La destruction totale de l’école ?

Peut-on être un mathématicien de renommée mondiale, lire Péguy, aimer le cyclisme, et pourfendre un "système d’éducation public en voie de destruction totale" ? La réponse est bien évidemment positive, et il est heureux que cette critique émane d’un homme dont les grands-parents étaient paysans, ouvriers et artisans... Laurent Lafforgue s’est vu décerner en 2002, à l’âge de 36 ans, la prestigieuse médaille Fields de mathématiques, que l’on présente couramment comme le prix Nobel de mathématiques, à la différence près qu’elle n’est attribuée que tous les quatre ans. Il n’a dès lors cessé de faire l’éloge de ses professeurs, auxquels il doit tant, et d’une école exigeante, qui lui a permis d’accomplir un remarquable cursus scolaire : premier prix du concours général de mathématiques, classes préparatoires au lycée Louis-Le-Grand, premier à l’Ecole normale supérieure, CNRS...
Au mois de novembre 2005, Laurent Lafforgue fut nommé au Haut conseil de l’éducation (HCE), un organisme consultatif chargé de "définir le contenu du socle commun de connaissances et de compétences que tous les élèves devront maîtriser à seize ans". Composé de neuf membres désignés par le président de la République, ainsi que par les présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique et social, le Haut conseil ne tarda pas à connaître quelques turbulences...
Quelques jours après sa nomination, Laurent Lafforgue adressa un courrier au président du HCE, Bruno Racine, dans lequel il fustigeait "les réformes menées par tous les gouvernements depuis la fin des années 1960 (...) La Nomenklatura de l’Education nationale [a conduit] une politique inspirée par une idéologie qui consiste à ne plus accorder de valeur au savoir, et qui mêle la volonté de faire jouer à l’école en priorité d’autres rôles que l’instruction et la transmission du savoir, la croyance imposée à des théories pédagogiques délirantes, le mépris des choses simples, le mépris des apprentissages fondamentaux, le refus des enseignements construits, explicites et progressifs, le mépris des connaissances de base couplé à l’apprentissage imposé de contenus fumeux et démesurément ambitieux, la doctrine de l’élève "au centre du système" et qui doit "construire lui-même ses savoirs".
A la
demande de Bruno Racine et d’Alain Seban, conseiller du président
Chirac pour l’éducation, Laurent Lafforgue fut contraint de remettre sa
démission. Moins de dix jours après avoir été nommé...
Dans un entretien accordé à La revue parlementaire,
il revient sur les circonstances de cette démission forcée, et maintient
ses accusations contre un système éducatif dans lequel "des
générations entières ont été sacrifiées : privées d’instruction de
qualité, de maîtrise de la langue, de culture, et même de formation du
caractère, puisque l’école a été pour elles une longue garderie."
39 réactions à cet article
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Un vrai facho, ce Lafforgue !
Espérons qu’il soit remplacé, au sein du HCE, par Didier Morville ou Sami Naceri...
Des « jeunes » comme on les aime, à Sarcelles et à l’Elysée...
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on espere que vous etes ironique !
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Non, il est plein d’idées, cet homme : créons un examen d’entrée en 6ème, et, comme l’« immense majorité » (80% ?)des élèves échouerait, on pourrait créer des « classes de fin d’études » qui pourraient servir à certains de classes de transition, ainsi que des « cours complémentaires » , de façon à avoir 3 types d’enseignement "type I, type II, type III). A pousser trop loin le bouchon, ...
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Plus « belle sera la France »intello " de demain ! Contrat d’apprentissage à 14 ans : bonjour le siècle des « Lumières » philosophes et chercheurs à foisson ! dans les usines ! encore qu’elles ne soient pas délocalisées !
Molière,Pierre, Marie curie et consorts doivent se retourner dans leurs tombes ! Aprés tous les ravages occasionnés délibérément dans les milieux défavorisés où un système sournois reposant sur une pédagogie a porté ses fruits : le bourrage de crâne commence en classe de 5 ème par le plombage de cerveaux de gamins de 13 ans dans les cours des collèges de France : « avec bac + 7, vous ne trouvez pas de travail, mieux vaut vous orientez vers une formation , plus de chance de trouver du travail », distillés à longueur de cours ! et ça à marcher ! par paquets des collégiens ont été exclus de la seconde ! parqués dans des lycées professionnels, sans projet ni vocation ; certains, vont aller de section en section BEP jusqu’à 26 ans.
