Le principe
d’un débat, ça devrait être de progresser sur une question donnée en
confrontant des opinions divergentes. Si possible avec courtoisie, en admettant
a priori que le contradicteur puisse être notre pair en capacité de réflexion
et de bonne foi. J’imagine que c’était le principe initial d’agora vox.
Ca ne
devrait pas en tout cas être une arène où chacun vante la taille de son zizi à grand
coup de diatribe adolescentaire, genre truther = truffier. Ce qui était drôle
dans la cour de récré voici bien longtemps perd de sa saveur à l’âge adulte. Et
pollue le débat. L’argument, bien sûr, vole dans les deux sens, mais force
m’est de constater une propension assez vive chez les pro-VOs à recourir au
dénigrement systématique de leurs interlocuteurs, caricaturés comme autant de
pauvres tasses sectaires et allumées, inaptes à la réflexion critique. Et
ridiculement minoritaires dans une population par ailleurs normalement
raisonnable.
Ce qui pratiquement
nous renvoie à l’article de base. Intéressant de constater qu’il existe un tel
consensus non seulement d’idées mais aussi de
méthodes auprès des pros-Vos d’en bas et ceux d’en haut, car ce dénigrement
systématique de l’autre est clairement l’attitude des media, celles que décrit
et fustige l’article de Jérôme Bouteiller. Ce qui est inquiétant, dans le chef
des medias, c’est qu’ils envisagent même de passer de l’autocensure à la
censure tout court : doit-on laisser s’exprimer les truthers
librement ? Ne vont-ils pas perturber les esprits fragiles ?
Démocratie, démocratie, quand tu nous tiens…
Est-ce là du
Maccarthysme ? Peut-être, un Maccarthysme mou, avec chasse aux sorcières
mais sans incarcération, sans exil, juste une bien pensance un peu autoritaire.
Moi je verrais plutôt ça comme une crise à la Dreyfus, stigmatisant et dressant
deux camps l’un contre l’autre, au mépris des faits de base.
Sauf qu’ici
il y a plus que deux camps. S’y affrontent, par thèmes interposés, les pro- et
anti- : américains, israéliens, islamistes, occidentalistes,
tiermondistes, conservateurs, capitalistes, mondialistes, altermondialistes, journalistes,
internautes, etc. Chacun tirant la couverture de son côté, amplifiant et
minimisant l’une ou l’autre facette d’un événement à interprétation variable.
Personnellement,
je suis un truther qui a du mal à admettre que 19 terroristes se soient emparés
de quatre avions simultanément, armés de cutters, à 1 contre 10 ou plus
passagers et membres d’équipage, et les ont précipité sur deux tours et 1
pentagone avec maestria, pour ne même pas le revendiquer ensuite, si ce n’est
tardivement et du bout des lèvres. Je suis un sceptique qui a vu une
administration illégitime se ruer dans la brèche et mettre au pas, non
seulement ses citoyens, mais ceux de tous ses alliés. J’ai du mal à croire aux
méchants terroristes isolés, et je ne me sens pas fantasquement allumé pour ça.
Je ne crois ni en dieu, ni en diable, mais espère toujours en une enquête
objective et dépassionnée autour d’un événement qui met à l’épreuve la qualité
de notre démocratie.
Enfin, la
manipulation d’opinion via les medias fait depuis longtemps partie du paysage.
Juste avant la première guerre du golfe, les télés nous montraient comment les
troupes spéciales de Saddam s’entraînaient en déchirant vivant des petits
animaux. Timisoara a « justifié » l’exécution précipitée des
Ceaucescu, la cruauté des Serbes les frappes illégitimes de l’Otan, et ainsi de
suite. Stratégie de la part des sources, souvent militaire, et mercantilisme
des medias instantanés à la recherche de sensationnalisme. Apprendrons-nous de
l’histoire ?
Merci, excellent article, très bien foutu. La bêtise et le conformisme de masse ont quelque chose de particulièrement flippant. Quelle sordide petite bande de gnols arrogants et autosatisfaits. Trop paresseux ou trop lâches pour penser par eux mêmes. Et qui prétendent penser à notre place.
C’est marrant mais les débats « 11 septembre », ça ressemble de plus en plus à la querelle des dreyfusards, anti dreyfusards. C’est très très émotionnel.
Et la Quen-tin, il serait plutôt antidreyfusard, il préfère les évidences.
Pourquoi pas si elles sont évidentes. Mais personnellement, 19 fous d’Allah qui s’emparent simultanément de 4 appareils avec des cutters et les pilotent à 700 (800) à l’heure en plein milieu de deux tours à peine plus larges que leur envergure, lesquelles s’écroulent (à trois), à la surprise générale -il faut bien l’avouer - et qui ensuite ne le revendiquent même pas, si ce n’est du bout des lèvres, plusieurs mois plus tard, c’est con, mais je ne trouve pas ça évident comme histoire.
