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Bonjour,
Tout à fait d’accord avec la notion de blocage idéologique. Ou psychologique (voir par exemple http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2562#nb1).
Le drame est que ce soit précisément aux états-unis que se mène le jeu de l’économie mondiale. Et que les intérêts financiers qui s’y retranchent sont au fond indifférents au bien être de la nation américaine. Et bien plus indifférents encore au bien-être du reste de l’humanité.
Le capitalisme en tant que philosophie n’a aucune vocation au bonheur des peuples, pas plus qu’il n’a d’état d’âme. Il n’est que la théorisation en constante évolution du monde de la finance et des marchés dans une perspective de libre échange et de libre entreprise. Il obéit au moins de règles possibles – cf. l’ultralibéralisme – et compte sur ses vertus intrinsèques pour solutionner les problèmes qui viennent entraver son parcours. Le capitalisme implémente et entérine la loi de la jungle. Au bout du compte, au bout de l’évolution et de la compétition, il ne devrait rester logiquement qu’un seul consortium mondial, le vainqueur ultime, celui qui aura absorbé tous les autres organisations.
Les nations ne représentent pour le monde de la finance que des territoires de production et de consommation, qu’il convient de gérer à bon escient pour optimaliser les gains et progresser dans la partie. On doit composer avec les gouvernements, d’où la nécessité du lobbying, mais les intérêts du monde de la finance divergent fondamentalement de l’intérêt des citoyens lambda. L’évolution technologique supprime les postes et minimise les coûts, les délocalisations déplacent cyniquement les détresses humaines, mais rien n’y fait. Une entreprise qui dégraisse son personnel hausse sa cote en bourse. Et attire la convoitise des actionnaires. Nothing personal, just business.
Les états-unis d’amérique mènent la danse et adhèrent corps et âme à ce modèle. Pour des raisons culturelles, historiques, sociologiques, émotionnelles, psychologiques.
La nation entière est bâtie sur le mythe de la libre entreprise, du self made man, de l’immigrant qui renverse son sort et gravit à la force du poignet l’échelle de la réussite sociale. La société américaine est vécue par ses membres comme une arène pleine d’opportunités, ou chacun est libre d’exprimer son potentiel et de récolter les fruits de son mérite. La compétition est rude, brutale, mais de leur point de vue, juste. Une perception qui, soit dit en passant, colle à l’idéologie calviniste dominante qui enseigne à ses adeptes de faire fructifier leurs biens, de s’enrichir, dans l’esprit de la parabole du talent. C’est cette conviction qui anime la plupart des américains et explique leur attitude face à l’argent et la réussite. Décomplexée. S’enrichir est juste et sain. Les salaires monstrueux des stars, les profits pharamineux des businessmen, la realpolitik économique qui pousse les entreprises à dégraisser les effectifs et à délocaliser ne choquent pas là-bas. Ce sont autant de modèles de réussite, d’adaptation, où les moyens sont justifiés par la fin. Al Capone reste un héros national, un chef d’entreprise talentueux.
L’initiative individuelle, l’esprit d’entreprise, la capacité d’innovation, le goût du risque font la société américaine, ils en sont le sel, le moteur, la dynamique. Par contre, les régulations, les interventions du gouvernement, la solidarité obligatoire, l’assistanat en sont les antithèses.
En conséquence, une amérique évoluant, même modérément, vers une étatisation ou une planification de l’économie est tout simplement impensable, contre-nature. Autant suggérer au vatican d’évoluer vers une république laïque ou à Israël de se doter d’une constitution islamique.
Si l’europe veut des solutions originales pour gérer la crise, elle a intérêt à les trouver seule, ou avec d’autres partenaires. Les américains restent et resteront indécrotablement libéraux dans l’âme.
Hoax, pas hoax, qu’est ce qu’on en a à battre ? A croire que la vie de certains posters se résume à distribuer des bons et des mauvais points, ou à se comparer la quéquette avec des contradicteurs virtuels. Get a life, men.
Que l’auteur soit plus ou moins authentique ne change rien au fait que son propos soit juste ou pas. Les deux données sont potentiellement indépendantes l’une de l’autre. La question n’est pas de savoir si Catherine est bien Catherine, la question est de savoir si ce qui est rapporté est exact.