Le gros mensonge de l’Education Nationale promettant à ceux qui souhaitaient réintégrer le lycéee, une sois-disant 1ère de réadaption pour les aider serait mise en place ! RIEN ! Certains ont tenté ! Ils se sont cassés les dents ! Niveau du BEP : limite niveau 5ème. Quel gachis commis par des inconscients qui gaspillent l’argent public pour fabriquer l’échec ! Plutôt un crime d’Etat qu’il faut dénoncer avec le même scénario qui se reproduit avec le contrat apprentissage dés 14 ans !
Laurent Lafforgue a totalement et entièrement raison « il faut remplacer les directions du Ministère, les »experts" qui ont conduit au désastre, les responsables de programmes et ceux des recteurs, inspecteurs, proviseurs, directeurs et formateurs d’IUFM qui sont incompétents ou ennemis du savoir ! leur faire payer l’échec dont ilssont responsables !!!!
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helas, il n’y a pas qu’à l’Education Nationale qu’un tel nettoyage s’impose.
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Pourquoi rabaissé toujours plus l’apprentissage ? Il peut tout aussi bien mener à l’excellence pour peu que l’on s’en donne les moyens, et au moins, avec un pied dans le monde de l’entreprise, les jeunes ont bien plus les pieds sur terre que ceux qui sont à BAC+x avec une connaissance toute théorique du monde économique, voire sans la moindre connaissance.
D’ailleurs, s’agissant des enseignants, malgré la meilleure volonté de la plupart d’entre eux qui n’est pas à remettre en cause, on ne leur a jamais appris ce qu’était le monde de l’entreprise : nombre d’entre eux n’y ont même jamais mis les pieds, passant des bancs de l’école en tant qu’élèves, à ceux de... l’école, en tant qu’enseignants. Dans ces conditions, pourquoi leur demander de préparer nos enfants au monde du travail ? Il n’ont aucune représentation autre qu’imaginaire à leur en transmettre. C’est débile, non ?
Par ailleurs, à quoi cela peut-il bien servir de surqualifier nos jeunes dans des domaines sans débouchés pour lesquels, bien qu’ayant investi nombre d’années de formation, il n’auront aucune perspective en retour ? Le pays n’a pas besoin d’un million de sociologue, psychologue ou profs de gym. Par contre, on manque cruellement de maçons qualifiés, de couvreurs ou de plombiers, d’infirmières... Cherchez l’erreur !
Encore une chose : faire passer les élèves en classe supérieure au bénéfice de l’âge ne leur permettra jamais de faire l’acquisition des bases et les conduira inexorablement à l’échec. Après, ils font le bazard en cours, gênant ceux qui y sont pour apprendre... L’école n’est pas une garderie, elle doit se fixer des objectifs pédagogiques...
Tout ça paraît évident. Il n’y a pas besoin de sortir de l’ENA pour s’en rendre compte quand même ! Et si l’on faisait un peu preuve de bon sens...
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J’attends d’en savoir un peu plus sur les analyses, les présupposés et les arrière-pensées de monsieur Lafforgue,avec lequel je suis pour l’instant d’accord,malgré la trop brève présentation..Je veux simplement apporter mon témoignage d’ancien enseignant .J’ai terminé ma carrière en lycée de plus en plus affligé par le niveau moyen des éléves de Terminales qui m’étaient confiés:manque de vocabulaire,logique aberrante,absence de bon sens dans le raisonnement,déficit incroyable de culture minimale,écriture hésitante et maladroite (ne parlons pas des fautes d’orthographe !),attention minimale et épisodique, etc...Bref, des symptômes souvent décrits dans d’excellents ouvrages récents. Les causes ne sont pas qu’institutionnelles,mais la politique scolaire suivie depuis 1972 est bel et bien en cause.Il faudrait du temps pour en bien parler,mais le désintérêt, voire le mépris pour la culture et la réflexion critique me semblent être une caractéristique dominante de beaucoup d’orientations qui ont produit les effets perceptibles aujourd’hui.A suivre...
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Sans avoir votre expérience, puisque je n’ai passsé que 15 années dans une association de parents d’élèves dans laquelle j’ai toujours pris des responsabilité, mon constat est le même que le votre.
L’une des premières erreurs, à mon sens, a été de permettre aux parents de s’opposer, dès la primaire, au redoublement de leur progéniture. Les parents sont-ils objectifs lorsque l’on aborde les sujets qui touchent leurs enfants ?
Les dégâts, je les ai constaté dès la sixième. Quelles solutions avons-nous pour résoudre les problèmes d’un élève qui ne sait quasiment ni lire ni écrire ?
Dès lors qu’il y a non acquisition de bases à un certain niveau, quel intérêt de forcer plus avant l’apprentissage du savoir qui ne sera compréhensible que sur les bases censées être acquises précédemment. Le savoir est cumulatif, quand les failles sont trop nombreuses, c’est l’échec ; car l’incompréhension est, elle aussi, cumulative !
