Quelles limites au principe de précaution ?
Depuis que le Président Chirac a fait mettre dans la Constitution française le principe de précaution, tout est occasion de remettre en cause telle ou telle technique nouvelle, même largement répandue dans le monde et pratiquée par des milliards de personnes depuis des années au point que l’on peut se demander s’il ne faudra pas un jour définir des limites à ce principe de précaution à partir desquelles on jugera que la dite technique ou pratique est inoffensive.
C’est à croire que nous sommes à la recherche permanente de l’éradication de tous les risques de quelque nature que ce soit et donc à la recherche, si cela était possible, de l’immortalité humaine. Car à force de précaution et de règlementations qui sont censées les mettre en oeuvre, on ne pourra bientot plus rien faire dans ce monde que d’étudier sans fin les conséquences de tel ou tel phénomène conjoncturel. Un vrai eldorado pour les chercheurs de tous poils, les suceurs de subvention et les ambitieux de tout bord qui y voient une occasion qui, de se construire son pré carré scientifique, qui de devenir un gourou médiatique ou encore qui de se trouver son fond de commerce politique.Dans tous les cas avec l’ambition des uns et des autres de bien en vivre une fois que l’on a trouvé sa place dans le fromage que cela constitue.
Il est des sujets qui incontestablement méritaient une telle attention et l’application du fameux principe. La montée en charge des préoccupations environnementales, longue et difficile pour ceux qui ont voulu les promouvoir, en est un exemple et il faut remercier ceux qui ont eu le courage de poursuivre la longue traversée du désert qu’ils ont dû affronter pour réussir à ce que ces sujets s’invitent à la table des grands décideurs de la planète.Le sujet est suffisamment grave et problématique pour l’avenir de l’espèce humaine qu’il justifie la poursuite des études et des efforts qui y ont trait, même si la base scientifique de certaines assertions est loin d’être prouvée.
Est ce pour autant que n’importe quel journaliste, n’importe quel scientifique ou plus généralement n’importe quel citoyen se doit d’alerter sur tel ou tel danger potentiel, de mettre à l’ordre du jour de la société des sujets anecdotiques ou de poursuivre les polémiques sur un problème dont on sait déjà qu’il n’est susceptible que d’un impact infinitésimal sur la vie des êtres humains ? Au détriment parfois d’autres sujets plus importants ?
Car enfin les premières applications du principe de précaution consisteraient à conseiller à nos compatriotes de ne pas sortir de chez eux tous les matins pour ne pas prendre le risque d’avoir un accident de trajet en voiture, en train ou dans les transports aériens, de ne pas parler à ses voisins pour ne pas attraper le virus de la Grippe H1N1, de ne pas manger de tel ou tel produit alimentaire suspecté de contenir des dérivés d’OGM, de ne pas se soigner ( les médicaments sont de dangereux produits chimiques actifs), de ne pas téléphoner ( Ah ! l’horreur de l’exposition aux radiofréquences). Bref de ne plus bouger de chez soi ! Et tout ça pour le plaisir de vivre quelques mois de plus à la limite mécanique du squelette humain dans un monde de plus en plus surpeuplé et alors que vos proches se sont déjà désintéressés de vous.
Finalement, peut-être faudrait-il mieux continuer de profiter de la vie comme nos ancêtres l’ont toujours fait sans trop faire attention aux Cassandres qui pullulent...
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