• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Société > L’enquête de David Graeber sur les origines de la monnaie

L’enquête de David Graeber sur les origines de la monnaie

C’est un livre absolument passionnant, que j’ai découvert grâce à l’ami RST, « Dette : 5000 ans d’histoire  » de David Graeber. Une histoire des derniers millénaires, sous l’angle de la monnaie et de la dette, sur toute la planète et sans se limiter à l’économie. Une mine absolument passionnante.

La monnaie, fille de la dette
 
Si le livre est centré sur la dette, il apporte un éclairage passionnant sur les origines de la monnaie. En effet, la monnaie descend directement de la dette. Pour l’auteur, « la monnaie virtuelle n’a rien d’une nouveauté. Il s’agit en fait de la forme initiale de la monnaie : systèmes de crédit, ‘ardoises’, notes de frais même, tout cela existait longtemps avant l’argent liquide. Ces choses-là sont vieilles comme la civilisation  ». D’ailleurs, parmi les tous premiers écrits se retrouvent des tablettes mésopotamiennes enregistrant des crédits et des débits mesurés en grains et en argent métal.
 
Ce faisant, David Graeber tord le cou au mythe véhiculé par les néolibéraux, qu’il résume ainsi : « autrefois, on faisait du troc. C’était difficile. Donc on a inventé la monnaie. Et plus tard il y a eu le développement de la banque et du crédit  ». En 1776, Adam Smith reprend cette idée, suivant un récit imaginaire d’Aristote. David Graeber révèle également que « bien des raisonnements les plus célèbres d’Adam Smith (sont) empruntés, semble-t-il, aus œuvres de théoriciens du marché libre de la Perse médiévale  ». Mais pour Smith, l’idée était surtout de combattre l’idée que la monnaie était une création de l’Etat.
 
Le problème est qu’en réalité, cette théorie n’a jamais été vérifiée. Et dans les périodes d’effondrement, comme après la chute de l’Empire Romain, cela ne provoque pas un retour au troc, car « les gens ont continué à tenir des comptes dans la vieille monnaie impériale, même s’ils n’utilisaient plus les pièces  ». Elle est restée l’unité de compte et permet le crédit.
 
L’organisation de notre système monétaire

On sait aujourd’hui qu’il y a cinq milles ans, en Egypte et en Mésopotamie (mais aussi en Chine et dans la vallée de l’Indus), les sociétés fonctionnaient avec des systèmes de crédit : « les gens ordinaires qui achetaient de la bière (…) d’une taverne avaient une ardoise, qu’ils payaient au moment de la moisson, en orge, ou avec tout ce qui pouvait leur tomber sous la main ». Développant de nombreux exemples, l’auteur affirme qu’« il est faux que nous ayons commencé par le troc, puis découvert la monnaie, et enfin développé les systèmes de crédit. L’évolution a eu lieu dans l’autre sens ».

En revanche, il est vrai que l’homme a utilisé de nombreux substituts à l’argent liquide moderne : sel en Abyssinie, coquillages sur la côte de l’Inde, morue sèche à Terre-Neuve, tabac en Virginie, sucre en Indes occidentales, fer à Sparte, cuivre dans la Rome antique. Il note que la monnaie s’est en général incarnée dans le bien le plus précieux de la société, celui qui était alors offert aux dieux, le bœuf dans la Grèce Antique, l’argent et l’or après.
 
Posant la question de la banque centrale, l’auteur raconte qu’en 1694, un consortium de banquiers se réunit et créé la première banque centrale, en Angleterre, en prêtant 1 200 000 livres au roi contre le monopole sur l’émission des billets de banque en pouvant prêter une fraction du montant que le roi leur devait (une forme de monétaisation de la dette royale), contre intérêts. Il faut noter que le système ne peut fonctionner que si le roi ne rembourse jamais toute sa dette, sans quoi il n’y aurait plus de monnaie.
 
« Dette : 5000 ans d’histoire  » est une mine d’information pour les passionnés d’économie. Un livre d’autant plus essentiel qu’il n’est pas un livre d’économiste, mais un ouvrage foisonnant davantage construit comme un livre qui mêle histoire, politique, sociologie, et bien sûr, économie.
 