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Bonjour Christophe,
Vos propos sont le bon sens même ! Et pourtant, vous ne sortez sans doute pas de l’ENA...
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Pourvu que ça prenne une tournure autre que celle de l’histoire de Gilles Chatelet (mathématicien) qui nous laisse après sa disparition un ouvrage de combat : « Vivre et penser comme des porcs, De l’incitaion à l’envie et à l’ennui dans les démocraties-marchés »
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Le terme de « destruction » me choque,il conviendrait plutôt de parler de dénaturation,car le savoir est devenu un objectif secondaire ou indéfiniment reporté.Je pense que nous évoluons rapidement vers une américanisation du système éducatif,comme le Québec,comme la Suisse, où la maîtrise du savoir(et donc l’accès au pouvoir)sera (de plus en plus)le fait d’une minorité privilégiée (voyez la baisse de la représentation des élèves issus des milieux les moins privilégiés en classe prépa et dans les grandes écoles).Il y une origine politico-économique (neo-libérale,pour faire simple) à cette dérive ,que l’Etat ne fait qu’entériner au lieu de réparer,de contre-carrer(« ouvrir l’école sur la vie » a été longtemps le slogan qui,derriére son apparent bon sens,a consacré l’abandon de toute rigueur et a ouvert la voie aux jargons pédagogiques et aux pontes de la doctrine officielle du « laisser-faire »,qui convient parfaitement aux marchands qui cherchent à s’annexer la jeunesse .Qui dira jamais les dégats opérés par les précheurs de « modernité »,les zélateurs de la pédagogie sans contraintes...Résulats:des terminales (« L » de surcroît !) qui n’ont jamais lu un roman complétement,ou qui avouent avoir horreur de lire,parfaitement prêts à tous les conditionnements...A suivre.
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N’incriminons pas le libéralisme, su’il soit « néo »,« para », « crypto », « ultra », « sauvage »... L’Education Nationale en France, n’est pas cogérée par des libéraux, c’est le moins qu’on puisse dire.Si le SNES, le SGEN, la FEN sont libéraux, c’est un scoop....
En réalité, c’est bien de l’inverse qu’il s’agit. La nomenklatura vise à maintenir son pouvoir par une bureaucratie pesante, une « éducation » décervelante, une justice d’état, entre autres.
L’actualité nous montre abondamment comment sont traités les citoyens lorsqu’ils sont élèves, chomeurs, justiciables...
Il tombe sous le sens que l’entreprise, réputée pour certains repaire du libéralisme a au contraire besoin d’ingénieurs, de concepteurs, de marketers performants et donc bien formés et de travailleurs de plus en plus qualifiés. Le monde « libéral » n’au aucun intérêt à l’abrutissement des masses.
Cela est si vrai que les Etats Unis sont de grands importateurs de matière grise, orientation qui semble s’amorcer en France.
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Bonjour Marcel,
Le rabaissement du niveau pour amener 80% d’une classe d’âge en fac n’est pas une idée libérale, mais socialiste...
Durant les 30 dernières années, la gauche et la droite se sont partagés la responsabilité de la « dénaturation » de l’école. Il est donc un peu partisan d’incriminer les seuls libéraux...
D’ailleurs, on peut se demander si ce sont les politiques qui dirigent l’EN ou des hauts fonctionnaires qui y font carrière et qui n’ont aucun intérêt à faire évoluer quoi que ce soit...
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« le mépris des connaissances de base couplé à l’apprentissage imposé de contenus fumeux et démesurément ambitieux, la doctrine de l’élève »au centre du système« et qui doit »construire lui-même ses savoirs"
Entierement d’accord avec ce point de vue. J’ai deux enfants qui viennent de decouvrir l’enseignement primaire (CP et CE1 respectivement). Le programme est hallucinant. Decouverte de ceci, apprentissage de cela... Rien n’est construit, on fait feu de toutes parts. On passe sans complexes de la dance africaine a la fabrication d’un gateau au chocolat, de l’apprentissage du reperage sur un plan avec une boussole au chant espagnol. On observe un lezard muer et on disserte sur la mousse qui pousse au nord. On « impose » des sorties dites edcatives de 3 jours sur la decouverte des metiers du cirque. Quand on demande a l’institutrice d’argumenter sur les bienfaits d’un tel sejour a 200 euros, la reponse est eloquente : « Si elle n’y va pas, le reste de la classe n’y vas pas ».
On ecrit essentiellement a la craie sur une ardoise et on tente de lire des textes imposes je ne sais par qui pour apprendre a reconnaitre des sons...
