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sasapame

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41 ans. 3 enfants. Je refuse désormais toute étiquette, et je récuse quiconque entendrait se planquer derrière la mienne : c'est précisément en en faisant une icône qu'on détruit le message qu'un homme aura souhaiter transmettre - en somme : courage ! Quitte à m'étiquetter : scientifique  ; démocrate radical ; socialiste. A part le boulot qui paie mes factures (ingénieur en mécanique), j'ai travaillé, suivant mes voies et mes rythmes, sur des matières dont le nombre suffirait déjà, je le crains... à effrayer les impatients ! Disons, par ordre à peu près décroissant : Droit constitutionnel et dérivé, critique des institutions nationales actuelles / Critique des institutions européennes et stratégie de sortie de l'Euro / Réforme des institutions nationales / Monnaie / Systèmes spécifiquement impérialistes-totalitaires et moyens d'y faire face / Offensives idéologiques diverses et variées : - Arnaque du "changement climatique" (dossier que je suis le plus assidument depuis 10 ans - travaux scientifiques de fond, avec deux projets de publications ; réflexions politiques) et, plus largement écologisme scientiste contemporain ; - faux "antiracismes" forcenés, féminisme débile et autres conneries du genre, et plus largement toutes menées contre la cellule familliale, nationale et contre l'humanité, sionisme politque et idéologique, etc.) / Psychologie / Musique (composition et surtout arrangements, tous styles - guitare et chant à la marge) / Dessin (depuis toujours mon grand dada, certes toujours plus esseulé... - ici comme sur mon blog, en général les dessins et autres supports visuels sont de ma composition) / Éducation de mes enfants.

Tableau de bord

  • Premier article le 21/06/2012
  • Modérateur depuis le 08/12/2018
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Derniers commentaires



  • sasapame sasapame 24 juin 2012 10:04

    Merci à vous.

    Cela ne vous étonnera pas si je dis : ce sont deux excellentes questions que vous posez. ;)

    Je commence par la deuxième. Et je crois que ça finira pas mal de répondre à la première.

    Pour le principe d’une monnaie commune, tout d’abord, je conseille vivement de lire la présentation qui en est faite ici : http://www.chomage-et-monnaie.org/2010/02/fiche-n%C2%B0-13-une-monnaie-commune-comment-ca-marche/

    La monnaie commune est véritablement l’instrument adapté à une (bonne) organisation internationale, autrement dit à un système fondé sur la coopération de nations souveraines. Tandis que la monnaie unique, qui n’a rien à voir, ne peut fonctionner qu’au sein d’un État. Pour marquer la différence, je voudrais noter simplement quelques aspects essentiels.

    Sur le plan opérationnel, je vois deux points absolument décisifs. D’abord, dans le cas d’une monnaie commune, le problème ne se pose pas de savoir comment (par quel miracle) contrôler une agence supranationale qui aura le pouvoir de créer de la monnaie ex nihilo, pour la bonne raison que ce pouvoir n’existe pas. En effet, la monnaie commune n’est créée qu’en contrepartie de la mobilisation de monnaies nationales qui son bloquées en vis-à-vis. Autrement dit, aucune agence supranationale souveraine ne peut augmenter la masse monétaire de son propre chef ; la monnaie commune n’est qu’un instrument d’échange, et la masse monétaire en monnaie commune n’est que le reflet d’une somme de monnaies créées par les États.

    Ensuite, la question est de savoir comment assurer à la fois une bonne orientation du crédit et un équilibre juste entre la création des monnaies par chacun des États. Autrement dit, comment combiner la souveraineté de chacune des nations et un ordre international équitable ?

    Avant de parler du procédé, je fais une remarque sur le fond. Parler de la finalité sociale d’une institution, c’est sans doute, bien sûr, le meilleur moyen d’inciter les gens intéressants à se mêler d’institutions... Vous ne manquerez pas de remarquer, dans la présentation citée, qu’au-delà de l’aspect institutionnel ressort l’idée de justice. Et on peut se demander si cela est nécessairement inclus dans le principe d’une monnaie unique. Je répondrais que oui, et je voudrais au moins esquisser une bonne base d’explication à cela. Au premier degré, il ne peut s’agir que de viser une forme d’équité entre les États mais au-delà, naturellement, il devrait s’agir de poursuivre un but de justice sociale. Entre les deux, comment poser le problème ? Ça peut paraître un peu bourrin, peut-être... mais disons qu’il s’agira d’orienter la monnaie vers les activités productives. Mais avant même de passer à cette échelon, quel principe d’orientation au plan international ?

    L’un des plus célèbres projets de monnaie unique est probablement celui du Bankor de Keynes. Et on doit faire remarquer que l’un de ses fondements essentiels est également celui de ce qui devait être l’Organisation Internationale du Commerce (projet conçu à la même époque, et qui fut également saboté) : l’équilibre de la balance des paiements.

    On redécouvre assez bien ce problème actuellement, en particulier avec la zone euro, quand on voit la politique « non coopérative » de l’Allemagne, qui consiste, pour un pays, à exporter beaucoup plus qu’il n’importe. Or, sur quoi reposent ces comportements « non coopératifs » sinon sur la tendance à moins rémunérer le travail pour mieux rémunérer les rentiers ? Voilà, en somme, pour ce qui est d’appréhender le mécanisme du côté de sa finalité.