Source : David Graeber, « Dette : 5000 ans d’histoire », Les Liens qui Libèrent
 
Pour creuser la question de la monnaie, vous pouvez également lire les résumés de ces livres :
Pierre-Noël Giraud, « Le commerce des promesses » : partie 1 et partie 2
A-J. Holbecq et P. Derudder
- « La dette publique, une affaire rentable » : partie 1 et partie 2
- « Manifeste pour que l’argent serve au lieu d’asservir » : ici
 

Jean-Claude Werrebrouck, « Banques centrales : indépendance ou soumission » : partie 1 et partie 2


Moyenne des avis sur cet article :  4.45/5   (22 votes)




Réagissez à l'article

47 réactions à cet article    


  • Séraphin Lampion P-Troll 6 avril 2015 11:26

    Très intéressant.

    Cela confirme que les banquiers privés ont toujours tenu les états (à travers les rois) qui, pour se débarrasser de leur dette avait comme meilleur recours l’assassinat, ce dont ne se priva pas Philippe le Bel avec les templiers ! Mais on peut se souvenir aussi de Jacques Coeur et de la famille Médicis.

    La mise en place d’une banque centrale privée en Angleterre est aussi édifiante.

    Le dollar et l’Euro sont des monnaies privées, alors que le franc était contrôlé par l’Etat)

    Un seul petit bémol :

    écrire "Ces choses-là sont vieilles comme la civilisation  » fait appel à une notion largement dépassée (c’est quoi le contraire de civilisation ? barbarie ? sauvages ? et ça commence quand ? Quels sont les critères.) 


    • Hervé Hum Hervé Hum 6 avril 2015 12:06

      @P-Troll

      le contraire de civilisé, c’est insoumis. Le principe de la civilisation repose sur la soumission

      Pour preuve, les plus grands génocides, et la quasi totalité des génocides, ont été perpétrés au nom de la civilisation, contre tous ceux qui refusaient la soumission.

      La tromperie consiste à faire croire que les civilisations passés et actuelles, reposent sur des lois communes qui s’imposent à tous, quand elle repose sur des lois personnelles de quelques uns, qui s’imposent à tous les autres.

      Bref, la civilisation au sens de la soumission de tous à des lois communes est à construire et ne fut, jusqu’à ce jour, que l’exception de la règle.

      l’humanité ne pourra revendiquer avoir atteint le degré de société civilisé, que le jour où elle aura su imposer les même lois à tous ses membres... L’exception étant pour ceux qui renoncent à vivre en société, c’est à dire, sans avoir recours à aucune des créations issu de la société civilisée.


    • Séraphin Lampion P-Troll 6 avril 2015 12:51

      @Hervé Hum

      Un texte méconnu à lire (il ne fait que 19 pages) :


    • Croa Croa 6 avril 2015 13:07

      À P-Troll « ont toujours tenu les états »
      *
      Généralement mais pas « toujours » ! Certains rois ou empereurs ont su contrôler leur monnaie et même certaines démocraties. Durant les ’’trente glorieuses’’ par exemple le contrôle de notre monnaie a été suffisante pour ne pas creuser l’endettement public (le déficit était réglé en temps réel par un peu d’inflation ce qui est inévitable et sans grave conséquence).


    • Séraphin Lampion P-Troll 6 avril 2015 13:25

      @Croa

      tout-à-fait d’accord, mais Pompidou, Giscard et Rothschild veillaient :


    • Tabula Smaragdina Tabula Smaragdina 6 avril 2015 13:32

      @P-Troll
      Toujours, non.
      Mais depuis la création de la Fed aux States en 1913, oui.
      Et pour tous les pays membres du FMI lors des Accords de Jamaïque de 1976, aussi.



    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 7 avril 2015 06:52

      @Jacky4L
      L’article cache l’essentiel, les emprunts d’Etat à la Banque de France.
      Créée en 1801, elle a permis aux Gouvernements d’emprunter à taux 0%


      L’obligation faite aux Etats européens d’emprunter aux banques privées, avec intérêts, c’est l’article 104 du Traité de Maastritch, devenu l’article actuel 123 du TFUE.

      Avant Maastritch, l’Etat et les Collectivités locales se finançaient à taux 0% auprès de la Banque de France. C’est Michel Rocard qui explique l’arnaque des Traités européens. Emprunter avec intérêts « c’était moderne ! »

      Cette modernitude a eu les effets que nous connaissons : l’explosion de la dette !
      Grâce au livre de John Perkins, « Confessions d’un assassin financier », on sait maintenant que la dette a pour but politique d’asservir les peuples.