Rien de construit.
Lors d’une discussion avec la maitresse a propos des difficultes d’apprentissage de la lecture par mon ainee avec la methode dite « semie globale » ca reponse a ete eloquente. « Les methodes syllabiques n’apprenent pas aux enfants a lire mais a »anoner« !!!. Avec celle la c’est a lui de trouver la methode, on sait pas comment ca marche, mais en regle generale il arrivent a la trouver et alors la c’est gagne pour la lecture ».
Je ne parle pas de l’arithmetique. A la fin du CP, ma fille avait pose 3 additions. A l’entree du CE1 on lui reclamait une calculatrice...
Au CE1 tout est de la meme veine. La derniere en date, un article n’est plus appele un article mais un determinant. Dans le fond, ce n’est pas faux, Mais si on a invente l’article, c’est quand meme pour le differencier de l’adjectif qualificatif qui est lui aussi un determinant.
ce que je retiens, c’est que le programme est charge en tout, mais que l’aprentissage de base est bacle.
au bout de 4 mois, ma fille ne savait pas lire. Comme elle a une memoire auditive, elle recitait par coeur le texte vu en classe, mais etait in capable de lire un mot pris au hasard. On achete la vieille methode Boscher et au bout d’un mois, elle lisait sans problemes tout les textes de l’ecole. Depuis, elle est devenue accros a la bibliotheque rose et elle n’anone pas Pour mon fils, on a pas repete la meme erreur. Exit les devoirs du maitre, 30 minutes de methode Boscher tous les soirs. Lecture maitrisee a noel alors que ces camarades reconnaissent a peine 4 mots. Effectivement, il est decale par rapport au reste de la classe. Il n’est plus dans le troupeau et ca gene son instituteur. Il a deja vu l’addition et la soustraction alors que le reste de la classe en est a cumuler des batons...
Le gachis commence tres tot.
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Cela fait belle lurette que l’on parle de la nature « déterminant », qui est maintenant disjointe de celle de l’adjectif qualificatif (c’était déjà le cas quand j’étais à l’école il y a presque 20 ans). Le terme « article » est encore utilisé, mais uniquement pour les articles définis (le, la, les) et indéfinis (un, une, des), c’est donc seulement un sous-ensemble des déterminants. Les autres déterminants sont les adjectifs possessifs, démonstratifs et numéraux (peut-être que je n’en oublie), mais en aucun cas les adjectifs qualificatifs qui sont dans une autre catégorie syntaxique ! Enfin, telle était la grammaire « officielle » à mon époque et qui, je pense, en vaut bien une autre.
Si vous vous indignez pour ça, on a du mal à prendre au sérieux le reste de vos remarques !
Cela dit, j’émets, moi aussi, des doutes certains sur l’efficacité du système éducatif.
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L’école a-t-elle peur de la discipline ?
Sans l’intervention des parents ou d’une aide externe, la scolarité des enfants est fortement compromise. Il est ainsi judicieux de faire appel aux bonnes vieilles méthodes comme vous le rapportez. D’ailleurs les profs et instituteurs ne s’y trompent pas, que croyez-vous qu’ils font pour leurs propres enfants ? Cependant, le principal problème est certainement l’absence de discipline propice aux apprentissages élémentaires. Une classe de CM2 peuplée de 25 enfants-rois est totalement ingérable, d’autant que pour chaque parent ce sont les autres qui sont fautifs et non leur progéniture adorée. Hélas, pour votre enfant lorsqu’il est studieux, plutot poli et respectueux des autres, il est immanquablement qualifié par les autres d’« intello » et exclus de la bande..difficile de se faire des copains dans ces conditions. Alors il vaut mieux faire comme les autres !
Lorsqu’on évoque la discipline on fait figure de facho-réac, même dans les réunions de parents d’élèves il est inutile d’aborder ce terrain là. Les profs refusent de se mettre en danger pour installer des règles contraignantes, et il faut les comprendre : Agressés par les parents dès les premières observations, sans aucun soutien hiérarchique, ils sont abandonnés dans leur ministre au premier coup de poignard (voire se faire accuser de provocation). On évoque même l’idée du policier à l’école. A quand les profs armés ? L’autorité repose sur une hiérarchie acceptée, reconnue , juste et légitime ou chacun a d’avance sa place fixée. Le commerce a offert une place de roi aux enfants et ainsi bouleversé la hiérarchie qui fonde la discipline à l’école, comme ailleurs. Il faut réinstaller l’enfant à sa place : C’est ça la vraie réforme scolaire !