    Comme il est expliqué dans le lien cité, donc, l’idée est d’édicter une « règle d’or » qui consiste à faire en sorte que, si un pays exporte trop, l’avantage financier qu’il en retirera sera automatiquement annulé et le produit redistribué aux autres. Ce qui permet à la fois un rééquilibrage et une dissuasion des comportements « non coopératifs ».

    Revenons-en au mécanisme, pour pointer un deuxième aspect fondamental. J’ai conscience qu’il faut du temps et de la patience pour se mêler sérieusement d’institutions, aussi je souhaite marquer un repère en soulignant que nous en revenons là à un aspect central de l’analyse que j’ai faite dans mon texte. Souvenez-vous du passage allant de la Lozère à l’Allemagne et à la Grèce.

    Il est essentiel de noter que, dans ce schéma d’une monnaie commune, il ne s’agit surtout pas de réunir chaque année autour d’une table les gouvernements des différents États pour décider si on va procéder à des compensations, combien, pour qui, et par quel mécanisme. Non ! Comme j’ai tâché de le démontrer dans mon texte, on aurait forcément là une situation tyrannique, qui implique que la règle sera celle de l’arbitraire, que les gros États l’imposeront aux petits et, surtout, qu’elle sera décidée par les puissances privées du moment, au bénéfice d’aucun des peuples ainsi « représentés ».

    Non, justement, la « règle d’or » en question est fixée une bonne fois pour toutes et n’est surtout pas révisable chaque année. Sinon, on se doute bien que les gros États, sous la pression de grosses puissances privées, quelles qu’elles soient, vont tout remettre en cause quand ces dernières le voudront. Mais pardonnez-moi d’insister, une fois de plus : c’est très exactement ce schéma qui caractérise un État, par opposition à un foutoir soi-disant « régulé » par un machin supranational : le fait que les « représentants » de la Lozère et ceux du département du Rhône ne peuvent pas eux-mêmes décider de remodeler quand ils veulent la constitution française...

    Une fois que vous avez compris ça (enfin, si je me trompe, qu’on me le démontre...), pensez-vous franchement qu’il me faille revenir sur la première de vos deux questions ? Arrivé à ce stade, il me semble évident qu’on peut déjà conclure : une monnaie unique ne peut tout bonnement pas tenir dans le cadre d’une confédération. Je m’appliquerais volontiers à reprendre quelques aspects car, même si la démonstration me paraît rigoureuse, les « non économistes » auront peut-être manqué un ou deux jalons, de sorte qu’ils penseront ne pas pouvoir boucler eux-mêmes l’équation. Mais d’une part, si l’on veut des démonstrations économiques, elles abondent et, même si je pense les avoir plutôt bien assimilées, je ne suis pas le mieux placé, bien sûr, pour les exposer en repartant d’une feuille blanche ; d’autre part, faut-il être économiste pour comprendre que la monnaie est une institution dans toute sa splendeur et qu’elle est donc entièrement déterminée par des conditions politiques ?

    C’est pourquoi j’ai préféré me restreindre, s’agissant d’aspects économiques, à un seul aspect et à un exemple simple, en partant de l’idée de la balance extérieure de la Lozère vis-à-vis du département du Rhône. Car n’importe qui peut comprendre ça. Vous parler ensuite de « chocs asymétrique », pourquoi pas, mais mieux vaut partir de l’idée qu’il y aura toujours, nécessairement, déséquilibre comptable (sauf à vouloir une uniformisation et une organisation terrifiante des comportements humains), puisque une monnaie unique signifie référentiel comptable commun, ce qui n’est pas du tout le problème, et d’en conclure qu’il doit nécessairement y avoir des transferts financiers entre « régions » pour que ce système tienne. Des transferts qui doivent être des dons / compensations et non pas, bien sûr, des prêts, et qui doivent se faire de manière automatique vu des « régions » concernées.

    Je voudrais quand même évoquer deux ensembles de chiffres pour que le lecteur, au besoin, puisse s’assurer de l’importance et du caractère chronique des transferts financiers eu jeu.

    D’abord, si vous prenez n’importe lequel des État fédéraux de la planète, vous pouvez constater que la part du budget public qui se situe au plan fédéral, comparée à celle qui est gérée par les États fédérés, Provinces, Cantons, Länders, etc. varie de 2/3 - 1/3 à 55% - 45%. Bref, le budget commun est énorme. Or il n’est pas besoin d’être économiste ni matheux pour en conclure que les transferts financiers entre « régions » sont proportionnels à la part commune du budget.

    Ensuite, et il semble que ces graphiques vous montrent instantanément que le problème de l’euro n’est pas du tout dû à un trop grand écart des niveaux de vie (moyens) entre les pays concernés (étendre l’euro à l’UE dans son ensemble accroitrait certes fortement le besoin de redistribution, mais ne nous égarons pas), je vous invite à visionner cette petite série de graphiques de mon cru : http://www.hostingpics.net/viewer.php?id=929981PIBparhabitantUEetzonevsUSAvsCanadavsFrancevsAllemagne2.jpg

    Au premier degré, on pourra évidemment conclure qu’il faudrait accroître considérablement le budget européen. Avec un tel raisonnement « apolitique », on en arrive à prescrire des « euro-bonds »... ou même à vouloir confier une planche à billet soi-disant « publique » à la BCE. Mais toute la question est bien sûr de savoir comment contrôler les pouvoirs qui vont « gérer » ce budget et cette arme monétaire considérables. Bref, elle est purement politique et institutionnelle, et pour cela la technique économique ne nous est d’aucun secours.