      C’est la raison pour laquelle le programme de l’ UPR prévoit après la sortie de l’ UE de redonner à la Banque France son pouvoir de prêteur à taux 0%. C’est dans le chapitre 6 du programme.

    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 7 avril 2015 07:22

      @Croa
      C’était avant Pompidou. Il suffit de regarder le graphique de la dette publique.
      S’intéresser à l’histoire de la monnaie c’est bien, mais l’article (et peut-être le livre) pêche par l’absence de propositions politiques. On fait quoi ?


      L’essentiel aujourd’hui est de bien comprendre qu’il s’agit d’une dette illégitime, qui justifie un audit de la dette, un débat pour informer les citoyens, et comme en Islande, qu’un referendum sur la dette soit organisé. C’est ce que l’ UPR propose de faire, après la sortie de l’ UE, ce qui explique, entre autres raisons, qu’elle soit censurée depuis 8 ans.

    • Nymeo Nymeo 10 avril 2015 13:50

      @Hervé Hum
      Bravo ! 

       
      La civilisation, c’est la soumission.

      +++++



    • Marc Chinal Marc Chinal 12 avril 2015 17:00

      @Nymeo :
      .
      la théorie de « l’argent dette » est une escroquerie intellectuelle faite pour détourner des réels problèmes de l’utilisation de la monnaie.
      Les banques de créent rien du tout, elles transfèrent en se servant au passage.
      La monnaie existait avant les reconnaissances de dette, mais n’avait pas besoin de support (étant elles-même un support de valeur), il est donc normal de ne pas avoir de trace écrite avant.
      .
      Demandez-vous quelles unités étaient inscrites sur les tablettes en argile (pour inscrire les dettes), et vous comprendrez que c’était déjà des unités monétaires.
      La théorie de l’argent dette est une escroquerie de plus du système.


    • Hervé Hum Hervé Hum 6 avril 2015 12:13

      La monnaie descend directement de la sédentarisation, et donc des cités, avant cela, celle ci ne pouvait pas exister, il ne pouvait y avoir que le troc.

      Le troc est avant la monnaie, ou alors, il faut pouvoir prouver que l’humain était sédentaire avant d’être chasseur cueilleur...

      Je crains donc que Graeber n’ait pas tout compris sur la monnaie et en tout cas, l’essence de ce qu’est la monnaie...


      • Le p’tit Charles 6 avril 2015 12:31

        @Hervé Hum+++
        Bravo..vous avez mis le doigt sur l’origine du troc et de l’argent... !


      • Séraphin Lampion P-Troll 6 avril 2015 12:57

        @Hervé Hum

        Les chasseurs cueilleurs n’étaient pas forcément nomades...

        Si leur territoire était suffisamment riche en nourriture, ils pouvaient être sédentaires comme certaines tribus américaines à l’arrivée des Européens.
        Le plus souvent, ils étaient semi-nomades, alternant leur résidence dans deux territoires en fonction des saisons, comme les Inuits le faisaient encore récemment.
        Il ne faut pas imaginer qu’il s’agissait de peuples errants.

      • Croa Croa 6 avril 2015 13:13

        À Hervé Hum,
        *
        L’auteur ne nie pas cela. Il est juste sous-entendu que le crédit est certainement antérieur à la monnaie. En effet une dette peut avoir une valeur en nature, donc être contractée sous forme de troc.


      • Enabomber Enabomber 6 avril 2015 14:12

        @P-Troll
        Tout à fait d’accord. Les espèces fondamentalement nomades sont une petite minorité, et si nous l’avions été à l’origine, on en aurait retrouvé des traces dans les archives géologiques. Penser que nos ancêtres ont exploré le monde par esprit d’aventure, c’est flatteur, mais ça ne ressemble pas à ce que disent les fossiles.


      • Hervé Hum Hervé Hum 6 avril 2015 15:06

        @P-Troll

        bien d’accord avec vous, mais vous noterez que la condition reste la même, la nécessaire localisation. En effet, qui ferait crédit à quelqu’un qu’il ne peut pas identifier dans l’espace et le temps pour pouvoir récupérer le crédit accordé ?

        Le principe du crédit est son retour et celui ci se fonde sur l’identité. Sauf à imaginer que le prêt était anonyme, c’est à dire, sur le principe de l’offre et la demande immédiate, où tout le monde s’accorde au crédit de l’offre et la demande immédiate de chacun. Mais vous noterez que cela repose sur le consensus général et in fine, d’un degré de civilité très forte, pour ne pas dire supérieure. Autrement dit, dans le cadre d’une société nomade ou semi nomade, où la pratique serait considéré par tous comme tautologique !

