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Accueil du site > Actualités > Environnement > Comment traduire « sustainable development » ?

Comment traduire « sustainable development » ?

J'habite à côté de la forêt de Brunoy, un peu au sud de Villeneuve-Saint-Georges, cette forêt de Brunoy que le roi Philippe VI de Valois voulait protéger et bien gérer par son ordonnance de 1346, celle-là même qui est à l'origine du concept créé en 1980 par les deux organisations internationales de protection de la nature IUCN et WWF :

sustainable development

car ces deux organisations cherchaient alors une expression un peu langue de bois, un peu contradictoire et hypocrite pour dire "tout et son contraire" : à la fois protéger et détruire la nature, à la fois favoriser l'économie tout en favorisant aussi l'écologie, hypocrisie volontaire pour plaire à tout le monde, ne se fâcher avec personne, ce qui est le principe des expressions diplomatiques. En clair il fallait rassurer les pays du Tiers-Monde, en colère depuis la première conférence de l'ONU sur l'environnement, en 1972 à Stockholm, car ils ne voulaient pas qu'on les bride dans leur espoir de se "développer" au nom des mesures de protection de l'environnement. D'où le stratagème alors choisi : caresser les Etats et le monde des entreprises dans le sens du poil en fabriquant pour leur plaire une expression qui contient leur mot-fétiche : "développement"...et y accoler un qualificatif évoquant les impératifs écologiques de la gestion prudente pour maintenir l'harmonie au sein des écosystèmes...

Petite histoire du mot anglais "sustainable",dont on remarquera les deux "s" = sus.

Il vient du vieux français utilisé dans ce texte de 1346 = sous tenable, soustenir, avec deux "s", et en Français actuel, un seul "s" = soutenir, soutenable, soutenabilité (sustainability). Le roi demandait à ses fonctionnaires appelés "Maîtres des forêts" de bien gérer (to manage = ménager, prendre soin) la forêt de Brunoy en établissant les quotas de coupes de bois = ne pas couper trop, pour ne pas entamer le capital de bois, laisser le temps à la forêt de repousser. Cette bonne gestion, prudente et écologique permet de respecter la capacité naturelle de renouvelabilité de la ressource en bois pour tenir compte des besoins des générations suivantes. Ainsi la forêt existera toujours, elle pourra se "soustenir", soutenir perpétuellement, pour le bienfait des générations futures. Une bonne gestion est une gestion soutenable.

Le mot "sous-tenir" signifie à l'origine "tenir par en dessous", en prenant la précaution de se placer exactement en dessous, pour avoir la charge à porter, tenir, bien équilibrée au centre de gravité. Même sens pour "supporter", porter par en dessous.

Donc dès le début ce mot fait appel à une notion d'équilibre. D'où le sens actuel de "précaution écologique", d'équilibre écologique...

Le 24 mai, conférence en anglais de Dennis Meadows à Paris.

C'est lui qui nous a raconté comment à 27 ans en 1972 il avait participé à la rédaction du fameux rapport au Club de Rome que j'avais lu avec la passion de mes 19 ans à l'époque ; sur internet en tapant sur google : "le club de Rome confirme la date de la catastrophe" et aussi = "Is it too late for sustainable development" on découvre les propos de Dennis Meadows tenus à Washington au Smithsonian Institution le 1er mars 2012, à l'occasion du 40e anniversaire de ce fameux rapport = "The limits to Growth".

J’ai pu rencontrer Dennis Meadows juste après cette conférence, on a sympathisé, il m'a donné son adresse.

Il a expliqué à cette conférence pourquoi il était hélas désormais trop tard pour lancer le "sustainable development", car de toute façon cette expression est contradictoire : il a expliqué que le développement ne peut pas être soutenable. Il a précisé que pour lui l'expression "sustainable development" est un oxymore, ce que nous étions quelques-uns, avec Serge Latouche (par exemple dans la revue "Tiers-Monde n° 100) à dire dès la fin des années 1980...

Seule la stabilité est soutenable, pas ce qui se développe, croît, augmente, gonfle, grossit. Donc il faut d'abord arrêter le développement.

Et ensuite inventer des modes de vie qui gaspillent moins : des modes de vie soutenables, à faible empreinte écologique. Juste ce qu'il faut pour vivre, avec sagesse et simplicité, ce qui est aussi le sens du mot français "se sustenter", repris par la langue espagnole pour traduire "sustainable". Les portugais aussi ont choisi de ne pas dire « durable ». Personnellement, je remplace "développement" par "enveloppement". Cette idée commence à se répandre : Edgar Morin et Michel Maffesoli l'utilisent.