Et donc, le sujet ici, c’est de savoir si les états-unis sont effectivement en train de s’enfoncer dans une crise économique majeure, susceptible de les obliger à réformer en profondeur leur idéologie libérale, et de savoir quelles seraient les conséquences d’un tel bouleversement pour le reste du monde, nous y compris. Une faillite profonde du système dominant risque d’avoir des conséquences graves pour l’ensemble de l’humanité, au moins dans l’immédiat, et c’est le moment de plancher sur des solutions nouvelles pour redéfinir un (des) projet(s) de société.
Internet offre l’opportunité de mettre en contact toutes les expériences, toutes les expertises, toutes les réflexions. Mais si on l’utilise uniquement pour enfiler les perles du café du commerce ou de la cour de récré, autant retourner regarder la téloche.
Chaque fois qu’il est question du 11 septembre dans les médias, sur un blog ou sur un site « citoyen », deux camps s’affrontent inexorablement. D’une part, une « minorité » de « tenants de la thèse du complot », qui entre-eux s’appellent « sceptiques », et d’autres part, une « majorité » de gens « raisonnables » qui ne s’attribuent aucune appellation particulière, adhèrent grosso modo à la version officielle des faits, et considèrent les premiers au mieux comme des zozos, au pire comme de dangereux complotistes antisémites négationnistes. A noter que les sceptiques ou complotistes, comme on préfère, sont généralement majoritaires ou en tout cas majoritairement plus réactifs sur les sites citoyens de la toile qui constituent leur niche écologique d’élection.
L’affrontement est bien rôdé et tombe systématiquement dans les mêmes ornières, jusqu’à la parodie. Le 11 septembre représente désormais une arène où viennent s’affronter deux visions du monde, deux conceptions diamétralement opposées qui entretiennent entre elles un sempiternel dialogue de sourds.
La majorité raisonnable considère que les attentats du 11 septembre sont suffisamment limpides et ne nécessitent pas vraiment d’explication complémentaire : des groupements terroristes islamiques ont pris les États-Unis d’Amérique pour cible, car ils leur reprochent d’inspirer et de diriger un occident économiquement, politiquement, culturellement et religieusement hégémonique. Cette domination menace à terme l’Islam dans ses fondements et dans son existence, et doit donc être combattue avec la dernière énergie. En conséquence, ces groupes islamistes ont décrété une guerre sainte terroriste qui se suffit à elle-même, et ont décidé de frapper très fort l’ennemi au cœur de son territoire et de ses institutions. L’objectif précis des attentats est conjectural. On peut imaginer que les terroristes espèrent bouter le feu à un équilibre géopolitique précaire et déclencher une série de conflits avec l’occident, lesquels finiraient à terme par l’affaiblir ou le vaincre en coalisant ses ennemis qui ont pour eux le nombre.
Les sceptiques trouvent cette version cousue de fil blanc. S’ils admettent pour la plupart la réalité des attentats, ils relèvent une longue série d’invraisemblances dans leur explication officielle. Ils regrettent dès lors l’opacité et la superficialité des enquêtes et des débats autour d’un événement contemporain majeur qui depuis son avènement, a très largement façonné la politique extérieure américaine ainsi que celle de ses alliés embrigadés bon gré mal gré dans une lutte à mort « contre le terrorisme, pour la démocratie ». Ce manichéisme simpliste semble suspect aux sceptique qui y perçoivent prioritairment un alibi idéal au service des objectifs militaires et économiques de l’administration Bush. D’où de nombreuses nouvelles conjectures et relectures des événements à la lumière de ces considérations, avec entre autres, la thèse controversée de « l’inside job ».
Pourtant, une telle confrontation n’est a priori que simple et saine. Un attentat spectaculaire crée un traumatisme profond dans l’opinion publique occidentale, voire mondiale, et des individus confrontent des analyses et des opinions divergentes. Malheureusement, ce débat dérape très rapidement.
D’abord, le débat a d’emblée été cadenassé par la dimension émotionnelle de l’événement, très largement exploitée par la couverture médiatique qui a opposé le martyr des « héros » civils américains à la duplicité et à la sauvagerie des « terroristes » obscurantistes islamistes. Si violent était le constat de l’agression qu’il fallait un courage et une lucidité extraordinaires pour oser discuter dans un premier temps l’adéquation de la version officielle américaine, ou la légitimité de la riposte envisagée. Aujourd’hui encore, s’interroger sur l’exploitation opportuniste des événements par l’administration Bush revient à s’exposer à des procès d’antiaméricanisme primaire. Le choc des civilisations a eu lieu et nous sommes sommés de choisir notre camp.
