressivement détruit les valeurs essentielles de droiture, de rigueur, de probité, de liberté, de critique, de courage, qui sont indispensables au développement d’un réseau social harmonieux.
Et nous devons surtout admettre que la rupture avec cette période n’a pas été réalisée par Jacques Chirac. En effet, en 1995, celui-ci avait la possibilité de lancer un important programme maritime pour les jeunes, mais il n’en a rien fait, alors même qu’il ne pouvait pas ignorer le détournement des indemnités de la guerre du Golfe par François Mitterrand... Jusqu’à quand devrons-nous supporter un tel niveau de corruption et d’irresponsabilité mafieuse ? ... Jusqu’à quand les fonctionnaires de nos grands ministères, les journalistes de nos nombreux journaux, les dirigeants de nos grandes sociétés, seront-ils les complices, par peur, lâcheté ou compromission, d’un système mafieux dans lequel chaque citoyen se doit d’être le sujet du prince qui nous gouverne ?
La sécurité est la première des conditions pour qu’une société puisse se développer afin que les individus soient libres responsables et créatifs, mais nous devons admettre que pour redresser la barre il faudra du temps, des larmes et du sang, car nous payons, maintenant, trois décennies de totalitarisme mafieux, de « voyoucratie », de « république des voyous » !!!...
Si les responsables des émeutes forment une « voyoucratie », comme le souligne Nicolas Sarkozy, il ne faut pas oublier la « giga-voyoucratie » mitterrandienne, ainsi que la « méga-voyoucratie », chiraquienne qui nous dirigés depuis trois décennies...Voilà où nous en sommes.
Et si l’appel à témoin peut paraître valable pour retrouver les auteurs des coups de feu contre les forces de l’ordre, la dénonciation, par le public, des dirigeants politiques corrompus me semble au moins aussi justifiée. Car un dirigeant corrompu ne vaut pas plus qu’une dénonciation et une demande de prime.
Qu’en pense Nicolas Sarkozy ? ... Ira-t-il jusqu’à appliquer cette méthode de dénonciation à la « voyoucratie » qui nous gouverne depuis trente longues années d’affaires, de scandales financiers... ? Rien n’est moins sûr !!! ...
« Voyoucratie d’État », quand tu nous tiens...
Jean-Charles Duboc
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