Bonjour Durand. Vous soulevez une question cruciale, et je crois sur laquelle les historiens devraient travailler.
Je ne suis qu’un touriste en matière d’histoire, mais de ce que j’ai lu (et des gens que j’ai rencontré) il me semble que, au début, les Algériens voulaient une émancipation (voir notamment Ferhat Abas et Messali Hadj), voire une sécession (cf les kabyles). C’est justement le refus de la France d’aller dans cette direction qui a permis au FLN de jouer son rôle prépondrant, en éliminant ses autres concurrents, souvent de manière violente, voire en les « donnant » aux militaires français.
Aujourd’hui, le FLN a écrit l’histoire a son profit, et je suis d’accord avec vous qu’il y a eu de nombreux massacres des français, mais il ne faut pas oublier les massacres commis par le FLN...
Par exemple, le choix de faire des attentats sur des civils (l’attentat du milk bar) état délibéré, pour initier un cycle sanglant de répression:contre répression.
Idem, lors du début du conflit (la toussaint 1954), parmi les premières victimes figurent un couple d’instituteurs français qui avaient consacré leur vie à l’alphabétisation des villages algériens, ou encore les atrocités commises sur les appelés, etc. Tot cela était délibéré côté FLN, pour justement rentrer dans le cycle sanglant que vous évoquez fort justement...
Merci pour ces articles, je les trouve intéressants.Vous restez factuelle, il me semble pertinent de rajouter les divisions entre algériens, principalement entre une bourgeoisie gagnée aux idées occidentales et le courant opposé à ces idées. Ces deux courants s’affronteront toujours, et souvent très violemment.
J’ai connu un descendant de Mr Benjelloul (dont vous parlez) qui m’a raconté comment son père a été évincé dès que le conflit s’est durci.
Comme vous vous êtes intéressée aux juifs (via le décret Crémieux) il me semble intéressant de rajouter le rôle de certains intellectuels juifs pour l’indépendance de l’Algérie (notamment au sein du PCA, le PC Algérien).
Je vous remercie pour votre réponse, qui amène une autre question de ma part. Tout d’abord je salue votre démarche, l’histoire permet effectivement d’éclairer le présent. Personnellement je suis amateur d’histoire et je me suis intéressé comme vous à la guerre d’Algérie.
Ma question est la suivante ? Vous dites : Il était difficile pour les Musulmans de renoncer à leur religion qui
mêle le temporel et le spirituel et régit chaque acte de leur vie.
Hors les Algériens ont été « colonisés » par les Arabes comme ils l’ont été par les Français, c’est à dire que l’Islam leur a été imposé. D’où ma question : pourquoi mettez-vous sur des plans différents la culture française et l’Islam ? les deux ne sont pas une culture « originelle » mais le produit d’une colonisation. A la différence de vous, je pense que la raison pour laquelle les musulmans ont refusé de renoncer à l’Islam est pour ne pas perdre leurs prérogatives (bigamie, héritage plus important par rapport aux femmes, possibilité de répudier leurs épouses, etc.) et je ne vois rien de sprituel là dedans.
Je crois qu’il est possible de vivre en accord avec les lois françaises sans justement renier la dimension spirituelle de l’Islam (et je connais plusieurs amis musulmans qui s’en accommodent fort bien).
Pour citer un exemple, l’émir Abdel Kader a été décoré de la légion d’honneur, et sa trajectoire (que vous pourriez raconter) constitue un bel exemple de cet Islam spirituel et non coercitif.