Bouée - Bidon - Bedaine - Brioche
L'accumulation de graisse viscérale n'est pas neutre du point de vue de notre santé. Le tissu adipeux viscéral, la célèbre bedaine, victime d'hypertrophie et d'hyperplasie devant une abondance énergétique alimentaire, se met à dysfonctionner. De très graves problèmes de santé peuvent naître de l'accumulation de graisse ectopique.
BOUÉE – BIDON – BEDAINE – BRIOCHE
Historiquement, les scientifiques ont considéré que le tissu adipeux était un simple lieu de stockage passif de l'énergie surnuméraire provenant de l'alimentation. Mais, allant de découverte en découverte, ces mêmes scientifiques ont compris, assez récemment, que le tissu adipeux se comportait comme un véritable « organe endocrinien », sécrétant des « adipokines » (ou « adipocytokines »), c'est à dire des molécules de signalisation qui participent activement à l'homéostasie corporelle. Ces adipokines comprennent des hormones (leptine, ghréline, adiponectine, résistine), des cytokines inflammatoires ( TNF&, IL-6), des facteurs de coagulation (PAI-1), des facteurs d'angiogenèse (VEGF) et d'autres protéines. Ces adipokines peuvent avoir une influence sur tous les organes du corps impliqués dans la physiologie ( par des actions autocrines, paracrines et endocrines). (1)
C'est seulement en 1994 que la « leptine », soit l'hormone de la satiété ou l'hormone « coupe-faim », a été découverte et identifiée comme étant produite par le tissu adipeux.
… « La découverte de la leptine a suscité bien des espoirs dans le traitement de l’obésité commune du fait de son action anorexigène. Malheureusement, le cerveau humain semble beaucoup plus réceptif au déficit qu’à l’excès de leptine circulante. Ainsi, la grande majorité des sujets obèses présente des concentrations sériques de leptine élevées sans effet satiétogène, témoignant d’une résistance centrale aux effets de la leptine »... (2)
En situation d'obésité, ou même simplement d'accumulation de graisse viscérale, le tissu adipeux devient dysfonctionnel ce qui amène une production dérégulée d'adipokines « pro-inflammatoires » et le recrutement sur site de nombreux macrophages (cellules de l'immunité). Une inflammation de « bas grade » s'installe. Cette situation est en lien avec un risque majeur de maladies cardio-vasculaires (crise cardiaque, angor, AVC), de résistance à l'insuline, de diabète de type II, d'hypertension et d'insuffisance rénale.
Le tissu adipeux se divise en deux catégories : le tissu adipeux blanc et le tissu adipeux brun. Ce dernier participe à la thermorégulation de l'organisme, un rôle bien particulier. Il n'en sera pas question. Nous nous concentrerons sur le tissu adipeux blanc.
Lorsque notre consommation énergétique est supérieure à nos besoins, notre organisme n'a pas d'autre choix que de stocker cette énergie supplémentaire sous forme de triglycérides dans les cellules adipeuses. Il le fait dans les lieux prévus à cet effet à savoir le tissu adipeux sous-cutané. Mais les capacités de stockage de celui-ci sont limitées et bien davantage chez les hommes que chez les femmes (pour des raisons de procréation). Devant l'afflux d'énergie surnuméraire, notre organisme trouve un « pis-aller » pour le stockage de cette graisse en utilisant les ressources du tissu adipeux viscéral (autour du cœur, du foie, des muscles, etc) engendrant, malheureusement, une « lipotoxicité ».
Ainsi, ce n'est pas tant la quantité de graisse accumulée qui sera délétère mais, plus exactement, sa « répartition » entre graisse sous-cutanée et graisse viscérale. A titre d'exemple, il existe des femmes qui, génétiquement, sont peu dotées en cellules adipeuses sous cutanées « dormantes ». L'énergie en excès consommée par cette catégorie de femmes sera dirigée vers les viscères, seul lieu envisageable et disponible pour le stockage de la graisse. L'autopsie d'une femme à caractère mince peut montrer une surcharge de graisse viscérale alors que sa silhouette ne le laissait pas du tout imaginer.