Toute cette histoire pour dire que la bonne traduction de "sustainable", c'est "soutenable" : ne jamais dire pour traduire ce mot : "durable", adjectif qui plaira au monde des affaires, troublé par le succès médiatique du Sommet de Rio en 1992, bombe qu'ils cherchèrent alors à désamorcer en rédigeant "l'Appel de Heidelberg" la veille du début de la Conférence internationale à Rio. C'est pour cela aussi que début juin 1992 les deux hommes d'affaire Maurice Strong et Stephen Schmidheiny créèrent le Business Council of Sustainable Development, et depuis ce club des plus grosses multinationales aide les plus gros pollueurs à se faire pardonner leurs crimes environnementaux. Maurice Strong, pdg de sociétés canadiennes œuvrant dans l'hydroélectricité et le pétrole est aussi depuis 1972 le Secrétaire Général nommé par l'ONU pour coordonner toutes les conférences internationales sur l'environnement. Il a été remplacé à ce poste fin 2010 par le Français Brice Lalonde. C'est lui qui a créé en 1983 dans le cadre de l'ONU la commission "Environnement et Développement", et c'est à ce moment-là que les milieux d'affaires ont trouvé que l'astuce sémantique créée par IUCN et WWF trois années avant : "sustainable development", était une bonne expression pour réintroduire les priorités économiques dans ces discussions sur l'environnement. Maurice Strong placera à la tête de cette commission l'ancienne ministre de la Norvège Gro Harlem Brundtland, et c'est par son rapport de 1987 "Notre avenir à tous" qu'elle rendra célèbre l'expression "sustainable development". Quant à Stephen Schmidheiny, président du plus grand groupe mondial spécialisé dans l'amiante, il a été condamné en février 2012 à Turin à 16 ans de prison au grand procès italien des victimes de ce minerai aux fibres cancérigènes. Préférer "durable" à "soutenable est normal dans la logique managériale car pour ceux qui se soucient avant tout de leurs bénéfices et vivent rivés au seul court terme, ce qui doit durer, c'est la machine économique, elle doit continuer à se développer le plus longtemps possible, pour que la compétitivité des entreprises soit durable. Les francophones qui cherchent d'abord des bénéfices durables utilisent désormais le qualificatif "durable" à toutes les sauces, car il est devenu un vocable indispensable pour faire du "green-washing", une simple astuce dans les politiques de communication, une coloration verte à la mode, l'art de se faire passer pour "écolo" tout en faisant tout pour maintenir la rentabilité des investissements, de façon "durable".

Le qualificatif "soutenable" fait moins penser à la durée car il tient compte des impératifs d'équilibre écologique pour que la pérennisation puisse se dérouler en toute harmonie. Et ces impératifs sont complexes, multi-factoriels, plein de boucles de rétroaction. Faire seulement "durer", c'est bien plus simple (et simpliste !) : juste continuer sur le seul axe du temps. Rien changer pour continuer à faire des affaires. Coûte que coûte, durer, et faire taire ces "écolos" qui osent demander aux tribunaux de faire payer les pollueurs...

Dire "durable", c'est faire injure à la langue anglaise qui possède le mot "durable" dans sa langue et ne l'a pas choisi, préférant "sustainable", qui a une longue tradition d'usage dans le vocabulaire anglais pour traiter des sciences de la gestion des forêts. De plus lors de la première parution en langue française du Rapport Brundtland "Notre avenir à tous", éditions du Fleuve, Québec, en 1988, c'est bien le mot "soutenable" qui avait été choisi.

C'est faire aussi injure à l'origine française, attestée dans ce texte ci-dessous de 1346, du mot "sustainable" (soutenable, soutenir, soutenabilité) Voici le texte d'origine :

Ordonnance de Brunoy, roi Philippe VI de Valois, 1346

"Les Maîtres des forêts enquerreront et visiteront toutes les forêts et bois qui y sont et ferons les ventes qui y sont à faire, eu regard à ce que les-dîtes forêts et bois se puissent perpétuellement soustenir en bon état ."

Thierry Sallantin

Contact : [email protected]


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15 réactions à cet article    


  • Croa Croa 20 juin 2012 14:14

    Non même pas !

