"Cela ne change rien au fait que ces deux monnaies se
sont dépréciées sans que cela améliore le solde commercial de ces deux
pays. La France a connu le même phénomène au début des années 80« .
Et si c’était le solde commercial qui avait déprécié les deux monnaies. Voilà une belle confirmation empirique de mes fondamentaux. Simplement leur monnaie n’ a pas été maintenue sous respiration artificielle. Et si elles l’avaient été, la désindustrialisation se serait amplifiée, les restes d’entreprises exportatrices étant évincées.
Encore une fois, les économies ne peuvent toutes être fondées sur la finance. Simple évidence. »Chaque
banque centrale nationale est une banque différente avec son propre
bilan, oui et alors ? Cela ne change pas au fait qu’on ait une monnaie
unique émise par la BCE qui est administrée par l’eurosystème composé
des banques centrales des pays membres. Cela ne change rien au
schmibilik« .
Tu es sûr que ça ne change rien pour la Bundesbank de voir son bilan blindé de créances pourries ? En tout cas, il n’y a pas de banque centrale de Lorraine. Et ça change tout : ça ne doit quand même pas être un hasard..
»Tous ces critères que tu cites sont justes mais ne sont pas réductibles à tes pseudo-fondamentaux« .
Pour l’acteur de marché, mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. A la fin, une économie endettée auprès du reste du monde, sans perspective de rémission, voit sa monnaie chuter. C’est comme n’importe quel actif. ça s’auto-entretient un temps. On prend ses bénéfices et puis bye.
»L’absence
de transferts budgétaires peut se compléter par plus de fédéralisme.
Des langues différentes n’empêchent pas les échanges. Plein de pays qui
ont l’euro vivent avec des communautés linguistiques différentes
(Espagne, Italie, Estonie, Belgique même si pour le dernier la situation
politique est tendue) et ça n’empêche pas les échanges à l’intérieur du
pays«
Plus de fédéralisme, c’est plus de transfert budgétaire. En parler aux Allemands. Plus de fédéralisme, c’est plus de convergence des poltiques miliatires, éducatives, sociales. En parler à tout le monde.
»La ZMO est aussi réaliste que la loi des gazs parfaits, dans la
pratique ça n’existe pas« . La ZMO est heuristique, dans la pratique, ça indique les conditions sine qua non. En l’occurence, c’est non.
»En
fait, le propre d’une monnaie n’est pas de servir d’instrument
d’ajustement ou de régulation de l’activité économique. Il s’agit
d’abord et avant tout d’avoir un numéraire, un moyen de paiement et un
instrument de réserve de valeur stable. C’est sur cette base que se fait
la concurrence entre les monnaies pour l’économie réelle. Et c’est sur
cette base que la zone euro s’est constituée et remplit son rôle. Le
dollar remplit sa fonction de numéraire et de moyen de paiement mais est
moins stable que l’euro ou d’autres monnaies en tant que monnaie de
réserve« .
Alors ça c’est de l’interprétation, rien d’objectif là-dedans.
»Contrairement à ce que
suppose Mundell sur la base du modèle US, une zone monétaire peut
exister sans transferts publics « fédéraux » et occasionner des
« transferts privés » importants. Les PIGS qui attirent tellement
l’attention en ce moment ont bénéficié de transferts financiers privés
importants depuis la création de l’euro qu’ils n’auraient pas eu sans sa
création. Ils ont été en quelque sorte « subventionnés » par le marché
intérieur de l’euro (à tort ou à raison)« .
Ils devaient être nettement insuffisants, alors.
»D’une
manière générale, la zone monétaire optimale n’existe pas dans la
pratique, ni entre pays ni entre les régions d’un même pays. Au sein
d’un même pays les régions ont des avantages comparatifs, des coûts des
facteurs et des échanges avec les autres régions très différents et il
faut remonter à plusieurs siècles pour retrouver en Europe des monnaies
régionales concurrentes...A l’inverse, si on suivait les opposants
historiques à la zone euro, il faudrait peut-être avoir une monnaie par
grande banque ou une par région économique du pays...Toute zone
monétaire a des zones « pauvres » ou « à faible croissance » ou "peu
autonomes« et des zones »riches« ou » à forte croissance« ou
»économiquement diversifiées et autonomes"...Le partage d’une même
monnaie implique des « transferts » par le marché qui sont parfois
positifs et parfois négatifs et variables dans le temps...C’est la vie
...Des pays aussi importants que la Chine communiste trouvent un intérêt
à avoir un taux de change quasi-fixe par rapport au dollar sans
bénéficier de « transferts » publics" de la part de Washington. Il ne faut
donc pas croire qu’instituer un système public centralisé de
péréquation ou de compensation de ces « transferts marchands » soit
nécessaire et améliorerait nécessairement la performance économique
d’une zone monétaire...A part donner du pouvoir à une bureaucratie, le
résultat n’est pas assuré«
C’est absurde. On ne compte pas les bistrots aveyronnais à Paris, les transferts sont fait, pour l’essentiel, sur des bases individuelles. La seule chose qui peut compenser les différences de compétitivité durablement c’est un Etat central. Va informer d’urgence les Grecs que leur destin est d’aller faire du sirtaki à Hambourg.
»La
baisse des coûts de transaction est importante puisqu’elle représente
un gain pour les échanges. Comme l’avait dit Win Duisenberg en 1999,
l’euro ne remplace pas les réformes structurelles nécessaires pour
réduire le chômage. Les problèmes de la France datent des années 70, pas
de l’euro.
Les Pays-Bas et
l’Allemagne sont les pays européens qui s’en sortent le mieux et ils ont
l’euro. La Grande-Bretagne qui n’a pas l’euro coule. On voit bien que
le problème n’est pas l’euro« .