    Voilà, je m’arrête là pour le moment, disposé à revenir sur cette question si vous aviez des interrogations sur tel ou tel aspect.



  • sasapame sasapame 24 juin 2012 07:42

    Oui, la Fed, 1913, la Banque centrale « des USA » propriété d’un cartel de banques privées. Et oui, contrairement à ce qu’on entend dire un peu partout, le grand pillage mondial associé au régime du dollar n’est donc aucunement lié au fait que le gouvernement étasunien disposerait d’une planche à billet, il provient uniquement du monopole du dollar. Quant à l’empire en question, il est évidemment sous la direction d’une clique privée — c’est d’ailleurs un pléonasme.

    Mais s’agissant du pouvoir des « banquiers », comme toujours, l’affaire qui est grosse est à la fois aussi simple que ça et bien plus compliquée.

    Tout d’abord, la Fed, c’était tout sauf une première. La Banque « d’Angleterre », fondée en 1694, fut privée depuis le début et nationalisée seulement après la 2e guerre mondiale. Bien plus tard, la Banque « de France », créée en 1800 : même topo. Nationalisée seulement à la Libération (après avoir été d’abord réquisitionnée par Pétain au service des nazis). Pour une liste incroyable des méfaits inouïs de cette « institution » dans les décennies précédentes, voir Le choix de la défaite, d’A. Lacroix-Riz.

    Entre temps, le premier institut d’émission étasunien, mis en place en 1791, était déjà privé... Plusieurs décennies plus tard, contraint par la guerre, le Congrès se décide et parvient à émettre sa propre monnaie. Ces billets encore surnommés Greenbacks auront court bien plus longtemps que ceux de la Fed (les « Redbacks ») mais auront finalement été émis en très faible quantité en comparaison.

    Ensuite, a-t-on pour autant ôté aux banques (de dépôts) privées le pouvoir de créer « notre » monnaie ? Que nenni ! Elles continueront d’en créer l’essentiel. Avant le tournant des années 1970 où tous les États — compris la Grande Bretagne et les États-Unis (depuis 1979 pour ces derniers) — s’interdisent de bénéficier de la moindre once de la monnaie créée. Pour nous, on connait la suite depuis Maastricht : le verrou est doublé avec le passage au plan « européen ».

    S’agissant des USA, il y a plusieurs phases. D’abord, entre 1913 et 1928 (de mémoire), la Fed est autorisée à acheter des bons du Trésor sur le « marché primaire ». Autrement dit, l’État (le gouvernement fédéral) peut créer une partie de la monnaie. Après quoi on restreint les achats au marché secondaire  : comme pour nous actuellement, les bons du Trésor ne peuvent plus être achetés directement par la Banque centrale (sinon, elle passe son temps à en acheter aux banques, c’est la contrepartie la plus classique, courante, car la plus « secure », de leur « refinancement »). Autrement dit, l’État se contraint à ne pouvoir emprunter qu’aux « marchés financiers » (au passage, c’est un terme idéologiquement très marqué, car en réalité ils n’ont rien de comparable aux marchés ordinaires et, contrairement à eux, sont toujours inutiles, en plus d’être nuisibles). Pour en revenir aux USA, pour financer l’effort de guerre, lors de la seconde guerre mondiale, ils se remettent à autoriser la « monétisation directe de la dette publique » — encore un terme idéologiquement fort marqué (comme si la norme devait être que la monnaie soit créée par le privée et non par l’État...) — en se disant qu’ils arrêteront au plus vite. Mais la date sera reportée maintes fois, jusqu’en 1979.

    L’oligarchie financière qui règne depuis était alors parvenue à s’imposer sur tous les pays « occidentaux » après avoir, on le sait, obtenu que le monopole du dollar se fasse total, grâce à la désindexation définitive de 1971. Le but principal de cette interdiction stricte de la création monétaire publique étant de créer de toutes pièces des marchés « obligataires » internationaux — en clair, bien sûr : un cartel international de banquiers — qui imposeraient leurs diktats à tous les États, donc à tous. Une situation formalisée par la « refonte » des statuts du FMI issue des Accords de la Jamaïque de 1976.

    Cet épisode 1971-1979 marque un virage nettement plus notable, à mes yeux, que celui de 1913. Car une fois encore, la norme historique sera entre 0% et quelques % de la monnaie créée par et pour les pouvoirs publics, et tout le « reste » par et pour le privé. La seule exception, à ma connaissance : la France durant les quelques années qui suivent la Libération. Et encore, on n’en sait rien. Des on-dit. On aurait non seulement séparé les banques d’affaires et les banques de dépôt, mais également fait de la Banque de France le prêteur en 1er ressort". Ce qui supposait, techniquement, de séparer aussi les activités de dépôt et de prêt. Mais alors que la trace est assez claire pour les USA, et un peu aussi pour la Grande-Bretagne, je n’ai jamais pu retrouver les textes et les chiffres pour la France d’après guerre. Quoiqu’il en soit, ça n’a pas pu durer très longtemps. La libéralisation bancaire reviendra vite.