L'indice de masse corporelle – IMC- n'est pas un bon indicateur pour déterminer les risques de maladies cardio-vasculaires chez un sujet parce qu'évidement, la « répartition » de la masse grasse, sous cutanée ou viscérale, peut faire toute la différence. On obtient cet IMC en divisant le poids en kilogramme par la taille au carré (exprimée en mètre). Une personne mesurant 1,75m et pesant 77kg aura, par conséquent, un IMC très légèrement supérieur à 25 et sera considérée en « surpoids ». Cette notion, ainsi que celle « d'obésité », ne sont « que » des conventions. Pour être classée en « surpoids », il faut montrer un IMC égal ou supérieur à 25 et pour être définie comme obèse, la même personne devra avoir un IMC égal ou supérieur à 30. Ce qui ne veut pas du tout dire que si notre IMC est inférieur à 25, que nous n'avons pas accumulé de graisse viscérale. Il conviendrait, pour notre santé, de maintenir un IMC plutôt légèrement supérieur à 20 que légèrement inférieur à 25.
Ainsi, cette personne mesurant 1,75m et pesant 62kg, aura un IMC un peu supérieur à 20 tandis que celle-ci, pesant 76kg, soit un différentiel de 14kg, aura un IMC très légèrement inférieur à 25. Dans les 2 cas, à 62kg et à 76kg, cette personne sera identifiée comme ayant un « poids normal ». Et même en atteignant un poids de 57kg, cette personne là présentera un IMC de 18,6, c'est à dire encore un « poids normal », sans atteindre la maigreur, selon les critères de l'OMS. C'est donc à un grand écart pondéral que l'on assiste avec le poids dit « normal ». Une personne mesurant 1,75m pouvant peser 76kg, ou 57kg, et satisfaire aux critères du « poids normal ». Pourtant, ce sont bien 19kg qui sont concernés. Et s'il s'agissait de tissu adipeux et pas de masse musculaire ?
Il est très difficile d'avoir une balance énergétique exactement à l'équilibre. Notre organisme nous avertit par des signaux de « satiété » que nous avons consommé suffisamment de nutriments. Dans le cas inverse, il envoie des signaux de « faim » pour que nous nous alimentions. Tout ceci est parfaitement régulé. Mais, dans notre monde d'abondance et d'accès à la nourriture facile en permanence, il faut bien reconnaître que rares sont les situations au cours desquelles notre balance énergétique sera « négative ». Et même si nous sommes le plus souvent vigilants sur la quantité de nutriments ingurgitée, il suffit d'une fois par semaine, lors d'un repas en famille, lors d'une sortie entre amis, lors d'une anniversaire, lors d'une sortie de bureau, pour avoir une balance énergétique positive. Une part de gâteau, ou 3dl de vin, au delà de notre équilibre énergétique, feront que notre organisme stockera 30 grammes de graisse. C'est totalement invisible. Si vous reproduisez ce schéma 4 fois dans le mois, vous aurez stocké 120 grammes de graisse. C'est toujours totalement invisible. Au bout d'une année, ceci portera votre accumulation de graisse à 1440 grammes soit près d'un kilo et demi. Mais ce n'est pas vraiment toujours visible et d'ailleurs presque insignifiant.
Vous l'avez compris, ce genre d'habitudes de vie, sur 10 années, feront que vous aurez « pris » 14,4 kg et, sur 20 ans, près de 29 kg. Et, maintenant, cela se voit ! Cela se voit vraiment. Votre « stock » de graisse sera important. Il sera réparti entre « graisse sous cutanée » et « graisse viscérale » (la plus dangereuse) autrement appelée graisse ectopique ou encore graisse omentale.