        Au vu de l’histoire connu en tant qu’enseigné à la majorité, on imagine la localité de l’époque comme le territoire de chasse ou de cueillette et l’appartenance à une communauté. Faisait on crédit à un solitaire dont on ne pouvait pas le relier à un territoire, ni à une communauté ?

        J’en doute fort !

        Me feriez vous crédit si je vous en demandait un sans vous fournir mon identité ? Sans pouvoir me localiser ?

        Même les donateurs ont besoins de situer le destinataire de leur don par la personne ou la raison (du don)...

        Cela signifie, qu’on peut imaginer qu’à la préhistoire, l’humanité pouvait être régit par le le crédit de l’offre et la demande immédiate, mais qu’elle s’est transformé (non pas évolué car cela prête à quiproquo) en crédit différé par l’apparition de la production en série, ou autrement dit, par la naissance de l’industrie dans son principe de création de masse.

        Le principe du crédit, et non de la monnaie, est rendu nécessaire par la production en série.

        Mais croyez vous que ce soit les marchandises que l’on échange vraiment ?

        Non, Ricardo et Marx ont montré que ce qui est échangé c’est le travail, soit intellectuel, soit physique... Donc, un temps de vie dédié. Faisant de la monnaie, la mesure de la valeur du temps de vie dédié à autrui, ou détenu sur autrui.

        tout ce que j’écris relève de la tautologie, sauf que la complication extrême apporté au système, fait qu’on oubli de toujours revenir vérifier si cette complexification reste dans une relation directe avec la tautologie, ou bien si elle introduit une dissonance relationnelle la séparant de la tautologie.

        Vous voyez ce que je veux dire  ?!


      • Hervé Hum Hervé Hum 6 avril 2015 15:11

        @Croa

        Je pense avoir répondu dans le commentaire à P-troll.

        On peut résumer par la formule suivante :

        Le crédit n’est pas nécessairement de la monnaie, mais la monnaie est forcément du crédit.


      • ObjectifObjectif 7 avril 2015 21:14

        Bonjour @Hervé Hum
        La monnaie est par définition le fait de compter avec des jetons, crées par un pouvoir centralisé.
        La monnaie a été créée en Grèce (effet boomerang amusant, non ?) pour conquérir des peuples qui ne savaient pas lire le grec, et cela a donné Alexandre le Grand et sa conquête, nous sommes toujours sous le pouvoir de cette invention féodale 2700 ans après. C’est le passage le plus important du livre de Graeber, qui explique comment l’impôt était le moyen de créer le besoin de monnaie parmi les peuples conquis, pas du tout le paiement des services publics.

        Mais la monnaie a pris la place de la comptabilité commerciale qui a existé bien avant la monnaie, dès -4000 selon les découvertes actuelles, soit bien plus longtemps que la monnaie. Donc la monnaie n’a pas du tout remplacé le troc, elle a remplacé la comptabilité à double entrée, qui a apporté les plus grandes civilisations, et on peut même imaginer que c’est la conquête par la monnaie qui a détruit ces civilisations...

        En tout cas la monnaie est toujours l’outil de contrôle des peuples aujourd’hui !
        L’arme de destruction massive la plus efficace : la banque !
        http://www.agoravox.tv/actualites/economie/article/l-arme-de-destruction-massive-la-49457


      • Enabomber Enabomber 6 avril 2015 14:05

        Bonjour Laurent,
        Le livre a l’air intéressant (déjà c’est du Graeber), mais le résumé que tu en fais semble mettre en vis-à-vis le troc et le système monétaire. A mon avis, idéalement la monnaie n’est qu’un moyen d’introduire une unité de mesure dans le troc - même si elle n’empêche pas l’arbitraire lié à l’évaluation monétaire de la marchandise, et dans ce sens, les deux sont très liés. N’y a-t-il pas dans le bouquin une comparaison avec l’autre économie, celle du don ?
        PS : ton article arrive malheureusement un peu tard, ici ça devient plutôt Maréchal-nous-voilà.


        • raymond 2 6 avril 2015 19:07

          Un autre livre excellent sur le sujet : vive la banqueroute.

          http://www.lesmutins.org/Vive-la-banqueroute


          • Croa Croa 6 avril 2015 19:56

            À raymond 2
             smiley Excellent, MERCI ! smiley
            Je recommande aussi !