    Il faudrait traduire ici « sustainable » par soutirable et non pas par soutenable. Cela se comprend mieux avec la locution « produit soutirable » = nombre d’arbres que l’on peut extraire de la forêt sans compromettre sa pérennité par exemple, ou le nombre de tonnes de poissons que l’on peut pêcher sans compromettre la ressource halieutique.

    Soutenable veut dire « que l’on pourrait supporter, endurer, accepter... » ce qui ne semble pas correspondre avec le sens voulu.

    Cependant « développement soutirable » serait politiquement incorrect parce que le français est plus parlant que l’anglais et par ailleurs ça sonne vraiment mal. Il était donc logique que les « communicants » aient recherché un truc ne voulant rien dire mais porteur d’un sens supposé qui finalement les arrange ! 


    • Olivier Perriet Olivier Perriet 20 juin 2012 15:06

      on pourrait aussi sacrifier l’humanité pour sauver la planète smiley , hein les écolos ?


      • alinea Alinea 20 juin 2012 23:11

        Sûr que tout ce qui vit sur la planète trouverait de l’aise à ne plus nous voir ! Nous sommes haïs par tous, il faut le faire !
        Mais la planète, elle, elle s’en fout, elle en a vu d’autres !
        L’écolo.


      • Ptetmai 20 juin 2012 15:36

        « De plus lors de la première parution en langue française du Rapport Brundtland »Notre avenir à tous« , éditions du Fleuve, Québec, en 1988, c’est bien le mot »soutenable« qui avait été choisi »

         

        ABSOLUMENT FAUX

         

        J’ai correspondu avec l’éditeur canadien et un collaborateur de Mme Gro Harlem Brundltand à l’époque

        C’est elle qui a fait l’erreur de faire traduire en français par DURABLE. .

        Et effectivement finalement ni développement ni durable ne sont des bons choix


        • leypanou 20 juin 2012 15:44

          @Thierry Sallantin :

          Vous l’avez dit : développement durable est un oxymore. D’une manière générale, c’est une escroquerie sémantique qui permet aux tenants d’une certaine politique de changer de rustines ou d’habillage, sans s’attaquer au fond. Avec des ressources non durables, on ne peut pas faire un développement durable.

          En ayant « fricoté » avec S Latouche, j’espère que vous n’êtes pas « affilié » à EELV, qui fait pour moi de l’écolo-libéralisme, avec comme chef de file DCB, le pourfendeur de H Chavez devant l’Assemblée Européenne.


          • al.terre.natif 20 juin 2012 16:15

            Très intéressant ! Merci


            • aobc 20 juin 2012 16:38

              Bonjour,
              oui , l´internet c´est formidable !

              « ......et c’est à ce moment-là que les milieux d’affaires ont trouvé que l’astuce sémantique créée par IUCN et WWF trois années avant .... »
              Snif, snif......tous des victimes de malentendu

              Histoire du WWF , SOURCE : WWF
              ...Huxley est l’une des personnalités qui a le plus marqué les débuts du WWF. Premier secrétaire général de l’UNESCO, il est également co- fondateur de l’ UICN ...
              http://assets.wwf.ch/downloads/geschichtedeswwf_ml_pdf_f.pdf

              « ...Le roi demandait à ses fonctionnaires appelés »Maîtres des forêts« .......... » 
              Et bien « le roi » en demande encore, n´est-ce pas....

              Voici d´autres aides a la bonne « traduction » :

              14/09/2011
              Le Prince Charles président du WWF UK
              Le fils de la Reine Elizabeth II prend la direction de l’ONG.
              http://www.marcelgreen.com/article/lire/2335

              [ ==>
              International Business Leaders Forum (IBLF)
              The International Business Leaders Forum was founded by the Prince of Wales in 1990 with the aim of encouraging and supporting companies to address the sustainable development of society, the environment and the economy as an integral part of their core business and to enhance their contribution to this development
              http://www.siemens.com/sustainability/en/understanding-of-sustainability/cooperations/memberships-partnerships.htm
              ==>
              http://www.iblf.org/
              leader council
              http://www.iblf.org/en/programmes/iblf-leaders-council.aspx ]