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Cher monsieur,
En lisant votre point de vue, que je respecte, j’ai replongé dans ce milieu que j’ai quitté il y a peu d’années.Je n’en suis pas mécontent en voyant la direction que cela prend. UN grand regret pourtant : c’est de ne plus cotoyer les enfants.
Pour en revenir à votre article, êtes-vous certain que l’adjectif - qualificatif j’imagine - dont vous parlez soit bien un déterminant ?
Vous écrivez « il a vu l’addition et la soustraction ». Soit mais sait-il les utiliser à bon escient ? Entre connaître une technique et en faire un usage adapté, il y a un fossé, que votre enfant a sûrement et allègrement franchi .
Pour finir,étant donné les brillants résultats obtenus par vos enfants avec la méthode de lecture Boscher, envisagez une réorientation de façon à faire profiter l’éducation nationale de vos compétences ?
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Il est regrettable que des chercheurs qui font la pluie et le beau temps depuis des années auprès du Ministère de l’Education Nationale ne rencontrent pas plus des parents d’élèves qui se trouvent obligés de faire le travail des enseignants, et de surcroît le soir....
J’enseigne depuis 3ans en CP CE1 avec la méthode syllabique Léo Léa pour l’apprentissage de la lecture. Les résultats sont excellents et les parents d’élèves y trouvent leur compte : ils peuvent facilement faire revoir les textes à la maison sans s’arracher les cheveux....
Malheureusement, aucune évaluation sérieuse des différentes méthodes de lecture utilisées en France n’est prévue par des chercheurs « indépendants », d’où un grand crêpage de chignon en ce moment à cause des déclarations « autoritaires » de notre actuel Ministre de l’éducation, M Gilles de Robien...
Des syndicats, des chercheurs en éducation qui ont commercialisés leur méthode ( bien sûr la meilleure !), écrits des tas de livres en sciences de l’ éducation, forment les futurs enseignants à l’ IUFM de façon dogmatique s’indignent, font signer des pétitions pour que rien ne bouge...Quel gâchis !
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Bonjour Lionel,
La discipline est en effet l’un des aspects du problème, mais ce n’est pas le seul. L’autre aspect, tout aussi important, est METHODOLOGIQUE.
Pour illustrer votre propos, un ex-prof de CFA est intervenu il y a peu dans « les auditeurs ont la parole » sur RTL pour témoigner. Il lui était IMPOSSIBLE d’enseigner parce qu’il passait 90% de son temps à tenter de discipliner les élèves. Il n’y a donc aucune chance de transmettre des savoirs dans ces conditions.
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A Eresse. Pauvre parent,mais lucide et finalement plein de bon sens !..Mais combien ne savent pas ,n’imaginent même pas...Je pense que tous les problèmes viennent de là:une absence de structuration de l’esprit par manque de structuration de la langue.Tout le reste en dépend. Pour nos « pédagogues » attitrés,la grammaire est l’ennemie,la contrainte est déconseillée, et une armée d’instit.mal (ou pas du tout )formés (bien« formatés » ?)n’ont pas fini de faire des dégats.Devinez qui en subiront les conséquences les plus lourdes ?...A suivre...Avez-vous lu le livre de Jean-Paul Brighelli ,assez provocateur,parfois simpliste,mais trés efficace :« La fabrique du crétin » ?
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M.Marcel Thiriet ne s’interesse peut-être pas aux statistiques : Dans les années 50, il y avait 5 % de bacheliers,et dans les années 70 : 10% ; il n’y avait pas de bacs professionnels à l’époque ; que devenaient les 90 % qui restaient ? , et il n’y avait pas encore les vagues d’immigration qui ont rempli nos banlieues, les problèmes se cantonnaient aux quartiers périphériques des grandes villes. Donc la question est devenue : comment enseigner la lecture, par exemple,à « tous » les enfants, et pas seulement aux enfants protégés par des familles « motivées » (riches ou pauvres). Il a donc fallu innover, et comme dans toute recherche,il y a forcément eu des erreurs. Fallait-il sacrifier 90% de la classe pour les 10% qui pouvaient aller plus vite. Mais bien sûr que les parents qui le peuvent doivent soutenir leurs enfants (l’école ne peut pas tout, elle a besoin des parents), qui « découvriront » ainsi leur « supériorité » et feront les cadres de demain.
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Je viens d’aller fouiller au grenier dans les archives de la famille. J’y ai trouve un livre de lecture qui date du grand pere ou de son frere et qui s’intitule : « Belles lectures francaises » Une edition de 1923 a l’attention des classes elementaires 1er et 2eme degre. Ceci correspond a nos CE1 et CE2 actuels si l’on se refere a la preface. Sans doute un des livres qu’il utilisait a l’epoque, etant lui meme instituteur dans la region.