    En Grande-Bretagne, l’affaire est un peu plus subtile. Ceci avant comme après l’introduction de la « 3e phase », autrement dit de l’euro. En un mot, ce pays reste souverain, au sens où il ne s’est pas lié les mains par des traités, côté régime monétaire, mais ça ne dit aucunement que le peuple y soit souverain... La preuve : il prolonge « souverainement » sa très longue tradition consistant à ne jamais monétiser directement sauf, manifestement, en cas d’absolue nécessité et sous contrôle scrupuleux de la finance. Un signe, à mes yeux, que ce pays a longtemps été et demeure étroitement contrôlé par la haute finance. La City n’est-elle pas, de très loin, le plus grand paradis fiscal du monde (s’y trouvent les portes donnant sur 50% des places off-shore de la planète) ?

    En fait, on pourrait encore remonter bien plus loin dans l’histoire et tirer un constat assez similaire quant au contrôle de la création monétaire, même si la nature des monnaies ayant changé, l’analyse requiert d’autres approches techniques.

    Et au bilan, si on schématise à peine, la triste vérité, c’est que les rares fois, dans l’histoire, que des pouvoirs publics se sont résolus à reprendre une part du pouvoir de création monétaire et le contrôle du crédit, c’est lorsqu’il était déjà trop tard et que l’on sombrait soit dans la guerre soit dans une révolution. Des phases dans lesquels le pouvoir n’est assurément pas démocratique, ne peut l’être un tant soit pu... jusqu’à nouvel ordre. A ce stade, on peut dire que la monnaie et, au-delà, le régime, en étaient d’une manière ou d’une autre arrivés au point de s’effondrer.

    Pourquoi cette triste situation et un tel acharnement à la reproduire ? C’est pourtant simple à comprendre, et je crois que le plus important est de comprendre ça : regardez tous les autres domaines que le pouvoir monétaire, et voyez comme les sociétés humaines, sauf exceptions rares et rarement durables, ont été loin de savoir les contrôler un peu démocratiquement. Or le pouvoir associé au monopole de la création monétaire étant évidemment une arme considérable. Et on se doute qu’il est devenu potentiellement bien plus considérable encore depuis que la monnaie ne fut plus composée de métaux précieux. Ce qui est une très bonne chose en soi, car cela allait permettre enfin la possibilité de produire des choses sans être arrêtés par une contrainte bien artificielle et inutile, mais ce qui doublait la mise, pour ainsi dire, s’agissant du défi démocratique.

    Or, avec le développement du crédit bancaire moderne, depuis le XVIIe siècle, on s’achemine vers la révolution industrielle, et malgré un foisonnement de réflexions sur les institutions, les élites font largement un choix libéral. Celui d’un système fondé : d’une part, sur un « bien-être » des peuples qu’il s’agirait de trouver dans la multiplication des progrès techniques, une organisation du travail de plus en plus finement morcelée et une consommation de plus en plus frénétique ; d’autre part, sur une aristocratie élective. Laquelle, avec le suffrage universel, débouchera sur les partis et les autres organisations et organes de masse. Tandis que se développaient en parallèle des entreprises toujours plus grosses, dotées de toujours plus de droits, ou encore les Bourses. Autant de leviers qui allaient amener une concentration de pouvoirs de plus en plus phénoménale — n’a-t-on pas là, déjà, presque tous les ingrédients de l’horreur totalitaire ?

    Pour en revenir à l’arme monétaire, qu’a-t-on fait ? Nos élites ont simplement abandonné d’avance l’idée d’essayer de la mettre sous contrôle public, et ont préféré la refourguer au « marché », en croisant sans doute les doigts pour que, côté privé, ce pouvoir reste au moins partagé entre plus de mains différentes qui, avec la concurrence... Voilà.

    Oui, ne vous y trompez pas : les banques, ce n’est personne. Nos monnaies sont créées par les banques privées, mais qui bénéficie de ce régime et, par ailleurs, qui décide de la création monétaire ? Les bénéficiaires sont ni plus ni moins les épargnants, hauteur de leur fortune. Quand aux décideurs, ce sont ni plus ni moins ceux qui demandent un crédit. Les entreprises, pour l’essentiel (qui sont structurellement emprunteuses pour la bonne raison qu’elle doivent payer salaires, locaux et matériel avant de pouvoir vendre leur production). Bref.

    Mais à l’heure où le régime se met à craquer de toutes parts, il faut veiller à ne pas se tromper de cible. En l’occurrence, l’ennemi n’est pas les banques, et encore moins le crédit. Le problème, c’est de savoir qui contrôle la création monétaire (plus que qui en bénéficie, car on peut toujours redistribuer) et pour ça, les amis, on en revient toujours au seul vrai problème de fond : comment organiser une démocratie un peu digne de ce nom.