              ==>
              17 avril 2012
              Le WWF : protéger la faune… pour mieux la chasser ensuite
              Alors que l’Espagne est en proie à la crise économique, le voyage du roi Juan Carlos, parti chasser l’éléphant au Botswana, choque. ...
              Or le roi Juan Carlos est président d’honneur… du WWF Espagne, la multinationale verte spécialisée dans la défense de la faune sauvage
              http://alerte-environnement.fr/2012/04/17/le-wwf-proteger-la-faune%e2%80%a6-pour-mieux-la-chasser-ensuite/

              ==>

              29/05/2012
              SPIEGEL : WWF Helps Industry More than Environment
              http://www.spiegel.de/international/world/wwf-helps-industry-more-than-environment-a-835712.html
              traduction ( crotte - mais bon ) google :
              ...Le WWF est l’organisation la plus puissante de l’environnement dans le monde et les campagnes au niveau international sur les questions examinées comme des tigres d’épargne et les forêts tropicales. Mais un examen plus attentif à son travail conduit à une conclusion qui donne à réfléchir : La plupart de ses activités profitent à l’industrie plus que l’environnement ou des espèces en voie de disparition...

              http://translate.google.com/translate?hl=en&sl=de&tl=fr&u=http%3A%2F%2Fwww.spiegel.de%2Finternational%2Fworld%2Fwwf-helps-industry-more-than-environment-a-835712.html

              [ ==>
              06/06/2012
              ROLAND BERGER ( nom a retenir !!! ) + WWF, Study
              Clean Economy, Living Planet
              The Race to the Top of Global Clean Energy Technology Manufacturing
              http://www.rolandberger.com/media/pdf/Roland_Berger_WWF_Clean_Economy_20120 606.pdf ]

              Cordialement, aobc


              • alinea Alinea 20 juin 2012 23:15

                Vous n’avez donc pas besoin de lire « Qui a tué l’écologie ? », de Fabrice Nicolino !


              • aobc 24 juin 2012 13:52

                WHO ARE THE SHAREHOLDERS ?

                Crown Estate is a property portfolio owned by the Crown.
                http://en.wikipedia.org/wiki/Crown_Estate


                The Crown Estate || Offshore wind energy
                http://www.thecrownestate.co.uk/energy/offshore-wind-energy/

                Crown Estates goes solar - Solarcentury
                http://www.solarcentury.co.uk/commercial/agricultural/case-studies/crown-estates-goes-solar/