La corespondance avec les lectures proposees par l’ecole a ma fille en CE1 s’impose donc.
Premiere constatation : Les textes presentes dans le livre sont d’un niveau de lecture nettement plus eleve que ceux auxquels mes enfants sont confrontes a l’ecole de nos jours. On est loin des textes ultra simplistes de la petite souris qui joue avec le chat ou du petit africain qui court dans la brousse. On y decouvre du kipling, du mistral, du daudet, Mme de stael et bien d’autres.
Je presenterai ce livre a ma fille pour apprecier son niveau par rapport au niveau d’il y a 80 ans.
Si il y a effectivement une plus grande proportion de lecteurs dans une meme classe d’age de nos jours, je ne pense pas, a la lecture de cet ouvrage, que cela est du a un enseignement de meilleure qualite. je pense plutot que le niveau des cours a serieusement baisse.
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Les statistiques appliquées à l’acquisition du savoir ont un effet pervers. Depuis les années 80, l’Etat fixe des objectifs en pourcentage quant à l’obtention des diplômes.
Imaginons simplement que pour un niveau d’exigence requis, nous estimons obtenir environ 50% de réussite à un examen. Pour ce dernier, l’Etat a fixé un objectif de 70%. Quelles sont les solutions ?
Soit nous optons pour une sélection accrue afin d’éviter d’avoir des élèves qui ne puissent avoir aucune chance d’avoir ledit diplôme, soit nous réduisons le niveau d’exigence pour s’assurer qu’une partie de ceux qui n’ont pas le niveau requis parviendront à obtenir leur diplôme.
Or, nous avons tendance à nous cacher derrière certains principes de la République en arguant que le but de l’école public n’est pas de faire de la sélection par le savoir qui pourrait être interprété comme de la discrimination. Ce raisonnement crétiniste nous pousse donc à faire chuter inexorablement les niveaux d’exigence à chaque étape scolaire pour finalement atteindre un niveau d’exigence des examens peu valorisant.
Mais ce raisonnement est aussi favorable à la bien pensance économique. Il me semble important de souligner que, dans les premières classes du cycle scolaire, la capacité de l’élève doit être prise en compte.
Certains élèves n’ont pas les capacités requises pour répondre au niveau d’exigene, dans ce cas, il faudrait mettre en place des circuits permettant de développer les compétences qu’ils possèdent car chaque être a des compétence intrinsèques, même si parfois elles ne correspondent pas au standard scolaire.
D’autres n’ont pas la maturité nécessaire pour appréhender le savoir à acquerrir ; l’école doit savoir faire preuve de patience. Les règles sur les redoublements dans les cycles scolaires posent pour cela un sérieux problème. Aujourd’hui, un enfant de CP qui n’a pas acquis le savoir requis passera en CE1 car redoubler le CP est pénalisant (d’ailleurs, la plupart des parents refusent un redoublement à ce niveau scolaire). Etant donné les effectifs des classes, si cet enfant a besoin d’un suivi plus personnalisé, l’enseignant sera dans l’incapacité de lui offrir cette possibilité.
Mais tout cela a un coût ! Et la volonté politique ne consiste aucunement à mettre les moyens à la hauteur de nos ambitions. Il vaut mieux prôner une même circuit scolaire pour tous (sous couvert des principes républicains comme l’égalité des chances) qui engendre des économies substancielles. Mais l’égalité des chances posée ainsi préssupose que tous les êtres naissent avec les mêmes capacités ; est-ce bien raisonnable ?
L’égalité des chances ne doit-elle pas être vu sous l’angle de l’épanouissement individuel ?
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oui, le bac était un diplome élitiste. un bachelier avait de la valeur sur le marché du travail. Il était rapidement dans l’encadrement. il savait lire et écrire, et faire des calculs assez compliqués. et surtout, il savait raisonner juste. Les bacheliers actuels ne font pas le poids, et le diplome est déconsidéré.
Les autres apprenaient un métier, on a toujours besoin de bons professionnels. Cette catégorie de gens qualifiés fait terriblement défaut, car on a cherché à pousser les élèves le plus loin possible dans les études généralistes. Or, un gars intellectuellement court ne fera pas un bon pro, et il est dur de repartir en apprentissage quand on a un bac ou + en poche.
Enfin, on assiste à un gâchis énorme de compétence, à savoir que les meilleurs apprennent souvent des choses complètement inutiles pour leur vie professionnelle. Pire, ces connaissances n’étant pas prises en compte, ils feront un travail de qualification proche de 0, ou seront au chomage.
