Non M. Koutoujansky, les Etats multiculturels et multilingues ne sont pas des Etats multiconflictuels comme vous l’écrivez !
Votre analyse de la situation est partiale et étriquée !
En Finlande règne-t-il un climat conflictuel du fait de la reconnaissance du suédois comme seconde langue nationale et officielle ? Pas à ma connaissance ! En Allemagne, mais peut-être n’est-ce pas le meilleur exemple pour vous, règne-t-il un climat conflictuel entre protestants luthériens et catholiques ? Pas à ma connaissance ! S’agissant de la Suisse, pays multiconfessionnel, multilingue, multiculturel et Etat fédéral de surcroît, est-ce nécessaire de se poser la question ? Je développerai un peu le sujet ci-dessous.
Les sources de conflits au sein des Etats sont diverses, variées et ne peuvent être imputées aux seules causes linguistiques et culturelles. Il existe dans chaque pays une multitude de raisons qui peuvent conduire à des situations conflictuelles : disparités économiques, sociales, situation géographique défavorable, absence de solidarité entre régions, entre générations, entre citadins et campagnards, entre fonctionnaires et salariés du secteur privé, entre les personnes mariées et les célibataires, entre les hommes et les femmes, problèmes religieux (même dans des états laïcs comme la France !). Pour soutenir votre thèse, vous utilisez l’exemple de la crise politique actuelle en Belgique et vous généralisez. Pour en rester à l’Europe, prise au sens large du terme, nos différents pays n’ont-ils point connu de crises au cours de leur histoire ? La France jacobine n’y fait pas exception. Etaient-ce des problèmes linguistiques ou le fédéralisme qui furent à la base des événements qui ont conduit à la constitution de la Vème République en France ? Non évidemment. Alors laissons les belges résoudre entre eux et démocratiquement, leurs problèmes à leur manière.
Dans votre réponse à ZEN, vous évoquez également la Suisse en écrivant : « Oui, les Etats multiculturels, multilingues (sauf la Suisse, comment fait-elle ?) sont des Etats multiconflictuels. »
Cette remarque est le contre-exemple parfait de vos thèses. En effet, en 1798 la France ayant envahi la Confédération helvétique, lui imposa une constitution calquée sur celle de la France, ce qui donna naissance à la République helvétique une et indivisible. Ce fut un échec total ! L’anarchie s’installa et ce sont les suisses eux-mêmes qui firent appel à Napoléon pour remettre de l’ordre. Celui-ci imposa aux suisses une nouvelle constitution connue sous le nom « d’Acte de médiation » en 1803 http://fr.wikipedia.org/wiki/Acte_de_m%C3%A9diation et la Suisse redevint une Confédération avec ses cantons, tous dotés de leur propre constitution. Dans une lettre adressée aux délégués des cantons suisses, Bonaparte reconnut la diversité des langues et des religions de la Confédération helvétique en écrivant : « La nature a fait votre État fédératif, vouloir la vaincre n’est pas d’un homme sage".
Je pourrais aussi citer le suisse Denis de Rougemont, grand penseur européen, bien qu’il ne fasse certainement pas partie de vos lectures favorites... Mais pour ceux que cela intéresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_de_Rougemont
Ma conclusion est qu’il n’existe pas un modèle unique d’organisation pour les Etats et que les conflits résultent fréquemment de la méconnaissance, du mépris et du non-respect des minorités culturelles ou linguistiques endogènes. Celles-ci ne constituent nullement une menace, mais une source de richesses pour nos démocraties européennes. Qui a dit « L’ennui naquit un jour de l’uniformité » ?
@Barbathoustra :
« sa poule aux oeufs d’or »
Poule que les autres pays nous envient. Parce qu’il faut arreter de citer en exemple les pays nordiques pour leurs vertues écologiques. La réalité c’est que si ceux là ne font pas de nucléaire, c’est surtout qu’ils n’ont pas autant d’uranium que nous. Bref, privatiser l’électricité reviens donc à ensisager à terme à privatiser le nucléaire ! Qui est pour ? Dans le cas contraire, autant aller vendre du biocarburant en Arabie Saoudite. »
Réponse :
Relisez-moi, je n’ai pas cité les pays nordiques et encore moins parlé de leurs vertus écologiques, qui sont toutefois avérées selon moi. Vous affirmez que les pays nordiques « ne font pas de nucléaire ». Si vous faites allusion à l’absence de centrales nucléaires installées dans ces pays, vous avez tort, car en 2000, la Suède possédait 11 réacteurs installés sur 4 sites, ce qui représentait le 46 % de sa puissance installée, quant à la Finlande, elle en possédait 4 installés sur 2 sites, ce qui représentait 30 % de sa puissance installée. En revanche, le Danemark et la Norvège n’en possédaient aucune.