Ensuite, il est clairement apparu qu’Israël pouvait tirer un profit cvonsidérable du climat instauré par les attentats. Tout ce qui dresse le bloc occidental contre le monde musulman contribue à raffermir leurs alliances et à asseoir leur légitimité. D’où la suggestion rapidement émise par certains observateurs de leur implication dans la préparation des attentats. Aucune preuve n’étaye cette hypothèse, mais elle est séduisante aux yeux de nombreux sceptiques qui brodent abondamment sur ce thème. Le débat prend alors une nouvelle tournure et oppose pro- et anti-israéliens, les premiers collant à la version officielle, les seconds la contestant en insistant sur le bénéfice supposé qu’en a retiré Israël.
Dans les médias francophones, un réflexe pavlovien semble assimiler les anti-israéliens ou les antisionistes aux antisémites. Dès lors, le débat prend dimension de croisade et oppose les antiracistes bon teint, raisonnables et partisans de la version officielle, aux complotistes néo-nazis rampants, partisans d’un « inside job » inspiré par le mossad. Dès que le thème du 11 septembre est évoqué, la riposte ne se fait pas attendre et les pro-israéliens montent au créneau en hurlant au négationnisme, crime connoté s’il en est, mais dont l’accusation ne repose sur rien de concret. Ce glissement du débat vers un affrontement connexe est un des escamotages habituels du débat.
Un autre escamotage renvoie à un phénomène sociologique intéressant. Les sceptiques se manifestent principalement sur internet, alors que les médias traditionnels ne relayent que peu ou seulement de manière caricaturale les théories alternatives à celle de la version officielle. Comment cela peut-il être ? Faut-il donc que les sceptiques soient nécessairement de pauvres farfelus coupés des réalités élémentaires pour persister à propager des rumeurs absurdes, dénigrées par les professionnels de l’information ? Ou bien faut-il plutôt admettre que les journalistes soient collectivement embrigadés dans un complot de l’ordre établi, et refusent tous, avec mauvaise foi, de laisser éclater de terribles vérités ? Bien sûr, cela ne paraît pas plus plausible.
Clairement, les journalistes, serviteurs du quatrième pouvoir, gardiens de la démocratie, sont ulcérés de l’invasion des blogueurs amateurs dans leur pré carré. Si n’importe qui peut dire n’importe quoi, où allons nous ? La seule bonne vraie information 100 % objective doit être distillée par un artisan journaliste, formé dans une école spécialisée où il a été initié aux méthodes subtiles du journalisme professionnel, et où son expertise sera authentifiée par une carte de presse. Seul un vrai journaliste sait prendre la distance nécessaire par rapport aux événements et à leur interprétation. Les blogueurs et internautes sont juste un ramassis de frustrés, de handicapés du bulbe qui déversent élucubrations et torrents de haine sur la toile au lieu de lire sagement leurs quotidiens, ou plus simplement pour les plus paresseux, de suivre les journaux télévisés.
D’où cette caricature éternelle de l’internet, infernal vivier de toutes les perversions, quasiment exclusivement peuplé de nazis et de pédophiles, à l’affût de proies candides, de jeunes têtes blondes innocentes en mal de dévoiement. Et bien entendu, de lunatiques, de ratés déconnectés de la vie réelle, distillant et métabolisant la rumeur, substance honteuse, glauque, malsaine, toxique. Voyant des complots et des ovnis partout, pour conférer l’illusion d’une épaisseur à leur pathétique inexistence.
Bref, évoquer le 11 septembre revient à invoquer systématiquement un clash entre pro-israéliens et antisionistes, sur le thème détourné de l’antisémitisme, et un clash entre média officiels et internautes patentés. Les dés sont pipés d’emblée. On parle très rarement du 11 septembre en tant que tel, sinon pour entendre autant d’amateurs se jeter à la tête des expertises qu’ils maîtrisent peu ou pas du tout.