L’école a réussi le double exploit de niveler d’abord par le bas, puis, pour ceux qui s’en sortent quand même, de les diriger vers des spécialisations inexploitables. Elle a prouvé son incompétence et son aveuglement jusqu’à l’absurde. Seules les écoles privées ont su continuer à former correctement leurs élèves.
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allez voir le site « cyberpapy », vous serez étonnés par le niveau des questions posées aux élèves de terminale complètement déphasé parfois avec le niveau réel des élèves. Mais il s’agit d’élèves de terminale littéraire ou scientifique (mettons 40%), et si je suis plutôt d’accord sur la baisse du niveau en français (pour toutes sortes de raisons), je le suis beaucoup moins pour la physique, les maths, l’économie, la géographie, l’informatique... L’école n’a pas vocation à indiquer aux élèves les filières rentables, car nul aujourd’hui ne peut prévoir la rapidité des transformations des entreprises, qui ne savent pas elles-memes de quelles spécialités ils auront besoins dans 10 ans. C’est aux entreprises de vérifier leur adaptabilitéet donc de leur indiquer les chemins accessibles
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Pour ma part, je fais partie de cette génération détruite par le système scolaire d’aujourd’hui, abandon de l’école en moitié de 4ème, un morceau de CAP pas terminé, et aujourd’hui, une activité professionnelle à base de primes de précarité.
Franchement, je cherche encore les raisons qui font que j’en suis arrivé là, et pour autant que je puisse m’en souvenir, ce qui m’a poussé à ne plus aller à l’école, c’était cette impression de me retrouver privé de liberté et l’absence total de vie une fois que je pénétrais l’établissement. Je sais, ça peut paraître ridicule, mais chacun aspire à la liberté, même à 14 ans. Et en comparant bien les systèmes scolaires étrangers, les écoles y sont là-bas un espace de liberté (l’école est ouverte et les élèves sont libres de leur déplacement dans l’établissement), des lieux de vie où les élèves ne s’y rendent pas uniquement pour assister à des cours (possibilité de former des clubs d’activités, sportives ou ludiques, avec des locaux mis à disposition). Les élèves passent la majeure partie de leur temps dans l’école, je pense sincèrement que si on veut la sauver, il faut la rendre plus vivante, car le souvenir que j’en ai me rappel plus un endroit carcéral qu’un lieu d’apprentissage, réaménager les emplois du temps en réduisant les heures de cours pour pousser les élèves à participer à des activités libres au sein même de l’école, veillant ainsi à un meilleur épanouissement, évitant ainsi que ces mêmes élèves traînent dans la rue après les cours.
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Pourtant, les infrastructures existent au sein des Collèges et Lycées : les foyers Socio-Educatifs. Bien des associations y sont créées.
Mais, à mon humble avis, le ressentiment d’un élève du Collège est inhérent aux manquements du primaire : tout se joue à ce niveau.
En simplifiant l’approche d’acquisition des savoirs, particulièrement en réduisant le niveau d’exigence dans les classes allant du CP au CM2, l’école ne pousse pas vers un goût de l’effort, celui-là même qui permettra, plus tard, d’aller au-delà de ce qui est demandé dans un énoncé.
Que ce soit dans les Conseils de classe ou les Conseils d’Administration lorsque nous abordons la perception des équipes éducatives, le constat est le même : les élèves ont tendance à ce conformer à répondre uniquement à ce qui est demandé ; parfois moins, mais jamais plus.
L’école a perdu cette vocation qui poussait les élèves, dès leur plus jeune âge, à développer leur curiosité ; source essentielle pour développer le savoir ; et le goût de l’effort évitant de s’auto-satisfaire de ce l’on nous apprend. Pourtant, les efforts que nous fournissons pour satisfaire notre curiosité prennent souvent une forme ludique et ne sont jamais une contrainte.
Beaucoup d’élèves, au niveau du Collège et du Lycée considèrent que les efforts demandés pour l’acquisition du savoir sont des contraintes qui empiètent sur leur liberté. Alors que c’est par cette même acquisition de savoir que nous nous emancipons, que nous ouvrons notre champs de liberté. N’est-ce pas Montherlant qui écrivait : La France par un incoercible libéralisme, donne de l’instruction à ses indigènes, quoique sachant très bien que c’est par cette instruction que les indigènes s’émanciperont d’elles
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Salut Goldy,
En tous cas, tu t’exprimes dans un français très correct et sans faute, ce qui convenons-en, est vraiment super pour un gars qui a eu le parcours scolaire que tu décris. Quand on voit que dans le même temps, et aux dires des profs de fac, des élèves de DEUG ne maîtrisent plus le français...