Vous écrivez : « ...c’est surtout qu’ils n’ont pas autant d’uranium que nous... » : Faux ! La France est surtout spécialisée dans les technologies d’enrichissement et de traitement de l’uranium, mais elle ne possède elle-même qu’un petit gisement de ce minerai. Les principales mines et gisements d’uranium se trouvent au Canada, en Australie, en Namibie au Niger, au Kazakhstan et en Russie.
Sans me prononcer sur les avantages et les inconvénients de l’ouverture des marchés de l’électricité et du gaz, qui découle rappelons-le d’une décision de l’UE, laquelle a considéré que l’énergie était une marchandise comme une autre et qu’il convenait en conséquence de la soumettre à la concurrence, je souhaite seulement formuler quelques remarques sur votre article qui m’a déçu par son manque de consistance.
Pour ne parler que de l’ouverture du marché de l’électricité, de nombreux éléments n’ont pas été évoqués.
Vous ne dites mots de toutes les contraintes et aspects techniques propres à la production, au transport et à la distribution de cette énergie. Vous ne précisez pas que l’énergie électrique, contrairement à d’autres comme le gaz par exemple, ne peut être stockée en tant que telle et que sa production doit à tout instant être ajustée à la consommation. Vous ne parlez pas de la fluctuation de la consommation en fonction du temps, sur la journée, les jours de la semaine et les saisons et que cette fluctuation joue un rôle majeur sur les prix du marché. Vous passez sous silence l’interconnexion et le maillage des réseaux au niveaux national et international et les avantages qui en découlent. Vous n’abordez pas du tout l’aspect fondamental de la régulation et des règles techniques de ce marché, qui incombent à l’Etat et qui doivent être harmonisées au sein de l’UE. Vous auriez aussi pu rappeler que le parc de production européen est très varié, qu’il est fonction de l’énergie primaire utilisée (nucléaire, hydraulique, charbon, gaz, éolien, solaire ...), qu’il réflète souvent des décisions de politiques nationales, mais également la topographie des régions : les aménagements hydroélectriques en montagne par exemple. De même pour la consommation qui est influencée elle aussi par les règlements nationaux : incitation au chauffage électrique en France par exemple, mais interdiction dans d’autres pays.
Abordons maintenant le marché lui-même. Il dispose de clients certes, mais en France quels sont les fournisseurs ? Réponse : un seul fournisseur national EdF, les autres étant marginaux. Sachant que les consommateurs français ne vont probablement pas se précipiter auprès de fournisseurs étrangers, il faudrait qu’EdF soit démantelée pour que la concurrence puisse réellement s’exercer. Est-ce politiquement imaginable ? Vraisemblablement pas, raison pour laquelle EdF fort de sa position dominante sur le marché français fortement verrouillé, porte la concurrence à l’étranger en y menant des actes de prédation par l’achat de sociétés concurrentes. Ces achats ayant été financés par les réserves accumulées grâce aux clients-consommateurs captifs, c’est-à-dire avant l’ouverture du marché.
Pour conclure, je dirais qu’il sera intéressant de voir la mise en place du marché de l’électricité au cours des prochains mois, mais on assistera certainement à de nombreuses manoeuvres protectionnistes pour l’entraver, tant les enjeux nationaux sont importants. A Bruxelles on risque d’assister encore à de nombreuses prises de becs, le coq conquérant n’étant pas près de sacrifier sa poule aux oeufs d’or !
Bravo pour votre article, très bien rédigé, sur un sujet très actuel et surtout passionnel ...
Que la construction de cette grande mosquée à Cologne pose problème, par sa taille, son symbole et son aspect ostentatoire, je peux le comprendre, mais s’y opposer au prétexte que la construction d’églises est interdite en terre d’islam est faire fausse route. Va-t-on ainsi par exemple interdire en Occident la vente de viande halal au prétexte que la consommation de viande de porc est prohibée en terre musulmane ?
Non je pense que la cause du rejet est ailleurs. Elle réside dans l’islam lui-même, dans son intolérance religieuse, son prosélytisme, son absence d’esprit critique, sa manière conquérante de vouloir convertir le monde, la prééminence des règles religieuses sur le droit laïc, la relégation de la femme au rang inférieur, etc. Par ailleurs, nombre d’imams prêchant en Europe ont été importés et ne connaissent rien de notre culture ni de l’Etat de droit, des usages, voire des langues parlées dans leurs pays d’adoption. Ce qu’il manque à l’islam aujourd’hui, c’est une analyse d’auto-critique. Il lui manque sa Réforme et il n’a pas (encore ?) fait sa révolution des Lumières.
Si les démocraties occidentales n’ont pas à interdire la pratique religieuse, elles ont en revanche le devoir de faire respecter la laïcité et les règles de l’Etat de droit, d’exiger par exemple que les prêches des imams ne contreviennent pas aux lois.
Ce débat autour de la construction de cette mosquée de Cologne m’en rappelle un autre, tout aussi actuel en Suisse, le projet d’amendement de la Constitution fédérale, tendant à interdire l’érection de minarets.