Et surtout qu’ensuite l’administration Bush, démocratiquement illégitime, met tout le monde au pas et décide de gendarmer le monde entier au nom de la guerre sainte contre le terrorisme. Pas si évident, je trouve, comme scénario.
En lisant les réactions sur des sites gentillets, j’ai vu beaucoup de soutien et de sympathie pour Kassovitz. Mon dieu, mon dieu, dans quel monde vivons nous, qui nie l’évidence ? Heureusement que certains arrivent à garder la tête froide et maintenir le cap des évidences.
(Tiens, la première guerre du golfe a eu lieu parce que saddam hussein était une brute sanguinaire qui tyranisait le gentil koweit - encore des évidences. Il se trouve que les américains avaient encouragé saddam a attaquer le koweit. Evident ?)
Avec un zeste de condescendance quand même. Désormais, SM
admet quand même que la « version officielle » (terme impropre) pêche
par maladresse et manque de clarté. Mais que la Vérité ne saurait quand même
gésir dans la paranoïa des complotistes. Fi, que diantre !
Moi qui doute, dont le QI plafonne piteusement aux marges du
crétinisme, et qu’affecte une malencontreuse inclination à la schizophrénie
paranoïde atavique, je demande à être soulagé par les lumières bienveillantes
de tous les SMs éclairés. Oyez, oyez.
Répondez à ces questions, simplement à ces questions, donnez
moi votre opinion et soulagez mon tourment.
1)Les terroristes ou présumé tels qui ont planté des avions dans les
tours voulaient t’ils les raser ou pensait ils simplement les ébrécher ? Je
pense que deux simples incendies n’auraient jamais eu le même impact sur l’actualité
et sur la suite des événements, donc la question n’est pas triviale.
2)Dans la première hypothèse, comment pouvaient ils être sûr de les
détruire ? Aujourd’hui encore, personne n’a l’air totalement certain du
mécanisme de la chute des tours. Possèdent-ils les meilleurs ingénieurs, les
meilleurs architectes du monde ?
3)Quel est le but de l’attentat ? Un coup de pub ou une déclaration
de guerre ?
4)Si c’était un coup de pub, cela valait-il l’investissement ? Quel
bénéfice réel en ont-ils retiré ?
5)Et si c’était la guerre qu’ils voulaient, où est-elle ? Plus d’attentats ?
C’est un peu comme si la flotte japonaise était rentrée tranquillement au port
après Pearl Harbor, et s’était gentiment consacrée à l’élagage des bonsaï.
6)Sommes nous tous capables de devenir pilote de lignes, et de diriger,
sans assistance électronique et sans coup férir, un boeing 767 de 52 m d’envergure dans une tour
large de 63 m
à une vitesse approximative de 700
km/h(200 m la seconde) ?
7)Si oui, je postule, ma vie m’ennuie – désolé, ce n’était pas une
question.
8)N’est-ce pas un peu risqué d’envoyer des équipes de 4 terroristes armés
de cutters détourner des avions remplis de passagers non désireux de mourir ?
Ces derniers (potentiellement au nombre de 255 – 4, plus les membres d’équipage)
ne risquent-ils pas de faire échouer le projet, trouvant les cutters trop peu menaçants
pour abdiquer leur envie de vivre ?
9)En programmant quatre attentats d’un coup, les terroristes n’ont-ils
pas les yeux plus grands que le ventre ? Ne risquaient-ils pas de vendre
la mèche dès le premier détournement constaté ? Etait-ce bien prudent ?
Etait-ce raisonnable ?
10)Déjà dit, mais, quels bénéfices
les pouilleux fous d’Allah ont-ils retiré de cette gigantesque entreprise, si
ce n’est la possibilité ultime, et moyennant argumentation chicanière autour
des armes de destruction massive, de jouer le match sur leur terrain, en Irak
et en Afghanistan ?
11)Et surtout, surtout, qu’aurait
bien pu faire Bush de son mandat sans le onze septembre ? Lui qui n’avait
même pas été élu démocratiquement, comment aurait-il passé ces quatre (huit)
longues années du mandat présidentiel ?
Voilà, monsieur SM, le cœur de mes ténèbres. Ce sont des
choses simples, sans thermite, sans drone, sans ovni, sans mossad, sans extrême
droite, sans tout ça. Juste des bêtes interrogations de base qui me turlupinent
depuis huit ans, mais sans m’empêcher de dormir, rassurez-vous. Je sais, vous n’êtes
pas dans ma tête. Vous n’êtes dans la tête de personne. Vous vous arrêtez de
penser, d’ailleurs, dès que ça serait utile. Non, un vrai journaliste de la
vieille école. Des faits, rien que des faits. Encore des faits.
Erratum, ai rippé sur la zapette. C’est ici que je voulais le mettre.
Si. Dans « Opération Gâchis » de Philippe de Pirey, très explicite, moult détails. Invoqué par Boris Vian dans sa lettre à Faber pour défendre sa chanson « le déserteur ». cf.