La zone euro a depuis 10 ans la plus faible croissance mondiale. C’est un fait ; On voit bien que les réformes structurelles menées en Grande-Bretagne ne l’empêchent pas de couler. Donc on voit bien que Duisenberg se plantait.
»La
construction européenne n’a jamais avancé autant depuis la crise. Le
FESF par sa possibilité de lever des fonds constitue un embryon de
trésor public européen.
La CDU a proposé de faire élire le président de l’UE au suffrage universel. Les choses avancent".
Le FESF, c’est un truc dans lequel on a mis plein de garanties que personne n’a les moyens d’assumer, dans l’espoir, bien vain, d’apaiser les marchés. Tout sauf un Trésor public..
C’est incroyable ce genre de contre-vérités, l’Argentine s’essoufflait dans des plans d’austérité avec son peso arrimé au dollar, et elle s’en est mystérieusement sortie (en fin à moitié) en dévaluant, et en renvoyant ses créditeurs internationaux chez eux.
Qu’as-tu à redire à cette présentation des choses :
En outre, je ne soutiens pas qu’une dévaluation est toujours bonne (donc le contre-exemple anglais si c’en est un ne m’affole pas), c’est toi qui soutient que c’est toujours mauvais. Mais les faits sont têtus.
« Les différentielles d’inflation et d’intérêt agissent aussi à long terme ».
Jamais dit le contraire.
« Le dollar est une monnaie véhiculaire mais ce n’est pas pour autant que l’inflation est décorrélée de la création monétaire ».
Et c’est pourquoi ?
« Tes pseudo fondamentaux sont invalidés aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne ».
Et pourquoi demande-t-on de la livre et du dollar à ton avis ? Serait-ce lié à Wall Street et à la City ? Est-ce généralisable ? Rien n’est invalidé, c’est ce qu’on appelle des déséquilibres financiers. Et on voit ce que ça donne.
"Déjà,
il y a un euro pour tout le monde, c’est ce qu’on appelle la monnaie
unique«
Chaque banque centrale de l’Eurosystème est juridiquement comptable des créances que l’on détient sur elle via les dépôts dans les banques commerciales de son ressort. C’est pour ça que les Allemands disent »monnaie commune« et pas »unique« . Question de rigueur. Quand une banque allemande reçoit un dépôt en euro émis par la banque de Grèce, ça dégrade le bilan de la Bundesbank (puisque la banque de Grèce, bon...). Rien de tel entre le Crédit mutuel »Lorraine« et le Crédit mutuel IdF
» L’euro comme toutes les devises en change flottant du monde a
son taux de change qui dépend de l’offre et de la demande, les seuls
vrais fondamentaux« .
Drôles de fondamentaux, car l’offre et la demande se font en fonction de critères (prix, qualité, anticipations...) sur tous les marchés. C’est Dieu qui détermine la demande ?
»Tu
esquives mon propos. Tu ne nies pas que la France n’est pas une ZMO.
Surtout qu’une ZM peut devenir optimale par le biais des mécanismes de
compensation qui peuvent être étatiques. La zone euro aurait tout
intérêt à se doter de tels instruments. Tu oublies aussi que les pays de
la zone euro sont très ouverts aux échanges entre eux, du coup, la
baisse de transaction par la monnaie unique leur est largement
profitable.
Les dévaluations en chaine des monnaies nationales en Europe, on a vu ce que ça a donné dans les années 30".
Je n’esquive rien. Je nie que la France soit comparable à la zone euro, du point de vue de la circulation du travail ( quelques petits problèmes linguistiques et culturels se posent), du point de vue des transferts budgétaires (les Allemands de l’Ouest veulent bien financer ceux de l’Est, mais des Grecs ?), sociaux (la Finlande, c’est pas la Grande-Bretagne)...
La baisse des coûts de transaction est parfaitement secondaire, sinon la zone euro ne se traînerait pas dans les bas-fonds de la croissance mondiale depuis sa création. La Suède est largement plus ouverte que la France, et elle a sa petite couronne. ça n’handicape pas son taux de croissance depuis 10 ans, faut-il le rappeler ?
Donc en attendant l’avènement d’un Etat européen dont on perçoit mal les contours institutionnels, il est fort probable que la zone euro reste pour longtemps une ZMTSO (zone monétaire très sous-optimale), à la différence de la France.
1) et 2) Pas du tout, la tienne est de court terme, la mienne de long terme, et tout aussi objective. Le prix auquel les devises s’échangent sont bien fonction de la demande, et donc des fondamentaux que je cite. Effectivement la liste n’est pas exhaustive : le différentiel anticipé des taux d’intérêt, le différentiel d’inflation en sont d’autres. Autant de choses non convergentes entre les pays de la zone, au passage.
Le dollar est la principale monnaie véhiculaire. L’inflation aux Etats-Unis est donc largement décorrélée de la création monétaire. C’est ce qui le maintien en vie. Il s’érode néanmoins, malgré le soutien dont il fait l’objet (pour combien de temps ?) de la part de la Chine. Crois-tu vraiment que la situation pourra perdurer encore longtemps ?
2) "C’est
faux car les fondamentaux que tu cites ont été invalidés empiriquement".
Ah bon où ça ? "On n’est pas dans une situation de change fixe puisque le taux de change
varie, c’est aussi simple que ça« . Le taux de change de l’euro-Banque de Grèce est fixe par rapport aux taux de change des autres euros. Et par rapport aux autres monnaies, il n’est pas fixé en fonction des fondamentaux précités.
3) »La France
n’est pas non plus une ZMO".
Au cas où ça t’aurait échappé la mobilité des facteurs est un peu plus développée entre la Lorraine et l’Ile de France qu’entre les Pouilles et l’Estonie.