    Evidemment, le problème de l’euro, en particulier, est à 100% politique et se pose principalement en termes institutionnels. Si ce monstre d’euro est une monnaie faite par et pour les rentiers, c’est d’abord parce que l’UE est un système à 100% tyrannique et oligarchique. Du reste, évidemment, l’euro ne pouvait pas marcher pour la même raison qu’il demeure impossible d’établir un parlementarisme européen un peu digne de ce nom, sans parler de démocratie. Pour finir, je me permets de vous renvoyer à l’analyse que j’ai postée ici : http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/nous-on-veut-pourquoi-il-faut-118812



  • sasapame sasapame 22 juin 2012 19:34

    Brave Démosthène,

    sans volonté aucune de vous offenser, c’est aussi pathétique mais bien plus confus et infiniment moins lucide que les discours de l’Athénien illustre dont vous semblez vous réclamer. L’imagineriez-vous, face à la menace de Philippe de Macédoine, haranguer les foules pour leur prêcher la paix inconditionnelle dans l’amour de son prochain, en lui faisant miroiter un pur miracle supposé sauver la démocratie ? Non, assurément... Cela, c’était par contre la stratégie courante des oligarques : vendre le peuple aux tyrans d’un empire avec qui on a signé des traités de paix fort intéressés, sans même consulter le peuple...

    Pour éviter de perdre du temps inutilement, en m’appliquant néanmoins à vous répondre, je me permets de vous adresser la réponse que j’ai faite hier, à 13h30, à Lulupipistrelle. Affirmations, direz-vous peut-être encore, mais je crois, de bonne foi, que ça donne quelques indications quant à ma position et mes intentions.

    Des affirmations. Mon analyse serait donc « partisane » ? Pourquoi ? Un partisan ne cherche pas à démontrer, il cherche à persuader. (*)

    « Les postulats mensongers imposés depuis bientôt 40 ans » : lesquels ? Du reste, je pense que ma thèse est ultra minoritaire, alors merci de m’indiquer les portes-ouvertes que j’enfonce.

    « Une concordance temporelle majeure de tous les moyens démocratiques qui auraient permis d’utiliser ce qu’il reste de démocratique au sein des institutions Européennes pour amener une réforme citoyenne. »

    Mauvaise plaisanterie. L’Union européenne n’a jamais eu, dans aucun secteur, de fonctionnement qui puisse être qualifié de constitutionnel (autrement dit elle est tyrannique sur toute la ligne), sans parler de démocratie...

    Une « réforme citoyenne » ? Mais on ne réforme que ce qui est réformable, mon cher. Quand c’est pourri depuis les premiers fondements, c’est une folie de s’attacher à pareille idée. Et c’est encore plus grave de renvoyer tout à pareille condition, dissuadant de faire autrement, lorsque nous entrons dans une crise de l’ampleur de celle qui a commencé. Bien sûr, il est plus facile de ne pas dire combien la chose est ambitieuse quand on ne détaille rien. Vous permettez, je pense avoir bien plus écrit sur la question que vous ne l’avez fait, alors je vous laisse un peu travailler.

    « Dommage que vous ne soyez pas à même de comprendre pourquoi et comment il ne faut pas se désunir, mais au contraire renforcer les liens qui nous unissent, même si ces liens doivent être intégralement revus et corrigés afin de remplacer les dictats ’ économiques ’ par une harmonie sociale et fiscale, doublée d’un protectionnisme à l’échelle de l’union dissuadant toute forme de financiarisation/ spéculation, tout en incitant les investissements productifs. »

    Je connais ces prêches, j’ai donné. Je pourrais vous parler des paradis fiscaux, dont le plus gros du monde, de loin, qui se trouvent au sein de l’UE. Vous rappeler que les volumes d’échanges mais aussi les déséquilibres commerciaux concernent avant tout l’intérieur de la zone euro et de l’UE, et rappeler parallèlement que si cette UE est une machine de guerre (économique), soit un truc délibérément fait pour empêcher l’union, ce n’est pas par hasard : autrement dit, il y a un tas de forces qui concourent encore et toujours pour lui conserver ce rôle. J’en passe : il n’y a encore rien, pas le moindre début d’ouverture.

    Je préfère faire valoir que sans un parlementarisme européen digne de ce nom, ce qui suppose déjà en soi une ré-vo-lu-tion, au plein sens du terme, rien de tout ça ne marchera. Affirmation, direz-vous ? Je ne pourrai que vous mettre au défi de vous appliquer à démontrer plus que je ne l’ai fait. Et plus encore, parce que l’on trouve encore moins de monde pour y réfléchir un peu sérieusement, je préfère analyser les conditions qui font qu’un ensemble institutionnel peut ou non fonctionner, et naître pour commencer.

    Puisque la finance et les multinationales tirent DEJA d’immenses avantage de ce machin et puisqu’ils en contrôlent DEJA les principaux décideurs, chose inévitable après des décennies qu’on a laissé ces institutions hors de tout contrôle, il est évident qu’ils ne vont pas laisser les gouvernements laisser les peuples faire tous ces nécessaires bouleversements qui mènent à l’État fédéral... — encore une fois, cela supposerait carrément de renvoyer chez eux les gouvernements, rien de moins, et encore une fois la monnaie unique et, par ailleurs, toutes ces belles réformes que vous invoquez, ça ne peut pas marcher autrement que sur une telle base. Les référendums interdits ou violés, les eurocrates et les banquiers parachutés en Grèce et en Italie, ça n’est encore rien. Voyez d’ailleurs : dans ce dernier traité, Lisbonne, qui ne change presque rien à ce qui existait déjà, ils ont même pris soin de glisser une clause permettant d’aller « communautairement » casser la figure — que dis-je, tuer et torturer au besoin — à ceux sur l’action desquels votre projet miraculeux s’appuie.