          • izarn izarn 6 avril 2015 20:27

            Encore du jorionisme...
            Non la monnaie n’est pas dette. A l’origine.
            Grosso modo c’est ceci :
            Vin=Or=Laine
            Laine=Or=Huile
            Or ; devient monnaie d’échange. Ou est la dette la dedans ?
            L’or devient dette quand les banquiers fabriquent du papier monnaie qui ne corresponds en rien à leur propre richesse. (Création ex-nihilo de Maurice Allais)
            Qui s’endette ? Mais les banquiers pardi ! Ils fabriquent une monnaie d’échange qu’ils ne possedent pas. Nixon a interdit or-dollar...Parce qu’il n’y avait plus assez d’or aux US pour compenser le dollar ! (Idem que le franc papier et le mark papier lors de la guerre 14-18 : Rien de nouveau sous le soleil)
            Que vaut le dollar ? De la dette...Bien sur...La dette de la Federal Reserve.
            Donc NON, ça ne date pas de 5000 ans !


            • izarn izarn 6 avril 2015 20:31

              @izarn
              Meditons cette pensée de Mao :
              L’occident n’est qu’un tigre de papier (Monnaie)


            • Hervé Hum Hervé Hum 6 avril 2015 21:44

              @izarn

              « Vin=Or=Laine
              Laine=Or=Huile
              Or ; devient monnaie d’échange. Ou est la dette la dedans ? »

              Et pourtant, le crédit est bel et bien dedans !

              Le petit détail qui vous a échappé, c’est que le temps, plus ou moins long, pendant lequel l’échange du vin contre l’or ne donne pas lieu à l’échange entre l’or par la laine ou tout ce que vous voulez, est le temps pendant lequel l’or représente la valeur crédit ou dette détenu, sur toute personne désirant acquérir un crédit sur autrui pour pouvoir lui même échanger ce crédit contre une bien réel.

              Vous avez oubliez ce que veut dire « unité de compte ».

              la monnaie représente donc aussi, de facto, une dette détenu sur la production crée ou à venir, dans toute société reconnaissant cette monnaie.

              Il y a une conclusion analytique ici, voyez vous laquelle ?


            • bakerstreet bakerstreet 7 avril 2015 00:22

              "Et dans les périodes d’effondrement, comme après la chute de l’Empire Romain, cela ne provoque pas un retour au troc, car « les gens ont continué à tenir des comptes dans la vieille monnaie impériale, même s’ils n’utilisaient plus les pièces  »


              Etrange spéculation tout de même, pour parler d’une époque de régression, de pertes des techniques, et où les historiens manquent évidemment d’informations, pour pouvoir faire de telles généralités. Le troc se remet en place en cas de crise, naturellement il reprend sa place, et c’est normal puisque l’argent, qui est un mythe ne puisse sa force que dans la confiance envers un système central. 

              Bien des sociétés heureuses ont fonctionné sans argent, autant qu’elles l’ont pu : Iles de Polynésie avant l’arrivée des jésuites, et tant d’autres exemples au Groenland ou en Afrique. L’argent vous fait entrer dans le monde de la thésaurisation, de l’envie, de la peur, de la vanité, de la mégalomanie et de la paranoïa. 

              Sans doute que l’humain n’a pas eu besoin de l’argent pour les découvrir, mais de fait, c’est l’or et ses génériques qui installe les rapports entre hommes, dans une nouvelle conception non seulement des échanges, mais du temps et de la domination. Une boite de pandore des névroses.

              Voilà maintenant un quart de siècle qu’une nouvelle étape est franchie, avec la spéculation boursière, les bulles gigantesques, et un accroissement si formidable des inégalités, qu’il est inédit. Une position pré révolutionnaire.
               Il se pourrait bien que cela soit le champ du cygne de l’argent, dans cette dernière débauche suicidaire, déconnectée des enjeux, mais aussi assez rapidement des états, les échanges à venir se faisant sur un mode retrouvant le local, le respect de l’autre, une sorte de peer to peer, indispensable à la survie.
               Mais est on sûr que cela nous intéresse ? 


              • Captain Marlo Fifi Brind_acier 7 avril 2015 07:10

                Maurice Allais :
                « Il est pour le moins paradoxal que pendant des siècles, l’Ancien régime avait jalousement préservé le droit de l’ Etat de battre monnaie et le privilège d’en garder le bénéfice, et que la République démocratique ait abandonné pour une grande part ce droit et ce privilège à des intérêts privés. »


                Avec l’argent scriptural, les banques créent ex nihilo de l’argent chaque fois qu’elles ouvrent une ligne de crédit. Ce sont les crédits qui tiennent lieu de dépôts.

