Emmanuel Pic

Hello Bill

Je ne pense pas avoir dit que les traditionalistes sentaient le soufre ! Personnellement, j’apprécie la beauté de la messe en latin, même si mon expérience pastorale me fait bien voir que ce n’est pas l’avenir ; et je suis également sensible à l’aspect radical et sincère de l’engagement de beaucoup de personnes de cette mouvance.

Pour y voir plus clair, je vous suggère :

1) De distinguer entre traditionalistes et intégristes ; les uns sont attachés à leur liturgie pour tout un tas de raisons que je respecte, les autres refusent des pans entiers de la doctrine de l’Eglise telle qu’elle a été définie à Vatican II, ce qui pose problème. Les trois thèmes que vous citez sont absolument fondamentaux.

2) De mieux regarder ce qui se passe dans les Eglises en ce moment. Les mouvements qui ont le vent en poupe ne sont pas les mouvements traditionalistes, mais les Eglises évangéliques et les mouvements de réveil. On peut s’en réjouir ou le déplorer, mais on est obligé de prendre en compte ce phénomène (je vous renvoie aux travaux de Danièlle Hervieu-Léger et son équipe sur les mouvements « sectaires » en France). La fédération évangélique mondiale est aujourd’hui l’Eglise chrétienne la plus nombreuse après les catholiques. Je puis vous dire que c’est un univers dans lequel on est fort éloigné de l’intégrisme ! Si on est aussi sensible à l’action des traditionalistes, c’est parce qu’ils sont les plus visibles et les plus médiatisés, mais cela ne correspond pas à la réalité.

Amicalement

Emmanuel

@Bill Voici les références d’un sondage qui devrait vous intéresser, qui montre q’une grande majorité de personnes estiment inacceptable de se moquer publiquement de croyants ou d’une religion : http://www.pelerin.info/article/index.jsp?docId=2294308&rubId=9196

Merci pour cet article qui permet de prendre du recul avec ce qui se passe au Congo. C’est vrai que ce n’est pas rassurant pour l’avenir. En même temps on peut espérer que la paix sera au rendez-vous, ce qui est déjà un progrès ?

Merci Bill pour cet apport. Je trouve intéressante l’idée d’assigner en justice tous ceux qui caricaturent leur propre religion... Je pense en premier lieu à ceux qui défigurent la mienne. Cela pose en tout cas des questions : je n’ai pas l’impression que la violence des intégristes soit si fortement condamnée par la communauté musulmane ? Ni que tous les évêques soient unanimes dans leur refus de l’intégrisme ? Ni les rabbins dans leur condamnation des excès d’Israël ? Il est vrai que tout n’est pas retransmis par les médias.

Où s’arrête une religion, où commence une secte ? Nous sommes très mal à l’aise pour répondre à ce genre de questions. Quand un journal publie ces dessins, ce n’est pas à une secte qu’il s’en prend, c’est aux adeptes d’une religion respectable. Je comprends donc leur sentiment de blessure, mais c’est la règle du jeu et il faut être fair-play. Ceci dit, je ne suis pas choqué que des musulmans agissent en justice : c’est aussi la règle du jeu, et ceux qui leur dénient ce droit sont aussi fachos, finalement.

Permets-moi d’exprimer une inquiétude : dire qu’une religion est intrinsèquement violente, c’est l’exposer à être elle-même victime de la violence. Ce que les Nazis ont dit des juifs au XX° siècle ne doit pas être étendu aux religions en général, sous peine de produire les mêmes effets.

Bon courage pour lire tous les posts déclenchés par ton article ;)

Je voulais dire que c’est l’ampleur du succès des kabilistes qui a surpris, étant donné les résultats aux élections des assemblées locales.

Pour ce qui est du manque d’expérience de Kabila : je parle de l’époque de son accession au pouvoir ; il est évident que les années de présidence lui auront appris des choses. Toutefois, il y a un mystère Kabila : nul ne sait qui il est réellement. A la mort du premier Kabila, « on » (qui ?) a décidé que ce serait son fils qui lui succéderait. Or, bien peu de gens savaient l’existence de ce fils, qui serait en réalité le fils d’un des camarades de Kabila « père ». On ne peut dire que ce soit lui qui ait organisé les élections : c’est plutôt un choix imposé par l’ONU ; et il est certain également que, dans plusieurs endroits, ses partisans se sont livrés à des exactions lors des deux tours des élections. J’ai recueilli personnellement sur ce sujet des témoignages incontestables.

L’autre mystère Kabila est qu’on ne sait pas, en effet, s’il gouverne avec les occupants par contrainte ou par choix délibéré. Les mois qui viennent seront l’occasion pour lui de montrer s’il veut ou non libérer son pays et étblir une exploitation plus juste de ses richesses.

Enfin, je ne conteste pas ce que vous dites sur Mobutu et le pillage dont le Congo a été victime. Mais il suffit de passer quelques jours là-bas pour se rendre compte des ravages de la guerre qui a suivi la fin de l’ancien régime.