    Vous achevez sur l’idée complètement antidémocratique d’appuyer le tout « par une institution publique Européenne indépendante chargée de la création des richesses nécessaire au financement des institutions publiques... » Bon, vous confondez la monnaie, c’est-à-dire du papier et des bits informatiques, avec des richesses, passons. Mais quel niveau d’amateurisme ou d’inconscience faut-il pour vouloir inclure une institution indépendante dans un système supposé un peu démocratique ? Démosthène... franchement. Montesquieu n’était pas démocrate, mais tout de même... La séparation des pouvoirs, c’est le contraire de leur indépendance. Pardonnez-moi mais une telle confusion, c’est effrayant.

    (*) Du reste, je me réclame volontiers des Athéniens contemporains de Démosthène : je me crois démocrate et à ce titre je suis contre les partis politiques, quels qu’ils soient, et j’aspire à une démocratie un peu digne de ce nom, laquelle ne peut tout bonnement pas découler d’un régime électif.



  • sasapame sasapame 22 juin 2012 16:50

    « Heureusement pour les détenteurs de d’obligations d’état [les pauvres...] il existe des garde-fous face à la faillite d’un état. [...] »

    « [...] 1- Les obligations d’états grecs sont détenus par ...les Grecs eux-même[s] et en particulier leurs banques (plus de 50% de la dette nationale grecque) qu’il faudra re-capitaliser. Si Athènes annule ses 340 milliards d’euros de dette, cela ne correspond en fait qu’à 170 milliards de gagné pour le pays [...] »

    La belle affaire ! S’il s’agit de trouver les compensations encore nécessaires, c’est une affaire de redistribution interne (« les Grecs » en général, ça cache des riches, des pauvres, des oisifs, des actifs, des spéculateurs, des qui suent pour eux, etc.).. Qu’est-ce qui vous dit que le défaut ne portera pas carrément sur 80% du capital restant dû, soit la part portée par des très riches, Grecs ou étrangers, avec étalement de 10%, celle de catégories plus modestes de détenteurs, grecs comme étrangers ? 50% Vous êtes bien optimiste... je veux dire pessimiste ! Seriez vous de ceux qui s’imaginent que le capital de ces montagnes de dettes — privées, surtout, et publiques moins — que ce système absurde et injuste a engendrées sera un tant soit peu remboursé ? Rassurez-vous, ce capital, vous pouvez l’oublier. Et c’est tant mieux. Ce système fondé sur une création monétaire privée — en partie, puis même à 100% aujourd’hui et pour nous — est non seulement injuste mais explosif. Lisez donc le 100% money de Irvin Fisher.

    « [...] 3- [le fait que la »faillite« d’un pays l’amènerait à se] retrouver sur une liste [noire]. 11 ans après sa faillite, l’argentine n’est toujours pas revenu sur les marchés financiers. »

    La belle affaire ! Vous ne l’avez pas compris, il semble : ce n’est pas du tout un problème qu’un pays n’accède plus aux marchés financier, au contraire. Les marchés financiers non seulement sont des choses dangereuses mais ne servent à rien (et par nature, n’ont absolument rien à voir avec des marchés ordinaires, qui eux peuvent avoir une utilité). S’il s’agit d’obtenir de la monnaie d’usage national, la monnaie, il suffit d’en créer — ce n’est pas évidemment pas un remède miracle, qu’il s’agirait d’employer n’importe comment, mais ce n’est en tous cas pas pas une contrainte en soi. Seulement faut-il justement sortir de l’euro pour ce faire. S’il s’agit d’obtenir des devises, soit on les achète avec la monnaie que la banque centrale créée, soit on exporte des biens et services réels, ce qui suppose évidemment une politique de crédit favorable à l’investissement, donc encore une affaire de création monétaire bien encadrée par une volonté politique.

    « [...] 2- La Grèce étant membre d’un ensemble politique et économique (UE) et monétaire (Euroland) , il est bien évident que sa faillite aurait des conséquences non seulement sur ses partenaires européens mais dans le monde entier avec des situations de faillite pour de nombreuses banques. Il existe donc une grosse pression de l’ensemble des pays européen pour qu’elle ne commette pas un acte »irréparable« . »

    Fichtre... Non, c’est un leurre, et en tous cas certainement pas un garde-fou. Pourvu qu’ils ne tombe pas dans le panneau et tienne bon, le pays qui fait défaut n’a pas de crainte à avoir de ce côté. De toutes manières, qu’est-ce que le FMI, le Club de Rome, les États occidentaux ont à lui proposer pour éponger sa dette, sinon de l’endetter plus encore ?...

    « 4-Sortir de l’euro [...] Description : Si on considère que la zone euro n’est pas une zone monétaire optimale et que c’est pour cette raison que certains pays connaissent une crise de la dette, le bon sens demande de sortir de la zone euro. »

    Il aurait fallu n’y point entrer, déjà...