                Devant l’étendue de la dette publique illégitime, comme pour lutter contre les fonds vautours, les Etats ont le droit de prendre des mesures souveraines.
                Encore faut-il redevenir un Etat indépendant et souverain en sortant de l’ UE et des Traités qui organisent cette arnaque et ce pillage.

                • Robert GIL Robert GIL 7 avril 2015 10:41

                  Une autre comparaison indispensable est de rapporter la dette aux avoirs du pays !

                  Combien le pays possède-t-il ? C’est important pour savoir s’il a « les reins » solide face à la somme qu’il emprunte. Voyons les chiffres. Les avoirs de la France s’élèvent à 35 000 milliards de « patrimoine économique ». Cette somme contient deux composantes. D’une part 13 900 milliards d’actifs non financiers c’est-à-dire des immeubles, des logements, des machines et ainsi de suite. Et d’autre part le pays possède 21 000 milliards d’actifs financiers. Au total, la dette ne représente donc que 5,6% des avoirs de notre pays. C’est-à-dire rien. Ou presque ... voir ici


                  • philippe913 7 avril 2015 10:52

                    @Robert GIL

                    vous comparez une dette d’Etat à des actifs appartenant à des particuliers...


                  • alberto alberto 7 avril 2015 14:44

                    Oui, le troc à précédé la monnaie,

                    Homère, dans l’Iliade, écrit par exemple :’ l’armure de Glaucus valait neuf bœufs’ !

                    Nota : en latin bétail = pecus qui nous donnera pécuniaire...

                    Plus facile de payer en pièces de monnaies qu’en bœufs...

                    Par la suite évidemment les spéculateurs ont commencé à foutre le bordel et alors seulement les monnaies sont devenues filles des dettes. 


                    • ObjectifObjectif 7 avril 2015 21:18

                      @alberto

                      Depuis -4000 au moins, les grandes civilisations utilisaient une comptabilité écrite pour commercer sur tout le continent eurasiatique et africain...

                      Le troc semblait donc réservé aux sauvages violents smiley


                    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 8 avril 2015 05:54

                      @alberto

                      C’est étonnant le nombre de commentateurs qui sont ici assis sur la primauté du troc comme s’il s’agissait d’une vérité d’airain de sorte qu’ils n’entendent aucunement le message de Graeber.
                       
                      Concernant la Grèce antique, vous commettez une erreur en croyant voir du troc là où il s’agit de reconnaître que l’unité de mesure de la valeur des choses était basée sur les rituels sacrificiels. On échangeait pas des armures contre des boeufs, on savait que la valeur d’une armure était égale à neuf boeufs, comme on savait ailleurs qu’un bateau valait cinq cent moutons sans qu’il vienne à l’idée de personne de chercher à échanger son bateau contre autant de moutons.
                       
                      Bien qu’à mon sens il l’ait insuffisamment explorée et comprise, Graeber expose suffisamment d’éléments qui montrent l’origine sacrificielle de la monnaie (voir Orléans & Aglietta, La violence de la monnaie).


                    • Mowgli 7 avril 2015 14:50

                      La monnaie, fille de la dette.

                      La monnaie est à la dette comme la poule est à l’oeuf. Et vice versa.


                      • ObjectifObjectif 7 avril 2015 22:13

                        Bonjour @Mowgli La monnaie est une dette pour nous les non-banques, quand la monnaie est émise par le crédit, mais c’est une création gratuite, sans travail et sans impôt pour la banque commerciale qui la crée.

                        Devenir banquier en UNE minute chrono !
                        http://www.agoravox.tv/actualites/economie/article/devenir-banquier-en-une-minute-49450


                      • lloreen 7 avril 2015 20:33

                        Cette « obligation » en restera une aussi longtemps que les individus décideront de rester des « obligés ».
                        La seule obligation que je reconnais est celle de se débarrasser définitivement de la dette donc de la FED et de la loi Rothschild, ce qu’ entreprend actuellement le Canada pour annuler cette loi Rothschild, déclarée anticonstitutionnelle.
                         