Personnellement, je suis un sceptique, mais pas intransigeant. Force m’est cependant de reconnaître que les médias officiels – comme l’express – sont navrants de prévisibilité et de superficialité dans leurs commentaires. Il est même amusant de constater que les arguments les plus solides contre certains aspects des thèses du complot, je les ai trouvés sur des sites de truthers (par exemple, une réfutation de la thèse du missile sur le pentagone : http://911research.wtc7.net/essays/pentagon/index.html).
Les temps changent. Les médias aussi. La démocratie suit. Tôt ou tard, les médias devront évoluer. On ne peut empêcher les gens de penser, et on ne peut les empêcher de communiquer. Nos opinions, nous nous les forgeons de plus en plus librement, sans mode d’emploi certifié. Est-ce grave ?
Ça fait pratiquement des années que je ne regarde plus la télé, sauf circonstance extraordinaire et atténuante – quelqu’un d’autre l’a allumée pendant que j’étais au WC, ou alors je dîne en ville.
La raison principale en est un désintérêt profond pour le PAF, ses shows audimatés et leur ambiance clochemerlesque. Je ne peux simplement plus saquer ce défilé de guignols moulés en séries, clones tristes s’agitant frénétiquement pour acquérir une forme de singularité et donc d’existence cathodique, se prononçant sur tout et sur rien, riant, pleurant et sonnant faux. Ardisson, Fogiel, Arthur, Truc, Chose et Machin, toujours la même insolence calculée, la même morgue hautaine, la même hilarité quéquette de commande, qui soulèvent toujours les mêmes rires gras – faut-il donc que le public soit indigent pour se repaître de si sordides miettes.
Dans le genre, le tandem Zemour/Naulleau, ou du moins ce que j’en ai entraperçu, possède au plus haut point le talent de m’horripiler. Agressifs, hautains, condescendants, sardoniques, grossiers, ils sont payés pour étriller. Tout et n’importe qui. Couper la parole, se contredire, user de mauvaise fois, recourir au sarcasme et à l’allusion salace, tous les coups sont permis pour malmener l’invité, le déstabiliser, le ridiculiser. Parce que l’essentiel de leur show, c’est ça : ridiculiser des gens, sommités ou non, puissants ou non, sympa ou non. Du lynchage, avec la foule derrière qui applaudit. Il faut toujours une foule pour un beau lynchage, sinon c’est juste une exécution, et ça ce n’est plus un spectacle.
Bref, le PAF s’offre ses séances de catch grand-guignol avec des gentils et des méchants, où c’est encore meilleur quand c’est le méchant qui gagne. Mais au lieu de gros bouffons bodybuildés et couverts de tatouages se collisionnent sur un ring, il s’offre les service de petits roquets adolescentaires qui jappent et vitupèrent une culture de prisunic au visage de leurs victimes. Ils savent tout sur tout et n’écoutent qu’eux-mêmes, ce qui les dispense de dialoguer ou de comprendre leurs invités. Soyons clairs, on ne les paye pas pour ça. Et puis c’est moins jouissif de dialoguer que de sentir la proie se débattre vainement dans ses griffes.
Je ne regarde pas la télé. Je me dis que le jour où Zemour et Naulleau se tromperont de cible et qu’un vilain terminator obtus s’en ira les agripper par les roupettes puis les fera longuement tournoyer comme des moulins à prières avant de les balancer sur la gueule de Ruquier, le clip tournera en boucle sur la toile et je pourrais le télécharger pour le contempler chaque soir avant d’aller dormir.
P.S. Merci au journaliste dont j’ai oublié le nom, qui un jour à mis – avec élégance – une branlée réthorique monumentale à Gérard Miller. Lequel à du écrire un bouquin par la suite pour atténuer la violence du choc traumatique et l’abrasion rectale de son égo. Ah, ces psychanalystes... Des tigres de papier !
Bonjour.
A l’instar d’Hergé, Tintin est l’héritier d’un milieu et d’une époque. Scout catholique, marqué à droite et flirtant avec les extrêmes, ses dérapages de jeunesse devraient logiquement le désigner à notre ostracisme éclairé comme héros de littérature « nauséabonde » (label de qualité exclusivement réservé à l’extrême droite – si j’étais d’extrême gauche, je serais un peu jaloux et je militerais pour l’obtention d’un label propre.