    Il ne peut quitter l’euro sans sortir de l’UE ? La belle affaire. Tant mieux. De toutes manières, les tares de l’euro, qui les cumulent toutes, tiennent en grande partie au cadre de l’UE. Libre circulation totale des capitaux, dumping fiscal et porte grande ouverte vers les paradis fiscaux libre échange forcené, services publics démantelés, inflation bridée, ... — la liste est très longue — et plus que tout, impossible contrôle démocratique sur quelque instrument européen que ce soit. Et d’ailleurs, le pays concerné peut toujours, même, en cas d’urgence, en prendre et en laisser des traités, et désobéir, même en imprimant des euros pour son compte... Une chose est sûre : contrairement à tout ce qu’on entend dire d’autorisé, les blocages contre une violation des traités européens ne viennent pas du tout du niveau européen, ils sont dans les constitutions et les juridictions nationales. Et ça, c’est plus solide, mais ça peut sauter comme c’est venu, avec un bout de papier, et encore plus vite et pourtant tout aussi constitutionnellement en cas d’urgence — or nous arrivons, nous y sommes déjà, même ; y a qu’à.« 

     »Le pays qui quitte la zone euro retrouv[e] la maitrise de sa politique monétaire (change, taux d’intérêt...) pour le meilleur et pour le pire. Ce pays pourrait en particulier procéder à des dévaluation compétitive ou faire baisser les salaires et les pension en ne compensant pas une inflation élevée.« 

    Quelle idée ! Il serait évidemment bien mieux avisé d’augmenter les salaires ! En parallèle, bien sûr, il aurait sans doute intérêt monétiser directement et massivement pour financer de grands travaux, dont certains bien planifiés... brrr ;) — en prenant auparavant, cela va sans dire, d’autres mesures en rupture avec la lettre ou l’esprit des règles UE : notamment réinstaurer le contrôle des changes, l’échelle mobile des salaires, etc., avant d’augmenter très fortement les impôts sur les hauts revenus... et de faire tout un tas de choses utiles comme organiser la faillite des bourses, avant de racheter ses anciens services publics pour quatre sous, autrement dit à juste prix après tant de pillage.

     »[...] Contrairement à ce qui est souvent écrit un pays qui quitterait l’euro ne pourrait pas convertir ses obligations émises en euros vers une nouvelle monnaie et rembourser en monnaie de singe, car aucune clause de ce type n’est présente dans ce type de contrat. Quand la France est passée à l’euro, les bon du trésor ont été converti en euro car le franc français n’existait plus, mais si demain la France quitte la zone euro, l’euro continuera d’exister et la France tenue de rembourser dans cette monnaie. En dévaluant sa nouvelle monnaie de 50% par rapport à l’euro un pays ne divise pas sa dette publique par deux.« 

    Curieux de parler de »monnaie de singe« pour une monnaie portant réellement la signature d’un État-nation quand on voit que l’euro, monnaie par ailleurs moribonde, est la monnaie liée à un système parfaitement hors-sol (un gros bout de ce machin nommé UE) et qu’elle est à 93% émise par les banques, à 100% émise sur demande privée (les deux vont logiquement de pair)... Pardonnez moi de pensez que ça en dit long des présupposés et préjugés de l’auteur. ;)

    A part çà, la belle affaire, là encore. D’abord, ça peut se compenser entièrement par un défaut de paiement. Quand vous faites défaut, ça veut dire, de fait : c’est ça ou m... vous prenez ce qu’on vous propose, et si vous n’êtes pas contents c’est la même chose, ou même rien ! Ensuite, vous l’avez suggéré vous même avec l’idée de l’huile d’olive : en définitive, une dette extérieure se règle non avec du papier mais par la fourniture de biens et services réels ; or un pays ne peut fournir que ce qu’il peut produire. Justement, s’il s’agit de produire, ce n’est pas avec des devises étrangères qu’on finance l’investissement / l’emploi dans son pays, mais avec sa monnaie (d’usage) national(e), et pourvu justement qu’on refonde une politique du crédit et une fiscalité favorables à la production, on peut. Après, les devises, ça s’échange. Enfin, un pays sortant de l’euro peut toujours garder de côté les euros qu’il détient (au sens où la banque centrale est tenue de ne pas »compenser« en réduisant d’autant la base monétaire en monnaie nationale) et les consacrer en priorité à effacer sa dette, même si c’est pour la transférer aussitôt en monnaie nationale via des emprunts forcés aux banques ou à la banque centrale. On en arrive alors au même, pourvu qu’on passe un peu par les bords, mais rien de méchant. Vous êtes de ceux qui vous laissent enfumer avec la technique car ils prennent la technique comme une fatalité qui empêcherait de faire des choix politiques.