                        Les informations à ce sujet figurent en lien.
                        https://www.youtube.com/watch?v=4x1Fn5yFcF8&feature=youtu.be


                        • tf1Groupie 8 avril 2015 00:47

                          L’auteur de ce livre mélange tout : unité de compte, moyen de paiement, monnaie, crédit etc ...

                          Bref entretenir la confusion c’est le meilleur moyen de maintenir l’ignorance.
                          Mais comme le sujet est très « mode » ça se vendra bien.

                          A l’évidence le troc pré-existait à la monnaie parce qu’il est tout bonnement plus simple et ne nécessite même pas de savoir compter, sauf peut-être sur ses doigts.

                          Mais au final cette question n’a aucun intérêt si on veut débattre du système monétaire ; la seule chose facile à comprendre est que dans une société avancée comme la notre il est naïf de dire que la question monétaire est « simple ».


                          • kalachnikov lermontov 8 avril 2015 00:52

                            @ tf1Groupie

                            ’une société avancée comme la nôtre’.


                          • ObjectifObjectif 8 avril 2015 12:33

                            Bonjour, @tf1Groupie Graeber parle de la fonction essentielle de la monnaie, la prise de pouvoir par la création monétaire, gratuite pour le colonisateur, mais un endettement à vie pour les générations de colonisés.
                            Féodalisme monétaire : prêter allégeance au banquier
                            http://www.agoravox.tv/actualites/economie/article/feodalisme-monetaire-preter-49492


                          • tf1Groupie 8 avril 2015 13:31

                            @ObjectifObjectif
                            Si pour critiquer le système actuel de création monétaire Graeber est obligé de déformer les informations et de faire des manipulations intellectuelles comme ce qui concerne l’histoire du troc, alors c’est mauvais signe.

                            Ce n’est pas un livre éducatif, c’est un livre militant, il faut le prendre comme cela, avec tout ce que cela contient d’illusions et d’arrangements avec la réalité.


                          • kalachnikov lermontov 8 avril 2015 20:04

                            @ moinsseur

                            Mea culpa. Je reconnais que nous sommes une ’société avancée’. Par rapport à quoi, à qui, vers où, comment. Ben, j’en sais rien mais, contrairement à ce que j’ai pu sous-entendre ironiquement, il est indubitable que nous sommes une ’société avancée’.


                          • ObjectifObjectif 8 avril 2015 21:46

                            @tf1Groupie Graeber passe une partie de son livre à parcourir les rapports d’ethnologues qui sont publiés, pour confirmer qu’aucun d’eux n’a témoigné avoir vu du troc dans les cultures étudiées.

                            Maintenant l’absence de témoignages n’est pas preuve de l’absence, donc si vous trouvez des rapports d’ethnologues témoignant avoir vu du troc, ce serait utile de nous le signaler.

                            Avez-vous seulement fait l’effort de lire ce livre avant de s’attaquer à son auteur ?


                          • kalachnikov lermontov 8 avril 2015 22:40

                            @ObjectifObjectif

                            M.Mead in Mœurs et sexualité en Océanie : le tribu des pêcheurs échangent des coquillages contre autre chose à la tribu des terres (je ne sais plus quoi, pas le bouquin sous la pogne).

                            Et il y a tout un pan bien documenté que Graeber semble ignorer : le don*.

                            « [...] l’état réel des choses tel qu’il se présente à nous aux Trobriands (nb : îles de Nouvelle-Guinée), à savoir que l’ensemble de la vie tribale est dominé par le jeu perpétuel du donnant donnant ; que toute cérémonie, tout acte légal ou coutumier, s’accompagne du don d’un objet suivi d’un don réciproque ; que la richesse, qui passe de main en main dans un mouvement de va-et-vient perpétuel, constitue l’un des ressorts essentiels de l’organisation sociale, de l’autorité du chef, des liens de parenté directe et par alliance. » [Malinovski, ’les Argonautes du Pacifique sud’]

                            *Il ne s’agit pas d’un don inconditionnel, bien au contraire.
                            http://fr.wikipedia.org/wiki/Potlatch_%28anthropologie%29


                          • kalachnikov lermontov 8 avril 2015 23:06

                            @ ObjectifObjectif

                            La moitié de mon message a été bouffée. Lire aussi ceci, en prélude :

                            http://www.maxicours.com/soutien-scolaire/philosophie/terminale-stg/232845.html

                            Et lire aussi ceci à partir de ’les échanges de denrées agricoles’, la distinction entre cambio et negocio.