Un apport énergétique supérieur à nos besoins va nécessairement être transformé en réserve graisseuse sous forme de triglycérides, le moyen de stockage de l'énergie surnuméraire le plus efficace. Les lipides alimentaires, qui sont des graisses, seront stockés de cette manière. Mais les glucides, provenant de l'alimentation, le seront également. En effet, les réserves en glucose de l'organisme sont très faibles. L'être humain peut stocker un peu de glucose, sous forme de glycogène, dans le foie et dans les muscles, et ces « réserves », de faible niveau, peuvent permettre à l'organisme de « tenir » sans alimentation le temps d'à peine une seule journée, approximativement. En revanche, la graisse de réserve autorise une personne à vivre sans alimentation durant plusieurs semaines. Ainsi, le « glucose surnuméraire », issu de l'alimentation, sera transformé en graisse par le foie lors d'un processus appelé « lipogenèse de novo ». Les cellules graisseuses possèdent également cette capacité, en absorbant du glucose, de le transformer en triglycérides pour le stockage.
Nous arrivons au bout de ce sujet concernant l'accumulation de graisse viscérale. Ce « stockage » de graisse ectopique est le premier signal que notre santé se dégrade et s'est dégradée. L'organisme humain doit trouver des solutions alternatives lorsqu'il est soumis à un apport énergétique dépassant ses besoins. C'est par nécessité qu'il le fait, n'ayant pas d'autre alternative. Il se trouve que si les nutriments viennent à manquer, c'est dans la graisse viscérale que l'organisme ira puiser son énergie d'une manière prioritaire. Les maladies dites « civilisationnelles », ou « maladies métaboliques », ou « syndrome métabolique », sont des maladies « d'accumulation ». Aux USA, deux tiers de la population au dessus de 25 ans est en surpoids ou obèse. En France, les derniers chiffres indiquent que 47,3% de la population adulte est en surpoids ou obèse, soit près d'un Français sur deux, et que la tendance est à la hausse. (3) et (4).
L'accumulation se produit année après année, sur du temps plus ou moins long. C'est très « logiquement » que les dysfonctionnements métaboliques apparaissent avec l'âge avançant. En automne-hiver, ce n'est pas du tout un hasard si les maladies respiratoires concernent très majoritairement les personnes obèses, en surpoids, celles ayant accumulé de la graisse viscérale, celles ayant développé le « syndrome métabolique », parce que le système immunitaire s'est amoindri pour faire face à ces pathologies. Il est dans l'impossibilité de faire un effort supplémentaire lorsque les agents pathogènes se présentent en masse à lui. Ainsi, lors des épisodes d'inversion thermique, en automne-hiver, les taux de pollution atmosphérique sont tels au niveau du sol que les organismes au système immunitaire défaillant paient un lourd tribu à cette pollution exacerbée.
Par ailleurs, cette « accumulation » fait que la sang est chargé pratiquement continuellement de glucose (ce qui se traduit pas des glycémies à jeun trop élevées, des glycémies post-prandiales importantes, des hyperglycémies, le développement d'un diabète de type II, de l'hyper-insulinémie). Ces situations ne sont pas du tout neutres du point de vue de notre santé, vraiment pas. Parce que celles-ci sont à l'origine de deux phénomènes qui nous « pourrissent » véritablement la santé : la « glycation non enzymatique des protéines, des lipides et de l'ADN » et une augmentation pathologique du « stress oxydatif ». Ceci fera l'objet, peut être, d'articles futurs.
Legestr glaz
(1)https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17021375/- (Le tissu adipeux comme organe endocrinien).
(3)https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28301314/- (Prévalence du syndrome métabolique par race/origine ethnique et sexe aux États-Unis, enquête nationale sur la santé et la nutrition, 1988-2012)
(4)https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/- (Obésité et surpoids : près d’un Français sur deux concerné. État des lieux, prévention et solutions thérapeutiques)
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