     »La dernière trouvaille : Faire sortir l’Allemagne. Cette idée saugrenue [...] Et comme l’Allemagne est selon beaucoup d’économistes la grande bénéficiaire de la mise en place de l’euro, on l’imagine très mal sortir de son propre chef.« 

    Au demeurant fort logique, et pourtant erreur de logique basique : vous raisonnez comme si le système euro était immuable dans ses orientations, alors qu’il est justement entrain de vaciller et sera forcé à changer fondamentalement ou à disparaître. Autrement dit, l’Allemagne sera poussée à sortir de l’euro précisément quand les autres pays de la zone, contraints et forcés, en arriveront à des extrémités faisant de l’euro autre chose, de fait, voire quelque chose menaçant de sortir de tout contrôle. Comme une monétisation massive, anarchique et non concertée... en euros. Quant à l’éventualité que le statu quo se prolonge encore quelques années, elle conduira l’Allemagne à y passer à la suite des autres, du fait que la pompe à exportation s’éteindra, trop rapidement. »

    « Cette solution [fédérale] est bien sûr surtout défendue par les pays qui connaissent de graves problèmes budgétaires (Grèce, Portugal, Espagne, Italie et par l’Irlande, sauf en ce qui concerne une politique fiscale commune car elle ne souhaite pas modifier sa politique fiscale très favorable aux entreprises) et par ceux où siègent les organes dirigeants de l’UE et qui voient toujours d’un bon œil la création d’une nouvelle agence [sur] leur sol (Belgique et Luxembourg). »

    Vous sortez ça d’où ? Un pays, ça n’est personne. Il y a — bien sûr — des pour et des contre dans chaque pays. Mais il y a — surtout — une majorité très large de gens jamais consultés...

    Par ailleurs, je suis placé pour savoir qu’une infime minorité de gens comprend ce qu’est véritablement le fédéralisme.

    Pour cause : ça consiste d’abord et surtout à supprimer tout cumul de fonctions entre le niveau national et le niveau « continental ». Autrement dit, à ce que les gouvernements nationaux (et les parlements nationaux) rentrent purement et simplement chez eux...
     
    « [...] Les parlements nationaux sont tous très jaloux de leurs prérogatives, et le vote du budget est l’acte le plus important dans la vie d’un parlementaire, si l’UE dispose d’un droit de véto sur ce vote, les parlements deviendraient des chambres d’enregistrement et on pourrait même se poser la question de leur existence. »

    Vaste confusion. Qui vous démontre bien, surtout, qu’en réalité, non seulement l’UE n’a rien de fédéral mais n’est pas du tout en passe de le devenir ! Un État fédéral brasserait, dans son champ de compétences bien séparé, un énorme budget, supérieur même à celui des États fédérés, et n’aurait pas du tout besoin de se substituer, dans le vote du budget, aux parlements nationaux car eux, ne s’occuperaient aucunement d’affaires fédérales... Par ailleurs, les parlements nationaux européens sont déjà devenues — de leur propre gré, contrairement aux intentions que vous leur prêtez — des chambres d’enregistrement dès lors que l’UE a une compétence dans un domaine, ceci justement à cause de cette même confusion complète des pouvoirs liés au fait que les agences de l’UE sont toutes entièrement, même si c’est indirectement, sous contrôle des gouvernements nationaux. Une situation aberrante, et forcément tyrannique.

    Que vous soyez fédéraliste, ou croyez l’être, c’est votre droit, mais vous gagneriez vous même à être au clair sur ces « détails », et pour ne pas illusionner le lecteur, il serait bon d’y rentrer.

    Or une chose est assez évidente, pour moi, et me semble suffisante pour oublier entièrement cette option fédérale qui n’a jamais été qu’un leurre (qu’on le déplore ou non) : les gouvernements nationaux ne voudrons pas perdre la haute main sur le machin, et ça change tout. Je veux dire : les gouvernements effectifs, au sens très large mais réaliste (voir ma mention précédente sur la bonne volonté européiste des parlements). En d’autres termes, toutes les puissances privées qui, au présent, bénéficient ou veulent bénéficier de la situation tyrannique que leur offre un système à la fois supranational et statutairement placé sous contrôle des États / de leurs gouvernements, de leurs cabinets, lutteront naturellement contre une évolution fédérale digne de ce nom. Un détail...

    ... qui devient fort dérangeant car évidemment, si la mutation fédérale n’est pas possible (*) (à court terme), reste une sortir pure et simple de l’euro. Et de l’UE si nécessaire... ou plutôt si possible.

    (*) Je vous renvoie logiquement à l’article que je viens de poster sur ce thème : http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/nous-on-veut-pourquoi-il-faut-118812



  • sasapame sasapame 21 juin 2012 21:14

    Une chose est sûre : non, « nous » ne faisons pas l’Europe. D’abord, parce que le peuple, au singulier ou au pluriel, n’a jamais eu son mot à dire en pratique dans cette construction monstrueuse (on peut le déplorer jusqu’à en crever de douleur ou de honte, mais il n’est pas difficile de le voir). Ensuite, parce que l’Union européenne non seulement n’est pas l’Europe mais comme je l’exprime en conclusion, elle ne le sera jamais, malheureusement, et constitue même un formidable obstacle à la construction d’une Europe politique digne de ce nom.

    Du reste, je m’abstiendrai de dire le peu que je crois savoir des soi-disant « pères fondateurs » de ce machin qui, depuis le départ, s’est fait passer pour l’Europe que « nous » voulions. Même si je peux difficilement m’abstenir de conseiller la lecture de bouquins comme Europe, la trahison des élites, de R.-M. Jennar ou Le choix de la défaite de A. Lacroix-Riz (une association un peu incongrue, peut-être... mais disons : le premier pour le passé proche, le second pour les origines).

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