Mais voilà, on l’aime bien. Après tout, c’est un pote de jeunesse, on a fait un bout de chemin ensembles, on s’est habitués. Alors on lui trouve des excuses. Son milieu, son époque justement. Pas de parents, tout juste une patrie, qu’il embrasse fougueusement dans sa jeunesse. Ensuite, quand il monte à Paris et fait carrière sur la scène hexagonale, il sera contraint de ruser et de faire oublier autant que possible ses origines de ketje bruxellois. Il polit son style, se civilise. Les mauvais ont perdu la guerre, il est temps de devenir réaliste et de se mettre au travail sérieusement. Finies les gamineries, l’âge de raison est arrivé, et on sait de quel côté la tartine est beurrée.
Et aussi il faut dire qu’il s’est bien amendé avec le temps. Jamais un mot plus haut que l’autre, toujours pondéré, toujours conciliant. Au point d’en devenir emmerdant. Heureusement qu’il se coltine toujours sa ménagerie de lunatiques : Haddock tonitruant et alcoolique, Milou habituellement diligent mais tourmenté par les démons de la chair, comestible ou non, Tournesol autistement génial, quoiqu’en butte ici et là à quelques accès de rage clastique, et les dupondt, cons comme la lune et fidèles comme la pluie. Quelques personnages secondaires et récurrents complètent l’assaisonnement, quoique les méchants soient plutôt prévisibles dans leur rôle de méchant, et ne pèsent pas vraiment dans notre capital sympathie.
Pas de femmes évidemment. L’époque, toujours l’époque. Scout catholique, c’est plutôt sacerdoce et compagnie. Les enfants ont déjà assez de mal à endiguer la marée montante, que dis-je le tsunami de leur libido, pour qu’on les incite en sus à imaginer des choses lascives avec des personnages de papier. Jacobs, compagnon d’arme de Hergé, se souvient des déboires que lui ont occasionné une paire de guiboles anecdotiques dans un coin de vignette de sa marque jaune.
Donc Tintin, plutôt asexué, condamné à quelques amitiés électives avec des adolescents de son âge, qu’il rencontre généralement en leur sauvant la vie ou les tirant d’un mauvais pas (Chang, mais aussi Zorrino dans le temple du soleil). Hélas, une fois de plus, les gens vont jaser. Est-ce si difficile de garder l’esprit chaste et pur ? Devons nous vraiment n’être que des bêtes lubriques pour convaincre de notre sincérité ?
Enfin la fatwa s’est enrayée. Après tout, ça fait une paye que Tintin a arrêté de tenir, du haut de sa belgitude triomphante, des propos sarcastiques sur les pays qu’il traverse : la malheureuse URSS balbutiante, le Congo de papy bwana, mais aussi l’Amérique des gangsters et du lynchage, les républiques bananières du continent sud Américain. La rédemption est venue de l’Orient : Chine, Tibet, Arabie ont adouci le choc des civilisations. Bref Tintin a grandi, Tintin s’est assagi, Tintin s’est rassi (comme le pain, tiens).
Car je l’aimais bien moi, le sale gosse turbulent et querelleur, qui glissait des peaux de bananes sous les pieds des bolcheviks assassins et passait le parc national du Congo à la chevrotine. Pas que ce soit mon fantasme, j’ai le coeur à gauche et j’apprécie l’action de madame Bardot. Non, mais comme disait un éducateur de ma connaissance, c’est toujours les plus turbulents auxquels on s’attache.
Messieurs les jurés, Madame le Juge, Cher Public, aurez vous encore à coeur de poursuivre un jeune homme qui a su évoluer, grandir, faire taire les préjugé de sa caste pour ouvrir son regard et ses bras sur le monde, épouser la cause des hommes, des humiliés, des offensés ? Que ne l’avons encore avec nous aujourd’hui pour nous épauler, que dis-je, nous guider face aux défis de notre temps, nous sauver du capitalisme sauvage, traquer les escrocs de la finance, renverser les dictateurs médiatiques. Comme sa lumière nous manque alors que les ténèbres nous étreignent et nous enserrent. Doit on juger un homme sur sa jeunesse, ou sur l’accomplissement de son destin ? Non, Messieurs, Madame, Cher Public. Vous n’aurez pas à coeur de le condamner encore et toujours. Donnez lui l’absolution des hommes. Qu’ils reposent en paix, lui, ses amis et leur auteur.
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