                le probleme n´est pas une crown, un pays, une personne, une religion - 

                c´est LE SYSTÈME -
                c´est VOUS, TOI et MOI - c´est NOUS


              • Thierry Sallantin Thierry Sallantin 20 juin 2012 17:09

                Réponse de l’auteur
                je viens de relire la thèse d’Harribey sur le sustainable development passée à Bordeaux sous la dir ; de S. Latouche : il montre bien que de 88 à 95 la traduction de sustainable a flotté entre pérennisable« sustentable, supportable, soutenable, ecologiquement durable, ecologiquement soutenable et pérennisable, etc...
                Il n’y a aucun rapport entre Serge Latouche et EELV, et déjà en 1973 je faisais partie des gens qui n’étaient pas d’accord avec les écolos qui voulaient participer aux élections et présenter un agronome développementiste, René Dumont, aux présidentielles. J’étais pour les expériences alternatives et communautaires, pour mettre en pratique à la campagne nos idées écolos et révolutionnaires, typiques des années mai 1968, et très influencées par la contre-culture issue de la subversion à Berkeley (Free Speech Movement, puis les Diggers et Jerry Rubin) = voir dans le Nouvel Obs de janvier 1971 l’article de Michel Bosquet (André Gorz) = »la subversion par le bonheur«  »Pour nous le Grand Soir commence tous les matins !« Oui, Cohn-Bendit vieillit très mal depuis plus de 20 ans, comme Michel Field, Denis Kesler, Serge July, et tant d’autres traîtres passés à l’ennemi, récupérés par la société spectaculaire-marchande, comme disent les situs.Mais il y en a d’autres qui restent fidèles à leurs idées radicales de leur 20 ans, comme René Riesel, Michel Besson. J’ai eu la chance de ne jamais passer par la case marxiste ou trotskyste, et donc ouvriériste et technophile, case où sombrèrent la plupart de mes aînés en mai 68 : dès 67 alors au collège, je me suis passionné pour l’écologie et l’ethnologie et je ne m’enthousiasmais pas du tout pour la défense des usines (polluantes, prédatrices de ressources non renouvelables) et la défense de l’emploi, pour moi une vie d’esclave. J’ai remis très vite en cause la civilisation elle-même, et comme j’essaie de »décoloniser mon imaginaire« , je ne répète jamais l’expression absurde : »retour à l’âge de pierre« , expression inventée par le danois Thomsen en 1836. Le mot »retour« est absurde car je ne partage pas la croyance dans la légende occidentale qu’ils appellent »l’Histoire« , avec un avant et un après, une flèche du temps, avec comme par hasard les Blancs à la meilleure place, tout en haut au bout, le bon bout, celui du »progrès« . Et il n’y a pas d’ »âge« de ceci ou de cela, car tout est contemporain. Utiliser des pierres, c’est aussi aujourd’hui, et ce sera peut-être très courant demain. Dans ma vie, j’ai plus vécu »dans la nature« que dans la modernité, et la nature n’est pas hostile ! C’est la ville qui est hostile et dangeureuse. Moi je me suis régalé au milieu de l’Amazonie,en vivant nu, de chasse pêche et cueillette, après bien-sûr toute une période d’apprentissage auprès des peuples autochtones ou dans des vallées isolées, sans électricité, dans des coins perdus des Pyrénées. Je ne comprend pas l’un des intervenants de ce site (caché en toute lacheté dans son anonymat, comme quelques autres ! curieuse pratique !) qui imagine d’emblée la nature comme hostile et dangeureuse. Elle ne l’est que pour les gens trop civilisés, trop ethnocidés, qui ont déjà trop perdu les savoirs ancestraux de la vie normale et libre. Ces personnes sont probablement des êtres domestiqués, domptés par le dressage qu’on impose dans la civilisation, dans les villes, et qui ne se souviennent même plus de ce qu’est la vie libre.
                C’est quoi l’écolo-libéralisme ? Des écolos qui aiment la liberté ? Pour définir une école de pensée du capitalisme, celle de la dérégulation, celle anti Keynes, on dit »carcéralisme« , et non »libéralisme« , car il ne faut pas salir le beau mot de liberté. L’expression des disciples qui obéissent à ATTAC = neolibéralisme, est impropre. Ce capitalisme sans entraves, livré aux seuls appétits aristocratiques du luxe éhonté pour les plus cyniques, capitalisme ennivré par les théories de Hayek et du Mont Pélerin, appliqué par Tchatcher et Reagan puis accéléré par la chute de l’URSS en 89, turbo-capitalisme bien décrit par Naomi Klein dans la Stratégie du Choc, ce capitalisme est le contraire de la liberté, donc on le nomme pas avec un mot qui évoque la liberté, on dit à la place = »le capitalisme effreiné« , différent du capitalisme freiné, freiné par un (petit) souci de justice sociale : le Fordisme, puis les formes étatiques du capitalisme raisonné, régulé, à la Roosevelt pour juguler la rapacité des banques et ne pas revivre la »crise de 29« ...
                Je trouve idiot cette mode de parler de »libéralisme« ou de »néolibéralisme« , fréquent dans les milieux »alter-capitalistes« , qui veulent seulement légèrement réformer le capitalisme.
                Mais je ne suis pas non plus »anti capitaliste« , car ces gens là sont souvent des sous-marins du communisme : encore des conservateurs qui veulent conserver le délire occidental qu’est l’industrialisme et son productivisme démentiel, écologiquement insoutenable.
                Comme on dit chez les anars anglophones, je suis »anti-civ", car je sais que l’avenir appartient aux sociétés qui sauront vivre modestement, tranquillement, joyeusement, et donc écologiquement, à échelle humaine comme dit Kirkpatrick Sale. Le film de Frank Lopez en accès libre sur internet : end=civ, montre bien en quoi je suis beaucoup plus qu’anticapitaliste et anti communiste.
                Merci aux lecteurs de signer comme moi par leur vrai nom : Thierry Sallantin


                • alinea Alinea 20 juin 2012 23:25

                  Je suis entièrement d’accord avec tout ce que vous dites ; mais il y a deux choses qui m’énervent ! Mon nom, vrai, de l’état civil, est tout aussi anonyme que mon pseudo donc il n’y a pas de problème.
                  Quant au terme « néo-libéralisme » ou ultra libéralisme", je suis bien d’accord qu’il est mal nommé mais c’est le nom d’usage ; si on ne veut pas avoir un vocabulaire élitiste, on est bien obligé d’employer les mots de tout le monde !


                • Thierry Sallantin Thierry Sallantin 20 juin 2012 17:28

                  Thierry Sallantin à l’anonyme aobc
                  Tout ce que raconte aobc est hors sujet.
                  Il ne m’apprend rien sur le passé bien connu et effectivement horrible de ces grandes ONG de protection de la nature, toutes choses bien montrées par Fabrice Nicolino dans son excellent « Ils ont tué l’écologie ».
                  Nicolino insiste aussi sur le passé glauque de Maurice Strong. On pourrait en dire autant sur son successeur, Brice Lalonde, de son vrai nom Brice Levy-Forbes, et en cela cousin de John Kerry : les deux mères sont soeurs. De plus il s’agit de la branche des milliardaires Forbes qui ont fait leur fortune au milieu du XIXe dans le trafic d’opium, avec la fameuse Guerre de l’Opium par laquelle les colons européens imposèrent l’opium en Chine.
                  Déjà dans le livre « Crédits sans frontières, la religion de la banque mondiale » de Susan George et Fabrizio Sabelli (la Découverte), ces auteurs dévoilaient le passé de Maurice Strong, ce Pdg qui dirigea les quatre premiers Sommets de la Terre, de 72 à 2002,
                  Mais le sujet de la discussion n’est pas le décortiquage de WWF ou autre Ong, ce que l’universitaire Christophe Bonneuil, historien des politiques environnementales depuis 1945, fait très bien, en remettant dans le contexte colonial et le contexte de la lutte des deux systèmes industrialistes : le communiste et le capitaliste, le sujet de la discussion est plus modestement l’art de traduire « sustainable »...
                  Thierry Sallantin


                  • aobc 20 juin 2012 19:31

                    « ....le sujet de la discussion est plus modestement l’art de traduire »sustainable« ... »

                    Exactement.
                    Alors, voyons modestement l´art de traduire ensemble et regardons plus loin......
                    Commencons p.e par.l´étape du RIO 1992 et le GLOBAL COMPACT de l´ONU avec TOUTES ses dependences ( clubs PRIVÉS ) gracement financées.......et detaillons.
                    - étape par étape

                    Ce qui est chiant avec les aobc de ce monde , c´est qu´il y en a de plus en plus, des personnes qui en ont marre d´être pris pour des cons.
                    Et ce qui vraiment effrayant pour certains , c´est que ces aobc ne sont pas des membres d´une autre ONG, d´un autre parti ou club, qui font semblant de jouer opposition....pour se justifer l´existance de l´un et l´autre.

                    C´est la que ca devient interessant.

                    Quand c´est la pleb elle-même qui active et se sert de ses neurones dont elle dispose pour savoir ce qui est bonne pour elle
                    Quand la pleb se rend compte que les ROIS ET LEURS SERFS SONT NUES si se n´est la pleb elle-même qui leur fournit les vetements

                    Alors, que les jeux commencent.
                    UN aobc


                    • charlesleter 20 juin 2012 19:46

                      a l’auteur
                      Si on ne peut être que favorable au concept de durabilité qui « répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins « ,les déclarations annexes vont à l’encontre de cet objectif.
                      En effet les critères du développement durable dans les discours officiels des ministères ,à savoir un équilibre entre le social ,l’économique(croissance)et l’environnement(protection) sont mis au même niveau hiérarchique ,alors que le critère écologique devrait être prioritaire par rapport au critère économique ,car l’économie ne peut pas se passer l’écosystème
                      Les bonnes politiques de durabilité doivent admettre cette dépendance hiérarchique car étendre l’infrastructure humaine au dépend de l’écosystème appauvrit la société et la met en péril(cf rapport club de Rome)
                      L’influence du modèle économique traditionnel est donc insidieuse et peut polluer tout débat sur un projet de toute nature y compris politique.La plupart des groupes politiques ou des décisions brandissent l’économie comme critère numéro un,notamment notre gouvernement PS .Il s’agit d’un biais dans la façon de penser dominante et d’une faiblesse conceptuelle de raisonnement.
                      Cela dit il peut y avoir du développement durable ,par exemple le foret privée francaise est largement sous exploitée et une récolte possible supplémentaire de bois est possible durablement et pourrait créer des milliers d’emploi.
                      écologiquement


                      • Guy BELLOY Guy BELLOY 20 juin 2012 20:49

                        Just tell me another one  smiley

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