                            http://terrain.revues.org/15010

                            C’est sur cette distinction entre le marchand et le non marchand que s’est appuyé Mauss.

                            Et de fait, réduire la vie économique de ces peuples à des échanges purement financiers, l’extrapoler aux origines, comme si le va-nu-pagne n’était pas un héritier et un descendant mais un individu qui n’est pas entré dans l’Histoire comme l’Africain sarkosien, ce n’est rien moins que se livrer à une occidentalisation et à une sorte de pur anachronisme. Même la vie économique de ces ’primitifs’ est plus riche, complexe et chatoyante que celle de notre formidable ’société avancée’


                          • kalachnikov lermontov 8 avril 2015 23:15

                            "Il est faux que nous ayons commencé par le troc, puis découvert la monnaie, et enfin développé des systèmes de crédit. L’évolution a eu lieu dans l’autre sens. La monnaie virtuelle (...) est apparue la première. Les pièces de monnaie sont venues plus tard, et leur usage s’est diffusé inégalement, sans jamais remplacer entièrement les systèmes de crédit. Quant au troc, il semble s’agir surtout d’une sorte de sous-produit accidentel de l’usage des pièces de monnaie ou de papier-monnaie.«  »[..] Sans monnaie, écrit-il encore, les immenses systèmes de troc sont historiquement introuvables". [Graeber]

                            N’importe quoi, l’évolution est celle-ci : la base, c’est le don. Puis, le non marchand (ie l’équivalence) ; puis le marchand (ie le profit).
                            Et la dette n’a rien à voir avec la monnaie. Sa source est ailleurs.

                             


                          • kalachnikov lermontov 8 avril 2015 23:39

                            L’évolution est celle-ci : la base, c’est le don. Puis, le non marchand (ie l’équivalence) ; puis le marchand (ie le profit).

                            Ex ici :

                            http://www.alternativelibertaire.org/?Anthropologie-Les-Iroquois-avant

                            «  Au contraire, un processus social profond – le partage – a déclenché le changement, la transformation du partage en troc, qui s’est développé par la suite en commerce systématique et en spécialisation du travail qui éventuellement a mené à l’innovation de pouvoir et de biens détenus individuellement […]  ». « Il transforme enfin de compte l’entière structure des relations humaines, de l’égalité des groupes communautaires à l’exploitation dans des sociétés économiquement différenciées […].  » « Simultanément, la base de l’oppression des femmes se mettait en place, dans la mesure où le groupe communal familial s’est amoindri à cause des liens économiques et politiques conflictuels. À sa place, les familles individuelles sont apparues. Dans celles-ci, la responsabilité d’élever les générations futures était placée sur les épaules des parents individuels. Par ce fait, aussi, le rôle public des femmes (et par conséquent sa reconnaissance publique) se transforma en service privé (d’où perte de l’estime publique) ».


                          • ObjectifObjectif 8 avril 2015 23:51

                            @lermontov qui a écrit : « la base, c’est le don. » bien d’accord, et Graeber dit d’abord cela aussi smiley

                            La citation que vous faites parle de l’ordre seulement entre les 3 éléments cités, le don étant avant les 3 sans aucun doute. Lisez son livre, il est plutôt clair sur ce point.


                          • kalachnikov lermontov 9 avril 2015 10:44

                            @ ObjectifObjectif

                            Cet ordre est faux. Il est faux à l’origine, qui n’est qu’une extrapolation - rien que le fait de croire que les ’primitifs’ ont à voir avec l’homme originel est une faute ; et il est faux également plus tardivement. Je vous ai donné des exemples, il parait qu’il n’y en a pas, je ne vais pas faire un catalogue. 

                            De surcroît, je considère ce type comme malhonnête (pa forcément délibérément). Une erreur factuelle, une erreur d’interprétation, ça va ; mais quand ça devient systématique ou récurrent. En particulier dans la rédaction, toujours tangente et nébuleuse. Ex, ces mots : ’un réseau immense de troc n’a jamais existé, etc". Le problème est le mot ’immense’ car c’est un p*** de truisme, tout le monde sait ça, que le troc n’a jamais existé à grande échelle. Mais de là il arrive à la conclusion que le troc historiquement est à une autre place historique ! C’est de la revisitation pure et simple, faire plier l’ Histoire pour l’adapter au roman qu’on a pré-écrit*.

                            (ce roman est facile à déceler : il s’agit de mettre la claque à Smith et ses héritiers.)

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité