La TVA sociale véritable outil de compétitivité
Comment à niveau de prélèvement identique, optimiser le prélèvement de l’impôt dans un environnement nouveau de compétitivité internationale extrême ? La TVA sociale récemment mise en place en Allemagne, présente de réels atouts encore incompris en France.
Comment mettre l’impôt au service de la compétitivité de la France ?
Vaste sujet, mais déjà ainsi formulée cette question peut-être traitée ici sans
entrer dans un autre question : "Faut-il augmenter, stabiliser, ou
diminuer la part de l’Etat dans l’économie ?". Que l’on soit pour un Etat
fort ou un Etat allégé la TVA sociale traite d’une question transverse : A niveau
de prélèvement donné, comment optimiser le prélèvement de l’impôt.
Quelle est la proposition de la TVA sociale ? Il s’agit de transférer une partie des impôts portant sur le travail vers la consommation. L’Allemagne vient dans ce sens d’augmenter au 1er Janvier son taux de TVA de 3 points pour financer sa protection sociale. Pour bien comprendre les enjeux, étudions le cas d’une société française type, avant/après, si la France effectuait elle aussi un changement de 3 points :
Avant : Situation actuelle
Une entreprise crée un produit qu’elle vend 100 euros TTC. Sur ce produit, cette entreprise aujourd’hui paie 20 de TVA (19,6 mais on prendra des chiffres ronds par souci pédagogique). Reste 80 avec lesquels l’entreprise paie les salaires, les matières premières, les banques, ses actionnaires sous forme de dividende, l’impôt sur les sociétés et les cotisations sociales.
Après : Situation avec TVA sociale
Au lieu de payer 20 de TVA, l’entreprise paie 23 euros de TVA. Le prix de
vente reste à 100, l’Etat
allouant les 3 euros à une baisse des cotisations sociales. Le prix de vente reste donc à 100 euros.
Et alors ?
On pourrait dire "Et alors ? Rien n’a changé, je continue de payer 100 en tant que consommateur et en tant que contribuable, je paie la même quantité d’impôts mais d’une autre manière.. ?"
Justement, rien n’a changé tant que l’on reste dans une situation Franco-française.
La France serait un pays en autarcie, il n’y aurait pas de différence notable,
sauf que l’impôt au lieu d’apparaître sur la feuille de paie apparaîtrait sur
le ticket de caisse. On aime ou l’on aime pas, mais l’efficacité économique est identique.
Une situation de concurrence internationale
La TVA sociale ne prend tout son sens qu’après avoir rappelé que depuis quelques décennies, la France est dans une situation de concurrence internationale, et notamment de concurrence fiscale. Le débat sur la TVA sociale devient un enjeu d’autant plus important que le traité de constitution européenne est bloqué : Il n’y aura pas d’harmonisation fiscale dans un avenir proche au niveau européen. La concurrence fiscale s’installe au sein même de l’UE alors que l’espace européen représente l’essentiel de nos importations et exportations.
Retour à notre exemple
Que ce passe-t-il dans le contexte international dans notre exemple "avant/après" ?
Les résultats
Mon usine en France :
Prix de production : 80 euros
Prix à l’étranger : 80 euros + TVA du pays
Prix en France : 100 euros TTC
L’usine identique de mon concurrent à l’étranger dans un pays pratiquant la TVA sociale :
Prix de production : 77 euros
Prix à l’étranger : 77 euros + TVA du pays
Prix en France : 97 euros TTC
Les résultats sont simples : l’entreprise bénéficiant de la TVA sociale gagne autant de points à l’étranger (77 contre 80 avant TVA) que sur le marché Français (97 contre 100 après TVA) face à une entreprise ne bénéficiant pas de la TVA sociale.
Il y a un truc ?
Oui ! L’idée au coeur de la TVA sociale est que la TVA est un impôt qui, contrairement aux charges sociales touche les produits à l’importation et ne touche pas les produits à l’exportation.
Les pays faisant du dumping social ou fiscal ne bénéficient plus d’un avantage compétitif sur notre marché intérieur puisse qu’ils sont soumis, par la TVA, à la même charge que les sociétés françaises. A l’inverse, les sociétés françaises n’ont plus à payer tout le poids de l’administration française alors qu’elles vendent à l’étranger.
Conclusion
La TVA sociale serait donc un puissant outil de compétitivité pour les sociétés françaises tant sur le marché domestique qu’à l’international et le travail en France redeviendrait d’autant plus compétitif qu’il en deviendrait moins taxé. Nos partenaires européen sont en train de se doter de cet outil. Il est donc important que la France ne passe pas à côté de cette évolution.
Idée fausse N° 1 : La TVA sociale engendre de l’inflation
"La TVA sociale va entraîner un surcoût des produits importés et créer de l’inflation" : Oui la TVA sociale va engendrer un surcoût des produits importés mais, ce surcoût c’est de l’impôt qui rentre. Si l’on applique la réforme à niveau d’imposition constant, tous les gains d’impôt fait d’un côté sont autant de réduction de charges de l’autre et donc de diminution de prix. Le montant prélevé par l’Etat étant identique avant et après, il n’y a pas de hausse moyenne des prix.
Idée fausse N° 2 : La TVA sociale est inégalitaire
La TVA sociale est présentée à gauche comme un impôt injuste car non redistributif, par opposition à l’impôt sur le revenu qui est plus que proportionnel. Etre pour ou contre une redistribution plus que proportionnelle n’est pas le sujet du présent article. Par contre, il faut souligner que la TVA sociale vient en remplacement des cotisations sociales payées par le travail salarié et que ces cotisations ne sont pas plus redistributives que la TVA sociale. Transformer des charges en TVA n’est en conséquence pas une diminution ni une augmentation de la redistribution par rapport au système actuel.
Idée fausse N° 3 : La TVA est déjà trop élevée en France, et cela va pénaliser les entreprises frontalières
Rappelons que le prix de vente moyen en France ne change pas, voir « Avant/Après » plus haut. Le Danemark a un taux de TVA de 25%, ce qui lui permet d’avoir des charges sociales très basses.
Idée fausse N° 4 : La TVA sociale favorise les entreprises à forte main
d’œuvre au détriment des entreprises novatrices
La création de richesse est une fonction de 2 facteurs : le capital et le travail.
Si la TVA sociale est neutre du point de vue de l’ensemble des entreprises française, ce raisonnement reste vrai uniquement en moyenne.
Une entreprise qui produit sa richesse avec beaucoup de travail bénéficiera de plus de réductions de charges qu’une entreprise utilisant moins de travail pour le même résultat. Les réductions de charges ne seront pas les mêmes pour toutes alors que l’augmentation de TVA sera identique.
Un raisonnement hâtif serait d’en conclure que la TVA sociale va pénaliser les entreprises innovantes. Hâtif car :
- le capital n’est rien d’autre que du travail accumulé
- les sociétés de pointe au niveau technologique peuvent demander moins de salariés, mais n’ont pas forcément une masse salariale plus faible...
- dans un monde concurrentiel, les entreprises avantagées seront amenées à baisser leurs prix par la pression de la concurrence et les entreprises désavantagées seront amenées à augmenter leurs prix par effet inverse. La marge peut donc rester la même. La TVA sociale n’est pas une demande de diminution ou d’augmentation des marges.
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