Je suis Suisse. Je vis en France comme bon nombre de mes compatriotes. J'exerce une activité indépendante en Suisse ET en France, avec deux sociétés bien distinctes. Il y a du bon et du moins bon des deux côtés de la frontière.
Le système est aujourd’hui miné par toutes les exonérations de « charges » (qui sont réellement des cotisations) qu’on a offert aux entreprises qui n’arrêtaient pas de se plaindre parce que leur taux de profit n’est jamais assez élevé.
Ici, vous évoquez sans doute les multinationales. Ne confondez pas tout, merci. En qualité de solopreneur, je n’ai aucun traitement de faveur, qu’on parle d’exonération ou autre. Au contraire, je paie pour maintenir des intérêts corporatistes, au détriment des miens, simplement parce que, en France, l’indépendant est perçu comme une vache à lait, le bon couillon qu’on peut tondre constamment. Cotiser, oui, aucun problème, mais alors je réclame le même traitement de faveur que la caste des fonctionnaires.
D’autre part, les cotisations que l’on donne aux mutuelles permettraient d’augmenter les prestations et les rentrées d’argent tout en faisant l’économie des agents de ces mêmes mutuelles.
Si on devait toujours faire des économies, on ferait des coupes sombres dans la fonction publique. Et si l’Etat jouait vraiment son rôle de régulateur, il s’attaquerait à la spéculation et favoriserait la création d’entreprise en laissant les gens qui le veulent profiter des fruits de leur labeur. Encore une fois, je parle ici des petits boîtes, pas de multinationales. Prenez le cas d’une SARL et du cycle de l’argent (je ne parle que de l’Etat, là). Sur 100 euros hors taxes de chiffre d’affaires encaissable par le gérant, grosso modo, l’Etat aspire 31 euros au titre des charges sociales (je parle de charges, car je cotise pour presque rien en retour et que ça sort de ma poche, mais ça il faut aller gagner son argent chez les clients pour bien l’assimiler, au lieu d’attendre son chèque de fin de mois qui tombe sans se demander d’où vient le cash). Reste 69 euros. Là-dessus, l’IRPP remet une couche assez conséquente (je ne parle même pas de l’IS) alors que je dois souscrire à tout un tas de systèmes privés si je veux m’assurer contre le chômage, protéger ma santé, etc. Et si j’en avais besoin, à l’instar de nombre d’indépendants qui ne roulent pas sur l’or comme vous semblez le croire à l’envi, eh bien, le statut même d’indépendant me fermerait l’accès à toute la nébuleuse d’aides sociales (CAF & co). Je veux acheter mon logement ? La croix et la bannière, les banques jugeant mon profil trop risqué et donnant la priorité aux fonctionnaires (ça en dit long).
Voilà les vraies raisons pour lesquelles le système ne fonctionne plus (ou très mal). Il faut supprimer toutes ces exonérations et partager de façon plus équitable les profits.
Le système fonctionne mal parce qu’il est utilisé au seul profit de la caste de fonctionnaires.
En ce qui concerne le système suisse, il coûte deux fois plus cher qu’en France, c’est logique que cela fonctionne mieux dès l’instant où l’on y met les moyens.
Et alors ? Où est le problème ? Vous faites l’aveu par cette remarque que même dans un système reposant sur les services privés fliqués par l’Etat, ça fonctionne mieux qu’en France !
Sans les couillons comme moi qui créent de la valeur et font vivre directement, ou indirectement, des familles (je n’ai pas de salarié en France, mais je contribue indirectement à ceux versés par mes fournisseurs), ils vivraient de quoi les fonctionnaires ?
Cessez de me jeter à la figure les pratiques hautement contestables des multinationales comme si les indépendants cristallisaient tous les vices de ce monde de merde. J’ai ma conscience citoyenne tranquille. Je gagne ma vie à la sueur de mon front. Je me comporte de façon responsable en faisant mes courses auprès des petits commerçants de quartier eu lieu de filer mon argent aux supermarchés. J’aide les gens dans le besoin. Etc. Je ne suis pas un monstre sanguinaire, prêt à écraser les autres pour réussir toujours plus. Mais je trouve abject qu’on me déleste d’une grande partie de mon argent durement gagné pour financer la caste des privilégiés et qu’on me désigne comme bouc émissaire alors que je n’ai techniquement droit à rien ou presque. Balayez devant votre porte.
Votre commentaire s’est glissé sous le mien et l’histoire des petites mains prêtait à confusion, mea culpa alors
Et, non, je ne m’accorde pas trop d’importance... Je participe à ce qui se veut une tribune citoyenne, en postant ma vision du monde, participant de fait à la pluralité d’opinions.
Je trouve d’ailleurs hallucinant que cette situation explosive n’ait pas encore entraîné de révolution, ce qui semblerait justifié pour le coup. Question de prébendes et de ventres bien remplis pour certaines castes j’imagine... Ou alors parce que c’est plus facile de faire la leçon son cul bien au chaud, devant son ordinateur en convoitant le bien du voisin et en se demandant comment lui vider sa gamelle pour mieux faire déborder la sienne... Mais je ne suis qu’un pauvre troll suisse, c’est vrai, je n’ai pas voix au chapitre selon les critères de votre caste si ouverte d’esprit et si tolérante...
En conclusion, je dis ceci. Le système suisse d’assurance santé est meilleure que la sécu. Mais il n’est pas applicable en France sauf à vouloir accentuer le drame social qui se joue déjà. Et ce, même si le travail de sape a déjà commencé dans les faits avec le désengagement croissant de la sécu et la banalisation des mutuelles (une bonne couillonnade garnie d’ailleurs, payer plus pour recevoir moins, va comprendre...). Je ne vois pas en quoi cela fait de moi un chantre du libéralisme de sauvageons.
Sortez des clichés 30 secondes et demandez-vous comment l’artisan suisse vit mieux que son homologue français et verse à ses salariés des rémunérations confortables qui ne l’obligent pas à aller quémander des aides sociales.
Demandez-vous comment, malgré notre système de santé privé, nous n’avons pas de déserts et d’incompétences médicales notables. Franchement, lâchez un peu la grappe à vos entrepreneurs (d’après les sondages, il y aurait un bon paquet de gens prêts à passer à l’acte de la création d’entreprise) et vous vous rendrez un grand service.
Ah, si vous adoptiez une politique favorable aux PME en France, vous seriez les rois du monde... Chez moi, personne ne comprend que la France, en dépit de ses innombrables atouts culturels, géographiques, etc. soit autant dans la merde. Vous méprisez les indépendants quand l’administration de mon pays les met sur un piédestal...
Je suis par essence hostile à la précarité galopante et je lutte comme je peux à mon niveau contre ce fléau. Vous m’insultez quand vous me désignez comme porte-flingues des assurances, des banques ou je ne sais quelle autre divagation de votre esprit alors que je ne peux pas les blairer dans l’absolu ! Mais, en ce qui concerne le sujet de la santé, la Suisse se pose en modèle à étudier et, peut-être, à suivre, le cas échéant. Chez nous, les vieux ne meurent pas dans la rue...