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Je suis 100% d’accord avec le contenu de cet article, si Mr Laurent Lafforgue a dit cela, c’est le bon sens même et la conséquence de la simple observation des choses telles qu’elles sont.
J’ai moi-même participé à la grande consultation nationale qu’avait mise en place Mr Raffarin pour réformer l’éducation nationale où j’ai tenu le même discours que Mr Lafforgue. Je regrette que les conclusions de cette consultation (ou en tout cas ce qui en a été à l’époque rapporté par la presse) n’ait même pas fait apparaître ces évidences.
J’ai nettement l’impression dans cette affaire qu’on a demandé aux mauvaises personnes de présenter leur démission.
Et entendons-nous bien, l’élitisme éducatif, la recherche de l’excellence, n’est pas à rechercher uniquement chez les doctorants ou autres élites actuelles, mais tout aussi bien dans l’enseignement des CAP. Il faut tout autant revaloriser les métiers de l’artisanat. Pourquoi le meilleur ouvrier de France n’est-il pas plus prestigieux que l’ENArque de base ? Ca en dit long sur la défaillancve de ce système...
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Bonjour,
Est-il vrai que certains établissements ont un niveau tellement faible dans les résultats des élèves , que le trafic des notes est de remonter artificiellement, pour eviter de dégrader leurs images !!??.
Christian
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La formule ∀xEy ((x = a) & (y = b))« VS »Peut-on être un mathématicien de renommée mondiale« ( »La destruction totale de l’école ?" par Altiplano, jeudi 9 février 2006).
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Un commentaire à réserver aux spéçialistes sans doute... Merci d’être plus didactique envers ceux qui n’ont pas la joie d’être aussi érudits que vous...
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Desole, mais cela fera bientot 40 ans que j’ai quite le CP... A mon epoque, un determinant etait un article ou un adjectif (sans distinction) au tant que je me souvienne.
Merci d’avoir rectifie mon ignorance.
Quand a mes remarques, que vous les preniez, ou pas, au serieux, cela ne m’emeut point.
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Mes excuses si je vous ai irrité...
Je voulais juste mettre le doigt sur le fait qu’il ne faut pas non plus tout critiquer juste parce que tout n’est plus « comme avant », la manière de faire à changé, sans forcément être moins cohérente.
Maintenant, bien qu’ayant été tenté de le faire, je ne rejette pas la totalité de votre commentaire, bien au contraire. En effet, tout ne va pas pour le mieux, c’est indéniable.
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Bonjour,
A la fois enseignant et parent d’élève, je ne peux que souscrire et à la position de M. Lafforque et à la plupart des commentaires qui suivent...
Les programmes de primaire s’éparpillent dans tous les sens alors que les connaissances de bases sont vues à toute allure (une semaine de voile mais une matinée pour découvrir le passé simple... un exemple parmi d’autres).
Les enfants qui ne sont pas aidés - et aidés de façon très concrète, et quotidienne ! - à la maison ont bien du mérite à conserver malgré tout un niveau convenable lorsqu’ils nous arrivent en 6°.
Quant au niveau des élèves de collège, quoi qu’en disent les spécialistes avec autorité, j’ai des doutes. Que je me réfère à ce que j’ai appris à leur âge, ou même à ce que je pouvais faire acquérir au début de ma carrière, la constatation est toujours terriblement douloureuse et inquiétante.
Malheureusement j’ai fini par croire ceux qui disent depuis bien longtemps maintenant qu’une volonté est à l’oeuvre, et le fait que l’on ait demandé sa démission à ce Monsieur Lafforque en est un nouvel indice.
Je ne sais plus qui ici a mis en cause la « co-gestion » syndicale mais en ce qui me concerne je pense que les syndicats n’ont pu que limiter provisoirement les dégâts...
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Si un organisme ne peut s’adapter à son environnement il meure ...
- Exploser - est un mot un peu fort utilisé pour faire sensation comme le veulent les terroristes. Si cette éducation nationale ne s’adapte pas alors il ne faut pas la pleurer. Vous voulez envoyer votre enfant dans une école qui ne lui servira à rien ?-
L’éviction de Laurent Lafforgue est une faute, et un malheur de plus pour l’Education nationale.
La baisse de niveau scolaire et la dégradation des méthodes de travail des lycéens est hélas une réalité.
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I-télé diffusait cet après-midi un reportage intitulé « école : les profs en danger » : EDIFIANT !
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Inquiétant, l’éducation nationale semble dériver vers des formes de comportement soviétiforme dont on peine à trouver l’idéologie. A qui profite le crime ? Bravo pour cet article
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